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ÇáÊÓÌíá: Dec 2006
ÇáÚÖæíÉ: 20423
ÇáãÔÇÑßÇÊ: 668
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salut karam nous vous attendons

 
 

 

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ÇáÊÓÌíá: Jun 2006
ÇáÚÖæíÉ: 6447
ÇáãÔÇÑßÇÊ: 56
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mois je m'appel karima et d'ou maroc

 
 

 

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ÇáÊÓÌíá: Jun 2006
ÇáÚÖæíÉ: 6447
ÇáãÔÇÑßÇÊ: 56
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Chapitres : 2
Sheila acheva posément ce qu’elle était en train de faire. Ensuite seulement, elle se tourna vers l’infirmière qui venait d’entrer dans son cabinet.
Lisa avait l’air embarrassé, ce qui éveilla aussitôt son intérêt. Elle connaissait la jeune infirmière depuis suffisamment longtemps pour savoir qu’il en fallait beaucoup pour l’impressionner.
— Que se passe-t il, Lisa ?
— Il y a un homme dans la salle d’attente, répondit l’infirmière avec un regard indécis en direction de la patiente, sur la table d’examen. Il dit qu’il veut vous voir.
La chose en soi n’était pas inhabituelle.
— Sa femme est avec lui ? demanda Sheila.
— Non.
Sheila haussa les épaules.
— Il veut peut-être voir mon père. Ce n’aurait pas été la première fois qu’un patient se trompait de cabinet. Avec trois Drs Pollack dans le même hôpital, les erreurs étaient inévitables.
Lisa secoua la tête.
— Je lui ai posé la question. C’est bien vous qu’il veut voir.
Sheila n’était toujours pas surprise outre mesure. Cela arrivait parfois qu’elle eût à apaiser les craintes d’un futur papa. Tous n’accueillaient pas l’événement avec le même optimisme. Les maris étaient même parfois plus anxieux que leur femme à l’idée de l’accouchement. Si elle n’avait pas le temps de répondre à ses questions entre deux rendez-vous, elle le verrait en fin de journée.
« Enfin, si je tiens le coup jusque-là », pensa-t elle en caressant son ventre rebondi. Elle avait déjà eu une fausse alerte quelques jours auparavant. Mais aujourd’hui, les douleurs étaient plus fréquentes et plus intenses que jamais. Pas de doute : le dénouement était proche.
— Vous a-t il dit comment il s’appelle ?
— Non. Il m’a juste demandé de vous parler d’une maladie de cœur et d’une valse au clair de lune.
Retenant son souffle, Lisa guetta la réaction du médecin. Elle ne fut pas déçue. Sheila eut un hoquet de surprise et un sursaut qui lui fit bousculer le moniteur tout proche. Adressant à sa patiente un petit sourire crispé, elle murmura :
— Je n’en ai que pour une minute.
Et elle entraîna Lisa dans le couloir.
Non, ce ne pouvait être lui. Et pourtant, qui d’autre aurait pu faire allusion à une valse au clair de lune ?
Sheila regarda vers la salle d’attente, mais la porte de verre dépoli était close. Les silhouettes qu’elle aperçut au travers auraient pu appartenir à n’importe qui.
Slade.
Elle n’était pas prête à affronter les fantômes de son passé. Pas maintenant. Elle avait des patientes à recevoir, des inquiétudes à rassurer, des douleurs à soigner.
Elle agrippa Lisa par le bras.
— Ce mystérieux danseur, à quoi ressemble-t il ?
— Bel homme, répondit Lisa. L’air pas commode mais bel homme. Très bel homme, même.
— Un mètre quatre-vingt-cinq, yeux marron, cheveux châtain foncé, petit sourire en coin ?
Les yeux levés au plafond, Lisa réfléchit un bref instant.
— Je ne l’ai pas vu sourire, mais pour le reste, c’est ça.
« Vous ne l’avez pas vu sourire, songea Sheila. Vous ne connaissez pas votre chance ! »
Car ce sourire, plus que tout autre chose, avait causé sa perte, neuf mois auparavant. C’est à cause de ce singulier retroussement du coin des lèvres, à la fois ironique et charmeur, qu’elle avait oublié toute prudence pour devenir la Mme de Tourvel de ce nouveau Valmont.
Et, cependant, elle ne regrettait rien. Et elle s’apprêtait sereinement à accueillir et à chérir l’enfant qui avait été conçu au cours de cette nuit inoubliable, dont chaque détail parfait brillerait à jamais dans sa mémoire.
Lisa observait Sheila d’un œil inquiet.
— Docteur, vous vous sentez bien ? Vous êtes toute pâle.
— Je suis toujours toute pâle quand je suis sur le point de rencontrer un revenant, murmura Sheila.
Elle avait cru qu’elle ne le reverrait jamais, et maintenant, il était là, de l’autre côté de cette porte opaque. Alors, que faire ?
Sheila se raidit. Elle n’avait aucune raison de céder à la panique. Elle avait pris une décision sage, mûrement raisonnée, lorsque son univers avait été mis sens dessus dessous par la découverte de sa grossesse.
Jusque-là, la jeune femme n’avait jamais pensé à avoir un enfant. Sa propre enfance l’avait convaincue qu’une carrière professionnelle réussie ne laisse pas beaucoup de place à la vie de famille. Mais, lorsqu’elle s’était retrouvée à son tour sur la table d’examen, l’amour maternel qui s’était éveillé en son cœur avait été plus fort que tous les arguments raisonnables. Elle avait décidé de garder l’enfant, et était même résolue à l’élever seule, sans le soutien d’un mari ou d’un compagnon.
D’ailleurs, le père de son enfant était un homme qu’elle s’était convaincue de considérer comme son grand amour impossible. Leur unique nuit avait été trop parfaite pour risquer de tout gâcher par une deuxième rencontre. Et la révélation que leur union avait engendré un petit être risquait de tout compliquer.
Au cours de cette nuit incomparable, Sheila avait le sentiment d’avoir connu Slade autant qu’une femme peut connaître un homme. Elle savait qu’il était farouchement attaché à sa liberté. Et ni lui ni elle ne se laisseraient mettre un fil à la patte. Alors, un enfant !
