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nassamate 19-11-10 09:48 PM

Haute sensualité
 
voici un nouveau roman de collection audace

http://www5.0zz0.com/2010/11/19/19/223465719.jpg
Alors que toutes les femmes du monde rêvent de rencontrer Graeme Hamilton, l'acteur le plus en vue des Etats-Unis, Lara Withfield, elle, n'espère qu'une chose en se rendant à un gala costumé organisé par ses fans : le décider à divorcer. Car, contrairement à ce qu'elle a toujours cru, le mariage éclair qui l'a unie à Graeme, des années plus tôt, n'a jamais été annulé. Elle est donc toujours mariée à ce sex-symbol célébrissime, qui se croit, lui, célibataire...
Mais lorsqu'elle le voit apparaître sur la scène, elle se sent soudain envahie par un incroyable sentiment, fait de désir et d'intense nostalgie, et le revoir réveille des sensations qu'elle croyait oubliées. Une idée folle naît alors en elle : et si, pour une nuit, une nuit seulement, elle profitait du masque et du déguisement hyper sexy qu'elle a choisi pour tenter de le séduire une dernière fois, sans lui révéler qui elle est ?

Jάωђάrά49 19-11-10 09:54 PM

äÓãÇÊ ÇæáÇ íÇ ÍÈæÈÉ ãÈÑæß ÇáÚíÏ æËÇäíÇ ÝÚáÇ ÇáÑæÇíÉ ÙÇÇåÑ ÊÍãá ÇÍÏÇË ÔíÞÉ ÝÇßãáí äÍä ÈÇáÇäÊÙÇÑ:lol::lol:

nassamate 21-11-10 11:55 PM

ÇÞÊÈÇÓ:

ÇáãÔÇÑßÉ ÇáÃÕáíÉ ßÊÈÊ ÈæÇÓØÉ jawhara49 (ÇáãÔÇÑßÉ 2532682)
äÓãÇÊ ÇæáÇ íÇ ÍÈæÈÉ ãÈÑæß ÇáÚíÏ æËÇäíÇ ÝÚáÇ ÇáÑæÇíÉ ÙÇÇåÑ ÊÍãá ÇÍÏÇË ÔíÞÉ ÝÇßãáí äÍä ÈÇáÇäÊÙÇÑ:lol::lol:

:flowers2:Çááå íÈÇÑß Ýíß ÇÎÊí æßá ÚÇã æÇäÊí ÈÇáÝ ÎíÑ
ÔßÑÇ ßËíÑ Úáì ãÑæÑß

nassamate 22-11-10 12:01 AM

1
Elle avait osé, finalement. C’était à peine croyable, mais elle l’avait fait*! Elle était là, pour de bon, dans cet immense hôtel de Las Vegas…*
Tournant en rond dans sa chambre, encore tout étonnée de son audace, elle se demandait quelle serait la prochaine étape. Qu’était-elle censée faire, maintenant*? Et lui… Où était-il*? A quel étage¿
C’était la première fois qu’elle assistait à une convention de fans en l’honneur d’une célébrité et elle n’avait pas la moindre idée de ce qui s’y passerait. Une chose était certaine, cependant elle n’avait pas imaginé un seul instant cet attroupement de femmes au bord de la crise d’hystérie à la pensée que Graeme Hamilton, en chair et en os, puisse apparaître devant elles d’un moment à l’autre.*
Même si elle avait suivi depuis le début l’ascension fulgurante de Graeme, elle restait sidérée par l’ampleur du phénomène. Deux ans plus tôt, il était encore un parfait inconnu, jusqu’à ce qu’il incarne le très sexy Kip Corrigan, mauvais garçon et héros de la série Galaxy’s End. Un rôle qui avait fait de lui, du jour au lendemain, l’un des hommes les plus en vue du pays. Le plus désirable et le plus désiré aussi, d’après ce qu’elle avait entendu en traversant le hall de l’hôtel, au milieu de toutes ces femmes surexcitées qui s’étaient déplacées jusqu’à Las Vegas dans le seul but de l’apercevoir.
La sonnerie de son téléphone portable retentit, mettant fin à ses interrogations.*
C’était Val.*
Elle avait promis d’appeler Valerie dès son arrivée et elle avait oublié.Elle prit l’appel, se préparant au déluge de reproches qui allait suivre.*
–*Salut, Val. Tout va bien. J’allais justement t’app…*
–*Ah bon*? Heureuse de l’entendre*!*
Sans surprise*: la voix, à l’autre bout de la ligne, était exaspérée.*
–*Et moi qui me faisais un sang d’encre*! Je me demandais ce qui avait bien pu t’arriver…*
Lara s’approcha de la fenêtre et contempla le Strip, l’avenue principale de Las Vegas, qui s’étendait à ses pieds sur presque sept kilomètres, fourmillant de touristes galvanisés par un surcroît d’énergie généré par la ville elle-même.*
–*Val… répondit-elle d’un ton conciliant. Je ne comprends vraiment pas pourquoi tu te fais autant de souci pour moi.*
–*Sans doute parce que je te connais assez pour savoir qu’il n’y a pas plus tête-en-l’air que toi*! Tu serais bien capable de te tromper de vol et d’atterrir à l’autre bout du monde.*
–*Eh bien, non, figure-toi… Je suis bel et bien à Las Vegas. Et j’aurais adoré que tu m’accompagnes. Ça me fait très bizarre, de me retrouver ici toute seule.*
–*Je sais, Lara. Mais, comme tu l’as dit, c’est une démarche que tu dois accomplir sans l’aide de personne. De plus, qui aurait aidé Christopher à assurer le programme de théâtre, si nous étions parties toutes les deux*?*
Lara refoula l’aiguillon de la culpabilité en se rappelant qu’elle serait de retour dans moins d’une semaine et que les enfants auraient à peine le temps de s’apercevoir de son absence.*
L’univers du théâtre la passionnait depuis qu’elle était toute petite. Ses parents s’étaient séparés lorsqu’elle avait quatre ans et son père avait déménagé à Washington D.C. pour poursuivre sa carrièredans les hautes sphères politiques. Elle avait passé son enfance dans une grande maison vide de la banlieue chic de Chicago, tandis que sa mère occupait ses journées à chasser un deuxième, puis un troisième et enfin un quatrième mari.*
Durant ses jeunes années, lorsqu’elle rendait visite à son père, il ne prenait jamais le temps de s’occuper d’elle. Elle passait ses journées à lire, surveillée par des baby-sitters anonymes recrutées par agence et, le soir, elle assistait avec lui à des soirées mondaines où elle était reléguée dans un coin, quand elle n’était pas tout simplement oubliée dans le somptueux appartement de fonction de son géniteur.*
Pour remplir ces heures de solitude, elle s’était d’abord imaginé qu’elle était une princesse enfermée dans un château abandonné avec des créatures fantastiques pour toute compagnie. Elle inventait des histoires où ces personnages intervenaient tour à tour*; elle ne s’en lassait pas et pouvait s’entretenir avec eux des heures et des heures.*
Lorsqu’elle avait appris à écrire, sa vie avait changé. Ses amis invisibles avaient occupé plus de place encore, en devenant les protagonistes de contes qu’elle rédigeait soigneusement dans ses cahiers d’écolière. De l’extérieur, on la considérait sans doute comme une enfant étrange et esseulée, mais ce monde imaginaire avait été pour elle plus réel et plus chaleureux que celui qui l’entourait.*
Devenue adulte, elle avait poursuivi dans cette voie et obtenu un diplôme de théâtre et d’écriture. Si, à la fin de ses études, elle avait refusé de se servir du réseau d’influence de la famille Withfield, elle avait profité en revanche sans états d’âme des bénéfices du portefeuille d’actions ouvert à son intention par son père et avait fondé une école de théâtre pour les enfants défavorisés des quartiers sensibles de Chicago. Si quelqu’un avait besoin de s’évader des dures réalités de la vie, ne serait-ce que quelques heures par jour, c’étaient bien ces enfants.**

nassamate 22-11-10 12:06 AM

L’école, une structure à but non lucratif, n’accueillait les petits qu’en dehors des horaires scolaires, ce qui lui laissait le loisir d’écrire en free-lance pour quelques revues. Le salaire qu’elle en retirait n’était pas mirobolant, mais il lui permettait de payer son loyer et ses factures, et de consacrer ainsi le plus clair de son temps et de son énergie au théâtre.
Christopher, qui avait été son professeur d’écriture de fiction à l’université, avait exprimé son envie de participer au projet dès qu’il en avait eu connaissance. Ils avaient travaillé côte à côte pendant plus de six mois avant qu’il ne se décide à l’inviter à sortir un soir. Sa première réaction avait été de l’éconduire, mais il ne s’était pas découragé. Et son insistance avait finalement permis à Lara de réfléchir à sa vie affective, pour s’apercevoir qu’elle risquait de devenir vieille fille, avec ses histoires pour seule compagnie, si elle ne changeait pas radicalement d’attitude.
Un vendredi soir, elle avait donc accepté sa proposition de dîner avec lui. Même s’il ne faisait pas s’affoler son pouls, ni vibrer ses sens, Christopher était un homme intelligent, cultivé et gentil. Un bon parti, sans être un prince charmant. Mais Lara était bien placée pour savoir que les princes charmants, ça n’existait que dans les contes de fées.
Elle savait aussi qu’elle n’avait qu’un mot à dire pour que leur relation devienne vraiment sérieuse, mais, en dépit de leurs nombreux terrains d’entente, une partie d’elle-même s’y refusait encore.
La cause de ses réticences, elle ne la connaissait que trop bien. Elle ne pourrait pas tourner la page tant qu’elle continuerait à s’accrocher à son histoire avec Graeme, ce qu’elle avait longtemps fait de façon inconsciente en écrivant ces nouvelles érotiques dans lesquelles elle mettait en scène Kip Corrigan. Tant qu’elle n’aurait pas laissé Graeme derrière elle une bonne fois pour toutes, elle ne pourrait pas construire une relation porteuse d’avenir avec Christopher.*
–*Tu ne lui as pas dit que j’étais ici, n’est-ce pas*? demanda-t–elle à son amie d’une voix anxieuse.Elle préférait ne pas penser à la réaction de Christopher s’il apprenait qu’elle allait passer les prochains jours à Las Vegas seule, pour participer à un festival de fans de science-fiction. Il penserait sans doute qu’elle avait complètement perdu la tête.*
–*Bien sûr que non*! Je me suis *******ée de répéter ce que tu lui avais dit*: que tu avais besoin de prendre du temps pour toi après la mort de ton père. Il est absolument convaincu que tu t’es réfugiée dans la maison de ta mère dans les Outer Banks, en pleine méditation transcendantale sur le sens de la vie.*
–*Tu lui as dit ça*!*
–*Mot pour mot… Sauf pour la méditation transcendantale. Il sait à quel point le décès de ton père t’a affectée, d’autant plus que tu ne t’étais pas réconciliée avec lui avant sa mort. Il comprend donc parfaitement qu’il te faille du temps pour t’en remettre.
Lara poussa un long soupir. Elle détestait mentir, surtout à quelqu’un comme Christopher, mais elle n’avait pas eu le choix.
–*Parfait, merci beaucoup. Et merci aussi de me remplacer au théâtre pendant ces deux jours. Fais un gros bisou à Alyana de ma part, d’accord*? Et dis-lui que je serai de retour pour la voir sur scène. J’ai l’impression qu’elle ne m’a pas crue, quand je lui ai promis que j’allais revenir très vite.
–*Je n’y manquerai pas. Elle «*t’adore beaucoup*», comme elle dit, la pauvre bichette…
Lara repensa à la petite fille, toute menue, avec des yeux grands comme son visage, dont la mère avait été tuée lors d’une fusillade entre deux gangs, victime innocente qui s’était trouvée au mauvais endroit au mauvais moment. Depuis lors, l’enfant s’était rapprochée d’elle plus encore, et ne la quittait pas d’une semelle lorsqu’elle participait aux ateliers.*Les enfants répétaient une adaptation du Magicien d’Oz, dans laquelle Alyana jouait le rôle d’un Munchkin, l’un des elfes que Dorothy rencontre au cours de ses aventures. Lara savait à quel point la fillette avait le trac, aussi lui avait-elle promis d’être de retour le jour du spectacle pour l’applaudir et l’encourager.*
–*Mais et toi*? Raconte. Tu l’as déjà vu*?*
Valerie parlait de Graeme, évidemment. Lara frissonna.*
–*Non, je n’ai même pas encore quitté ma chambre. Tu n’imagines pas le monde qu’il y a dans l’hôtel*! Des milliers de femmes dans un état d’excitation proche de la folie pour certaines. Je n’exagère pas, je t’assure… Elles me font peur. Du coup, je ne suis pas sûre d’être capable d’aller jusqu’au bout.*
–*Lara, tu dois le faire, répondit son amie d’un ton ferme. Et Graeme doit connaître la vérité*!*
–*Je sais, Val… Je sais… C’est juste que… Pendant cinq ans, j’ai gardé une certaine idée de lui. Et s’il avait changé*?*
–*Tout le monde change. Tu as changé, toi aussi, Lara. Au point qu’il pourrait aussi bien ne pas te reconnaître, crois-moi*!*
–*Oh, je ne suis pas si sûre de ça, répondit-elle en riant.*
–*Moi, si. La première fois que je t’ai vue, tu étais si timide que tu frôlais l’invisibilité.*
–*J’étais réservée, se défendit Lara. Et j’avais le cœur brisé. Nuance…*
–*C’est bien ce que je disais. Et regarde-toi à présent*: tu enseignes le théâtre à des enfants défavorisés, tu publies sur le Net des nouvelles érotiques lues par des milliers de femmes et tu sors avec ton ancien prof, qui se trouve être le maître de conférences le plus sexy de l’université. Tu en as fait du chemin*!Lara fit entendre un petit rire surpris. Christopher, sexy*? Oui, sans doute, en y réfléchissant un peu… Il n’était pas mal dans le genre intello, avec ses cheveux mi-longs et son sourire doux, mais elle devait bien admettre que jamais elle n’avait pensé à lui comme à un homme sexy. Sans doute parce que l’image qu’elle avait du séducteur s’apparentait encore, dans son esprit, à celle de Graeme.*
–*Il est mignon, je te l’accorde. Par contre, en ce qui concerne les nouvelles… j’ai réfléchi… et je crois que je vais laisser tomber.*
–*Comment ça*? s’exclama Val d’un ton scandalisé.*
Lara ne répondit pas tout de suite et sortit de son sac le magazine People qu’elle avait feuilleté dans l’avion. Graeme Hamilton, depuis la couverture, la fixait de son regard bleu-vert, ses lèvres retroussées en un soupçon de sourire qu’encadraient ces fameuses fossettes qui avaient ravi le cœur de millions d’admiratrices.*
–*Je ne peux pas continuer, Val. Pour mes lectrices, ces histoires ne sont que des fictions torrides qui mettent en scène les personnages de Galaxy’s End. Elles rêvent de Kip, d’un homme qui n’existe pas… Mais pour moi, c’est tout autre chose… Ce sont mes fantasmes sur Graeme que je projette ainsi dans l’écriture et c’en devient malsain. Si je veux tourner la page, je dois cesser d’écrire sur lui.*
La photographie était si nette qu’elle pouvait distinguer les fines lignes que le temps avait tracées au coin des yeux de Graeme. Le cœur serré, elle caressa le papier glacé en imaginant sous ses doigts la sensation de ses cheveux coupés en brosse.*
–*Je comprends parfaitement ce que tu ressens, Lara, répondit Val d’un ton compatissant. Mais tes nouvelles ont un succès fou. J’ai consulté les statistiques de ton site ce matin, et tu sais quoi*? L’histoire que tu as postée hier soir a déjà reçu dix mille visites. Dix mille visites en à peine un jour, Lara*! C’est*un chiffre astronomique*! Tu le sais, n’est-ce pas*? J’ai l’impression que tu ne mesures pas la popularité de ton blog*!**

nassamate 22-11-10 12:11 AM

–*Dans ce cas, il faudrait peut-être que je crée un autre personnage. Mais je ne peux pas continuer à écrire sur Kip Corrigan. Il est trop réel pour moi*; il me rappelle trop de souvenirs.*
Elle consulta sa montre.*
–*Il faut que j’y aille, maintenant. Le bal costumé est sur le point de commencer. Si je veux rencontrer Graeme, il vaut mieux que je prenne avant la température de la situation.*
–*Bien sûr. Je te laisse… Lara… Appelle-moi, hein… A n’importe quelle heure, d’accord*? C’est promis*?*
–*Promis. Je te rappellerai dès que je reviendrai dans ma chambre.*
Elle mit fin à la communication en pensant avec gratitude à la sollicitude de son amie. Copines de chambre sur le campus depuis leur première année à l’université, elles étaient plus proches que beaucoup de sœurs entre elles. A la fin de leurs études, elles avaient aussi partagé un appartement en ville. Val connaissait tous les secrets de Lara et elle était la seule personne au monde à connaître la raison véritable de sa présence à cet étrange rassemblement.*
Elle regarda de nouveau la photographie de Graeme et lut la légende, qui occupait le reste de la couverture*: «*Graeme Hamilton*: un célibataire vraiment craquant*!*» Craquant*? Incontestablement. Célibataire*? Certainement pas*!*
Quelle serait la meilleure stratégie à suivre*? Se mêler à la foule des femmes prêtes à se battre pour voir de plus près leur idole ou essayer de trouver un moment où ils pourraient se parler seul à seule*?Elle regarda de nouveau l’heure. Si elle comptait descendre à la soirée, il lui fallait d’abord enfiler le costume qu’elle avait loué. Elle l’avait choisi pour passer le plus inaperçue possible. C’était un habit aussi couvrant qu’une burqa, qu’un ordre de moines portait dans Galaxy’s End et qu’elle avait déniché par Internet. Accoutrée de la sorte, Graeme ne pourrait jamais la reconnaître. Cela lui laisserait le temps d’observer l’ambiance, avant qu’elle ne soit prête à l’affronter.*
Elle avait une idée très précise de la façon dont elle voulait que leur rencontre se déroule et son scénario n’incluait pas une horde de fans en émoi comme témoins.*
Deux semaines s’étaient écoulées depuis qu’elle avait reçu la lettre qui avait chamboulé son univers bien réglé et, pourtant, elle n’arrivait pas encore à croire que tout cela était en train de lui arriver pour de bon. Elle jeta un coup d’œil méfiant à la grosse enveloppe en papier kraft posée sagement sur la table, qui semblait parfaitement inoffensive. Cependant, les documents légaux qu’elle contenait avaient eu sur elle l’effet d’une bombe atomique.*
La plupart des gens venaient à Las Vegas pour se marier en un éclair. Elle était venue pour divorcer en catastrophe, ou, plutôt, pour faire signer à son mari les papiers de leur divorce. Le problème était que l’homme qui devait parapher le document ignorait qu’il était encore marié. Une crise de panique s’emparait d’elle chaque fois qu’elle essayait d’imaginer comment Graeme allait réagir en l’apprenant.*
Elle aurait pu laisser à son avocat la tâche ingrate de le lui annoncer. Après tout, Graeme et elle n’étaient plus en contact depuis des années, mais quelque chose la poussait à le faire personnellement. Elle devait être masochiste, se dit-elle, en sortant de l’enveloppe la liasse de papiers et en se laissant tomber lourdement dans le fauteuil pour lire encore une fois ces mots qu’elle connaissait déjà pratiquement par cœur.
***
Ma très chère Lara,*
Quand tu liras ces lignes, je serai déjà parti. Je sais que tu me détestes et je ne t’en blâme pas, mais, je t’en conjure, ne jette pas cette lettre avant de l’avoir lue.*
Je suis conscient de l’effort qu’a dû te coûter ta visite aujourd’hui à l’hôpital, mais je te suis infiniment reconnaissant de m’avoir permis de te voir une dernière fois avant de mourir.*
Pour la première fois depuis cinq ans, je conçois l’espoir qu’un jour tu parviennes à me pardonner. Je t’en prie, ma chérie, sache que tout ce que j’ai pu faire, je ne l’ai fait que parce que je t’aimais.*
Si je suis loin d’avoir été un père exemplaire, je n’ai jamais voulu que ton bien. Lorsque tu es venue passer cet été-là avec moi à Londres, tu étais devenue une jeune femme. J’ai voulu croire que nous allions nous rapprocher et tisser une relation que les circonstances nous avaient empêchés de vivre. Mais, encore une fois, j’ai laissé ma carrière s’interposer entre nous.*
Je ne te reproche pas d’être tombée amoureuse de ce garçon. Tu as toujours été de nature romantique et tu as cru qu’il était ton prince charmant. Mais lorsque j’ai découvert que tu t’étais enfuie avec lui, j’ai fait ce que n’importe quel père aurait fait à ma place. Lara, tu n’avais que dix-sept ans, tu étais une jeune fille innocente et confiante qui ne connaissait rien à la vie. Ce garçon n’avait rien à t’offrir, il aurait brisé ton cœur et peut-être détruit ta vie. C’est pourquoi je t’ai mise dans le premier avion pour les Etats-Unis et j’ai ordonné à mes avocats de s’occuper de l’annulation du mariage. Je ne pouvais pas imaginer que, ce faisant, j’allais te perdre.*
Hier, mon vœu le plus cher a été exaucé*: tu es finalement venue me voir et tu étais accompagnée d’un homme qui, je le crois, t’aimera et saura prendre soin de toi comme tu le mérites.*Je dois à présent aborder la partie la plus difficile de cette lettre, car j’ai un aveu à te faire qui risque de raviver ta colère contre moi.*
Ton mariage n’a jamais été annulé et mon conseiller légal m’a fait savoir qu’en dépit de tous mes efforts, tu es encore, légalement, l’épouse de ce garçon. J’ai reculé autant que possible le moment de te l’annoncer, car je craignais qu’en l’apprenant tu ne retournes auprès de lui. Mais puisque tu as désormais rencontré un homme convenable et que tu pourrais vouloir l’épouser, il était de mon devoir de t’apprendre la vérité.*
S’il te plaît, ma fille chérie, sois persuadée que je ne veux que ton bonheur.*
Pardonne-moi.*
Ton père,*
Brent Withfield*
***

nassamate 22-11-10 12:16 AM

Elle laissa tomber la lettre sans pouvoir contenir un éclat de rire amer. Jusqu’à la fin, son père avait refusé de désigner Graeme autrement que par «*ce garçon*», comme si, avec cette appellation, il cherchait à minimiser sa valeur, autant à ses yeux qu’à ceux de Lara.*
Apprendre qu’elle était encore mariée à Graeme l’avait littéralement rendue malade. Après des années passées à essayer de l’oublier, toutes les émotions qu’elle avait si difficilement refoulées étaient revenues l’assaillir. Elle avait pleuré des jours entiers, submergée par la nostalgie de ce qu’ils avaientvécu et le regret de ce qu’ils ne vivraient jamais. Et quand elle s’endormait, épuisée par le chagrin, ses rêves lui ramenaient avec une netteté troublante son rire, son odeur et le goût de sa peau.*
A cela s’ajoutait le poids du non-dit sur sa relation avec Christopher. Elle n’avait pu se résoudre à lui avouer qu’elle avait été mariée, même si son mariage n’avait duré que deux nuits, mais deux incroyables, deux merveilleuses nuits… Sa réticence, elle ne le savait que trop bien, venait du fait qu’elle songeait souvent, trop souvent, à cette parenthèse enchantée. Les cinq ans passés depuis n’avaient rien effacé.*
D’un geste à peine conscient, elle glissa la main sous les pans de son chemisier et caressa le médaillon niché entre ses seins. Du bout du doigt, elle suivit le nœud d’amour celtique finement ciselé sur l’argent, puis pressa le ressort qui ouvrait le pendentif.*
A l’intérieur se trouvait une photo de Graeme. Une photo qui n’avait rien à voir avoir celle de la couverture du magazine. Une expression, sur son visage, destinée à elle seule et non pas offerte à tous les yeux du monde. Sa bouche esquissait à peine un sourire, mais ses yeux trahissaient un rire contenu.*
Elle songea au jour où cette photo avait été prise. Ils se promenaient main dans la main sur les bords de la Tamise, lorsqu’un photographe ambulant muni d’un vieux Polaroid leur avait proposé de les prendre en photo pour cinq livres. Graeme avait tout d’abord refusé, mais elle n’avait pas eu à insister beaucoup pour qu’il cède, et il l’avait enlacée pour poser devant l’objectif. Lorsque leur image était apparue sur le papier, il avait déclaré qu’elle était bonne pour la poubelle, cependant, elle l’avait vu glisser un billet de dix livres au vendeur. C’était tout Graeme, ce genre de geste. Il avait beau être un acteur sans le sou, à l’époque, il n’en était pas moins un homme généreux.Elle avait tenté de lui dérober la photo et ils s’étaient chamaillés comme deux chatons avant qu’il ne l’embrasse avec un de ces baisers qui lui faisaient oublier même son prénom… Elle n’avait plus repensé au cliché jusqu’à ce qu’il lui offre le médaillon.*
Il avait découpé l’image de sorte que leurs deux visages se faisaient face de part et d’autre du pendentif, et elle avait trouvé terriblement romantique ce baiser sans fin, caché comme un trésor dans son écrin d’argent.*
C’était son cadeau de mariage.*
Avec un soupir, elle referma le bijou et le glissa de nouveau sous son chemisier. En dépit de tout ce qui s’était passé, elle n’avait pas un seul jour cessé de le porter. C’était son talisman, le souvenir des rêves qu’elle avait un instant caressés et qui n’étaient jamais devenus réalité à cause de son père. Même à son chevet, alors qu’elle savait ses heures comptées, elle n’avait pas été capable de prononcer les mots qu’il espérait entendre depuis longtemps*: «*Je te pardonne. Tu as eu raison d’agir comme tu l’as fait. Je suis heureuse à présent avec la voie qu’a prise ma vie.*»*
Après la mort de son père, elle avait pris conscience d’une triste réalité. Si sa vie ne ressemblait pas à ce qu’elle avait imaginé, elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même. C’était à elle de pardonner à son père, de cesser de pleurer sur son sort et de passer à autre chose. Et le premier pas vers son avenir, c’était de demander à Graeme de signer les papiers du divorce.*
Sans délai.*
D’un geste résolu, elle ouvrit sa valise et en sortit l’emballage qui contenait son costume. Elle ne l’avait commandé que deux jours avant son départ, et reçu au dernier moment, alors qu’elle s’apprêtait à partir à l’aéroport. Elle l’avait fourré dans ses bagages sans l’ouvrir ni l’essayer.Elle déchira le papier à bulles au-dessus du lit, impatiente d’enfiler le costume maintenant et de passer à la mise en œuvre de son plan.*
Mais…*
Dans ses mains, une pièce en métal…*
Qu’est-ce que c’était que ça*?*
Non*!*
Elle regarda mieux.*
Impossible…*
Il était hors de question qu’elle enfile ça*!*
Elle avait commandé un déguisement sobre, couvrant, pour se mêler à la foule des fans de façon anonyme et discrète. Alors, qu’est-ce que ce Bikini tarabiscoté faisait dans cet emballage*? Et puis où est-ce qu’elle avait vu ce costume, déjà*?*
Bien sûr*! C’était celui de la princesse Leia dans Le Retour du Jedi, à quelques détails près*!*
Il y avait le haut, avec ses volutes en relief, le bas, avec sa demi-jupette pourpre, les lourds bracelets en forme de serpent à mettre sur les avant-bras, le collier d’où pendait une grosse chaîne. Il ne manquait même pas les bottines en daim, habilement conçues pour s’adapter à toutes les pointures par un système de Velcro.*
Trop tard pour changer quoi que ce soit… Une véritable catastrophe*!*
Et, en supplément, on lui avait envoyé un masque de type vénitien, doré, destiné à couvrir le haut de son visage.Comment avait-on pu à ce point interpréter de travers sa commande*? Elle ne pouvait pas se montrer en public accoutrée de la sorte*!*
Elle suivit du doigt les lignes élégantes du masque, fascinée malgré elle. C’était un bel objet, une véritable œuvre d’art. Quel effet cela ferait-il de porter une si belle création*?*
D’une main hésitante, elle le posa sur son visage et se tourna vers la glace, le métal frais contre sa peau.*
L’image que lui renvoya le miroir semblait appartenir à quelqu’un d’autre. Elle avait beau porter le jean et le débardeur turquoise qu’elle avait enfilés le matin même, la créature exotique qui la regardait n’était pas Lara Withfield.*
Troublée, elle caressa doucement ses lèvres. Sa bouche lui avait toujours paru trop charnue, mais, encadrée par le métal doré, elle semblait à présent délicatement pulpeuse.*
Désirable.*
Elle était méconnaissable.*
Mystérieuse femme aux yeux bleus et aux longs cheveux blond vénitien, dont les lèvres appelaient au baiser.*
Elle jeta un coup d’œil au Bikini et aux accessoires éparpillés sur le lit. Oserait-elle*? En passionnée de théâtre, elle aimait se déguiser et interpréter des rôles très éloignés de sa personnalité véritable, mais jamais de sa vie elle n’avait eu à endosser une tenue aussi provocante*! Cela dit, elle doutait que Graeme puisse la reconnaître habillée de la sorte.**

