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CHAPITRE 14

Jayne avait tenu à regagner sa chambre pour se changer avant le dîner. Boone s’en était étonné : sa robe bleue était ravissante, et lui seyait à merveille. En outre, il lui déplai-sait de la perdre des yeux plus longtemps qu’il n’était né-cessaire.
Lui-même et Marsh n’avaient pas grand-chose en com-mun, et fort peu de sujets de conversation en l’absence de Jayne. Sauf, bien sûr, l’adorable fille du sénateur. L’après-midi, alors que le producteur s’était entretenu avec Boone des possibles zones de chasse en Alabama, les propos avaient rapidement dérivé vers la jeune femme.
Boone ne comprenait pas la véritable nature de l’intérêt que Marsh portait à Jayne. Il ne la convoitait pas, et sem-blait même s’amuser du spectacle de leur couple. Pas ja-loux, juste un tout petit peu trop intéressé. A cet égard, il lui arrivait souvent d’évoquer les relations entre le père et la fille. De toute évidence, Marsh cherchait à établir des relations d’ordre personnel avec Augustus Barrington.
A y regarder de plus près, la chose prenait un sens assez troublant. D’un côté, il travaillait pour Gurza, de l’autre, il se montrait impatient d’associer son nom à celui du séna-teur, de nouer avec lui des liens sociaux et financiers. Le jour où il solliciterait un service, ce dernier se retrouverait alors en très fâcheuse posture.
Et Marsh aurait beau jeu alors de s’exclamer : « Sénateur Barrington, vous nous aidez à sortir de ce pétrin, ou nous rendons public le fait que votre dernière campagne ait été en partie financée par l’argent de la drogue ? »
Au moment où Jayne réapparut dans le séjour, le temps sembla s’arrêter pour Boone et pour un Marsh cachant mal sa nervosité.
Elle était vêtue d’une robe blanche sans manches des-cendant à mi-mollets, d’escarpins à hauts talons, blancs également, et portait au cou son éternel rang de perles. Un maquillage discret rehaussait l’élégance de son visage, qui n’en avait d’ailleurs guère besoin. Il émanait d’elle une classe et une séduction propres à déclencher des fourmille-ments chez n’importe quel homme.
Boone ne parvenait pas à croire qu’elle l’avait invité à déjeuner un dimanche, chez elle dans le Mississippi. Dans la région d’où il venait, le repas dominical revêtait une importance toute particulière. Dieu savait qu’il la désirait ! Mais déjeuner un dimanche dans sa famille ? Pas question.
— J’espère que je ne vous ai pas fait attendre, dit-elle en souriant.
Marsh se leva aussitôt.
— Pas du tout. La soirée est tellement agréable que j’ai demandé à Benita de servir le repas dans le jardin.
D’un geste de la main, il indiqua que l’heure était venue de s’y rendre.
Devançant son hôte, Boone s’approcha de Jayne et lui présenta son bras.
— Tu es en beauté ce soir, déclara-t-il d’une voix douce.
— Je te remercie.
Sa main, remarqua-t-il, s’était crispée sur son bras tandis qu’ils sortaient de la maison.
Jayne était effrayée. Elle était effrayée mais elle restait, ce qui était à ses yeux la marque du véritable courage. Pourtant, ne possédant pas son expérience de détective, la jeune femme n’était pas armée pour faire face à de telles circonstances. Elle n’en avait que plus de mérite. Il la ré-conforta d’une légère pression.
Sous la clarté de la lune, des lampes et des bougies ap-portaient à la terrasse un éclairage presque irréel. Lorsque Jayne s’étonna de l’absence de Drew, Marsh l’informa que son neveu avait déjà pris son repas. La soirée était réservée aux adultes.
La fontaine chuchotait et gazouillait par-dessus la musi-que douce provenant de haut-parleurs cachés, tandis qu’une brise légère faisait frémir les feuilles des plantes autour d’eux et vaciller la flamme des bougies. Le vin était d’excellente qualité, et la nourriture, servie par Benita et sa jeune assistante, exquise. Au milieu de tout ce déploiement de charme, Boone n’avait d’yeux que pour Jayne.
Chose très dangereuse pour un homme dans sa situation. Etre aveuglé par quoi que ce fût, en particulier par une jolie femme, pouvait lui coûter la vie.
Comme pour confirmer sa réflexion, la silhouette d’Harvey apparut dans son champ de vision derrière l’une des hautes fenêtres de la maison. Depuis combien de temps les surveillait-il ?
Ils discutèrent politique et cinéma. La conversation ac-capara surtout Jayne et Marsh, Boone se *******ant de faire des commentaires occasionnels, plus préoccupé par la confusion qui régnait depuis peu dans sa vie que par un bavardage mondain.
A la fin du repas, et tandis qu’un lourd silence était tom-bé autour de la table, Jayne se leva et lui présenta sa main.
— Allons danser, veux-tu ?
Acceptant l’invitation, il se leva à son tour.
— J’ai peur de ne pas être très doué.
— Je suis sûre que c’est faux.
Fort heureusement, le rythme de la musique que diffu-saient les haut-parleurs était lent, malgré les percussions latino-américaines.
Boone prit Jayne entre ses bras et ils commencèrent à danser. Ils se connaissaient bien, et leurs corps s’adaptaient à merveille l’un à l’autre, de sorte qu’ils évoluèrent sans maladresse ni hésitation dans la tiédeur de la nuit. Rien, songea-t-il, ne lui avait jamais procuré un tel sentiment de bien-être, sublimé par le parfum capiteux mais raffiné de la jeune femme. Seigneur ! Elle lui avait définitivement tour-né la tête.
— Cette nuit ? chuchota-t-elle, alors qu’ils s’approchaient de la fontaine.
Du nez, il lui chatouilla le cou, avant de lui mordiller le lobe de l’oreille.
— Juste avant l’aube. Il me faudra d’abord retrouver le pick-up. A part cela, nous devrons nous débrouiller par nous-mêmes. Et sans une arme, le pari est risqué.
— Et Lacey ?
— Si elle souhaite venir avec nous, c’est d’accord. Si-non, nous la laissons là. Je ne tiens pas à l’emmener contre son gré.
La musique s’arrêta, et ils cessèrent de danser. Reculant d’un pas, Boone prit le visage de Jayne entre ses mains et l’embrassa.
— Si nous parvenons à sortir d’ici entiers, dit-il en s’écartant lentement de sa bouche, compte sur moi pour te tanner les fesses.
— D’accord.
— Je suis sérieux, Jayne, soupira-t-il, la bouche contre son oreille. Mais si tu venais à être blessée, si les choses tournaient mal…
— Boone, murmura-t-elle d’une voix très douce. Re-garde-moi.
Il plongea son regard dans le sien. Elle était beaucoup plus calme qu’avant le repas. Sereine. Il vit alors ses lèvres former les mots : je t’aime.
Il la reconduisit à la table où les attendait Marsh, visi-blement amusé.
— Mes cigarettes, grommela Boone. Je les ai laissées dans la boîte à gants de mon pick-up.
Jayne se réinstalla sur son siège.
— J’ai remarqué que vous l’aviez fait déplacer, ajouta-t-il à l’intention du producteur. Où est-il ?
— Dans le garage, répondit ce dernier. Je vais envoyer Harvey les chercher, mais je vous demanderai de ne pas fumer dans la mai…
— Je peux aller moi-même chercher ce foutu paquet ! coupa-t-il d’un ton rogue.
Jayne soupira. De toute évidence, elle aurait mieux fait de s’abstenir de lui livrer le fond de son cœur. Boone ne voulait pas de son amour ? Tant pis. Elle l’aimait et il avait besoin d’elle, qu’il le voulût ou non.
Convaincre son père ne serait pas une mince affaire, songea-t-elle. Et dans un premier temps, maman serait sans doute horrifiée. Grand-mère l’aimerait sur-le-champ. La vieille dame possédait le don de lire dans les cœurs dès la première seconde.
Harvey et Boone partis jusqu’au garage, elle se trouvait momentanément seule avec le producteur.
— Vous formez un couple peu ordinaire, observa-t-il.
— J’en suis tout à fait consciente, admit-elle en souriant.
— A vous regarder danser, il est clair que Boone et vous êtes très… unis.
— Oh ! soupira-t-elle. Mais où sont passées mes bonnes manières ? Voulez-vous danser ?
Il déclina l’offre d’un geste de la main.
— Non, je vous remercie.
Parfait. Danser avec Boone s’était révélé merveilleux. Les mêmes pas simples avec le producteur ne pouvaient être que maladroits et déplaisants. Après un long silence tendu, Marsh la dévisagea d’un œil circonspect.
— Je pourrais vous aider, vous savez.
— M’aider en quoi ?
Il lui adressa un sourire, avant de répondre :
— Une coupe de cheveux, un bon costume, quelques le-çons de maintien, et Boone sera tout à fait… présentable lorsque le moment sera venu de rencontrer le sénateur. Ce serait comme de préparer un acteur inexpérimenté à un nouveau rôle. J’imagine que cette rencontre ne saurait tar-der, n’est-ce pas ?
— Oui, mais… Non. Je ne désire pas le changer. Je ne veux pas qu’il se coupe les cheveux ni qu’il s’habille diffé-remment et fasse semblant d’être quelqu’un d’autre. Je l’adore tel qu’il est. Et papa apprendra à l’aimer.
Les sourcils du producteur se soulevèrent.
— Permettez-moi d’en douter.
— Vous ne connaissez pas mon père comme je le connais.
Ce qui était vrai. Si Boone la rendait heureuse, son père l’accepterait tôt ou tard.
— Pardonnez-moi, dit-il en tendant la main vers son verre de vin. Je ne voulais pas me montrer importun. Chan-geons de sujet, voulez-vous ?
— Bonne idée.
Jayne baissa les yeux au sol. Elle détestait être éloignée de Boone, même quelques minutes. Il lui procurait un sen-timent de sécurité, ainsi qu’une nouvelle confiance en elle-même. Comment pouvait-elle continuer à bavarder ainsi avec Marsh, comme si de rien n’était ? Mais elle n’avait pas le choix.
— Avez-vous une tache de naissance ? demanda Marsh sans préambule.