Sachant cela, Sheila s’était abstenue de le chercher pour lui faire savoir qu’il allait être père. A quoi bon, en effet ? Le père est-il vraiment indispensable au bonheur d’un enfant ? Elle n’en était plus très sûre. Pour l’essentiel, elle se suffisait à elle-même. Et, en cas de besoin, elle pouvait toujours compter sur ses parents. Ils avaient accueilli la nouvelle avec l’enthousiasme et l’élégance suprême qu’ils mettaient en toute chose dans la vie. Certes, Théodore et Susan Pollack n’avaient pas toujours donné à leur fille unique une enfance paradisiaque, mais aujourd’hui ils la soutenaient, et c’était en partie grâce à eux que Sheila avait accepté d’aussi bonne grâce la situation.
Et maintenant, il était là, lui, dans la salle d’attente. A attendre.
Et elle était là, elle, avec dans son ventre, depuis neuf mois, un enfant de lui.
Pour ce qui était d’arriver comme un chien dans un jeu de quilles, Slade Garrett s’y entendait. Sheila fit la moue. Une patiente attendait dans son cabinet, trois autres dans les salles 2 et 3, et elle avait des rendez-vous toutes les demi-heures jusqu’à la fin de l’après-midi.
L’infirmière posa la main sur son bras.
— Je pourrais peut-être lui suggérer de revenir plus tard ? Proposa-t elle.
— Non, dites-lui seulement que je le verrai quand j’en aurai fini avec mes rendez-vous. Ne lui cachez pas que cela prendra quelque temps.
Des fois qu’il se lasse et s’en aille ! Après quoi, chacun de son côté, ils pourraient se remettre à dorloter leurs souvenirs de cette nuit sans pareille.
Trois heures plus tard, Sheila n’avait plus de patiente à examiner. Lisa l’avait informée que la salle d’attente, à part Slade, était vide.
— En êtes-vous sûre ?
— Sûre et certaine. Il n’y a plus que lui... et une pile de magazines en piteux état.
Qu’y avait-il donc entre le Dr Pollack et l’inconnu dans la salle d’attente ? L’infirmière se le demandait depuis le début, sans trouver de réponse, et soudain tout s’éclaira : c’était sans aucun doute le père de son bébé ! Il n’y avait pas d’autre explication possible. Elle n’avait jamais vu Sheila aussi bouleversée.
— Je peux toujours lui dire que vous avez été appelée à l’extérieur en urgence, proposa-t elle pour bien faire.
Sheila fut tentée d’acquiescer, puis y renonça. Il ne servait à rien de remettre à plus tard l’inévitable. Tôt ou tard, Slade apprendrait la vérité. Par exemple, lorsque le bébé s’inscrirait à l’université...
— Non, soupira Sheila. Faites-le entrer. Qu’on en finisse.
Plus lasse que jamais, elle passa dans son cabinet et s’assit derrière son bureau. Dommage qu’il n’ait pas été plus haut pour cacher son ventre. Slade Garrett allait tout de suite comprendre ce qui se passait. Seigneur, comme elle avait peur de le revoir.
L’homme avec lequel elle avait fait l’amour sur une plage de sable fin était paré, dans sa mémoire, de toutes les vertus d’un demi-dieu. Ah ! il avait tort d’insister pour se montrer, car il allait pâtir d’une brutale comparaison entre lui-même et sa légende ! Forcément. Et il ne serait pas le seul à y perdre. Elle aussi le décevrait.
Avec un nouveau soupir navré, elle se prépara à affronter le père de son enfant.
De son côté, Slade n’en pouvait plus d’attendre. Cela faisait une demi-heure qu’il était tombé en panne de journaux, et plus longtemps encore qu’il ne comprenait plus ce qu’il lisait. Il serait bientôt 18 h 30, aucune patiente ne viendrait plus.
La porte de verre dépoli s’ouvrit et Lisa parut. Slade se leva.
— Mon tour, Lisa ?
La jeune femme suffoqua. Il y avait quelque chose dans les yeux sombres de cet homme qui pouvait fasciner une femme au point de lui faire oublier de respirer. Après une seconde, elle hocha la tête.
— Oui, le docteur va vous recevoir.
— Très fair-play de sa part, dit-il avec un sourire.
Pourquoi n’était-il pas reparti une heure plus tôt ? Il n’en savait rien. La patience n’avait jamais été son fort. Attendre l’agaçait vite. Mais la curiosité l’avait rivé à son siège.
Il avait eu trois heures pour se demander si elle pourrait soutenir la comparaison avec l’image qu’il avait gardée d’elle. Sincèrement, il en doutait. Mais il fallait qu’il s’en assure. Aucune femme ne l’avait à ce point troublé, et il avait besoin de savoir si seules les circonstances inattendues et romantiques de leur idylle étaient responsables de son émoi.
Il suivit Lisa jusqu’à la dernière porte, au fond d’un petit couloir. L’infirmière s’effaça en marmonnant quelque chose qu’il ne comprit pas.
— Ah ! le saint des saints, murmura-t il. Enfin !
Elle était là, assise derrière un large bureau noir. La lumière crépusculaire qui baignait la pièce accentuait sa blondeur. Elle avait les mains à plat devant elle, comme une sage écolière qui attend le début de la leçon.
Et elle était aussi belle que dans son souvenir. Davantage, même.
— J’ai bien aimé votre salle d’attente, dit-il en la regardant droit dans les yeux. Un endroit charmant, on ne s’en lasse pas.
Sheila parvint à sourire. Il avait bronzé et ses cheveux, plus longs que cette nuit-là, passaient sur le col de sa chemise. Sa mémoire ne lui avait pas menti.
Il était aussi beau que dans son souvenir. Davantage, même.
— Vous aviez de la lecture. Tout sur le point de croix et la compote de pommes, cela a dû vous passionner, repartit-elle, sur le même ton désinvolte que lui. Comment allez-vous ?
Sans lui laisser le temps de répondre, elle écarta ses mains et se laissa glisser contre le dossier de son fauteuil, exposant son gros ventre.
Slade resta interdit... l’espace d’une fraction de seconde.
— Bien. Mais il faut préciser que c’est en grande partie grâce à un sniper serbe.
— Pardon ?
— Il m’a raté.
Sous son impassibilité apparente, Slade était au supplice. Dès qu’il avait vu le ventre rond de la jeune femme, une ardente jalousie avait commencé à lui consumer les entrailles. Par réflexe, il regarda l’annulaire gauche de Sheila. Pas d’alliance. Pas de bague de fiançailles. Mais peut-être le bouchon de carafe que lui avait offert l’heureux élu était-il trop gros pour qu’elle le porte pendant ses heures de travail ?
— Je pense que des félicitations s’imposent, enchaîna-t il.