nassamate 22-11-10 12:21 AM

Valerie n’avait cessé de lui répéter qu’elle avait énormément changé depuis cinq ans… Graeme aurait le plus grand mal à l’identifier… De plus, le masque occultait une bonne partie de son visage et le programme de la soirée ne mentionnait pas que l’acteur ait prévu d’y paraître.*
Elle pourrait oser, alors…*
Coulant un regard encore hostile vers le déguisement, elle chercha dans le minibar une dose de courage artificiel. Du chardonnay, parfait, se dit-elle, en ouvrant la petite bouteille. Elle but une longue gorgéepuis une deuxième. Sans se laisser le temps de la réflexion, elle se déshabilla à la hâte pour enfiler le costume.*
Elle enfila le bas sans aucun souci, mais le haut… Pendant quelques minutes agaçantes, elle dut batailler contre les bonnets qui semblaient trop petits pour son tour de poitrine. Finalement, elle réussit à l’agrafer. Ses seins, qu’elle avait tendance à trouver excessifs pour son gabarit, semblaient dans le Bikini galbés, pleins et… somptueux.*
Elle retira le pendentif en argent et le posa soigneusement sur la table de chevet avant de glisser les bracelets sur ses avant-bras. Il ne lui restait plus qu’à fermer autour de son cou le collier d’esclave dont la chaîne pendait le long de son décolleté.*
Elle contempla longtemps son reflet pour tenter de se persuader qu’elle était bien cette odalisque lascive parée pour assouvir les désirs d’un maître exigeant. L’or du Bikini donnait à sa peau une suavité de nacre et, lorsqu’elle tourna sur elle-même, la jupe de satin pourpre ondula, laissant entrevoir ses jambes comme un appel au péché. Sur les côtés, les anneaux métalliques qui liaient l’avant et l’arrière de la culotte laissaient ses hanches pratiquement à nu.*
Elle s’examina de profil et contracta les abdominaux avant de reprendre une pose naturelle. Elle n’avait pas de kilos superflus, mais la courbe de son ventre résistait à toutes les séances de gym imaginables et même aux régimes les plus restrictifs. Pourtant, dans le miroir, elle ne,voyait que la silhouette d’une femme aux formes luxuriantes. Sensuelles. Des mots qu’elle n’aurait jamais utilisés pour se décrire et qui lui venaient naturellement à l’esprit pour qualifier la femme qui la dévisageait dans la glace.*
Un agréable frisson d’excitation la traversa. Aurait-elle l’audace de se rendre au bal ainsi vêtue*? Rien qu’en y pensant, elle sentit ses joues en feu. Ce serait comme se glisser pour quelques heures dans la peau d’une des héroïnes sulfureuses qu’elle dépeignait dans ses contes érotiques. Ce qui suscita aussitôt une autre question, tout aussi électrisante*: quelle serait la réaction du hors-la-loi intergalactique Kip Corrigan devant cette esclave ensorcelante*?*
Son imagination d’écrivain s’emballa.*
Kip Corrigan l’allongerait sans hésiter sur la première surface disponible, avant de venir sur elle pour la dominer de tout son poids et d’embrasser avidement chaque parcelle visible de sa peau. Ensuite, il prendrait tout son temps pour enlever le costume de la jeune femme, il dégraferait langoureusement le haut avant de faire glisser lentement le bas le long de ses jambes, pour ne lui laisser que les bracelets et le collier. Elle pouvait presque le voir, tout de noir vêtu, les yeux étincelants de désir, enroulant à son poing la chaîne dorée pour l’attirer contre lui en même temps qu’il dévorait sa chair exposée. Et peut-être qu’elle feindrait la résistance pour attiser encore son désir, rien n’étanplus excitant que de lui refuser son corps, en sachant qu’elle pourrait ensuite s’adonner aux plaisirs d’une soumission toute consentante…t

nassamate 22-11-10 12:25 AM

Une spirale d’excitation ondula dans son ventre et elle s’aperçut alors qu’elle avait commencé à dessiner du bout du doigt le contour du Bikini sur sa poitrine, qui montait et descendait au rythme de sa respiration agitée. Sous le masque, ses lèvres entrouvertes semblaient attendre le baiser d’un amant, tandis que dans ses yeux brillait le feu de la passion.*
Paupières closes, elle laissa le fantasme envahir son esprit. Ce n’était plus Kip Corrigan, mais Graeme qui la serrait dans ses bras. Les images étaient si puissantes qu’elle en retenait son souffle, pour mieux les accueillir. C’était Graeme qui emprisonnait ses seins et empoignait ses fesses, en murmurant à son oreille des mots torrides avec son accent écossais.*
C’était lui qui pressait entre ses lèvres le bout dressé de son sein avec une fougue presque douloureuse, et qui tirait doucement sur la chaîne pour la ramener au silence, tandis qu’elle protestait avec un gémissement à peine audible, tout en glissant son autre main le long de son ventre, entre ses jambes, sur son sexe. Ses doigts savants…*
Tout à coup, elle rouvrit les yeux et regarda son reflet. Elle n’avait pas été si excitée depuis… depuis la dernière fois qu’elle avait fait l’amour avec Graeme, cinq ans plus tôt. Sa respiration était devenueune suite irrégulière de halètements, tout son corps semblait en feu et son pouls martelait contre ses tempes. Ses mains tremblaient.*
Qu’elle était stupide de se mettre dans des états pareils*! se gronda-t–elle, en finissant d’un seul trait ce qui restait du vin.*
Non, vraiment… Graeme ne pourrait jamais imaginer que sous ce masque se cachait l’adolescente timide qu’il avait épousée. C’était à peine si elle parvenait à se reconnaître elle-même*!*
Elle était tout à fait capable d’aller jusqu’au bout. Elle était cette femme que Val avait décrite, forte, sûre d’elle-même, maîtresse de sa vie et de son avenir. Elle avait un métier passionnant et un homme merveilleux l’aimait. Elle ne pouvait pas se permettre, et ne se permettrait pas, de songer un instant qu’il restait encore quelque chose entre Graeme et elle.*
Ils étaient des étrangers l’un pour l’autre, dans tous les sens du mot.*
Et alors qu’un million de femmes étaient prêtes à tout pour épouser Graeme Hamilton, elle quitta sa chambre bien décidée à demander le divorce.

nassamate 22-11-10 12:28 AM

2.*
Lorsque Lara entra dans la salle de bal, la fête battait déjà son plein. En temps normal, elle aurait été intimidée d’arriver seule à une soirée où elle ne connaissait personne, mais, d’emblée, les regards admiratifs et gourmands des hommes qu’elle croisait lui firent comprendre qu’on ne la laisserait pas faire tapisserie. Elle lisait dans leurs yeux qu’elle était belle.*
Plus que cela, même, qu’elle était superbe…*
Avec un sourire suave, elle accepta le cocktail Cosmopolitan qu’un serveur lui tendait. Le mélange vodka-Cointreau, à peine adouci par le jus de canneberge, lui brûla la gorge et elle toussota, les yeux pleins de larmes.*
Des spots savamment réglés créaient une agréable pénombre où flottaient les notes d’un air de jazz joué par des musiciens en smoking installés sur une estrade. De grandes plantes tropicales, ornées de guirlandes scintillantes, apportaient une touche féerique à l’ambiance et, sur les murs, des écrans géants diffusaient en boucle des extraits de Galaxy’s End.Kip Corrigan était omniprésent. Et pour Lara, Graeme aussi…*
Elle s’attarda un long moment près de la porte, hypnotisée par le flot d’images en Technicolor, la monumentalité des traits de Graeme sur les écrans. Ce visage… Pourrait-elle un jour le regarder sans que son cœur menace de cesser de battre*?*
Sa vie deviendrait tellement plus simple, alors.*
«*Malheureusement, ce n’est pas demain la veille*», songea-t–elle avec un soupir, en finissant son cocktail.*
Il fallait qu’elle se ressaisisse. Ces images n’étaient que des mirages, une fiction issue de l’imagination d’un scénariste, à l’instar des histoires qu’elle écrivait pour sublimer ses fantasmes inassouvis.*
Et des fantasmes, elle en avait assez*!*
Elle se faufila entre les rangées de tables nappées de blanc en direction du buffet, tout en observant les invités. C’était sidérant l’effet qu’une série télé pouvait avoir sur les gens. Ceux qui attendaient d’être servis comme ceux qui dansaient portaient tous des déguisements si bien réussis qu’on aurait dit les personnages véritables de Galaxy’s End. Elle se sentit subitement ridicule avec son déguisement tiré de La Guerre des étoiles. Mais l’expression ébahie du serveur puis son regard appuyé sur elle vinrent la contredire et la rassurer. Elle n’était pas ridicule, mais rayonnante, se corrigea-t–elle mentalement, pour se donner du courage.Une assiette remplie de petits-fours à la main, elle chercha une place. Elle s’installa près de la piste de danse, à une table où se trouvait déjà une joyeuse bande de femmes. Alors qu’elles avaient largement dépassé la cinquantaine, elles avaient toutes choisi de se déguiser en Lily, la gardienne de prison dont Kip Corrigan tombe amoureux malgré lui, et, si leur accueil fut chaleureux, Lara ne manqua pas de noter les regards critiques qu’elles lancèrent sur son costume.*
Sa timidité revint en force et elle héla un serveur pour se faire apporter un autre Cosmopolitan. Le premier commençait à faire effet, aussi le deuxième lui sembla-t–il moins fort. Sans doute était-il imprudent de boire si vite alors qu’elle n’en avait absolument pas l’habitude. Mais deux petits verres n’allaient pas l’enivrer et, surtout, elle commençait déjà à se détendre.*
Excellent…*
La femme assise à côté d’elle lui adressa un clin d’œil complice.*
–*C’est un sacré déguisement que vous portez là.*
–*Merci, répondit-elle poliment, ne sachant si le commentaire relevait du compliment ou du sarcasme. Ce n’était pas le costume que j’avais commandé, mais, le temps que je m’en aperçoive, il était trop tard pour en changer.*
Puis elle se morigéna*: pourquoi se justifiait-elle auprès d’une inconnue*? Elle aurait dû s’asseoir à une table d’hommes. Là, au moins,pas d’envie mal camouflée, pas de remarques ambiguës. Entretenir une aura de sensualité mystérieuse était beaucoup plus difficile lorsqu’on se trouvait entourée de bonnes femmes sensibles à la concurrence.*
–*Ne vous en faites pas, mademoiselle, intervint une autre. Si j’avais un corps comme le vôtre, j’aurais choisi le même costume que vous. Et ce masque est absolument superbe.*
–*C’est votre premier festival Galaxy’s End*? lui demanda Lara, en lui adressant un sourire reconnaissant.*
–*Pas du tout*! Nous étions déjà là l’année dernière, nous sommes toutes tombées amoureuses de Graeme Hamilton dès le premier épisode*! On peut même dire que c’est nous qui avons créé son premier fan-club. Vous avez peut-être entendu parler de nous, on nous appelle les Kippettes…*
Lara hocha la tête. Bien sûr qu’elle avait entendu parler des Kippettes. Elles avaient mis en ligne un site non officiel autour de Graeme et de sa carrière, où elle-même avait souvent publié ses nouvelles érotiques sous le pseudonyme de Secret Lover.*
Elle se garda cependant de dévoiler son identité à ces femmes, car ce qu’elle racontait dans ces histoires était trop intime pour assumer devant des inconnues qu’elle en était l’auteur. Elle frissonna en imaginant la réaction de Graeme s’il venait un jour à lire ses contes érotiques. Il ne pourrait que se reconnaître en tant qu’homme bien réel dans les mots et es gestes qu’elle attribuait à Kip, et il devinerait alors que c’était elle qui les avait écrits. Pire encore, il se rendrait compte qu’elle n’avait jamais cessé de penser à lui. C’était le plus inavouable de ses plaisirs que de se plonger dans la fiction pour revivre chaque minute de cet été où ils étaient tombés amoureux l’un de l’autre et faire renaître, au moins dans son imagination, leurs nuits de passion dans la petite auberge écossaise où ils avaient passé leur brève lune de miel. Et lorsqu’elle ne puisait pas dans ses souvenirs, elle laissait libre cours à ses fantasmes. Elle pouvait ainsi s’imaginer en maîtresse dominante dont il était l’esclave dévoué, ou bien, au gré de ses envies, inverser les rôles et devenir la victime consentante de séances de torture exquise où il la soumettait à son désir exacerbé.*
–*Alors comme ça, vous êtes toutes des fans de Graeme Hamilton*? poursuivit-elle, tout en trouvant sa question d’une banalité affligeante.*
–*J’ai eu le coup de foudre dès le premier épisode, répondit son interlocutrice avec un sourire qui lui donna un air frais de collégienne, en dépit de ses cheveux grisonnants. Mais c’est le cas de nous toutes, non*? Qui pourrait résister à son charme, je me le demande*?*
Lara picora un petit-four pour éviter de lui répondre.*
–*Et vous, alors, quand est-ce que vous avez perdu votre virginité avec M.*Hot*? lui demanda une autre Kippette, entre deux bouchées.*
–*Pardon*?*

nassamate 22-11-10 12:33 AM

Lara tenta de maîtriser son affolement. Cette femme ne pouvait pas être au courant. Impossible… Personne, en dehors de ses parents, de Val et bien sûr de Graeme lui-même, ne savait qu’il avait été son premier amant.*
Son seul amant, d’ailleurs.*
–*Mais ne rougissez pas, ma petite*! Vous pouvez bien nous dire comment vous avez découvert Graeme. On ne vous en voudra pas.*
C’était il y a cinq ans, j’allais avoir dix-huit ans et il n’était qu’un acteur inconnu sans le sou dont personne aux Etats-Unis n’avait entendu parler.*
Non, elle ne pouvait pas leur raconter cela. Elle mâcha de nouveau consciencieusement un canapé pour gagner du temps. Elle ne pouvait pas leur dire qu’elle l’avait rencontré avant qu’il ne devienne le «*célibataire*» le plus convoité d’Hollywood. Ni qu’elle l’avait connu très intimement. Encore moins qu’elle en était tombée éperdument amoureuse dès la première seconde et qu’elle avait menti sur son âge, car elle savait qu’il l’éconduirait s’il apprenait qu’elle était mineure. Il était jeune lui aussi, il n’avait que vingt-trois ans, mais il était déjà un homme droit et honnête. Comment expliquer que lorsque leur relation était devenue beaucoup plus qu’un flirt, elle avait persévéré dans son mensonge par peur de le perdre*?Quelle serait la réaction de ces femmes si elle leur racontait son histoire*? Sa véritable histoire*? Allaient-elles croire qu’elle avait eu l’immense bonheur de s’être un jour trouvée dans les bras de Graeme, de goûter à ses baisers et à sa peau, de le sentir dans son corps, de jouir avec lui*?*
Non, elles ne la croiraient jamais. Elles la prendraient tout simplement pour une mythomane et elle ne pourrait leur en tenir rigueur. Il y avait des jours où elle-même doutait de ses souvenirs et où ces moments intimes passés avec lui lui semblaient n’être qu’un très beau et très triste rêve.*
–*Je suis fan de Graeme Hamilton depuis le tout début de Galaxy’s End, dit-elle finalement.*
Ce n’était même pas un mensonge.*
–*Alors, bienvenue au club*! dit la première femme. Moi, c’est Sandra.*
–*Moi, Clara, continua la dame aux cheveux gris, en montrant du doigt le badge avec son prénom. Avec Sandra, nous venons du Wisconsin.*
–*Et moi, je suis Lara… J’habite Chicago.*
A cet instant, la musique s’arrêta et un projecteur fut braqué sur la scène toute proche. Une femme rondelette, habillée elle aussi engardienne de prison intergalactique, monta sur l’estrade, un microphone à la main.*
–*Mesdames et messieurs, bonsoir… Soyez les bienvenus au deuxième festival annuel des fans de Galaxy’s End. Je suis certaine que nous allons tous passer un très bon moment ensemble à partager notre passion pour cette merveilleuse série qui entame avec succès sa troisième saison. Et veuillez excuser, messieurs, notre adoration pour l’incroyable acteur qui nous fait toutes, n’est-ce pas, chères amies, rêver d’être prisonnières sur cette planète inconnue*!*
Quelques applaudissements épars l’interrompirent et une voix cria depuis le fond de la salle*: «*On veut Graeme*!*», ce qui suscita quelques rires et des applaudissements beaucoup plus enthousiastes.*
–*Je dois vous annoncer un changement de dernière minute, poursuivit la présentatrice. Nous attendions ce soir la venue de Finn McDougall, le réalisateur de la série. Malheureusement…*
Un murmure de déception s’éleva du public, mais la femme leva sa main libre en geste d’apaisement.*
–*Non, chers amis, laissez-moi finir… Malheureusement, M.*McDougall a été retenu et la rencontre avec lui aura lieu demain matin, leur expliqua-t–elle, avant d’ébaucher un sourire espiègle. En revanche, comme nous ne voulions pas vous décevoir, nous avonstrouvé pour le remplacer un invité de marque. Mesdames et messieurs, veuillez accueillir chaleureusement… M.*Graeme Hamilton*!*
Après une seconde de silence étonné, une salve d’applaudissements assourdissants éclata et des cris féminins fusèrent de la foule, tandis que l’orchestre attaquait le thème principal de Galaxy’s End.*
Une silhouette élancée surgit des coulisses. Habillé de noir de la tête aux pieds, comme Kip Corrigan, Graeme Hamilton fit son entrée, esquissant un pas de danse qui enchanta la foule en liesse.*
Il salua l’orchestre, embrassa la présentatrice et se tourna vers la salle. Les projecteurs nimbaient ses cheveux bruns de reflets bronze et, depuis sa place, Lara pouvait distinguer les fossettes autour de sa bouche et l’éclat de ses yeux bleu-vert qui embrassaient la foule.*
En revanche, elle était incapable de bouger. Ni de respirer.*
Le temps d’un instant, son cœur sembla s’arrêter avant de se remettre à battre dans sa poitrine à un rythme débridé. Elle avait toujours su que revoir Graeme lui ferait un choc, mais elle n’en avait pas imaginé la violence.*
Le martèlement de son pouls contre ses tempes l’empêchait d’entendre les mots qu’il adressait au public, mais aucun détail de son visage n’échappait à ses yeux. Ses traits avaient mûri et si, cinq ans plus tôt, il était attirant, à présent, il était devenu inoubliable. Quelque chose se déchira douloureusement dans sa poitrine. Elle était à peineconsciente des femmes qui s’avançaient vers la scène pour se rapprocher de lui.*

nassamate 22-11-10 12:37 AM

Son masque l’oppressait.*
Elle suffoquait.*
Sa vision se brouillait et elle sentait venir en force les effets de l’alcool.*
Bredouillant quelques excuses inaudibles, elle se leva pour tenter de quitter la salle discrètement. Mais, comme dans un film au ralenti, elle s’aperçut trop tard qu’un coin de la nappe s’était accroché à l’un des anneaux de son Bikini. Dans sa hâte, elle était en train de tout entraîner avec elle.*
Assiettes, verres et nourriture tombèrent par terre en même temps que les six femmes de la table se levaient d’un bond en poussant des cris et en renversant les chaises.*
L’orchestre cessa de jouer et tous les regards se braquèrent sur elle.*
Paniquée, elle se tourna vers la scène.*
Graeme aussi avait les yeux sur elle.*
Pendant un instant, leurs regards se croisèrent. Une nouvelle vague de chaleur l’envahit, avant de se retirer en la laissant pantelante et trempée de sueur froide.*
Comment en était-elle arrivée là*?Avec un sursaut d’énergie, elle tira la nappe pour s’en dégager et s’élança vers la sortie la plus proche. La porte s’ouvrait sur un couloir de service qu’elle traversa en courant, indifférente aux regards stupéfaits du personnel de l’hôtel.*
Elle bouscula un serveur pour atteindre les portes de l’ascenseur qui se trouvait au fond du couloir et pressa impatiemment le bouton d’appel.*
–*L’ascenseur est réservé au service, princesse Leia, lui indiqua un serveur qu’elle avait failli renverser. Mais… Qu’est-ce que…*
Lara suivit son regard et crut qu’elle allait s’évanouir.*
Graeme approchait au pas de charge, poursuivi par un troupeau de femmes échevelées qui criaient son nom en tendant les bras vers lui.*
Non*!*
L’ascenseur s’ouvrit enfin et elle s’y engouffra. Le souffle court, elle appuya sur le tableau de commande désespérément alors que Graeme réduisait à grandes enjambées la distance qui les séparait.*
–*S’il vous plaît, s’il vous plaît, pria-t–elle, pour que les portes se ferment au plus vite.*
Il s’approchait.*
S’il vous plaît…*
Encore plus près.Les portes commencèrent à se refermer lentement.*
Soulagée, elle se laissa aller contre le mur… Mais, au dernier moment, une main se glissa entre les battants et en força l’ouverture. Au comble du désespoir, Lara vit Graeme se glisser à l’intérieur de la cabine et presser le bouton longuement. Une seconde avant que les fans en folie ne se jettent sur lui, l’ascenseur consentit enfin à se refermer.*
–*Seigneur… murmura-t–il dans un grand soupir.*
Graeme…*
Lara n’osait relever les yeux sur lui.*
C’était lui, bien lui, tout près.*
Si près…*
Sa carrure était plus imposante que dans son souvenir. Des larmes d’émotion nouaient sa gorge, et, serrant les poings pour contenir son envie de le toucher, elle se plaqua plus encore contre le mur de la cabine, sans même oser respirer.*
Avec un peu de chance, il ne prêterait pas attention à sa présence.*
Avec encore un peu plus de chance, grâce au masque, il ne la reconnaîtrait pas, songea-t–elle, sans vraiment y croire. Quelle situation ridicule*! Se faire surprendre par son ex-mari à une convention de fans en son honneur.*
Enfin, pas ex, justement…Mais elle n’allait pas faire confiance à la chance. Si elle avait été de son côté, la chance, leur rencontre n’aurait pas eu lieu alors qu’elle était habillée, ou plutôt déshabillée, en tenue d’esclave galactique.*
Ces retrouvailles étaient une véritable catastrophe*! Rien à voir avec le scénario qu’elle avait imaginé. Car ce qu’elle avait prévu, c’était de lui donner rendez-vous dans un salon de l’hôtel, où elle arriverait vêtue de son tailleur le plus strict afin qu’il comprenne qu’elle avait grandi et qu’elle était passée à autre chose. La vie se montrait bien ironique parfois. Tout ce qu’elle voulait, c’était se montrer sûre d’elle-même et distante, et voilà qu’elle se tenait devant lui, tremblante comme une feuille, incapable de maîtriser ses émotions et dans quelle tenue*!*
Il s’adossa nonchalamment au mur opposé à elle et lui lança un regard amusé.*
–*Il s’en est fallu de peu… La charge maximale de cet ascenseur ne doit pas dépasser les mille kilos*!*
Sa voix l’enveloppa comme un filet de miel chaud. Lentement, elle leva les yeux vers lui. Elle tressaillit. Comme la première fois qu’elle l’avait vu, un soir d’été, sur la scène d’un théâtre londonien, le monde autour sembla disparaître.*
Elle oublia l’ascenseur, les fans déchaînés, les papiers du divorce.*
Elle se fichait même d’être pratiquement nue.Elle ne pouvait que sentir sa présence, si puissante, si masculine. Son cerveau, débordé par les émotions, fut incapable de trouver une repartie brillante, et elle bafouilla péniblement un mot inintelligible.*
Il continua à la regarder d’un air sérieux.*
–*Désolé de vous l’apprendre, princesse, mais le rassemblement pour La Guerre des étoiles n’aura lieu que dans deux mois, murmura-t–il avec son accent écossais qui la faisait fondre.*
Etait-ce son imagination ou avait-il souligné le mot «*princesse*»*? «*Princesse*» était le surnom tendre qu’il lui donnait à l’époque. L’avait-il reconnue ou s’agissait-il simplement d’un hasard*?*
S’il l’avait reconnue, il ne serait pas resté aussi calme. Elle avait été malhonnête en lui cachant son âge véritable et, comme ils n’avaient jamais eu l’occasion de s’expliquer, elle s’attendait à ce qu’il lui demande des comptes. Elle s’était préparée à une confrontation amère et pleine de reproches, mais l’expression de Graeme ne recelait ni rancune ni colère.*
Rien de tout cela.*
Au contraire, l’expression de son visage était celle de quelqu’un qui apprécie la beauté d’une femme et, dans ses yeux, ne brillait que l’étincelle de l’envie.*
La tension dans sa poitrine se relâcha aussitôt et elle pinça les lèvres, hésitant entre rire ou pleurer.*Graeme ne la reconnaissait pas*! Aussi incroyable que cela puisse paraître, l’homme qui se trouvait en face d’elle et qui la mettait dans cet état de trouble aussi intense n’avait pas la moindre idée de qui elle était*!*
Elle regarda ailleurs, tentant de réfléchir à toute vitesse.*
Il ne savait pas qu’elle était elle, Lara Withfield…*
Une partie d’elle ressentit douloureusement le fait qu’il ne l’ait pas reconnue, mais, en même temps, le regard qu’il portait sur elle lui disait qu’il la trouvait belle. Qu’il trouvait belle une inconnue…*
Un frisson d’excitation la traversa.*
Elle avait changé, se dit-elle, en se rappelant sa conversation avec Valerie, et les changements survenus dans son corps ajoutés au masque l’avaient sans doute rendue absolument méconnaissable. Cette idée lui redonna confiance et l’embarras que sa tenue affriolante avait produit en elle quelques secondes plus tôt s’évapora. Le désir patent dans le regard de Graeme agissait comme un aphrodisiaque. L’envie montait dans son ventre en vagues de plus en plus puissantes. Son corps était un volcan au bord de l’éruption.*
Certaines choses ne changeraient jamais.*
Il continuait à la troubler rien qu’avec un regard, et alors qu’une minute auparavant elle aurait tout fait pour s’éloigner de lui, à présent, elle aurait tout donné pour se retrouver dans ses bras**

_maya 22-11-10 05:57 PM

g adoré ce roman ma chérie on attd la suite impatiament

itafitaf 22-11-10 09:30 PM

merci infiniment, tu es géniale et bonne continuation

nassamate 22-11-10 11:54 PM

ÇÞÊÈÇÓ:

ÇáãÔÇÑßÉ ÇáÃÕáíÉ ßÊÈÊ ÈæÇÓØÉ _maya (ÇáãÔÇÑßÉ 2535698)
g adoré ce roman ma chérie on attd la suite impatiament

merci beaucoup d'être passée, je te souhaite une bonne lecture:8_4_134:

nassamate 23-11-10 12:00 AM

ÇÞÊÈÇÓ:

ÇáãÔÇÑßÉ ÇáÃÕáíÉ ßÊÈÊ ÈæÇÓØÉ itafitaf (ÇáãÔÇÑßÉ 2535939)
merci infiniment, tu es géniale et bonne continuation


