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chapitre 4

Brice passa la semaine suivante à se maudire pour la façon dont il s’était comporté avec Sabina lors de la séance de croquis qu’elle avait bien voulu lui accorder.
Dès leur première rencontre, il avait reconnu en elle l’éclair qui brille dans les yeux des biches traquées. Pourquoi, alors, avait-il fallu qu’il cherche systématiquement à la provoquer ? Quel démon intérieur l’avait donc conduit à se moquer d’elle ? Il avait tout simplement été aveuglé par sa volonté d’aller au-delà de l’image publique qu’elle entretenait soigneusement.
Résultat : il n’était parvenu qu’à se rendre antipathique !
Oh, cette fois-ci, elle avait accepté de répondre à ses coups de téléphone ! Elle avait pris ses quatre appels, mais à chaque fois elle avait trouvé une excuse des plus légitimes pour décliner toutes les dates qu’il lui proposait en vue d’une deuxième séance de travail.
Lors de leur dernière conversation téléphonique, Sabina avait cependant fait une concession. Elle pouvait lui accorder une petite heure, ce matin, mais… chez elle ! Et vraisemblablement sous l’œil vigilant de Richard, avait-il alors pensé.
Autant dire que cette proposition ne l’enchantait guère. Néanmoins, comme il n’en était qu’au stade des croquis, il pouvait, il est vrai, se rendre chez elle. Et, de toute façon, il n’avait pas le choix.
Après tout, se dit-il en découvrant une Sabina fort détendue dans sa résidence de Mayfair, peut-être cette solution n’était-elle pas si mauvaise que cela ? D’autant que la belle était seule. Nulle trace de Richard à l’horizon…
Ce matin, elle incarnait la quintessence de l’hôtesse charmante. En outre, elle était vêtue avec beaucoup de distinction : un corsage beige et une jupe noire, qui lui arrivait juste au-dessus des genoux. Sa chevelure était rassemblée en un chignon sage et bas.
Une évidence s’imposa alors à lui : ce n’était pas cette Sabina-là qu’il voulait peindre !
— On s’entraîne à jouer son futur rôle de maîtresse de maison ? railla-t il, peu après lui avoir dit bonjour.
Ç’avait été plus fort que lui !
Il était pourtant arrivé plein de bonnes intentions et bien résolu à s’en tenir à un échange professionnel afin de la mettre à l’aise. Hélas ! Cette image si lisse qu’elle s’appliquait à donner d’elle-même avait suffi à raviver le démon qui sommeillait en lui. De toute évidence, par cette tenue, elle avait surenchéri dans la protection dont elle s’entourait habituellement. Nul doute que la séance à l’atelier l’avait sensiblement ébranlée !
— Vous aviez raison, Brice, lorsque vous affirmiez la dernière fois que la goujaterie était une seconde nature chez vous, repartit-elle alors calmement.
D’accord, il aurait dû s’excuser… mais il n’y parvint pas.
Quelque chose dans son être, sa personnalité, lui donnait envie de la prendre par les épaules et de la secouer. Il voulait l’entendre rire… ou pleurer, bref, lui arracher des émotions, que diable ! Néanmoins, s’il passait à l’acte, il risquait fort d’être à jamais banni de chez elle ! Il convenait d’opérer de façon plus subtile.
— Vous avez bonne mémoire, se *******a-t il d’observer avant d’ajouter sèchement : navré, mais il va falloir dénouer vos cheveux.
Là-dessus, il prit place sur une chaise, carnet de croquis et crayon en main.
— C’est impossible, décréta-t elle. J’ai un déjeuner juste après notre séance et je n’aurai pas le temps de refaire mon chignon.
La peste ! pensa Brice, fort énervé. Elle avait donc décidé de lui donner du fil à retordre !
— Avec qui ? fit-il. Votre confesseur ?
Elle le fixa durant quelques instants sans ciller et, dans les profondeurs de ses prunelles bleutées, il vit briller un bref éclair de colère.
— J’ai rendez-vous avec ma mère ! précisa-t elle froidement.
Il lui lança un regard étonné puis déclara :
— Vous êtes top model… et votre mère aime vous voir dans une tenue pareille ?
Finalement, ce n’était pas à cause de lui qu’elle s’était accoutrée de la sorte, mais pour sa mère. Voilà où menait la vanité, McAllister ! se dit-il, piqué au vif.
— Que reprochez-vous donc à ma tenue ? demanda-t elle, la voix vibrant de ressentiment.
Objectivement, il était difficile de critiquer ses vêtements. Elle était d’une élégance irréprochable, mais sa coiffure et sa mise masquaient toute sa personnalité ! Impossible de déceler en elle, ce matin, la beauté provocante du mannequin Sabina.
Mue par le besoin de se défendre, elle enchaîna sans attendre sa réponse :
— Ma mère vit en Ecosse depuis le décès de mon père, et je la vois rarement. C’est une femme qui déteste l’excentricité.
— C’est-à-dire ?
Elle soupira longuement, puis commença d’une voix chargée de tristesse :
— Mes parents enseignaient l’histoire à l’université d’Edimbourg, et se consacraient entièrement à leur carrière. Je crois qu’en réalité, ils ne voulaient pas d’enfant, mais un accident est si vite arrivé…
Elle émit un petit rire dérisoire avant de poursuivre :
— Ils étaient relativement âgés quand je suis née ; ma mère avait quarante et un ans et mon père quarante-six. Aujourd’hui, évidemment, on voit les choses différemment, mais à l’époque… Toujours est-il que mon père a, me semble-t il, mieux accepté sa paternité que ma mère sa maternité. Naturellement, lui n’a pas dû arrêter d’enseigner pendant cinq ans pour s’occuper de moi !
C’était bien la première fois que Sabina se livrait autant. Ce qui en disait long sur sa nervosité !
— Votre naissance a constitué un bouleversement total pour eux, lui dit-il.
Et pas seulement sa naissance, pensa-t il. Comment s’étaient-ils accommodés de sa beauté frappante ? Car nul doute qu’enfant, elle devait déjà avoir l’air d’un ange sorti tout droit du paradis.
— J’ai eu effectivement une enfance étrange, dit-elle d’un ton mélancolique.
Et certainement très solitaire, réalisa Brice. Une enfance aux antipodes de la sienne, lui qui avait été élevé par des parents jeunes et joyeux et qui passait tous ses étés en Ecosse, dans le château de son grand-père, avec ses cousins Logan et Fergus. Il avait réellement le sentiment d’appartenir à une fratrie. Au clan des McDonald.
— A qui ressemblez-vous ? demanda-t il doucement, désireux de ne pas rompre le charme, car il avait le sentiment que Sabina évoquait rarement son enfance.
— A mon père, dit-elle en esquissant un vague sourire — sourire qui disparut totalement lorsqu’elle précisa : il est mort il y a cinq ans.
— Je suis désolé, dit-il d’un ton sincère, tout en se demandant s’il ne tenait pas là la clé de sa relation avec Richard.
Ne recherchait-elle pas une figure paternelle auprès de cet homme plus âgé ?
— Il souffrait d’un cancer depuis des années, sa disparition a été une délivrance pour lui, confia-t elle. Mon plus vif regret, c’est qu’il n’ait pas été là lorsqu’on m’a remis ma licence d’histoire…
Elle s’interrompit et, devant son expression étonnée, elle lui décocha un superbe sourire avant d’ajouter d’un ton dérisoire :
— Eh oui, Brice, je n’ai pas toujours été top model à plein temps ; je suis allée à l’université, vous savez.
Allusion directe à ses remarques désobligeantes sur le métier de mannequin, la dernière fois, se dit-il, presque honteux. Comme il regrettait son arrogance ! Il l’avait jugée sans la connaître. Pas étonnant qu’elle veuille le tenir à distance !
Soudain, il l’entendit ajouter :
— En tant que grand défenseur de la cause féministe, ma mère désapprouve la voie que j’ai choisie.
— Et que pense-t elle de votre vie en concubinage avec Richard Latham ?
A peine eut-il terminé sa phrase, qu’il la regrettait déjà. Bon sang ! Il venait de commettre un sérieux impair. De fait, ce n’était pas réellement l’opinion de Mme Smith qui le préoccupait. Sa question exprimait davantage son indignation à lui, à l’idée que la belle Sabina partageât la vie — et le lit — de Richard Latham.
— Vous êtes bien trop indiscret, monsieur McAllister ! rétorqua-t elle, furieuse, en le fusillant du regard.
Certes, la question de Brice l’avait agacée ! Néanmoins, elle était surtout en colère contre elle-même pour les confidences qu’elle venait de lui faire.
— En parlant de Richard… Votre fiancé n’est pas à la maison, aujourd’hui ?
— Il est à New York jusqu’à demain.
Sur une impulsion, il demanda :
— Dans ces conditions, accepteriez-vous de dîner avec moi ce soir ?
Sa question le stupéfia lui-même… Comment osait-il inviter une femme déjà fiancée au restaurant ? Et qui plus est, une femme qui ne lui avait donné aucun signe encourageant ! Bien au contraire !
Sabina paraissait aussi suffoquée que lui.
Ses joues étaient devenues toutes pâles, aussi pâles que l’albâtre, et ses yeux insondables le fixaient d’un air stupéfait.
A cet instant, comme pour reprocher à Brice son audace, un rayon de soleil vint jouer sur le diamant de Sabina qui se mit à scintiller de tous ses feux. Le cadeau de Richard Latham…
— Ce n’était pas une bonne idée, excusez-moi, marmonna-t il alors, confus. Enfin, ce n’était qu’une invitation à dîner, Sabina, sans arrière-pensées.
Elle le fixait toujours d’un air égaré…
A cet instant, on frappa à la porte.
— Entrez, fit-elle d’une voix rauque.
— Vous m’aviez priée de vous apporter le courrier dès qu’il arriverait, précisa Mme Clark en lui tendant une liasse d’enveloppes.
— Merci beaucoup, répondit Sabina en lui adressant un beau sourire.
Quelle incroyable faculté à recouvrer une contenance ! pensa alors Brice. Comme il regrettait ses propos ! Elle n’avait déjà pas une grande opinion de lui, mais il venait de sonner le glas de leur relation !
Certes, il n’espérait pas que toutes les femmes tombent à ses pieds, mais il n’était pas habitué à ce qu’on le prenne en grippe dès le premier regard, comme cela avait été le cas avec Sabina. Et, contre toute attente, plus elle était inamicale, plus elle l’intéressait !
— Ecoutez, déclara-t il subitement en se levant, je crois qu’il est préférable que nous en restions là, aujourd’hui. De toute évidence…
Il s’interrompit subitement. Sabina venait de laisser tomber son paquet de lettres et paraissait totalement tétanisée. Ce n’était tout de même pas lui qui…
— Sabina, que se passe-t il ? s’enquit-il, inquiet.
A cet instant, elle se baissa pour ramasser son courrier… et chancela. Se précipitant vers elle, il la prit fermement par le bras et l’aida à s’asseoir sur une chaise.
Puis, d’un pas décidé, il se dirigea vers le bar, lui servit un double whisky et le lui tendit.
— Non, merci, dit-elle, le souffle court. Je doute que ma mère apprécie les effluves de whisky.
— Ma proposition vous répugne donc à ce point ? demanda-t il alors, hésitant lui-même à vider le verre.
— Pardon ? fit-elle, visiblement surprise par sa question.
Ce n’était donc pas son invitation qui l’avait mise dans cet état. Dans ces conditions, pourquoi avait-elle failli s’évanouir ?
Ce fut alors qu’il remarqua qu’elle serrait une enveloppe vert pâle entre ses doigts crispés. Elle la serrait si étroitement que la lettre en était froissée et ses phalanges blanchies…
— Sabina…, commença-t il.
Brusquement, elle se leva et annonça :
— Votre proposition ne me contrarie absolument pas, bien au contraire, je trouve que c’est une excellente idée.
Curieux ! Si Mme Clark n’était pas venue les interrompre, il doutait fort qu’elle eût répondu favorablement à son invitation. Néanmoins, pour une raison inconnue de lui, la seule vue de cette mystérieuse lettre verte — qu’elle n’avait même pas lue — l’avait perturbée au point qu’elle avait accepté son invitation à dîner.
Le mystère s’épaississait…
— Parfait, répondit-il avant qu’elle ne change d’avis. Je passerai vous prendre à 19 h 30. Cela vous convient-il ?
— Entendu, dit-elle, visiblement pressée de le voir partir.
Etait-ce afin de pouvoir lire le contenu de l’enveloppe vert pâle ? se demanda Brice.
— Dois-je réserver pour trois ou Clive patientera-t il dans la voiture ?
— Je suis certaine que nous pourrons nous passer de lui, répondit-elle, tendue, en jetant un coup d’œil à sa montre. Désolée, nous n’avons pas avancé ce matin, mais à présent, je dois partir.
— Je comprends, vous ne devez pas faire attendre votre mère, dit-il en lui souriant gentiment.
Contrairement à ce qu’elle croyait, ils avaient énormément progressé ce matin : il avait beaucoup appris à son sujet — sur son enfance, ses relations avec ses parents.
Et pourtant, il repartait frustré ! Car ce qu’il aurait réellement aimé savoir, c’était ce que contenait la lettre qui l’avait étrangement bouleversée.
L’interrogerait-il ce soir, à ce sujet ? Peut-être… Il avait tout l’après-midi pour méditer là-dessus.
— Un appel pour vous, Mlle Sabina, l’informa Mme Clark en fin d’après-midi, lorsque la jeune femme décrocha le téléphone de sa chambre. M. Latham.
— Passez-le-moi ! s’exclama-t elle chaleureusement.
Après la drôle de journée qu’elle venait de vivre, elle avait envie d’entendre le son rassurant de sa voix.
— Richard ! Comment vas-tu ? Oh, ne me dis pas que tu dois repousser ton retour ?
— Allons, allons, une question à la fois ! Oui, je vais bien, et non, mon retour n’est pas repoussé, je serai à la maison demain, comme prévu. J’avais juste envie de savoir comment tu allais.
Cela faisait quatre jours qu’il était parti et jusque-là, elle n’avait pas vu le temps passer, car elle avait été fort occupée. Et puis ce matin, tout avait basculé ! Et depuis, elle ne souhaitait qu’une chose : qu’il rentre le plus rapidement possible à Londres.
— Je vais bien, mentit-elle. Très prise par le travail, comme toujours.
— Et qu’as-tu prévu de beau, pour ce soir ?
— Oh… Eh bien, je vois McAllister.
— Parfait ! Comment se déroulent les séances ? Le grand homme est-il enfin descendu de sa tour d’ivoire et s’est-il rendu compte que tu es la plus belle créature qu’il ait jamais peinte ?
— Hum… Pas vraiment, répondit-elle, réalisant que Richard s’était mépris sur le sens de ses propos et avait cru qu’elle rencontrait Brice McAllister pour une séance de travail.
Non qu’elle ne fût jamais sortie au restaurant avec un autre homme depuis qu’elle vivait sous le toit de Richard ! Son travail la conduisait souvent à accepter ce genre d’invitations. Mais le dîner avec Brice n’entrait pas dans cette catégorie. Avalant une large bouffée d’air, elle commença :
— En fait, Richard, je…
— Un instant, Sabina, on essaie de me joindre sur mon autre ligne. Ne quitte pas…
Plus elle attendait, et plus le courage lui manquait. Richard apprécierait-il qu’elle dîne avec un homme pour des raisons non directement professionnelles ?
Voilà qu’elle redoutait ce dîner, à présent. Oh, pourquoi avait-il fallu que Brice fût là précisément au moment où elle avait reçu la lettre ? Elle s’était ensuite trouvée dans un tel état de confusion que, désireuse qu’il parte au plus vite, elle avait accepté son invitation.
— Désolé, Sabina, reprit enfin Richard. Mon rendez-vous est arrivé, je dois te quitter. Je te rappellerai plus tard dans la soirée, d’accord ?
— Euh… A dire vrai, je comptais me coucher tôt, ce soir, mentit-elle pour la deuxième fois. Je viendrai t’attendre à l’aéroport, demain.
Et elle pourrait enfin lui expliquer tranquillement que Brice McAllister l’avait invitée à dîner !
— Inutile de te déplacer jusqu’à Heathrow, envoie Clive, cela suffira.
Non, elle viendrait l’accueillir. Il serait plus facile de faire des confessions à l’arrière de la banquette de la limousine…
— Je n’ai rien à faire demain, et cela me ferait vraiment plaisir de venir te chercher.
— Comme tu voudras. A demain.
Génial ! pensa-t elle avec dérision en raccrochant. Non seulement elle allait dîner en tête à tête avec un homme qu’elle s’était ingéniée à fuir jusqu’à présent, mais en plus elle avait menti à son fiancé à ce sujet.
Fallait-il que Brice la rende nerveuse pour qu’elle agisse contre son gré ! Tout cela, c’était la faute de ses yeux verts. Des yeux qui vous transperçaient jusqu’au plus profond de votre être, et auxquels rien n’échappait.
Nul doute qu’il était conscient de ses réticences à poser pour lui. Des réticences qui l’avaient conduite à trop parler. Elle d’ordinaire si réservée ne parvenait pas à s’expliquer ses confidences sur son enfance, ce matin.
En outre, elle était convaincue que Brice avait compris que c’était l’enveloppe verte qui l’avait plongée dans un état d’agitation intense.
La dernière qu’elle avait reçue remontait à trois semaines. Durant cette longue période, elle avait presque nourri l’espoir que le calvaire était terminé. Voilà pourquoi ce matin, à la réception de la lettre, elle avait été si bouleversée !
Et le déjeuner avec sa mère n’avait absolument pas arrangé les choses !
— Etes-vous convenus d’une date de mariage, Richard et toi ? lui avait demandé cette dernière tandis qu’elles dégustaient leur salade aux crevettes.
Sabina avait manqué s’étrangler.
McAllister, sa mère à présent… mais qu’avaient-ils donc tous à vouloir la pousser au mariage ?
— Pas encore, avait-elle répondu. Nous ne sommes pas pressés.
Comme tout le monde, sa mère ignorait l’arrangement qui la liait à Richard. Une mère qui était l’incarnation de la perfection, pensa-t elle alors. Tout en Leonore Smith était soigné, de ses ongles à sa tenue vestimentaire, en passant par sa syntaxe. Oh, Sabina adorait sa mère, seulement… elle était incapable de communiquer avec elle ! Et chaque fois qu’elle la rencontrait, elle avait l’impression d’être sur la sellette.
— Si je te pose cette question, précisa Leonore, c’est que je projette de faire un petit voyage, à l’automne. Je ne voudrais pas que ton mariage ait lieu durant cette période.
— Excellente idée ! répondit Sabina, sans prêter attention à la dernière phrase. Et où comptes-tu aller ?
— Nous n’avons pas encore choisi notre destination, répondit-elle en avalant une gorgée de vin. Je… Je pars avec une connaissance. Il se peut que nous nous rendions à Paris, c’est une ville où l’on peut se divertir…
Se divertir ? Etait-ce bien sa mère qui venait de prononcer ce mot ?
— Et cette amie, je la connais ?
A ces mots, Leonore rougit légèrement et détourna les yeux. Mon Dieu ! Cette connaissance, c’était un homme ! réalisa Sabina, choquée.
Pourquoi cette nouvelle la bouleversait à ce point, mystère ! Après tout, sa mère était encore une fort belle femme pour ses soixante-six ans. Elle était toujours aussi mince et blonde qu’à trente. Mais de là à ce qu’elle fît une escapade romantique à Paris…
Décidément, se dit-elle en regardant une dernière fois son reflet dans le miroir avant de rejoindre Brice, elle venait de vivre une bien mauvaise journée !
Hélas, elle n’était pas encore terminée. Qu’allait lui réserver la soirée ?