Ainsi, depuis des mois, il se languissait pour une femme mariée enceinte jusqu’aux yeux ! Il avait l’air malin, à présent !
— A propos du bébé ? demanda-t elle d’une voix sourde.
— Et du mariage, pour commencer.
Sheila battit des paupières. De quoi parlait-il ? Elle leva un sourcil. Un sourire dansa sur ses lèvres.
— Quel mariage ?
— Le vôtre, pardi !
Une nuance de reproche altérait sa voix. Il n’en avait aucunement le droit, mais ne pouvait s’empêcher de se sentir trahi.
— Je me marie, moi ? rétorqua la jeune femme, interloquée.
Slade comprit alors sa méprise. On était à la fin du XXe siècle. Les us et coutumes traditionnels coexistaient avec des manières anticonformistes. Pourtant, il avait pensé que Sheila, médecin et membre du conseil d’administration d’un des meilleurs hôpitaux de l’Etat, se serait mariée avant d’avoir un enfant.
— Mais alors, vous n’êtes pas...
— Mariée ? Non.
Pour Slade, cela n’avait pas le moindre sens. A priori, il ne l’aurait pas rangée dans la catégorie des femmes pressées de faire un pied de nez à la société.
— Mais alors... comment ?
Sheila se rembrunit. Pas de doute possible, il la menait en bateau.
— Comment ? répéta-t elle en hochant la tête d’un air navré. Je m’étonne qu’un homme de votre âge ne le sache pas.
Slade la dévisagea longuement. Il porta la main à la poche de sa chemise... avant de se maudire, lui et toutes les feuilles de tabac qui avaient jamais mûri sous le soleil !
Soudain, sa pensée s’engagea dans une tout autre voie.
— Vous êtes enceinte de combien de mois ? demanda-t il d’une voix étouffée.
Ainsi, pensa Sheila, il commençait à comprendre.
— D’à peu près autant de temps qu’une femme peut l’être sans révolutionner l’obstétrique, répondit-elle avec un petit air pincé.
Cette conversation ne cesserait donc jamais ! Elle priait pour que le téléphone sonne.
— Neuf mois ?
Slade s’assit sur le bord du bureau. Il n’était plus du tout certain que ses jambes pouvaient le porter.
— Mais alors, ce bébé, c’est...
— Le vôtre, acheva Sheila.
Complètement abasourdi, Slade pâlit. Il avait l’air si désemparé que Sheila ne put s’empêcher de sourire.
— Eh bien ! s’exclama-t il d’une voix blanche. Pour un cadeau de bienvenue, c’est un cadeau de bienvenue !
Un bébé, elle allait avoir un bébé. Il allait avoir un bébé ! Enfin, façon de parler. Slade poussa un profond soupir.
— Vous n’avez pas l’air dans votre assiette, observa Sheila.
— Juste un petit peu dépassé par les événements, c’est tout.
Elle voulait bien le croire.
— Pas la peine de vous mettre martel en tête, dit-elle. Vous savez, les...
Il lui fit signe de se taire. Pour l’heure, une question plus urgente lui brûlait les lèvres.
— Pourquoi ne m’avez-vous rien dit ? demanda-t il, d’un ton dont la sécheresse choqua la jeune femme.
Elle haussa les épaules.
— Je ne savais pas où vous joindre. Et puis, je ne suis plus une petite fille et...
Il braqua ses yeux sur le ventre rond.
— Manifestement !
Toujours ce même ton âpre, de plus en plus difficile à supporter.
— Je suis capable d’élever toute seule un enfant, lança-t elle.
Ainsi, Sheila était une adepte du mouvement de libération des femmes ? Il ne l’aurait jamais imaginé.
— Mais c’est le mien ! s’exclama-t il, sur un ton presque dubitatif.
Vu les circonstances, Sheila était capable de concevoir qu’il ait des doutes sur sa paternité. Pourtant, une douleur sourde lui serra le cœur.
— Je viens de vous le dire.
— Vous êtes sûre ?
Sheila aurait pu se vexer, mais elle fit un effort pour rester calme et mesurée.
— Slade, ce que j’ai fait avec vous, je ne l’ai pas fait deux fois dans ma vie. Il faut croire que j’étais dans un soir de faiblesse ou que votre pouvoir de séduction est hors du commun.
— Mais j’avais mis...
Oui, même dans l’ardeur du moment, ils avaient pris leurs précautions. C’était le côté ironique de la chose. Avec un haussement d’épaules fataliste, Sheila se leva et porta la main à ses reins.
— Ce sont des choses qui arrivent. C’est votre enfant, croyez-moi.
Et il la crut. Non qu’il en eût très envie, mais il lisait dans ses yeux qu’elle disait la vérité.
— Dans ce cas, épousez-moi.
Sheila éclata d’un rire nerveux.
— Pardon ? s’exclama-t elle.
— Epousez-moi. Puisque c’est mon bébé, j’ai des responsabilités envers lui. Je veux vous épouser.
Ainsi, un globe-trotter, un aventurier intrépide comme Slade songeait à se marier ? Mais pour qui se prenait-il ? On ne décide pas de l’avenir de trois personnes aussi cavalièrement !
— La seule bonne raison pour laquelle je n’ai pas essayé de vous joindre, Slade, c’est justement que je n’ai que faire de votre sens des responsabilités. Je suis tout à fait capable d’assumer seule l’éducation de cet enfant.
— Mais il est à moi ! J’ai mon mot à dire. Sheila croisa les bras sur son ventre.
— Et quel est-il, ce mot ?
Il croyait l’avoir déjà prononcé une fois.
— Mariage, répéta-t il avec emphase. Un enfant mérite une famille.
Un père, une mère et un bébé ne faisaient pas nécessairement une famille. Sheila était bien placée pour le savoir.
— S’il veut une famille, il en fondera une quand il sera grand.
— Il ?
— Ou elle. Je ne sais pas ce que ce sera. Je préfère avoir la surprise.
Pour ce qui était des surprises, Slade avait déjà eu son compte ! A moins qu’une soucoupe volante remplie de Martiens ne se pose dans son jardin, ce qui s’était passé aujourd’hui resterait à jamais la surprise de sa vie.
— Nous devons en discuter.
Les douleurs étaient de plus en plus vives et Sheila savait exactement ce qui se passait. Elle allait accoucher d’un instant à l’autre. Il fallait que Slade s’en aille.
— Pour l’heure, je ne vois rien d’autre à vous dire. Si vous voulez bien m’excuser.
Elle le prit par le bras et le poussa dehors.
— Mais...
Sheila referma la porte. En poussant un soupir saccadé, elle s’adossa au mur et compta. Pas d’erreur, elle était en travail. Pour de bon, cette fois-ci