:friends::friends: Avec plaisir :flowers2:

nassamate 23-11-10 12:09 AM

Une fois encore… Au moins une fois…*
L’idée lui vint alors de commettre une folie.*
Puisqu’il ignorait son identité, elle pourrait… Elle se corrigea*: elle pouvait tout se permettre. Des idées plus coquines les unes que les autres tourbillonnaient dans son esprit. Et si elle entreprenait une manœuvre de séduction*?Comment réagirait-il, si elle lui faisait comprendre son envie de jouer l’esclave complaisante pour son plus grand plaisir*?*
Et le lendemain, protégée par son tailleur de femme d’affaires, elle n’aurait qu’à lui tendre la demande de divorce pour qu’il la signe, après quoi, elle le quitterait dignement en lui souhaitant bonne chance dans sa carrière et dans sa vie.*
Mais pour ce soir, elle pouvait libérer la séductrice qui sommeillait en elle sans que personne l’apprenne. Jamais. Même, et surtout pas, Graeme. Car elle voulait savoir, non, elle avait besoin de savoir si le sexe avec lui était aussi fantastique que dans ses souvenirs, ou si son esprit romantique les avait embellis au fil des années.*
Elle était parfaitement consciente qu’elle ne pourrait pas revivre son premier amour et ce n’était pas cela qu’elle cherchait. Non, ce qu’elle espérait, c’était enterrer le passé une bonne fois pour toutes, afin de regarder librement l’avenir. Elle ne pouvait pas rester prisonnière à jamais de ce qu’elle avait vécu encore adolescente. Non pas qu’elle ait cumulé les expériences depuis, car, en cinq ans, sa pratique du sexe s’était avérée désespérément et uniquement littéraire. Après sa malheureuse histoire avec Graeme, elle n’avait pas réussi à retrouver l’envie de rencontrer d’autres hommes.Et si le Kip Corrigan de ses nouvelles était un amant aussi parfait et incroyable, c’était grâce à ce qu’elle avait appris avec Graeme Hamilton.*

nassamate 23-11-10 12:11 AM

3.*
C’était Lara. L’erreur n’était pas possible*! Et il se retrouvait face à elle, dans l’espace minuscule de cet ascenseur*!*
Le ventre noué comme si on lui avait donné un coup de poing, Graeme déglutit avec difficulté, en se demandant ce qu’il devait faire. Depuis cinq ans, il n’avait jamais cessé de songer à ce moment et, s’il avait imaginé des dizaines de scénarios possibles, ils finissaient toujours de la même manière*: sur un lit, avec Lara dans ses bras lui promettant que plus jamais elle ne le quitterait.*
Il n’en revenait pas encore des circonstances qui l’avaient conduit jusqu’à cet ascenseur. Quelques minutes plus tôt, il se trouvait sur scène en train de débiter les banalités habituelles pour amuser le public et, lorsque cette femme déguisée en princesse Leia avait joué une piètre performance du vieux gag de la nappe qu’on emporte avec soi, il avait pensé avant tout à faire diversion. Show must go on. Mais la blague sur les rescapés de La Guerre des étoiles qu’il s’apprêtait à lancer était restée coincée dans sa gorge. Ces yeux saphir qui brillaient derrière le masque…*
Il aurait pu reconnaître ces yeux n’importe où, en n’importe quelle circonstance.Lara…*
Le choc lui avait coupé le souffle et, le temps qu’il se reprenne, elle avait pris la fuite. Sans penser aux conséquences, il s’était lancé à sa poursuite, en luttant pour échapper aux grappes de fans déchaînées qui s’accrochaient à lui, réclamant un baiser, un autographe, une photo.*
Il avait réussi à s’en débarrasser grâce au concours des gardes de sécurité et de son manager et, lorsqu’il avait enfin aperçu la silhouette de la fuyarde au bout du couloir, sa première impression avait été confirmée. Il n’était pas devenu fou, cette merveilleuse créature vêtue de pourpre et d’or était bel et bien Lara. Son corps avait changé, mais elle était encore plus renversante que dans ses souvenirs, et elle avait toujours ces longs cheveux d’une rare nuance cuivrée qu’il n’avait jamais retrouvée ailleurs.*
En dépit de son agitation, il n’avait pas manqué de noter le regard contrarié qui voilait ses beaux yeux.*
Que diable se passait-il*? Pourquoi était-elle venue à ce festival en son honneur, si elle ne voulait pas le voir*? Cette femme, décidément, était un mystère pour lui et le restait encore après toutes ces années.*
Il se rappelait leur première rencontre comme si elle datait de la veille. A l’époque, il n’était qu’un comédien débutantparmi des centaines d’autres qui essayaient de se frayer un chemin dans le théâtre londonien, et il jouait dans une reprise bon marché du musical Blood Brothers, dans un théâtre de seconde catégorie.*
Un soir, Lara était entrée dans la salle presque vide et s’était assise au fond. Le lendemain, elle avait fait de même. Mais le surlendemain, jour de la dernière représentation, elle s’était placée au tout premier rang et, lorsque le rideau était tombé, il n’était pas allé dans la loge. Mû par un élan aussi étrange qu’irrépressible, il était sorti du théâtre et avait couru dans la rue pour la rattraper. Il ne savait pas pourquoi, mais cette jeune fille avec son allure de bonne famille, ses jupes sages et ses chaussures plates, l’avait attiré comme un aimant.*
Le coup de foudre mutuel s’était transformé en un amour profond pendant la semaine qu’ils avaient alors passée ensemble à arpenter les rues de Londres. Et s’il n’avait pas vraiment compris ce que cette créature céleste pouvait lui trouver, il avait été certain d’une chose*: il la désirait comme jamais il n’avait désiré aucune femme.*
Et comme l’amour est aveugle, il avait gobé tous les mensonges que sa bouche d’ange lui avait débités avec une facilité écœurante. Il avait cru qu’elle était étudiante…

nassamate 23-11-10 12:13 AM

Qu’elle avait vingt et un ans… Qu’elle était en âge de l’épouser légalement. Il avait même cru –*oh*! Seigneur, comment avait-il pu être aussi naïf*! –, il avait même cru qu’elle l’aimait.*
Et après cinq ans d’absence, voilà qu’elle réapparaissait dans sa vie, à l’occasion d’un rassemblement de fans, habillée comme l’incarnation de la tentation. Pour ensuite prendre la fuite et se comporter avec lui comme s’il était un parfait inconnu.*
Comment pouvait-elle le contempler de derrière son masque comme si elle n’avait pas fichu la soirée en l’air, comme si elle n’avait pas remarqué les dizaines de femmes qui hurlaient son nom*?*
Comme s’il n’avait pas, un jour, embrassé chaque parcelle de son corps.*
Même si elle ne reconnaissait pas, physiquement, l’homme qu’elle avait épousé cinq ans auparavant, elle ne pouvait ignorer qu’il était Graeme Hamilton. La star à l’honneur dans ce festival, et le célibataire le plus convoité du pays.*
Et puis, soudain, il comprit ce qui se passait.*
Elle savait parfaitement qui il était, mais elle ne voulait pas que luiétait, tout simplement, une tentative désespérée pour passer inaperçue. Son langage corporel ne trompait pas, le regard fuyant, les épaules rentrées… Exactement l’attitude qu’il adoptait lorsqu’il essayait de marcher dans la rue sans être harcelé.*
Croyait-elle vraiment qu’il se laisserait duper par un simple masque*? Il l’aurait reconnue, n’importe quand, n’importe où. Même les yeux bandés et au milieu d’une foule, il aurait pu l’identifier*!*
Bon sang, il avait besoin d’un verre… Malheureusement, il avait appris à ses dépens que le malheur n’était pas soluble dans l’alcool et que la boisson ne lui était d’aucun secours pour oublier cette femme.*
Les souvenirs revenaient en masse, comme une nuée d’abeilles bourdonnantes, et l’empêchaient de réfléchir. Dans son esprit, il la revoyait, les cheveux épars sur les oreillers, la bouche entrouverte. Ses yeux brillaient de plaisir et elle serrait les jambes autour de lui, pour l’encourager à venir encore en elle, plus vite, plus loin…*
Nom d’un chien*!Il n’y avait qu’une raison qui puisse expliquer sa présence ici*: elle voulait demander le divorce. C’était la seule possible, la seule envisageable.*
Il se rappela son état de choc, quand elle était partie, quarante-huit heures après être devenue sa femme. Et le cauchemar n’avait fait que commencer. Lorsqu’il avait regagné son minuscule appartement londonien, le père de Lara était venu lui rendre visite. C’était alors qu’il avait appris que Brent Withfield était ambassadeur des Etats-Unis et Lara l’héritière d’une famille influente et richissime. Ni l’argent ni le pouvoir ne l’impressionnaient, mais il pouvait comprendre qu’un père responsable cherche à protéger sa fille de chasseurs de dots. Ce qu’il ne pourrait jamais pardonner, en revanche, c’était la façon dont cet homme s’était conduit avec lui.*
Il sentait encore son sang bouillir lorsqu’il se remémorait les accusations que Brent Withfield avait hurlées contre lui. Après l’avoir réduit au statut de la pire des ordures, cet homme l’avait menacé d’arrestation pour abus sexuels sur mineure. Heureusement, il connaissait assez bien la loi pour savoir que son mariage avec Lara avait été parfaitement légal et qu’aucun tribunal ne pourrait le condamner pour les faits ignobles dont Brent Withfield l’accusait.

nassamate 23-11-10 12:15 AM

Sa réponse avait été de refuser de signer les papiers de l’annulation, car cela aurait été comme nier ses sentiments et reconnaître qu’il avait mal agi. Ne pas se plier à la volonté de cet homme qui le traitait comme le plus misérable des criminels avait été la seule satisfaction qu’il avait tirée de ce triste épisode. Il avait accepté, en revanche, de lui promettre une chose*: il signerait les papiers d’un divorce sans tergiverser si c’était Lara qui le lui demandait. Personnellement. Face à face.*
Mais elle ne le lui avait jamais demandé.*
Au cours de ces années, il avait pensé plus d’une fois à s’exécuter de lui-même, pour passer à autre chose, mais à chaque occasion il se ravisait à la dernière minute.*
Il s’était trouvé des excuses, mais la vérité était qu’il se disait que tant qu’elle resterait mariée avec lui, elle ne pourrait pas s’engager sérieusement avec un autre homme.*
C’était sans doute la raison qui l’avait amenée ici ce soir. Personnellement, face à face, elle venait exiger de lui sa liberté…*
Suivre sa piste à distance avait été une tâche d’une facilité enfantine grâce à Internet et aux réseaux sociaux comme Facebook. C’est ainsi qu’il avait su qu’elle avait fini sesétudes, qu’elle avait créé un théâtre pour enfants… et qu’elle sortait à présent avec l’un de ses collègues.*
Même s’il avait toujours su qu’elle finirait un jour par rencontrer quelqu’un, se marier, vouloir fonder une famille, l’imaginer dans les bras d’un autre le rendait malade. Ce n’était que le cours naturel des choses, pourtant. Mais il n’arrivait pas à l’accepter.*
Il essaya, une fois encore, de se persuader qu’elle n’était qu’une anecdote du passé. Il avait même fini par décider de mettre fin à leur mariage ridicule*! Il ne voulait pas prendre le risque qu’un journaliste malveillant ne le découvre et n’en fasse un scoop. Car si lui avait l’habitude d’être la cible de la presse à scandale, Lara n’avait pas à voir son nom à la une des magazines people.*
Il n’en pouvait plus de ces vautours*! Les paparazzi assiégeaient sa maison, scrutaient le moindre de ses mouvements, chacune de ses paroles était reproduite et déformée dans les pages de ces feuilles de chou qui ne connaissaient pas le sens du mot «*éthique*». Quand on ne lui prêtait pas une relation avec une actrice quelconque, on le disait accro à la drogue ou à l’alcool.*
Heureusement, il pourrait bientôt échapper au harcèlement médiatique, du moins momentanément. On lui avait offert unrôle dans un film qui serait tourné en Nouvelle-Zélande, ce qui l’éloignerait d’Hollywood pendant dix-huit mois. C’était un grand pas dans sa carrière, le passage tant attendu du petit écran au cinéma. Mais c’était avant tout la possibilité de retrouver enfin un semblant de vie normale. Cela devenait insupportable de ne même plus pouvoir s’arrêter pour acheter un hot dog sans qu’un essaim de femmes avides se jette sur lui, en gloussant, en criant des obscénités et en faisant tout et n’importe quoi pour attirer son attention*!*
Des sangsues, pas meilleures que les paparazzi.*
Et pourtant, enfermée avec lui dans cet ascenseur, à moins d’un mètre de lui, Lara semblait indifférente à sa présence et à sa célébrité.*
Il lui lança un regard appuyé qu’elle préféra ignorer. Elle voulait garder l’incognito*? Très bien*! Cela ne lui posait aucun problème*! C’était un jeu auquel il savait jouer. Il n’était pas devenu l’un des acteurs les mieux payés d’Hollywood sans raison.*
Il lui décocha son sourire le plus languide et baissa sa voix d’une octave.*

nassamate 23-11-10 12:17 AM

–*Désolé de vous l’apprendre, princesse, mais le rassemblement des fans de La Guerre des étoiles n’aura lieu que dans deux mois.*
Elle se tourna vers lui d’un air hésitant et, pendant une fraction de seconde, il crut qu’elle allait enlever le masque pour mettre fin à cette scène surréaliste.*
Mais non.*
Elle promena son regard sur lui comme si elle jaugeait la valeur d’un objet rare, et il comprit alors qu’elle avait décidé de continuer à jouer la comédie.*
Comme tu voudras, mon ange…*
A son tour, il garda une expression détachée en dépit de l’excitation montante qui accélérait son pouls.*
–*Je suis peut-être venue à la recherche d’autre chose… dit-elle dans un souffle, posant les mains sur les hanches.*
D’autres que lui auraient interprété son geste comme une invitation, mais il la connaissait trop bien pour se leurrer. Elle cherchait surtout à dissimuler le tremblement de ses mains, et le fait de s’apercevoir qu’elle était aussi nerveuse que lui l’encouragea à poursuivre sur le même ton.*
–*A la recherche de quoi**Je pourrais être à la recherche d’un homme… Peut-être même d’un maître…*
Son ton bas et sensuel était chargé de sous-entendus, et tout son corps fut en émoi avant même qu’il ait fini de comprendre ce que Lara –*sa douce, innocente Lara*– était en train de lui proposer.*
Il la dévora du regard. Les années avaient été plus que généreuses avec elle. Elle était restée la même et, pourtant, il la devinait différente, et pas seulement du point de vue de son apparence.*
La jeune fille réservée et sage qu’il avait connue était devenue une femme épanouie dont les formes, plus rondes, plus pleines, lui donnaient le vertige. Cinq ans en arrière, ses seins petits et pointus tenaient dans sa main, à présent, ils semblaient vouloir s’échapper du Bikini doré. Graeme n’avait qu’une envie, le déchirer pour se perdre dans la douceur nacrée de sa peau et embrasser ses mamelons rosés. Il aurait voulu se mettre à genoux pour poser sa joue contre la courbe de son ventre et titiller avec sa langue le creux de son nombril parfait comme un coquillage, enveloppant des mains ces fesses dont la jupette pourpre laissait entrevoir la naissance.*
Les sonnettes d’alarme de la raison retentissaient dans sa tête, mais il les ignora. Ce n’était pas nouveau. Lorsqu’il s’agissait de Lara, il perdait son sang-froid et le désir prenait le dessus. Hier comme aujourd’hui, en sa présence, il ne pouvait penser à rien d’autre qu’à la toucher, à l’embrasser, à lui faire l’amour. Elle possédait une douceur innée que la tenue la plus osée n’arrivait pas à effacer, et il trouvait le mélange irrésistible.*
Tout en sachant qu’il jouait avec le feu, il pressa le bouton d’arrêt de l’ascenseur et la cabine resta suspendue quelque part au-dessus du trentième étage. Elle ne protesta pas, tout comme elle ne dit mot lorsqu’il s’approcha d’elle, si près qu’il eut peur de se trahir et qu’elle en vienne à surprendre les battements précipités de son cœur. En même temps, il avait envie de la secouer, de lui crier d’arrêter cette mascarade stupide, mais il se contint. Jamais il ne pourrait lui faire de mal.*
Les mains posées sur le mur de chaque côté du visage de la jeune femme, il pencha la tête pour mieux la dévisager.*
Dieu qu’elle était belle*! Rien qu’en regardant sa bouche, son imagination s’envolait. Ses lèvres pulpeuses contre sa peau, le bout de sa langue autour de son sexe…

nassamate 23-11-10 12:19 AM

Il inspira profondément pour sentir son odeur, ce mélange unique de fraîcheur et d’exotisme qui le rendait fou, et, enjetant définitivement la prudence aux orties, il se pencha encore plus pour murmurer à son oreille*:*
–*C’est une proposition très tentante, princesse. Mais je préfère vous prévenir*: ça fait longtemps, très longtemps même, que je n’ai pas rencontré une femme qui ait su me satisfaire pleinement.*
–*Voilà un avertissement qui sonne comme un défi, répondit-elle, en faisant courir le bout de ses doigts le long de son bras.*
Ce n’était que l’ébauche d’une caresse, à peine un frôlement, et pourtant il sentit sa peau brûler comme si elle l’avait marquée au fer rouge. Elle remonta vers son épaule avant de descendre le long de son torse, entre ses pectoraux.*
Il ferma les yeux pour savourer pleinement la sensation. Et lui qui croyait avoir définitivement fait une croix sur Lara Withfield*! Comment avait-il pu se mentir à ce point*? Il avait rencontré des femmes, plus qu’il ne voulait se souvenir, des femmes belles, élégantes, flattées d’être avec lui et prêtes à tout pour le garder. Mais aucune n’était parvenue à le faire vibrer comme Lara.*
–*C’est ce que je suis pour vous*? Un défi*?Elle incurva les lèvres en un sourire énigmatique aussi dangereux que l’étreinte d’une mante religieuse.*
–*Oh, oui… Vous pourriez même être le plus grand défi que j’aie jamais eu à relever, dit-elle, en se hissant sur la pointe des pieds pour poser ses lèvres, douces et chaudes, à la commissure des siennes.*
Ce baiser signa sa perdition. Il savait qu’il était complètement suicidaire de tomber dans le piège délicieux de ses bras, et pourtant, lorsqu’elle glissa la main autour de son cou pour l’attirer avec passion contre sa bouche, il ne résista pas.*
Certaines choses ne changeraient jamais, vraiment…*
Elle était sa princesse et il aurait fait n’importe quoi pour exaucer son moindre désir. Or il semblait que, ici et maintenant, c’était lui qu’elle désirait.**

nassamate 23-11-10 12:23 AM

4.*
Dans le tourbillon d’émotions qui agitait son esprit, Lara s’arrêta à peine sur la petite pointe de vexation que lui valut l’idée que Graeme ne l’avait pas reconnue. Elle constata vite que c’était finalement une situation extrêmement libératrice. L’anxiété qui jusque-là lui tenaillait l’estomac s’était envolée et il ne lui restait qu’une envie folle de se laisser aller aux sensations, sans plus réfléchir.*
Elle était venue à Las Vegas pour exorciser les démons du passé, non*? Eh bien, c’était ce qu’elle allait faire. Dans les bras de Graeme. Ce n’était pas ce qu’elle avait initialement prévu, mais, en pressant son corps contre le sien, elle se dit que cette manière était aussi bonne, et peut-être même meilleure, que celle qu’elle avait si soigneusement planifiée.*
Dans les histoires qu’elle écrivait depuis bientôt deux ans, elle mettait en scène Kip Corrigan et ses prouesses sexuelles. Au gré de l’inspiration, elle pouvait le décrire comme un gentleman tendre et dévoué ou bien comme un homme dominant et sauvage, mais, quelle que soit la situation choisie, elle en faisait toujours un amant infatigable, qui comblait l’héroïne au-delà de ses attentes les plus impensables. Mais ces nouvelles érotiquesn’étaient que le fruit de son imagination et, si elle était persuadée que Graeme était plus que capable de satisfaire une femme, elle doutait qu’il soit à la hauteur des exploits qu’elle lui prêtait dans ses fantasmes.*
Pendant longtemps*–*trop longtemps, elle le comprenait maintenant*–,*elle avait vécu dans un monde de chimères. L’heure était venue de prendre une salutaire dose de réalité. A condition, bien entendu, qu’elle oublie toute velléité romantique. Elle ne pouvait se permettre une seule seconde de croire que Graeme allait retomber amoureux d’elle. Ni elle de lui.*
L’amour n’avait plus rien à voir dans la brève aventure qu’ils étaient en train d’ébaucher. C’était juste une affaire de désir. Une affaire de sexe.*
Graeme lui faisait toujours un effet fou, physiquement, ça oui… Elle l’avait compris à l’instant même où il était entré dans l’ascenseur. Non… A l’instant où il avait surgi de derrière le rideau de scène. Mais quelque chose d’étrange se passait en elle*: le fait de porter ce déguisement donnait des ailes à son audace. Elle se sentait puissante et irrésistible, courageuse et sexy. Comme la princesse Leia. Elle était capable de tout, même de séduire un Graeme Hamilton devenu une icône sexuelle, et qui n’avait plus rien en communavec le jeune homme qu’elle avait fréquenté. L’alcool lui était certainement monté à la tête, aussi, mais elle n’avait même pas l’ombre d’un complexe en pensant aux femmes éblouissantes qui l’accompagnaient lors de galas, qui posaient à ses côtés pour les magazines et qui, très probablement, couchaient avec lui.*
Ce déguisement qu’on lui avait envoyé par erreur était, à la réflexion, une bénédiction. Car si Graeme l’avait reconnue, il ne serait pas dans cet ascenseur avec elle, ses bras de part et d’autre de son visage, ses yeux rivés à sa bouche, en train de la défier avec sa voix sensuelle et profonde.*
Ça fait très longtemps que je n’ai pas rencontré une femme qui ait su me satisfaire pleinement…*
Eh bien, cette nuit, elle comptait devenir la femme capable de combler chacun de ses désirs, d’incarner chacun de ses fantasmes et quelques-uns de ceux qu’elle nourrissait, par la même occasion…*
La peau de Graeme brûlait sous ses doigts et elle crut l’entendre gémir doucement, lorsqu’elle l’embrassa au coin des lèvres.

nassamate 23-11-10 12:25 AM

Enhardie, elle glissa la main sur sa nuque et l’attira pour l’embrasser. Le temps d’un instant, il se raidit, comme s’ilenvisageait de résister, puis ce fut lui qui prit sa bouche d’assaut.*
Elle n’avait pas oublié l’intensité de ses baisers, mais elle ne s’attendait pas à la violente décharge de plaisir qui la traversa. La sensation était si forte qu’elle crut s’évanouir.*
Il lui prit les mains et les plaqua contre le mur, en se servant du poids de son corps pour l’immobiliser et s’adonner tout à loisir à leur baiser.*
Une chaleur liquide, douce et implacable, se mit à irradier de son ventre vers le reste de son corps.*
Elle avait besoin de ses mains sur ses seins, de son sexe dans le sien.*
Tout de suite*!*
Perdue dans le tumulte de ses sens, elle s’aperçut à peine qu’il l’avait relâchée pour glisser ses mains le long de son dos. Elle enfonça alors les ongles dans les muscles puissants de ses épaules, et, lorsqu’il enveloppa ses fesses d’un geste possessif, elle sentit son sexe dur et chaud pressé contre son ventre.*
Elle l’excitait toujours autant, songea-t–elle avec un grand élan de joie. Qu’il ignore son identité ou que sa réaction ne soit qu’une réponse purement sexuelle à ses avances lui mportait peu. A vrai dire, une nuit de sexe torride avec lui paraissait une perspective suffisamment exaltante pour qu’elle fasse momentanément fi des conséquences, du divorce et même de sa relation naissante avec Christopher.*
Car Christopher, aussi gentil et tendre qu’il soit, n’avait jamais produit sur elle cet embrasement des sens et cet affolement de l’esprit qu’un simple regard de Graeme était capable de produire sur elle. A plusieurs reprises, ils avaient failli faire l’amour, et chaque fois elle s’était dérobée au dernier moment. Elle s’était souvent demandé pourquoi.*
Maintenant, elle comprenait.*
Avec Christopher, elle ne ressentait pas cette envie urgente de lui arracher ses vêtements pour toucher sa peau, ses jambes ne se dérobaient pas sous elle à son seul contact, son cœur ne cessait pas de battre sous ses caresses. Tandis qu’avec Graeme… Elle avait l’impression qu’elle allait mourir s’il ne venait pas en elle sur-le-champ pour la combler et apaiser ce feu qui la dévorait.*
Elle s’écarta légèrement de lui pour promener sa bouche le long de son menton jusqu’à son oreille qu’elle lécha du bout de la langue avec une lenteur délibérée.*
Il contint son souffle.*

nassamate 23-11-10 12:26 AM

–*Allons dans ma chambre, murmura-t–elle, en lui mordillant le cou. Je ne peux plus attendre.*
–*La mienne est beaucoup plus près, répondit-il d’une voix rauque.*
Tout en la gardant serrée contre lui, il sortit une carte-clé de sa poche et l’introduisit dans la fente du tableau de commande avant de presser le bouton du quarantième étage.*
L’ascenseur se remit en route avec un bourdonnement et, quelques secondes plus tard, ses portes s’ouvrirent sur un luxueux couloir dallé d’un marbre étincelant, au bout duquel se trouvait un vigile.*
Elle n’eut pas besoin de plus pour comprendre qu’ils se trouvaient dans la suite royale du dernier étage, accessible seulement aux plus riches, ou aux plus célèbres, de ce monde.*
–*Bonsoir, monsieur*Hamilton, salua le garde du corps posté dans le couloir. Je ne m’attendais pas à vous voir arriver par l’ascenseur de service.*
–*Disons que la soirée s’est terminée plus tôt que prévu et de façon assez inattendue, répondit Graeme d’un ton laconique, en avançant vers l’une des portes. Je n’attends pas de visites ce soir, donc…*
L’employé hocha la tête.–*Entendu, monsieur. Vous ne serez pas dérangé. Je vous souhaite une bonne soirée.*
–*Merci…*
A cet instant, un téléphone portable se mit à vibrer avec un bourdonnement insistant. Avec un regard d’excuses, Graeme sortit l’appareil de la poche de son pantalon et décrocha. Même à distance, Lara put entendre les cris d’une voix aigre qui demandait à Graeme où diable il était passé avant de lui ordonner de regagner tout de suite la salle de bal. Graeme ferma les yeux un instant avec une moue agacée.*
–*Hors de question, Tony. Je ne compte pas y retourner. Tu peux dire ce que tu veux aux responsables de l’organisation, mais j’en ai ma claque pour ce soir.*
Et, sans attendre de réponse, il raccrocha.*
–*Désolé pour l’interruption, dit-il. C’était mon manager, je n’avais pas le choix.*
***

nassamate 23-11-10 12:29 AM

Il avait l’air si excédé qu’elle ne put que compatir. Ce devait être très pesant de devoir se plier constamment aux exigences d’un public insatiable.*
Il ouvrit la porte et s’écarta galamment pour la laisser entrer la première. Elle eut à peine le temps d’entrevoir la pièce, un immense salon décoré élégamment, avec au fond une baie vitrée du sol au plafond à travers laquelle on avait une vue imprenable sur toute la ville, car, à peine la porte refermée derrière eux, il l’enveloppa dans ses bras en la plaquant contre le mur.*
Avec un soupir de délice, elle ferma les yeux et se concentra sur les caresses impatientes dont il couvrait son corps.*
–*Dieu que tu es belle, murmura-t–il contre son cou, le souffle brûlant. Je ne peux plus attendre de te voir tout entière.*
Il confirma ses paroles en faisant glisser le haut de son Bikini pour dévoiler ses seins.*
L’embarras qu’elle aurait dû ressentir en se voyant ainsi exposée fut chassé par le plaisir que lui produisait le visage de Graeme ébahi, et elle cessa tout à fait de réfléchir lorsqu’il posa ses grandes mains sur sa poitrine avec une délicatesse qui frôlait la dévotion.*
Il la caressa longuement, ses pouces s’attardant sur le bout de ses seins.*
–*Je veux sentir le goût de ta peau, murmura-t–il, en penchant la tête pour lécher un mamelon rosé.*
Si elle n’avait pas été retenue contre le mur par le poids du corps de Graeme, elle se serait évanouie de plaisir.*
Sa tête brune contre la blancheur de sa peau était une vision d’un érotisme renversant et elle enfonça ses mains dans ses cheveux pour en sentir sous les doigts la texture soyeuse. Sa peau était si chaude qu’on aurait pensé qu’il était en proie à un accès de fièvre.*
Il l’embrassait sans relâche, passant d’un sein à l’autre avec sa bouche ardente et humide, pressant et caressant avec ses mains savantes.*
C’était le paradis sur terre…*
Il attrapa un mamelon entre ses dents et elle sentit son sexe se liquéfier.*
Cinq ans auparavant, il avait été un amant d’une délicatesse presque excessive, qui ne pensait qu’à satisfaire le moindre de ses désirs, et il avait fallu qu’elle proteste plus d’une fois pourqu’il cesse de la traiter comme un objet fragile et l’aime avec toute la puissance de son instinct viril.*
Mais ce soir, oh, ce soir, son désir se déversait sur elle comme une force de la nature*!*
Il releva la tête pour l’embrasser sur la bouche comme si sa vie en dépendait, ses mains parcourant son corps comme une armée conquérante qui s’empare d’un pays en le mettant à feu et à sang.*
Elle dut faire appel à toute sa volonté pour s’écarter de lui.*
–*Attends, dit-elle d’une voix étranglée. C’est moi qui suis censée satisfaire tes envies.*
–*Oh, mais tu le fais, mon ange, tu le fais…*
–*Je suis ravie de l’entendre, mais je tiens vraiment à faire les choses à ma façon.*
–*Si tu veux vraiment me faire plaisir, enlève ce masque et laisse-moi voir ton visage, lui demanda-t–il, le souffle court. Je suis sûr qu’il est aussi beau que le reste de ton corps.*
Elle réfléchit frénétiquement, à la recherche d’un argument plausible qui lui permette de garder l’anonymat. N’en trouvant aucun, elle dit simplement*:*
–*Non, ce n’est pas possible… Pas ce soir…Et elle l’embrassa sur les lèvres pour adoucir son refus.*
–*Je trouve que le masque ajoute du mystère, pas toi*? Fais-moi confiance, tu ne seras pas déçu…*
–*Je n’ai pas tellement le choix, je crois, dit-il en haussant les épaules. Mais je suis prêt à faire tout ce que tu voudras.*
–*C’est exactement ce que je voulais entendre, répondit-elle, grisée par le désir enflammé qu’elle lisait dans son regard. Attends de voir ce que j’ai en tête, tu ne seras pas déçu. Pour commencer…*
Elle défit le premier bouton de sa chemise noire en espérant qu’il ne remarque pas le tremblement de ses mains.*
–*Pour commencer, je vais déboutonner ta chemise et embrasser chaque centimètre carré de ta peau, murmura-t–elle, en posant un baiser langoureux sur son torse bronzé.*
Un bouton, un baiser.*
Un autre bouton, un autre baiser.*
Elle promena ainsi ses lèvres et sa langue sur ses muscles bandés, en suivant la fine ligne de duvet brun qui se prolongeait vers le bas de son ventre.*
En dépit de sa tenue, elle avait chaud, très chaud. Penché sur elle, il la fixait, ses yeux plus verts que bleus à présent.*