 
 

 

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chapitre 5

Nul besoin d’être devin pour comprendre que Sabina n’avait aucune envie de passer la soirée avec lui !
Même à présent qu’ils étaient confortablement installés dans l’élégant restaurant londonien où il avait réservé la meilleure table, la jeune femme ne parvenait pas à se détendre.
Pour sa part, il était loin de partager les sentiments de la belle Sabina et ce tête-à-tête le comblait.
Elle l’intriguait tellement ! A commencer par sa beauté époustouflante, mise en valeur par la robe noire à décolleté pigeonnant qu’elle arborait ce soir. Toutes les têtes s’étaient retournées sur son passage lorsque le maître d’hôtel les avait conduits à leur table. Et cependant, c’était la femme qui se trouvait derrière cette beauté qui intéressait Brice, l’intelligence que reflétaient ses beaux yeux bleus.
Des yeux certes merveilleux… mais indubitablement méfiants ! Voilà pourquoi il avait décidé de ne pas l’interroger sur la fameuse lettre verte. Non qu’il eût l’intention d’oublier l’incident, mais il pressentait que s’il la questionnait à ce sujet, elle refuserait de le revoir.
— Comment s’est passé votre déjeuner ? lui demanda-t il distraitement tandis qu’ils étudiaient la carte.
— Bien, répondit-elle, laconique.
Oh, oh… Le nuage qui assombrit à cet instant le front de Sabina lui mit la puce à l’oreille. Et, étant donné qu’elle avait évoqué son enfance le matin même, il se permit d’insister :
— Vraiment ?
— Mais oui, fit-elle, sur la défensive. Puisque je…
Elle s’interrompit brusquement, poussa un long soupir et reprit :
— Non, en réalité, ça ne s’est pas bien passé. Ce n’était pas comme d’habitude.
— Pourquoi ?
— Eh bien…
Elle hésita, puis relevant la tête, déclara :
— Ma mère a un petit ami. Enfin, j’ignore si c’est réellement le terme adéquat ! En tout cas, elle projette un voyage à Paris en compagnie d’un homme, cet automne.
— Dois-je en conclure qu’il ne s’agit pas d’une bonne nouvelle pour vous ? Allons, votre mère a elle aussi le droit de vivre !
— Vous pensez que je suis égoïste, n’est-ce pas ? Mais je n’ai jamais envisagé que ma mère puisse refaire sa vie, comme on dit.
— Elle si, visiblement !
Devant la mine renfrognée de Sabina, il regretta sa franchise et ajouta :
— Sabina, je suis désolé, simplement…
— Je sais, je sais, c’est moi qui dramatise, dit-elle en avalant une gorgée du délicieux vin blanc que Brice avait choisi pour eux. Navrée de vous ennuyer avec mes petits problèmes, je doute que cela soit bien passionnant pour vous !
Comme elle se trompait ! Tout ce qui la concernait l’intéressait. De fait, il ne se souvenait pas avoir été si captivé par une femme depuis des années…
— Mais si, ça l’est ! affirma-t il.
— Allons, oublions ce que j’ai dit et parlons d’autre chose.
— Qu’est-ce qui vous perturbe tellement dans cette histoire ? insista-t il. Le fait que votre mère ait trouvé un compagnon avec qui elle ait envie de passer du bon temps ? Ou le fait qu’elle veuille profiter de la vie en compagnie d’un autre homme que votre père ?
— Je vous l’ai dit, je réagis de manière égoïste, c’est stupide de ma part.
— Ce n’est pas le moins du monde stupide ! lui assura Brice avant de demander de façon impromptue : connaissez-vous mon cousin Logan et sa femme Darcy ?
— Je ne leur ai pas été présentée, mais je sais qu’ils étaient à la fête des Hamilton.
— Ils sont tombés amoureux l’un de l’autre alors qu’ils tentaient d’empêcher le père de Darcy d’épouser la mère de Logan.
— Et comment les choses se sont-elles soldées pour les parents ? s’enquit-elle, visiblement fort intéressée.
— Ils se sont mariés un mois avant les enfants, répondit-il, tout en se demandant s’il avait vraiment eu raison d’évoquer cet exemple.
— Oh…
L’arrivée du serveur mit un terme provisoire à la conversation.
Ainsi qu’elle le lui avait annoncé, Sabina ne se privait nullement en ce qui concernait la nourriture ! constata Brice. En hors-d’œuvre, elle avait commandé des asperges accompagnées d’une sauce mousseline, suivies d’un steak à la sauce béarnaise et d’un gratin dauphinois.
— Ne soyez pas choqué : je crois qu’après cela, j’aurai encore de la place pour un fondant au chocolat, lui dit-elle d’un air mi-amusé, mi-navré.
Il n’allait certainement pas se plaindre, lui qui depuis des années sortait avec des femmes qui choisissaient les plats les moins caloriques qu’elles se *******aient ensuite de picorer du bout de leur fourchette !
— Vous pouvez même prendre deux desserts si vous en avez envie ! répondit-il. Vous êtes le genre de convive que Daniel est ravi d’accueillir dans son restaurant !
— Vous connaissez le chef cuisinier ?
— C’est mon oncle par alliance, le père de Darcy, dit-il en souriant. Vous savez, l’heureux marié dont je viens de vous parler.
A son tour, Sabina lui adressa un sourire et déclara, d’un air songeur :
— Je me demande à quoi peut bien ressembler l’ami de ma mère…
— Pourquoi ne pas lui poser directement la question, la prochaine fois que vous la verrez ? A mon avis, elle serait ravie que vous lui témoigniez de l’intérêt.
— Peut-être, fit Sabina de manière évasive, pas certaine d’avoir envie d’aborder le sujet de front avec sa mère. Parlez-moi de votre prochaine exposition ! Où et quand aura-t elle lieu ?
Manifestement, elle n’avait plus envie d’évoquer sa vie privée. Quel dommage ! Il y avait encore des dizaines de choses qu’il aurait aimé apprendre sur Sabina Smith.
— Richard est allé à l’une de vos expositions, il y a deux ans, poursuivit-elle. Il a beaucoup apprécié vos travaux et visiblement il n’était pas le seul.
Brice ne doutait pas un instant des éloges de Richard. Il savait aussi que Sabina avait mentionné son fiancé non pas incidemment, mais afin de lui rappeler qu’elle n’était pas libre, au cas où il l’aurait oublié…
Comme s’il pouvait oublier le maudit diamant qui brillait à son annulaire gauche ! Et pourtant… Plus il apprenait à la connaître, plus il aurait aimé que son fiancé s’évapore dans les airs !
Allons, cette soirée ne se passait pas trop mal ! pensa Sabina. Finalement, il n’était pas désagréable de discuter avec Brice McAllister, même si, de temps à autre, il avait tendance à être trop curieux.
— Mmm, voilà qui a l’air délicieux, déclara-t elle devant son assiette d’asperges tandis que l’on servait des escargots à Brice.
— Est-ce que vous…, commença-t il avant de s’exclamer : oh non !
Surprise, elle suivit son regard.
Il fixait un couple qui venait d’entrer dans le restaurant. Si Sabina reconnut immédiatement la créatrice de mode Chloe Fox, qu’elle avait rencontrée plusieurs fois au cours de défilés, elle ignorait en revanche qui était l’homme qui l’accompagnait… D’une taille imposante et d’une beauté arrogante, il n’était pas sans présenter une certaine ressemblance avec Brice.
— Mon cousin Fergus et sa femme Chloe, annonça ce dernier d’un ton contrarié en se levant.
Là-dessus, il héla le couple et les salua. Les entraînant vers la table où la jeune femme était sagement assise, il déclara :
— Puis-je vous présenter Sabina ?
— Bien sûr, répondit Fergus en s’approchant vivement d’elle pour lui serrer la main. Même si nous l’avons tous deux reconnue. Nous ne vous dérangeons pas, j’espère ?
Le petit air provocateur qu’elle lut dans les yeux couleur noisette de Fergus plut beaucoup à Sabina. De toute évidence, une indéfectible affection liait les deux cousins. En outre, l’attitude railleuse de Fergus rendait Brice moins arrogant. Moins dangereux aussi.
— Joignez-vous à nous ! proposa-t elle spontanément, consciente du regard irrité que Brice lança alors à son cousin.
— Nous ne voulons pas vous déranger. Je suis certaine que Brice et vous préférez rester seuls, objecta Chloe.
— Absolument pas ! s’écria Sabina. Plus on est de fous plus on rit ! Brice a été si gentil de m’inviter au restaurant pendant que je me languis de mon fiancé qui est en voyage d’affaires à new York.
— Brice est bien connu pour sa gentillesse, déclara Fergus, non sans ironie.
Le couple finit par se laisser convaincre et prit place à leur table. Fergus tenta alors de compenser le silence de son cousin par des plaisanteries appuyées. Quant à Sabina, elle était ravie d’échapper au tête-à-tête prévu. Elle avait en quelque sorte neutralisé Brice.
— Continuez à manger, je vous en prie, insista Chloe. Fergus et moi allons étudier la carte, pendant ce temps.
A la dérobée, Sabina observa Brice en train de manger ses escargots : on aurait pu croire qu’il réglait leur compte à chacun d’entre eux tant ses gestes étaient brusques et nerveux ! Pour la première fois depuis leur rencontre, elle avait l’impression qu’il n’était pas à son avantage… et elle s’en réjouissait vivement !
Bien que Brice participât peu à la conversation, le repas se poursuivit de façon fort plaisante. Chloe et Fergus étaient des interlocuteurs extrêmement agréables, dotés d’un sens de l’humour décapant. En outre, ils débordaient d’amour l’un pour l’autre et les regards qu’ils échangeaient étaient tout simplement touchants.
— Nous allons bientôt être de la même famille, Sabina, annonça Chloe au moment du dessert.
A ces mots, Brice lui décocha un regard inquiet qui n’échappa pas à Sabina.
— Pardon ? dit cette dernière.
— L’une de mes cousines se marie avec le neveu de votre fiancé, expliqua Chloe. Comme je ne suis pas douée pour la généalogie, je ne sais pas exactement quel lien de parenté cela crée entre nous, mais toujours est-il que cela en établit un.
Elle aussi, pensa Sabina, elle ignorait la nature de ce lien de parenté — d’autant que jamais elle n’épouserait Richard ! Elle répondit gentiment :
— Effectivement, cela semble compliqué… Désolée d’interrompre cette soirée, mais je suis un peu fatiguée et je crois qu’il est temps pour moi de rentrer.
A l’expression de Brice, elle comprit qu’il n’appréciait pas du tout ce qu’elle venait de dire. Raison de plus pour partir ! Elle avait eu tort d’accepter son invitation, et beaucoup de chance que Fergus et Chloe la sauvent, sans le savoir, des griffes de leur cousin.
— Peut-être aurons-nous l’occasion de travailler ensemble bientôt, déclara Chloe en prenant congé de Sabina tandis que les deux hommes se disputaient pour régler l’addition.
— Peut-être, fit Sabina, évasive, tout en pensant que moins elle aurait affaire à la famille de Brice, mieux ce serait.
— J’ai été navrée que nous ne puissions collaborer comme prévu, l’année dernière, en novembre. Vous étiez malade, alors. J’espère que ce n’était rien de grave.
Décidément, aujourd’hui, ce n’était pas son jour ! D’abord cette lettre, ce matin, et puis maintenant cette allusion au fameux mois de novembre où elle avait manqué tous les défilés importants à cause de…
Non, elle ne devait pas penser à ça !
— Qu’est-ce qui n’était pas grave ? s’enquit alors Brice.
— Nous évoquions un rendez-vous professionnel manqué, l’année dernière, dû à un problème de santé de Sabina, répondit Chloe.
— Que vous est-il arrivé ? interrogea-t il vivement.
Cet homme était décidément impossible ! D’ailleurs, sa cousine s’écria :
— Brice ! Tu es bien indiscret !
— Je ne vois pas en quoi !
Evidemment ! pensa Sabina, excédée. Elle qui espérait que son absence des défilés à la fin de l’année dernière était passée inaperçue…
— C’était bénin, répondit-elle brièvement. Juste la grippe. Ravie de vous avoir rencontrés et à bientôt, j’espère.
Elle ne désirait à présent qu’une chose : rentrer chez elle pour s’y enfermer à double tour, à l’abri des regards inquisiteurs de Brice McAllister.
— Nous pourrons peut-être dîner de nouveau tous les quatre, un de ces soirs, suggéra Fergus.
— J’en doute. Mon fiancé rentre demain de New York. Comme je vous l’ai déjà dit, Brice a eu pitié de ma solitude ce soir et c’est pourquoi il m’a invitée à dîner.
— Pourquoi avoir menti à Fergus ? lui demanda brusquement Brice quelques minutes plus tard, à l’arrière du taxi qui filait vers Mayfair. Je n’ai pas eu pitié de votre solitude, je voulais passer la soirée avec vous, c’est différent !
Subitement, l’habitacle parut bien exigu à Sabina. En outre, la proximité de Brice sur la banquette, sa jambe qui frôlait la sienne, son bras puissant reposant nonchalamment sur le siège, derrière ses frêles épaules, tout contribuait à renforcer son sentiment de claustrophobie.
Oui, il était trop proche d’elle, trop viril, trop attrayant !
Dans la demi-obscurité, elle tourna la tête vers lui. Elle devait dire quelque chose, n’importe quoi…
— Brice…
— Sabina ! murmura-t il alors en baissant la tête vers elle pour capturer sa bouche.
Il ne devait pas l’embrasser ! Telle fut la première pensée de Sabina qui ne cherchait pas pour autant à se débattre ! Elle était fiancée à Richard, et même s’il ne s’agissait que d’un arrangement entre eux, et non d’une réelle relation, elle se devait de lui être loyale.
Et malgré tout, Brice continuait à l’embrasser…
Une sorte de langueur s’empara alors de son être. Elle se sentit soudain légère, aérienne, tel un oiseau prenant son envol et dont les ailes déployées battent l’air chaud pour aller toujours plus haut…
Elle n’entendait plus les bruits extérieurs, tout avait cessé d’exister — tout, sauf Brice et la sensation de ses lèvres sur les siennes. Oui, uniquement cela importait !
Peu à peu, des ondes de plaisir parcoururent son être, chaque parcelle de sa peau devint électrique… Elle se mit alors à tâter langoureusement les épaules de Brice, lui rendant son baiser avec une ardeur partagée…
— Ça fera huit livres !
Elle sursauta comme si on venait de lui lancer un verre d’eau glacé au visage. Et prit soudain conscience de ce qu’elle venait de faire : au lieu de repousser froidement Brice McAllister, elle avait accepté son baiser. Pire encore : elle l’avait embrassé avec une fougue égale à la sienne.
Paniquée, elle se raidit et se plaqua contre le siège.
— Désolé de vous interrompre, mes tourtereaux, reprit le chauffeur, mais cela fait déjà cinq minutes que nous sommes arrivés.
Seigneur ! Cinq minutes qu’ils s’embrassaient devant la maison de Richard ! Une maison qu’elle partageait avec lui ! Fallait-il qu’elle fût perturbée, aujourd’hui !
Comme Brice posait la main sur la poignée, elle objecta, le souffle court :
— Ne m’accompagnez pas, Brice, c’est inutile.
Sans l’écouter, il descendit du taxi pour lui ouvrir la portière.
— Sabina…
— S’il vous plaît, ne dites rien, l’interrompit-elle d’une voix plus ferme, le menton relevé en arrière et osant enfin le regarder. J’ai été enchantée de rencontrer Fergus et Chloe. Et… merci pour le dîner !
— Je suppose que ce sera le premier et le dernier, n’est-ce pas ? murmura-t il tristement.
— Effectivement, rétorqua-t elle d’un ton cassant. Bonne nuit.
Là-dessus, elle pivota sur ses talons et s’éloigna précipitamment vers la maison. Lorsqu’elle entendit le taxi repartir, elle s’adossa à la porte d’entrée, sur le point de s’écrouler.
Mon Dieu ! Qu’avait-elle fait ?
Qu’avaient-ils fait ?
Et surtout, comment annoncer à Richard qu’elle ne voulait plus poser pour Brice McAllister sans lui révéler la vérité au sujet de cette soirée — une vérité qui provoquerait inévitablement l’annulation du contrat qui les liait ?