 
 

 

ÚÑÖ ÇáÈæã ÕæÑ karam   ÑÏ ãÚ ÇÞÊÈÇÓ
ÞÏíã 10-01-07, 08:58 PM   ÇáãÔÇÑßÉ ÑÞã: 14
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ÇáÈíÇäÇÊ
ÇáÊÓÌíá: Jun 2006
ÇáÚÖæíÉ: 6447
ÇáãÔÇÑßÇÊ: 56
ÇáÌäÓ ÃäËì
ãÚÏá ÇáÊÞííã: karam ÚÖæ ÈÍÇÌå Çáì ÊÍÓíä æÖÚå
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Chapitres : 3


Les contractions se succédaient avec force et régularité. Rien à voir avec la fausse alerte de la semaine dernière.
Sheila regarda vers la porte. La tentation était grande de courir après Slade. Mais non, elle n’avait aucune raison de revenir sur son premier mouvement. Elle achèverait seule ce qu’elle avait commencé seule.
La contraction qui suivit lui coupa le souffle. Elle dut attendre un instant avant d’avoir de nouveau la force de marcher. Elle s’approcha alors du bureau et décrocha le téléphone pour appeler la maternité, à l’étage en dessous. La secrétaire décrocha à la première sonnerie et débita son refrain d’une voix chantante et sans reprendre haleine.
— Admission-maternité-Rosa-Martinez- bonjour.
— Dr Sheila Pollack. Je pense que le moment est venu pour moi d’utiliser la chambre que j’ai réservée.
A l’autre bout du fil, elle entendit cliqueter un clavier d’ordinateur. Rosa devait être en train de sortir son dossier.
— Maintenant, docteur ?
— Maintenant.
Machinalement, Sheila porta la main à son ventre, comme si cela pouvait la soulager. Ainsi donc, c’était ça, les affres de l’enfantement. « Les hommes ne perdent pas grand-chose à ne pas les connaître ! » pensa-t elle.
— Le temps de me traîner jusqu’à l’ascenseur et j’arrive, reprit-elle.
— Nous vous attendons, conclut Rosa.
Avec une grimace de douleur, Sheila raccrocha. Elle ne se rendit pas compte que la porte s’ouvrait derrière elle.
Slade revenait. D’instinct, comme chaque fois qu’il avait une décision grave à prendre et qu’il n’y voyait pas clair, il avait rebroussé chemin.
— Ecoutez, dit-il dans son dos, je ne suis pas homme à me *******er d’un refus. Je veux que ce bébé ait un nom.
— Il en aura un, répondit Sheila, les dents serrées. Le mien.
Slade s’approcha et lui fit face.
— Je veux vous épouser, Sheila. Je veux vous épouser avant la naissance du bébé.
Elle était très pâle et des perles de sueur constellaient son front. Aussitôt, il la prit par les épaules, comme s’il craignait qu’elle ne s’écroule devant lui.
— Vous... vous allez accoucher !
— J’en ai peur, Slade. Un nouvel éclair de douleur lui arracha une plainte.
Slade s’était déjà trouvé plus d’une fois dans des situations délicates. Mais il n’avait jamais été confronté à ce genre de situation. Au bord de l’affolement, il s’efforça de rester calme.
— Raison de plus pour nous hâter de réparer, dit-il. Je refuse que cet enfant naisse comme il a été conçu.
— C’est-à-dire ?
— Dans le péché, répondit Slade, mi-figue mi-raisin.
Sheila, les yeux au ciel, essaya de faire un pas vers la porte, mais ses jambes refusèrent de coopérer. Profitant de la situation, Slade la prit par la taille.
— Allons-y.
— Où ça ?
— A la maternité, voyons ! Vous allez avoir un bébé, non ?
— Merci de me le rappeler ! lança Sheila d’un ton pincé.
Slade chercha son sac des yeux. Ne le voyant pas tout de suite, il renonça. A la maternité, tout le monde la connaissait, et pour cause ! Les infirmières régleraient plus tard les petits détails administratifs.
— Etes-vous toujours aussi susceptible ?
— Seulement quand je suis sur le point d’ac...
Une grimace de douleur l’empêcha d’achever sa phrase. Elle se serait pliée en deux si son amour-propre ne le lui avait interdit. Avec le soutien de Slade, elle sortit dans le couloir. Lisa se précipita à leur rencontre. Un seul coup d’œil avait suffi à lui faire comprendre que l’instant était grave.
— Docteur, vous ne vous sentez pas bien ?
— Si, si, répondit Sheila, très pince-sans-rire malgré sa petite mine. Comme je ne cesse de le répéter à mes patientes : avoir un bébé n’est pas une maladie.
— Vous pensez que le bébé arrive ? demanda Lisa.
Sheila confirma d’un battement de paupières.
— Mais avant, nous allons nous marier, dit Slade.
Les yeux agrandis par la stupeur, Lisa se tourna vers Sheila.
— Docteur ?
— Ne vous en faites pas, je suis assez grande pour me débrouiller seule.
Il fut clair pour tout le monde qu’elle faisait davantage allusion à Slade qu’à son état.
— J’ai appelé la maternité, ils m’attendent, reprit-elle. S’il vous plaît, appelez le Dr Kelly pour lui demander de me réserver sa soirée.
Lisa se hâta de retourner à son bureau pour téléphoner.
— Efficace, même quand elle souffre, commenta Slade. Et sans rien perdre de son sens de l’humour ! Vous êtes admirable.
Sheila ne répondit rien. L’ascenseur n’était qu’à quelques dizaines de mètres, mais jamais le trajet ne lui avait paru aussi long. Lorsqu’ils y arrivèrent enfin, elle lui lança un regard soupçonneux.
— Vous n’avez tout de même pas l’intention de m’emmener de force jusqu’à l’église la plus proche ? demanda-t elle.
Slade appuya sur le bouton d’appel de l’ascenseur.
— Non, mais il y a une chapelle ici même. Et qui dit chapelle dit aumônier.
Les soupçons, dans les yeux de Sheila, cédèrent la place à la panique.
— Je l’ai interviewé l’an passé, continua Slade.
— Le brave homme, murmura Sheila dans un sarcasme.
Et l’ascenseur qui n’arrivait pas ! En l’attendant, elle devenait de plus en plus grave et sombre. Après tout, que savait-elle de Slade ? Il lui avait peut-être menti. Et si ce n’était qu’un mythomane, un fou, un maniaque ?
— Vous ne pouvez pas me contraindre à vous épouser, dit-elle pour se rassurer.
Il posa sur elle un regard indéchiffrable.
— Vous contraindre ? Je n’y ai jamais songé. J’ai seulement cru qu’en faisant appel à votre bon sens...
La formule ne devait pas être très bien choisie car Sheila éclata de rire.
— Si j’avais du bon sens, Garrett, je ne serais jamais allée danser avec vous au clair de lune !
Quoi qu’elle en dise, elle n’arrivait pas à se convaincre de regretter ni cette fameuse nuit ni rien de ce qui en avait résulté. La bouche incurvée dans un demi-sourire, elle le regarda droit dans les yeux.
— J’ai fini avec du sable dans mes chaussures... entre autres choses !
— Cela s’appelle se tricoter des souvenirs.
— Tricoter, vous dites ?
— Oui, parce qu’ils sont destinés à nous tenir chaud pendant l’hiver de nos vies.
Poétique... et vrai, songea Sheila. Mais en convenir n’aurait réussi qu’à apporter de l’eau au moulin de Slade. Et, quant à l’épouser, pas question. Même si une moitié d’elle-même était tentée d’accepter, elle était convaincue que ce serait une irrémédiable bêtise.
Les douleurs avaient repris. C’était à peine si elle sentait le contact du sol sous ses pieds. Et cet ascenseur qui ne venait toujours pas ! Les brancardiers des urgences, au rez-de-chaussée, avaient dû bloquer les portes, comme cela arrivait souvent.
— Je n’ai pas l’intention de commettre une seconde erreur sous pré********************************e de corriger la première, dit-elle.
Slade s’empourpra.
— Un bébé, vous appelez ça une erreur, vous !
— Ce n’est pas ce que je voulais dire, se défendit Sheila.
— Alors, que vouliez-vous dire ?
— Qu’il y a neuf mois, le moment et le lieu étaient mal choisis pour fonder une famille. Et qu’aujourd’hui, c’est pareil.
Si elle était la même que neuf mois auparavant, pas lui ! Slade s’aperçut que son séjour en Bosnie l’avait beaucoup changé. Depuis cette mission, il ne concevait plus la vie de la même manière. Ce qui, jusqu’ici, lui avait paru de première importance glissait au second plan et inversement. Un nouveau système de valeurs remplaçait l’ancien. Prêt à brûler ce qu’il avait adoré et à adorer ce qu’il avait brûlé, il était mûr pour une conversion.
Pendant ces neuf derniers mois, il n’avait vu que guerres, famines, épidémies. Ou qu’il soit allé, il avait été confronté à la mort, à la souffrance, à la folie. Il s’était alors aperçu qu’il lui restait une foule de choses à faire. Des choses toutes petites et précieuses. Des choses idiotes et douces. Des choses qu’il ne voulait pas mourir sans avoir connues.
Il voulait se réveiller tous les matins à côté de la même femme, année après année, jusqu’à ce que la mort les sépare. Il voulait se regarder vieillir sans nostalgie ni crainte à mesure que grandiraient ses enfants.