La question la prit au dépourvu. Son visage s’empourpra, elle ouvrit la bouche pour répondre, mais s’en trouva inca-pable.
Il leva la main en un geste d’excuse.
— Ce n’est pas grave, dit-il. J’ai noté que Drew en pos-sédait une sur le côté, et je me suis laissé dire qu’elles s’atténuaient avec le temps. J’étais juste curieux.
— J’ai en effet une tache de naissance, avoua-t-elle en-fin. Et elle est toujours aussi marquée.
— Est-elle rouge ?
— Non, elle est… Mais je… je préférerais parler d’autre chose, si vous le voulez bien.
Corbin Marsh se renversa contre son dossier en souriant, avec la mine d’un homme qui sait une chose qu’il ne de-vrait pas savoir. Tout était en place. Du moins, dans les limites du possible.
De retour dans la chambre de Jayne, Boone essayait de se détendre.
Après avoir retrouvé son véhicule, il avait grommelé un juron, pour donner le change à Harvey, feignant de consta-ter que ses cigarettes ne se trouvaient pas dans la boîte à gants, tout en enregistrant mentalement des informations qui lui seraient utiles au moment où ils devraient fuir. La porte principale du garage était équipée d’une serrure élec-tronique, mais le verrou de la porte du fond était facile à crocheter, si besoin.
Il était nerveux, son cœur battait la chamade, et ses mains tremblaient. Mais son état n’était en rien lié au sort de Drew, de Jayne, ou de Lacey. Non. Il était dû aux trois mots muets qui lui avaient été adressés dans le jardin.
Il tenta de se persuader qu’elle avait alors joué la comé-die, mais à ce moment-là ni Marsh ni Harvey ne pouvaient voir son visage ni entendre leur conversation.
Lorsqu’ils quitteraient la propriété — sains et saufs, il l’espérait — Jayne reprendrait sa vie, et il reprendrait la sienne. Il voulait mettre les choses au point maintenant, mais c’était impossible pour le moment. Ils étaient sous écoute. Elle se redressa dans le lit, délicieuse dans la blan-cheur de sa robe de nuit, tandis qu’il marchait de long en large dans la chambre, la mâchoire crispée.
— Boone, mon chéri, dit-elle d’une voix tendre. Viens te coucher.
Il se tourna vers elle et secoua la tête. Quelle que fût la force de son désir, il ne pouvait la toucher. Plus maintenant. Et peu importait la douleur qu’il ressentait lorsqu’il la re-gardait. Lors de leur rencontre, il l’avait juste trouvée jolie. Puis, à mesure que les journées passaient, elle était devenue la femme la plus belle, la plus sexy qui lui eût été donné de voir. Il devait lui dire que ce qu’elle ressentait n’était pas réel. Qu’il s’agissait d’un mélange de gratitude, d’attirance sexuelle et d’adrénaline. Et si lui-même éprouvait parfois pour elle un vif attachement, les raisons en étaient les mê-mes. Il n’existait rien de durable entre eux, et moins encore de permanent.
Que pouvait-il faire, sinon marcher de long en large dans la pièce, et la regarder d’un œil sombre ?
Non. C’était plus qu’il n’en pouvait supporter. Traver-sant la pièce, il s’accroupit près de la table de nuit, puis arracha le micro fixé au-dessous.
Son doigt se pointa vers Jayne.
— Verrouille la porte derrière moi. Je reviens tout de suite.
Le cliquètement de la serrure lui parvint aux oreilles tan-dis qu’il s’éloignait à grands pas dans le couloir. Il jeta un coup d’œil tour à tour au séjour, à la bibliothèque, à la salle à manger. Aucun signe de leur hôte. Mais il le trouverait, dût-il aller jusqu’à sa chambre.
Parvenu dans l’aile sud, il entendit à distance la voix du producteur, ainsi qu’une seconde, également familière. Stupéfait, il s’arrêta un court instant, puis reprit son che-min. Les voix se firent plus nettes, jusqu’à ce qu’il atteignît une porte fermée à l’extrémité du large couloir. Sans hési-ter, il l’ouvrit.
Assis derrière un grand bureau de chêne, Marsh écarquil-la les yeux en le voyant apparaître dans l’encadrement de la porte.
— Certaines des choses qui se passent sous ce toit ne vous regardent pas ! annonça le détective d’une voix ferme.
Il jeta le micro à travers la pièce. Celui-ci atterrit juste sous le nez de Marsh.
— Y en a-t-il d’autres dans la chambre ?
— Non, répondit son hôte avec calme, saisissant l’objet pour l’examiner de près.
— Si jamais j’en découvre un autre…
— Vous avez ma parole. C’était le seul.
Boone tourna la tête, puis regarda le deuxième homme droit dans les yeux en souriant.
— Darryl, quelle surprise ! Comment va ta mâchoire ?
Le colosse s’avança de deux pas vers lui, le visage congestionné de fureur.
— Espèce de…
— Darryl ! intervint le producteur de la même voix po-sée.
Le truand obèse avait un vilain hématome sur le menton, et l’un de ses poignets était bandé. Marsh le retenait pour le moment, mais l’homme était manifestement hors de lui.
Et il n’était pas du genre à pardonner les offenses.
— Approchez, Boone, reprit Marsh d’un ton cordial.
Darryl fit un pas en arrière, tandis que le détective péné-trait dans la pièce après avoir refermé derrière lui.
— Pardonnez-moi de faire ainsi irruption dans votre pe-tite réunion de famille, dit-il en s’avançant vers le bureau.
— Tu m’as presque bousillé la mâchoire, grogna le dea-ler.
— Imbécile, répondit Boone en pivotant pour lui faire face.
Le souvenir de la combinaison lacérée de Jayne lui nouait l’estomac, mais il ne pouvait évoquer le sujet : il n’était pas censé s’être trouvé sur le lieu de cette ignoble menace.
— Si j’avais voulu, poursuivit-il, j’aurais pu te tuer pen-dant que tu étais inconscient. J’aurais pu te descendre, plu-tôt que de te faire sauter l’arme du poing. J’aurais pu botter ton misérable postérieur si fort que tu serais à présent dans un lit d’hôpital, alimenté par des tubes.
— Je devrais peut-être te remercier !
— Eh bien oui !
— Allons, messieurs, intervint Marsh d’un ton détaché. Laissez-moi régler ce différend. Darryl, reste où tu es. Boone, asseyez-vous.
Celui-ci prit place dans un fauteuil, tous ses muscles tendus.
— Comment dois-je vous appeler ? Boone ou Tex ? Qui êtes-vous exactement ? Détective privé ou dealer ? Je pos-sède des éléments prouvant que vous êtes l’un et l’autre. C’est extrêmement troublant.
Les pièces du puzzle se mettaient enfin en place, fournis-sant une vue claire de l’ensemble. Boone esquissa un sou-rire.
— Pourquoi ne serais-je pas les deux ? Boone quand ça m’arrange, et Tex pour des raisons pratiques.
— Intéressant.
Il lui fallut s’armer de tout son sang-froid pour ne pas bondir sur le producteur. Mais le moindre faux pas signi-fiait la mort pour lui, et il n’osait penser à ce qui advien-drait de Drew et de Jayne s’il venait à disparaître.
— Vous devriez pourtant le savoir, monsieur Marsh, re-prit-il calmement. Ou dois-je vous appeler señor Gurza ?
Un large sourire s’épanouit sur le visage de son interlo-cuteur.
— Quand l’avez-vous deviné ?
— Je ne l’ai pas deviné. J’ai avancé une hypothèse, et vous venez à l’instant de la confirmer. L’idée ne manque pas de piment : millionnaire respectable le jour, caïd sanguinaire la nuit.
— Oh, la nuit, je n’ai pas besoin d’être Joaquin Gurza, répondit-il en se calant contre son dossier. Cet alias ne me sert qu’à l’occasion. Le nom suffit, la plupart du temps. Darryl et Harvey se chargent des basses besognes. « Gur-za » n’est, disons, qu’un mal nécessaire qui me permet de traiter mes affaires en douceur…
Son sourire s’effaça soudain.
— Qu’est-ce qui vous a amené en Arizona ?
— Vous, dit Boone. Au début, du moins. J’avais débar-qué ici pour entrer en contact avec le célèbre Joaquin Gur-za, mais cet abruti ici présent a tenté de descendre la fille d’un sénateur. Il fallait que j’intervienne.
— Vous l’avez reconnue d’emblée ?
— Evidemment ! répliqua-t-il d’un air offensé. Imaginez ce qui se produirait s’il prenait l’idée à l’un de vos hommes de tuer quelqu’un comme Jayne. Les fédéraux vous tombe-raient tout droit sur le dos.
Marsh adressa un regard noir à Darryl, puis se tourna de nouveau vers Boone, inquisiteur.
— Qu’espérez-vous avec Jayne Barrington ? Et ne me racontez pas d’histoires. Elle n’est pas du tout votre type, je le sais depuis le début. Je connais les gens et leurs motiva-tions n’ont pas de secrets pour moi.
— Oh, je vois, ironisa Boone. Le grand producteur d’Hollywood est fin psychologue !
Crispant les mains sur les accoudoirs de son fauteuil, Boone se pencha en avant, le regard implacable.
— Je veux la même chose que vous, dit-il d’une voix dure. Vous voulez coucher avec le sénateur ? Très bien. J’ai pour ma part choisi un chemin beaucoup plus direct.
— Je le tue maintenant ? suggéra Darryl.
— Bien sûr que non ! répliqua Marsh, irrité. Si je le vou-lais mort, ce serait fait depuis longtemps. Mon-sieur Sinclair, êtes-vous toujours disposé à collaborer avec moi ?
— Plus que jamais.
Le regard du producteur survola son épaule.
— Darryl, M. Sinclair est désormais ton supérieur. Tu as commis quelques erreurs, et Boone est réglo. Si tu avais descendu Jayne, c’est l’enfer qui nous serait tombé dessus. Je veux à présent que tu le remercies pour t’avoir épargné quand il avait la possibilité de te tuer.
— Que je fasse quoi ?
— Remercie M. Sinclair. Maintenant.
— Merci, grommela le gros homme.
Boone se retourna et le gratifia d’un large sourire.
— Il n’y a vraiment pas de quoi.
Sur un signe du producteur, Darryl quitta la pièce d’un pas traînant, laissant les deux hommes face à face.
— A présent expliquez-moi, dit Marsh en plissant les yeux. Comment comptez-vous procéder avec Jayne ? 0