 
 

 

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CHAPITRE 6

— Le dîner n’était-il pas à votre goût, monsieur Brice ? s’enquit Mme Potter, consternée, en constatant qu’il n’avait pas touché à son plat.
— Non, c’était parfait… Seulement, je n’ai pas faim.
Il était bien trop furieux pour être affamé. Furieux contre Sabina, contre Richard Latham et contre lui-même.
Oui, surtout contre lui-même.
Trois jours s’étaient écoulés depuis le dîner avec Sabina. Trois longs jours de solitude et de frustration.
Curieux. La solitude était un sentiment qu’il n’avait pas connu jusque-là, même lorsqu’il était seul. De fait, il avait toujours adoré vivre en solitaire. Or, depuis le baiser qu’il avait donné à Sabina, sa façon de voir le monde avait changé.
Oui, quelque chose s’était transformé en lui dès l’instant où il l’avait tenue dans ses bras pour explorer la douceur de sa bouche… et où elle lui avait rendu son baiser avec une passion égale à la sienne ! S’il n’arrivait pas encore à caractériser la subite transformation qui s’était opérée en son être, il savait en revanche que, désormais, la solitude lui pesait et que sa propre compagnie l’insupportait.
Car, quand il était seul, toutes ses pensées se focalisaient sur Sabina. Qu’était-elle en train de faire ? Avec qui était-elle ? Lui avait-elle accordé la moindre pensée, ces trois derniers jours ?
Ses traits se crispèrent soudain. Nul doute que si Sabina avait pensé à lui, ce n’est pas de manière flatteuse. A qui la faute d’ailleurs ? N’avait-il pas outrageusement franchi les limites qu’elle lui avait imposées ? Son propre comportement l’écœurait ! Par conséquent, comment attendre de la mansuétude de la part de Sabina ?
Sabina qui était fiancée à un autre homme ! ne cessait-il de se répéter.
Cela avait beau lui déplaire, cet engagement demeurait un fait indéniable dont il ne pouvait faire abstraction — au risque de s’exposer au mépris de la jeune femme.
Il l’admettait, il avait agi sur un coup de tête en l’attirant à lui pour l’embrasser. Il avait cédé à une violente pulsion et il allait payer cher, puisqu’il était certain de ne plus la revoir. Elle refuserait désormais de poser pour lui, il en était convaincu.
Néanmoins, jusqu’à présent, Richard Latham n’avait pas sonné furieusement à sa porte pour exiger des comptes sur son attitude envers sa fiancée. Ce qui tendait à prouver que cette dernière ne lui avait rien confié au sujet de leur baiser…
Dans ces conditions, quelle raison invoquerait-elle pour ne plus poser pour lui ? Et si faute de trouver une justification, elle…
Assez ! Il devait cesser de se torturer l’esprit. Ses pensées tournaient en rond, pour revenir toujours à un terrible paradoxe : son besoin urgent de voir Sabina et l’impossibilité dans laquelle il se trouvait de combler ce désir.
— Mlle Smith demande à vous voir, annonça subitement Mme Potter en entrant dans le salon.
Il se redressa sur son siège. Mlle Smith… ? Sabina !
Quoi ? Sabina était chez lui ? Elle désirait le voir ?
— Dois-je la faire entrer ? demanda la gouvernante.
— Oui, enfin, non… Oh, mon Dieu !
Il n’était absolument pas présentable. Ses cheveux dans lesquels il ne cessait de passer ses doigts nerveux étaient tout ébouriffés et il ne s’était pas rasé depuis deux jours. Quant à ses vêtements… Ce matin, il avait enfilé son jean et son T-shirt de la veille, tous deux copieusement maculés de peinture. Franchement, il avait l’air misérable.
En même temps, il ne pouvait pas la faire patienter dans le corridor pendant qu’il irait se doucher, se raser et se changer…
— Faites-la entrer, je vous prie, trancha-t il brusquement.
Ce fut alors qu’un doute l’étreignit. Anxieux, il ajouta :
— Est-elle seule ?
— Absolument seule, répondit froidement Sabina en apparaissant au côté de Mme Potter, dans l’encadrement de la porte.
Comme elle était belle !
Eclatante de beauté, comme dans les magazines de papier glacé pour lesquels elle posait.
Elle portait une robe de lamé or, en harmonie avec sa longue chevelure blonde qui cascadait souplement sur ses épaules. Un trait de khôl bleu marine intensifiait son regard azur, du rouge vif soulignait la plénitude de ses lèvres et des escarpins dorés à talons vertigineux mettaient en valeur ses jambes interminables. Une véritable apparition.
— Merci, madame Potter, déclara Brice, peu désireux qu’un témoin assiste au tête-à-tête qui allait suivre.
— Dois-je servir du thé, du café ? Du vin, peut-être ? suggéra alors cette dernière.
— C’est fort aimable à vous, s’empressa de répondre Sabina, mais je ne fais que passer. J’ai un rendez-vous professionnel.
Précision inutile ! Il n’avait pas la prétention de croire qu’elle s’était parée avec tant de soin pour ses beaux yeux à lui !
— Que voulez-vous ? demanda-t il sans ambages une fois que la gouvernante fut sortie.
Lui lançant un regard froid, elle lui asséna :
— Vous êtes l’homme le plus cavalier que j’aie jamais rencontré.
— Au moins, je suis cohérent avec moi-même.
— Exact ! approuva-t elle avec dédain avant d’ajouter : je suis venue vous voir car Richard a l’intention de vous passer officiellement commande du tableau demain. Je veux que vous refusiez cette commande.
— Et pourquoi, s’il vous plaît ? lança-t il sur un ton persifleur.
— Je suis certaine que je n’ai pas à vous expliquer pourquoi ! répondit-elle sans le quitter des yeux.
Effectivement… Et pourtant, après les trois horribles journées qu’il venait de vivre, il ne pouvait la laisser s’en tirer comme ça. D’autant que le masque d’indifférence polie qu’elle affichait en ce moment l’agaçait profondément. Immensément…
— Vous faites allusion au fait que nous nous sommes embrassés, n’est-ce pas ? fit-il d’un air défiant.
Une rougeur de colère empourpra les joues de Sabina qui répondit :
— Je constate, monsieur McAllister, que non ******* d’être cavalier, vous avez également une mémoire défaillante ! Je vous rappelle que c’est vous qui m’avez embrassée !
— Au début, oui, mais il me semble bien que vous m’avez rendu mon baiser.
— Décidément, McAllister, vous êtes tout le contraire d’un gentleman ! lui asséna-t elle d’une voix tremblant de colère.
Oh, comme elle se trompait ! Car si le gentleman qui sommeillait en lui ne l’en avait pas dissuadé, il l’aurait prise à l’instant même dans ses bras et l’aurait embrassée de nouveau. Longuement, passionnément… Elle était si ravissante lorsqu’elle était en colère !
— Et je suppose que Latham, lui, est un gentleman ?
A ces mots, elle se figea et, les yeux étincelant de fureur, demanda :
— Que sous-entendez-vous par là ?
— Que je n’ai jamais supposé que dans cette grande maison que vous partagez avec Latham, vous dormiez sagement dans une chambre et lui, dans une autre.
A ces mots, il la vit se transformer en une véritable statue de glace. Mâchoires serrées, elle parvint néanmoins à marmonner :
— Cela ne vous regarde absolument pas ! Je… j’étais venue faire appel à votre sens de l’honneur, mais visiblement vous n’en avez pas !
— Latham ignore ce qui s’est passé l’autre soir, n’est-ce pas ? interrogea-t il alors perfidement.
— Richard sait parfaitement que je vous ai vu, ce soir-là, riposta-t elle, non sans rougir.
— Ce n’est pas ce que je veux dire et vous le savez parfaitement !
— Estimez-vous heureux que je n’aie pas informé Richard de votre geste déplacé !
— Heureux, et pourquoi ? Est-ce un cow-boy qui règle ses comptes en duel ?
Elle lui décocha un regard méprisant.
— Vous…
— A propos, comment va votre mère ? lança-t il tout à trac, sentant qu’elle était sur le point de partir.
Il avait été si surpris de sa visite ! Si heureux de la revoir, en dépit des circonstances ! Sa présence chez lui signifiait qu’elle tenait absolument à ce que Richard Latham ignore ce qui s’était passé entre eux.
Cela prouvait-il qu’elle était profondément éprise de son fiancé ? Pas sûr….
Visiblement, le changement abrupt de sujet la déconcerta, puisqu’elle bredouilla :
— Je… je n’ai pas reparlé à ma mère depuis notre déjeuner.
— D’après ce que vous m’avez dit, vous n’avez pas été particulièrement sympathique, ce jour-là. Vous devriez vraiment la rappeler pour discuter avec elle.
— De quoi vous mêlez-vous, Brice ?
— Serait-ce par lâcheté que vous ne l’avez pas rappelée ?
— Ecoutez, je parlerai à ma mère quand j’estimerai que l’heure sera venue, répondit-elle, outrée.
— Et pendant ce temps, qu’est-elle censée faire ? Se morfondre parce que sa fille juge sa conduite ?
— Vous ne connaissez absolument pas Leonore, elle…
— Ce que je sais, c’est qu’elle vous aime assez pour se déplacer spécialement à Londres afin de vous informer de son futur voyage à Paris. Même s’il ne fait aucun doute qu’elle s’attendait à votre réaction !
Elle écarquillait tellement ses grands yeux bleus qu’on ne voyait plus qu’eux dans son beau visage à la fois bouleversé et indigné. Il la provoquait délibérément, l’attaquait frontalement ! Mais c’était plus fort que lui : il ne supportait pas qu’elle se retranche derrière cette image glacée ! Il voulait la faire sortir de ses gonds. Car, dès qu’elle avait franchi le seuil de son salon, il avait été obsédé par une seule idée : l’embrasser !
Déglutissant avec difficulté, elle le fixait toujours.
Il avait l’air différent aujourd’hui. Pas seulement à cause de sa barbe naissante, ses cheveux ébouriffés ou ses vêtements peu soignés. Non, cela, c’était tout à fait compréhensible de la part d’un artiste de son calibre. Elle concevait qu’absorbé par sa création, il en négligeait les contingences matérielles.
Non, c’était résolument autre chose… Quoi exactement ? Elle n’aurait su dire.
— Précisez votre pensée, le défia-t elle. Vous paraissez un si grand connaisseur de l’âme humaine !
Elle prononça cette dernière phrase avec une ironie appuyée. Saisissant la balle au bond, il lui asséna alors :
— Vous ne voyez pas d’inconvénient à vivre en concubinage avec un homme qui pourrait être votre père, mais vous jetez la pierre à votre mère s’il lui prend d’aspirer à un peu de bonheur pour ses vieux jours !
Elle secoua la tête et un sourire dédaigneux barra son visage.
Ce qu’il désirait, c’était la provoquer, la titiller. En lui répondant, elle lui donnerait entière satisfaction. Aussi reprit-elle :
— Ecoutez, Brice, je ne suis pas venue ici pour parler de ma mère.
— Oh, je sais ! Vous êtes venue me prier de dire à votre fiancé — quand il me téléphonera —que je ne peux pas peindre votre portrait.
Et Sabina comprenait à sa seule expression qu’il ne le ferait pas !
— Je perds mon temps, c’est évident, dit-elle en jetant un rapide coup d’œil à sa montre sertie de diamants. Je n’ai pas le loisir de m’attarder davantage, je…
— Vous ne voulez pas faire patienter Richard, n’est-ce pas ? Je suppose qu’il vous attend à l’arrière de la limousine, avec le fidèle Clive au volant.
— Je vous ai dit que je me rendais à un rendez-vous officiel ! N’écoutez-vous donc rien lorsqu’on vous parle ?
Si pour Richard il se trompait, en revanche, il avait raison concernant Clive. D’ailleurs, ce dernier l’attendrait sagement dans la limousine, durant le gala de charité auquel elle devait assister. Il la ramènerait ensuite en toute sécurité à la maison…
— Je suis navrée que nous ne puissions trouver un arrangement à l’amiable concernant le portrait, reprit-elle froidement. Je croyais pouvoir faire appel à votre sens de l’amitié… J’ai eu tort.
Sa référence à l’amitié eut le don d’exaspérer Brice. Avec elle, il ne voulait pas en rester à l’amitié — et elle le savait parfaitement !
— Je n’aime pas vous voir jouer les martyres, déclara-t il alors, excédé par son attitude.
— Et moi, je me fiche de ce que vous aimez ou non ! rétorqua-t elle, un sourire ironique aux lèvres.
Là-dessus, elle fit demi-tour et se dirigea vers la porte. Il s’élança derrière elle.
— Sabina, murmura-t il alors doucement, il y a quelque chose que je voudrais savoir…
A cet instant, elle sentit le souffle chaud de Brice sur sa nuque frissonnante… Il se tenait bien trop près d’elle ! La scène dans le taxi lui revint en mémoire. Lui revint ? En réalité, ce souvenir ne l’avait pas quittée un seul instant depuis qu’elle était sortie du taxi !
Avant de vivre avec Richard, elle avait bien eu quelques liaisons. Mais jamais aucun homme n’avait fait battre son cœur comme Brice McAllister… Aucun avant lui n’avait su transformer son être en un véritable feu liquide.
Du cran ! s’ordonna-t elle brusquement. Elle était désormais « fiancée » à Richard. Trop tard donc pour se laisser aller aux sensations que lui inspirait le dangereux Brice.
— Je vous écoute, dit-elle sans se retourner.
— Que contenait l’enveloppe verte qui vous a si profondément bouleversée ?
Son sang se glaça subitement dans ses veines, sa respiration se fit plus courte, ses oreilles se mirent à bourdonner. Mon Dieu, elle allait…
— Sabina… ?
Posant une main sur son bras frêle, il la força à se retourner.
Le visage de Brice lui apparut à travers un brouillard. Sa bouche s’agitait, mais elle n’entendait pas ce qu’il lui disait…
Soudain, elle perdit connaissance.

 
 

 

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CHAPITRE 7

Mon Dieu, comme elle avait l’air jeune ! se dit Brice en se penchant vers Sabina, toujours évanouie.
La mélancolie qui se reflétait dans ses grands yeux bleus, et qui rendait son regard si grave, avait disparu derrière ses paupières closes. Le contraste entre ses cils noirs et fournis et sa peau aussi délicate qu’un magnolia soulignait sa vulnérabilité.
Il l’avait retenue avant qu’elle ne s’écroule à terre, puis l’avait délicatement portée sur le sofa où elle était toujours allongée, la couronne de sa chevelure dorée déployée sur les coussins. Promenant son regard sur son corps de déesse, il eut soudain l’impression qu’elle avait perdu du poids… Il reporta les yeux vers son beau visage pâle… Oui, ses joues étaient assurément plus creuses.
Etait-ce à cause de lui ? Parce qu’il l’avait embrassée ?
Ou bien était-ce la fameuse lettre vert pâle qui avait provoqué cette perte de poids ?
Qui pouvait bien être l’auteur de cette missive ? Et que contenait-elle de si perturbant pour que, des jours plus tard, elle continue à exercer un tel effet sur Sabina ?
Evidemment, il aurait pu l’interroger à ce sujet, mais il doutait qu’elle lui répondît !
Soudain, elle remua un peu, ouvrit les yeux… pour les refermer aussitôt en l’apercevant.
— Allez, lui dit-il d’un air gentiment moqueur, ce n’est que moi, vous pouvez ouvrir les yeux.
Lentement, elle consentit à rouvrir les paupières, puis humectant ses lèvres sèches avec le bout de sa langue, elle demanda d’une voix rauque, sans le regarder :
— Pourrais-je avoir un verre d’eau ?
— Ne bougez pas, je vous l’apporte.
Lorsqu’il revint de la cuisine, elle s’était assise sur le canapé, tentant de se recoiffer. Il lui tendit le verre et elle se mit à boire l’eau fraîche à petites gorgées.
— Je suis navrée, dit-elle enfin. Je ne sais pas pourquoi j’ai eu ce malaise.
— Eh bien, moi, je vais vous dire pourquoi ! décréta Brice. Vous n’avez pas fait un repas digne de ce nom depuis des jours !
A ces mots, elle rougit légèrement.
Touché ! pensa-t il avant d’ajouter :
— Pourquoi ?
— Ecoutez, mes habitudes alimentaires ne vous concernent pas.
— Dans la mesure où vous vous évanouissez chez moi, je m’estime concerné ! riposta-t il. Eh bien, j’attends votre réponse !
Au lieu de répondre, elle consulta soudain sa montre et déclara :
— Il faut vraiment que je parte !
— Pendant que vous étiez évanouie, j’ai averti Clive que vous n’iriez pas à votre rendez-vous, l’informa-t il tranquillement.
— Pardon ?
— Vous avez parfaitement entendu. Je lui ai également dit de rentrer, car vous n’auriez plus besoin de lui ce soir.
Elle ouvrit la bouche, la referma. Recommença…
Si la situation n’avait pas été aussi sérieuse, Brice aurait trouvé sa réaction amusante. Bon, il concédait que ses initiatives étaient osées, mais franchement, si elle n’était pas capable de prendre soin d’elle, il fallait bien que quelqu’un le fasse à sa place ! Pourquoi Richard ne veillait-il pas à ce qu’elle se nourrisse correctement ?
— Où est Richard, ce soir ? demanda-t il brusquement.
— En voyage, parvint-elle enfin à dire, toujours en état de choc.
— Encore ! ne put-il s’empêcher de s’exclamer. Pourquoi vous abandonne-t il si souvent ? Pour qui vous prend-il donc ? Un objet précieux que l’on exhibe ?
— Ne soyez pas ridicule ! s’exclama Sabina, profondément irritée. Richard est un homme d’affaires très occupé.
— Moi aussi, je suis occupé, mais si vous étiez ma fiancée, je ne vous délaisserais pas de cette façon et surtout, je ne vous permettrais pas de vous mettre dans un état pareil.
— Quel état ? s’insurgea-t elle.
— Vous n’avez que la peau sur les os.
— Merci !
— Ce n’était pas un compliment !
— Je sais !
— Vous…
— Le dîner est servi, monsieur Brice, annonça Mme Potter dont la silhouette se dessina alors dans l’encadrement de la porte.
Aucun d’eux ne l’avait entendue frapper… et pour cause : ils étaient au beau milieu d’une dispute !
— Que signifie tout cela, Brice ? lui demanda subitement Sabina d’un ton sévère.
Décidément, il avait dépassé les limites, ce soir !
— Nous avons tous deux besoin de reprendre des forces, annonça-t il.
Lui non plus n’avait rien mangé tout à l’heure, mais à présent, il avait une faim de loup !
Sabina le foudroya du regard. Néanmoins, en présence de Mme Potter, elle s’abstint de lui dire ce qu’elle pensait de sa conduite. Elle était trop bien élevée pour faire un esclandre devant la gouvernante.
De son côté, Brice était conscient que ses initiatives l’avaient profondément contrariée… mais qu’était-il censé faire ? La porter, évanouie, jusqu’à la limousine et la confier aux soins de Clive pour qu’il la ramène à Mayfair ? Certainement pas !
— Nous allons passer à table, indiqua-t il alors à Mme Potter.
Dès que cette dernière eut tourné les talons, Sabina laissa libre cours à sa colère.
— Comment osez-vous ? s’écria-t elle en le fixant de ses grands yeux scintillants.
— Avouez que vous avez besoin de manger, Sabina et…
— Je ne parle pas du dîner ! Comment avez-vous osé modifier mes projets pour cette soirée ? Congédier Clive ? Un baiser ne confère nullement ce genre de droits !
Tiens donc ! En dépit de ses protestations, ce baiser avait donc davantage compté qu’elle voulait bien l’admettre, sans quoi, elle n’y aurait pas fait allusion ! D’ailleurs, elle venait elle-même de s’en apercevoir, comprit-il devant la mine déconfite de Sabina.
— Un seul baiser mais quel baiser ! commenta-t il d’un ton provocateur.
— Vous… Je… Vous êtes impossible !
— C’est ce qui fait mon charme.
— L’arrogance n’est pas une vertu, Brice, lui asséna-t elle avec rage.
— Le jeûne non plus, répliqua-t il d’un ton léger. Venez, allons dîner.
Se levant, il lui tendit la main.
— Entendu, dit-elle de guerre lasse. Mais à une condition !
— Laquelle ? demanda-t il, soudain tendu.
— Plus de questions sur ma correspondance.
Il s’en était douté ! Ce n’était pas une condition à laquelle il cédait volontiers — notamment après la façon dont elle venait de réagir. Mais si c’était l’unique moyen de la retenir…
— D’accord, dit-il enfin.
Pour ce soir, il renonçait à la questionner. Toutefois, il avait la ferme intention de découvrir le terrible secret lié à la lettre dans un futur proche.
Sabina mit un point d’honneur à ne pas prendre le bras qu’il lui offrait tandis qu’ils se dirigeaient vers la salle à manger. Bah, peu importe, pensa-t il, philosophe. Il était parvenu à la retenir pour le dîner, il ne devait pas non plus trop exiger d’elle !
Il avait peut-être remporté ce premier round, pensa Sabina en s’asseyant à table, mais il n’avait pas encore gagné la partie ! La perspective peu réjouissante d’appeler un taxi et de rentrer seule dans sa grande maison vide l’avait conduite à accepter sa proposition à dîner.
Du moins était-ce ce dont elle préférait se convaincre…
Il était vrai qu’aujourd’hui elle n’avait rien mangé de la journée — non délibérément, mais parce qu’elle n’y avait pas pensé ! A présent, la tête lui tournait encore un peu et son estomac gronda lorsque Mme Potter déposa une soupière fumante sur la table. Une odeur délicieuse s’en dégageait !
— J’espère ne pas vous causer trop de dérangements, déclara-t elle alors à l’adresse de Mme Potter.
— Nullement, lui assura la gouvernante. Je suis ravie que monsieur Brice se décide enfin à goûter au dîner qu’il n’a pas touché tout à l’heure.
Là-dessus, la domestique s’éclipsa.
Incapable de soutenir le regard de Brice, Sabina se concentra sur le délicieux consommé de carottes de Mme Potter. Ainsi, elle n’était pas la seule à ne pas avoir mangé…
Comme s’il lisait dans ses pensées, Brice déclara :
— D’accord, je reconnais que depuis trois jours, je n’ai pas réellement fait honneur à la cuisine de ma gouvernante.
Elle continua à savourer le velouté, ne sachant si elle devait apprécier ce que sous-entendait cet aveu. Cela faisait trois jours qu’ils avaient dîné ensemble, trois jours qu’il l’avait embrassée…
Elle s’était efforcée de refouler le souvenir de ce baiser. Peine perdue ! Il revenait la hanter à chaque instant !
— Quel dommage ! répondit-elle. Car, autant que je puisse en juger d’après cet exquis consommé, Mme Potter est une excellente cuisinière.
Elle ne voulait surtout pas surenchérir sur ce qui s’était passé trois jours auparavant. Elle était fiancée à Richard, et lui était redevable de tant de choses ! Ce baiser n’aurait jamais dû se produire, aussi le plus vite ils l’oublieraient, le mieux ce serait.
— Je me disais que…
— J’aimerais réellement que…
Ils s’interrompirent, ayant parlé tous les deux en même temps.

