áãÔÇßá ÇáÊÓÌíá æÏÎæá ÇáãäÊÏì íÑÌì ãÑÇÓáÊäÇ Úáì ÇáÇíãíá liilasvb3@gmail.com






ÇáÚæÏÉ   ãäÊÏíÇÊ áíáÇÓ > ÞÓã ÇáÇÑÔíÝ æÇáãæÇÖíÚ ÇáÞÏíãÉ > ÇáÇÑÔíÝ
ÇáÊÓÌíá

ÈÍË ÈÔÈßÉ áíáÇÓ ÇáËÞÇÝíÉ

ÇáÇÑÔíÝ íÍÊæí Úáì ãæÇÖíÚ ÞÏíãÉ Çæ ãæÇÖíÚ ãßÑÑÉ Çæ ãÍÊæì ÑæÇÈØ ÛíÑ ÚÇãáÉ áÞÏãåÇ


Les fiancés de l'ombre

Hey girls It's my first contribution and hope you'll like it I thought of sharing a novel of Lisa Childs Les fiancés de l'ombre

 
äÓÎ ÇáÑÇÈØ
äÓÎ ááãäÊÏíÇÊ
 
LinkBack ÃÏæÇÊ ÇáãæÖæÚ ÇäæÇÚ ÚÑÖ ÇáãæÖæÚ
ÞÏíã 05-03-11, 12:37 AM   ÇáãÔÇÑßÉ ÑÞã: 1
ÇáãÚáæãÇÊ
ÇáßÇÊÈ:
ÇááÞÈ:

ÇáÈíÇäÇÊ
ÇáÊÓÌíá: Jan 2011
ÇáÚÖæíÉ: 212608
ÇáãÔÇÑßÇÊ: 59
ÇáÌäÓ ÃäËì
ãÚÏá ÇáÊÞííã: sweet123 ÚÖæ ÈÍÇÌå Çáì ÊÍÓíä æÖÚå
äÞÇØ ÇáÊÞííã: 11

ÇÇáÏæáÉ
ÇáÈáÏMorocco
 
ãÏæäÊí

 

ÇáÅÊÕÇáÇÊ
ÇáÍÇáÉ:
sweet123 ÛíÑ ãÊæÇÌÏ ÍÇáíÇð
æÓÇÆá ÇáÅÊÕÇá:

ÇáãäÊÏì : ÇáÇÑÔíÝ
ÇÝÊÑÇÖí Les fiancés de l'ombre

 

Hey girls

It's my first contribution and hope you'll like it

I thought of sharing a novel of Lisa Childs

Les fiancés de l'ombre

Présentation de l'éditeur

Descendante d'une lignée de sorcières persécutées à travers les siècles, Ariel n'a jamais révélé à Quiconque l'existence de ses pouvoirs. Pas même à David Koster, l'homme riche et puissant dont elle partage la vie et Qui vient de lui demander de l'épouser. Depuis l'enfance, en effet, elle a appris à taire son dangereux secret. Sauf Qu'aujourd'hui, il semblerait Que la chasse aux sorcières recommence... Terrifiée, Ariel décide de dire la vérité à David. Mais à peine s'est-elle confiée à lui Qu'il change d'attitude à son égard ; secret, distant, il semble s'éloigner d'elle un peu plus chaque jour. Comme s'il était son ennemi...

fiancés l'ombrefiancés l'ombrefiancés l'ombrefiancés l'ombrefiancés l'ombrefiancés l'ombre:8_4_1 34:

 
 

 

ÚÑÖ ÇáÈæã ÕæÑ sweet123  

ÞÏíã 05-03-11, 12:41 AM   ÇáãÔÇÑßÉ ÑÞã: 2
ÇáãÚáæãÇÊ
ÇáßÇÊÈ:
ÇááÞÈ:

ÇáÈíÇäÇÊ
ÇáÊÓÌíá: Jan 2011
ÇáÚÖæíÉ: 212608
ÇáãÔÇÑßÇÊ: 59
ÇáÌäÓ ÃäËì
ãÚÏá ÇáÊÞííã: sweet123 ÚÖæ ÈÍÇÌå Çáì ÊÍÓíä æÖÚå
äÞÇØ ÇáÊÞííã: 11