 
 

 

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CHAPITRE 15


Jayne sortit du lit quelques minutes seulement après que Boone eut quitté la chambre. Où diable était-il parti, s’interrogea-t-elle, avec cette lueur mauvaise dans le re-gard, et ce minuscule micro à la main ? Il ne pouvait en résulter que des ennuis.
Décrochant son peignoir du placard, elle l’enfila promp-tement, noua la ceinture et s’avança à pas de loup vers la porte, qu’elle ouvrit sans bruit. Avec la plus grande pru-dence, elle avança la tête dans l’entrebâillement. Harvey se tenait habituellement à proximité, mais cette nuit, le couloir était vide. Peut-être était-il allé se coucher.
Toujours silencieuse, elle descendit le couloir avec d’infinies précautions. La maison était calme, de cette sorte de quiétude qui vous fait chuchoter alors que personne n’est susceptible de vous entendre. Sa place était dans son lit, Boone à ses côtés. Seigneur, où était-il donc allé ?
Ce n’est qu’en atteignant le séjour qu’elle entendit un bruit de voix étouffées. Un mot, un rire, une bribe de phrase. Sans plus réfléchir, elle prit la direction de l’aile sud, d’où provenaient les voix. Très vite, elle reconnut celle de Boone. Elle soupira, soulagée. Reconnaissant ensuite la voix de Marsh, elle fronça les sourcils, légèrement surprise, car la conversation paraissait extrêmement… cordiale.
Le dos au mur, elle s’approcha de la pièce. Les paroles lui parvinrent bientôt avec netteté par la porte entrebâillée.
— Jusqu’où comptez-vous aller ? s’enquit le producteur.
Le ton était amène, voire amical. Curieux, il lui avait semblé jusqu’alors que le producteur n’éprouvait pas beau-coup de sympathie pour Boone.
— Aussi loin que je le pourrai, répondit ce dernier.
— Le mariage ?
— Au bout du compte, oui. Je me suis dit que Jayne se méfierait si je pressais les choses, aussi ai-je opté pour la méthode progressive.
Il partit d’un rire léger.
— Je crois même être en mesure de la convaincre, le moment venu, qu’il s’agit de son idée.
Le cœur de Jayne s’arrêta. Lentement, elle se laissa glis-ser le long du mur, se retrouvant en position accroupie. Un bourdonnement sourd lui emplissait la tête.
— Le sénateur risque de tiquer, observa Marsh.
— Je ne le pense pas, répondit Boone sur le ton de la confidence. Jayne est une petite fille riche et gâtée. Elle est habituée à obtenir tout ce qu’elle veut, et aujourd’hui c’est moi qu’elle veut.
L’un des deux hommes lâcha un long soupir. Marsh, supposa-t-elle.
— Et ensuite quoi ? En dehors des évidentes possibilités de chantage, qu’attendez-vous du papa ?
— La même chose que vous. Des contacts, la respectabi-lité, des amis haut placés.
Les deux hommes rirent de concert.
— Je me suis montré un peu léger en l’invitant ici aussi tôt après sa… petite mésaventure, mais d’après ce que Dar-ryl m’avait expliqué, je savais que vous seriez sur ses ta-lons.
— Ai-je eu tort ? demanda Boone.
— Pas vraiment, concéda Marsh. Séparément, Jayne et vous êtes intéressants. Ensemble, les avantages sont incal-culables.
Jayne demeura immobile, la respiration oppressée et la bouche sèche. Son cœur se mit à cogner avec violence dans sa poitrine et ses genoux à trembler.
— Heureusement que vous avez tout de suite reconnu qu’elle était la fille du sénateur Harrington, reprit le pro-ducteur d’un ton badin. Si Darryl l’avait supprimée, nous serions en cet instant la cible des fédéraux.
— Sans aucun doute.
Un grincement se fit entendre. Un fauteuil que l’on pousse ?
— Ecoutez, reprit Boone, il faut que je retourne me cou-cher, Jayne m’attend. Ai-je votre parole qu’il n’existe au-cun autre micro dans la chambre ?
— Dans le placard, dit Marsh. Coincé entre l’étagère du haut et le fond. Le son n’est pas très net, mais il a son utili-té.
Jayne se releva rapidement et repartit aussi discrètement qu’elle était venue, partagée entre la douleur, l’effroi et la colère. Etaient-ils de connivence depuis le début ? Sei-gneur, quelle idiote !
Tout en se dépêchant dans le couloir, elle tendit l’oreille, craignant à tout instant que Boone ne la surprenne. Com-ment réagirait-il en se rendant compte qu’elle les avait épiés ?
Une fois dans la chambre, elle verrouilla la porte derrière elle et s’y adossa. Et maintenant quoi ? Contrairement à Boone, elle était incapable de simuler. Et s’il découvrait qu’elle savait qu’il s’apprêtait à…
Raccrochant son peignoir dans la penderie, elle se dressa sur la pointe des pieds pour découvrir l’endroit où était placé le second micro. En vain. Mais peu importait : elle n’avait pas l’intention de parler.
Elle se glissa sous les draps et se couvrit la tête avec la couverture, tout en regrettant de ne pouvoir se cacher dans un trou profond.
Et Drew ? Elle ne devait pas oublier l’enfant. Avait-il ré-ellement été enlevé, ou s’agissait-il d’un autre mensonge ?
Où donc était la vérité ? Trop d’événements s’étaient produits en quelques jours. S’était-elle à ce point trompée sur Boone ? Il mentait à quelqu’un, mais qui ? Comme il lui avait déclaré, mentir était ce qu’il faisait de mieux.
La meilleure attitude était peut-être d’agir comme si de rien n’était jusqu’à ce qu’elle eût quitté la résidence. Elle pourrait toujours ensuite lui dire qu’il avait raison, qu’elle ne l’aimait pas. Elle avait succombé à un coup de cœur, rien de plus. Il n’aurait alors d’autre choix que d’abandonner ses projets. La convaincre que l’idée d’un mariage venait d’elle ! Quel toupet !
Malheureusement, elle était peu douée pour la dissimula-tion, et disait toujours ce qu’elle pensait. Certes, elle était jusqu’à présent parvenue à mystifier Corbin Marsh, mais au prix de beaucoup de difficultés.
Le bouton de la porte tourna, se bloqua, puis des petits coups furent frappés sur le panneau.
— Jayne ? chuchota Boone. C’est moi.
Elle garda le silence. Sans doute penserait-il qu’elle s’était endormie. Elle ne pourrait pas affronter son regard. Pas maintenant. Après l’aveu de ses sentiments pour lui, elle venait de se rendre compte qu’il était différent des autres hommes… Pire.
Un nouveau cliquetis, suivi d’un autre, et la serrure céda. Au moment où la porte s’ouvrit, elle avait déjà tourné le dos à Boone et fermé les yeux.
Elle dormait ? Parfait. La journée à venir serait longue. Laissant la porte entrouverte, Boone marcha directement vers le placard. Quelques secondes lui suffirent pour locali-ser le micro, qu’il détacha avant de regagner l’entrée de la chambre. Tel un joueur de base-ball, il lança l’objet aussi loin qu’il le put dans le couloir, referma la porte et la ver-rouilla.
Se souvenant de la facilité avec laquelle il était entré, il se saisit de la chaise du secrétaire et la coinça sous le bou-ton. Hormis Jayne et Drew, il ne pouvait faire confiance à personne.
Ne conservant que son caleçon, il s’étendit sur le lit, au-dessus de la couverture. Il avait grand besoin de quelques heures de sommeil, mais il savait qu’il ne le trouverait pas. Marsh et Gurza. Une seule et même personne ! Jamais il ne s’y serait attendu.
Il lui fallut quelques minutes pour se rendre compte que Jayne ne dormait pas. Il émanait de son corps une tension quasi électrique, et sa respiration était irrégulière.
Se tournant de côté, il approcha la bouche de son oreille. Marsh avait beau lui avoir affirmé que seuls deux micros avaient été placés dans la chambre, il lui faisait autant confiance qu’à un serpent.
— Qu’est-ce qui ne va pas ? s’enquit-il.
— Rien.
— Inquiète pour demain ? insista-t-il en posant une main sur sa hanche.
— Oui.
Il la rejoignit sous les draps. C’était la dernière fois qu’il partageait son lit. Lorsqu’il tenta de l’attirer contre lui — dans un geste de simple tendresse — elle se raidit aussitôt.
— Détends-toi, murmura-t-il.
— Je ne peux pas.
Devait-il l’informer de sa conversation avec Marsh ? Elle était déjà très anxieuse, et elle n’avait pas besoin d’un nouveau sujet d’inquiétude.
Une soudaine et désagréable intuition l’envahit : le ma-laise de Jayne n’avait rien à voir avec leurs projets pour le petit matin. Elle lui avait dit qu’elle l’aimait, et il n’avait pas répondu. Pas étonnant qu’elle lui eût fermé sa porte.
Elle lui en voulait. Tant mieux. Cela faciliterait d’autant la tâche qui les attendait.
— Pourquoi n’irais-tu pas dormir dans ta propre cham-bre ? suggéra-t-elle.
— Pas question.
La laisser seule, vulnérable ? Tenter de se reposer sans la voir ni la sentir à ses côtés ? Impossible.
Elle se tourna lentement sur le dos, et à sa grande sur-prise, ramena la couverture au-dessus de leurs têtes. La veilleuse de la salle de bains était restée allumée, mais dans la faible luminescence de cette étrange intimité, il ne voyait pas son visage.
— Tu avais raison depuis le début, déclara-t-elle d’une voix tendue. Ça ne peut pas marcher entre nous. Je ne sais pas ce qui m’est passé par l’esprit.
Boone lui toucha la joue. Etait-elle humide, ou s’agissait-il d’un effet de son imagination ?
— Nous avons eu une rude semaine, répondit-il d’une voix douce. Et nous avons tous les deux un peu perdu la tête. Ne te fais pas de soucis.
— Lorsque nous serons sortis d’ici, je crois qu’il serait préférable que nous ne nous voyions plus.
— Oui, acquiesça-t-il. Tu as sans doute raison.
Elle soupira.
— Mon père sera heureux de te payer pour tes services de protection.
— Oh, vraiment ? dit-il d’une voix mi-suggestive, mi-amusée.
— Je ne parle pas ces services-là, espèce d’homme de… Cro-Magnon.
Bon sang, elle allait lui manquer ! De toute sa vie, per-sonne ne lui avait jamais manqué. Songeant que c’était leur dernière nuit, et malgré son refus de se retrouver dans ses bras, il se rapprocha d’elle.
— Je ne veux pas de l’argent de ton père. Je ne veux pas non plus que tu t’imagines que… des choses qui n’existent pas.
Il n’osa pas utiliser le mot commençant par la lettre a.
— Mais je suis heureux de t’avoir rencontrée. Tu es une fille étonnante.
— Toi aussi tu es étonnant, répondit-elle avec froideur.
Lorsqu’elle se retourna pour lui présenter son dos, il ne fit pas un geste pour l’en empêcher. Il ne comprendrait jamais les femmes. Mais peut-être était-ce aussi bien ainsi.
Jayne dormit peu, se réveillant sans cesse, le cœur lourd. Sans doute eût-elle été mieux avisée d’agir comme une femme amoureuse, mais elle connaissait ses limites. Faire semblant de ne pas savoir que Drew avait été enlevé était une chose, regarder Boone dans les yeux et se comporter comme si rien n’avait changé était tout simplement impos-sible.
Une légère secousse la réveilla. Il faisait toujours nuit à l’extérieur, mais l’aube était proche.
— Allons-y, dit-il.
Le plan était simple. Elle irait chercher Drew dans sa chambre, pendant que Bonne irait prévenir de son pick-up les agents qui attendaient à l’extérieur de la maison. Jayne n’avait aucune idée de la manière dont il comptait les aver-tir. Ce dont elle était sûre, en revanche, c’est qu’ils ne de-vaient pour l’instant compter que sur eux-mêmes.
Contrairement à Boone, elle n’était pas équipée pour leur équipée nocturne. Sa valise contenait bien un pantalon noir et des chaussures sombres à talons plats, mais le chemisier jaune qu’elle avait choisi fut rejeté par Boone. Il lui lança l’un de ses T-shirts noirs, qu’elle enfila sans rechigner. Puis elle accrocha son collier autour de son cou.
— Je n’ai pas l’intention de le laisser ici, répliqua-t-elle devant son sourire narquois. Et je ne pense pas qu’un sac à main soit de mise ici.
Il lui prit la main tandis qu’ils remontaient le couloir, mais elle la libéra aussitôt d’un geste brusque. Il lui adressa un regard surpris, mais ne fit pas de commentaire.
Ce n’est qu’une fois parvenus au centre de la maison qu’ils se séparèrent. Jayne se dirigea vers l’aile sud, tandis que Boone pénétrait dans la cuisine, dont l’une des portes ouvrait sur le garage.
Ses yeux avaient eu le temps de s’adapter à l’obscurité, de sorte qu’elle traversa sans encombre la salle de jeux, avant de pénétrer dans la chambre de Lacey. Celle-ci dor-mait à poings fermés. Se pouvait-il que la jeune fille fût réellement heureuse ici ? Ne risquait-elle pas de donner l’alarme en se réveillant ? Jayne s’agenouilla près du lit et lui secoua doucement l’épaule. La nurse ouvrit aussitôt les yeux.
— J’emmène Drew hors de cette maison, chuchota-t-elle. Si vous voulez nous suivre, c’est le moment.
Lacey hésita un instant, puis acquiesça d’un signe de tête avant de se redresser dans son lit.
Tandis qu’elle se levait pour s’habiller, Jayne entra avec précaution dans la chambre de l’enfant. Drew était plongé dans un sommeil innocent et serein. Ne commettait-elle pas une erreur ? Avait-il été enlevé dans le dessein de mettre un terme à l’enquête sur la mort de sa mère, ou était-il bel et bien le neveu de leur hôte ? Boone était peut-être en train de faire d’elle une kidnappeuse. Peut-être même avait-il en tête de se servir de l’enfant contre Marsh.
Mais peu importait. L’un et l’autre étaient des criminels. Le petit garçon devait sortir par tous les moyens de cette maison.
Elle lui caressa la joue d’un geste tendre.
— Drew, murmura-t-elle. Viens, mon chéri.
L’enfant fit une grimace, puis se réveilla en clignant des yeux.
— Il fait nuit, geignit-il d’une voix ensommeillée.
— Nous allons faire un jeu, expliqua-t-elle, tandis qu’il se redressait dans le lit en se frottant les paupières.
— Pourquoi vous n’allumez pas la lumière ?
— Non, mon trésor. Ecoute, il s’agit d’un jeu qui se joue dans le noir. Reste bien tranquille.
Elle lui offrit ses bras. Drew s’y blottit, appuya la tête sur son épaule et referma les yeux. Lorsqu’elle regagna la chambre de Lacey, la nurse finissait de s’habiller d’un pull bleu marine et d’un jean.
Les deux femmes avancèrent à pas prudents dans la salle de jeux, longeant le mur de sorte à rester hors du champ de la caméra. Boone était censé les attendre dans le couloir après avoir activé son signal dans le garage. Ou s’agissait-il d’un autre mensonge ?
— J’ai trop sommeil pour jouer, mademoiselle Jayne, grogna Drew.
— Chhh ! Rendors-toi, mon chéri, répondit-elle en ajus-tant la position de l’enfant dans ses bras.
Il était chaud, confiant, et aussi ingénu qu’elle avait pu l’être quelques jours auparavant. Il se rendormit presque aussitôt, le corps totalement relâché.
— Ce n’est pas une bonne idée, observa Lacey d’une voix tremblante. Si M. Marsh nous surprend, il…
— Il quoi ? chuchota Jayne.
— Il nous tuera tous.
Aveuglante, la lumière inonda soudain la pièce.
— Eh bien, eh bien ! résonna la voix de Marsh. Nous voilà en plein mélodrame, dirait-on.
Il tenait une arme à la main, dont le canon était pointé vers Lacey. Jayne se plaça aussitôt devant la jeune fille.
— Je ne parvenais plus à dormir, expliqua-t-elle. L’idée m’est alors venue de proposer une promenade à Lacey et à Drew. Les roches rouges à l’ouest de la maison sont telle-ment magnifiques, et je ne les ai jamais vus au lever du soleil. Je me suis dit que…
— Epargnez votre salive, mademoiselle Barrington. J’aimerais tellement pouvoir vous croire, ma vie serait moins compliquée…
Ses pâles yeux bleus la transperçaient littéralement, et ses lèvres ne formaient plus qu’une ligne mince et cruelle.
— Mais je ne vous crois pas, reprit-il. Quel gâchis ! J’ai bien peur que vous ne soyez obligés de partir, toutes les deux…
Toujours assoupi, Drew nicha la tête dans le creux de l’épaule de Jayne pour se protéger de la lumière. Oh Dieu, faites qu’il ne se réveille pas ! pria-t-elle. La vue de son oncle revolver au poing risquait de le traumatiser pour longtemps.
— J’allais le ramener dans sa chambre, gémit Lacey. Mlle Barrington…
— La ferme ! coupa le producteur. Je t’ai offert un toit, vêtue de neuf, je t’ai même aimée quelque temps…
Il marqua une pause, et son regard se durcit.
— Quand je me suis lassé de toi, reprit-il, je t’ai procuré un travail pour ne pas te laisser dans la rue. Et voilà com-ment tu me remercies ! Tu vas payer pour cette erreur.
— Vous n’oseriez pas toucher à l’enfant, intervint Jayne. Vous l’aimez. Et il vous adore.
Le visage de Marsh se contracta, révélant l’âge qu’il avait vraiment.
— Vous avez raison, dit-il. Je serais incapable de faire du mal au petit.
Darryl apparut alors dans l’embrasure de la porte, le vi-sage rayonnant d’un sourire malsain.
— Cela fait un bon moment que j’attendais de te revoir, chérie.
Jayne resserra les bras sur Drew.
— Où est votre petit ami ? demanda le producteur.
— Vous me le demandez ? s’écria-t-elle. Après tout, il est exactement comme vous ! Un trafiquant de drogue et un menteur, qui ne s’intéresse qu’à ses propres intérêts.
— Je vois que vous l’avez percé à jour, dit Marsh en se-couant la tête. Dommage…
— Je me fiche pas mal de vos activités à tous les trois, reprit-elle, le menton fièrement levé. Mais Drew mérite mieux que d’être élevé dans un antre de criminels et… et de crapules telles que Darryl.
— De crapules ? répéta lentement le colosse.
D’un geste de la main, Marsh lui intima l’ordre de se taire.
— Vous avez découvert que Boone n’était pas celui que vous croyiez, et vous avez donc décidé de vous enfuir. Seulement, vous aviez également prévu d’emmener mon neveu… Pourquoi ?
— Pour le sauver, répondit Jayne.
— Très généreux de votre part.
Boone l’avait abandonnée. Cette brutale constatation fut aussi violente qu’un coup de poing à l’estomac. Il ne lance-rait aucun signal, et n’avait aucun plan de fuite. Elle était seule face à Corbin Marsh et Darryl. Elle décida de conti-nuer à leur parler pour essayer de gagner du temps.
— C’est un petit être fragile et innocent, protesta-t-elle. Sa place n’est pas ici. Ne pouvons-nous conclure un ac-cord ? Vous nous laissez partir, et je vous promets de ne parler à personne de ce qui se passe sous ce toit.
Marsh secoua la tête.
— Je ne crois pas que ce soit aussi sim…
Une explosion secoua la maison. Drew se réveilla, Jayne sursauta et Lacey lâcha un cri aigu.
— Va voir ce qui se passe, grogna le producteur en fai-sant signe de son arme à Darryl.
Celui-ci disparut aussitôt dans le couloir. Corbin Marsh s’avança d’un pas dans la salle de jeux.
— J’ai toujours su au fond de moi que fréquenter les hommes politiques n’était pas une bonne idée. 0