— Allez-y, dit Sabina.
— Non, vous la première ! En dépit de la piètre opinion que vous avez de moi, je n’ai pas oublié toutes les bonnes manières que l’on m’a inculquées.
— Très bien ! Je voulais vous demander si vous aviez finalement renoncé à l’idée du tableau.
— Non ! répondit-il d’un ton définitif.
On ne pouvait être plus clair ! pensa-t elle, dépitée. Pourquoi ne se rendait-il pas compte que ce n’était pas une bonne idée de passer tant de temps ensemble ?
Ils formaient un couple étrange, tous les deux, se dit-elle subitement. Elle était habillée de façon extrêmement sophistiquée, alors que lui n’était même pas rasé. Quant à ses vêtements… On aurait pu croire qu’il avait dormi dedans.
Lisant dans ses pensées, Brice reprit alors :
— Navré pour la barbe. Voulez-vous que j’aille me raser et me changer ?
Effectivement, elle aurait préféré qu’il le fasse… mais pas pour la raison qu’il croyait. En vérité, il avait l’air bien plus dangereux et bien plus attrayant avec cette barbe naissante qui lui prêtait des airs de pirate ! Et puis, ce qui la désarmait par-dessus tout, c’était qu’il avait une nouvelle fois lu dans ses pensées.
Enfin, pas toutes, heureusement !
— Ne vous dérangez pas pour moi ! assura-t elle. Je me fiche que vous soyez rasé ou non.
— On dirait que je n’ai pas le monopole de la grossièreté, déclara-t il alors sèchement.
Reposant sa cuillère, elle se cala contre le dossier de sa chaise, puis reprit d’un ton plus amical :
— Que vous apprêtiez-vous à me dire, tout à l’heure ?
Il la jaugea un instant, déconcerté par son changement de ton, hésitant encore à lui dévoiler son projet. Soudain, il se lança :
— Le week-end prochain, je dois me rendre en Ecosse. Je voudrais que vous veniez avec moi.
Avait-elle bien entendu ? Non, il ne pouvait pas être sérieux. Il…
— Allons, ne faites pas cette tête, poursuivit-il, c’est une proposition honnête, je me rends au château de mon grand-père.
Que croyait-il ? Que la seule mention de son grand-père allait la rassurer ? Après tout, il n’avait pas précisé si son aïeul serait présent ou non au château.
— Qu’êtes-vous au juste en train de me proposer, Brice ? demanda-t elle d’un ton parfaitement calme.
A cet instant, Mme Potter entra pour débarrasser, et il attendit qu’elle fut repartie pour annoncer :
— Je sais exactement comment et où je veux vous peindre.
— C’est-à-dire… ? fit-elle, immédiatement sur ses gardes.
— Comme je l’ai indiqué d’emblée à votre fiancé, je ne peins pas volontiers de portraits. Et encore moins sur commande.
— Dans ces conditions, pourquoi tenez-vous tant à me peindre alors que je vous supplie de renoncer à votre projet ?
— Je veux vous peindre, lui expliqua-t il en la fixant droit dans les yeux. En revanche, je n’entends pas réaliser le portrait aseptisé que Richard attend de moi. Dans ces conditions, il n’a qu’à faire encadrer une photographie de vous, ce sera plus simple !
Il reprit son souffle, et enchaîna :
— Moi, j’ai envie de vous saisir telle que vous êtes réellement ! Et l’inspiration m’est venue, je sais exactement le tableau que je vais réaliser de vous : vous serez assise dans une des tours du château, près d’une fenêtre ouverte, votre chevelure d’or voletant au vent…
— Avec une traîne de velours et une couronne sur la tête, ajouta-t elle sur un ton ironique. La Belle au bois dormant, en somme !
Elle éclata de rire, s’efforçant de masquer toute la nervosité que contenait cette réaction… Car l’idée de poser pour lui dans un cadre si romantique avait accéléré les battements de son cœur.
Néanmoins, ce qu’il lui proposait était totalement irréalisable ! Il fallait que cette relation reste professionnelle et ne dégénère pas ! Elle refusait de se laisser prendre au jeu des fantasmes de Brice.
Quand allait-il le comprendre ?

 
 

 