Et il était là, près de la femme qui attendait son enfant, comme si les dieux avaient lu dans ses pensées.
En y réfléchissant, Slade se rendait compte qu’il était las de son rôle de témoin désenchanté. Il se sentait prêt à vivre pour lui-même désormais, et rêvait de profiter d’une vie quotidienne sans heurts.
Sheila lui en donnait enfin la possibilité. Un vrai don du ciel ! Comment aurait-il pu passer à côté d’un bonheur aussi complet, aussi parfait, aussi inespéré ?
— Vous devez donner un nom à ce bébé, dit-il avec force.
Sheila entrouvrit les lèvres pour répliquer mais il fut plus rapide.
— Un nom décent.
— Décent ? Répéta-t elle d’une voix sans timbre. Avez-vous jamais pris la peine de regarder la date des journaux dans lesquels paraissent vos articles ? Nous sommes en 1996. La société a évolué, Slade.
— Ah oui ?
Il ricana. Ces histoires de mentalités qui changent à la vitesse de la lumière l’avaient toujours diverti. A lire les écrivains de l’Antiquité, chacun voit bien que les gens sont restés les mêmes pendant vingt-cinq siècles. Et soudain, en cinq ou dix ans, ils auraient changé du tout au tout ? Balivernes ! Les vieux préjugés ont la vie dure. Et Slade voulait épargner à son enfant de vivre sans père.
Ils avaient fait l’amour cette fameuse nuit, mais avaient parlé aussi. De leur liberté, qu’ils avaient prétendu placer au-dessus de tout. De la tranquillité d’esprit, qui vaudra toujours mieux que les affres de la passion. Des plaisirs de l’amour, qui sont la seule vérité, et de l’amour, qui est le seul mensonge.
Discussion très divertissante sur le moment.
Et très creuse, comme Slade s’en apercevait à présent.
— Ainsi, vous pensez que les mères sans mari et les enfants sans père sont les plus heureux ? Sincèrement ?
Sheila se tut. Elle s’entêta dans le silence.
— Je ne suis pas sûr que vos patientes apprécient que leur gynécologue ne soit pas mariée.
Ce discours moralisateur agaça la jeune femme au plus haut point.
— Tout ce que je dois à mes patientes, c’est mon savoir-faire. Et, à l’occasion, mon oreille pour leurs confidences et mon épaule pour qu’elles y pleurent.
L’ascenseur arriva enfin.
— Et au bébé ? Insista Slade. Que lui devez-vous, à lui ?
— De l’amour.
— Une mère aimante, très bien. Une mère aimante et responsable, c’est mieux.
Sheila aurait éclaté de rire si elle en avait eu la force. De telles paroles étaient risibles dans la bouche d’un homme qui avait juré qu’il ne détestait rien tant qu’un fil à la patte !
— Et je ferais montre de mon sens des responsabilités en vous épousant ?
— Evidemment ! Qu’ai-je donc de si déplaisant ?
— Rien.
Comme amant, il était parfait. Mais on n’épouse pas un homme parce qu’il est expert aux jeux de l’amour.
— Le problème, c’est que je ne vois également rien en vous qui me plaise, ajouta-t elle.
— Vous aurez tout le loisir de découvrir mes bons côtés après la cérémonie, répliqua Slade du tac au tac
Cette simple affirmation laissa Sheila sans voix quelques secondes.
— Garrett, murmura-t elle enfin, il ne va pas y avoir de cérémonie.
Ils arrivaient à l’étage du dessous.
— Le mariage est une institution périmée, reprit Sheila. Je n’y crois pas.
Slade ne pouvait pas lui en vouloir de penser ainsi. Le mariage est un acte difficile, une sorte de plongeon dans l’inconnu.
— Eh bien moi, j’y crois, affirma-t il en aidant Sheila à sortir de l’ascenseur. Allons, docteur, qu’avez-vous fait de votre sens de l’aventure ?
Sheila porta les deux mains à son ventre. Les douleurs devenaient intolérables.
— Il est occupé ailleurs pour le moment, répondit-elle.
Soudain, Slade aperçut toute l’ironie de la situation. Il dépensait des trésors d’éloquence pour se faire passer la corde au cou !
— Sheila, écoutez, dit-il. Je ne veux pas que mon enfant naisse avec la même blessure que moi.
— Blessure ? Répéta Sheila, sans comprendre.
Slade opina de la tête.
— Je suis un enfant illégitime, dit-il d’une voix sourde.
— La belle affaire ! Repartit Sheila. Vous y avez survécu, non ?
— Peut-être, mais je ne veux pas que mon enfant porte l’épouvantable fardeau de l’illégitimité. Non, je ne veux pas qu’il entende sa mère se faire traiter de fille mère. Ce sont des mots qui résonnent à vos oreilles toute votre vie. Je refuse qu’il grandisse en se demandant pourquoi il est différent des autres, et ce qu’il peut bien avoir fait de mal pour que son père le renie. Je ne veux pas qu’il se convainque un jour que sa naissance a été le plus grand malheur dans la vie de sa mère. Parce que cela, figurez-vous, c’est l’histoire de ma vie, et je ne souhaiterais pas la même chose à mon pire ennemi...
La compassion avait remplacé l’ironie dans les yeux de Sheila, et Slade décida d’enfoncer le clou.
— Une femme trouvera toujours des arguments pour se justifier. Mais l’enfant, tout ce qu’il veut, c’est un père pour le défendre contre les fantômes qui l’assaillent. Et moi, continua-t il, de plus en plus emporté, de plus en plus persuasif, moi, je veux être là pour le défendre contre les fantômes ! Je veux faire partie de sa vie. Et de la vôtre.
Il lui darda un sourire désarmant et murmura :
— Cette soirée était si merveilleuse... Sheila inclina tristement la tête sur le côté.
— Nous n’avons eu qu’une nuit, soupira-t elle.
A son cœur défendant, elle était pourtant de plus en plus nostalgique.
— Oui, et regardez ce que nous avons accompli, répliqua Slade en posant un regard attendri sur son ventre arrondi. Songez à ce que nous pourrons faire, avec tout l’avenir devant nous.
Les gens les regardèrent avec bienveillance lorsqu’ils entrèrent dans la maternité, Sheila appuyée sur le bras de Slade. La réceptionniste leur recommanda d’aller tout droit aux admissions.
— Ils ont un fauteuil roulant qui vous attend, dit-elle à Sheila.
— Epousez-moi, lui chuchota Slade à l’oreille. Essayons. Si cela ne marche pas, le divorce existe. Mais qu’au moins notre enfant puisse naître, si j’ose dire, la tête haute. Faisons en sorte qu’il ait une maman et un papa.
Sheila subissait son charme, exactement comme cette fameuse nuit.
— C’est insensé, dit-elle à mi-voix, davantage pour elle-même que pour lui.
Il éclata de rire.
— Mais non ! C’est le monde qui est fou. Ce qui se passe entre nous est la chose la plus normale et la plus sensée que j’aie vue depuis neuf mois !
Sheila se mordilla les lèvres.
— Mettons que je dise oui...
A ces mots, Slade l’embrassa à pleine bouche. Surprise, Sheila se laissa faire. Après quoi, tout étourdie, elle reprit son souffle avec difficulté. Il avait réussi à lui troubler l’esprit davantage encore que les contractions.
— Si je dis oui, répéta-t elle d’une voix mal assurée, il faut que vous sachiez que ce sera temporaire. Je veux bien vous épouser pour que le bébé ait un nom, rien de plus.
Ils marchaient lentement vers les admissions.
— D’accord. Mais même une banale télévision est garantie un an.
Sheila fit la moue.
— Je ne vous suis pas.
— Eh bien, expliqua Slade, je vous demande de patienter au moins un an avant de décréter que notre mariage ne marche pas.
Sheila se dit qu’il fallait qu’elle soit folle pour accepter d’écouter une proposition aussi aberrante.
— Je ne... euh, je ne sais pas si..., balbutia-t elle.
Slade accrocha son regard et lui pressa l’épaule.
— Pensez au bébé, dit-il.
Là, il plaisantait, fatalement.
— Penser au bébé ! s’exclama-t elle. Et comment pourrais-je penser à autre chose, avec les coups de pied qu’il me donne !
Slade sentit que Sheila se raidissait dans ses bras. Démuni, il chercha du regard quelqu’un pour les secourir. Par bonheur, une femme en blanc venait à leur rencontre en poussant un fauteuil roulant.
Il embrassa Sheila sur le front.
— Tenez bon, dit-il.
Elle hocha la tête.
— Je vais essayer.
« Tant d’autres y sont arrivées avant moi », songea-t elle au même moment.
— Je reviens avec le père Cullum.
— Mon nom est Rosa, dit l’infirmière qui poussait le fauteuil roulant. Tout est prêt. Le Dr Kelly est prévenu.
Sheila s’installa dans le fauteuil.
— Vous parliez du père Cullum, reprit Rosa en se tournant vers Slade. Il est au troisième étage. Mais le Dr Pollack n’est pas à l’article de la mort, que je sache ! Elle va juste avoir un bébé.
Slade éclata de rire et s’éloigna. Ecroulée contre le dossier du fauteuil, Sheila lui fit un petit signe de la main.
— Allez le chercher si vous voulez, murmura-t elle. Mais je ne promets rien.