 
 

 

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CHAPITRE 16

Boone se précipita en courant vers la maison, s’éloignant du vacarme causé par l’explosion. Dean avait placé un engin explosif dans l’un des coussins du siège passager. L’opération avait pris plus de temps que prévu : protégée par des dispositifs de sécurité, la mise en route s’était révé-lée plus compliquée que prévu à régler. Dean était une personne méticuleuse.
Au moment où il atteignait presque la porte de la cuisine, Darryl sortit en trombe de la maison, le revolver à la main. Le détective s’immobilisa aussitôt.
— Quelque chose a sauté dans le garage, expliqua Boone. Un acte de sabotage, sans doute.
Le regard de Darryl se tourna vers le pick-up embrasé, puis revint se poser sur Boone.
— Comment se fait-il que tu ne sois pas en train de véri-fier ce qui s’est passé ? s’enquit-il, tout en resserrant le poing sur la crosse.
— J’ai fait demi-tour parce que j’ai eu peur qu’une se-conde explosion ne suive la première.
— Ah.
Perplexe, Darryl contempla les flammes qui jaillissaient du véhicule sorti du garage. Son esprit obtus analysait len-tement la situation. Il n’était qu’à moitié convaincu, mais si Boone disait la vérité, Marsh lui ferait passer un mauvais quart d’heure…
Profitant de l’opportunité, Boone fit sauter le revolver de Darryl d’un coup de pied, lui arrachant un glapissement d’animal blessé. Il opéra ensuite un roulé-boulé et s’empara de l’arme tombée au sol.
Fou de rage, le truand s’avança vers lui les poings mena-çants. Boone esquiva un crochet, avant de répliquer d’un puissant direct à l’estomac. Le gros homme pivota sur lui-même, plié en deux et le souffle coupé. Un violent coup de botte le cueillit alors en plein visage, le laissant sonné.
Sans lui laisser le temps de récupérer, Boone l’immobilisa face contre terre, le canon du revolver appuyé sur la nuque.
— C’est trop tard, railla l’homme d’une voix rauque. Gurza a ta femme, Sinclair… Ou Tex, ou quel que soit ton nom. Cette fois-ci, tu ne pourras pas la sauver.
Glissant l’arme dans sa ceinture, Boone sortit un rouleau de bande adhésive de la poche intérieure de son blouson. Quelques instants plus tard, muselé et ligoté, Darryl était allongé contre le mur de la maison, dissimulé derrière un épais buisson d’épineux.
Pas un instant Boone ne douta que le dealer lui eût dit la vérité. Marsh-Gurza détenait Jayne. Ce qui signifiait que l’enfant et sa nurse étaient également à sa merci. Dean, Clint, Del et Shock arriveraient-ils à temps ?
Le cœur battant la chamade, il courut vers la maison, le revolver au poing.
Une seule lampe brillait dans l’aile sud. La salle de jeux, d’après la description des lieux que Jayne lui avait faite. Il s’y dirigea en courant.
La jeune femme se tenait au fond de la pièce, Drew dans les bras. Lacey se tordait les mains derrière elle, l’œil fixé sur Marsh, qui lui tournait le dos. Une paire d’yeux inno-cents se posa sur lui. L’enfant était le seul à sourire.
— Oncle Booboo !
Plaquant une main sur la nuque de Drew, Jayne le rame-na contre son épaule et lui enjoignit de se rendormir. Marsh ne prit pas la peine de se retourner.
— Nous avons un problème, déclara-t-il d’un ton froid.
— C’est ce que je vois, dit Boone, s’avançant dans la pièce sous le regard accusateur de Jayne.
Le producteur lui lança un bref coup d’œil par-dessus son épaule.
— Son père sait qu’elle est ici, mais en toute décence je ne peux pas la laisser partir. Que faisons-nous d’elle ?
— Nous la gardons. Elle et moi allons nous marier. Je…
— Tu peux toujours rêver ! coupa Jayne.
Boone lui adressa un regard d’avertissement, qu’elle ne comprit pas.
— De la manière dont je vois les choses, chérie, tu as le choix entre deux options. Soit tu m’épouses et tu sers à papa le sénateur la version que je te donnerai et chacun restera en vie. Soit tu déclines notre offre généreuse…
Il haussa les épaules, le regard navré.
— Mon Dieu ! Ce serait vraiment dommage de suppri-mer une fille aussi jolie que toi, mais à défaut d’autre choix…
Tout en parlant, il s’était rapproché de Marsh. Le revol-ver de ce dernier était toujours pointé vers Jayne, ce qui lui interdisait pour l’instant toute intervention de sa part.
Un flot d’adrénaline l’envahit, à la pensée que la vie de trois êtres innocents dépendait de son seul sang-froid.
Les yeux de Jayne s’emplirent de larmes, et son menton se mit à trembler. Jouait-elle le jeu ou bien prenait-elle au pied de la lettre ce qu’elle venait d’entendre ? Après tout ce qu’ils venaient de traverser, elle le croyait de mèche avec Marsh. Etait-ce la raison pour laquelle elle s’était montrée d’une telle froideur la nuit précédente ?
Elle devait avoir désobéi à ses ordres de rester enfermée dans sa chambre, surpris leur conversation et en avoir tiré les mauvaises conclusions. Se souvenant des paroles échangées avec le producteur, il imaginait sans peine la teneur de ses pensées. Pourquoi ne l’avait-elle pas ques-tionné, la veille, au lieu de se retrancher dans ce mutisme buté ?
L’idée qu’elle le mettait de nouveau dans le même sac que les autres lui brisa le cœur, mais il existait un problème plus urgent à régler.
— Choisis bien, chérie.
Aide-moi à gagner quelques minutes.
Le pas pesant d’Harvey, reconnaissable entre tous, ré-sonna dans le couloir.
— On a un problème ! cria-t-il en ahanant.
Le domestique apparut dans l’embrasure de la porte, es-soufflé.
— Quatre véhicules s’approchent de la résidence !
Harvey avisa Boone d’un œil suspicieux, puis son regard tomba sur l’arme qu’il tenait.
— Où est Darryl ? demanda-t-il.
— Aucune idée, répondit Boone d’un ton froid.
Harvey baissa de nouveau les yeux vers la main du dé-tective.
— Dans ce cas pourquoi avez-vous son revolver ?
Marsh pivota d’un bond et fit feu. Instinctivement, Boone s’était déjà baissé, et la balle atteignit le domestique resté debout dans l’encadrement de la porte. Sans laisser le temps au producteur de tirer de nouveau, il lui saisit le poignet, dévia l’arme et se tourna vers Jayne.
— Fiche le camp ! ordonna-t-il. Par le jardin.
Sans perdre de temps à essayer de comprendre, Jayne resserra son étreinte sur l’enfant rendormi et fit exactement ce que lui avait dit Boone, Lacey sur ses talons.
Un coup de feu retentit derrière elles. Jayne tressaillit, mais ne s’arrêta pas. La première priorité était de mettre Drew à l’abri. Boone se débrouillerait très bien tout seul, elle en était certaine. Devait-elle se diriger vers le jardin ainsi qu’il le lui avait commandé, ou valait-il mieux risquer le tout pour le tout et sortir par l’entrée principale ?
Mais l’éclat qu’elle avait vu dans son regard l’incita à s’enfuir par le jardin.
La suite se déroula en accéléré. Des cris provenant de l’intérieur. Des bruits de verre cassé. Un nouveau coup de feu. Les deux femmes se précipitèrent hors de la maison.
— Regardez ! s’écria Lacey en pointant le doigt devant elle.
Un homme était en train d’escalader la grille en fer for-gé. Arrivé au sommet, il opéra un rétablissement puis se laissa tomber au sol avec la souplesse d’un félin.
— Venez ! cria-t-il en se dirigeant droit vers Jayne.
— Qui êtes-vous ? s’enquit-elle en resserrant les bras sur Drew, le regard méfiant.
— Clint Sinclair, répondit-il avec un bref sourire.
— J’aurais dû le deviner, marmonna-t-elle.
Il était plus mince que Boone et que Dean, ses cheveux étaient légèrement plus clairs, mais la ressemblance était frappante.
— Allons-y, insista-t-il.
Jayne se tourna vers la maison.
— Non, répondit-elle, tout en lui plaçant d’autorité l’enfant dans les bras. Je vais retrouver Boone.
Une main sur son poignet l’arrêta aussitôt.
— Oh non, dit Clint d’une voix douce mais implacable. Je dois vous sortir d’ici. Vous, l’enfant… et cette jeune personne, à ce qu’il semble.
Elle avait douté de Boone. Elle lui avait tourné le dos quand il avait besoin d’elle. Au moment le plus important, elle lui avait retiré sa confiance. Non, elle ne le laisserait pas tomber maintenant. Pas de cette manière.
— Plus que toute chose, Boone veut sortir cet enfant d’ici.
— Je sais, répondit Clint sans lui lâcher le poignet.
— C’est votre travail de l’emmener loin de cette maison, de veiller à sa sécurité.
— En effet.
— Mais où ai-je la tête ? soupira-t-elle, feignant de changer d’idée. Boone est assez grand pour se débrouiller tout seul.
Clint lui adressa un clin d’œil.
— Je ne vous le fais pas dire !
A la seconde même où il libérait son bras, elle partit en courant.
— Prenez soin de Drew ! lança-t-elle par-dessus son épaule, avant de disparaître à l’intérieur de la maison.
Un véritable chaos régnait dans la résidence. Quatre hommes qu’elle n’avait jamais vus cherchaient désespéré-ment une issue pour fuir. Elle était certaine qu’ils ne fai-saient pas partie de l’équipe d’intervention. Boone n’avait mentionné que Dean et les deux agents des stupéfiants rencontrés à Flagstaff. Les fuyards, paniqués, brisaient des vitres et renversaient des meubles sur leur passage. Wilder et Shockley apparurent et firent les sommations d’usage. Les hommes s’immobilisèrent l’un après l’autre en levant les mains.
Arrivée dans la cuisine, elle aperçut Dean conversant avec Benita et son assistante. Blotties l’une contre l’autre, les deux femmes répondaient aux questions qui leur étaient posées : combien d’hommes se trouvaient dans la maison et dans quelles pièces. La fumée des échanges de coups de feu, âcre et bleutée, flottait encore dans la pièce.
Ce n’est qu’en pénétrant dans le couloir de l’aile sud qu’elle retrouva enfin Boone. L’un de ses genoux était posé au sol, tandis que de l’autre, il écrasait le dos de Corbin Marsh allongé face contre terre.
Il leva aussitôt la tête.
— Qu’est-ce que tu fiches encore ici, bon Dieu ?
La gorge de Jayne se serra, et quelque chose se noua dans son estomac.
— Je ne pouvais pas te quitter comme ça, plaida-t-elle.
— Si, tu le devais !
Plongeant la main dans sa poche intérieure, il en sortit son rouleau d’adhésif.
— Bouge de là, chérie.
Une silhouette se déplaça derrière lui. Harvey, ensan-glanté, se redressait lentement sur ses pieds. Sa main se glissa vers son holster, avant de réapparaître armée d’un petit pistolet.
— Boone, derrière toi ! cria-t-elle.
Boone pivota sur lui-même et fit feu. Harvey s’effondra dans un bruit sourd. Profitant de cette diversion inattendue, Marsh parvint à se libérer de l’emprise du détective, se releva et courut vers la jeune femme. Ses pâles yeux bleus se rivèrent aux siens. Jayne vit la haine qui les habitait. L’homme avait beau être désarmé, sa vue lui donnait néanmoins la chair de poule.
Boone le mit en joue, mais n’appuya pas sur la détente. Jayne se trouvait dans la trajectoire. Marsh hésita une frac-tion de seconde, puis se précipita dans la première chambre venue.
Dean venait d’apparaître au fond du couloir. Tandis qu’il pénétrait dans la pièce où venait de se réfugier le produc-teur, Boone s’approcha de Jayne, la dévisagea quelques instants… et l’embrassa avec fougue.
— Maintenant sors d’ici, commanda-t-il.
Elle obtempéra à contrecœur. L’unique façon de le convaincre qu’elle avait de nouveau confiance en lui était de faire exactement ce qu’il lui disait. Sans poser de ques-tions.
Elle retrouva Clint de l’autre côté de la grille en fer forgé du jardin qu’il avait crochetée sans le moindre problème. Un véhicule tout-terrain attendait de l’autre côté. Drew et Lacey avaient déjà pris place sur les sièges arrière, prêts à partir.
— Vous voulez m’attirer des ennuis, mademoiselle Bar-rington ? demanda Clint en l’aidant à s’installer sur le siège passager.
Sans daigner lui répondre, elle se retourna pour regarder derrière elle, tandis que le véhicule démarrait à plein ré-gime. La grande maison rose s’éloigna rapidement. Drew se pencha entre les sièges avant et étudia le visage du conduc-teur.
— Vous êtes un cow-boy ? demanda-t-il.
— Non, répondit Clint, tout sourire. Je ne suis pas un cow-boy, je suis un clown de rodéo.
— Vous êtes un clown ? s’étonna l’enfant. Où est votre nez rouge ?
— Dans ma valise, répondit Clint sans tourner la tête. Avec mes chaussures géantes.
Drew éclata d’un rire clair.
— Vous n’avez pas du tout l’air d’un clown !
Jayne se tourna vers l’enfant, un sourire indulgent sur les lèvres.
— Ce clown est le frère d’oncle Booboo, mon chéri.
— C’est vrai ?
Clint lança une œillade amusée à la jeune femme :
— Oncle Booboo ?
— Mais tu peux l’appeler oncle Clint, ajouta-t-elle à l’intention de l’enfant.
Oncle Clint partit d’un grand éclat de rire.
— Oncle Booboo ! répéta-t-il. Elle est bien bonne, celle-là !
Jayne jeta un nouveau coup d’œil par la lunette arrière, mais la résidence avait à présent disparu. Boone avait dû s’en sortir sans dommages. Il était fort, il était dans son droit… et cette fois, il n’était pas seul.
— Mademoiselle Jayne, s’enquit soudain le petit garçon, le visage tourné vers le paysage qui défilait sous ses yeux, où est oncle Corbin ?
Le cœur de Jayne s’arrêta de battre. Corbin Marsh avait beau être une sinistre crapule, il s’était montré bon avec Drew. Mais celui-ci n’était pas en mesure de comprendre les événements auxquels il venait d’assister. Que pouvait-elle lui répondre ?
Clint le fit à sa place :
— Oncle Corbin désire que tu vives désormais dans une nouvelle maison parce qu’il ne peut plus s’occuper de toi. Il a donc téléphoné à ton grand-père et à ta grand-mère pour leur demander de venir te chercher. Tous deux t’attendent à l’hôtel où est descendue Mlle Jayne.
— Il a fait cela ?
— Ouaip ! Ce sont des personnes très gentilles. Je leur ai moi-même parlé au téléphone.
— Avant de partir au ciel, reprit Drew d’une petite voix, ma maman m’a montré des photos de papi et de mamie. Elle m’a dit que mamie faisait les meilleurs ******s au chocolat du monde. Et qu’un jour nous irions vivre avec eux.
— Ils sont impatients de te voir, ajouta Clint. Je suis sûr que ta grand-mère te préparera de ces merveilleux ******s.
*
* *
Boone envoya des coups de pied à droite et à gauche, pes-ta, jura, puis projeta le premier objet à sa portée — un vase de cristal — à travers la pièce. Corbin Marsh, alias Joaquin Gurza, avait disparu.
— Je le tenais ! enragea-t-il. J’avais le genou appuyé sur son dos, mon rouleau d’adhésif à la main.
— Que s’est-il passé ? s’étonna Shock.
— Jayne a fait irruption, Harvey a tenté de me descendre par-derrière, et tout est allé de travers.
— Pas de chance, grogna l’agent.
Harvey était mort, Darryl en prison. Clint avait emmené Jayne, Drew et Lacey en sûreté. Et pour le moment, rien d’autre n’importait. De savoir qu’ils étaient tous les trois sains et saufs était réconfortant. D’avoir ravi l’enfant des mains de Gurza représentait en outre une incontestable réussite professionnelle. Un autre enfant retrouvait son véritable foyer.
Mais au-delà de cet aspect de sa mission, le fait que Jayne s’en fût sortie indemne le touchait au plus profond de lui-même. Il pouvait respirer, à présent. Son cœur ne mena-çait plus d’imploser, comme lorsqu’il avait vu le canon de l’arme pointé sur elle.
Non, rien n’importait plus que le sort de la jeune femme et de l’enfant. Quand bien même il mourait d’impatience de remettre la main sur Marsh. Del avait découvert un passage dérobé dans le plancher d’un placard, débouchant sur un tunnel. L’oiseau s’était bel et bien envolé.
Boone se laissa aller à quelques obscénités bien senties. Dean s’approcha de lui et plissa les yeux, la tête penchée de côté.
— Qu’est-ce que tu viens de dire ?
— Hein ?
— J’aurais juré t’avoir entendu dire « crotte ». 0