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CHAPITRE 8

D’instinct, Brice comprit qu’elle allait refuser la proposition qu’il venait de lui faire. Il enragea !
Il n’aurait pu expliquer d’où lui venait cette idée de la peindre dans le château écossais de son grand-père, mais elle s’imposait désormais à lui comme une évidence. C’était dans ce cadre qu’il entendait faire son portrait, un point c’est tout !
Hélas, ainsi qu’il le craignait, il la vit secouer la tête en signe de négation.
— Je doute que c’était ce que Richard avait en tête lorsqu’il vous a commandé le tableau, déclara-t elle, non sans se départir de son petit ton moqueur.
— Il ne m’a donné aucune recommandation spécifique et si tel avait été le cas, je ne les aurais pas acceptées, répliqua Brice. Si mon tableau ne lui plaît pas quand il sera terminé, tant pis, je le garderai pour moi !
— Brice, je suis désolée, je ne peux pas aller en Ecosse avec vous, c’est…
— Pourquoi ? l’interrompit-il, fort agacé.
A présent que l’inspiration lui était venue, il ne supportait pas que l’on contrarie ses projets. Il souhaitait s’atteler à la tâche le plus rapidement possible. Aussi ajouta-t il :
— Mon grand-père habite les lieux, votre vertu sera donc sauve ! Et il ne manquerait pour rien au monde la venue du top model Sabina chez lui, en dépit de ses quatre-vingts ans.
Elle esquissa un vague sourire, peu convaincue par l’argument. Sans désarmer, il opta pour une autre stratégie :
— Où votre mère habite-t elle exactement, en Ecosse ?
— Ma mère ? Mais quel rapport… ?
— M’écoutez-vous, Sabina ? la sermonna-t il brusquement. Je vous propose de m’accompagner en Ecosse, en d’autres termes dans le pays où réside votre mère. Si elle n’habite pas trop loin du château, vous pourrez lui rendre visite durant notre séjour.
Sabina poussa un soupir dépité. Cette conversation ne menait nulle part !
Elle ignorait encore que, lorsque Brice avait trouvé l’inspiration, il ne reculait devant aucun obstacle. En l’occurrence, en dépit de tous les croquis qu’il avait réalisés d’elle, il était resté dans le brouillard absolu la concernant… jusqu’à ce que le déclic se produise !
— Je n’ai jamais…, commença-t elle sans terminer sa phrase, manquant soudain de courage à l’idée de lui faire ce terrible aveu.
— Jamais quoi ? Rendu visite à votre mère en Ecosse ? demanda-t il, incrédule, en la voyant hocher la tête en signe d’acquiescement. Depuis combien de temps habite-t elle là-bas ?
— Cinq ans.
— Cela fait donc une éternité que vous n’êtes pas allée chez elle !
Devait-elle entendre des reproches dans sa voix ? Franchement, de quoi se mêlait-il encore ?
— Ecoutez, ma relation avec ma mère…
— Ne me regarde pas, je sais ! Cependant, comme nous nous rendons en Ecosse, vous pouvez en profiter pour aller la voir.
— Je n’ai pas accepté de vous accompagner, objecta-t elle.
Sans l’écouter, il ajouta d’un air songeur :
— Il faudra que vous preniez rendez-vous avec Chloe cette semaine. Elle…
— Chloe ? Pourquoi ?
— Je veux qu’elle crée une robe spécialement pour vous. Pour le tableau. J’ai une idée très précise en tête, il suffira qu’elle prenne vos mesures… Suis-je trop rapide pour vous, Sabina ? ajouta-t il d’un air moqueur, conscient qu’il la bombardait d’informations.
— Bien trop rapide ! Vous…
Elle s’interrompit : Mme Potter apportait le plat principal, composé d’un poulet rôti et de pommes de terre rissolées.
— Mmm, ç’a a l’air délicieux…, commenta Sabina.
— Merci, madame Potter, fit promptement Brice, désireux que cette dernière reparte au plus vite.
Il attendit patiemment son départ et, levant les yeux vers Sabina, ajouta :
— Vous disiez ?
— Je ne connais pas mon emploi du temps sur le bout des doigts, mais je peux vous garantir une chose : même si je le voulais, il me serait impossible de me libérer pour un voyage en Ecosse !
— De toute façon, ce n’est pas le cas…
— Effectivement, confirma-t elle.
— Hum, hum, fit-il, pensif, avant de décréter subitement : vous travaillez trop, Sabina ! Pourquoi ? Selon toute vraisemblance, ce n’est pas l’appât du gain qui vous guide.
Tout à coup, il repensa à la lettre… Etait-il possible que quelqu’un exerçât un chantage financier sur elle ?
— Non, Brice, ce n’est pas pour des raisons pécuniaires ! se défendit-elle. J’aime travailler, être occupée… Et puis, la vie professionnelle d’un mannequin étant très courte, autant en profiter pleinement.
La tentative pour détourner la conversation était astucieuse ! reconnut Brice. Manque de chance, il n’était pas le genre d’homme à se laisser distraire si facilement…
— D’accord, dit-il. Mais la véritable raison, quelle est-elle ?
— Je viens de vous l’exposer ! Tout comme je vous ai dit que je ne peux pas disparaître brusquement du circuit professionnel — ne serait-ce que deux jours pour me rendre en Ecosse ! J’ai du travail, des engagements !
Latham ! pensa soudain Brice.
Nul doute que celui-ci n’apprécierait pas que sa fiancée parte avec lui quelques jours, même s’il s’agissait d’une escapade à but artistique. Evidemment, il pouvait l’inviter lui aussi, mais cette perspective ne l’enchantait guère !
En vérité, il voulait Sabina pour lui tout seul, ne serait-ce que pour un bref séjour en Ecosse !
Il rêvait de faire plus ample connaissance avec elle, loin de Londres et de ses fameux engagements professionnels. Loin de Latham, ce maudit fiancé.
— Je pourrais peut-être expliquer la situation à Richard, suggéra-t il en désespoir de cause.
— Impossible, il part pour l’Australie !
— Quel dommage ! s’exclama-t il alors, masquant avec difficulté la joie qu’il venait de ressentir à l’annonce de cette nouvelle. Sans quoi, il aurait pu se joindre à nous !
— Vous êtes bien trop insistant, Brice.
Quelle idiote ! se reprocha-t elle aussitôt intérieurement. Pourquoi venait-elle de lui avouer que Richard allait s’absenter ?
Elle était venue chez lui afin de le persuader de renoncer au tableau. Pourquoi ce besoin pressant de mettre définitivement un terme à leurs rendez-vous artistiques ? se demanda-t elle soudain. Le baiser qu’il lui avait donné trois jours auparavant l’avait-il à ce point ébranlée ?
Pire encore : Brice percevait-il ses contradictions ?
Etait-ce pour cette raison qu’il tenait tant à l’emmener en Ecosse ? Pour qu’elle se rende compte qu’elle était attirée par lui et qu’elle ne pouvait décemment épouser Richard Latham ?
Soudain, elle regarda la cuisse de poulet dorée dans son assiette, au milieu de pommes de terre encore fumantes. Et une nouvelle série de questions assaillit son esprit fatigué…
Pourquoi avait-elle subitement perdu l’appétit ? Etait-ce parce qu’elle se sentait piégée ? Car elle avait la désagréable impression que Brice refermait peu à peu ses rets autour d’elle.
Quelle ironie du sort : elle était arrivée avec la ferme intention de lui dire adieu — et en retour, il lui proposait un week-end en Ecosse !
Il était urgent de mettre un terme aux agissements de Brice !
— Navrée, mais je dois partir, annonça-t elle brusquement en reposant ses couverts.
— Pourquoi ? demanda-t il d’un ton enjôleur.
— Parce que je le souhaite ! répondit-elle en se levant.
— Mme Potter va finir par se froisser. C’est la deuxième fois ce soir que son poulet n’obtient pas de succès.
— Je ne suis pas responsable de la première fois et nul ne vous empêche de faire honneur à son plat quand je serai partie, objecta-t elle, non sans rudesse. Je vous fais confiance pour vous dépêtrer au mieux de la situation.
Elle ne doutait pas qu’il se tirait toujours avec maestria des situations les plus compliquées. En revanche, ce n’était pas son cas ! Et d’ailleurs, elle se sentait à bout de nerfs. Tout ce qu’elle désirait, c’était rentrer chez elle pour s’immerger dans un bain chaud et relaxant.
— Puis-je appeler un taxi ? demanda-t elle alors.
— Je vous raccompagne.
— Non ! Vous en avez assez fait pour moi, ce soir !
Son sarcasme fit mouche. Elle vit une lueur de mé*******ement traverser le regard de Brice. Tant pis pour lui ! Elle aurait été incapable de supporter un trajet en sa compagnie dans l’espace exigu d’une voiture.
— Très bien ! dit-il en ravalant sa colère. Je vais vous appeler un taxi.
Là-dessus, il sortit de la pièce et, pour la première fois depuis son arrivée chez lui, Sabina put respirer tranquillement. C’était incroyable comme la présence de cet homme l’oppressait !
Pourquoi ? Que possédait-il donc qui la troublait à ce point ? Bah, au fond, elle n’était pas certaine de vouloir connaître la réponse.
— Le taxi sera là dans quelques minutes, annonça-t il en revenant. Vous savez, Sabina, ma proposition de voyage est des plus sérieuses.
Inutile de lui répéter ce qu’elle savait déjà ! Le problème, c’est qu’elle ne voulait pas l’accompagner… et qu’il refusait de comprendre !
— Nous verrons, dit-elle de façon évasive afin de ne pas rouvrir un débat qu’elle était bien trop fatiguée pour soutenir.
Et puis en sa présence, elle ne parvenait pas à se défendre ! Elle devait d’abord s’éloigner de lui et retrouver ses esprits.
— Effectivement, reprit-il, nous en reparlerons.
Quel ne fut pas son soulagement lorsque le taxi arriva ! Hélas, Brice l’accompagna jusqu’à l’extérieur, poussant la chevalerie jusqu’à lui ouvrir la portière. Elle hésita avant de monter dans le taxi, ne sachant trop quoi lui dire… Elle ne pouvait tout de même pas le remercier pour cette charmante soirée ! Car la soirée avait été tout sauf charmante !
— Ne dites rien, murmura-t il alors, peu dupe de ses tergiversations. Un baiser suffira.
Et, avant qu’elle comprenne ce qui se passait, il captura ses lèvres.
La surprise l’empêcha d’abord de réagir… Et ensuite…
Ensuite, la volonté lui manqua pour s’arracher à la douceur de ce merveilleux baiser.
Lorsqu’il releva la tête, Brice serra un instant le visage de Sabina entre ses paumes. La regardant droit dans les yeux, il déclara d’une voix rauque :
— Je t’appelle…
Les joues en feu, elle s’engouffra dans le taxi et, refermant brutalement la portière, elle marmonna son adresse au chauffeur.
Pas un instant elle ne tourna la tête vers Brice, pourtant elle était certaine qu’il ne la quittait pas du regard pendant que le taxi effectuait sa manœuvre.
Comment osait-il l’embrasser dès qu’il en avait envie ? Comme si c’était lui son fiancé, et non Richard !
Mon Dieu, Richard… !
Quelle serait sa réaction s’il apprenait que Brice McAllister l’avait embrassée non pas une fois — mais deux ?
Désespérée, elle secoua la tête. Le contrat qui la liait à Richard reposait sur une confiance mutuelle. Certes, elle n’avait pas initié ces baisers, mais il fallait bien admettre qu’elle n’avait pas non plus beaucoup protesté !
Pourquoi avait-elle laissé faire Brice ?
La première fois, son attitude était encore explicable. Elle pouvait invoquer la surprise, la stupéfaction qui empêche de réagir opportunément. Mais cette fois, elle n’avait aucune excuse de ne pas l’avoir repoussé !
A sa grande surprise, la maison était inondée de lumière lorsqu’elle arriva chez elle. Richard était donc rentré plus tôt que prévu. Quel bonheur de retrouver la tranquillité du foyer ! pensa-t elle.
— Je ne t’attendais pas avant demain, s’exclama-t elle chaleureusement en entrant dans le salon.
— Manifestement ! fit-il d’un ton sec en baissant le volume de la musique classique qu’il était en train d’écouter à plein volume.
Portait-elle sur le visage la trace du baiser de Brice ? se demanda-t elle un instant, inquiète. N’avait-elle plus de rouge à lèvres ou pire, en avait-elle autour de la bouche ?
Sans mot dire, Richard avala une gorgée de whisky. Cela ne lui ressemblait pas de boire seul, pensa-t elle en le regardant reposer son verre vide sur la table de salon.
— Clive est rentré il y a une heure environ, dit-il enfin d’une voix blanche.
Aïe ! Nul doute que Clive n’avait pas apprécié d’être congédié par Brice. Qu’avait-il bien pu rapporter à son employeur ?