ÇÇáÏæáÉ
ÇáÈáÏMorocco
 
ãÏæäÊí

 

ÇáÅÊÕÇáÇÊ
ÇáÍÇáÉ:
sweet123 ÛíÑ ãÊæÇÌÏ ÍÇáíÇð
æÓÇÆá ÇáÅÊÕÇá:

ßÇÊÈ ÇáãæÖæÚ : sweet123 ÇáãäÊÏì : ÇáÇÑÔíÝ
ÇÝÊÑÇÖí

 

Prologue


Europe, 1655

Des mains puissantes la secouèrent sans ménagement et le son d’une voix aux accents angoissés emplit soudainement le silence de la chambre… Encore ensommeillée, Elena Durikken cligna plusieurs fois les yeux sans parvenir à percer les ténèbres qui régnaient dans la pièce.

— Réveille-toi, mon enfant. Vite !

— Mama ? appela Elena, qui distinguait vaguement dans l’ombre une forme sombre aux cheveux longs et bouclés. Mama !

— Lève-toi. Vite. Il faut partir.

Les mains de sa mère repoussèrent les couvertures, laissant l’air froid de la nuit glisser sur la peau d’Elena.

— Partir ? Mais où allons-nous ?

Jamais auparavant elle ne s’était réveillée dans une telle obscurité. D’habitude, les braises du feu baignaient leur masure d’un halo rougeâtre. Ou bien sa mère allumait des bougies tout en psalmodiant à mi-voix tandis qu’elle préparait ses potions à base de plantes et de fleurs séchées qui pendaient des poutres.

— Non, mon enfant, je ne viens pas avec toi. Tu dois partir seule.

Les dernières paroles de sa mère, la façon dont elle les prononça, glacèrent Elena plus profondément que l’air froid de la nuit.

— Mais, mama…, gémit-elle, sentant des larmes lui monter aux yeux.

— Il faut faire vite. Ils seront bientôt ici. Pour me prendre. S’ils te trouvent, ils te prendront aussi.

— Mama, tu me fais peur !

Ce n’était pas la première fois qu’elle était effrayée ainsi. Elena avait souvent peur de ces choses que sa mère voyait, ces choses dont elle pouvait prédire la venue, plusieurs jours à l’avance.

Comme l’incendie.

— Est-ce… Est-ce à cause de l’incendie, mama ?

Sa mère ne répondit pas, se *******ant de glisser une cape autour des épaules d’Elena et de remonter la capuche sur ses cheveux. Puis elle l’aida à enfiler et à lacer ses bottes, comme si elle n’était qu’une toute petite fille, et non une jeune fille de treize ans qu’elle envoyait seule dans la nuit. Enfin, elle lui passa la lanière d’une besace en cuir autour du cou.

— Economise tes provisions. Reste à couvert dans les bois, mon enfant. Cours. Ne t’arrête pas…

— Pourquoi disent-ils que tu es responsable de l’incendie ? s’écria Elena. Tu les avais prévenus !

Bien avant que le ciel ne se fût assombri ou que le vent ne se fût levé, sa mère avait averti les villageois de la venue de l’orage. Elle leur avait parlé de l’éclair qui frapperait au cœur de la nuit, pendant que les femmes dormaient, et du terrible incendie dans lequel elles périraient.

Elena ne comprenait pas comment fonctionnaient les visions de sa mère, mais elle savait qu’elle avait toujours raison.

— Tu les as suppliées de partir !

Pourtant, la maîtresse de maison, ainsi que sa belle-sœur en visite avec sa famille, avaient pensé que mama essayait de profiter de l’absence des hommes pour leur jouer quelque mauvais tour. Comme si cette femme sans ressources qui élevait seule sa fille voulait profiter de l’occasion pour piller la maison. Alors qu’elle essayait seulement de leur sauver la vie.

— Les villageois pensent que je leur ai jeté un sort, soupira mama, l’air las. Ils croient que c’est moi qui ai appelé l’orage.