 
 

 

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Chapitres : 4

— Père Cullum ?
Slade frappa une fois, puis entrouvrit la porte et jeta un coup d’œil dans la chambre. L’infirmière lui avait dit que l’aumônier était soit à la 324 soit à la 326. Slade le trouva du premier coup. La chance continuait de lui sourire.
L’homme en noir s’illumina en le reconnaissant.
— Slade, comment vas-tu, mon garçon ?
— Cela dépendra de vous.
Slade regarda le jeune homme allongé dans le lit. Il n’avait pas l’air mal en point.
— Je vous le vole, d’accord ? Sans attendre de réponse, il prit le prêtre par le bras et l’entraîna dans le couloir.
Le père Jon Cullum était un colosse au teint rosé, aux yeux bleus délavés et aux cheveux argentés. Slade l’avait connu à l’occasion d’une série d’articles qu’il avait écrits sur les sentiments de la communauté catholique d’origine irlandaise vis-à-vis des troubles en Ulster. Pendant l’interview, les deux hommes avaient sympathisé.
— Quelque chose ne va pas ? demanda le père.
— Je vous expliquerai en route, répondit Slade en le guidant vers l’ascenseur.
Le père Cullum lui lança un regard interloqué.
— En route pour où ?
— Le septième étage. Où va avoir lieu mon mariage. Enfin, j’espère...
L’ascenseur, pour une fois, arriva vite et les deux hommes y montèrent. Slade appuya sur le bouton du septième.
— Tu te maries ? demanda le bon curé.
— Si vous voulez bien me faire l’honneur de m’y aider, oui.
— Serait-ce un effet de ta bonté de me redire tout cela lentement ?
— Je vais être père, mon père.
Le curé sourit à cette phrase qui sonnait bizarrement.
— Il y a une demi-heure, je l’ignorais encore, enchaîna Slade. Mais je tiens à épouser la future maman.
Il poussa un soupir accablé. Son discours devait paraître insensé, il était le premier à s’en rendre compte. Il savait pourtant qu’il avait raison d’agir ainsi. Son instinct le lui commandait.
— Elle est sur le point d’accoucher, reprit-il.
Ses yeux accrochèrent ceux du prêtre.
— Vous voulez bien, mon père ?
Habituellement, un mariage se préparait, et le père Cullum savait que ses supérieurs auraient tout de suite dit non. Il aimait toutefois à se considérer comme progressiste.
Les portes du septième étage s’ouvrirent et les deux hommes sortirent sur le palier. Lorsque Slade voulut l’entraîner dans le couloir, le père Cullum lui signifia qu’il devait lui en dire davantage avant d’aller plus loin.
— Slade, es-tu certain que c’est ce que tu veux ? As-tu bien réfléchi ? demanda-t il.
Slade devait savoir que le mariage est une affaire grave, un engagement solennel, mais il ne semblait pas dans son état normal, aujourd’hui.
— Sais-tu bien à quoi tu t’engages ?
Slade savait. Ou croyait savoir. Il hocha la tête.
— Parfois, mon père, il faut écouter ses tripes.
Un sourire indulgent passa sur les lèvres du prêtre.
— Oui, mais ce ne sont pas seulement tes tripes qui se marient. Et puis, il me faut des ************************************************************ ****s officiels. Un certificat de mariage que je puisse remplir, les résultats de l’analyse de sang.
Broutilles que tout cela, songea Slade.
— On verra les détails plus tard, dit-il.
Le père Cullum fronça ses sourcils broussailleux et blancs.
— Tu aurais pu y penser avant.
— Avant, je ne savais pas, répliqua Slade en se passant nerveusement une main dans les cheveux.
— Elle ne t’avait rien dit ?
Slade secoua la tête avec énergie.
— Rien de rien. C’est une têtue.
— Je vois, fit le prêtre.
Il voyait ! Slade poussa un soupir de soulagement. On était sur la bonne voie.
— Elle est fière, mon père, mais moi aussi, je suis fier. Fier de cet enfant que nous allons avoir. Un enfant à qui je veux donner mon nom.
Il posa une main sur l’avant-bras du colosse.
— L’analyse de sang, la paperasserie, je pourrais les avoir, mais ce serait trop tard. Le bébé est en train de naître. C’est maintenant qu’il a besoin d’un nom.
Tout doucement, il reprit sa marche, entraînant à sa suite le père Cullum. D’après sa mine, le prêtre était déjà plus qu’à demi convaincu.
— Eh bien, c’est contraire à tous les règlements.
Slade décida de jouer son va-tout.
— Je sais que nous pourrions nous marier seuls... mais j’aimerais quand même mieux recevoir votre bénédiction.
Le prêtre entendait déjà les remontrances de son évêque. Et de l’autre oreille, il entendait l’appel du bébé. Une petite âme toute neuve qui avait besoin de son aide.
— Pour les ************************************************************ ****s légaux...
— Nous verrons cela plus tard, acheva Slade.
Le prêtre sourit, vaincu.
— Eh bien, soit. Je suppose que c’est ce qui s’appelle un cas de force majeure.
Slade sauta de joie.
— Oh, pour ça, oui !
Le père Cullum le dévisagea.
— Et la jeune femme, elle est consentante ?
Slade pensa que, étant donné les circonstances, il était excusable de prendre quelques libertés avec la vérité.
— Elle m’a dit d’aller vous chercher.
Le père Cullum posa une main sur son épaule.
— Les choses étaient bien différentes de mon temps, dit-il avec bonhomie. Les jeunes gens se mariaient d’abord et faisaient des enfants ensuite, pas le contraire.
Il eut l’air de s’apprêter à raconter une longue histoire. Mais le temps était précieux. L’accouchement pouvait prendre quelques minutes comme des heures.
— Mon père, dit Slade, je propose que nous nous dépêchions.
Le prêtre rit sous cape mais accéléra le pas.
— La précipitation ! Voilà ton problème, dit-il. Tu n’en serais pas là si tu ne t’étais pas tellement dépêché. Mais tu as raison, ajouta-t il, devant le regard appréhensif que lui lança Slade, le moment est mal choisi pour un sermon
Il n’y avait qu’une infirmière dans la salle de garde de la maternité. Elle se leva de son siège à leur approche et ouvrit des yeux ronds à la vue du prêtre.