— Je me suis arrêtée chez Brice McAllister alors que je me rendais à un gala de charité.
— Vraiment ?
— Richard, peux-tu me servir un verre de whisky à moi aussi ?
— Ce que tu dois m’annoncer est donc si terrible que cela ? fit-il en remplissant un autre verre qu’il lui tendit. Je ne comprends pas. Notre cohabitation est certes contractuelle, mais elle repose sur la loyauté. Or, je constate que tu as passé la soirée chez McAllister !
— Pas toute la soirée, Richard ! se défendit-elle. Il n’est que 21h30. Je suis allée chez Brice pour… pour…
— Oui ? fit-il, impatient.
— Pour que nous convenions d’une autre séance, assura-t elle soudain sur un ton plus déterminé.
— Pourquoi ne pas lui avoir tout simplement téléphoné ?
Effectivement, pourquoi ?
— Parce que je passais tout près de chez lui.
— Et ?
— Et rien, nous avons pris rendez-vous, voilà ! Allons, Richard, tu es revenu plus tôt que prévu, c’est merveilleux, ne perdons pas notre temps à parler de McAllister.
— Pour moi, ce n’est pas une perte de temps ! Combien de soirées as-tu passées avec lui depuis mon départ ?
— Aucune, protesta-t elle vivement. Bon, je ne voulais pas t’en parler pour ne pas t’inquiéter, mais puisque tu insistes… Eh bien, la vérité, c’est que je me suis évanouie chez Brice McAllister.
— Ah bon ? fit-il en fronçant les sourcils, inquiet. Que s’est-il passé, Sabina ? Ne me dis pas que tu as encore reçu une lettre anonyme !
— Non, mentit-elle spontanément, non, rassure-toi…
Puis, lui jetant un regard timide, elle ajouta :
— En fait, j’ai oublié de manger aujourd’hui, c’est tout.
— Comment peut-on oublier de manger ? s’exclama-t il alors. Sabina, tu es incroyable ! Et dire que les pires idées m’ont traversé l’esprit alors que je t’attendais ! Bon, as-tu grignoté quelque chose depuis ?
— Oui, Brice a insisté pour que sa domestique me serve un repas !
Elle préféra cacher à Richard le fait que le repas avait été abrégé et qu’elle n’avait avalé qu’un bol de soupe !
Depuis le début, elle savait que son fiancé était possessif — d’ailleurs, n’était-ce pas précisément au nom de cette possessivité qu’il la protégeait ? Or, durant les mois qui venaient de s’écouler, ce compromis lui avait parfaitement convenu.
— Désolé de mon accueil un peu froid, s’excusa Richard. Tu es si belle, si unique. Et dire que j’ai douté de toi !
Elle sentit sa gorge se nouer.
Il n’avait pas eu tout à fait tort de douter d’elle…



CHAPITRE 9

— Que veux-tu dire exactement ? s’enquit son grand-père à l’autre bout du fil d’un ton impatienté. Que tu viens accompagné ?
— Oui, tu m’as bien compris, répondit Brice.
Loin de s’attendre à ce que son grand-père fît des difficultés, il avait néanmoins estimé légitime — avant de proposer officiellement une date à Sabina — d’informer celui-ci qu’il lui rendrait visite le week-end suivant… en compagnie féminine.
— Mon château n’est pas un hôtel, mon garçon, maugréa Hugh McDonald. Je sais que toi et tes cousins n’y pensez jamais, mais figurez-vous que moi aussi j’ai ma propre vie. Et je ne me morfonds pas dans mes donjons en attendant que vous daigniez me rendre visite.
Oh oh… Son grand-père était de fort mauvaise humeur, aujourd’hui ! Brice était bien conscient que la propriété requérait beaucoup de travail. Les hectares entourant le château étaient dévolus essentiellement à l’élevage, et même si le domaine était tenu par plusieurs métayers, Hugh tenait malgré tout à superviser l’ensemble.
Soudain, il l’entendit préciser :
— En outre, il est possible que je reçoive moi-même quelqu’un la semaine prochaine.
— Un invité ?
— Eh bien oui ! Moi aussi, j’ai une vie sociale en dehors de la famille, mon garçon.
— Hum, hum, fit Brice. Et ne s’agirait-il pas d’une femme, par hasard ?
En dépit de ses quatre-vingts ans, Hugh McDonald était encore un fort bel homme et cela faisait des années qu’il était veuf.
— Pas d’impertinence, mon garçon, s’il te plaît !
— Ton invitée, c’est donc bel et bien une femme, s’exclama Brice, bluffé.
— Je ne te dirai rien, répliqua son grand-père d’un ton boudeur.
— Oh, je comprends, tu n’es pas du genre à divulguer des secrets d’alcôve ! fit Brice, moqueur, ravi que pour une fois les rôles fussent inversés.
— Prends garde à ce que tu dis, mon garçon ! répondit sévèrement son aïeul.
Déconcerté par cette « complication », Brice ne savait plus quoi faire ! Son beau projet allait-il s’écrouler ?
Et lui qui donnait des leçons à Sabina quant à sa relation avec sa mère, l’encourageant à entretenir un rapport plus adulte avec elle ! Or, voilà qu’il venait de se faire rabrouer par son grand-père comme lorsqu’il avait six ans !
— La réponse est non, alors ? fit-il, le cœur battant.
— Ai-je jamais dit une chose pareille ? s’exclama le vieil homme. Je tenais juste à te préciser que ma maison n’est pas un hôtel, encore moins une garçonnière où tu serais libre d’amener tes dernières conquêtes.
— Sabina n’est pas une conquête, objecta Brice sans avouer qu’il le déplorait vivement. On m’a passé commande de son portrait et j’ai accepté, c’est tout !
A ceci près que, depuis, il en avait perdu le sommeil et sa tranquillité d’esprit. Et il doutait de plus en plus que ce voyage contribuerait à les lui restituer.
— Sabina ? reprit alors son grand-père sur un ton intéressé. Il ne s’agit tout de même pas du top model ?
— Si, l’informa Brice. Tiens donc, je ne savais pas que le milieu de la mode t’intéressait.
Encore que sans être un expert ès mode, il était difficile d’ignorer qui était Sabina — sauf à vivre totalement coupé du monde. Son image s’étalait à la une de tous les journaux et magazines du pays depuis plusieurs années !
— Il y a beaucoup de choses que tu ignores à mon sujet, Brice, répliqua Hugh McDonald d’un ton sévère.
— Effectivement !
Apprendre que son grand-père recevait des hôtes du sexe opposé dans son château était un véritable scoop ! Il imaginait déjà la tête de ses cousins lorsqu’il leur annoncerait la nouvelle.
— Quand comptes-tu venir ? reprit le vieil homme.
— Je ne sais pas encore exactement. Je voulais d’abord vérifier que cela ne te posait pas problème avant d’arrêter des dates définitives.
— Viens quand tu veux, répondit Hugh d’un ton soudain plus léger.
Pourquoi ce revirement subit ? s’interrogea Brice. Parce qu’il s’agissait de Sabina ? Décidément, son grand-père était incorrigible !
— Je te rappelle cette semaine pour te confirmer ma venue le week-end prochain.
Dans une heure, il avait rendez-vous avec Richard et il serait enfin définitivement fixé sur la possibilité de réaliser ou non ce voyage avec Sabina. Evidemment, il aurait préféré n’avoir affaire qu’à cette dernière, mais en l’occurrence Latham était à la fois son commanditaire… et le fiancé de son modèle ! Difficile de faire abstraction de lui ! Il priait pour que Sabina soit présente durant ce curieux rendez-vous.
Cela faisait deux jours qu’elle était repartie brusquement de chez lui, deux longues journées durant lesquelles il avait été incapable de réfléchir. Néanmoins, il avait préféré laisser quarante-huit heures s’écouler afin que la colère de Sabina retombe.
Un vœu pieux ! pensa-t il avec dérision.
Toutes ses pensées étaient tournées uniquement vers la jeune femme ! Il se rappelait les instants uniques où il l’avait serrée dans ses bras, la douceur de ses lèvres, le goût exquis de sa bouche…
Jamais aucune femme ne l’avait obsédé à ce point, auparavant ! Et il fallait que ce fût une femme déjà prise !
— Entendu, répondit Hugh. Surtout, n’arrive pas à l’improviste, compris ?
— Rassure-toi, je ferai en sorte de ne pas te surprendre dans un moment délicat, répondit Brice en se demandant si cette invitée était réellement la petite amie de son grand-père.
Encore qu’à son âge, ce terme ne convenait pas forcément !
— Et j’espère bien que je n’aurai pas à rougir de ta conduite, précisa le vieil homme.
— Je te promets de bien me comporter, répondit Brice, soudain presque soucieux.
Cette mystérieuse invitée semblait très chère à son aïeul… et il ne savait pas trop qu’en penser. Il éprouvait quelque difficulté à imaginer Hugh avec une autre femme que sa grand-mère.
Allons, il n’avait nul droit d’être si égoïste ! N’était-il pas légitime que son grand-père aspire à un peu de compagnie, seul dans son grand château ?
Après cette conversation téléphonique, Brice resta un long moment songeur, jusqu’à ce qu’il s’aperçoive que, s’il ne filait pas tout de suite, il allait arriver en retard à son rendez-vous avec Richard Latham. Après tout, les affaires de cœur de son grand-père ne le regardaient nullement. Ce dernier était majeur depuis longtemps, veuf de surcroît, et avait parfaitement le droit de mener la vie qui lui convenait sans consulter ses petits-enfants.
D’ailleurs, lui-même n’avait-il pas conseillé à Sabina de ne pas juger sa mère ?
Une heure plus tard, alors qu’on l’introduisait dans le salon de Latham, Brice constata avec contrariété que ce dernier était seul pour le recevoir. Sabina devait certainement travailler, pensa-t il, attristé.
Richard Latham portait un costume noir et une chemise blanche, une tenue des plus classiques mais fort élégante, qui soulignait sa chevelure blond vénitien et lui prêtait beaucoup d’allure. Ses tempes grises rajoutaient à son charme, constata Brice à son corps défendant. Bref, il devait bien concéder que Latham portait beau, pour ses cinquante-cinq ans.
Mais curieusement, plus il le regardait, et plus il sentait grandir en lui l’aversion qu’il lui inspirait. Dès leur première rencontre, cet individu lui avait été antipathique. Et il le trouvait d’autant plus désagréable aujourd’hui qu’il vivait avec Sabina, passait chaque jour et chaque nuit en sa compagnie ! Cette dernière idée lui était particulièrement odieuse…
— Asseyez-vous, lui dit Latham sans grande chaleur dans la voix. Que puis-je vous offrir ? Du thé, du café ? A moins que vous ne préfériez de l’alcool ?
— Non, merci, répondit Brice, déjà désireux de repartir.
— Dans ce cas, que puis-je faire pour vous ? demanda Latham en plissant les yeux.
— N’inversez pas les rôles. C’est moi qui suis censé faire quelque chose pour vous. En l’occurrence, le portrait de Sabina.
— Effectivement, concéda Richard. Eh bien, acceptez-vous enfin ma commande ? Et si oui, comment comptez-vous procéder ?
Souhaitant en finir au plus vite, Brice déclara :
— Je compte peindre Sabina dans un cadre gothique ; en l’occurrence, en Ecosse.
A cet instant, on frappa à la porte et, sans attendre d’y être invitée, la domestique entra pour annoncer :
— Mlle Sabina est réveillée. Je vous préviens immédiatement, ainsi que vous me l’aviez demandé.
— Merci, madame Clark. Dites-lui que je monterai la voir dans cinq minutes.
— Sabina est-elle malade ? s’enquit Brice une fois qu’ils furent de nouveau seuls.
Devant l’inquiétude de Brice, un éclair brilla dans les yeux de Latham : irritation ? ressentiment ? Brice n’aurait su le dire… Néanmoins, le sourire de son interlocuteur masquait difficilement les profondeurs glacées de ses yeux bleu pâle.
Selon Richard, Sabina n’était pas malade, juste d’une nature délicate et nerveuse. Pour sa part, Brice ne partageait nullement cet avis. Certes, la jeune femme était surmenée, mais elle possédait en elle une force intérieure que lui déniait Richard, en faisant d’elle sa chose. Et puis, Brice avait expérimenté à ses propres dépens l’esprit d’indépendance qui animait Sabina !
Il se garda cependant de formuler son opinion à voix haute, se *******ant de dire, une fois que Latham eut exprimé son point de vue sur la santé de la jeune femme :
— Je suis navré qu’elle ne se sente pas bien.
— Pour en revenir à notre conversation, reprit Latham, Sabina m’a mis au courant de votre projet de voyage en Ecosse.
— Et alors ? fit Brice, subitement tendu.
— C’est une excellente idée, nous acceptons votre invitation