nassamate 23-11-10 12:32 AM

Elle s’accroupit pour finir d’ouvrir la chemise. C’était une position de soumission qui correspondait bien au rôle d’esclave qu’elle avait choisi de se donner. Dans l’écrin doré du Bikini, ses seins semblaient plus pleins, offerts, tentants, et elle se sentit délicieusement libertine.*
Elle pressa ses lèvres contre son ventre, juste au-dessus de la ceinture du pantalon. Il frissonna et sa respiration devint plus haletante. Enhardie, elle traça les contours de son nombril du bout de la langue, jusqu’à ce qu’il émette un grognement sourd. Les doigts accrochés au passant de la ceinture, elle se redressa pour le regarder, et le désir intense qu’elle lut dans ses yeux lui donna envie d’aller plus loin.*
Sans trop savoir comment il allait réagir, elle posa alors ses lèvres sur l’un de ses seins et en titilla le bout avec sa langue. Elle obtint en réponse un grommellement de plaisir qui l’incita à aspirer le mamelon entier dans sa bouche. Il se raidit, sans pour autant l’empêcher de continuer.*
Sans cesser de le mordiller, elle fit glisser la chemise sur ses épaules.*
–*Enlève ça, susurra-t–elle contre sa peau, en tirant sur les pans du vêtement. Je veux te voir, moi aussi…*l obtempéra et la chemise tomba à leurs pieds. Toujours accrochée aux passants du pantalon, elle prit un instant pour le regarder.*
Il était si beau*!*
Ses larges épaules étaient aussi musclées et puissantes que ses bras et son torse… Lorsqu’elle l’avait rencontré, il était déjà élancé et athlétique, mais, à présent, on aurait dit la statue d’un dieu grec.*
Il se laissa admirer un instant, avant de la prendre par les bras pour l’obliger à le regarder.*
–*Je ne sais pas ce que tu as en tête, mais on ne fera rien ici, contre la porte. Je ne suis pas un sauvage.*
–*Dommage, fit-elle avec un regard aguicheur. Où veux-tu aller, alors*?*
En guise de réponse, il la souleva sans effort et la porta vers la chambre attenante. Elle pensa un instant protester, mais décida de ne pas bouder ce plaisir délicieux de se sentir légère comme une plume, et elle passa ses bras autour de son cou pour mieux continuer à l’embrasser.*
Il la conduisit jusqu’à la pièce qui jouxtait l’immense salon. –*Ici, annonça-t–il en la déposant doucement au sol, au pied d’un lit immense. C’est beaucoup mieux pour ce que j’ai en tête.*
Elle regarda autour d’elle. Une cascade de soie couleur champagne tombait en ondes somptueuses depuis le plafond, encadrant le lit couvert d’une courtepointe damassée dans le même tissu chatoyant. Sur l’une des tables de chevet, une lampe éclairait doucement la pièce, et elle admira la discrète opulence des lambris élégamment peints en un camaïeu de beiges assortis au mobilier Louis XVI. Bien qu’elle ait grandi dans le luxe, elle ne s’était pas trouvée depuis longtemps dans un environnement aussi splendide, et ce riche intérieur n’avait rien en commun avec le petit appartement où habitait Graeme lorsqu’elle l’avait connu.*
–*Elle est belle, la vie de star… fit-elle remarquer, songeuse.*
–*On m’a donné cette suite pour des raisons de sécurité, expliqua-t–il d’un ton détaché. En ce qui me concerne, je me fiche pas mal des chambres où je dors, tant qu’elles sont propres.*
–*Ce n’était pas une critique, le rassura-t–elle. Cette chambre est magnifique.*

nassamate 23-11-10 12:35 AM

Et elle l’était d’autant plus qu’il se tenait au beau milieu de la pièce, torse nu. Sa présence imposante représentait à la perfection la figure du maître des lieux, et elle n’eut pas de mal à l’imaginer dans le rôle d’un sultan qui reçoit la favorite de son harem dans ses appartements privés.*
Ce soir, en l’occurrence, elle était cette esclave complaisante et il attendait, plein d’une impatience presque tangible, qu’elle assouvisse jusqu’à son moindre caprice.*
C’était un scénario si riche en possibilités qu’elle décida de les explorer toutes, l’une après l’autre, jusqu’au bout du fantasme.*
–*Tu oublies quelque chose, murmura-t–elle d’une voix caressante, en même temps qu’elle commençait à parsemer son torse de baisers voluptueux. Il ne s’agit pas de ce que tu veux faire, mais de ce que je veux faire. Et mon bon plaisir maintenant, c’est de t’embrasser. Partout. Je veux sentir ton goût sur mes lèvres et savourer chaque parcelle de ton corps…*
Il l’écouta sans protester, la laissant presser sa bouche le long de son corps, mais, soudain, lorsqu’elle s’assit au bord du lit, le visage contre son ventre, il saisit sa tresse qu’il enroula autour de son poing pour l’obliger à renverser la tête.Les yeux grands ouverts sous le masque, elle se soumit à son regard perçant.*
Pendant quelques secondes, elle sentit la panique l’envahir, pensant qu’il avait découvert son identité, mais, très vite, elle repoussa ses craintes. C’était impossible. S’il avait su qui elle était, il ne l’aurait jamais invitée à venir dans sa suite. Pour lui, elle n’était qu’une admiratrice enthousiaste et très hardie.*
–*Et pourquoi pas*? répliqua-t–elle, en recommençant à caresser son torse. Tu es très beau, des femmes tueraient pour séduire un homme comme toi.*
Il lâcha alors un éclat de rire sec comme un coup de fouet, avant de se pencher sur elle pour l’embrasser furieusement.*
Apparemment, il ne voulait plus parler, et c’était tant mieux, pensa-t–elle, soulagée. Elle avait trop de choses à faire avec sa bouche pour perdre son temps à discuter. D’un geste impatient, elle le repoussa pour concentrer toute son attention sur la zone de son ventre au-dessus de sa ceinture, qu’elle entreprit de défaire en même temps. Mais ses mains tremblaient tellement qu’elle n’arriva pas à déboutonner le pantalon.*
–*Laisse-moi faire, dit-il. Fascinée, elle regarda le tissu glisser sur ses hanches et laisser à découvert un boxer noir. Un gémissement étranglé lui échappa et elle posa doucement la main sur son sexe dressé, dur et chaud sous le coton. Sans plus pouvoir attendre, elle attrapa l’élastique du sous-vêtement et le lui ôta.*
Son sexe aussi était magnifique. Long, imposant… Comment avait-elle pu oublier à quel point Graeme était beau de la tête aux pieds*?*
Elle glissa son doigt lentement sur la peau suave et tendue.*
–*Je voudrais faire la même chose… mais avec ma langue, dit-elle dans un souffle.*
La respiration entrecoupée, il posa ses mains en coupe sur son visage pour masser doucement la zone autour de ses oreilles. Oh, comment avait-il pu deviner qu’elle craquait complètement lorsqu’on la caressait là*?*
Très lentement, elle pencha la tête vers lui et lécha langoureusement son membre dressé.*
Le goût de sa peau l’enivrait et elle se laissa aller à son instinct. Elle le prit tout entier dans sa bouche. Elle voulait le dévorer, l’embrasser et le sucer jusqu’à ce qu’il crie de plaisir et que ses jambes ne puissent plus le soutenir. Mais elle voulait aussi prendre son temps.

nassamate 23-11-10 12:37 AM

Elle fit donc glisser ses lèvres le long de son sexe pour en titiller le bout avec des petits coups de langue tandis que, d’une main, elle lui écartait les jambes et pressait doucement ses testicules. Il s’agitait, cambré contre le mur, en marmonnant des mots incompréhensibles.*
Taquine, elle le lécha comme elle aurait léché une glace, une fois, une autre. Sans s’en rendre compte, elle s’était mise à gémir, elle aussi, et elle cria presque lorsqu’il glissa ses mains sur ses seins et roula ses mamelons entre ses doigts. Elle ne pouvait plus penser, elle n’était plus que chair et sens, son sexe brûlait d’impatience. Elle crut un instant qu’elle allait jouir sur-le-champ.*
Comme s’il avait lu dans ses pensées, il prit son visage entre ses mains pour l’écarter de son ventre.*
–*Arrête, s’il te plaît…*
Elle recula doucement la tête sans cesser de le titiller avec la langue, la main encore enserrée autour de la base de son sexe. Elle était son esclave, mais une esclave rebelle.*
–*Arrête, répéta-t–il, le souffle court. Ou je ne pourrai plus me contenir.Avec une moue de défi voluptueuse, elle cueillit le liquide transparent qui perlait au bout de son sexe avec un doigt qu’elle suça ostensiblement, ses yeux rivés aux siens.*
–*Mmm, c’était… délicieux. J’ose espérer que mon maître est satisfait*?*

_maya 23-11-10 11:05 PM

je te remercie me chérie pour le chapitre j'attend la suite stp ne me fé pas trop attendre et merci encorr

mimichamam 25-11-10 02:26 PM

très beau choix nassamate ,merci beaucoup et bon courage pour l'écriture et encore merci
d'avoir partager avec nous ce roman

joudia80 26-11-10 09:21 PM

miles merci

ÎÏíÌÉ áÍáæ 27-11-10 01:45 AM

un grand merci pour ton efort et on attend la suite avec impatience

nassamate 01-12-10 05:06 PM

:lol:salut les filles, je m'execuse pour le retard, merci d'être passées:flowers2:

nassamate 01-12-10 05:10 PM

5.*
Elle était l’image même de la tentation… Graeme la regardait se lécher lascivement le doigt et tout son corps vibrait sous l’emprise du désir. Il n’avait qu’une envie, la renverser sur le lit et lui faire violemment l’amour.*
Elle était éblouissante.*
Irrésistible.*
Il était si excité qu’il n’arrivait plus à penser. Il voulait se perdre en elle et explorer jusqu’au dernier secret de ce corps tout en courbes et en peau satinée, et pourtant… Le peu qu’il lui restait de raison se demandait encore pourquoi elle était revenue dans sa vie de façon si soudaine, habillée pour le séduire et apparemment aussi impatiente que lui de se brûler au feu des plaisirs interdits.*
La confusion régnait dans son esprit. Tout d’abord, lorsqu’il avait cru qu’elle venait réclamer le divorce, il avait été en proie à de puissantes émotions contradictoires. Le soulagement d’en finir une bonne fois avec cette vieille histoire se mêlait à une douloureuse sensation de perte, et l’envie de tourner la page se voyait contrariée par le désir de garder un lien avec elle, aussi ténu soit-il.*
Quel gâchis, quelle triste fin pour un si grand amour…*
Cinq ans plus tôt, sa première réaction avait été la colère, colère contre elle et ses mensonges, colère contre l’attitude outrecuidante de son père. Mais lorsque, au bout d’une semaine à ressasser son courroux, il s’était remis à penser de façon rationnelle, il s’était rendu compte de sa terrible erreur. En dépit de sa jeunesse, Lara l’aimait si profondément qu’elle avait bravé la loi et l’autorité de son père pour l’épouser. Et lui, il l’avait laissée partir sans même se battre, ce qui ne lui ressemblait pas. Finalement, sur un coup de tête, Graeme avait vendu le peu qu’il possédait, emprunté de l’argent à sa mère et prit un vol pour New York.*
Son plan était très simple. Lara s’était sans doute inscrite à l’université de Columbia comme son père le souhaitait. Il avait quelques amis dans la ville, des anciens copains de l’Académie royale d’art dramatique, il allait donc essayer de décrocher un rôle à Broadway, il y louerait un appartement et, dès qu’il gagnerait correctement sa vie, il irait la retrouver.*
Sauf qu’une fois à l’aéroport de New York, il avait été refoulé à la douane au motif de «*soupçon d’activités délictueuses*». Malgré ses protestations d’innocence, la police l’avait rembarqué de force sur le premier vol vers l’Angleterre. L’identité du responsable de cet épisode kafkaïen ne faisait aucun doute pour lui*: c’était Brent Withfield. L’homme avait en vérité le bras long et la rancune tenace, et Graeme avait cru devenir fou de rage et d’impuissance.

nassamate 01-12-10 05:13 PM

De retour à Londres, sans appartement, sans travail et sans le moindre espoir de retrouver Lara, il s’était engagé dans une spirale infernale d’échec et d’alcool.
Mais il ne voulait plus penser à cette triste période, et surtout pas maintenant, avec Lara sur son lit qui attendait une réponse à sa question. Il finit d’ôter à la hâte pantalon et chaussures et, sans crier gare, la renversa sur le lit et couvrit son corps avec le sien, peau contre peau.
Elle lança un cri de surprise.
–Oh*! oui, dit-il, en pressant dans sa bouche un mamelon dressé. Ton maître… est… plus que satisfait.
Sans cesser de titiller son sein du bout de la langue, il descendit la main le long de son ventre jusqu’à ce qu’il butte sur le Bikini en métal.*
–*Comment diable s’enlève ce truc*?*
–*Regarde, dit-elle, en se tournant sur le côté. Les anneaux se dégrafent…*
Il se pencha sur sa hanche, mais elle l’enlaça d’une jambe et plaqua ses mains sur ses fesses, pour coller son sexe contre le sien. Sa peau était douce, aussi douce que dans ses souvenirs. Il dut faire appel à toute la force de sa volonté pour ne pas déchirer la culotte et la posséder sur-le-champ.*
–*Arrête, protesta-t–il. Je n’arrive pas à me concentrer.*
Le Bikini s’ouvrit enfin avec un petit déclic et il s’empressa de le faire glisser le long de ses jambes satinées, en se débarrassant aussi au passage des petites bottes en daim. En moins d’une seconde, il lui ôta aussi le soutien-gorge, puis il se redressa pour la regarder. Les bracelets et le collier sublimaient sa nudité et, sous le masque, ses yeux brillaient comme deux saphirs.*
Il suivit du doigt la chaîne qui descendait entre ses seins. Elle s’arc-bouta contre le matelas, tremblante, pour mieux s’offrir à ses caresses.*
–*Tu es magnifique, La… Leia…*
Elle se raidit imperceptiblement. S’était-elle aperçue de son lapsus*? Il aurait pu se donner des gifles et, en même temps, il n’était pas certain de pouvoir continuer à feindre qu’elle était une parfaite inconnue. Il pensa à lui arracher ce fichu masque, mais l’envie de lui faire l’amour prévalait sur tout le reste. Et si elle voulait prétendre qu’elle était quelqu’un d’autre, il voulait bien se plier à sa volonté.*
Pour l’instant.

nassamate 01-12-10 05:14 PM

Il y aurait bien un temps, plus tard, pour les reproches et les explications, mais, en ce moment précis, il n’avait que faire des raisons qu’elle avait pour réapparaître si soudainement dans sa vie. Qu’elle veuille divorcer ou qu’elle prétende n’être qu’une femme de plus à fantasmer sur Kip Corrigan, peu lui importait. Elle était là, dans ses bras, aussi douce et passionnée que dans ses rêves, et il avait attendu trop longtemps ce jour pour le gâcher par des récriminations.*
–*Tu n’aimes pas que je t’appelle Leia*? Tu préfères me donner ton véritable nom*? dit-il, en recommençant à caresser ses seins.*
–*Leia, souffla-t–elle. Appelle-moi Leia.*
–*Va pour Leia, alors.*
Il dessina lentement le contour de son corps. Il aurait pu la regarder toute la nuit pour graver dans sa mémoire chaque détail de sa délicieuse anatomie. Sa taille semblait encore plus fine qu’avant par contraste avec ses seins pleins et ses hanches épanouies. Ses fesses aussi étaient plus rondes, et son sexe… Oh*! son sexe n’avait pas changé…*
Avec un frisson, il glissa ses doigts entre ses plis intimes. Sa peau était chaude et humide, et il caressa son clitoris en petits cercles, jusqu’à ce qu’elle s’accroche à ses épaules avec un gémissement.*
–*S’il te plaît, balbutia-t–elle, pantelante. S’il te plaît, j’ai besoin de…*
Sans finir sa phrase, elle serra les bras autour de son cou et l’embrassa avec une passion déchirante. Les baisers brûlants de Lara au goût sucré de Cointreau l’excitaient au plus haut point, et la tension dans son sexe devint insoutenable.*
Mais d’abord, il y avait encore une chose qu’il devait mettre au clair. Il consentait à se plier à son envie de garder l’anonymat, mais, s’ils allaient jusqu’au bout de ce jeu, il voulait être certain qu’elle savait parfaitement ce qu’elle faisait, et avec qui.*
Il roula sur elle et la dévisagea gravement.*
–*Tu veux continuer*? Tu le veux vraiment*?*
–*Oui, susurra-t–elle, en ondulant des hanches. Oui, viens…*
C’était tout ce qu’il voulait entendre. D’un geste résolu, il passa les mains sous ses genoux et l’obligea à plier les jambes sur sa poitrine, dans une position aussi offerte qu’impudique. La chaleur de son sexe enveloppa le sien, mais il n’entra pas en elle.*
Pas encore.*
Il voulait faire durer le plaisir.*
Mener le jeu jusqu’au bout.*

nassamate 01-12-10 05:16 PM

Il fit glisser lentement sa bouche le long de son buste agité de soubresauts, grommelant de plaisir, lorsqu’elle s’accrocha à ses cheveux d’un geste violent, comme un naufragé à sa planche de salut.*
Il ressentait chaque manifestation de son désir impatient comme une petite victoire. Mais la bataille n’était pas encore terminée.*
–*Dis mon nom, murmura-t–il contre son ventre, avant de tracer délicatement le contour de son nombril avec la langue.*
–*Je… S’il te…*
Il continua sa descente en prenant tout son temps, avec une lenteur qu’il voulait rendre insupportable. Il frotta ses joues contre sa toison cuivrée et parsema de baisers la peau diaphane à l’intérieur de ses cuisses. Oh, son odeur musquée*! C’était irrésistible*! Il plongea longuement la langue dans son sexe, aspirant vivement, et elle cria, cambrée au maximum sur le matelas. Mais il maintint ses jambes fermement dans leur position ouverte et continua à la lécher, plus doucement, en excitant du bout de la langue son clitoris enflé, jusqu’à ce qu’il sente qu’elle se trouvait au bord de l’orgasme.*
Il releva alors la tête pour contempler le paysage ensorcelant de son corps tremblant, tendu d’attente, et de sa bouche entrouverte au-dessous du masque qui étincelait sous la lumière de la lampe de chevet.*
–*Dis mon nom, répéta-t–il, en glissant un doigt dans son sexe. Dis-le…*
Les mains accrochées à ses cheveux, elle émit un son inarticulé.*
Il retira sa main et attendit sa réaction. Un éclair de frustration traversa les yeux bleus embrumés par le désir.*
–*Dis-le…*
–*Graeme…*
C’était à peine un chuchotement, mais il n’en demandait pas plus.*
D’un geste souple, il attrapa son pantalon et sortit de son portefeuille un préservatif qu’il déroula habilement sur son membre dressé, son regard chevillé au sien.*
–*Tout à fait, dit-il, en s’allongeant sur elle. Je suis Graeme Hamilton. Mais ça, tu le savais déjà, non*?*
Le bout de son sexe frôlait celui de Lara, mais il contint encore une fois son désir urgent de la pénétrer.*
Elle poussa son bassin à la rencontre du sien.*
–*Oui, je le savais déjà.*
–*Pourquoi est-ce que tu es ici*?*

nassamate 01-12-10 05:17 PM

Il doutait d’obtenir une réponse sincère, et pourtant il n’avait pu s’empêcher de poser la question.*
–*J’ai… beaucoup fantasmé… sur toi, dit-elle, en évitant ses yeux. Sur ça.*
C’était la dernière chose qu’il s’attendait à entendre, mais ces mots vinrent à bout de sa retenue. Avec un râle éperdu, il la pénétra d’un puissant coup de reins.*
–*Dieu, que tu es douce, grommela-t–il contre ses lèvres.*
–*C’est si bon…*
Accrochée à ses épaules, elle épousait ses mouvements, le va-et-vient de ses hanches.*
Il ne savait pas s’il réussirait à se retenir longtemps, tant il avait attendu, et il serra les dents pour tenter de contrer la force des sensations qui chamboulaient ses sens.*
D’un geste coulé, il s’allongea sur le dos et, la tenant fermement par la taille, la fit basculer jusqu’à ce qu’elle se retrouve sur lui.*
–*Chevauche-moi.*
Elle s’immobilisa, visiblement troublée, et il sentit son cœur se serrer. Au-delà de son assurance feinte, Lara était encore la jeune fille innocente dont il était tombé amoureux autrefois.*
–*Laisse-toi aller, murmura-t–il. En avant, comme ça… En arrière… Oui… Continue…*
La main à plat sur son torse, elle se berça sur lui en un mouvement hésitant, puis un «*oh*!*» émerveillé s’échappa de sa bouche délicieuse. Elle augmenta la cadence de son déhanchement.*
–*C’est ça, mon ange, l’encouragea-t–il tendrement, saisi par l’expression de plaisir dans les yeux de Lara.*
Il n’avait jamais rien vu d’aussi beau.*
Elle allait et venait sur lui en se mordant les lèvres, les paupières closes, et la chaîne dorée s’agitait entre ses seins qui ondulaient doucement.*
Il sentit ses instincts les plus primitifs sourdre en lui*; il ne savait plus où donner de la tête. Il se délectait de la souplesse ferme de ses fesses, avant de faire remonter ses mains vers sa poitrine, incapable de résister à l’attrait de ses seins dressés qu’il tortura entre ses doigts.*
Il contemplait son visage, frustré à cause du masque qui lui en cachait l’expression. Mais il ne pouvait pas le lui enlever sans briser la magie du moment. Il avait trop envie de l’entendre jouir et elle n’allait pas tarder à le faire…

nassamate 01-12-10 05:18 PM

–*Vas-y, mon ange, murmura-t–il encore.*
Comme si elle attendait son ordre, elle serra ses mains sur les siennes et lâcha un cri de plaisir, le corps secoué de spasmes.*
La vision de son visage dans la jouissance mit fin à sa résistance. Les mains fermement ancrées à ses hanches, il la pénétra une dernière fois avec un râle sauvage. Un orgasme dévastateur s’abattit sur lui comme un raz-de-marée.*
Un sourire comblé s’épanouit sur le visage de Lara et elle rouvrit lentement les yeux.*
Le regard plein de douceur et d’espoir qu’elle posa alors sur lui le décontenança.*
Qui était cette femme*?*
Troublé, il la repoussa doucement et s’assit au bord du lit.*
–*Je reviens, dit-il, en tentant de mettre un peu d’ordre dans ses idées confuses. Je vais me rafraîchir, et après il faudra qu’on parle.*
Cinq minutes plus tard, après une douche rapide, il revint vers elle et, sans cesser de la regarder en silence, passa un jean directement sur sa peau nue.*
Elle s’était glissée entre les draps, mais elle avait les épaules découvertes et des mèches cuivrées retombaient sur le masque, lui donnant tout à fait l’allure d’une créature de conte de fées.*
Si exotique… Si mystérieuse…*
Ils venaient de partager un moment de plaisir indescriptible, d’une intensité incroyable, et, pourtant, il avait encore envie d’elle.*
Et puis il avait besoin d’un verre. Et d’une cigarette.*
Son manager veillait toujours à ce qu’il n’y ait pas d’alcool dans les chambres où il séjournait, mais rien ne serait plus simple que d’appeler le service d’étage. Il repoussa cependant la tentation avec fermeté. L’alcool était un ennemi rusé, qui avait déjà eu raison de lui et qui restait aux aguets de sa moindre faiblesse.*
Avec un soupir, il se frotta le visage et la fixa. Elle soutint son regard.*
–*Il faut qu’on parle, répéta-t–il.*
–*D’accord, si tu veux. Mais je tiens à te dire quelque chose d’abord. Je veux que tu saches que je n’ai jamais fait une chose pareille de ma vie.*
–*Quoi*? Faire l’amour*? ricana-t–il, sans pouvoir s’en empêcher. Je crois que nous savons tous les deux que ce n’est pas vrai.*

nassamate 01-12-10 05:20 PM

Son propre sarcasme le surprit et elle écarquilla les yeux, dans lesquels il vit briller une lueur d’inquiétude. Sans doute craignait-elle qu’il n’ait découvert son identité, et, tout en sachant qu’il aurait été plus sain de mettre fin à cette mascarade, il ne résista pas à l’envie de prolonger son incertitude.*
–*Je veux dire, c’est évident que ce n’est pas ta première fois…*
C’était lui sa première fois, son premier homme. Lui qui avait éveillé son innocence sauvage. Cela, au moins, personne ne pourrait le lui enlever.*
–*C’est exact, dit-elle avec un sourire. Je voulais simplement dire que je n’avais jamais fait une chose comme ça. Que je n’avais jamais couché avec un homme que… que je connais à peine.*
«*D’une certaine manière, c’est la vérité*», pensa-t–il. Il avait beaucoup changé en cinq ans et, si elle comptait retrouver le jeune homme fou d’amour qu’elle pouvait manipuler à volonté, elle risquait de déchanter très vite.*
–*Qu’est-ce que tu veux dire exactement*? demanda-t–il d’un ton devenu brusquement peu amène. Que tu ne pratiques pas les coups d’une nuit, habituellement*?*
Il s’était montré vulgaire à dessein, pour refouler l’accès de jalousie qui lui tordait soudain le ventre, rien qu’à l’imaginer avec un autre homme.*
–*Exactement, dit-elle d’un ton mordant. En tout cas, pas avant ce soir.*
–*Nous sommes dans le même cas, figure-toi…*
C’était la vérité ou presque. Il n’avait rien fait de la sorte depuis qu’il avait arrêté l’alcool, et il n’en avait pas bu une seule goutte depuis plus de trois ans.*
–*Allons*! s’écria-t–elle avec un éclat de rire ironique. Tu n’as pas à me ménager*! Tu es Graeme Hamilton et j’ai vu ce soir comment se comportent tes fans. Je sais que les femmes perdent la tête en ta présence et je sais aussi qu’il y en a même qui te jettent leurs sous-vêtements… La célébrité a ses avantages, et on peut comprendre que tu en profites.*
Il serra la mâchoire, piqué au vif. Croyait-elle vraiment qu’il était du genre à coucher avec une femme juste parce qu’elle se jetait dans ses bras*? C’était le comble, venant d’elle*!*
Cinq ans plus tôt, il n’avait pas voulu faire l’amour avec elle avant de l’épouser et, s’il s’était conduit ainsi, c’était pour donner une dimension sacrée à leur amour. Ç’avait été sa façon de lui montrer qu’elle comptait vraiment pour lui, que ses sentiments dépassaient largement les frontières du désir Et Dieu sait s’il l’avait désirée*!*
Elle était si douce et timide, et en même temps si naturelle… Il avait été complètement séduit par cette fille qui portait son cœur en bandoulière et qui n’avait pas caché une seule seconde à quel point il lui plaisait. Elle lui vouait une admiration sans bornes et le regardait constamment comme s’il était un super-héros. A vrai dire, il aurait pu coucher avec elle dès le premier jour car elle en avait autant envie que lui, mais elle était si jeune et si pleine de candeur qu’il ne se serait jamais pardonné de trahir sa confiance. Au cours de leurs longues conversations, il avait fini par comprendre qu’elle était une incurable romantique et que, pour elle, se marier en secret était la plus grande preuve d’amour que l’on puisse imaginer. C’était pour cela qu’en dépit de son caractère passionné, il avait voulu l’épouser avant de coucher avec elle.*
Des mois s’étaient écoulés avant qu’il n’accepte l’idée qu’elle ne lui reviendrait pas, et des mois encore avant qu’il ne jette aux orties ses principes moraux pour tenter de remplir le vide douloureux qu’elle avait laissé, en trompant son absence dans les bras d’amantes de passage.*
Il était devenu caractériel, imprévisible, et sa carrière en avait souffert. Les metteurs en scène, même ceux qui le connaissaient et l’appréciaient, ne voulaient plus de lui et, plein d’amertume, il avait plus encore cherché à noyer son chagrin dans l’alcool et le sexe.*
Mais ni l’alcool ni le sexe, tous deux consommés sans modération, ne l’avaient aidé à oublier Lara.*
Il ne l’avait toujours pas oubliée. C’était la raison pour laquelle son accusation le rendait fou de rage.*
–*C’est ce que tu penses*? lui demanda-t–il avec une douceur empoisonnée, en se penchant sur elle. Que je t’ai baisée simplement parce que tu t’es jetée dans mes bras*? Qu’il suffise qu’une femme se trémousse devant moi pour que je commence à baver*? Je suis quoi, selon toi*? Un étalon sans la moindre retenue*?*
Il s’écarta d’elle brusquement en lâchant un juron.*
Le pire, songea-t–il avec courroux, c’était qu’en ce qui la concernait, il n’avait en effet aucune retenue.*
Vraiment aucune.*
Même à ce moment précis, il la désirait encore.*
C’était pathétique.*
Il était pathétique…*
Le ressentiment et la colère qu’il avait ressentis lorsqu’elle avait préféré son père à lui resurgissaient du passé comme un fantôme vengeur.*