— Où est le Dr Pollack ? demanda Slade.
— 720, répondit la jeune femme.
La mine grave, les deux hommes partirent vers la chambre indiquée. L’infirmière trottinait sur leurs talons.
— Messieurs, j’espère qu’il n’y a rien de grave, dit-elle d’une voix essoufflée. Personne ne m’a dit qu’on avait besoin d’un prêtre.
— Simple précaution, répondit Slade.
L’infirmière cessa de les suivre mais ses inquiétudes n’étaient toujours pas apaisées.
— Monsieur ! lança-t elle. Les amis ne sont pas admis dans le service. Il y a une salle d’attente.
— Je ne suis pas un ami, répondit Slade, par-dessus son épaule.
Et puisque ce ne serait bientôt plus un secret pour personne, il précisa :
— Je suis le père de l’enfant. Dans son dos, la nouvelle fut accueillie avec un cri de stupeur.
Arrivé devant la porte de la chambre 720, le père Cullum hésita. Il n’avait encore jamais assisté à un accouchement.
— Je ne sais pas s’il est convenable que...
Pour Slade, de telles délicatesses n’aient pas cours en un pareil moment.
— Bien sûr que si ! Trancha-t il. Après ce que vous devez avoir entendu à confesse.
D’une main ferme, il fit entrer le prêtre dans la chambre. Sheila était allongée sur un lit étroit, agrippée à la tête du lit. Son visage était trempé de sueur. Chaque muscle de son corps était tendu à craquer.
A ce spectacle, le cœur de Slade se gonfla de tendresse.
— Sheila ?
Quand la contraction prit fin, la jeune femme retomba mollement sur le matelas, épuisée. Dire qu’elle avait assisté à cela si souvent en tant que médecin ! Jamais elle n’avait soupçonné l’intensité des souffrances qu’enduraient ses patientes.
Elle rouvrit les yeux et fut heureuse de découvrir Slade à son chevet.
— Vous voici, soupira-t elle. Je croyais que vous aviez changé d’avis.
— Aucune chance, ma jolie !
Il lui prit la main.
— Mon père, je vous présente le Dr Sheila Pollack. La mère de mon enfant.
Le père Cullum serra la main de Sheila.
— Slade me dit que vous voulez vous marier, dit-il.
Elle souffrait, certes, mais pas au point de laisser s’installer un malentendu.
— C’est son idée, mon père, murmura-t elle.
Le prêtre perçut clairement sa réticence. Il n’était pas du genre à forcer la main à quiconque, mais ne vit pas d’inconvénients à rappeler quelques-unes des vérités qui étaient chères à son cœur.
— Avoir ses deux parents à ses côtés est un grand avantage pour un enfant, dit-il. Quand on peut choisir, il ne faut pas l’en priver.
Sheila sourit et lança un coup d’œil vers Slade avant de répondre.
— Il vous a tout raconté, n’est-ce pas ?
— Pas tout, répondit le père Cullum avec une moue facétieuse. Soyez tranquille, il n’a pas soulevé le voile sur certains détails qui doivent demeurer un secret entre vous et lui. Maintenant, madame, si j’ai bien compris, ces justes noces sont également votre désir ?
Par la tournure de sa question, il suggérait que la bonne réponse, selon lui, était oui. Depuis qu’il avait franchi le seuil de la chambre, le père Cullum s’était peu à peu convaincu que la Providence l’avait choisi pour unir ces deux êtres.
Sheila était épuisée. Elle n’avait plus la force de discuter. D’ailleurs, les arguments de Slade n’étaient peut-être pas si absurdes que cela, après tout. De plus, elle n’avait oublié ni cette merveilleuse nuit sur la plage ni l’homme qui avait décroché les étoiles et arrêté le cours du temps pour elle.
— Oui, répondit-elle d’une voix sifflante, au moment où une nouvelle contraction se déclenchait.
Un cri de douleur s’échappa de sa mâchoire serrée. Voyant cela, le père Cullum se hâta d’ouvrir son livre de prières, plus par habitude que par besoin, car il connaissait les formules par cœur. Depuis plus de trente ans qu’il officiait, on aurait pu remplir un grand théâtre avec tous les couples qu’il avait mariés !
— Dans ce cas, je pense que nous aurions intérêt à nous dépêcher d’en finir, dit-il.
Slade prit la main de Sheila dans la sienne.
— La version abrégée, mon père, s’il vous plaît.
Sheila se crispa.
— On y va, dit encore Slade.
En secret, le père Cullum eut une pensée pour son évêque, espérant que le vieux prélat serait dans un bon jour lorsqu’il entendrait parler de cette histoire.
— Sheila Pollack, acceptez-vous de prendre pour époux Slade Garrett, ici présent, pour le meilleur et pour le pire, et de l’aimer jusqu’à ce que la mort vous sépare ?
Sheila se contorsionna dans son lit. Tant qu’elle avait encore assez de souffle pour le faire, elle répondit.
— Oui.
A ces mots, elle enfonça ses ongles dans la paume de Slade.
— Slade Garrett, acceptez-vous de prendre pour épouse Sheila Pollack, ici présente, pour le meilleur et pour le pire et...
Sheila sentit la tête du bébé qui commençait à s’engager. Elle leva vers Slade un regard affolé.
— Je crois qu’il arrive ! dit-elle dans un souffle.
Le père Cullum accéléra le débit, chaque mot chevauchant le suivant.
— ... et de l’aimer jusqu’à ce que la mort vous sépare ?
Agrippée à la main de Slade, Sheila essaya de s’asseoir.
— Oh ! Slade, appelez l’infirmière. Tout de suite !
Se tournant vers le prêtre, le jeune homme dit prestement oui et lui fit signe de continuer, aussi vite qu’il le pourrait.
— En-vertu-des-pouvoirs-qui-me-sont-conférés-par-l’Etat-de-Californie-je-vous-déclare-unis-par-les-liens-du-mariage.
Le père Cullum referma son livre et prit une profonde inspiration.
— A ce stade, dit-il, vous devez embrasser la mariée. Enfin, comme il semblerait que tu as déjà fait bien davantage que cela...
Sheila geignit et attendit que la douleur reflue avant de parler.
— Slade...
Elle lui étreignait toujours la main et, sous l’effet d’une subite monté d’adrénaline, Slade ressentit une excitation aussi forte qu’au cours de certains événements qu’il avait couverte comme journaliste.