Heureux d’apprendre par la bouche de Sabina que Latham serait en Australie, Brice avait alors déploré de façon fort hypocrite l’absence de son fiancé— bien qu’il n’ait jamais eu l’intention de l’inviter. Or, à présent, il se retrouvait pris à son propre piège !
Il sentit des sueurs froides lui couler dans le dos. La dernière chose qu’il souhaitait, c’était que Latham se joigne à eux !
— Je croyais avoir compris que vous ne seriez pas disponible, dit-il alors.
— J’ai modifié mes projets, répondit Latham d’un ton doucereux. Nous viendrons tous les deux avec vous, le week-end prochain.
Et dire qu’à son arrivée, Latham avait fait semblant d’ignorer le motif de sa visite. Décidément, cet homme était un redoutable adversaire ! Sous ses airs charmants et policés se cachait un individu dangereux, pensa Brice. David Latham avait eu raison de le mettre en garde contre son oncle.
A l’idée que Sabina allait épouser cet individu, il avait envie de hurler !
— Brice a très bon goût, murmura Chloe avec un sourire satisfait en ajustant la large bande d’étoffe qui sanglait la taille de Sabina.
Là-dessus, la créatrice recula de quelques pas pour admirer son œuvre…
Brice possédait évidemment d’immenses qualités, mais aux yeux de Sabina, cette robe couleur or dépourvue de bretelles n’était pas d’aussi « bon goût » que le disait Chloe. La coupe dévoilait entièrement ses épaules, le corsage était fort ajusté — bien trop selon elle —, d’autant que sa poitrine était mise en valeur par la large ceinture qui ceignait sa taille. Le bas de la robe retombait comme un voile doré et léger jusqu’à ses chevilles.
C’était là le costume qu’elle était censée revêtir pendant qu’il la peindrait dans le fameux donjon, en Ecosse…
Elle avait eu du mal à en croire ses oreilles lorsque Richard l’avait prévenue qu’ils se rendraient tous trois en Ecosse, le week-end prochain. Nul doute que, dès qu’elle l’avait informé des intentions de l’artiste, son fiancé avait modifié son agenda et reporté son voyage en Australie. Elle s’était retrouvée bien attrapée !
Et avait donc dû passer la veille du départ entre les mains de Chloe qui, en quelques heures, venait de réaliser la tenue souhaitée par Brice.
Depuis que cet artiste était entré dans sa vie, constata-t elle en soupirant, elle avait l’impression d’être ballottée par des forces qu’elle n’était pas en mesure de contrôler. Et elle trouvait la situation parfaitement déplaisante et des plus inconfortables.
— Dites-moi qu’elle vous plaît ! insista Chloe d’un air presque malheureux.
Impossible de ne pas complimenter la créatrice ! L’étoffe en fil d’or était du meilleur effet et c’était une création unique, elle devait l’admettre.
— C’est merveilleux, dit-elle dans un sourire rassurant.
— J’espère que Brice va aimer, déclara Chloe avec inquiétude.
Sabina se garda du commentaire qui lui brûlait les lèvres : elle se fichait comme d’une guigne de ce qu’il pouvait bien penser !
— Il va adorer, déclara Brice d’une voix rauque en entrant dans la pièce.
Sabina se retourna brusquement et l’admiration qu’elle lut dans son regard la fit pâlir. Allons, c’était juste la robe qu’il admirait. Pas elle ! se dit-elle pour se rassurer sans trop y croire.
— Ouf, je suis soulagée qu’elle te plaise, dit Chloe.
— C’est parfait, ajouta Brice en s’approchant des deux femmes.

Il portait un jean et un T-shirt noir moulant qui soulignait la musculature de ses bras. Le noir lui allait à ravir, pensa Sabina.
— Tiens, tu es allé chez le coiffeur, constata Chloe.
Et sa nouvelle coupe le rendait, hélas, encore plus séduisant ! se dit immédiatement Sabina.
— Les cheveux longs, c’est un peu passé de mode, non ? fit Brice.
— Moi, je trouvais que ça t’allait très bien, renchérit sa cousine. Bon, je vais préparer du café, je reviens.
Oh non ! Elle qui voulait éviter tout tête-à-tête avant le départ… Impossible pourtant de protester ou de s’enfuir dans cette tenue ! Fort gênée, elle sentit le regard de Brice se poser sur elle.
— Je ne sais comment interpréter la remarque de Chloe sur ma coupe de cheveux, commença-t il.
Fausse modestie ! Cheveux courts ou longs, il était parfaitement conscient de son charme !
— Excusez-moi, dit-elle en fuyant son regard, je vais remettre mes vêtements.
— Mais cette robe est à vous ! observa-t il, amusé. Son prix est compris dans la facture que paiera Latham.
— Bien sûr, mais…
Sans terminer sa phrase, elle voulut regagner la cabine où elle s’était changée un peu plus tôt. Pourquoi l’habituée des podiums qu’elle était devint-elle brusquement si gauche ? Toujours est-il qu’elle s’empêtra les pieds dans les voiles de sa robe et que sans le bras secourable de Brice, elle serait tout simplement tombée par terre !
— Tout va bien ? demanda-t il, inquiet. Etes-vous réellement remise ?
Elle fronça les sourcils… avant de comprendre son allusion. Elle était alitée le jour de sa visite !
— Oui, c’était une simple migraine.
— Vraiment ? fit-il sans la relâcher. A en croire Latham, c’était davantage qu’une migraine.
— Vous aurez mal interprété ses propos, répondit-elle avec désinvolture.
Ce jour-là, elle avait reçu une autre lettre anonyme qui l’avait bouleversée au point qu’elle avait pris un anxiolytique et s’était mise au lit ! Mais elle s’abstint de l’en informer.
— Non, je ne crois pas, insista-t il en la scrutant de ses prunelles perçantes.
— Donc, nous partons demain pour l’Ecosse, dit-elle tout en se dégageant de son étreinte.
— Effectivement… Mais dites-moi, Latham n’a-t il donc aucune confiance en vous pour renoncer à son voyage en Australie afin de nous accompagner ?
— Ce n’est pas de moi mais de vous dont il se méfie, rétorqua-t elle, ironique.
— Peut-être n’a-t il pas tort, finalement, approuva-t il en lui décochant un sourire diabolique.
Pourquoi Chloe mettait-elle si longtemps à revenir ? se demanda soudain Sabina, fort mal à l’aise.
— Avez-vous téléphoné à votre mère ? l’entendit-elle poursuivre.
— Ecoutez, ma mère et Richard…
Oh, et puis zut ! Ses affaires privées ne le regardaient nullement, elle n’avait absolument pas à se justifier.
— Votre mère désapprouve le choix de votre fiancé, n’est-ce pas ? Elle le trouve trop âgé !
— Pour commencer, Richard n’est pas âgé ! Et ensuite…
— Remarquez, je la comprends, enchaîna-t il sans l’écouter. Il doit être curieux d’avoir juste dix ans de plus que son gendre. Pour ma part, je suis impatient de rencontrer Leonore.
— Ne comptez pas là-dessus ! le prévint-elle sèchement.
— Dites-moi, Sabina, demanda-t il soudain en croisant les bras, à part vous, quelqu’un apprécie-t il réellement votre fiancé ?
— Brice ! s’écria-t elle, indignée. Vous allez trop loin !
— Pas aussi loin que je le voudrais, malheureusement, l’interrompit-il alors en dardant sur elle de grands yeux mélancoliques.
Hélas, elle savait qu’il était sincère. Et elle redoutait les surprises que le week-end allait leur réserver !
D’abord étonnée que Richard ait accepté le voyage en Ecosse, elle avait finalement pensé qu’en sa compagnie, Brice ne tenterait pas de l’importuner, et qu’un week-end était vite passé.
A bien y réfléchir cependant, et étant donné l’aversion manifeste que ce dernier ressentait pour son fiancé, la présence de Richard n’allait-elle pas rendre la situation ingérable ?
Vivement que ce fichu portrait, source de tous ses malheurs, soit terminé et que Brice sorte de sa vie ! se dit-elle encore. Et où diable était donc passée Chloe ?
— A propos de ce week-end…, commença Brice.
— Oui ?
— Mon grand-père a quatre-vingts ans. Sans vouloir moi-même porter de jugement moral sur votre concubinage, je doute que… enfin, vous me comprenez.
— Non, pas du tout ! affirma-t elle, peu désireuse de lui faciliter la tâche.
— Eh bien, la vie que vous menez à Londres avec Latham ne regarde que vous. En revanche, chez mon grand-père…
— Cessez d’être sibyllin, et dites franchement ce que vous avez sur le cœur !
— Il est un peu vieux jeu et je doute qu’il apprécie qu’un couple non marié partage la même chambre sous son propre toit ! Par conséquent, Latham et vous devrez dormir dans des chambres séparées.
Ah, c’était donc ça !
— Richard et moi n’y verrons aucun inconvénient, affirma-t elle alors.
— Je me moque de ce que pense Richard. C’est vous que je voulais prévenir.
— Comme c’est aimable de votre part, répliqua-t elle d’un ton acerbe.
— Une dernière chose, Sabina… C’est un très vieux château… et le parquet grince, si vous voyez ce que je veux dire.
Cette allusion directe la fit brusquement rougir. Il la mettait en garde contre d’éventuelles allées et venues nocturnes ! Prenant une large inspiration, elle répondit :
— Je suis certaine que je pourrai passer deux nuits seule. Enfin, Brice, n’ayez crainte, je saurai me conduire décemment !
Là-dessus, bouillonnant de colère, elle courut s’enfermer dans la cabine.
Comment osait-il formuler de telles insinuations alors qu’il ignorait tout de son style de vie ? Il ne savait pas qu’à Mayfair, Richard et elle occupaient des chambres séparées.