Elena avait surpris les murmures craintifs et les regards méfiants, lorsque sa mère et elle traversaient le village. Tout le monde pensait que sa mère était une sorcière à cause des potions qu’elle préparait. Pourtant, lorsque les villageois étaient malades, ils venaient lui demander de l’aide, malgré la crainte qu’elle leur inspirait. Comment pouvaient-ils la croire capable de leur faire du mal ?

— Mais, mama…

— Cela suffit, mon enfant. Je suis maudite. Je n’ai aucun moyen de maîtriser ces visions. Tout comme je n’ai aucun contrôle sur ce qui va se produire, à présent. Je veux que tu partes. Que tu fuies. Ne t’arrête pas. Jamais. Sinon, ils te rattraperont.

Elena se jeta dans les bras de sa mère, plus effrayée que jamais. Même si elle n’avait entendu personne approcher, ni vu aucune lueur percer les ténèbres, elle savait qu’elle avait raison. Qu’ils arrivaient. Ces hommes qui étaient rentrés pour retrouver leurs femmes, leurs sœurs et leurs filles mortes, brûlées vives.

— Viens avec moi, mama, supplia Elena, en s’agrippant à elle de toutes ses forces.

— Non, mon enfant. Hélas ! Il est trop tard pour combattre mon destin. Toi, tu le peux encore. Tu peux courir.

Elle serra Elena contre son cœur, un bref instant, avant de la pousser vers la porte.

— Sauve-toi, à présent !

Aveuglée par ses larmes plus que par l’obscurité, Elena se tournait vers l’échelle qui descendait dans la cuisine, lorsque sa mère la saisit par le poignet pour lui glisser une petite bourse de velours dans la main.

— Ne perds jamais les amulettes, supplia-t-elle dans un souffle.

Elena sursauta.

— Tu me donnes les amulettes ?

— Elles te protégeront.

— Mais comment ? chuchota Elena.

— Elles renferment un grand pouvoir, mon enfant.

— Tu en as besoin…

Elena ne savait pas d’où venaient ces trois amulettes, mais elle les avait toujours vues au poignet de sa mère, suspendues à une cordelette de cuir. Elle ne s’en était jamais séparée. Jusqu’à ce soir.

— Je ne peux plus les garder, répondit mama. Elles t’appartiennent, à présent. Tu les transmettras à tes enfants, afin qu’ils se souviennent de qui nous sommes et de ce que nous sommes.

Des sorcières.

Mama ne prononça pas le mot, mais Elena savait. Elle frissonna.

— Va-t’en, maintenant, mon enfant ! la pressa mama. Pars avant qu’il ne soit trop tard pour nous deux.

Avec un soupir douloureux, elle ajouta :

— N’oublie jamais…

Elena se jeta une dernière fois dans les bras de sa mère pour se blottir contre son cou et humer ces effluves de lavande et d’encens. Elle se souviendrait toute sa vie de ce parfum.

— Jamais je n’oublierai, mama. Jamais.

— Je sais, mon enfant. Toi aussi, tu l’as. La malédiction. Le don. Peu importe.

— Non, mama…

Elena ne voulait pas être comme sa mère. Elle ne voulait pas être une sorcière.

— Si, toi aussi, tu le possèdes. Je vois ce pouvoir en toi, bien plus puissant que le mien. Lui aussi peut le voir et si cela arrive, il voudra te détruire également.

Avant qu’Elena ait pu demander à sa mère de qui elle voulait parler, celle-ci la repoussa et s’écria d’une voix tremblante :

— Il faut partir, maintenant !

Elena descendit l’échelle en toute hâte, obéissant à la fois aux ordres de sa mère et à la crainte qu’elle sentait naître en elle. Elle ne voulait pas de cette malédiction, quelle que soit la nature de son pouvoir mystique. Elle ne voulait pas fuir, mais les avertissements de sa mère lui tordaient le cœur, la forçant à courir.

Reste à couvert dans les bois.

Sursautant chaque fois qu’une branche craquait sous la semelle de ses vieilles bottes, elle courait depuis si longtemps que ses poumons la brûlaient et que la sueur avait séché sur sa peau, à la fois brûlante et glacée. Elle était déjà loin du village lorsqu’elle osa se retourner pour regarder vers sa maison.