nassamate 01-12-10 05:22 PM

Il croyait avoir dépassé tous ces sentiments, mais, en vérité, il s’était voilé la face avec la lourde toile du déni. Pendant toutes ces années. Il ne comprenait pas sa propre réaction. Il était le prince des idiots, le roi des imbéciles. Après tout ce qu’il avait enduré à cause de cette femme, qu’elle soit revenue dans sa vie et qu’elle ait sauté dans son lit lui donnait l’occasion de prendre sa revanche. Il aurait dû se sentir satisfait, triomphant.*
Et pourtant, il n’éprouvait qu’une profonde tristesse.*
6.*
Pourquoi Graeme avait-il quitté le lit de façon aussi brutale*? Après les moments intenses qu’ils venaient de partager, cet accès de froideur lui faisait l’effet d’une véritable douche écossaise. Elle le regarda enfiler son jean, sans pouvoir s’empêcher, malgré son désarroi, d’admirer son corps magnifique et la souplesse de ses mouvements.*
Elle n’arrivait pas à croire à ce qu’elle venait de faire*! Elle avait partagé avec Graeme Hamilton une expérience érotique qui dépassait ses fantasmes les plus fous, ses écrits les plus torrides. Ses émotions avaient été si intenses que même les souvenirs romantiques qu’elle gardait de leurs deux nuits d’amour paraissaient fades en comparaison.*
Elle songea à Christopher avec un double sentiment de culpabilité, car non seulement elle l’avait trompé, même si elle n’était pas officiellement engagée avec lui, mais encore*–*et c’était là le pire*–*elle avait carrément oublié son existence dans les bras de Graeme. C’était d’autant plus dérangeant qu’elle était venue à Las Vegas pour tirer un trait sur le passé, afin de pouvoir envisager un avenir avec lui.*
Il n’y avait pas de nom pour ce qu’elle venait de lui faire*!*
Puis, soudain, une idée encore plus perturbante lui traversa l’esprit. Le sexe avec Christopher ne serait jamais aussi renversant qu’avec Graeme. Elle n’avait pas encore couché avec lui, et pourtant elle en était certaine, sans savoir ce qui lui donnait cette conviction.*
Elle essaya alors de se raisonner*: une bonne entente sexuelle ne suffisait pas pour bâtir une relation solide. C’était même tout autre chose qui faisait des couples durables…*
Même si elle n’avait que vingt-trois ans et que la plupart des femmes de son âge pensaient qu’il était trop tôt pour envisager de se marier et d’avoir des enfants, son vœu le plus cher était de fonder une famille. Et, bien que Christopher ne lui inspire pas une passion bouleversante, elle l’admirait et le respectait. C’était un homme bon, fiable, et, outre le fait qu’ils partageaient les mêmes centres d’intérêt, il voulait son bonheur. Il serait un père formidable et un mari fidèle.*
Il fallait absolument que Graeme signe les papiers du divorce pour qu’elle puisse retourner à Chicago et reprendre le cours de sa vie, sans plus jamais regarder en arrière.*
Il le fallait… mais pas encore.*
Elle avait la nuit devant elle, pour elle, et, durant cette nuit, elle était décidée à parvenir à bout de son obsession. Elle allait se gorger de Graeme, étancher sa soif, épuiser son désir. C’était ce qui lui était arrivé avec les marshmallows à la noix de coco, quand elle avait neuf ans. Elle en avait ingurgité six paquets à la suite, de sorte que, depuis, elle ne pouvait même plus les regarder sans se sentir prise de nausées.

nassamate 01-12-10 05:24 PM

Elle n’avait qu’à répéter l’expérience avec Graeme. Elle allait faire l’amour avec lui jusqu’au point de saturation, jusqu’à ce que son corps se révolte à l’idée même de coucher avec lui une fois de plus. Alors, et alors seulement, elle pourrait être certaine de ne plus jamais éprouver du désir pour lui.*
Si tant est qu’il se laisse faire, se dit-elle, en le regardant faire les cent pas dans la chambre.*
Pourquoi avait-elle pris le risque de tout gâcher avec son commentaire stupide à propos des aventures d’une nuit*? Graeme ignorait son identité, il se fichait certainement qu’elle couche ou non avec des inconnus. Mais non, il avait fallu qu’elle joue les vertueuses, en lui faisant savoir qu’elle ne couchait pas à la légère*!*
Ni avec l’acteur le mieux payé d’Hollywood ni avec personne d’autre.*
D’ailleurs, elle refusait de croire qu’une passade d’une nuit puisse ressembler, même de loin, au moment qu’ils venaient de partager. Leur étreinte avait été passionnée, intense et satisfaisante au-delà des mots.*
Pourtant, en le regardant arpenter d’un bout à l’autre la pièce comme un lion en cage, un sentiment de malaise vint remplacer le bien-être languide dans lequel l’avaient plongée leurs ébats torrides.*
A l’évidence, elle avait touché une fibre sensible en lui prêtant des habitudes de play-boy, de séducteur compulsif incapable de dominer sa libido. Mais qu’est-ce qu’elle était censée imaginer*? Qu’il vivait comme un moine*? C’était ridicule*! Même s’il n’en avait jamais expliqué les causes, ce n’était un secret pour personne qu’il avait traversé une période très difficile avant de devenir la star de Galaxy’s End. Des histoires à n’en plus finir circulaient encore sur Internet à propos de frasques alcoolisées qui avaient plus d’une fois failli lui coûter la vie. Elle ne le jugeait pas. Après tout, il ignorait qu’ils étaient encore mariés et, quand bien même il l’aurait su, il avait largement le droit de ne plus s’en soucier.*
Le corps enveloppé dans le drap, elle se releva et s’approcha de lui. Il était tellement dommage de terminer la nuit sur une mauvaise impression.*
–*Je suis désolée, murmura-t–elle, en posant le bras sur son épaule.*
Il ne réagit pas.*
–*Je ne voulais pas te vexer… C’est juste que… Enfin, qu’est-ce que je suis censée croire*? demanda-t–elle avec un rire nerveux. Nous sommes venus dans ta chambre, deux parfaits inconnus…*
–*Deux parfaits inconnus*? répéta-t–il d’un ton appuyé, en se retournant pour la regarder.*
Elle sentit son pouls s’accélérer.

nassamate 01-12-10 05:25 PM

–*Qu’est-ce que tu veux dire*?*
Il serra les mains autour de ses bras.*
–*Je veux dire que tu sais déjà qui je suis. Si tu enlevais ton masque, nous ne serions plus des inconnus. Pourquoi est-ce que tu te caches*? Franchement, après ce que nous venons de partager…*
Un peu plus détendue, elle lui offrit un sourire aguicheur.*
–*Tu ne peux pas dire que je te cache quoi que ce soit, répondit-elle, en laissant glisser le drap jusqu’à la naissance de ses seins. Sauf mon visage, certes, mais tu étais d’accord pour que je garde le masque, et…*
Elle hésita, sans savoir comment continuer.*
–*Oui*? la pressa-t–il d’une voix tendue.*
–*Et il y a tellement de choses que je voudrais faire avec toi, au lieu de parler. Juste pour ce soir, nous pourrions prétendre que nous avons une… une sorte de connexion, comme Kip et Lily.*
Elle pensait en particulier à un épisode de Galaxy’s End où Kip Corrigan séquestrait Lily dans le vaisseau-prison. Il souhaitait se venger de tous ceux qui avaient participé à son emprisonnement. Et, puisqu’elle avait été sa geôlière, elle figurait en haut de sa liste. Pour la punir, il décidait de la priver d’intimité en l’enchaînant à son poignet, de sorte qu’elle était soumise à son regard jour et nuit, mais, après quelques jours, il s’apercevait que la dernière chose qu’il souhaitait, c’était de lui infliger un tel châtiment. L’épisode finissait sur une scène d’amour qui avait mis le pays tout entier en émoi.*
Des images en boucle avaient envahi la Toile et elle-même avait écrit plusieurs nouvelles érotiques où elle avait donné libre cours à ses envies de bondage, avec, évidemment, Graeme et elle dans les rôles principaux, même si ces identités étaient camouflées.*
Un de ses scénarios préférés était celui où Graeme/Kip, après une poursuite palpitante, l’attachait à un lit et la torturait avec des caresses et des baisers affolants, jusqu’à ce qu’elle le supplie de lui faire l’amour. Rien qu’en imaginant qu’ils pourraient ce soir aller au bout de ce fantasme, elle se sentait fondre.*
–*C’est à ça que tu joues, alors*? A «*on serait… »*? Désolé de te décevoir, mon ange, mais je ne suis pas Kip Corrigan.*
Sans savoir sur quel pied danser, elle soutint son regard en tentant de deviner les émotions qui se cachaient derrière son expression impassible.*
–*Je ne veux pas de Kip Corrigan, dit-elle finalement. C’est toi que je veux, et je n’aurais jamais osé t’accompagner dans cette chambre si tu n’av…*

nassamate 01-12-10 05:26 PM

Le regard perçant de Graeme l’empêcha de continuer. Le drap échappa à ses mains tremblantes et le jeune homme suivit sa chute le long de son corps, les yeux noircis par le désir.*
–*Si je n’avais… quoi*? grommela-t–il, d’un ton à peine audible.*
–*Si tu ne m’avais pas regardée comme si tu voulais me dévorer, continua-t–elle, en faisant glisser le bout de ses doigts sur ses muscles bandés. Comme si tu voulais me prendre sur-le-champ. Ou comme si je pouvais donner vie au moindre de tes fantasmes.*
Il était si près que ses seins frôlaient sa poitrine et elle pouvait sentir contre son ventre le renflement de son sexe, chaud et dressé sous le jean.*
C’était elle qui le mettait dans un tel état d’excitation, pensa-t–elle, ébahie. Cette pensée l’enhardit et elle se hissa sur la pointe des pieds pour poser les lèvres sur son torse en même temps qu’elle plongeait lentement la main à l’intérieur de son pantalon.*
Il frémit sous ses caresses et sa respiration s’accéléra, mais, au lieu de se laisser aller, comme elle s’y attendait, il saisit son poignet pour l’empêcher de continuer.*
–*Arrête*!*
Elle refusa d’obtempérer et renchérit, en léchant langoureusement les muscles puissants de son cou, tout près de l’oreille.*
–*Tu veux vraiment que j’arrête*? La nuit commence à peine et il y a tellement de choses que j’ai envie de te faire…*
A sa grande surprise, il la repoussa doucement mais fermement. Se sentant soudain vulnérable dans sa nudité, elle ravala le nœud d’appréhension qui tenaillait sa gorge et se pencha pour récupérer le drap.*
–*Qu’est-ce qui se passe, Graeme*?*
Il recula d’un pas en secouant la tête avec un ricanement désabusé.*
–*Tu ne t’arrêtes donc jamais*? Comment peux-tu… Je ne peux pas continuer à faire ça*!*
–*Faire quoi*? demanda-t–elle, sans pouvoir maîtriser le tremblement de sa voix.*
Il poussa un juron et la prit par les épaules, l’obligeant à se tenir sur la pointe des pieds pour garder l’équilibre. Elle sentit la panique s’emparer d’elle, comprenant que le masque ne suffisait plus à la protéger.*
–*Je sais qui tu es, Lara*!*
Il savait.*
Elle recula jusqu’à buter contre le bord du lit, le cœur battant à tout rompre, le visage en feu.*

nassamate 01-12-10 05:28 PM

–*Je… je ne comprends pas. Qu’est-ce que tu veux dire… balbutia-t–elle, en essayant encore de repousser l’inévitable.*
Il s’avança vers elle d’un pas déterminé. Elle se laissa tomber sur le matelas, incapable de réagir.*
–*Non*! s’écria-t–elle, en tentant de se dérober à ses mains. Ne fais pas ça*!*
Mais il était trop tard. Il avait défait le lien qui maintenait le masque en place et elle n’avait plus d’autre choix que de l’affronter à visage découvert.*


7


–*Lara…*
Il jeta le masque sur le lit et contempla de nouveau son beau visage découvert. Enfin… Après toutes ces années… Ses yeux saphir, ces yeux qu’il avait reconnus tout de suite, étaient les mêmes, mais ses joues avaient perdu les rondeurs de l’adolescence et ses pommettes hautes lui donnaient à présent un air félin, aristocratique. Sur son front, une petite cicatrice dont il n’avait pas souvenir soulignait la blancheur de sa peau.*
Ses lèvres pleines et pulpeuses attiraient son regard comme un aimant et il les fixa longuement dans une sorte d’état second, jusqu’au moment où elle se pencha pour récupérer le drap et s’en envelopper.*
–*Comment est-ce possible*? lui demanda-t–elle d’une voix que l’émotion et la stupeur voilaient légèrement. Comment est-ce que tu as su que c’était moi*?*
–*Tu croyais vraiment que j’aurais pu ne pas te reconnaître*? Vraiment, Lara*?*
Elle rougit violemment et tenta de se redresser, mais il l’en empêcha en coinçant le drap sous son pied. Si elle voulait se relever, elle devrait lâcher le tissu, décida-t–il, partagé entre la colère et le désir.*
–*Tu savais que c’était moi depuis le début*? insista-t–elle, en remontant autant qu’elle le put le drap sur sa poitrine. Dans l’ascenseur, tu savais déjà*?*
–*Avant, même… Je l’ai su dès que je t’ai vue, dans la salle de bal.*
–*Mais comment tu as pu*? s’indigna-t–elle alors. Pourquoi tu n’as rien dit*? Pourquoi est-ce que tu m’as laissée croire que tu ignorais qui j’étais*?*
Il serra les dents, tentant de maîtriser ses émotions. L’envie de casser quelque chose le disputait au désir urgent de l’embrasser jusqu’à en perdre la tête.*
Il se réfugia dans le sarcasme.*
–*Je suis un homme, Lara. C’était trop tentant. Comment voulais-tu que je t’arrête, alors que tu avais l’air de prendre toi-même tant de plaisir à ton petit jeu*?*
Elle respirait bruyamment, visiblement piquée au vif. Tant mieux. C’était ce qu’il recherchait. Il voulait qu’elle se vexe, qu’elle ait honte, qu’elle se sente aussi mal que lui.*

nassamate 01-12-10 05:30 PM

–*Ah*! c’est vraiment gentil de ta part, rétorqua-t–elle vertement, mais, d’après ton attitude, je dirais que tu y trouvais aussi ton compte.*
Ah*! ça, oui. Absolument. Il avait adoré chaque seconde de leurs torrides retrouvailles. Mais il ne comptait pas l’admettre. Pas encore, en tout cas. Pas avant d’avoir découvert le but véritable de sa venue.*
–*C’est vraiment dommage que tu ne sois pas devenue actrice. Tu es très douée, tu sais… Franchement, tu devrais y songer. Tu es sûre que tu ne veux pas que je te présente mon agent*? A Hollywood, on adore les filles capables de feindre.*
Elle le repoussa sans ménagement pour libérer le drap et s’éloigna de lui, les yeux pleins de colère et de larmes.*
Bien…*
Il avait apparemment touché une corde sensible et s’en félicita, refusant de se laisser attendrir. Pourtant, il avait envie de la serrer dans ses bras.*
Mais il ne fallait pas.*
Il avait rêvé mille fois leurs retrouvailles, mais jamais il n’aurait pu imaginer qu’elle reviendrait sous un masque, en prétendant être quelqu’un d’autre. Pire, en voulant que lui joue à être quelqu’un d’autre*! Il n’était pas impossible que Lara préfère Kip Corrigan à Graeme Hamilton et, pour la première fois depuis qu’il incarnait le personnage, il éprouva de la jalousie envers le hors-la-loi de fiction.*
–*C’est ce que tu crois*? lui demanda-t–elle doucement. Que j’ai feint*?*
Ils se regardèrent longuement.*
–*Non, répondit-il enfin, sans cesser de la fixer. Je crois que tu étais sincère dans ta performance. Ce qui m’intéresse, c’est de comprendre pourquoi. Pourquoi, après tout ce temps, tu te donnes soudain autant de mal pour renouer avec moi.*
Un voile de sueur à peine perceptible sur le front et le cou de Lara trahissait l’effort qu’elle déployait pour garder son sang-froid.*
–*Parce que ce que je t’ai dit tout à l’heure est vrai. Entièrement vrai…*
–*Tu peux me rafraîchir la mémoire, s’il te plaît*?*
Elle pointa farouchement le menton en avant et soutint son regard. Etait-ce du regret, cette ombre qui avait traversé ses yeux*? Ou simplement la contrariété de constater qu’elle ne pouvait plus le manipuler comme autrefois*?*
–*J’ai dit que j’avais beaucoup fantasmé sur toi, murmura-t–elle finalement, en rougissant de nouveau. Sur toi et moi, ensemble.*
Il lâcha un rire incrédule.*

nassamate 01-12-10 05:31 PM

–*Tu veux dire plutôt que tu fantasmais sur Kip Corrigan*!*
–*Graeme, comment peux-tu dire ça*?*
Il aurait voulu continuer à la railler, lui dire qu’elle était comme ces fans hystériques qui ne savaient pas faire la différence entre une série de science-fiction et la réalité, mais son expression désemparée le toucha.*
–*Oublie ce que je viens de dire…*
–*Je ne suis pas venue à Las Vegas avec l’intention de faire… ça, reprit-elle en soupirant, les mains tortillant nerveusement le drap. Enfin, pas tout à fait. J’espérais trouver un moment pour te parler calmement. J’ai quelque chose à te dire… Mais quand tu es monté sur scène, je me suis rendu compte que c’était une erreur, parce que je n’aurais pas eu le courage de t’affronter. J’ai voulu quitter la salle, avec la discrétion que tu as constatée, bien malgré moi, mais tu m’as suivie, puis tu es monté dans l’ascenseur… Là, j’ai cru que tu ne m’avais pas reconnue et la boutique m’avait envoyé ce déguisement alors que j’avais commandé autre chose, mais ce n’était pas grave car ce costume me faisait sentir… me faisait sentir…*
–*Il te faisait sentir quoi*?*
Elle posa sur lui ses yeux brillants de larmes.*
–*Il me faisait me sentir autre… J’avais l’impression d’être devenue la femme la plus sexy du monde.*
Son pouls s’accéléra*; le sang coulait dans ses veines comme un fleuve de lave. Il aurait voulu arracher ce drap et la prendre dans ses bras pour lui prouver qu’elle était sans conteste, à ses yeux au moins, la femme la plus excitante du monde. Mais il avait déjà pris une fois ce chemin et il n’allait pas encore perdre le contrôle de ses émotions avant de savoir pourquoi elle était là.*
–*Et qu’est-ce que tu avais en tête, alors, si ce n’était pas coucher avec moi*?*
Le regard de Lara le suppliait de cesser de la torturer, mais il ne voulait pas se laisser attendrir. Il n’aurait de cesse avant d’avoir entendu de sa bouche les raisons de sa venue.*
–*Il y a quelque chose que tu dois savoir… Oh, Graeme, je suis si désolée*! Je ne sais pas par où commencer… Je crois que c’est l’une des choses les plus difficiles que j’aie jamais eu à dire. Et je sais que ça va te mettre en colère.*
Il était déjà en colère. Terriblement. Contre elle bien sûr, mais avant tout contre lui. Comme le pauvre imbécile qu’il était, il avait commencé à envisager qu’elle était venue le chercher parce qu’elle l’aimait encore. Ou au moins parce qu’il lui avait manqué, peut-être autant qu’elle lui avait manqué. Mais il aurait dû rester sur sa première impression*: elle venait lui demander le divorce.*
–*Abrégeons, s’il te plaît… Dis-moi plutôt pourquoi tu es là.*

nassamate 01-12-10 05:32 PM

Sa voix tremblait, mais il n’avait plus la force de cacher ses émotions.*
–*Parce que mon père vient de mourir. Il y a quinze jours.*
Ce n’était absolument pas ce qu’il s’attendait à entendre, mais, la surprise passée, il sentit une joie mauvaise sourdre en lui. Brent Withfield avait détruit sa vie avec son arrogance et ses préjugés, et le monde était un endroit bien meilleur sans lui*! Mais il se radoucit aussitôt, voyant la tristesse sur le visage de Lara.*
–*Je suis désolé, dit-il sobrement.*
–*Il était malade depuis quelques mois, mais ce n’est qu’une fois qu’il est… parti que ses avocats m’ont fait parvenir une lettre qu’il avait laissée pour moi.*
–*Continue…*
Elle lui lança un regard furtif.*
–*Il se peut que tu… Ce n’est pas si important, puisque tu n’as jamais exprimé le souhait de te remarier. Pas en public, en tout cas, mais… Je veux dire, si tu l’avais fait, je suis certaine que mon père t’aurait fait savoir que nous sommes encore, enfin, que nous ne sommes pas… Que notre mariage n’a jamais été…*
–*Annulé*?*
–*Ça n’a pas l’air de t’étonner… Tu étais au courant*?*
–*Bien sûr que j’étais au courant*! C’est moi qui ai refusé de signer ces fichus papiers en dépit des menaces de ton père, s’emporta-t–il, sans chercher à dissimuler son mépris. Il était peut-être un homme très puissant, mais il n’avait aucune autorité sur moi*! Ce jour-là, je lui ai dit que si tu voulais divorcer, tu devrais me le demander. En personne. Face à face.*
Elle avait pâli.*
–*Pendant tout ce temps, tu savais. Pourquoi…*
Il l’interrompit d’un geste.*
–*Si tu veux me faire croire que tu ne savais pas que nous étions encore légalement mariés, c’est vraiment que tu me prends pour le dernier des minables, comme ton père*!*
–*Je ne le savais pas*! dit-elle d’une voix où se mêlaient la colère et l’indignation. Mon père et moi ne nous sommes plus parlé pendant des années… Je ne l’ai revu que quelques jours avant sa mort.*

nassamate 01-12-10 05:34 PM

–*Ah oui*? Etonnant comment la vie fait les choses, non*? Ton père meurt et voilà que tu découvres que nous sommes encore mariés. Pourquoi est-ce que tu n’admets pas la vérité, Lara*? Pourquoi est-ce que tu ne dis pas tout simplement que tu étais trop lâche pour lui tenir tête tant qu’il était encore en vie, mais que, maintenant qu’il n’est plus de ce monde, tu te demandes si nous pouvons reprendre là où nous en étions restés*? Je suis désolé de te l’apprendre, mon ange, mais beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis*!*
Elle secouait la tête pour réfuter ses paroles, trop bouleversée, apparemment, pour proférer un mot. Très convaincant, songea-t–il. Dommage qu’il ne puisse plus croire en elle.*
–*Allons, Lara… Tu es ici parce que maintenant que ton père est mort, il n’y a plus personne pour t’empêcher de faire tout ce que tu veux. Peut-être que tu t’es dit qu’il serait amusant de me faire tourner en bourrique encore une fois. Tu as eu envie de réaliser tes fantasmes sur Kip Corrigan, et ensuite tu serais retournée à ta merveilleuse vie de jeune femme riche, sans que quiconque le sache, même pas moi. Je me trompe*?*
–*Jamais je n’aurais osé t’utiliser de la sorte, protesta-elle, le visage blanc comme une feuille de papier.*
–*Ah bon*?*
–*Graeme*! Je n’arrive pas à croire que tu puisses penser ça*!*
–*Vraiment*? Tu l’as oublié peut-être, mais ce ne serait pas la première fois que tu me mens*!*
–*Tu es injuste*! Tu sais bien pourquoi je l’ai fait. J’avais peur que tu te détournes de moi si tu apprenais mon âge véritable*!*
–*Et tu avais raison, dit-il, sans lui avouer qu’il n’aurait jamais pu la quitter. Mais s’il n’y avait eu que ça… Notre relation n’a été que mensonges. Ton âge, ton nom, ton passé… Un vaste mensonge qui a dû beaucoup t’amuser. Tu n’étais qu’une enfant gâtée prête à tout pour obtenir ce que tu désirais. Comment veux-tu que je te croie, après tout ça*?*
–*Je n’étais pas une enfant gâtée et tu le sais, dit-elle, en se penchant pour ramasser sa jupe, tout en cachant son regard plein de larmes. Je t’aimais.*
Aimais. Conjugué au passé. Evidemment.*
–*Peut-être. Mais te voilà de retour, cette fois encore sous une fausse identité.*
Elle se tourna vers lui, les joues écarlates et les yeux enflammés par la colère.*
–*Si c’est ce que tu penses, je ne vois pas l’intérêt de continuer à te parler.*
–*Parler*? Je croyais que tu avais beaucoup mieux à faire que me parler.*

nassamate 01-12-10 05:35 PM

–*Oui, m’en aller*! Je vois que certaines choses n’ont pas changé. Tu es toujours aussi orgueilleux et aussi incapable de reconnaître la vérité, alors que tu l’as sous le nez*!*
–*De quelle vérité est-ce que tu parles, au juste*? Dis-moi que tu n’attends rien de moi. Dis-moi que si je n’avais pas le visage de Kip Corrigan, tu serais quand même venue.*
Elle enfila rageusement le haut de son Bikini, en lui lançant un regard noir.*
–*La célébrité t’est montée à la tête, Graeme. Je n’ai plus rien à faire ici. Cependant, tu as raison sur un point*: j’attends bien quelque chose de toi.*
La sonnerie du téléphone de la chambre les interrompit. Graeme attendit que le bruit s’arrête, les yeux chevillés à ceux de Lara. Mais l’appareil continuait à carillonner obstinément.*
Excédé, il décrocha.*
–*Quoi*? cria-t–il.*
–*Où es-tu*? brailla Tony. Pourquoi tu ne réponds pas au téléphone*? Ça fait plus d’une heure que j’essaie de te joindre sur ton portable. Tu viens de décevoir des centaines de personnes et de ficher en l’air une soirée qui a coûté des milliers de dollars*! Tu as des obligations, des comptes à rendre, tu comprends*? Ce fichu festival tourne autour de toi, tu l’as oublié ou quoi*? Demain, tu as deux séances d’autographes, deux, et une interview sur KXNT Télévision tôt le matin. Ne t’avise pas de me faire faux bond, tu m’entends, Graeme*?*
Il couvrit d’une main le téléphone pour s’adresser à Lara*:*
–*C’est mon manager. Reste là. Nous n’avons pas fini.*
Et, lui tournant le dos, il continua la conversation d’une voix tendue, mais un froufroutement furtif attira son attention.*
–*Lara*? appela-t–il, en pivotant juste à temps pour la voir sortir de la pièce, pieds nus, enveloppée dans le drap.*
–*Lara*!*
Il lâcha le téléphone avec un juron et s’élança dans le couloir, mais la porte de la suite se ferma derrière elle avant qu’il ait pu l’arrêter.*
Hors de lui, il cogna contre le mur jusqu’à en avoir mal.*
Comment avait-il pu permettre que cela arrive*? Il l’avait laissée s’échapper de nouveau*!*

nassamate 01-12-10 05:37 PM

Mais il allait la retrouver.*
Elle ne s’en tirerait pas à si bon compte cette fois-ci*!