 
 

 

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CHAPITRE 17

Cette journée avait sans doute été la plus longue de sa vie. Jayne se laissa tomber sur le lit de sa chambre, vidée de ses forces. Drew était en sécurité auprès de ses grands-parents. Les Patterson passaient la nuit ici, dans le même hôtel, avant de s’envoler pour l’Alabama le lendemain matin. Soucieux d’éviter à l’enfant une rupture brutale avec son environnement, ils avaient décidé de garder provisoi-rement Lacey avec eux. La pauvre fille n’avait du reste aucun endroit où aller.
Quant aux bagages laissés chez Marsh, ils lui avaient été livrés par un jeune policier. A son grand dépit. Elle avait un moment espéré que Boone s’en chargerait. Espoir stupide, et pourtant…
Après s’être débarrassée non sans mal du dernier journa-liste, s’être enfermée dans sa chambre, avoir obtenu du standard qu’il filtre les appels et parlé à son père — celui-ci lui avait annoncé son arrivée pour le lendemain — elle avait enfin pu jouir des bienfaits d’un bain chaud et avaler un repas.
Alors pourquoi ne parvenait-elle pas à trouver le som-meil ?
Parce que Boone n’était pas là. Parce qu’elle avait pensé pis que pendre de lui, et qu’il s’en était rendu compte. Pourquoi éprouvait-elle tant de mal à écouter la voix de son cœur ? Elle aurait dû savoir que c’était à Marsh qu’il men-tait. Pas à elle. Jamais il ne lui avait menti.
Des coups frappés à la porte la firent bondir hors du lit. S’il s’agissait d’un autre reporter, décida-t-elle, il serait mal reçu ! C’était sa première nuit de tranquillité depuis long-temps, et elle entendait bien ne pas être dérangée.
Tout en nouant la ceinture de son peignoir d’une main nerveuse, elle s’approcha de l’entrée sur la pointe des pieds et jeta un œil par le judas.
Elle ouvrit aussitôt grand la porte. La mine épuisée, Boone se dandinait d’un pied sur l’autre dans le couloir, mal à l’aise.
— Dean m’a dit que tu occupais la même chambre que la dernière fois, expliqua-t-il. Je voulais juste m’assurer que tu allais bien.
Jayne sentit son estomac se nouer. Si elle se *******ait de lui répondre qu’elle se portait comme un charme, il s’en irait et tout serait terminé. Mais elle ne voulait pas qu’il s’en aille, et ce qu’elle lisait dans ses yeux lui disait qu’elle avait une chance de le retenir.
Le saisissant par les pans de son blouson, elle le tira gen-timent à l’intérieur de la pièce.
— Où étais-tu ? demanda-t-elle en lançant ses bras au-tour de son cou. J’étais morte d’inquiétude. Je croyais que tu ne viendrais plus.
Dieu qu’il était agréable de sentir de nouveau son corps contre le sien !
Il referma la porte d’un coup de pied, puis la verrouilla sans quitter Jayne des yeux.
— J’ai dû parler aux policiers, répondit-il. Locaux et fé-déraux. Ils m’ont littéralement assommé de questions.
La prenant par la taille, il la souleva du sol. Jayne refer-ma les jambes dans son dos.
— Et pendant tout ce temps, reprit-il en baisant ses lè-vres entrouvertes, je n’avais qu’une idée en tête, te retrou-ver.
Jayne plongea une main fébrile dans ses longs cheveux. Chaque nerf, chaque muscle de son corps vibrait de désir. Son cœur lui martelait la poitrine. Elle l’embrassa avec avidité, et il lui répondit avec la même ardeur. Ce baiser signifiait qu’ils avaient survécu, qu’ils étaient ensemble, que rien d’autre n’avait d’importance. Elle voulait crier et pleurer en même temps, mais la joie qu’elle éprouvait se concentra dans la brûlante rencontre de leurs bouches, dans l’intimité de leur étreinte, dans la saveur de leurs langues emmêlées.
Sans rompre leur baiser, Boone la transporta jusqu’à la chambre, s’étonnant encore de sentir combien il avait be-soin d’elle.
Jayne n’en savait pas davantage, mais elle se fichait de savoir pourquoi elle tenait à lui, pourquoi elle l’aimait, pourquoi elle le désirait. Ce qu’ils vivaient ici et maintenant était juste, réel, et prenait le pas sur toute autre considéra-tion.
Au moment où il la couchait sur le lit, leurs deux corps enlacés, elle le repoussa gentiment, le souffle court et l’œil brillant.
— J’avais tellement peur de ne plus jamais te revoir, dé-clara-t-elle d’une voix émue. Peur de ne jamais avoir l’opportunité de te dire que…
— Jayne, coupa-t-il, une note d’avertissement dans la voix.
— Que j’étais désolée, termina-t-elle, incapable de lui déclarer son amour. Je t’ai entendu parler à Marsh, et pen-dant un moment, j’ai… j’ai cru que tu étais…
— C’est sans importance, maintenant.
— C’est important, au contraire. Je n’ai pas écouté ce que me disait mon cœur. Je n’ai pas su te faire confiance. Je me sens tellement coupable…
Il l’apaisa d’un baiser.
— Tout va bien, ma chérie.
— Tout va bien ? Comment peux-tu dire cela ?
Remontant sa chemise de nuit, il lui caressa un sein, puis l’autre.
— Cette nuit, nous avons mieux à faire que de rester là à parler de tout ce qui n’a pas marché comme nous l’aurions souhaité. Je veux t’ôter ces vêtements. Je veux te faire l’amour, te faire hurler de plaisir.
— Oh, Boone ! gémit-elle. Mais je dois d’abord te…
Un nouveau baiser la réduisit au silence, et elle oublia bien vite la confession qu’elle s’était promise de lui faire.
Boone s’enfonça dans la baignoire et ferma les yeux. Une Jayne comblée lui faisait face, ses longues jambes se mêlant aux siennes dans l’eau chaude et parfumée.
Qu’allait-il décider, à présent ? Il ne pouvait quand même pas lui coller aux basques tel un chiot, pas plus qu’il ne pouvait raisonnablement lui demander de le suivre en Alabama. Ils avaient toujours aussi peu de choses en com-mun. D’accord, ce qu’ils partageaient était merveilleux, mais le sexe seul ne suffisait pas à construire une relation solide et durable.
— Mais au fait ! s’écria-t-elle soudain. Et Corbin Marsh ? Il est en prison ?
Boone rouvrit les yeux et scruta le visage émouvant et radieux de sa compagne.
— Non. Il s’est échappé.
Jayne écarquilla les yeux, incrédule.
— Quoi ?
— Par une trappe dissimulée dans le placard. Elle ou-vrait sur un tunnel. Quand nous nous en sommes rendu compte, notre homme avait depuis longtemps pris la poudre d’escampette…
Sa mâchoire se crispa.
— Marsh était Gurza, ajouta-t-il.
L’expression de stupéfaction qui se peignit sur les traits de Jayne montrait qu’il lui était difficile d’envisager une telle duplicité.
— Mais comment est-ce possible ?
— D’après les confessions de Darryl, Marsh « devenait » Gurza lorsqu’il avait besoin de faire peur à quelqu’un. Il se travestissait alors d’une perruque noire, de lentilles de contact marron, et d’un peu de maquillage pour fignoler le tout. Les rencontres étaient toujours arrangées dans des endroits sombres, de sorte que personne ne pouvait voir distinctement son visage.
Boone secoua lentement la tête, le visage tendu.
— Comment la mère de Drew l’a-t-elle rencontré ?
— En accompagnant son petit ami, dealer lui aussi, lors d’une transaction. Drew était sur le siège arrière de la voi-ture. Apparemment, Marsh s’est entiché d’Erin, mais je crois qu’il a également été choqué par la présence de l’enfant. Il les a tous deux emmenés chez lui, laissant Dar-ryl « s’occuper » du petit ami d’Erin. Bien sûr, il n’a pas fallu longtemps à cette dernière pour comprendre que Gur-za et Marsh ne faisaient qu’un. Elle a eu peur. Marsh a découvert qu’elle avait l’intention de fuir. Il l’a supprimée d’une injection massive d’héroïne, avant de charger Harvey de se débarrasser du corps à Flagstaff.
Jayne se glissa sur lui dans la baignoire et posa la tête sur son torse mouillé.
— Où peut-il se trouver, maintenant ? demanda-t-elle en frissonnant.
— En cavale, loin, très loin, répondit-il, espérant que ce fût vrai. Trop de gens le connaissent dans le coin. Son por-trait a été diffusé dans tous les médias.
Jayne lâcha un soupir. D’un geste tendre, Boone glissa les doigts dans les boucles blond doré de ses cheveux.
— Je ne t’ai jamais remerciée pour m’avoir sauvé la vie.
Jayne redressa vivement la tête.
— De quoi parles-tu ?
— Je n’avais pas entendu Harvey, derrière moi.
— Eh bien si je t’ai sauvé la vie, ce n’est que justice. Tu as, plus d’une fois, sauvé la mienne.
Une vague d’émotion fit pétiller ses yeux verts, que nuançaient des taches bleutées.
— Vois-tu, poursuivit-elle, dans certaines cultures cela signifierait que… nous appartenons à jamais l’un à l’autre. Que nous sommes obligés de veiller l’un sur l’autre jusqu’à la fin de nos jours.
Jusqu’à la fin de nos jours ? Cette idée l’effrayait au moins autant que les serpents effrayaient Jayne !
— Peut-être pouvons-nous commencer doucement, sug-géra-t-il. Pourquoi ne pas veiller l’un sur l’autre cette nuit pour commencer, nous aviserons alors, si l’expérience s’avère concluante.
Un large sourire illumina le visage de Jayne.
— Tope là !
Approchant ses lèvres de son cou, elle glissa une langue taquine sur sa peau, puis émit un gémissement de bien-être lorsque la main de Boone remonta le long de son dos.
Après qu’ils se furent mutuellement séchés, caressant chaque partie de leurs corps jusqu’aux zones les plus inti-mes, il la souleva dans ses bras pour la transporter jusqu’au lit, que baignait une douce lumière. Les draps étaient déjà défaits, et Jayne, nue dans ses bras, frémissait d’anticipation. Seigneur, il la désirait plus qu’il n’avait jamais désiré aucune femme…
Ils firent l’amour longuement, avec tendresse et passion.
Une éternité plus tard, tandis qu’ils laissaient leurs cœurs retrouver un rythme normal, la pertinence des propos de Jayne le frappa soudain à pleine force, lui donnant presque le vertige. Indépendamment du fait qu’elle lui avait sauvé la vie et qu’il avait sauvé la sienne, ils appartenaient bel et bien l’un à l’autre. D’une manière qui l’effrayait à tel point qu’il eut envie de se lever, de s’habiller et de l’abandonner lâchement.
Une telle attitude ne lui ressemblait guère.
Après quelques heures de sommeil profond, Jayne se ré-veilla pour trouver Boone allongé à ses côtés, les yeux grands ouverts, absorbé dans la contemplation du plafond.
— Tu devrais dormir, dit-elle en basculant sur le flanc.
— Je sais.
— Qu’est-ce qui ne va pas ?
Dans son esprit, tout ne pouvait qu’aller bien au-jourd’hui, demain et les autres jours. Ce qui se passait entre eux était juste. Elle était à lui, il était à elle, et rien d’autre n’importait.
— Je… je réfléchissais, simplement.
Elle nicha sa tête sur sa poitrine.
— Tu auras tout le temps de réfléchir demain, soupira-t-elle. La nuit est faite pour dormir.
La main de Boone se posa sur ses cheveux, tendre et possessive.
— Si seulement je pouvais…
Jayne l’enlaça, et son corps nu épousa celui de son amant.
— Nous pouvons en parler maintenant, si tu le désires. Ensuite tu pourras dormir.
— Non.
— Lorsque notre esprit est ainsi tiraillé à droite et à gau-che, reprit-elle en faisant courir la pointe de ses doigts sur son dos, je crois qu’il est important d’avoir quelqu’un à qui se confier.
Boone soupira, mais son corps ne manifesta aucune réac-tion.
— Tu te souviens du jour où tu m’as demandé pourquoi je m’étais spécialisé dans la recherche des enfants dispa-rus ?
Jayne voulut se redresser sur un coude pour mieux voir l’expression de son visage, mais préféra ne rien en faire, se *******ant de se blottir davantage contre lui.
— Et tu ne m’as pas répondu.
— Je ne l’ai jamais dit à personne, murmura-t-il. Ni à mes frères, ni à ma sœur… A personne.
Elle pria pour qu’il le fît cette nuit, avec elle, qu’il lui li-vrât le fond de son cœur, lui accordât sa confiance. Mais elle n’était pas certaine de la mériter. Pas encore.
— Tu peux m’en parler, si tu veux…
Pendant quelques minutes il demeura silencieux. Jayne en conclut que le chapitre était clos. Et elle ne voulait ni insister, ni le harceler, ni l’amener à dévoiler contre son gré des choses qu’il ne souhaitait pas partager. Un jour peut-être…
— Il y a quelques années j’étais flic, reprit-il enfin. A cette époque, j’étais jeune, inexpérimenté et rongé d’ambition. Je me voyais effectuer une carrière fulgurante, passer rapidement inspecteur, puis intégrer la section des homicides. Je portais même la coupe de cheveux réglemen-taire et l’uniforme, et je disposais d’une voiture de pa-trouille.
Boone Sinclair, policier sans peur et sans reproche, prêt à sauver le monde… Elle voyait cela d’ici.
— Et puis il y eut ce gosse. Un adolescent nommé Pa-trick, qui fuguait régulièrement de chez lui. Nous recevions chaque fois à la brigade des appels affolés, voire hystéri-ques de ses parents. Patrick, cependant, regagnait toujours son foyer quelques jours plus tard, c’est-à-dire lorsqu’il estimait les avoir suffisamment fait souffrir.
Il secoua la tête, et un pli soucieux se forma sur son front.
— Ce gosse était un véritable poison, soupira-t-il. Un après-midi, j’ai reçu un nouvel appel de ses parents. C’était un mauvais jour, l’un de ceux qui donnent l’impression de ne jamais vouloir se terminer. C’est donc d’une humeur massacrante que je m’y suis rendu. Bon Dieu, le garçon était à deux mois de ses dix-huit ans. A deux mois de pou-voir quitter sa famille en toute légalité.
Jayne déposa une suite de petits baisers sur son torse, seule manière de lui témoigner sa sympathie.
— Ses parents étaient une fois de plus paniqués. Patrick n’était pas rentré. La mère était en larmes, le père se tordait les mains, et j’ai laissé s’exprimer ma colère. Je leur ai déclaré que leur petit morveux rentrerait lorsqu’il aurait faim, ou qu’il s’ennuierait, ou qu’il en aurait assez de les emmerder. J’ai ajouté que ce n’était qu’un enfant gâté et enquiquineur, et leur ai conseillé de profiter des quelques jours de calme qu’il leur octroyait.
Sa respiration se fit plus courte, plus rapide.
— J’ai rédigé un rapport, mais je ne suis pas intervenu. Je n’en ai pas averti l’équipe de patrouille venue prendre la relève. Je n’ai pas sillonné le quartier pour le retrouver. J’ai… j’ai simplement décidé de l’oublier.
A la tension de son corps sous le sien, Jayne devina ce qui allait venir.
— Son corps fut retrouvé deux jours plus tard. Il avait été heurté par une voiture en revenant de l’épicerie, avant de basculer dans un fossé envahi de hautes herbes. Une boîte de soda gisait à côté de lui, et il avait une barre de chocolat dans la poche. Ce n’était qu’un enfant. Un chauf-fard l’avait tué avant de prendre la fuite.
— Tu ne pouvais pas savoir.
— J’ai appris qu’il n’était pas mort tout de suite, poursuivit-il sans l’entendre. Il est resté dans ce fossé plusieurs heures, blessé, incapable de bouger ni d’émettre le moindre son. Si je m’étais mis à sa recherche, si j’avais fait mon travail…
— Non, dit Jayne en posant une main sur sa joue, le re-gard intense. Ce qui est arrivé à ce garçon n’est pas de ta faute.
— Si, soupira-t-il. Si j’avais ratissé le quartier, je l’aurais peut-être retrouvé. Il serait peut-être encore en vie au-jourd’hui.
— Boone…
— Mais ce qui est pire, c’est qu’au moment où il agoni-sait dans ce fossé, je déclarais à ses parents qu’il n’était qu’un petit emmerdeur, et qu’ils se portaient certainement mieux sans lui.
— Mon Dieu…
— Depuis lors, mes nuits sont peuplées de cauchemars. Il semble que je sois condamné à les subir jusqu’à la fin de mes jours. Je m’efforce de croire que si je ramène suffi-samment d’enfants dans leurs foyers, si je trouve un lieu d’accueil décent pour ceux qui en sont privés, alors peut-être mes cauchemars s’arrêteront-ils.
Levant une main tremblante, il lui caressa le visage.
— Mais j’en doute. Vois-tu, peu importe que je… que j’éprouve plus d’affection pour toi que je n’en ai jamais éprouvé pour aucune femme dans ma vie. Peu importe le fait que je désire ce que je ne peux obtenir. Ma vie, c’est de retrouver le plus d’enfants possible et c’est tout ce qui compte.
Jayne se pencha sur lui et prit son visage entre ses deux mains. Il l’aimait. Certes il ne reconnaissait qu’une grande « affection » pour elle, mais il était clair qu’il l’aimait. Elle l’embrassa avec tendresse.
— Je veillerai sur toi pendant que tu dors, chuchota-t-elle. Je ne laisserai pas ces cauchemars envahir ton som-meil. Je demeurerai vigilante, te protégerai, et lorsque le matin sera venu…
— Jayne…
Oh non, elle ne l’autoriserait pas à lui intimer le silence. Pas cette fois.
— Je t’aimerai encore.
Il l’attira vers lui et la tint longuement serrée contre sa poitrine. Puis il sombra peu à peu dans le sommeil.

 
 

 