Elle savait qu’elle s’était déjà trop enfoncée dans le sous-bois pour l’apercevoir clairement. Comme mama, ce fut donc dans son esprit qu’elle vit la scène. L’incendie.

Les flammes.

Une femme debout au milieu des flammes, hurlant, implorant le ciel de bien vouloir leur pardonner.

Une douleur déchirante traversa Elena. Elle tomba à genoux, les bras serrés autour du buste pour contenir la souffrance et étouffer cette image dans sa tête. Elle resta ainsi longtemps, les cris de sa mère résonnant à ses oreilles.

Cours, mon enfant. Les mots retentirent dans sa tête. Ne t’arrête pas.

Elle se força à se lever, les jambes flageolantes, et tourna le dos à tout ce qu’elle connaissait, tout ce qu’elle avait un jour aimé.

Derrière elle, un frémissement se fit entendre dans un fourré et l’éclat d’une bougie déchira l’obscurité. Oh, Seigneur ! Ils l’avaient déjà retrouvée.

La lueur éclaira son visage et celui de l’adolescent qui tenait la lanterne. Thomas McGregor. Bien qu’il fût à peine plus vieux qu’Elena, il était parti aux champs avec son père et ses oncles, laissant sa mère, sa sœur, sa tante et ses cousines… brûler vives.

Mama aussi avait été brûlée vive.

— Non…

— On m’a envoyé te chercher, expliqua Thomas d’une voix étranglée, le visage baigné de larmes. Pour te ramener.

Mama avait prédit cela et avait tenté de déjouer le destin qui attendait sa fille. Le même destin qui lui avait coûté la vie.

— Tu me hais ? demanda-t-elle.

Il fit non de la tête et une lueur étrange passa furtivement dans ses yeux, pour disparaître aussitôt, noyé dans l’éclat de la lanterne. Elle avait déjà vu cette lueur, quelquefois, quand elle le surprenait en train de la regarder.

— Non, Elena.

— Mais tu me veux du mal. Pourtant, je n’y suis pour rien.

Mama non plus n’y était pour rien, mais ils l’avaient tuée. Un nuage de fumée s’engouffra dans le sous-bois, malgré la distance. Au milieu de cette brume irréelle flottait une femme. La mère d’Elena.

— Je dois te ramener, dit Thomas, en tendant une main tremblante vers elle.

Ses doigts se posèrent sur son bras.

Les amulettes, elles te protégeront.

Etait-ce le fantôme de sa mère qui venait de parler ou seulement les souvenirs d’Elena ? Peu importait. Elle glissa la main dans la poche de sa cape et agrippa la bourse de velours. Un picotement chaud et agréable la traversa, à travers l’épais tissu. Comme si elle venait d’entrer dans l’esprit de Thomas, elle lut ses pensées et reconnut les rêveries qu’ils nourrissaient lorsqu’ils étaient ensemble.

— Thomas, tu ne me veux pas de mal.

— Mais papa…

D’autres souvenirs défilèrent dans l’esprit d’Elena, des souvenirs appartenant à sa mère. Elle frissonna, titubant sous le poids d’une vérité qu’elle était trop jeune pour comprendre.

— Ton père est un homme mauvais, murmura-t-elle. Viens avec moi, Thomas. Nous fuirons ensemble.

— Il nous trouverait. Il nous tuerait tous les deux.

A cause de ce qu’elle avait vu, elle savait qu’il disaitla vérité. Eli McGregor tuerait quiconque se mettrait en travers de son chemin.

— Thomas, je t’en prie…

Thomas renforça sa prise, comme s’il s’apprêtait à la traîner contre son gré. Elena serra si fort la bourse de velours que les petits morceaux de métal lui entaillèrent la paume à travers le tissu. Thomas frissonna ; une guerre sans merci semblait faire rage dans son esprit.

— Je ne peux pas te livrer à lui, mais je te perds à tout jamais. Pars maintenant, Elena.

Elena s’apprêtait à tourner les talons, lorsqu’il la retint, comme l’avait fait sa mère, pour lui glisser quelque chose dans le creux de la main.