— Je vais la chercher.
Le père Cullum se faufilait déjà dehors. Slade le rattrapa devant la porte.
— Merci, mon père.
Il tira de son portefeuille tous les billets qui s’y trouvaient.
— Pour les bonnes œuvres de la paroisse, insista-t il en les plaçant de force dans la main du prêtre, qui hésitait à les accepter.
Cela fait, il ouvrit la porte et partit à grandes enjambées vers la salle de garde.
— Félicitations ! Lança le prêtre dans son dos. N’oublie pas de m’apporter le certificat de mariage, que je le signe.
— Demain sans faute, répondit Slade sans se retourner.
Il ne se rendait pas encore compte de la gravité de ce qui venait de se passer.
— Infirmière !
Alertée par son ton pressant, Rosa accourut.
— Le bébé arrive !
L’infirmière tourna les talons.
— Je vais chercher le Dr Kelly.
Après avoir examiné Sheila, le médecin était allé voir une autre patiente au même étage.
Slade retourna en toute hâte auprès de Sheila.
Mariés ! pensa-t il. Ils étaient mariés. Sincèrement, il espérait avoir fait le bon choix. Un simple regard vers la jeune femme balaya ses doutes. Allons, tout allait bien se passer. C’était un merveilleux conte de fées qui commençait !
— Le Dr Kelly arrive, dit-il.
Sheila se mordit la lèvre si fort qu’elle crut l’avoir coupée. La vue brouillée par la souffrance, elle agita la tête en tous sens.
— Il est trop tard, dit-elle entre ses dents serrées. Allez chercher l’infirmière.
— Mais elle est en train de...
Il n’était plus temps de parler. Arc-boutée sur les bords du lit, Sheila s’assit à demi et respira. Un long gémissement se glissa entre ses lèvres closes.
— Mon Dieu, Sheila, il est en train de naître !
Sheila se laissa retomber en arrière. Toute pantelante, elle trouva quand même la force d’ironiser :
— Qu’est-ce qui vous a mis sur la voie ?
— Qu’est-ce que je peux faire ? demanda Slade, affolé.
— Tenez-moi les épaules.
Sheila fut vaguement consciente que la porte de la chambre s’ouvrait et que des gens entraient.
— Alors, Sheila, il faut toujours que tu ailles trop vite, lança le Dr James Kelly, un échalas avec un visage en lame de couteau.
— Je sais, James, je crois que je suis à dilatation complète.
— On va voir ça.
Sheila avait besoin de se raccrocher à quelque chose ou à quelqu’un. Elle n’aurait jamais cru que l’accouchement s’accompagnait d’un tel sentiment de solitude.
— Slade ?
— Je suis là.
Le médecin examina Sheila. Le bébé n’arriverait que dans quelques minutes. Il fit signe à l’infirmière d’aller préparer la salle de travail.
— Y a-t il quelque chose que je puisse faire ? Lui demanda Slade.
— Par exemple me dire qui vous êtes, ce serait un bon début.
— Eh bien, euh..., bredouilla Slade. Drôle de moment pour des présentations !
— Mon mari, intervint Sheila d’une voix hachée.
Son confrère tomba des nues. Cela faisait trois ans qu’ils travaillaient au coude à coude, tous les deux, et Kelly croyait connaître Sheila aussi bien que quiconque. Jusqu’ici, il s’était figuré qu’elle était célibataire et ne lui avait jamais connu de prétendant !
— Eh bien, on peut dire que tu sais garder un secret, toi ! s’exclama-t il.
Du coup, il envisagea Slade d’un autre œil.
— Monsieur le mari de Sheila, dit-il d’un ton enjoué, allez vous déguiser en médecin et rejoignez-nous dans la salle de travail.
— Tout se passera bien, n’est-ce pas ? S’inquiéta Slade.
— Mais oui, répondit Kelly, avec un sourire narquois. Maintenant, filez ! si vous ne voulez pas rater l’entrée en scène de votre progéniture. Les vêtements stériles sont dans le vestiaire, en face de la salle de garde.
Il sourit à Sheila.
— On y va, lui dit-il. Le bébé ne va plus tarder.
— Dépêche-toi, James, supplia-t elle.
Slade s’essuya le front avec le dos de la main. Il était en nage.
— Je ne suis pas près d’oublier cette journée, dit-il avec un sourire tendre. En débarquant de l’avion, j’étais encore célibataire, et voilà qu’à 7 heures du soir je me retrouve avec femme et enfant. Je ne crois pas pouvoir faire mieux avant longtemps !
Il se pencha pour embrasser les lèvres palpitantes de Sheila.
— Pour sceller notre mariage, dit-il. Maintenant, madame Garrett, si voulez bien m’excuser une minute, il faut que j’aille me changer si je veux pouvoir accueillir dignement notre enfant.
L’infirmière revint, aida Sheila à s’asseoir dans le fauteuil roulant, et la poussa jusqu’à la salle de travail.
— Tout va bien se passer, murmura-t elle.
Rassurez-vous. Sheila essaya de sourire.
— C’est drôle, répondit-elle. Ces mots-là, j’ai dû les dire à des centaines de jeunes mamans. Et maintenant, je m’aperçois qu’elles n’ont pas dû me croire elles non plus !
Slade revint, vêtu de vert des pieds à la tête. Deux infirmières hissèrent Sheila sur la table d’accouchement.
— O.K., Sheila, dit James Kelly. La théorie, c’est bien beau, mais maintenant, montre-nous ce que tu sais faire.
Une petite heure plus tard, tout était fini, et le premier cri de triomphe du nouveau-né se mêlait aux soupirs de soulagement de sa mère.
Slade se pencha pour parler à l’oreille de Sheila. Son visage était redevenu lisse et paisible. Elle souriait.
— C’est une fille, murmura-t il d’une voix étranglée par l’émotion. Nous avons une belle petite fille toute rose.
— Tenez, puisque vous êtes là, rendez-vous utile, bougonna Kelly en lui tendant une paire de ciseaux. Coupez vous-même le cordon ombilical. Il paraît que cela crée un lien indéfectible entre le père et l’enfant. Au niveau symbolique, si vous voyez ce que je veux dire. Enfin, si l’on en croit les psy !
Slade consentit de bonne grâce à commettre cet acte plein de promesses. Ses yeux se mouillèrent de larmes brûlantes. Autant qu’il s’en souvienne, il n’avait jamais été aussi heureux de toute sa vie.



 
 

 

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