*8.*



Quelle arrogance*! Elle, l’utiliser pour le sexe*? Mais comment, comment osait-il insinuer une chose pareille*? Pour qui se prenait-il*?*
Bouillonnant de colère, Lara s’engouffra dans l’ascenseur pour regagner sa chambre, en feignant d’ignorer les regards scandalisés ou curieux que son accoutrement attirait sur elle.*
C’était le comble de l’humiliation que d’être obligée de parcourir les couloirs de l’hôtel couverte d’un drap, un collier d’esclave autour du cou. Qui plus est, à visage découvert, car, dans sa précipitation, elle avait oublié de reprendre son masque. Eh bien, Graeme pouvait le garder en souvenir*! Il l’avait déjà assez rabaissée avec ses accusations.*
Le salaud*!*
Venir à Las Vegas avait été une terrible erreur. Quant à coucher avec lui, en pensant qu’elle pourrait ensuite tourner les talons comme si de rien n’était…*
Ce n’était pas de la naïveté, mais de la stupidité pure et simple*! La chose la plus sensée qui lui restait à faire maintenant, c’était de réserver un billet dans le premier vol pour Chicago et de laisser son avocat gérer le divorce, ce qu’elle aurait dû faire dès qu’elle avait reçu la lettre de son père. Il ne fallait plus qu’elle approche Graeme, encore moins qu’elle lui parle. Trop dangereux.*
Elle claqua rageusement la porte de sa chambre et décida de prendre une longue douche, en espérant que l’eau chaude parviendrait à apaiser le tumulte des émotions qui tourmentaient son esprit.*
Si seulement elle pouvait oublier ce qui s’était passé dans cette suite du dernier étage*! Graeme, ses mains savantes, sa bouche diabolique…*
Elle pouvait encore sentir la chaleur de son corps contre le sien, son souffle contre son cou*; elle entendait ses râles de plaisir, lorsqu’il était venu en elle. Une onde de chaleur la parcourut brusquement.*
Sa peau gardait encore les traces de ses délicieuses morsures sur sa poitrine et à l’intérieur de ses cuisses. Comment allait-elle trouver le sommeil si, chaque fois qu’elle fermait les yeux, elle revoyait le visage de Graeme lorsqu’il lui faisait l’amour*?*
Elle avait mal au cœur, littéralement. Elle pressa les mains sur sa poitrine. Il lui avait manqué, terriblement, douloureusement, durant toutes ces années. Dans ses bras, elle s’était sentie heureuse comme jamais.*
C’était comme rentrer à la maison après un long voyage.*

nassamate 01-12-10 05:39 PM

Oui, elle ferait mieux de quitter Las Vegas le plus vite possible. Elle le savait maintenant, elle était incapable de lui résister.*
Elle enfila un T-shirt et une culotte, puis, trop fatiguée pour prendre la peine de se sécher les cheveux, elle se mit au lit, sans même ranger ses affaires.*
Et dire qu’il avait su dès le départ qui elle était*!*
Effarée, humiliée presque, elle s’attarda sur cette pensée.*
Il le savait lorsqu’il était entré dans l’ascenseur.*
Il le savait lorsqu’il l’avait invitée dans sa suite.*
Il le savait lorsqu’il lui avait fait l’amour comme si demain n’existait pas.*
C’était de la folie*!*
Il était un homme très intuitif. Trop.*
Cet été-là, à Londres, au bout de quelques jours seulement, il semblait déjà la connaître mieux qu’elle ne se connaissait. Au point qu’elle avait souvent eu l’impression qu’il lisait dans ses pensées.*
Impatiente de tout partager avec lui, elle lui avait avoué sa passion pour l’écriture. Loin de la prendre pour une dilettante comme elle l’avait craint, il n’avait eu de cesse qu’elle ne lui apporte la longue nouvelle d’amour et d’aventures qu’elle venait de finir.*
Elle se souvenait parfaitement de ce jour-là. Ils avaient passé tout l’après-midi à visiter le quartier populaire de Southwark. A la fin de leur promenade, ils avaient dîné sur le pouce de fish and chips, dans une gargote typique, près du Globe Theater de Shakespeare. Ils partageaient tous les deux une admiration sans bornes pour le grand dramaturge, et ils avaient récité, en se donnant la réplique, des vers tirés de Roméo et Juliette. Elle ne savait pas encore que leur histoire aurait tant de points communs avec celle des jeunes amants de Vérone.*
Après le repas, sous un ciel d’été dégagé comme on en voit rarement à Londres, il l’avait raccompagnée et était rentré chez lui, le manuscrit sous le bras.*
Elle n’avait pas fermé l’œil de la nuit en se demandant ce qu’il allait en penser. Et s’il trouvait son travail mauvais, ou inintéressant*? Ou, pire encore, s’il allait lire entre les lignes et deviner que son vœu le plus cher était d’être aimée comme la protagoniste de son histoire*?

nassamate 01-12-10 05:40 PM

Mais il ne s’était pas moqué d’elle. Au contraire. Le lendemain, il n’avait eu que des mots élogieux et encourageants, assortis de quelques suggestions tout à fait justes pour améliorer les scènes sensuelles et donner plus de réalisme au duel final de l’héroïne contre son ennemi.*
Si elle n’avait déjà succombé à ses charmes, elle en serait tombée folle amoureuse à ce moment-là.*
Elle se retourna dans son lit, fébrile, incapable de trouver le sommeil.*
Graeme avait sans doute dû comprendre dès le départ qu’elle se sentait incapable de l’affronter à visage découvert, aussi avait-il feint de ne pas la reconnaître pour éviter qu’elle ne prenne encore la fuite. Il avait vu juste, comme il ne s’était pas trompé non plus lorsqu’il l’avait accusée de lâcheté.*
Oui, elle avait été lâche. Or, bien qu’elle ne puisse le contredire, elle aimait à penser que ses raisons pour le quitter obéissaient aussi à des sentiments plus altruistes.*
Son père lui avait décrit avec cruauté, sans la ménager, la vie qui l’attendait si elle restait avec Graeme. Il n’était qu’un acteur débutant, et ses cachets suffiraient à peine pour subvenir aux besoins d’un jeune couple. Sans argent, elle ne pourrait pas aller à l’université et, sans études, elle serait forcée d’accepter des postes mal payés. Comme Graeme n’allait pas supporter de la voir s’échiner à la caisse d’un supermarché ou dans un travail à la chaîne, il finirait par quitter le métier d’acteur afin de trouver un emploi stable. Et s’il abandonnait son rêve à cause d’elle, un jour ou l’autre, il finirait par le lui reprocher.*
Effrayée par le sombre avenir que son père lui dépeignait, elle avait fini par se ranger à son avis. Cependant, elle avait refusé de signer l’annulation, car, en dépit de sa peur, elle ne pouvait se résoudre à donner le coup de grâce à ce qui avait été la période la plus heureuse de sa vie. Furieux, son père avait promis qu’il les signerait lui-même, fort de son autorité parentale, mais, à l’évidence, les choses ne s’étaient pas passées comme il l’escomptait.*
Une grande question la taraudait à présent. Pourquoi, pendant tout ce temps, Graeme n’avait-il pas essayé de la contacter*? Il savait qu’ils étaient encore mariés et, pourtant, il n’avait rien fait pour divorcer alors qu’il avait légalement une dizaine de raisons pour mettre fin à leur mariage. Elle ne pouvait que conclure qu’il avait voulu garder ce lien avec elle. Et cette pensée la remplit d’espoir.*
Elle se releva et consulta l’heure sur son téléphone. Minuit passé. Elle avait désespérément besoin de parler à quelqu’un qui puisse l’aider à se dépêtrer de cette situation inextricable. Elle songea un instant à appeler Christopher. Il était toujours de bon conseil, mais elle se ravisa aussitôt. Pour commencer, il pensait qu’elle se trouvait chez sa mère, en Caroline-du-Nord. Il faudrait alors qu’elle lui explique qu’elle se trouvait en réalité à Las Vegas, où elle était venue divorcer de son mari, avec qui, d’ailleurs, elle venait de vivre une expérience sexuelle absolument renversante.

nassamate 01-12-10 05:41 PM

Non, Christopher n’était pas le bon interlocuteur, cette fois.*
En revanche, elle pouvait toujours compter sur la seule personne qui connaissait tous ses secrets*: Val.*
Pourvu qu’elle soit encore réveillée.*
Elle appuya fébrilement sur les touches du pavé numérique et attendit, le cœur en haleine, que son amie décroche.*
–*Lara*? Tu appelles bien tard… Tout va bien*?*
La voix de Valerie lui parvint sur un fond sonore de musique et de conversations bruyantes.*
–*Oui. Enfin, je crois… Je te dérange*? D’où vient tout ce bruit*?*
–*Ne raccroche pas, chérie, je vais essayer de trouver un coin plus calme. Je suis au Molly Flanagan’s.*
C’était le pub irlandais qu’elle fréquentait avec Christopher et les autres bénévoles de la compagnie de théâtre, mais Valerie ne s’y rendait que très rarement, car elle travaillait dans la mode et elle préférait de loin passer ses soirées dans les clubs branchés et les restaurants à la page de Chicago.*
–*Qu’est-ce que tu fais là-bas*?*
–*Je suis passée au théâtre pour aider la costumière, lui répondit Valerie. Mais peu importe… Dis-moi plutôt ce qui se passe. Tu es finalement allée à ce fameux bal*? Graeme y était*? Tu l’as vu*?*
Les yeux fermés, Lara inspira profondément avant de répondre.*
–*J’ai couché avec lui, Val.*
–*Quoi*?*
–*Tu as bien entendu. J’ai couché avec Graeme, mais seulement parce que je croyais qu’il serait incapable de me reconnaître. Tu m’as dit que j’étais devenue quelqu’un de complètement différent, alors…*
–*Lara*! Tu n’as pas pris mes paroles au pied de la lettre, quand même*? C’était une image*!*
–*Et c’est maintenant que tu me le dis*? C’est horrible, Val… Je ne sais plus quoi faire.*
–*Qu’est-ce que tu me chantes là*? Tu veux toujours ce divorce, oui ou non*?*
–*Oui, bien sûr, s’empressa-t–elle de répondre, même si elle ne savait plus ce qu’elle voulait. On a couché ensemble, mais on dirait qu’il me déteste. Il agit comme s’il me méprisait. J’ai vraiment tout fait de travers. Je crois que je vais rentrer.*

nassamate 01-12-10 05:43 PM

–*Non, tu ne peux pas fuir maintenant, ou je vais t’entendre le regretter pendant des années. Tu dois lui parler d’abord, Lara. Je te connais… Parfois, ton imagination te joue des tours. Il ne peut pas te haïr à ce point, je suis sûre que tu projettes ta culpabilité. D’ailleurs, tu ne peux pas rentrer si vite, Christopher ne t’attend pas avant la fin de la semaine, il risque de se poser des questions.*
Une voix masculine qui appelait Val se détacha alors du brouhaha ambiant. Une voix qu’elle ne connaissait que trop bien.*
–*On dirait Christopher…*
–*Oui, c’est lui. Nous étions sur le départ et il doit se demander pourquoi je ne suis pas avec les autres. Tu le connais, toujours prévenant.*
–*Je t’en prie, ne lui dis pas que je t’ai appelée*! Il est très tard, il va s’inquiéter et il va vouloir me parler, mais je ne veux pas avoir à lui mentir encore pour le rassurer. Et quoi que tu fasses, s’il te plaît, Val, ne lui dis pas où je suis ni ce que je fais. Il ne me pardonnerait jamais*!*
–*Pour qui est-ce que tu me prends*? s’indigna Valerie. Evidemment que je ne dirai rien*! Maintenant, il faut vraiment que j’y aille. Tu es sûre que ça va, toi*?*
–*Oui. Ça va… Amuse-toi bien.*
–*Parle avec Graeme, d’accord*? Je suis certaine que vous pouvez parvenir à un accord comme des adultes civilisés.*
–*Tu as raison. Je vais lui parler.*
Elle raccrocha et se laissa retomber lourdement sur ses oreillers, se sentant encore plus déboussolée qu’avant l’appel.*
Quelqu’un frappa alors à la porte et elle se redressa d’un bond, surprise. Elle ne connaissait qu’une personne à Las Vegas. Et si c’était lui*? Elle sentit son cœur battre la chamade.*
–*Qui est là*? demanda-t–elle.*
–*La sécurité, madame, répondit une voix féminine. J’ai un colis pour vous.*
Un colis*? A minuit passé*?*
A pas de loup, elle gagna la porte et colla son œil au judas. En effet, une femme portant l’uniforme de l’hôtel patientait dans le couloir, avec à la main un sac en plastique qui ressemblait à ceux utilisés pour laisser le linge à la blanchisserie.*
–*Je n’attends pas de colis, dit-elle, méfiante. Déposez-le à l’accueil, je le prendrai demain matin.*

nassamate 01-12-10 05:44 PM

–*Je suis désolée, mademoiselle*Withfield, mais j’ai pour consigne de vous le remettre en mains propres ce soir même. C’est M.*Hamilton qui vous l’envoie.*
Lara soupira.*
–*D’accord, murmura-t–elle, en retirant la chaîne de sécurité. Je vais le prendre.*
A son grand étonnement, la femme s’écarta avec un sourire d’excuse pour laisser la place à Graeme qui, jusque-là, était resté hors de son champ de vision. Indignée, elle tenta de lui refermer la porte au nez, mais il l’en empêcha en posant son pied contre le chambranle.*
–*Merci beaucoup, Maryssa, dit-il. Je n’oublierai pas votre geste.*
–*Toujours à votre service, monsieur*Hamilton, répondit l’employée, la bouche en cœur. Ne m’en voulez pas, madame. J’espère que tout va s’arranger entre vous. Bonne soirée, madame. Bonne soirée, monsieur*Hamilton.*
L’employée tourna les talons et Graeme attendit que le couloir soit vide avant de parler.*
–*Tu vas me laisser entrer ou bien tu préfères que nous fassions profiter de notre discussion tous les clients de l’hôtel*? lui demanda-t–il d’un ton calme.*
A contrecœur, elle recula pour le laisser passer.*
Il portait toujours son jean, boutonné jusqu’en haut, une paire de mules en éponge brodées de l’anagramme de l’hôtel et un T-shirt noir sur lequel on pouvait lire*: «*Nous sommes tous des comédiens.*»*
L’humour tout britannique de Graeme l’avait déconcertée plus d’une fois, dans le passé, et elle considéra un instant l’ironie du message, compte tenu de ce qui venait de se passer. Mais elle n’avait pas le temps de s’y arrêter très longtemps.*
–*C’était un coup bas, ça, fulmina-t–elle, en faisant bruyamment claquer la porte. C’est comme ça que tu agis, la plupart du temps*? Tu souris, tu joues de ton charme pour que les femmes fassent tout ce que tu veux*?*
–*Oui, c’est à peu près ça, dit-il d’un ton nonchalant, en s’avançant au milieu de la pièce. Tiens, tu avais oublié ton masque…*
Elle ne prit pas le sac qu’il lui tendait, mais croisa les bras sur la poitrine. Elle venait de se rappeler qu’elle ne portait qu’une culotte et un T-shirt et que ses cheveux, encore humides, devaient ressembler à une crinière de lion.*
–*Je n’ai pas envie de te parler, répondit-elle, sans oser le regarder.*
–*Vraiment*? Ce serait dommage de ne pas finir notre très intéressante conversation de tout à l’heure, pourtant, dit-il, en balayant la chambre de son regard perçant. Nous avons encore beaucoup d’affaires à traiter.*

nassamate 01-12-10 05:46 PM

Il y avait quelque chose d’indéchiffrable dans son ton, et Lara leva les yeux. Les iris bleu-vert scintillaient de colère, indiscutablement, mais la jeune femme y perçut aussi d’autres émotions qu’elle ne parvint pas à identifier. Elle s’appliqua à respirer avec calme.*
–*Qu’est-ce que tu veux dire*?*
–*Au bout de tant de temps, tu n’as pas changé, mon ange, dit-il avec un sourire froid. En tout cas, tu as gardé cette fâcheuse habitude de t’enfuir dès qu’une situation devient compliquée. Avant de partir, tu m’as dit que tu attendais quelque chose de moi, continua-t–il d’un ton plus tempéré. Je voudrais savoir de quoi il s’agit.*
Il fallait qu’elle fasse quelque chose, et vite. Qu’elle s’occupe les mains, qu’elle se dérobe à son regard pénétrant. Graeme était trop grand.*
Trop imposant.*
Trop tentant.*
Elle ramassa la jupette pourpre et la rangea dans son emballage. Et le soutien-gorge, où était passé ce satané soutien-gorge doré*?*
–*Tu as oublié ce que tu voulais*? demanda-t–il derrière elle.*
–*Non, je n’ai pas oublié.*
–*Je t’écoute, alors.*
Elle se retourna, l’enveloppe de papier kraft serrée contre sa poitrine comme un bouclier. Il s’était approché sans qu’elle s’en aperçoive, et elle sursauta, troublée par sa proximité.*
Et…*
Oh, non*! Il avait posé la main sur la table de chevet, à quelques millimètres seulement du médaillon en argent.*
L’avait-il vu*? Et si oui, allait-il le reconnaître, s’en souvenir*? Il y avait de grandes chances qu’il n’attache aucune importance au fait qu’elle l’ait conservé. Il ne pouvait pas imaginer qu’elle le portait chaque jour.*
Il attendait sa réponse en silence, sans la quitter des yeux. Elle répéta les mots dans sa tête, incapable de se résoudre à les prononcer. Ils semblaient coincés dans sa gorge, étouffants, toxiques.*
–*Je t’écoute, mon ange, la pressa-t–il d’un ton faussement doux. Qu’attends-tu de moi*?*
–*Le divorce, murmura-t–elle d’une voix brisée. Je veux le divorce.

nassamate 01-12-10 05:47 PM

Graeme sentit alors quelque chose déchirer sa poitrine, comme si Lara venait d’y plonger la pointe d’un poignard empoisonné. Il le savait. Il n’avait pas voulu s’arrêter à cette idée, mais il l’avait su dès le départ. Elle n’était pas venue parce qu’il lui manquait, ni parce que, son père décédé, elle n’avait plus de raisons de rester loin de lui.*
Elle était venue pour le chasser de sa vie.*
Et ça faisait un mal de chien de l’entendre.*
Il la contempla longuement, sans rien dire, attentif seulement à juguler la douleur qui se diffusait en lui.*
Ses joues étaient empourprées et la rougeur s’étendait sur son cou et son décolleté. Ses yeux bleus brillaient, remplis de larmes. Elle se mordait la lèvre inférieure, comme toujours lorsqu’elle était nerveuse, et il pouvait même distinguer son pouls qui palpitait comme un petit animal affolé sous la peau diaphane de son cou.*
Pourtant, il n’avait pas besoin de tous ces indices pour savoir qu’il ne lui était pas devenu indifférent. Loin s’en fallait.*
Elle était venue lui demander le divorce, et pourtant…*
Pourtant… Il avait remarqué au premier coup d’œil le magazine sur la table avec sa photographie en couverture. Ce n’était pas une simple coïncidence, il en était certain. Quant au médaillon sur la table de chevet…*
Sa présence était tout sauf anodine.*
C’était le symbole de leur union, de leur amour, à l’instar d’une alliance de mariage. Il l’avait acheté à Londres, en pensant le lui donner lorsqu’elle partirait aux Etats-Unis. Mais elle avait dit qu’elle n’y retournerait pas sans lui. Ce qu’il était prêt à faire, car il l’aurait suivie jusqu’au bout du monde. C’est alors qu’elle avait insisté pour qu’ils se marient.*
Sur un coup de tête, sur un coup de cœur.*
Il s’était douté que sa famille s’y opposerait, il pouvait même le comprendre*: aux yeux de parents sourcilleux, il n’avait rien du gendre idéal. Mais il avait été incapable de s’opposer à la douce persuasion de Lara. Et il s’était ainsi retrouvé en Ecosse, à prononcer les vœux du mariage devant un pasteur, avant même d’avoir pu mesurer la portée de leur acte.*
Il ne l’avait pas regretté pour autant, pas un seul instant. Il lui avait offert le pendentif cette nuit-là, avant de faire l’amour avec elle pour la première fois. Ce moment était gravé à jamais dans son cœur. Le bijou brillait sur sa poitrine et elle rayonnait de bonheur. Il n’oublierait jamais le sentiment de fierté et de complétude qu’il avait éprouvé en la sachant sienne.

nassamate 01-12-10 05:49 PM

–*Donc, tu veux divorcer… parvint-il à dire enfin.*
–*Oui, répondit-elle en un murmure à peine audible.*
–*Et ce qui s’est passé tout à l’heure, c’était quoi*? La cérémonie des adieux*? Une manœuvre pour faire passer la pilule*? Un lot de consolation*? lui demanda-t–il sans pouvoir cacher son amertume.*
–*J’ignorais que nous étions encore mariés jusqu’à la semaine dernière, que tu le croies ou non, dit-elle d’un ton plus affirmé. Autrement, j’aurais fait la démarche depuis longtemps. Mais pour tout te dire…*
Elle rougit.*
–*Pour tout te dire, j’ai quelqu’un dans ma vie.*
Un élan de jalousie brûla son cœur comme un acide. Il le savait déjà, sinon pourquoi serait-elle venue*? Mais l’entendre de sa bouche était encore plus dur.*
–*Je vois, répondit-il froidement. Vous êtes fiancés*? Il t’a déjà offert une belle bague*?*
Il regarda ses mains avec insistance. Elle ne portait pas d’anneau, et, à sa grande satisfaction, elle posa l’enveloppe sur la table de chevet, couvrant ainsi le médaillon, pour ensuite cacher ses mains derrière son dos. Le geste mit en évidence ses seins sous le fin coton du T-shirt. Il détourna les yeux. C’était incroyable l’attraction que cette femme exerçait sur lui*!*
–*Il ne m’a pas vraiment demandée en mariage, marmonna-t–elle. Pas encore. Mais il le fera bientôt, c’est certain… Et je veux pouvoir lui répondre le cœur net, sans aucune entrave.*
–*Sans aucune entrave*? s’insurgea-t–il, piqué au vif. C’est ce que je suis pour toi, une entrave*?*
–*Ecoute, Graeme, ne le prends pas mal, mais je ne peux pas décemment accepter sa demande alors que je suis encore ton épouse, légalement en tout cas, non*? Alors, oui, en ce sens, tu es une entrave. Mais enfin, toi non plus, tu ne veux pas rester marié*? Tu es l’homme le plus convoité du pays, le fantasme numéro un chez les femmes de quatorze à… soixante-dix-sept ans. Si ce n’est plus*!*
Elle conclut sa tirade avec une grimace excédée, faisant un pas en arrière. Il la retint par le bras, qu’il ne lâcha pas en dépit du regard effrayé qu’elle lui lança.*
–*Et toi, mon ange*? Est-ce que je suis aussi ton fantasme numéro un*?*
Il crut percevoir l’ombre d’un regret dans ses yeux, mais ce ne fut qu’une impression fugace.*

nassamate 01-12-10 05:52 PM

–*Ne sois pas ridicule, rétorqua-t–elle sèchement. Je ne suis plus la petite fille qui vivait dans un monde imaginaire de princesses et de châteaux. J’ai grandi, Graeme, j’ai compris beaucoup de choses que j’ignorais alors. Et… j’ai besoin de bien plus que de fantasmes pour être heureuse.*
–*J’en déduis que tu n’écris plus*?*
Elle se figea.*
–*Que veux-tu dire*?*
–*Rien, juste qu’il y a cinq ans, écrire des histoires te rendait heureuse. Ne me dis pas que tu as laissé tomber l’écriture.*
–*J’écris encore des nouvelles, mais… je ne cherche pas à les faire publier. J’écris pour… eh bien… pour un public très ciblé.*
–*Ah*! dit-il d’un ton entendu. On peut dire alors que tu n’écris que pour ton plaisir*?*
–*On… on peut le dire comme ça, oui.*
–*A l’époque, tu me laissais te lire.*
–*Eh bien, cette époque est révolue.*
–*Donc personne, ou presque, ne lit ce que tu écris*?*
–*Ce n’est pas ce que j’ai dit, mais si tu as envie de lire ce que j’écris, la réponse est non, dit-elle, en l’obligeant à lâcher son bras d’un geste brusque. Mes nouvelles sont très différentes de celle que tu as lue. Tu serais fort surpris, je pense.*
–*Ah bon*? Et pourquoi*?*
–*Peu importe… Ce n’est que le fruit de mon imagination et je préfère garder ça pour moi. Point.*
Tu ne les gardes pas pour toi, mon ange. Loin s’en faut*!*
Il se garda cependant de lui dire qu’il était au courant de son activité littéraire. Ils avaient d’autres affaires plus importantes à mettre au clair d’abord.*
–*Si je comprends bien, tu continues à mettre tes fantasmes par écrit*? insista-t–il, prenant un malin plaisir devant son embarras croissant.*
–*C’est vrai. Mais je n’espère plus qu’ils se réalisent. La différence est de taille.*
Il songea un instant à ces jours enchantés qu’ils avaient partagés, quand il était son preux chevalier dans son armure étincelante. Il avait vraiment cru qu’ils vivraient heureux à jamais, avant que leur belle histoire d’amour ne tourne en mauvais drame sentimental, en film de série B. Mais ce n’était pas tant pour lui qu’il le regrettait. Il avait appris à ses dépens que la vie n’était pas un conte de fées. Il avait grandi dans une cité malfamée de Glasgow et sa mère, une femme courageuse et pleine de ressources, s’était donné beaucoup de mal pour l’envoyer, avec son frère, à la Glasgow Academy, une école privée très réputée, pour qu’ils aient toutes les chances de réussir. Il n’avait que treize ans alors, et il se rappelait encore l’excitation avec laquelle il avait attendu la rentrée.*
Il avait déchanté très vite, car, dès le premier jour, il avait compris qu’il ne suffisait pas de porter le même uniforme pour être considéré comme un égal par ses camarades mieux lotis que lui. A la fin de la première semaine, il s’était déjà battu trois fois.*
Pire encore… Chaque jour, lorsqu’ils rentraient à la maison le soir, son frère et lui devaient endurer les railleries des enfants du quartier, qui se moquaient de leurs uniformes. Il aurait pu encaisser en silence s’il ne s’était agi que de lui, mais, quand un groupe de trublions s’en était pris à son frère, il avait vu rouge et avait frappé violemment l’un d’eux. Une semaine plus tard, il avait été expulsé de la nouvelle école et avait été forcé de réintégrer l’enseignement public.*
Mais il était décidé à ne pas baisser les bras et si, au bout de longues années de travail acharné, il avait réussi à intégrer la très sélecte Académie royale d’art dramatique, aucun effort, aucune humiliation ne lui avaient été épargnés.*
Le goût amer de la désillusion avait toujours fait partie de sa vie et il n’attendait pas grand-chose de la nature humaine.*
Ce n’était pas le cas de Lara. La jeune fille qu’il avait connue était pleine d’espoir et d’idéaux et, soudain, entendre de sa bouche ces propos tristes et désabusés lui sembla insoutenable.*
Mû par un élan irrépressible, il l’attira contre lui, et plongea ses yeux dans les siens.*
–*Laisse-moi te rendre heureuse, mon ange, murmura-t–il en l’embrassant. Je peux te rendre heureuse…**