— C’est le médaillon de ma mère.

En souvenir de lui ? Pour ne pas oublier ce que sa famille avait fait subir à la sienne ? Elle ne voulait pas se souvenir, mais ses doigts se refermèrent sur le métal encore chaud du contact avec la peau du garçon. Elle ne pouvait refuser. Il venait de lui sauver la vie.

— Vends-le au besoin, pour fuir aussi loin d’ici que tu le pourras. Mon père a juré de se venger de tous les tiens. Il a juré de tuer toutes les sorcières.

— Je ne suis pas une sorcière, chuchota-t-elle en détournant le regard du fantôme scintillant de sa mère.

— Il te tuera, chuchota à son tour Thomas.

Elle savait qu’il disait la vérité. A l’instar de sa mère, elle voyait à présent son destin. Pourtant, elle n’attendrait pas qu’Eli McGregor vienne la chercher. Elle commença à s’éloigner, mais revint brusquement sur ses pas pour déposer un baiser sur la joue de Thomas, fraîche et baignée de larmes.

— Que Dieu te garde, Elena ! lança-t-il, tandis qu’ellesortait du cercle de lumière que projetait la lanterne pour être avalée par l’obscurité et la brume.

Elena se remit à courir. Cette fois-ci, elle ne s’arrêterait pas… pas tant qu’elle ne serait pas allée aussi loin que possible. Et même alors, elle ne cesserait jamais de courir…

Elle devait fuir qui elle était. Ce qu’elle était.

Armaya, Michigan, 1986

La flamme de la bougie vacilla sous l’effet du vent qui entrait par la fenêtre ouverte. Une odeur de lavande et d’encens envahit la caravane. Pour la première fois depuis qu’elle avait commencé à raconter la légende de sa famille, Myra Cooper s’arrêta pour reprendre son souffle. Elle eut l’impression que l’air lui brûlait les poumons et contempla un instant les beaux visages de ses filles.

Irina était blottie entre ses deux sœurs. Ses grands yeux noirs étincelaient à la lumière de la bougie. Elle entendait bien tout ce que racontait sa mère, mais, à quatre ans, elle était trop jeune pour comprendre.

Elena, qui portait le nom de leur ancêtre, avait passé un bras protecteur autour des frêles épaules de sa petite sœur. Ses cheveux clairs et raides tranchaient avec les boucles brunes de Myria et d’Irina, et rien n’échappait à ses yeux d’un bleu de givre. Cependant, à douze ans, Elena était déjà trop âgée pour croire.

Ariel aussi avait passé un bras autour des épaules de sa sœur, sans quitter Myra des yeux, attendant la suite de l’histoire. La bougie faisait danser des reflets de feu sur ses cheveux auburn, et ses yeux verts brillaientdoucement. Elle écoutait. Pourtant, Myra doutait qu’elle entendît réellement.

Inquiète, Myra se demandait si ses filles comprenaient bien les pouvoirs extraordinaires dont elles avaient été dotées. Aucune d’elles n’avait jamais évoqué le sujet, ni entre elles ni avec leur mère. Peut-être était-ce mieux ainsi. Peut-être seraient-elles plus en sécurité si elles reniaient leur héritage. Mais comment renier ce qu’on ne connaissait pas ? C’était pour cette raison que Myra avait partagé avec elles le secret de la légende. Elle voulait que ses filles connaissent la vérité, afin de pouvoir fuir le destin avant qu’il ne les frappe de plein fouet pour les détruire.

— Nous aussi, nous sommes des femmes Durikken, rappela-t-elle à ses filles. Comme la première Elena.

— Je porte le même nom qu’elle, dit l’aînée, sans hésiter.

Elle savait déjà.

— Oui, approuva Myra. Et moi, je porte le même nom que sa mère.

Parfois, lorsqu’elle croyait en la réincarnation, elle était certaine d’être cette femme, avec ses souvenirs et ses pouvoirs. La plupart du temps, cependant, Myra ne croyait en rien. Accepter sa propre réalité était déjà bien assez douloureux comme ça. Ce soir-là, pourtant, elle devait faire preuve de courage. Il lui restait une dernière chance de protéger ses enfants, elle qui, de si nombreuses fois, n’avait pas été à la hauteur. Ses filles ne connaîtraient pas la même vie de misère que leur mère. Elles ne finiraient pas comme elle, femme poussée au désespoir par ses peurs.