CHAPITRE 10



Comme Brice regrettait de ne pas avoir accepté la proposition de Richard — à savoir que ce dernier et Sabina se rendent en Ecosse par leurs propres moyens !
Avant d’entreprendre le voyage, il lui avait paru naturel qu’ils arrivent tous ensemble chez son grand-père et il leur avait proposé de les y conduire. D’autant plus naturel que Latham et Sabina ignoraient où se trouvait le château… et que lui-même souhaitait passer le plus de temps possible en compagnie de la jeune femme.
Hélas, il avait oublié qu’il devrait également subir la présence du fiancé — ce qui changeait considérablement les choses !
Manifestement, le couple ne ressentait pas son malaise et discutait en toute tranquillité à l’arrière du véhicule. Sabina et Richard Latham semblaient avoir à peine conscience de sa présence à l’avant. Ils le traitaient réellement comme… comme un vulgaire chauffeur !
— J’espère que je ne conduis pas trop vite, finit-il par dire en jetant un bref coup d’œil dans le rétroviseur — où il croisa le regard moqueur de Sabina.
Nul doute qu’elle devinait sa disposition d’esprit !
— Pas du tout, se chargea de répondre Latham. Nous étions en train de nous émerveiller sur le paysage. Il est réellement magnifique.
— Une excellente destination pour une lune de miel, déclara Brice, non sans ironie.
— C’est ce qu’ont dû penser le prince et la princesse de Galles, répondit Richard, car c’est ici qu’ils ont passé leur voyage de noces, si je me souviens bien.
— Effectivement, mais on ne peut pas dire que cela leur a porté chance, répliqua Brice d’un ton caustique.
— Pour notre lune de miel, précisa alors Richard, j’ai plutôt les Caraïbes en tête.
Cette remarque renforça la mauvaise humeur de Brice. Pourtant, un autre bref coup d’œil dans le rétroviseur lui permit de surprendre le regard étonné de Sabina : nul doute que c’était la première fois qu’elle entendait parler de ce voyage de noces !
Par conséquent, Richard avait évoqué les Caraïbes dans le seul but de le provoquer…
Voilà qui confirmait les soupçons de Brice concernant les changements de projet de Latham : s’il avait ajourné son voyage en Australie, c’était pour surveiller l’artiste et son modèle, bien conscient de l’intérêt marqué que ce premier portait à sa fiancée.
Parfait ! Ses moindres faits, ses moindres paroles allaient être retenus contre lui ! C’était charmant, vraiment ! Dans quel guêpier s’était-il mis ?
— Voilà la propriété de mon grand-père, annonça-t il d’un ton morne en s’engageant dans la voie bordée d’arbres qui menait au château.
Brice avait beau avoir passé toutes ses vacances chez son grand-père et considérer l’endroit comme sa deuxième demeure, il n’en était pas moins à chaque fois époustouflé par la beauté majestueuse de la bâtisse. Ses pierres patinées par le temps et ses tourelles romantiques qui semblaient caresser les nuages exerçaient toujours la même fascination sur lui.
— Ma fiancée va se prendre pour la châtelaine, plaisanta Richard quelques minutes plus tard, tandis qu’ils sortaient de la voiture et que Sabina affichait un visage réjoui et admiratif en contemplant les lieux.
— Hélas, fit Brice, je crains que la place ne soit déjà prise !
Là-dessus, il décocha un large sourire à Sabina… Le plaisir enfantin qui se lisait sur ses traits réchauffa son cœur.
— Peu importe ! assura Richard en passant un bras possessif autour de la taille de la jeune femme. Si tu désires un château, je t’en achèterai un !
Brice eut alors l’impression d’entendre un père promettre une bicyclette neuve à son enfant ! Il y avait de quoi être écœuré…
Eh bien, le week-end s’annonçait plus ardu que prévu ! pensa-t il, dans la mesure où chaque fois que le fiancé de Sabina ouvrait la bouche, il en concevait une profonde irritation.
Une irritation qui frisait la violence !
Il aurait été bien plus plaisant de se retrouver seul ici avec Sabina, de s’imprégner en tête à tête de la sérénité de l’environnement familial, de lui faire visiter les lieux, de lui montrer les rivières où autrefois il pêchait des truites avec ses cousins, de faire la course avec elle dans l’herbe folle…
— Ma famille possède ce château depuis des siècles, annonça-t il soudain avec hauteur.
— C’est vrai, intervint alors Sabina, une telle splendeur, on ne l’acquiert pas, on en hérite, c’est tout.
— A l’origine, ce n’est pas une construction commanditée par l’un de mes ancêtres, déclara Brice à la jeune femme sur le ton de la confidence, tandis que Latham regardait ailleurs, comme s’il ne prenait plus part à la conversation. Je pense que mes aïeux se sont approprié le château après l’avoir assiégé et tué le propriétaire !
— Les Ecossais sont d’un naturel bagarreur, n’est-ce pas ? observa alors insidieusement Richard.
Que croyait-il ? pensa Brice avec mépris. Qu’il allait le provoquer en duel pour les beaux yeux de Sabina ? Comme il se trompait ! Sabina était une femme indépendante — pas un objet de valeur dont on se disputait la possession.
— Et les Anglais passent pour des provocateurs, n’est-ce pas ?
C’était Hugh McDonald, le maître de céans, qui venait de proférer ces paroles. Son imposante silhouette se dessina soudain dans l’encadrement de la porte d’entrée.
— Grand-père ! s’écria Brice en se précipitant vers lui pour lui donner une accolade chaleureuse.
— Te voici enfin, mon garçon ! Je veux bien te pardonner de me faire dîner si tard, à condition que tu me présentes cette superbe jeune femme.
— Je m’appelle Sabina, répondit spontanément cette dernière en tendant la main à Hugh.
Dans sa veste cintrée en velours noir sur laquelle chatoyait la masse de sa chevelure dorée, elle avait l’air d’un ange. Elle ajouta alors dans un merveilleux sourire :
— Navrée, mais c’est à cause de moi que nous sommes en retard. Je n’arrivais pas à me décider sur le choix des vêtements à emporter !
Entièrement sous le charme, le grand-père de Brice retint un instant la main de Sabina dans la sienne avant de lui présenter son bras, en affirmant d’un ton fort galant :
— Quoi que vous portiez, je suis certain que vous êtes toujours ravissante.
A cet instant, Brice observa Latham à la dérobée. Nul doute que ce dernier appréciait peu la courtoisie du vieil homme ! pensa-t il, assez satisfait. S’arrachant à ses pensées, il décréta alors :
— Voulez-vous bien m’aider à porter les bagages, Latham ?
Là-dessus, il ouvrit le coffre de sa voiture et commença à décharger. Certes, son grand-père employait de nombreux domestiques, mais ils n’étaient pas à la disposition de Latham !
Après avoir déposé les valises dans les chambres respectives, les deux hommes rejoignirent Sabina et Hugh dans le salon. Brice s’immobilisa brusquement sur le seuil, étonné d’entendre Sabina rire. C’était presque un rire d’enfant, un rire complètement désinhibé.
— Que vous arrive-t il, McAllister ? demanda Richard en manquant de le bousculer.
Comment lui expliquer le spectacle merveilleux que représentait pour lui une Sabina aux joues roses et riant à gorge déployée ?
— Entrez, entrez, leur dit alors Hugh. Brice, rends-toi utile et sers un verre à nos invités.
Brice était habitué à ce que son grand-père le traitât comme un enfant de six ans. En revanche, il s’aperçut que cela surprenait… et amusait beaucoup Sabina, ainsi que l’indiquaient ses yeux et son sourire moqueur.
Elle paraissait si détendue ! Allons, pensa-t il, peut-être que ce week-end n’allait pas se révéler aussi désastreux qu’il l’avait craint durant le trajet.
— Que désirez-vous boire, Sabina ? demanda Brice en se dirigeant vers le bar qu’il inspecta minutieusement avant d’ajouter : nous avons en stock du vin rouge ou blanc, de la vodka, du gin ou encore du scotch.
En Ecosse, il était de bon ton de boire du scotch. Néanmoins, comme elle n’avait jamais aimé les alcools forts, elle opta pour un verre de vin blanc.
— N’est-ce pas splendide, ici ? demanda-t elle tranquillement à Richard en allant s’asseoir près de lui, sur le sofa.
— Splendide, oui, fit ce dernier sans le moindre enthousiasme.
Elle sourcilla. Etait-il possible que Richard n’aimât pas l’endroit ? Pour sa part, jamais elle n’avait vu pareille demeure. Tous les meubles étaient d’époque, de nombreuses armures étaient accrochées au mur, sans compter les épées et autres casques. Elle avait même entraperçu un canon sur l’un des paliers menant à un donjon. Comme dans un château de conte de fées !
— L’endroit est très isolé, reprit Richard à l’adresse de Brice qui lui tendait un verre de whisky. Et je présume que les notes de chauffage doivent représenter une fortune !
— Je vous concède que nous sommes loin de tout, intervint Hugh, mais cela présente un avantage : nous ne risquons pas d’être dérangés par les voisins ! Et si l’on regarde à la dépense en ce qui concerne le chauffage, il vaut mieux habiter ailleurs.
Une certaine tension flotta soudain dans l’air, ainsi que le constata tristement Sabina. Elle était certaine que Richard ne voulait pas froisser son hôte et pourtant ce dernier avait pris la mouche.
— Je croyais que nous serions cinq à dîner, ce soir, déclara Brice en louchant du côté de la table dressée pour quatre convives.
— Mon invitée n’arrivera que demain, répondit Hugh d’un ton morne.
— Je suis fort impatient de faire sa connaissance !
Qui était donc cette mystérieuse personne ? se demanda Sabina. Au ton de l’échange, elle comprit que Brice taquinait son grand-père. Elle s’abstint néanmoins de formuler la moindre question.
— Ai-je le temps de monter me rafraîchir un peu, avant que nous ne passions à table ? demanda-t elle alors.
— Assurément, Sabina ! concéda Hugh, décidément grand prince pour quelqu’un qui mourait de faim !
— Je vous accompagne pour vous montrer votre chambre, décréta immédiatement Brice.
Zut ! Elle aurait dû se douter que Brice sauterait sur la première occasion pour se retrouver seul avec elle !
Avant de quitter Londres, elle s’était fait le serment de passer le minimum de temps en tête à tête avec le peintre. Et voici que, quelques minutes à peine après leur arrivée, il l’entraînait déjà loin des autres !

-  Fais vite, Sabina, lui ordonna Richard. Nous avons suffisamment retardé le dîner de M. McDonald.
M. McDonald… Curieusement, Sabina n’avait éprouvé aucune difficulté à l’appeler Hugh lorsqu’il l’en avait priée, tout à l’heure. En revanche, il n’avait pas autorisé Richard à se montrer aussi familier à son égard.
— Prenez garde à l’étroitesse de l’escalier, l’avertit Brice tandis qu’elle s’élançait derrière lui.
De fait, l’escalier était rude et plusieurs fois, Sabina dut agripper la lourde corde qui servait de balustrade pour prendre les tournants. Elle avait littéralement l’impression d’avoir remonté le temps !
— Ici, c’est un monde bien différent de Londres, constata-t elle.
Se retournant brusquement, Brice annonça :
— Rassurez-vous, les parquets grincent, mais vous trouverez ici tout le confort moderne, si c’est ce qui vous inquiète.
Cette allusion directe à leur conversation de la veille la fit rougir. Elle préféra l’ignorer.
Brice s’effaça alors pour qu’elle entre dans la chambre qui lui était réservée. C’était la première fois qu’elle pénétrait dans une pièce circulaire. Les tons beige et mordoré prédominaient et prêtaient à l’endroit une lumière tamisée.
Ce qui l’intrigua le plus, c’étaient les oculus disséminés dans le mur. Elle alla vers chacun d’eux pour admirer le panorama que le voile de la nuit commençait à recouvrir : une forêt d’un côté, un lac de l’autre, ici un jardin clos, là des biches paissant tranquillement, à deux pas du château.
Elle était sous le charme !
— Si j’habitais ici, je ne voudrais jamais en partir, dit-elle alors d’un air rêveur.
— Si vous habitiez ici, moi non plus, répliqua-t il d’une voix rauque tout près d’elle.
Bien trop près d’elle ! songea-t elle en se retournant. Leurs poitrines se frôlaient presque. Elle retint son souffle…
Soudain, ce fut comme si le temps s’était arrêté dans la lumière du crépuscule.
Leurs regards restaient enchaînés l’un à l’autre ; les yeux couleur émeraude de Brice brillaient dans la pénombre, l’intimité de ses ultimes propos pesant lourdement entre eux.
Elle devait mettre un terme à cette situation, briser le charme… Hélas, elle se sentait hypnotisée, envoûtée par Brice et par l’environnement.
— Il vaut mieux que je rejoigne les autres, décréta-t il subitement, d’un ton presque bourru.
— Oui.
Néanmoins, ni l’un ni l’autre ne firent le moindre geste.
Elle vit alors un muscle de sa puissante mâchoire tressaillir, tandis qu’il continuait à la fixer avec une intensité incroyablement sensuelle. L’air était chargé d’électricité…
— Vous devriez vraiment redescendre, lui dit-elle, le souffle court.
— Oui…
Pourtant, encore une fois, il ne bougea pas d’un pouce, ne fit pas le moindre geste pour la toucher — ou pour s’éloigner.
— Sabina, reprit-il soudain d’une voix pleine d’émotion, je…
— Partez, Brice ! lui ordonna-t elle d’un ton suppliant. Partez, je vous en conjure.
— Entendu, je m’en vais, marmonna-t il avant d’ajouter d’une voix atone : à tout de suite, en bas.
Une fois qu’il eut disparu, elle demeura encore un bon moment immobile, toujours tétanisée… Mon Dieu, qu’était-il en train de lui arriver ?
Ou plus exactement que lui était-il arrivé ?
Elle était fiancée à Richard et savait infiniment gré à ce dernier de la protection qu’il lui apportait. Et voici qu’elle venait de faire une découverte qui menaçait de bouleverser ce bel équilibre…
Elle était tombée amoureuse de Brice McAllister !

 
 

 

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