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CHAPITRE 18

LE timbre aigu de la sonnerie du téléphone la réveilla. Les lourdes tentures isolaient la chambre de la lumière matinale, mais les aiguilles du réveil lui indiquaient qu’elle avait dormi beaucoup plus tard que de coutume.
— Boone ?
Le lit était vide, et ses vêtements avaient été ramassés du sol. Même son blouson avait disparu du dossier de la chaise où il l’avait déposé. Le téléphone sonna de nouveau. Elle décrocha.
— Allô ?
— Ma colombe, je suis dans le hall.
— Oh ? Euh, bonjour, papa.
Son sang ne fit qu’un tour. Elle tourna la tête vers la salle de bains. Où était Boone ?
— Je t’ai réveillée ? demanda-t-il d’une voix surprise.
— Oui, avoua-t-elle en se glissant hors du lit. Désolée. La journée d’hier a été très longue.
— Je suis là dans deux minutes.
— Attends !
Trop tard. Le sénateur Barrington avait raccroché et s’apprêtait à prendre l’ascenseur.
Jayne attrapa ses sous-vêtements et sa chemise de nuit étalés au pied du lit, avant de les fourrer dans un tiroir de la coiffeuse au milieu d’autres vêtements bons pour la lessive. Ne disposant que de très peu de temps avant l’arrivée de son père, elle décrocha la première robe qui lui tomba sous la main dans le placard, en légère cotonnade vert pâle.
Que pourrait-elle lui dire ? Pour le moment, une seule pensée occupait son esprit : où était passé Boonfe ? Il n’était sûrement pas parti. La nuit qu’ils venaient de partager n’avait pas eu un parfum d’adieu. Impossible.
Tandis qu’elle glissait les pieds dans ses sandales, deux petits coups familiers furent frappés sur la porte. Ebourif-fant ses boucles blondes d’une main nerveuse, elle se diri-gea vers la porte. De quoi diable allait-elle lui parler ?
« Bonjour, papa. Tu ne devineras jamais ! J’ai fait la rencontre de cet homme. Je suis sûre que tu l’adoreras comme je l’adore ».
Non. Trop faible.
« Papa ! Devine ce qui m’est arrivé ! »
Non. Il comprendrait autre chose…
« Papa, je suis amoureuse. Il m’aime, je le sais, même si pour le moment je n’ai aucune idée de l’endroit où il se trouve, ni s’il va revenir… »
Elle ouvrit la porte :
— Papa…
Gus Barrington s’avança dans la pièce, étreignit sa fille, puis la tint à bout de bras pour la contempler de la tête aux pieds, avec l’œil avisé d’un père protecteur. Comme à son habitude, Chad, son principal collaborateur, se tenait un bon mètre derrière lui.
— Tu es resplendissante, observa-t-il, le visage éclairé d’un sourire heureux. Pas la moindre marque de fatigue !
— Je te remercie.
Chad, 35 ans, mince et ambitieux, dont la jeune carrière était néanmoins menacée par une incapacité pathologique à sourire, prit le relais :
— La conférence de presse débute dans vingt minutes.
— Une conférence de presse ? s’étonna-t-elle.
— Le hall est envahi par les médias, ma colombe, préci-sa le sénateur. Ils ont des milliers de questions à poser, et je suis bien en mal de répondre à une seule d’entre elles. Il m’a semblé judicieux de laisser Chad organiser une petite réunion pour en avoir fini au plus vite. Tu n’y vois pas d’inconvénient, je suppose ?
Chad l’étudia avec circonspection.
— La robe est ravissante, Jayne, mais un peu trop dé-contractée pour une conférence de presse. N’auriez-vous pas sous la main un ensemble plus habillé ? Je pense à ce tailleur mauve, ou au vert turquoise…
Pamela la taquinait souvent à propos de la quantité de vêtements qu’elle emportait à chaque voyage. Mais elle devait constamment parer à toute éventualité. Y compris les conférences de presse imprévues.
— Bien sûr, répondit-elle, un peu contrariée.
Non, ce n’était pas exactement la rencontre informelle qu’elle s’était imaginée.
D’un geste de la main, son père fit signe à Chad de s’écarter. Docile, celui-ci obtempéra. Il s’éloigna de quel-ques pas, puis ouvrit son porte-documents en cuir et fouilla d’un air concentré dans ses papiers.
Plaçant les mains sur ses épaules, le sénateur scruta son visage.
— Es-tu sûre que tout va bien ? Tu as bonne mine, je le concède, mais d’après les quelques informations qui me sont parvenues, je sais que tu as vécu d’affreux moments.
Jayne hocha la tête. Il n’en avait aucune idée.
— C’est vrai, répondit-elle. Il est avéré que Corbin Marsh est un trafiquant de drogue et un meurtrier. Il proje-tait de te soutenir publiquement et financièrement, puis… d’extorquer ton appui par chantage.
Elle hésita quelques secondes, le visage grave, avant de poursuivre :
— Si les choses avaient tourné autrement, si nous n’avions pas découvert qui il était, il t’aurait sans aucun doute compromis dans de très sales opérations.
Gus Barrington la gratifia d’un sourire indulgent.
— Ne t’inquiète pas pour ce qui aurait pu se passer. Pour être franc, je me serais retourné sur-le-champ contre ce serpent à sonnettes, au risque de mettre un terme à ma car-rière politique.
— Je le sais, soupira-t-elle.
Si elle s’agaçait parfois de l’aspect public de la vie de son père, elle savait qu’il n’en demeurait pas moins un homme foncièrement droit et honnête.
— Vois-tu, papa, tant d’événements se sont produits que je ne sais pas par où commencer… Quant à répondre aux questions des journalistes, je ne vois pas ce que je pourrais leur dire. A la vérité, je préférerais ne pas leur parler du tout. Oh, je le ferai si tu le souhaites vraiment, mais ne pourrions-nous pas simplement leur déclarer que je vais bien, et que nous discuterons de tout cela une autre fois ?
Un voile d’inquiétude assombrit le regard du sénateur.
— Si c’est ce que tu désires…
— Sénateur, objecta Chad. Dans quelques jours, cette histoire sera oubliée, et nous avons là des journalistes im-portants…
Un temps d’antenne gratuit comprit Jayne immédiate-ment.
— Si ma fille ne souhaite pas leur parler aujourd’hui, ré-pondit-il, l’œil grave, je ne la forcerai pas. Je leur dirai qu’elle est sauve, en bonne santé, et que je la ramène à la maison. Ils devront s’en satisfaire.
Jayne ne put réprimer un sourire.
— Merci, murmura-t-elle.
De nouveaux coups sur la porte.
Boone ? Oh, le moment était on ne peut plus mal choisi pour une confrontation entre les deux hommes les plus importants de sa vie !
— J’ai commandé du café, dit Chad en se dirigeant vers la porte.
— Attendez…
Sa faible protestation arriva trop tard.
L’homme qui surgit en trombe dans la pièce n’était ni Boone ni le garçon d’étage. L’intrus bouscula Chad, qui perdit l’équilibre et tomba. Des papiers s’envolèrent, le porte-documents fut projeté au sol. Le nouveau venu l’écarta d’un coup de pied.
Jayne ne reconnut pas tout de suite cet individu basané aux cheveux noirs. Puis son regard tomba sur le revolver qu’il tenait au poing. Ce n’est que lorsqu’il la regarda droit dans les yeux qu’elle comprit. Apparemment, il avait négli-gé les lentilles de contact. Par contraste avec le fond de teint olivâtre, les pâles yeux bleus lui donnaient un air si-nistre et inquiétant.
— Marsh.
— Le joli tableau que vous formez tous les deux ! obser-va-t-il d’un ton hargneux.
Au moment où il claquait la porte derrière lui sans se re-tourner, Chad lança le pied et la bloqua, grognant sous la douleur qui lui vrilla la cheville. Le producteur ne sembla pas s’en apercevoir.
— Le père et la fille enfin réunis. C’est très touchant.
Penchant la tête de côté, il dévisagea de nouveau la jeune femme.
— Où est-il ?
— Je ne vois pas de qui vous…
Marsh leva son arme et la pointa vers elle.
— Sinclair, Tex, ou quel que soit son nom. Où est-il ?
Le sénateur se plaça devant sa fille, faisant ainsi obstacle de son corps.
— Jayne ? De qui cet homme parle-t-il ?
Marsh les contourna, le sourire aux lèvres, maintenant la distance qui le séparait d’eux sans cesser de menacer Jayne de son arme.
— Ah ! Il ne sait pas encore, n’est-ce pas ? J’ai toujours pensé que le spectacle du sénateur rencontrant le petit voyou avec lequel sa fille s’envoie en l’air sans vergogne serait des plus plaisants !
Gus Barrington s’avança d’un pas, le visage congestion-né.
— Comment osez-vous ?
— Papa, intervint Jayne, arrêtant le sénateur d’une main ferme sur son bras. Elle darda sur Marsh un regard incen-diaire : J’ignore où est Boone. Il est parti.
Marsh-Gurza secoua la tête.
— Il convoitait le petit depuis le début, dit-il. Mais lors-que je m’en suis rendu compte, il était déjà trop tard. J’aimais beaucoup cet enfant, vous savez. J’y tenais énor-mément. Sa mère était une toxicomane et une putain, mais Drew était innocent. Il était la seule chose qui me soit arri-vée de bien dans ma vie…
— Combien de temps serait-il resté innocent ? coupa Jayne d’un ton agressif. Tôt ou tard vous l’auriez contami-né. Vous l’auriez transformé en un autre Harvey. Il n’avait aucune chance de mener une vie décente en restant auprès de vous.
— Vous l’avez aidé, grogna le producteur en agitant son revolver. Vous avez aidé ce menteur, ce salaud, à m’enlever Drew. Vous paierez pour cela.
— Si vous tirez, déclara le sénateur d’une voix calme, vous ne sortirez pas vivant de cet hôtel.
Marsh reporta son attention sur lui.
— Ma vie est finie. Ma maison, Drew, ma carrière… mes carrières, devrais-je dire. Ma fortune. Tout cela est terminé. Mais je ne partirai pas seul.
Son poing se resserra sur la crosse, tandis que son index appuyait peu à peu sur la détente.
La porte s’ouvrit brusquement. Dans un mouvement flou de denim et de cuir, Boone bondit au-dessus de Chad, se jetant devant Jayne et son père au moment même où le coup de feu éclatait. Surpris, Marsh sursauta et la balle passa à quelques centimètres de sa cible. La vitre de la fenêtre vola en éclats.
Sans lui laisser le temps d’une seconde tentative, Boone immobilisa son poignet et asséna au producteur un uppercut qui le fit tournoyer sur lui-même. L’arme fut projetée au sol, traversant la pièce dans sa course. Les deux hommes étaient à présent désarmés. N’importe quel être sensé eût alors compris que Boone aurait l’avantage dans une lutte à mains nues. Il était plus jeune, plus grand et plus fort. Mais c’est un Marsh rendu fou de rage qui se précipita sur lui.
Esquivant son attaque, le détective l’arrêta d’un coup de botte en pleine poitrine. Le producteur tituba en arrière et trébucha sur Chad. Ce dernier émit un grognement de dou-leur, puis, reprenant ses esprits, l’envoya d’une solide bour-rade rouler au centre de la pièce.
A bout de souffle, Marsh tenta une nouvelle fois de se relever, mais Boone l’immobilisa d’une clé, plaquant sa tête contre le sol. A califourchon sur l’homme, il se tourna vers Jayne et prit une profonde inspiration.
— Appelle la chambre 819, chérie. Et dis à Shock que s’il se dépêche, il pourra passer les menottes à Jack l’Eventreur.
Tout ce qu’il désirait, c’était toucher Jayne et s’assurer qu’elle n’avait rien. Elle semblait indemne en dépit de sa pâleur, mais il voulait la serrer dans ses bras afin d’en juger par lui-même.
Il était revenu à l’hôtel pour faire ses adieux à Jayne dans sa suite, sans se douter un seul instant qu’il entendrait la voix rageuse de Corbin Marsh filtrer par la porte entre-bâillée. Il n’osait penser à ce qui se serait passé s’il n’était pas venu lui rendre une dernière visite.
Une possibilité qui ne s’offrirait plus avant longtemps. Car son père s’était empressé de l’envoyer dans sa chambre pour qu’elle se prépare à affronter les journalistes, la confé-rence de presse ayant été reportée pour raisons de force majeure. Le bruit de la fusillade avait rameuté tout l’hôtel, et selon le sénateur, il n’était plus question d’annuler la rencontre.