— Mais notre nom de famille, c’est Cooper, dit Elena.

— C'est le nom de grand-père, expliqua Myra, évoquant la mémoire de son propre père.

Aucune de ses trois filles ne portait le nom de son géniteur, soit parce que l’homme avait refusé de la reconnaître, soit parce que Myra ne lui avait pas dit qu’elle avait eu un enfant de lui.

— Nous sommes des Durikken et les femmes Durikken sont différentes. Elles connaissent des choses avant même que celles-ci ne se soient produites.

Une douleur lancinante s’installa en Myra, lui coupant le souffle, tandis que des images défilaient dans son esprit comme un vieux film en noir et blanc. Elle ne pouvait plus continuer à fuir ainsi. Elle ne pouvait pas non plus contraindre ses filles à cette vie de fuyardes.

— Elles voient des choses ou des gens que personne d’autre ne peut voir, poursuivit-elle, tant bien que mal. Ce pouvoir, tout comme les amulettes de mon bracelet…

Elle désigna son poignet, où les bijoux de métal semblaient absorber la lumière de la bougie.

— … ont été transmis de génération en génération.

Myra avait toujours été dotée de plus de pouvoirs que ses sœurs, à la fois en tant que femme et en tant que sorcière. C’est pour cela qu’elle avait reçu le bracelet—parce que sa mère savait qu’elle serait la seule des trois filles à pouvoir perpétuer l’héritage des Durikken.

D’une main tremblante, Myra défit l’attache du bracelet. Elle ne l’avait jamais enlevé depuis que sa propre mère le lui avait accroché au poignet. Ses filles l’avaient admiré maintes fois, passant leurs petits doigts sur les formes d’étain grossières, et elle savait lequel chacune préférait.

Elena avait toujours admiré l’étoile, dont les pointesavaient été émoussées par le temps. Irina préférait le croissant de lune, qui, comme elle, passait du sourire aux larmes, en fonction de l’angle sous lequel on l’observait. Ariel, elle, avait un faible pour le soleil et ses rayons encerclant un petit disque lisse. Malgré son âge, cette amulette semblait briller plus fort que les autres. Tout comme Ariel.

Même ce soir-là, dans la misérable caravane, une aura entourait la petite fille, luisant autour de sa tête comme si des esprits la protégeaient. Ariel connaissait-elle la nature de son don? Et ses sœurs? Les filles avaient besoin des conseils de leur mère pour comprendre leurs pouvoirs et apprendre à s’en servir. Elles étaient trop jeunes pour être séparées de leur mère, mais elle refusait de les mettre en danger. Tout ce que Myra pouvait espérer, c’était que les amulettes les protégeraient, comme elles avaient protégé la première Elena, des siècles plus tôt.

Myra s’agenouilla devant ses enfants, tandis que celles-ci se blottissaient dans leur petit lit de fortune à l’arrière de la caravane. C'était tout ce qu’elle avait été capable de leur offrir jusqu’alors : une vie hasardeuse de voyages et une caravane. Mais, ce soir, elle leur avait offert bien plus en leur transmettant la légende.

C'était leur héritage et, avec l’aide des amulettes, elles s’en souviendraient toujours. Peu importait le temps qui passerait, peu importaient les efforts qu’elles feraient pour oublier ou ignorer la légende. Elles étaient comme la première Elena, qui avait redouté son avenir et tout fait pour déjouer les pièges du destin, mais n’avait jamais jeté les amulettes. Elle avait compris leur importance et les filles de Myra la comprendraient aussi.

Elle s’empara en premier de la main d’Elena, àprésent presque aussi grande que la sienne, forte et habile, à l’image de la jeune fille. Elle surmonterait toutes les épreuves… du moins, Myra l’espérait. Elle laissa tomber l’étoile dans la paume d’Elena et referma sa main sur l’amulette d’étain. Le regard bleu se posa sur elle, sans ciller. Aucune question dans les yeux de son aînée, seulement des certitudes. A douze ans, elle avait déjà vu trop de choses dans des visions identiques à celles de sa mère. Elena n’en avait jamais parlé, mais Myra savait.