_maya 01-12-10 08:18 PM

merci ma chére soeur pr ts on t'encourage bcp ''g adoré cette partie
merciiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii

princesse.samara 06-12-10 12:07 PM

merci pour le romans, c'est virement très belle, je me demande si tu peut le mètre en format PDF

nassamate 08-12-10 08:18 PM

Merci beaucoup, mais je ne sais pas installer l'histoire en PDF

nassamate 08-12-10 08:27 PM

9.*
Pendant un court instant, Lara resta immobile dans ses bras, tendue, passive. Mais ce ne fut qu’un court instant, car, bien vite, elle plongea la main dans ses cheveux et lui rendit ses baisers avec une ardeur véhémente.*
C’était plus que des baisers. Sa bouche dévorait celle de Graeme avec une fébrilité animale et sa langue, tendre et tiède, cherchait la sienne sans relâche.*
–*Je sais, Graeme… Je sais que tu peux me rendre heureuse…*
Ce doux aveu de reddition fit voler en éclats le peu qui lui restait de retenue. Il s’était pourtant promis, avant d’entrer dans sa chambre, de ne rien dire, rien entreprendre qui puisse la faire fuir de nouveau, mais il avait besoin de savoir pourquoi tout à l’heure elle s’était donnée à lui et de cette manière.*
Cette chambre, avec les affaires de Lara éparpillées sur les meubles, lui rappelait leur week-end de noces, dans la petite auberge écossaise.*
Pendant deux jours entiers, ils n’en étaient pas sortis. Ils prenaient le petit déjeuner au lit et leurs repas dans le restaurant de l’hôtel, et, si Brent Withfield n’était pas venu briser leur lune de miel, il aurait été plus qu’heureux de rester ainsi dans le cocon de leur passion, pendant des semaines entières.*
Il serait encore capable de le faire, songea-t–il, les sens embrumés par le parfum inoubliable de la jeune femme. Le lien qui les unissait avait résisté au temps et à la distance, à l’absence, au silence, il le savait maintenant grâce au médaillon. L’humble bijou –*mais offert alors avec tant d’amour, tant d’attentes tournées vers leur avenir*– témoignait qu’il était resté présent dans l’esprit de Lara pendant toutes ces années, même s’il ne le savait pas, même s’il n’osait pas l’espérer.*
Elle ne l’avait pas oublié…*
Le souffle haletant, il resserra son étreinte. Ses seins pleins et ronds s’écrasaient doucement contre son torse et il sentit son excitation monter en flèche. Il l’embrassa de plus belle, incapable de résister à l’envie de la faire sienne encore, maintenant qu’elle avait cessé de jouer à l’indifférente, à l’aventurière d’une nuit.*
Il avait vécu loin d’elle pendant cinq ans, il avait rêvé d’elle pendant cinq ans, il l’avait désirée pendant cinq ans.*
Il n’attendrait pas une minute de plus.*
Sans cesser de l’embrasser, elle essaya de déboutonner son jean, mais ses mains tremblaient. Elle paraissait inexperte et timide, tout à coup, en tout point différente de la séductrice délurée qui l’avait abordé dans l’ascenseur.*
–*Laisse-moi faire, mon ange, souffla-t–il contre sa bouche. Voilà…*
Avec un murmure de satisfaction, elle plongea la main dans son pantalon et enveloppa son sexe de ses doigts fins.*
Oh, que c’était bon*!*
Il n’avait qu’une envie*: la renverser sur le lit et lui arracher ses vêtements pour la prendre sur-le-champ.*
Son désir était si violent qu’il en fut presque choqué et, en dépit de ses élans impérieux, il s’efforça d’adoucir ses caresses, de prendre son temps.*

nassamate 08-12-10 08:30 PM

Avec une lenteur délibérée, il promena ses lèvres le long de son menton pour aller mordiller langoureusement la base de son cou.*
–*Lara… Oh*! Lara, j’ai…*
–*Viens… l’interrompit-elle. S’il te plaît, viens… Maintenant…*
Sa voix secouée d’impatience donna le coup de grâce à ses bonnes intentions. Il ne se rappelait plus la dernière fois où il avait été en proie à une excitation si intense… Ou plutôt si*: il y avait deux heures à peine, dans sa suite, avec Lara. Mais, en dehors d’elle, il n’avait jamais connu d’autre femme qui embrase ses sens avec une telle violence.*
Ses mains tremblaient lorsqu’il prit son visage pour la regarder dans les yeux. L’expression éperdue de Lara trahissait un désir aussi effréné que le sien. Il l’embrassa encore. Elle aspira sa langue dans sa bouche avec un petit gémissement, en même temps qu’elle glissait la main sous son T-shirt.*
Il enroula ses cheveux à son poing comme il l’aurait fait avec une lanière et couvrit de l’autre main la rondeur splendide de son sein.*
Mais elle s’écarta de lui, le souffle court.*
–*Je veux te voir, dit-elle.*
Il se débarrassa de son T-shirt d’un geste impatient et, avant même que le vêtement ait touché le sol, elle le caressait déjà. Ses mains glissaient sur lui, l’exploraient, le frôlaient, le griffaient. Son cou, ses pectoraux, son ventre et plus bas.*
–*Que tu es beau*! Encore plus beau que dans mes souvenirs.*
–*Tu te trompes, mon ange, grommela-t–il, en lui ôtant son T-shirt. C’est toi la plus belle.*
Il enveloppa ses seins.–*Et plus que ça, ajouta-t–il, se penchant pour titiller un mamelon dressé du bout de la langue. Il n’y a pas de mots pour te décrire.*
Elle plongea ses mains dans ses cheveux.*
–*Tu es encore trop habillé. Ce pantalon m’encombre…*
Il ne se fit pas prier. Il envoya au loin ses chaussons d’un coup de pied et se débarrassa du pantalon en un clin d’œil.*
Elle recula d’un pas pour mieux l’admirer.*
–*Oh*! Tu es… magnifique, dit-elle, en refermant la main autour de son sexe dressé.*
Il rit, flatté. Elle n’avait rien perdu de cette spontanéité qui le ravissait.*
–*Toi aussi, tu es trop habillée. Fais quelque chose. Non… Attends*! Je m’en occupe…*
Il se pencha pour l’aider à faire glisser sa petite culotte en dentelle le long de ses jambes et put alors la contempler complètement nue.*
Elle se soumit à son examen, timide et impudique à la fois. Il avait pensé que rien ne pourrait être plus sexy que son costume d’esclave. Il s’était trompé.*
Rien ne pouvait surpasser l’érotisme de son corps dévoilé.*
–*Quand tu me regardes comme ça, je me sens toute bizarre, lui avoua-t–elle dans un chuchotement. Je brûle, je tremble… Et j’aime ça.*
Il sourit, posant les mains sur la peau veloutée de ses fesses, aussi touché par la chaleur dans sa voix que par la chaleur de sa peau. Il n’arrivait pas à définir ce qu’il éprouvait, il n’était même pas certain de vouloir le faire. Serrer Lara dans ses bras le comblait et pourtant…*

nassamate 08-12-10 08:32 PM

Pourtant, cette douleur sourde qui peu à peu envahissait sa poitrine, il ne pouvait pas l’ignorer…*
Elle voulait divorcer.*
Il n’allait pas s’y opposer. Il avait promis à son père qu’il le ferait le jour où elle viendrait elle-même le lui demander, et il n’avait qu’une parole. Mais, en cet instant précis, il ne voulait pas penser au moment où elle s’éloignerait de lui. Ni l’imaginer dans les bras d’un autre homme.*
Ici et maintenant, elle était encore sa femme.*
–*J’adore la chaleur de ta peau, dit-elle, en se frottant contre lui comme un chat câlin. J’ai envie de te caresser partout.*
Joignant le geste à la parole, elle glissa les mains le long de son dos et pressa ses fesses contre son ventre.*
Ils se regardèrent longuement.*
Ses yeux bleus promettaient un plaisir sans limites. Alors, sans plus vouloir penser au lendemain, il se pencha sur elle et prit sa bouche. Elle lui ouvrit ses lèvres, enlaça sa langue avec la sienne. Une nouvelle vague de désir traversa son corps comme une décharge électrique, annihilant sur son passage le peu qui lui restait de raison.*
Il saisit ses fesses plus fermement et la souleva légèrement pour introduire son sexe entre ses cuisses. Elle gémit, transportée. Elle était chaude et humide*; son odeur intime lui tournait la tête. C’était une odeur enivrante, douce comme le parfum de la rose, mais puissant comme une drogue dure.*
Lestement, il la hissa sur ses hanches. Elle serra les jambes autour de sa taille, les bras autour de son cou, sans cesser de l’embrasser. Il n’avait jamais supporté un si doux poids, elle était légère comme l’air. Il fit quelque pas pour l’adosser contre le mur le plus proche et, au comble de l’excitation, la pénétra d’un simple mouvement de bassin.*
Enfin…*
Elle gémit doucement. Sa chair suave et glissante enveloppait son sexe, lui procurant un plaisir indicible. Il se serra étroitement contre elle, et la laissa marquer la cadence de leur étreinte. Les jambes croisées autour de ses reins, elle allait et venait contre lui, le poussant chaque fois plus loin dans la spirale du plaisir. Chacun de ses mouvements mettait à l’épreuve son endurance et, tous les muscles de son corps en tension, il l’immobilisa contre le mur.*
Il voulait prolonger ce moment et savourer chaque seconde de leur étreinte, car il n’oubliait pas que la nuit passerait très vite.*
Elle se blottit contre lui, les cheveux en désordre, le visage dissimulé sous ses longues mèches.*
Si seulement le temps pouvait suspendre son vol*! Si seulement cette nuit pouvait ne jamais finir*!*
–*Encore, supplia-t–elle, pantelante. Encore…*
–*Oh*! Lara. C’est si bon, si bon… Viens…*
En deux foulées, il la porta vers le lit et la déposa sur le matelas, lâchant un grommellement frustré lorsque son sexe quitta le sien.*
Avec un petit gémissement boudeur, elle le retint, comme si elle ne pouvait supporter qu’il s’écarte un seul instant.*
–*Ne t’en vas pas.*
–*Je n’en ai pas la moindre intention, mon ange, répondit-il, en s’allongeant à côté d’elle. Je veux juste essayer quelque chose…

nassamate 08-12-10 08:33 PM

Elle ébaucha un sourire affaibli, comme si le plaisir lui avait ôté toutes ses forces.*
–*Tout ce que tu voudras.*
Il passa un bras autour de ses épaules, pour qu’elle s’installe confortablement contre sa poitrine, et l’embrassa doucement. Il joua avec sa langue autour de ses lèvres gourmandes qu’il lécha et mordilla jusqu’à ce qu’elle gémisse d’impatience. De sa main libre, il enveloppait ses seins, tour à tour, en faisant rouler entre ses doigts leurs bouts rosés.*
Lara se déhanchait contre lui, lascive et sensuelle.*
Oh*! oui, il savait ce qu’elle voulait, et rien ne lui ferait plus plaisir que de lui donner satisfaction.*
Il descendit lentement la main vers la jointure de ses cuisses pour fureter entre les boucles humides de sa toison cuivrée.*
–*Humm… murmura-t–elle, les yeux clos, en écartant imperceptiblement les jambes, pour lui offrir un meilleur accès.*
Il sourit contre sa bouche, enhardi par ses petits bruits de gorge, ses soupirs, ses gémissements de plaisir. Son excitation attisait la sienne et, la sentant frissonner dans ses bras, il avait l’impression d’être le roi du monde. C’était bien lui qui la faisait onduler de plaisir, lui qui provoquait ces spasmes de bien-être qui secouaient son corps adorable.*
Il glissa un doigt, puis un autre, dans son sexe sans cesser de caresser son clitoris. Elle se cambra contre lui, en poussant un petit cri.*
–*Oh, Graeme*!*
–*Je suis là, mon ange, murmura-t–il, la voix enrouée d’émotion.Il l’embrassa à pleine bouche en imprimant à ses baisers la même cadence effrénée qu’aux mouvements de sa main. Elle s’accrocha à lui comme si elle avait peur de tomber.*
–*C’est trop, oh… C’est…*
Elle s’écarta légèrement de lui pour le regarder, les yeux grands ouverts, comme si elle se demandait ce qui lui arrivait.*
–*Je vais jouir, murmura-t–elle.*
Ces mots avivèrent son désir. Il sentit son sexe se cabrer contre son ventre, tendu, douloureux. Il mourait d’envie de s’oublier dans la chaleur accueillante de son sexe, mais il voulait encore lui donner du plaisir et la rendre heureuse, au moins dans l’espace de cette nuit fugace. Il voulait graver dans sa mémoire chaque geste, chaque cri, chaque détail de son corps. Il engrangeait des souvenirs qu’il pourrait se remémorer plus tard, lorsqu’il ne lui resterait d’elle que le poids de son absence.*
Elle se cambra soudain contre sa main, sous l’intensité de l’orgasme qui s’emparait d’elle.*
Les yeux chevillés aux siens, elle jouit avec un long râle brisé, refermant convulsivement ses jambes sur ses doigts et serrant de toutes ses forces. Une dernière secousse la laissa alanguie et repue. Elle s’abandonna sur le matelas, vaincue, le souffle saccadé, avec juste assez de forces pour entrouvrir les yeux.*
–*Oh… C’était… incroyable*!*
Il l’enveloppa dans ses bras et déposa un baiser tendre sur sa tempe. C’était incroyable, oui. Et encore, il aurait fallu inventer un nouveau mot pour décrire ce qu’il avait éprouvé en la voyant s’abandonner à la jouissance sous ses yeux.*

nassamate 08-12-10 08:35 PM

Puis l’idée qu’elle puisse offrir le même abandon à un autre homme fit naître en lui des images insupportables. Une jalousie, féroce et indomptable, s’empara de lui. Il roula sur le dos, un bras sur les yeux, bouclier dérisoire contre l’assaut des visions qui venaient torturer son esprit.*
Il la sentit bouger contre lui et ses longs cheveux encore humides frôlèrent sa poitrine. Elle caressa doucement son visage, les mains légères comme des ailes de papillon, et il entrouvrit les yeux.*
Penchée sur lui, elle le dévisageait avec une expression inquiète.*
–*Tu vas bien*? lui demanda-t–elle.*
Sans répondre, il l’attira plus encore contre sa peau et l’embrassa comme si sa vie en dépendait.*
Elle s’écarta doucement et suivit de l’index la courbe de ses lèvres.*
–*Tu as toujours su embrasser, murmura-t–elle.*
–*C’est toi qui m’inspires. Ta bouche me rend fou.*
–*Alors ma bouche va plus encore te rendre fou, lui promit-elle, en l’embrassant de nouveau.*
Millimètre par millimètre, avec une douceur diabolique, elle couvrit la peau de son torse de baisers brûlants et humides.*
Il croisa les bras derrière la tête pour la regarder faire en poussant un soupir. S’il n’y avait eu que sa bouche pour le rendre fou…*
A vrai dire, il commençait à comprendre qu’il était en train de retomber amoureux.*
Fou amoureux de sa femme.Elle venait de jouir, son corps vibrait encore sous l’effet d’un orgasme terrassant et pourtant… Le corps de Graeme abandonné entre ses mains l’emplissait d’un désir qu’elle ne savait pas brider. Elle voulait le dévorer, se remplir de lui, se fondre en lui jusqu’à ne plus savoir qui était qui.*
Agenouillée à son côté, elle le caressa minutieusement. La peau tendre de l’intérieur des bras, la chair tendue de ses biceps, le relief de ses côtes, le quadrillage de ses abdominaux.*
Il respirait de plus en plus vite, et ne put contenir un gémissement lorsqu’elle frôla son sexe de ses doigts légers.*
Elle adorait l’idée que c’était elle, et bien elle, qui le mettait dans cet état*!*
Elle glissa sa main entre ses cuisses et la referma autour de son membre en érection.*
Oui, elle adorait cela…*
Tout, en lui, était magnifique. Son sexe était magnifique. Long, dur, puissant. Elle en effleura le bout doucement avec une main, en resserrant l’autre autour. Son pouls battait contre sa paume.*
Il gémit. Les bras croisés derrière la tête, les yeux mi-clos et pourtant alertes, il était d’une beauté et d’une virilité renversantes. La simple idée de l’avoir en elle l’excitait au plus haut point, mais, soudain, elle se demanda si elle allait être à la hauteur. Graeme avait beaucoup plus d’expérience qu’elle*; tout ce qu’elle savait, elle l’avait appris avec lui. Mais en voyant son visage transi de désir, son inquiétude s’envola.*
–*Tu veux que je continue*? lui demanda-t–elle, en se penchant pour le lécher délicatement.*
–*Tu peux faire tout ce qu’il te plaira, murmura-t–il. Je ne m’en plaindrai pas.*

nassamate 08-12-10 08:36 PM

–*Ça, par exemple… Ça me plaît beaucoup…*
Elle promena sa langue sur toute la longueur de son sexe. Il avait un goût délicieux, et sa chair palpitait contre ses lèvres. En le caressant d’une main, elle enroba de l’autre ses testicules et se pencha plus encore pour le prendre en entier, lentement, sans cesser les mouvements caressants de sa langue.*
Il poussa un long râle et souleva les hanches d’un mouvement instinctif. Son désir croissant attisait le sien. Elle avait dit qu’elle allait le rendre fou et elle allait tenir parole. Elle l’avala encore plus profondément avant de rebrousser chemin jusqu’à ce qu’il fût presque sorti de sa bouche, puis elle recommença.*
Il posa une main sur ses cheveux pour accompagner ses mouvements, les yeux fixés sur elle et les joues en feu.*
Elle pressa son sexe contre son palais et savoura le goût de sa semence. Il était sur le point d’atteindre le point de non-retour, elle le savait, mais, bien qu’aucun homme n’ait jamais joui dans sa bouche, elle ne s’arrêta pas. De lui, elle pouvait tout accepter.*
Il s’écarta d’elle cependant avec un grognement étouffé.*
–*Pas comme ça, protesta-t–il, le souffle haletant.*
Sans lui demander son avis, il l’attira sur lui et l’embrassa sauvagement, les mains agrippées à ses hanches. Son sexe dressé vint se nicher contre ses boucles trempées.*
Elle le voulait en elle.*
Tout de suite.*
Avec une violence inouïe.*
–*Viens, Graeme, viens…Elle ne put pas finir sa phrase, mais ce n’était pas nécessaire. Il s’assit d’un bond et prit son visage entre ses mains pour l’embrasser encore une fois.*
–*Tourne-toi, lui ordonna-t–il gentiment.*
–*Tu veux que…*?*
Il dirigea ses mouvements avec douceur et elle se retrouva à quatre pattes, dos à lui. Les grandes mains de Graeme couvraient ses fesses de caresses. Toute son intimité ainsi exposée, elle se sentait à la fois embarrassée et terriblement excitée. Elle le regarda par-dessus son épaule. Il la contemplait avec une expression de désir intense.*
–*C’est comme ça que tu me veux*? demanda-t–elle, en ployant sur ses coudes pour mieux s’offrir à lui.*
–*Oh*! oui… Si tu pouvais voir ce que je vois…*
Ce qu’elle voyait, elle, c’était son sexe, raidi en un angle impossible contre son ventre. C’était cela qu’elle voulait. Elle ne pouvait plus attendre. Qu’il vienne en elle. Qu’il lui fasse l’amour.*
–*S’il te plaît, Graeme. Maintenant.*
–*Maintenant, alors.*
Il prit son sexe dans sa main et le conduisit à l’orée du sien sans pourtant la pénétrer.*
Les yeux fermés, elle s’abandonnait à sa merci. Il joua longuement avec les plis glissants, dont la sensibilité était exacerbée par la longue attente, jusqu’à ce qu’elle tremble comme la feuille d’un arbre, son corps brûlant contre les draps froissés.*
–*Viens*! Allez… le supplia-t–elle.*

nassamate 08-12-10 08:39 PM

–*Pas encore… murmura-t–il, en la tenant fermement par les hanches pour l’empêcher de se cambrer. Je veux faire durer ce moment…*
Elle crut qu’elle allait mourir d’impatience, mais, finalement, il céda à ses demandes. Il la pénétra lentement, très lentement.*
La sensation était indescriptible, insoutenable.*
Elle poussa un grognement d’impatience et tenta d’accélérer le mouvement, mais il la maintint immobile, pour bien lui montrer qui menait le jeu.*
–*Graeme, s’il te plaît. J’ai besoin de bouger.*
Il se pencha alors sur elle et repoussa ses longs cheveux pour mordiller le lobe de son oreille. En équilibre sur une main, il posa l’autre sur ses seins qui se balançaient au rythme de leurs ébats. Son souffle lourd résonnait amplifié contre son cou. Elle poussa ses hanches en arrière et, finalement, il entra complètement en elle.*
Elle cria sans retenue.*
–*Oui*! Oui*!*
–*C’est ça, mon ange. Crie… Je veux t’entendre jouir.*
Sa main glissa jusqu’à sa toison et elle crut qu’elle allait s’évanouir au contact de ses doigts contre son clitoris enflé.*
Tout son corps était en feu, comme si chacune de ses cellules se consumait dans l’attente de la délivrance.*
Leurs gémissements se confondaient dans le silence de la chambre et elle sentait le plaisir monter, imparable, à chacun de ses coups de reins. Ils étaient tous deux dans un état proche de la folie.Comment avait-elle pu survivre si longtemps sans lui*?*
Abasourdie, elle accueillit la nouvelle décharge de plaisir qui éclata dans son ventre comme un feu d’artifice qui effaça le reste du monde.*
Il n’y avait plus qu’elle et lui, fondus en un seul être.*
Avec un cri qui ressemblait à un sanglot, elle se pressa contre ses hanches, une fois, une autre. Elle ne voulait pas jouir seule, elle voulait qu’il l’accompagne dans ce vortex de sensations. Finalement, il s’abandonna lui aussi à la jouissance, et son dernier coup de reins les porta ensemble au-delà du point de non-retour.

nassamate 08-12-10 08:40 PM

10.*
Allongé contre les oreillers, Graeme contemplait le visage de Lara, dont la chevelure se répandait sur son torse comme un écheveau de soie rousse. Blottie contre lui, languide, elle dessinait le contour de ses muscles du bout du doigt. Il lui saisit le menton et étudia son visage qui rayonnait encore de cette lumière particulière qui vient aux femmes quand elles ont fait l’amour.*
–*Il faut croire que certaines choses ne changent jamais, murmura-t–il.*
Il pensait à elle et à lui, sans parvenir à décider si son retour dans sa vie était une malédiction ou un miracle. Il serait toujours sans force devant cette femme et, en même temps, il n’était jamais aussi heureux que dans ses bras. Elle lui faisait perdre raison au point qu’il en oubliait toute prudence et…*
Oh, non*! Comment pouvait-il être aussi stupide*?*
Il réalisait qu’ils avaient à l’instant fait l’amour sans protection.*
Dans l’excitation du moment, il n’avait même pas pensé aux préservatifs*! D’ailleurs, il n’en avait pas sur lui. Il était tellement en colère lorsque Lara s’était enfuie de sa suite comme une voleuse que la dernière chose qu’il pouvait imaginer, c’est qu’ils finiraient par faire l’amour de nouveau. Il était venu dans cette chambre dans le seul but de se confronter à elle et de lui demander ce qu’elle attendait de lui.*
Cela dit, elle avait répondu on ne pouvait plus clairement à sa question. Un divorce expéditif et du sexe, du sexe torride… Pas forcément dans cet ordre. Etait-elle consciente de ce qu’ils venaient de faire*? Il ne se faisait aucun souci pour leur santé, de ce côté-là, il était aussi sûr de Lara que de lui même. En revanche, il aurait dû s’assurer qu’elle prenait la pilule ou utilisait tout autre moyen de contraception.*
Et si elle tombait enceinte*?*
Etrangement, l’idée que Lara puisse porter son enfant ne l’effrayait pas autant qu’il l’aurait cru. Alors que s’il s’était agi d’une autre… Mais la question ne se posait pas, car aucune autre femme n’aurait pu lui tourner la tête au point qu’il en oublie de se protéger.*
Il ne se souvenait pas de son père, qui les avait quittés juste après la naissance de son frère, lorsqu’il n’avait encore que deux ans. Il avait grandi en voyant sa mère se battre chaque jour pour essayer de les élever correctement, jonglant avec trois emplois, et il s’était juré qu’il ne mettrait jamais une femme enceinte à moins d’être prêt à s’engager pour la vie et à fonder une famille. En conséquence, il s’était toujours montré d’une précaution extrême dans ses relations.*
Sauf avec Lara.*
Il était incapable de lui refuser quoi que ce soit, c’était d’ailleurs cette faiblesse qui était à l’origine de tous ses malheurs.*
Cet été-là, à Londres, lorsqu’elle avait évoqué le fait qu’ils pourraient se marier secrètement en Ecosse, il avait essayé de la dissuader, en argumentant qu’il serait beaucoup plus raisonnable qu’elle rentre aux Etats-Unis et finisse ses études d’abord. Mais elle avait insisté avec tant de candeur et d’audace qu’il s’était laissé convaincre. Il ne savait pas lui dire non. Il ne saurait jamais lui dire non…*
–*Tu dis ça comme si c’était une mauvaise chose, murmura-t–elle, le tirant de ses pensées.*
Elle enroula sa jambe à la sienne et se frotta contre lui, sensuelle et câline.*

nassamate 08-12-10 08:42 PM

Il serra les dents, pour essayer de résister à l’attrait de sa peau soyeuse. Ils avaient à l’instant partagé un moment d’une intensité indescriptible et… c’en était presque effrayant. Effrayant car il venait de prendre conscience de la puissance du lien qui les unissait, effrayant car il ne savait pas s’il pourrait l’oublier un jour.*
Sa seule envie était de la serrer dans ses bras et de lui promettre qu’ils avaient un bel avenir devant eux, mais il avait déjà commis cette erreur une fois.*
Cinq ans plus tôt, alors qu’il lui avait donné tout ce qu’il avait –*son cœur, sa vie et son nom*–, elle l’avait quitté en lui laissant le goût amer de la trahison dans la bouche. Et pourtant, lorsqu’il l’avait reconnue, dans la salle de bal, il n’avait pas pu s’empêcher de bondir à sa poursuite, tout en sachant qu’il courait à la catastrophe.*
Le plus drôle dans tout cela, songea-t–il, c’était qu’elle n’était même pas consciente du pouvoir qu’elle exerçait sur lui. Il suffisait d’un baiser, d’un simple regard de ses yeux saphir, et il n’était plus qu’une cire malléable entre ses mains de fée.*
Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Il avait tous les symptômes d’un homme amoureux, mais il se refusait à cette idée. Lara avait tué son amour lorsqu’elle était montée dans la limousine de son père pour sortir de sa vie.*
Il préférait croire qu’il aimait simplement coucher avec elle. Plus que cela, même. Qu’il adorait coucher avec elle. Il n’en avait jamais assez d’elle.*
Pourquoi*?*
Il n’en savait fichtre rien. Sans doute fallait-il croire à l’existence d’alchimies particulières entre certains corps*?Il avait désiré d’autres femmes, mais aucune n’avait éveillé chez lui ce besoin vital et urgent que Lara suscitait. A vrai dire, il s’était très vite lassé d’elles et c’était à peine s’il avait eu une relation digne de ce nom depuis cinq ans. Tandis qu’avec Lara, il était à peine revenu sur terre après un orgasme terrassant qu’il commençait de nouveau à fantasmer sur le prochain.*
–*Lara, écoute-moi… dit-il en se redressant.*
–*Je t’écoute, répondit-elle d’un ton enjôleur, sans cesser de le caresser, l’enveloppant d’un regard si confiant que son cœur se serra.*
C’était certainement la dernière fois qu’ils partageaient un moment de tendresse.*
Sans montrer son chagrin, il prit sa main dans la sienne et garda les yeux fixés sur leurs doigts joints, pour ne pas se laisser distraire par sa nudité parfaite. Son corps était un piège délectable, et il suffirait de peu pour que ce désir qu’il tenait enrayé bondisse comme un fauve et les entraîne dans une nouvelle spirale de passion.*
Ce n’était pas le moment. Il devait garder la tête froide.*
–*Il faut qu’on parle de ce qui vient d’arriver.*
–*Mmm. Pas de commentaires, en ce qui me concerne. Ou plutôt un seul*: c’était parfait.*
–*C’est ce que tu vas dire à cet homme*? Celui pour lequel tu veux divorcer*? lui demanda-t–il sans pouvoir retenir le sarcasme qui teintait sa voix. Tu vas lui dire que tu as eu une partie de jambes en l’air avec ton futur ex-mari et que c’était… parfait*? Je voudrais bien être présent quand tu le lui annonceras, pour voir sa tête*! Je suis certain qu’il va apprécier.*
Elle pâlit soudain, l’air paniqué. A croire qu’elle avait complètement oublié ce petit ami. Plus encore, il était prêt à parier que, pendant la dernière heure, elle avait même oublié qu’elle voulait divorcer.*