Après avoir remis Corbin Marsh à Del et à Shock, Boone se retrouva momentanément seul avec le père de Jayne et son freluquet d’assistant. La tension qui planait dans la pièce était à couper au couteau. S’il avait pu s’enfuir sans passer pour un couard, il l’eût fait sans hésiter.
Le freluquet avait insisté pour que Boone fût associé à la conférence, arguant de pauvres inepties : l’homme ordinaire qui avait risqué sa vie, bla-bla-bla. Le sénateur étudiait Boone d’un œil inquisiteur, comme s’il cherchait à le dissé-quer morceau par morceau. Que Jayne lui avait-elle dit ?
Jayne émergea de la salle de bains plus ravissante que jamais, bien qu’un peu collet monté avec son rang de perles et son tailleur vert. Il voulut lui parler, mais le freluquet la dirigea sans attendre vers le couloir, comme un garde du corps zélé. Boone les suivit. Non parce qu’il avait des révé-lations à livrer à la presse, mais parce qu’il n’avait toujours pas eu l’occasion de lui parler.
Et qu’il le voulût ou non, il devait lui faire ses adieux. Après avoir accompagné les Patterson et Lacey à l’aéroport, il avait songé rentrer directement chez lui, en Alabama. Et tourner la page. Mais Jayne n’était pas une femme que l’on quitte aussi facilement.
Une partie de lui voulait la garder encore quelque temps ; une autre savait que leur relation était sans avenir.
Les portes de l’ascenseur se refermèrent sur eux. Jayne s’approcha de lui.
— Où étais-tu ? murmura-t-elle.
Il pencha légèrement la tête.
— J’ai emmené Drew et ses grands-parents à l’aéroport.
La présence de son père l’empêchait de lui dire qu’il n’avait pas voulu la réveiller. Elle dormait d’un sommeil si paisible…
— Les Patterson sont de braves gens, répondit-elle en posant une main sur son bras. Drew sera très heureux là-bas.
Le geste n’échappa pas à son père, qui haussa un sourcil perplexe.
Boone ne parvenait pas à croire qu’il lui avait parlé de Patrick et de ses cauchemars. Elle avait dû le prendre pour un fou, de traîner ainsi cette vieille culpabilité, de n’être pas capable de faire son deuil du passé. Il n’en avait jamais parlé à personne auparavant, n’en avait même jamais été tenté. Patrick était son noir secret, son fardeau.
Jayne n’avait pas besoin de partager un tel fardeau. Per-sonne n’en avait besoin.
Le rez-de-chaussée fut trop vite atteint. Quelques se-condes plus tard, ils se frayaient un chemin à travers une petite foule, vers une salle où caméras, reporters et micros attendaient leur arrivée.
Une fois à l’intérieur, Boone s’arrêta juste à côté de la porte. Le sénateur prit sa fille par la main, puis s’avança avec elle dans l’allée centrale, tout sourire dehors. Très maîtresse d’elle-même, Jayne se retourna pour faire signe au détective de les suivre. Celui-ci secoua la tête et ne bou-gea pas.
Le freluquet informa les reporters de la tentative d’assassinat dont Marsh s’était rendu coupable, expliquant de quelle manière un homme — il indiqua Boone d’un geste de la main — s’était courageusement interposé entre le sénateur et la balle qui lui était destinée.
Toutes les têtes se tournèrent. Des lampes éclairèrent son visage. Des dizaines de paires d’yeux se fixèrent sur lui. Bon sang, il n’appartenait pas à ce monde ! Que croyait-il ? Les adieux étaient faits pour les amoureux. Jayne et lui n’avaient jamais été qu’amants, et les amants se séparaient sans effu-sions.
Les reporters le mitraillèrent de questions sous l’œil des caméras, et les perches des micros. Il les ignora. Jayne l’observait depuis le podium érigé au fond de la salle, où elle se tenait aux côtés de son père. S’il avait besoin d’un rappel de leurs différences…
Une voix s’éleva au-dessus du tumulte :
— Qu’est-ce qui vous a poussé à vous jeter devant le sé-nateur ?
— Je ne me suis pas jeté devant le sénateur, répondit-il d’un ton rogue.
Puis il tourna les talons et sortit.
Le cœur de Jayne s’arrêta lorsqu’elle vit les portes se re-fermer sur Boone, et les caméras et micros se tourner de nouveau vers eux. Non, il ne s’était pas jeté devant le séna-teur. Il s’était jeté devant elle. A présent, il s’en allait. Elle avait aperçu l’expression de son visage avant qu’il ne dis-paraisse. Ce n’était pas celle d’un homme qui l’attendrait dans le hall à la fin de la conférence.
Elle s’avança vers les marches latérales, tandis que le sénateur trônait de toute sa hauteur sur le podium :
— Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
Chad émit une sorte de sifflement et, d’un signe impé-rieux de la main, l’enjoignit de regagner sa place derrière son père. Celui-ci tourna vers elle un regard surpris.
— Désolée, papa, chuchota-t-elle, mais je dois partir.
Sans attendre sa réponse, elle descendit du podium et marcha vers la porte sous l’objectif des caméras. Puis, arri-vée à mi-chemin de l’allée centrale, elle se mit à courir.
Surgissant telle une flèche dans le hall, elle aperçut im-médiatement Clint et Dean, bagages aux pieds comme s’ils attendaient un véhicule pour l’aéroport.
— Où est-il ? demanda-t-elle, essoufflée.
— Mademoiselle Barrington, commença Dean d’un ton solennel, ce n’est vraiment pas une bonne…
— Pas maintenant, grand frère, coupa Clint.
Le visage fendu d’un large sourire, il désigna la porte à tambour de l’hôtel :
— Il est parti par là.
Jayne fit un pas dans la direction indiquée, puis, perce-vant le bruit d’une porte derrière elle, pivota vers les deux hommes.
— Il est possible que des reporters tentent de me suivre. Rendez-moi service. Retenez-les.
— Nous ne pouvons quand même pas interdire aux jour-nalistes de circuler dans le hall ! protesta Dean.
— Pourquoi pas ? répondit Clint, avant de faire craquer ses phalanges, l’œil brillant.
Jayne n’attendit pas de voir la suite des événements. Elle se précipita vers l’entrée de l’hôtel, d’où elle examina les voitures en stationnement, puis le parking situé un peu plus loin. Plissant les yeux, elle chercha vainement un blouson de cuir et une tête aux longs cheveux bruns. Etait-elle arri-vée trop tard ?
Dans le parking, elle s’arrêta de nouveau pour un rapide tour d’horizon. La journée était magnifique, le ciel d’un bleu incroyable et l’air chargé des premiers effluves du printemps. Comment une chose aussi terrible pouvait-elle se produire par une journée aussi radieuse ? C’était injuste.
Boone n’était nulle part en vue. Très bien. Elle se ren-drait à Birmingham s’il le fallait et débarquerait à son bu-reau. Mais elle ne voulait pas attendre. Pas plus qu’elle ne désirait passer des heures dans un avion sans savoir s’il serait là, ni s’il serait heureux de sa visite impromptue. Elle voulait le voir maintenant !
Elle jeta un dernier regard circulaire et l’aperçut enfin. Il s’avançait vers elle depuis la sortie d’un immeuble de gara-ges situé à l’extrémité du parking. Ses yeux se brouillèrent, puis, après quelques secondes de paralysie, elle courut à sa rencontre.
— Que fais-tu là ? s’enquit-il tandis qu’elle s’arrêtait à trois pas de lui.
— Je te cherchais. Ma grand-mère en serait scandalisée, les jeunes filles bien élevées ne courent pas après les hom-mes dans les parkings !
— Dans ce cas, il vaudrait peut-être mieux que tu re-tournes là-bas avant la fin de la conférence.
Pour quelque obscure raison, ces paroles lui firent cris-per la mâchoire.
— Papa se débrouillera très bien tout seul. Ceci est beaucoup plus important.
Elle tourna les yeux vers l’hôtel. Pour le moment, per-sonne ne l’avait suivie. Le barrage constitué par Dean et Clint était certainement un obstacle de taille, mais elle connaissait la détermination sans borne des reporters. Le temps dont elle disposait était limité.
Reportant son regard sur Boone, elle plaça une main au-dessus de ses yeux pour se protéger les yeux et mieux voir son visage.
— Est-ce que tu m’aimes ?
— Je suis sûr que grand-mère n’aimerait pas cela non plus, répondit-il d’une voix radoucie. Une jeune fille de bonne famille ne se permettrait pas…
— Nom de Dieu, Boone !
Il haussa légèrement les sourcils.
— Jayne Barrington, ai-je bien entendu ? Tu as dit « nom de Dieu ? »
Jayne sentit son visage s’empourprer. Elle savait ce qu’il tentait de faire, c’est-à-dire tourner en dérision ce qui était en train de se passer. Il prenait délibérément les choses à la légère, afin de garder la conscience tranquille et pouvoir s’en aller comme si de rien n’était.
— Très bien, soupira-t-elle. Tu penses que je devrais re-gagner la salle de conférences ? Dis-moi que tu ne m’aimes pas et je le ferai.
Les traits et le regard de Boone reprirent un aspect miné-ral.
— Cela ne devrait pourtant pas te poser de problèmes, poursuivit-elle. C’est ce que tu fais le mieux. Mentir… Ecoute-moi bien, Boone Sinclair. Tu me mens maintenant, tu me dis que tu ne m’aimes pas, et je m’en vais. Et lorsque les journalistes me demanderont qui tu es, je leur répondrai que tu es juste un brave homme qui m’a sauvé la vie à deux ou trois reprises.
Elle s’avança d’un pas.
— Ou, pour une fois, tu me dis la vérité, reprit-elle. Tu me dis que tu m’aimes, et nous partons ensemble tous les deux. Je collaborerai avec toi si tu le désires. Je t’aiderai à retrouver des enfants perdus et à chasser tes cauchemars. A moins que tu ne préfères travailler seul. Dans ce cas, je t’attendrai sagement à la maison, et serai là pour t’accueillir lorsque tu rentreras.
— Jayne, c’est…
— Assez ! Je ne veux plus de tergiversations ni de raille-ries. La vérité ou le mensonge. Tu choisis.
— Je ne…
Il ne pouvait plus lui mentir à présent, elle le savait.
La saisissant par le poignet, il l’attira contre lui. Jayne glissa aussitôt les bras autour de son cou. Il la souleva du sol, l’étreignant avec passion.
— Bien sûr que je t’aime, nom de Dieu ! grogna-t-il. Mais cela ne signifie pas que les choses fonctionneront entre nous. Tu devrais être avec quelqu’un qui… Un homme du genre de ce freluquet, là-bas. Le petit monsieur avec son porte-documents.
— Chad ? s’étonna-t-elle, horrifiée.
— Oh, et puis crotte ! grommela-t-il.
Jayne l’embrassa dans le cou et plongea les doigts dans ses longs cheveux.
— Moi je t’aime, déclara-t-elle. Et nous avons besoin l’un de l’autre. Nous appartenons l’un à l’autre, d’une ma-nière intime que personne ne pourra jamais soupçonner.
— Je sais, soupira-t-il, tandis que tout son corps se dé-tendait.
— Je t’aime, espèce de sacrée tête de mule.
Boone resserra les bras dans son dos.
— Jamais plus je ne te laisserai partir, murmura-t-il. Je refuse désormais de te perdre de vue plus de cinq minutes.
— Peur que je remette les pieds dans les ennuis ?
Elle lui avait déjà connu cette expression. La sombre in-tensité du regard, les lèvres tentantes et entrouvertes, le cou crispé par la tension…
— Non. A la vérité, je me sens misérable et inutile sans toi. Effrayant constat pour un gars qui n’a jamais eu besoin de rien ni de personne.
— Tu as besoin de moi.
— Bon sang, oui !
— Moi aussi j’ai besoin de toi, déclara-t-elle. Comme j’ai besoin d’air, d’eau, de sommeil.
— Alors je crains fort qu’il ne te faille m’épouser, ob-serva-t-il d’une voix rugueuse.
— C’est également mon avis.
Un lumineux sourire s’épanouit sur son visage. Puis il lui offrit un long et voluptueux baiser, qu’il rompit en chucho-tant :
— Ya-houou.