Ensuite, elle s’empara de la petite main fragile d’Irina. C'était pour elle que Myra s’inquiétait le plus. Elle avait eu si peu de temps avec elle ! Elle referma la main d’Irina sur la lune. Ne la perds pas, mon enfant. Myra n’avait pas besoin de parler à voix haute : Irina entendait les pensées.

Ravalant un sanglot, Myra se tourna enfin vers Ariel. La fillette attendait déjà, paume tendue. De nature ouverte et confiante, c’était elle qui risquait de souffrir le plus.

— Ne les perdez pas, ordonna-t-elle. Sans la protection de ces amulettes d’étain, aucune d’entre vous ne serait assez forte pour survivre.

— C’est promis, mama, répondit Elena, parlant à la fois pour ses sœurs et pour elle.

Elle attacha l’étoile à son bracelet, puis aida Irina avec son amulette.

Les doigts tremblants, Myra attacha le soleil au bracelet d’Ariel. Elle avait fini lorsque la fillette lui saisit la main.

— Mama ?

— Oui, mon enfant ?

— Tu as dit que ce pouvoir était… une malédiction… ? demanda Ariel d’une voix chevrotante.

La petite fille avait bien écouté.

— Oui, c’est une malédiction, ma chérie. Les gens ne comprennent pas. Ils pensent que nos ancêtres étaient des sorcières qui jetaient des mauvais sorts.

Les femmes Durikken étaient bien des sorcières, mais de celles qui tentaient d’aider et de guérir. Sa famille n’avait jamais pactisé avec le mal. C’est le mal qui les avait poursuivies et persécutées à travers les siècles.

— Mais c’était il y a longtemps, affirma Elena, l’esprit toujours aussi rationnel. Les gens ne croient plus aux sorcières, de nos jours.

Myra pensait qu’il valait mieux les avertir afin qu’elles connaissent les dangers qui les guettaient. Un peu plus tôt, elle leur avait montré le médaillon qui pendait entre ses seins. C’était celui-là même que Thomas avait donné à Elena, bien des siècles auparavant. A l’intérieur, Thomas avait peint d’une main encore peu sûre un portrait de sa sœur, qui avait péri dans l’incendie. Leur mort aurait pu être évitée, si seulement ils avaient écouté et déjoué le destin.

— Certaines personnes y croient encore.

— Mama, suis-je maudite ? demanda Ariel, les yeux écarquillés par la peur.

Tremblante, elle serrait le soleil de toutes ses forces.

Pas plus que moi. Myra avait tant perdu dans sa vie. Son grand amour — le père d’Elena. Et à présent…

— Mama, j’aperçois des lumières de l’autre côté du champ ! chuchota Ariel, comme si elle pensait qu’on ne les trouverait pas, si elle ne parlait pas trop fort.

Elle ne voyait peut-être pas autant de choses que sa sœur, mais elle comprenait.

Myra ne prit pas la peine de se tourner vers la fenêtre. Elle avait déjà vu les lumières arriver au cours d’une vision. C’est pour cela qu’elle avait dissimulé leur caravane dans un champ de maïs. Mais ils avaient réussi à la trouver. A les trouver. Elle contempla ses enfants pour graver leur visage dans sa mémoire et pria pour leur avenir. Chacune d’entre elles connaîtrait un grand amour, comme elle ; tout ce qu’elle pouvait espérer était que le leur durerait. Qu’elles combattraient leur destin, pour déjouer le mal qui les suivait à la trace, comme elle-même aurait dû le faire si elle avait été plus forte.

Elle resta là, debout au milieu du champ, tandis qu’ils emmenaient ses enfants. Les fillettes criaient et l’appelaient, leur beau visage inondé de larmes.

Mais ce n’était pas la fin de Myra. Sa mort ne surviendrait que bien des années plus tard. Pourtant, son cœur saignait tant et son âme était si déchirée que ce fut cette nuit-là qu’elle mourut. La nuit où ses enfants lui furent enlevées.