Épilogue

Un beau dimanche d’été dans le Mississippi. Le soleil qui filtrait à travers les tentures damassées réveilla Boone. Après une minute de flottement, il se souvint qu’il était dans la maison familiale de Jayne.
Avec un beau-père qui ne l’aimait pas trop, une belle-mère qui continuait à faire la tête parce que le mariage n’avait pas revêtu l’apparat qu’elle avait espéré, et une belle-grand-mère déterminée à le gaver au-delà des limites du raisonnable. En comparaison, la traque aux mauvais garçons était une promenade de santé !
La veille au soir, le sénateur, qui avait insisté pour qu’il l’appelât Gus, avait emmené Boone dans son bureau après le dîner. Là, il lui avait proposé une somme de 20 000 dol-lars pour qu’il se coupât les cheveux. Après un juron des moins civilisés, Boone avait répondu qu’il ne le ferait qu’à la demande de Jayne, et que cela ne lui coûterait pas un centime. De toute évidence, avoir comme gendre un Sin-clair n’était pas du goût du sénateur Barrington.
Et Mme Barrington avait failli s’étrangler en apprenant leur décision de s’envoler pour Las Vegas pour s’unir de-vant un sosie d’Elvis Presley. Lorsqu’ils avaient commencé à parler mariage, elle leur avait présenté un planning étalé sur une année, ce qui avait fait dresser les cheveux sur la nuque de Boone. Pas question d’attendre un an avant de faire de Jayne sa femme !
Il haussa les épaules, un sourire aux lèvres. Depuis tou-jours, il était habitué à être considéré comme un mouton noir, et ne voyait aucun inconvénient à perpétuer la tradi-tion.
Jayne roula contre lui dans le lit, avant de se réveiller le sourire aux lèvres. Ils avaient passé la nuit ici, à Hooker’s Bend, dans le Mississippi, et dormi dans son lit de jeune fille qui s’était révélé aussi bruyant qu’une usine à ressorts. Ses changements de position au cours de la nuit n’avaient dû échapper à personne. Il détestait les antiquités, et cette maison en était remplie.
— Bonjour, murmura-t-elle.
Boone l’embrassa avec chaleur.
— Bonjour, mon amour.
— J’ai rêvé de bébés, soupira-t-elle, un tendre sourire sur les lèvres. Ton neveu Justin est si mignon.
— Notre neveu, rectifia-t-il.
Leur visite de deux jours à Atlanta s’était déroulée à la vitesse d’un éclair. Comme il s’y était attendu, Jayne et Shea étaient d’emblée devenues amies. Tout le monde avait adoré la jeune femme. Boone s’était montré si heureux de ce court séjour qu’il n’avait même pas songé à houspiller Clint lorsque celui-ci avait présenté son nouveau-né à l’oncle « Booboo ».
C’est la gorge serrée d’émotion qu’il avait tenu dans ses bras l’enfant âgé de seulement trois jours. Comment ne pas être ému devant cette vie minuscule, fragile et vulnérable ?
— Combien en veux-tu ? demanda-t-il.
Quelques jours plus tôt, l’idée d’être père l’eût terrifié. Maintenant, elle lui semblait naturelle.
— Des enfants ? s’enquit Jayne surprise.
— Quoi d’autre ?
Jayne se lova contre lui et murmura :
— Je n’ai pas encore décidé. Plus d’un, en tout cas. J’ai toujours détesté être une fille unique. Trois ou quatre…
Un sourire ému s’épanouit sur son visage.
— Trois filles et un garçon, décréta-t-elle.
Boone la couvrit de son corps. Le lit protesta en émettant un grincement inquiétant. Laissant échapper un rire cristal-lin, Jayne plongea les doigts dans ses cheveux.
— Est-ce que tu es prêt ? demanda Jayne.
Boone commença à s’agiter au-dessus d’elle. Le lit coui-na. A ce régime-là, ils finiraient tous deux sur le plancher de la chambre, au moins aussi bruyant.
Sa jeune épouse lui adressa l’un de ces sourires qui le faisaient fondre.
— Je ne faisais pas allusion à cela, minauda-t-elle. Je pensais aux enfants, à la belle-famille, aux repas domini-caux, pour toujours.
— Oui.
— Sans réserve ?
— J’ai juré devant Elvis, rappela-t-il. Pour le meilleur et pour le pire.
— Je n’ai vu que le meilleur jusqu’à présent, remarqua-t-elle, tout en l’enlaçant de sa jambe.
— Je t’aime, dit-il. Lorsque le pire viendra, nous serons prêts.
Jayne était davantage qu’une amante et qu’une épouse. A maints égards, elle était sa partenaire. Et il lui appartenait corps et âme.
Ya-houou. 0





FIN



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