 
 

 

ÚÑÖ ÇáÈæã ÕæÑ sweet123  
ÞÏíã 25-07-12, 11:22 PM   ÇáãÔÇÑßÉ ÑÞã: 3
ÇáãÚáæãÇÊ
ÇáßÇÊÈ:
ÇááÞÈ:
ÚÖæ ããíÒ
ÇáÞáã ÇáÐåÈí ÇáËÇáË
ÑæÍ ÒåÑÇÊ ÇáÊÑÌãÉ


ÇáÈíÇäÇÊ
ÇáÊÓÌíá: Feb 2010
ÇáÚÖæíÉ: 155882
ÇáãÔÇÑßÇÊ: 14,421
ÇáÌäÓ ÃäËì
ãÚÏá ÇáÊÞííã: katia.q ÚÖæ ãÔåæÑ ááÌãíÚkatia.q ÚÖæ ãÔåæÑ ááÌãíÚkatia.q ÚÖæ ãÔåæÑ ááÌãíÚkatia.q ÚÖæ ãÔåæÑ ááÌãíÚkatia.q ÚÖæ ãÔåæÑ ááÌãíÚkatia.q ÚÖæ ãÔåæÑ ááÌãíÚkatia.q ÚÖæ ãÔåæÑ ááÌãíÚkatia.q ÚÖæ ãÔåæÑ ááÌãíÚkatia.q ÚÖæ ãÔåæÑ ááÌãíÚkatia.q ÚÖæ ãÔåæÑ ááÌãíÚkatia.q ÚÖæ ãÔåæÑ ááÌãíÚ
äÞÇØ ÇáÊÞííã: 16186

ÇÇáÏæáÉ
ÇáÈáÏEgypt
 
ãÏæäÊí

 

ÇáÅÊÕÇáÇÊ
ÇáÍÇáÉ:
katia.q ÛíÑ ãÊæÇÌÏ ÍÇáíÇð
æÓÇÆá ÇáÅÊÕÇá:

ßÇÊÈ ÇáãæÖæÚ : sweet123 ÇáãäÊÏì : ÇáÇÑÔíÝ
ÇÝÊÑÇÖí

 

ÑæíÇÉ ÛíÑ ßÇãáÉ

ÊäÞá ááÃÑÔíÝ

 
 

 

ÚÑÖ ÇáÈæã ÕæÑ katia.q  
 

ãæÇÞÚ ÇáäÔÑ (ÇáãÝÖáÉ)
facebook




ÌÏíÏ ãæÇÖíÚ ÞÓã ÇáÇÑÔíÝ
ÃÏæÇÊ ÇáãæÖæÚ
ãÔÇåÏÉ ÕÝÍÉ ØÈÇÚÉ ÇáãæÖæÚ ãÔÇåÏÉ ÕÝÍÉ ØÈÇÚÉ ÇáãæÖæÚ
ÊÚáíãÇÊ ÇáãÔÇÑßÉ
áÇ ÊÓÊØíÚ ÅÖÇÝÉ ãæÇÖíÚ ÌÏíÏÉ
áÇ ÊÓÊØíÚ ÇáÑÏ Úáì ÇáãæÇÖíÚ
áÇ ÊÓÊØíÚ ÅÑÝÇÞ ãáÝÇÊ
áÇ ÊÓÊØíÚ ÊÚÏíá ãÔÇÑßÇÊß

BB code is ãÊÇÍÉ
ßæÏ [IMG] ãÊÇÍÉ
ßæÏ HTML ãÚØáÉ
Trackbacks are ãÊÇÍÉ
Pingbacks are ãÊÇÍÉ
Refbacks are ãÊÇÍÉ



ÇáÓÇÚÉ ÇáÂä 12:14 PM.


 



Powered by vBulletin® Version 3.8.11
Copyright ©2000 - 2024, Jelsoft Enterprises Ltd.
SEO by vBSEO 3.3.0 ©2009, Crawlability, Inc.
ÔÈßÉ áíáÇÓ ÇáËÞÇÝíÉ