nassamate 08-12-10 11:27 PM

Elle dégagea sa main, les genoux repliés sur sa poitrine, comme si elle venait de se rappeler aussi qu’elle était encore nue.*
–*Oh, mon Dieu*! Mais qu’est-ce qu’on a fait*?*
D’un bond, elle sortit du lit et se mit à chercher frénétiquement ses vêtements.*
–*Je dirais simplement que tu viens de coucher avec ton mari, ironisa-t–il.*
–*Mon mari*? Légalement, peut-être. Mais nous ne nous sommes pas vus depuis cinq ans. Tu n’es mon mari que sur le papier.*
Elle enfila à la hâte son T-shirt et fouilla entre les draps pour récupérer sa culotte.*
–*Je n’arrive pas à le croire*! Je dois être malade*! Je ne peux pas passer cinq minutes dans la même pièce que toi sans me jeter dans tes bras*! Tout ça, c’est ta faute, conclut-elle en lui lançant un regard accusateur.*
Assis au bord du lit, il la contempla avec une lenteur délibérée. Même en colère, elle était craquante.*
–*Pourquoi ce ne serait que ma faute*? Je ne t’ai pas entendue protester, il me semble.*
–*Parce que… Parce que tu es… tu es toi*! Voilà pourquoi*!*
Et elle lui envoya son sous-vêtement à la figure.*
–*Tu es *******, maintenant*? gémit-elle, en se couvrant le visage avec les mains. Je te jette même ma petite culotte. Je suis pathétique*!*
Il se releva et s’approcha d’elle.*
Elle recula d’un pas.*–*Lara, regarde-moi, dit-il en prenant son menton. Et ne pleure pas. Cet homme dont tu parles, il compte vraiment pour toi*?*
C’était la seule question à poser, mais il n’était pas certain de vouloir entendre la réponse.*
–*Oui, marmonna-t–elle. Non. Oh*! je ne sais plus… Christopher est un type vraiment bien et il est adorable avec moi.*
Bien qu’il vienne de coucher avec la petite amie du «*type vraiment bien*», Graeme ne put s’empêcher de l’envier férocement. A l’évidence, Lara tenait à lui et aimait passer du temps en sa compagnie.*
–*Un type bien et qui est adorable avec toi… Je vois… On dirait que tu as là de quoi jeter les bases d’une relation sérieuse et durable.*
–*Oui, c’est ce que je croyais, dit-elle en le repoussant. Du moins jusqu’à ce que j’apprenne que toi et moi… Que nous sommes encore…*
–*Mariés, c’est le mot. Unis devant Dieu. Et la loi, d’ailleurs.*
–*Epargne-moi tes traits d’esprit, s’il te plaît. Nous ne sommes pas devant les caméras*!*
Il attrapa son jean et l’enfila avec des gestes brusques.*
–*Je dois donc comprendre que tu es venue me chercher pour divorcer et pouvoir ainsi épouser ce type bien qui t’adore. Parce que moi, je ne suis qu’un salaud qui t’a mené la vie dure.*
Elle lui lança un regard peu amène. La colère et les larmes faisaient briller ses yeux. Elle était belle à couper le souffle avec ses cheveux en désordre et son T-shirt qui lui couvrait à peine les cuisses. Il se demanda si elle se rendait compte à quel point elle était désirable et sexy. Il se demanda aussi si ce Christopher l’avait déjà vue nue et il eut soudain envie de hacher menu ce «*type bien*».*

nassamate 08-12-10 11:29 PM

–*Si ça peut te soulager, je ne t’ai jamais reproché de ne pas avoir été correct avec moi, lui dit-elle. J’imagine ta surprise, en apprenant que je n’étais pas la fille que tu croyais.*
–*Qu’aurais-tu eu à me reprocher, d’ailleurs*? répliqua-t–il vertement. J’ai été honnête et sincère, moi. Du début à la fin. Je te rappelle que ton père a débarqué dans notre chambre et t’a sortie littéralement du lit. Ensuite, il m’a accusé de détournement de mineure, et c’est là que j’ai appris que tu venais à peine de quitter le lycée. Ah*! et aussi que ce monsieur était un homme puissant et que tu venais d’une famille richissime.*
Il éclata d’un rire amer.*
–*J’aurais pu t’étrangler pour avoir tout gâché d’une façon aussi stupide, pour ne pas m’avoir fait confiance, continua-t–il en la prenant par les épaules, le visage penché sur le sien. Je t’aurais attendue, Lara. Je t’aimais de tout mon cœur, tu n’avais pas à me mentir*!*
–*Tu n’as même pas voulu me regarder. Ou plutôt, après que mon père t’a dit que je n’avais que dix-sept ans, tu ne m’as regardée qu’une seule fois. Et ton regard était dur et plein de reproches. Je ne me suis jamais sentie aussi seule de ma vie.*
–*Bon sang, Lara*! Je venais de passer deux semaines à séduire une adolescente, tu imagines le choc*? Sans parler des deux jours dans la chambre… J’avais l’impression d’avoir abusé de toi. D’avoir volé ton innocence, de t’avoir… souillée.*
–*Mais je t’aimais*! Et j’aimais faire l’amour avec toi. J’allais avoir dix-huit ans deux semaines plus tard. La plupart de mes amies avaient des amants depuis leurs seize ans*! Je ne me sentais pas souillée, Graeme. Je me sentais aimée et… et désirable.*
Il ferma les yeux pour refréner les souvenirs qui revenaient en masse.*
–*Tu étais désirable, Lara…Et tu étais aimée aussi…*
La laisser partir avait été la chose la plus difficile qu’il ait jamais eu à accomplir. Mais il n’allait pas le lui dire. Elle avait déjà assez de pouvoir sur lui.*
–*Je t’ai attendu, tu sais… dit-elle.*
Il la regarda. Ses yeux reflétaient un chagrin profond et il eut envie de lui avouer qu’il avait traversé l’Atlantique pour la retrouver. Mais un tel aveu l’aurait également conduit à lui expliquer que son père avait usé de son pouvoir pour l’empêcher d’entrer aux Etats-Unis. Il n’en avait jamais eu la preuve formelle, cependant, et Brent Withfield était mort. Or il ne s’abaisserait pas à discréditer aux yeux de sa fille un homme qui ne pouvait plus se défendre.*
–*Je suis désolé, dit-il sobrement. J’ai cru que tu avais tourné la page.*
Son expression blessée le remplit d’une satisfaction amère. Elle souffrait aussi*? Tant mieux*!*
–*En fait, Graeme, c’est exactement pour ça que je suis venue. Pour tourner définitivement la page et aller de l’avant.*
–*Oui, j’ai compris… Pour aller de l’avant avec Christopher, ce type bien qui t’adore. Je vais les signer, ces papiers. Je te l’ai dit et je m’étais engagé à le faire auprès de ton père, à la seule condition que ce soit toi qui me le demandes… Tu es *******e, j’espère.*
Elle secoua la tête, visiblement accablée, comme si cette facile acceptation de sa part la dérangeait bien plus qu’un refus net. Et cet évident désarroi redonna espoir à Graeme. Se pouvait-il qu’elle ressente la même chose que lui*? se demanda-t–il, le cœur soudain plus léger.*
–*Quel est le problème, Lara*? Tu m’as vu, tu m’as parlé, on a fait l’amour ensemble. Tu as eu tout ce que tu voulais de moi. Qu’attends-tu encore*?*

nassamate 08-12-10 11:32 PM

–*Pour tout te dire…*
Elle n’essayait même plus de faire semblant. Sa voix tremblait et elle s’arrêta, comme si les mots refusaient de sortir de sa bouche. Puis elle prit une longue inspiration avant de continuer.*
–*Tout à l’heure, dans l’ascenseur, j’ai cherché délibérément à te séduire. Lorsque je me suis aperçue que tu ne m’avais pas reconnue… enfin, c’est ce que je croyais, du moins… j’ai décidé de coucher avec toi, en imaginant que tu ne le saurais jamais.*
Comme si c’était possible*!*
Il s’adossa nonchalamment contre le mur, retenant un sourire moqueur, et la regarda en silence.*
Elle marchait d’un bout à l’autre de la pièce, en gesticulant, prononçant les mots de plus en plus rapidement, comme s’ils s’échappaient de sa bouche malgré elle.*
–*J’ai eu cette idée folle de croire que si je couchais avec toi jusqu’à plus soif, je pourrais enfin me libérer de toi et de tous mes souvenirs. Tu comprends… comme lorsqu’on mange trop de quelque chose et qu’après on est écœuré et qu’on ne peut plus y goûter… Mais oublie ça… C’était vraiment stupide de ma part, car, maintenant, je te veux plus que jamais. Je ne sais pas ce qui m’a pris. Mon corps doit être en manque, depuis le temps, mais enfin, tu es Graeme Hamilton*! Je veux dire, toutes les femmes de ce pays te veulent dans leur lit*!*
Son corps*? En manque*?*
Avait-il bien compris*?*
–*Une seconde, mon ange, une seconde… Que me dis-tu là*? Que ce Christopher t’adore beaucoup trop pour coucher avec toi*?*
Elle hésita un instant avant de lui répondre.–*Pour tout te dire…*
Elle n’essayait même plus de faire semblant. Sa voix tremblait et elle s’arrêta, comme si les mots refusaient de sortir de sa bouche. Puis elle prit une longue inspiration avant de continuer.*
–*Tout à l’heure, dans l’ascenseur, j’ai cherché délibérément à te séduire. Lorsque je me suis aperçue que tu ne m’avais pas reconnue… enfin, c’est ce que je croyais, du moins… j’ai décidé de coucher avec toi, en imaginant que tu ne le saurais jamais.*
Comme si c’était possible*!*
Il s’adossa nonchalamment contre le mur, retenant un sourire moqueur, et la regarda en silence.*
Elle marchait d’un bout à l’autre de la pièce, en gesticulant, prononçant les mots de plus en plus rapidement, comme s’ils s’échappaient de sa bouche malgré elle.*
–*J’ai eu cette idée folle de croire que si je couchais avec toi jusqu’à plus soif, je pourrais enfin me libérer de toi et de tous mes souvenirs. Tu comprends… comme lorsqu’on mange trop de quelque chose et qu’après on est écœuré et qu’on ne peut plus y goûter… Mais oublie ça… C’était vraiment stupide de ma part, car, maintenant, je te veux plus que jamais. Je ne sais pas ce qui m’a pris. Mon corps doit être en manque, depuis le temps, mais enfin, tu es Graeme Hamilton*! Je veux dire, toutes les femmes de ce pays te veulent dans leur lit*!*
Son corps*? En manque*?*
Avait-il bien compris*?*
–*Une seconde, mon ange, une seconde… Que me dis-tu là*? Que ce Christopher t’adore beaucoup trop pour coucher avec toi*?*
Elle hésita un instant avant de lui répondre.

nassamate 08-12-10 11:33 PM

–*Nous n’avons pas ce genre de relation, murmura-t–elle, rouge comme une pivoine.*
Pas ce genre de relation*?*
–*Mais alors, en quoi peux-tu dire que c’est ton petit ami*? lui demanda-t–il, sincèrement étonné. Qu’est-ce que tu fais avec lui*?*
–*C’est un chic type*! s’emporta-t–elle. C’est un homme vraiment bien, capable de m’apporter tout ce dont j’ai besoin.*
–*Des choses que je serais incapable de t’apporter, j’imagine, répondit-il froidement.*
–*Pas avec la vie que tu mènes, Graeme. Je lis la presse, moi aussi… Tu passes ton temps de tournage en tournage, d’un bout à l’autre du pays, en fonction de tes projets. Et quand tu n’es pas sur un plateau, tu es en train de donner une interview, ou tu assistes à des soirées, à des galas, à des premières. Tu as un emploi du temps très exigeant. Ton manager t’appelle à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, et tu décroches, parce ta carrière en dépend*! Tu n’auras jamais le temps de te poser, ni de fonder une famille. Pas comme je l’entends, en tout cas…*
–*De nombreux acteurs y parviennent, lui fit-il remarquer d’un ton sec. Regarde Tom Hanks, regarde Denzel Washington. Mais si c’est comme ça que tu entends les choses, alors, j’espère que tu prends la pilule. Car si tout à l’heure tu es tombée enceinte, tu peux dire au revoir au divorce, car je serai là pour élever mon enfant. Et bien là, tu peux me croire*!*
Elle le regarda, interloquée, avant de comprendre le sens de ses mots.*
–*Nous n’avons pas utilisé de protection… murmura-t–elle, une main sur son ventre.*
–*Non.*
Ils restèrent un long moment à se dévisager.–*Et maintenant, on fait quoi*? demanda-t–elle finalement, en se penchant pour ramasser sa culotte et l’enfiler.*
Il s’approcha de la table de chevet et prit le médaillon, qu’il fit osciller au bout de sa chaîne.*
–*Si tu es si pressée de tourner la page, pourquoi as-tu gardé ce pendentif pendant toutes ces années*?*
–*Je n’ai jamais prétendu que je t’avais oublié. J’ai essayé, mais je n’ai pas pu. Ce n’est qu’après la mort de mon père que j’ai compris que je vivais dans une illusion permanente. Navrant, non*? J’attendais toujours que tu viennes me retrouver.*
Elle eut un rire triste.*
–*Mais tu n’es jamais venu. Et j’ai décidé qu’il était temps de passer à autre chose une bonne fois pour toutes… J’ai cru qu’en couchant avec toi, j’allais découvrir que tu n’étais pas un aussi bon amant que dans mes souvenirs, et que ça m’aiderait vraiment à t’oublier. Encore plus navrant, non*?*
La chaîne du médaillon serrée dans son poing, il s’approcha d’elle et posa doucement une main sur son épaule.*
–*Et alors*? Je suis aussi bon que dans tes souvenirs*?*
Elle secoua la tête, les yeux fermés, avant de porter sur lui un regard plein de regrets et de confusion.*
–*Non. Tu es encore meilleur.**

nassamate 11-12-10 01:24 PM

11.*
En dépit de son manque d’appétit, Lara goûta à la tranche de pain perdu aux bananes et aux noix de pécan qu’un serveur venait de lui apporter. En face d’elle, Graeme attaqua une copieuse assiette d’œufs au bacon. Avec sa barbe naissante et ses yeux cernés, il était l’homme le plus sexy du monde, constata-t–elle, non sans un terrible pincement au cœur, une impression douloureuse de gâchis monumental.*
Installés dans le restaurant de l’hôtel, ils étaient entourés de la luxuriante végétation tropicale qui emplissait la véranda. Au-dessus de leurs têtes, la haute voûte de verre faisait penser à un palais de cristal et les rumeurs provenant de la piscine toute proche leur donnaient l’impression de se trouver en plein été.*
Lara avait hésité avant de quitter la chambre, car, après avoir vu ces fans déchaînées poursuivre Graeme jusqu’à l’ascenseur, la veille, elle avait peur qu’on ne le reconnaisse, mais il avait insisté pour prendre le petit déjeuner dans le restaurant avant son interview télévisée. Il comptait, par la même occasion, annoncer à son manager qu’ils étaient mariés.*
Une des rares choses qu’elle avait oubliées à son propos, c’était son amour de la bonne chère.*
Lors de leur premier véritable rendez-vous, à Londres, il l’avait emmenée dans un restaurant installé dans un magnifique hôtel particulier de style Regency, près du palais de Buckingham, et qui, d’après lui, servait la meilleure cuisine écossaise de la capitale. Rien que la décoration valait déjà le détour, se rappela-t–elle. Jadis un club pour gentlemen, l’établissement en avait gardé l’ambiance cossue*; les murs couverts de tentures cramoisies s’ornaient de tableaux anciens et de miroirs aux cadres dorés qui reflétaient l’éclat satiné des meubles Chippendale éclairés par des lampes à gaz.*
Le restaurant portait le nom de l’un des plus anciens clans écossais, celui des McGregor, et, à la lumière douce des bougies, Graeme avait évoqué pour elle sa terre natale avec fierté, pendant qu’ils dégustaient un délicieux pavé de saumon sauvage, le meilleur du monde d’après lui, accompagné de carottes à la menthe et d’une savoureuse purée de pommes de terre.*
Les yeux pleins de tendres souvenirs, il lui avait raconté comment, lorsqu’il était enfant, son grand-père lui avait appris à pêcher ce poisson dans des rivières à l’eau glaciale. Elle avait compris qu’il gardait de son enfance démunie le plaisir des choses simples mais essentielles.*
Après le dîner, il lui avait fait goûter aussi un scotch single malt qui l’avait grisée agréablement avec son parfum boisé. Bien qu’il n’ait jamais évoqué sa situation financière, elle avait deviné qu’il était en train de lui offrir une soirée bien plus coûteuse que ce qu’il pouvait se permettre, et elle avait été infiniment touchée par son désir évident de lui faire découvrir ses racines.*
Elle mesurait parfaitement le chemin parcouru par Graeme en cinq ans, et pourtant, l’homme qui finissait son petit déjeuner dans ce luxueux hôtel n’avait rien perdu de la simplicité du jeune homme qu’elle avait connu.*
–*J’ai une proposition à te faire, lui annonça-t–il de but en blanc.*
–*Je t’écoute…*
–*Je pense qu’il s’est vraiment passé quelque chose de fort entre nous, pendant ces retrouvailles, et ça, que tu le veuilles ou non, Lara… Je ne saurais pas définir cette chose avec précision, mais, disons que l’on a… une alchimie particulière. Tu es d’accord*?

nassamate 11-12-10 01:28 PM

Elle lui indiqua d’un geste la serveuse qui dressait le couvert sur une table proche. La jeune femme sourit poliment lorsqu’elle remarqua leurs regards, mais il était évident qu’elle avait reconnu Graeme.*
–*Tu avais raison, lui chuchota-t–il. Nous aurions dû rester dans la chambre.*
–*Ne t’inquiète pas, le rassura-t–elle. Je ne pense pas qu’elle nous ait entendus.*
Elle passa en revue la salle. L’heure était si matinale que le restaurant était vide, à l’exception d’un couple de retraités qui ne semblaient pas s’être aperçus de leur présence.*
–*Oui, je suis d’accord avec toi quant à cette… alchimie entre nous, si tu veux l’appeler comme ça. Mais qu’allais-tu me proposer*?*
–*Alchimie, magnétisme… Peu importe. En tout cas, je pense que ce serait dommage d’en rester là…*
–*Qu’est-ce que tu veux dire*?*
–*Je veux dire qu’avant de prendre une décision sur notre avenir, nous devrions tenter d’y voir plus clair dans ce qui se passe entre nous, justement.*
–*C’est du désir pur et simple, Graeme.*
–*Alors, dans ce cas, il doit bien y avoir une façon d’en venir à bout, non*?*
–*Je ne te suis plus, franchement.*
Il se pencha vers elle comme s’il voulait donner plus de force à ses mots.*
–*Si j’ai bien compris, hier soir, lorsque tu m’as suivi dans ma chambre, ton intention était de coucher avec moi… comment tu as dit, déjà*? Ah*! oui, coucher avec moi «*jusqu’à plus soif*», afin de pouvoir divorcer le cœur léger, épouser ton très gentil copain et avoir une ribambelle de bambins sans plus aucun regret. Je me trompe*?–*Non, c’est vrai, c’était ce que j’avais prévu, mais…*
–*Lara, laisse-moi t’expliquer quelque chose. Je n’ai pas désiré aussi fort une femme depuis très longtemps. Mais, en ce moment, je ne peux pas m’engager dans une relation sérieuse. Je pars en Nouvelle-Zélande le mois prochain pour longtemps et, pour tout te dire, j’avais moi-même prévu de te demander le divorce avant mon départ…*
La nouvelle la faucha comme un violent coup de grisou. Il voulait lui demander le divorce*? Il ne voulait donc pas d’elle*? Puis elle tenta de se raisonner. Après tout, elle aussi voulait divorcer. Mais alors, pourquoi avait-elle soudain l’impression que le monde s’écroulait autour d’elle*?*
–*Je vois, dit-elle en tentant d’occulter son désarroi sous un flot de paroles. J’ai apporté les documents avec moi. Je ne voulais pas prendre le risque que la femme de ménage tombe dessus. Si tu veux, nous pouvons les signer tout de suite, puisque nous sommes d’accord. Mais peut-être que tu aimerais les montrer d’abord à ton avocat, ce que je comprendrais tout à fait.*
–*Attends…*
C’était son imagination ou bien il avait un ton amusé*? Elle lui lança un regard furtif. L’ombre d’un sourire planait en effet sur son expression.*
–*Tu n’as pas encore entendu ma proposition, poursuivit-il.*
Elle se raidit, incapable d’imaginer ce qu’il pouvait bien avoir en tête.*
–*C’est légal, au moins, j’espère…*
–*Bien sûr, on ne peut plus légal. Tu te rappelles l’auberge écossaise de notre nuit de noces*?*

nassamate 11-12-10 01:31 PM

Comment pourrait-elle l’avoir oubliée*? Son imagination la transporta instantanément vers cette auberge perdue au cœur de l’Ecosse, où ils avaient fait l’amour pour la première fois. Elle revit, comme si elle y était, la petite chambre au charme désuet avec son lit en fer, en face de la cheminée, recouvert d’un plaid bariolé, et la salle de bains minuscule où les tuyaux gargouillaient pendant qu’ils batifolaient dans la baignoire.*
–*Oui, évidemment que je me rappelle, dit-elle doucement.*
Il prit une longue inspiration.*
–*Voilà ce que je te propose… Nous sommes légalement mariés et tu m’as dit que tu ne couchais pas avec ce type…*
–*Il s’appelle Christopher, corrigea-t–elle sèchement. Et je n’ai pas encore couché avec lui.*
–*D’accord, fit-il, en couvrant sa main avec la sienne. Donc, voici ma proposition*: avant de mettre fin à notre mariage, et de commencer nos nouvelles vies pleines de projets enchanteurs, je voudrais passer deux jours avec toi, simplement ça, deux jours ensemble, en Ecosse. Dans cette auberge…*
C’était la dernière proposition à laquelle elle s’attendait.*
–*Et dans quel but*? lui demanda-t–elle, feignant le détachement.*
–*Faire l’amour autant que nous le pourrons, jusqu’à plus soif.*
Un tintamarre métallique les fit sursauter tous deux. La serveuse, qui venait de faire tomber une corbeille pleine de couverts, leur adressa un sourire d’excuse, avant de se pencher pour ramasser.*
–*Je ne comprends toujours pas, répondit-elle en baissant la voix.*
–*Viens avec moi et je te fournirai toutes les explications nécessaires, mon ange…*
Sa façon de rouler les «*r*» la fit frémir. Son accent écossais était, en vérité, une arme de séduction redoutable. Quant à sa proposition, c’était presque trop beau. Elle voulut s’assurer qu’elle avait bien compris, avant de dire oui. –*Tu veux retourner en Ecosse avec moi, pour deux jours de sexe non-stop, c’est bien ça*?*
–*Deux jours avec leurs nuits. Bien entendu, tu ne seras pas obligée de coucher avec moi, mais, si jamais tu en avais envie, je suis prêt à me sacrifier pour te faire plaisir.*
Il rit, apparemment amusé devant son expression ahurie.*
–*Lara, je plaisante encore. Plus sérieusement, j’aurais envie de me retrouver avec toi quelque part au calme, loin de tout ce cirque médiatique. L’auberge est dans un coin perdu où tout le monde se fiche de qui je suis. C’est drôle, je trouve, que l’Ecosse soit le seul endroit du monde anglo-saxon où personne ne me connaît.*
–*Mais pourquoi retourner là-bas, précisément*?*
–*En souvenir du bon vieux temps, comme on dit. Nous étions si jeunes… Je me suis souvent demandé si, à cette époque, nous n’étions pas plus amoureux de l’amour que l’un de l’autre.*
Elle n’aima pas ce qu’elle venait d’entendre. Graeme avait l’air d’insinuer que leurs sentiments n’avaient été qu’une projection de leurs envies, qu’il n’y avait pas eu de véritable amour entre eux. Et qu’elle avait donc passé cinq ans à regretter quelque chose qui n’avait pas existé. Non, elle refusait d’envisager leur histoire sous cet angle.*
–*Je ne pense pas que ça ait été le cas, dit-elle, mortifiée d’entendre sa voix trembler.*
Il pressa sa main entre les siennes comme s’il voulait la rassurer.*
–*Je ne dis pas que ça a été le cas, je pose la question, simplement. C’est pourquoi je te propose de retourner là-bas, pour jeter un regard d’adulte sur nos souvenirs. Nous avons peut-être idéalisé le passé.*
–*Tu le crois vraiment*?

nassamate 11-12-10 01:32 PM

*Franchement, je n’en sais rien. Il y a cette… alchimie particulière entre nous, cela ne fait aucun doute. Mais je me demande s’il y a, ou s’il n’y a jamais eu, quelque chose de plus profond entre nous.*
Son regard devint plus intense.*
–*Dis oui, Lara, viens avec moi. Le divorce peut attendre quelques jours, non*? Et j’ai besoin d’échapper à cette ambiance pour me sentir vraiment moi-même. Tant que nous resterons ici, je serai pour toi Graeme Hamilton, l’acteur. Ou, pire, Kip Corrigan.*
–*Ce n’est pas vrai*! s’insurgea-t–elle, excédée de l’entendre encore une fois rabaisser ses sentiments.*
–*Si, ça l’est, dit-il avec un sourire dépité. Mais je ne t’en tiens pas rigueur. Tu es entourée de milliers de personnes qui ne voient pas l’homme derrière la star. Alors que si nous partons loin, là où personne ne peut me reconnaître, je serai simplement Graeme. Nous n’aurons pas à nous inquiéter des paparazzi, ni des interviews, ni de mon agent…*
–*Mais tu t’es engagé pour tourner ce film en Nouvelle-Zélande.*
–*En effet, mais je ne pars que dans un mois. Ce qui nous laisse le temps de trouver ensemble ce que nous voulons faire.*
La confusion la plus complète régnait dans ses pensées et elle se sentait incapable de prendre une décision. Si elle ne partait pas avec lui, elle allait le regretter toute sa vie, pas de doute. Mais si elle partait, elle mettait en danger l’équilibre qu’elle avait mis si longtemps à retrouver.*
–*Je ne sais pas, Graeme…*
–*C’est une bonne idée, Lara. Nous ne pouvons pas continuer à vivre dans le passé. Nous avons tant rêvé l’un de l’autre que personne ne pourra jamais être à la hauteur de nos fantasmes, si nous ne confrontons pas nos souvenirs à la réalité.Ce qui voulait dire que lui aussi avait pensé à elle constamment, pendant tout ce temps*? Avait-il aussi conçu une si haute idée d’elle que toutes les autres femmes lui avaient semblé fades en comparaison*?*
Si seulement c’était vrai…*
Elle tenta de trouver la réponse dans ses yeux, mais il regardait obstinément leurs mains jointes, comme si elles détenaient la clé de leur avenir.*
–*Et tu penses que deux jours suffiront*? demanda-t–elle d’un ton sceptique.*
Car, en ce qui la concernait, deux jours semblaient un laps de temps dérisoire pour mettre ses sentiments au clair. Sans parler de son désir… Marshmallows à la noix de coco, pensa-t–elle. Elle avait cru aussi pouvoir en manger à chaque repas et pourtant elle n’y avait plus touché depuis l’âge de neuf ans. Graeme était l’équivalent d’un immense sac de friandises.*
–*Impossible à dire, reconnut-il, en la regardant droit dans les yeux. Il faut essayer pour le savoir. Mais si, après ces deux jours, tu tiens toujours à divorcer, je signerai les documents sans broncher, je te le promets…*
Elle hésitait encore. Il y avait forcément une faille dans ce plan apparemment parfait. Mais laquelle*?*
–*Et si c’est toi qui te fatigues de moi, Graeme*? Si je me rends compte que je suis amoureuse de toi, alors que tu ne veux plus de moi*?*
Un cliquetis de faïence les dérangea une fois encore. Lara se tourna en direction du bruit et vit la serveuse redresser de justesse une pile d’assiettes. Cette fois-ci, la jeune femme s’affairait sur le buffet sans les regarder.*
–*A chaque jour suffit sa peine. On verra quand on y sera, répondit-il, avec un sourire qui la fit fondre.*

nassamate 11-12-10 01:33 PM

Danger, Lara… Danger imminent…*
Des sirènes d’alarme se déclenchèrent dans sa tête, et elle comprit, affolée, qu’elle était à deux doigts, deux tout petits doigts, de retomber amoureuse de lui.*
–*Mais… et Christopher*? Qu’est-ce que je vais bien pouvoir lui dire*?*
Elle ne s’aperçut qu’elle avait parlé à voix haute qu’en voyant la lueur diabolique qui éclairait le regard bleu-vert, en face d’elle.*
–*Si tu veux mon avis, je pense que tu devrais lui dire que tu pars en Ecosse pour baiser avec moi jusqu’à épuisement.*
***
–*Tu vas faire quoi*? cria Valerie.*
Lara fit une grimace et mit le téléphone en mode haut-parleur pour pouvoir continuer à s’habiller.*
–*Val, ce n’est pas si insensé que ça en a l’air… Je ne peux pas m’engager sérieusement avec Christopher tant que j’ai des doutes, non*? dit-elle, en boutonnant son jean.*
–*Oublie Christopher pour l’instant. Là n’est pas le problème… Qu’est-ce que tu veux prouver en partant deux jours avec Graeme*? En Ecosse, en plus*! On dirait que tu as encore dix-sept ans. Tu ne vois pas qu’il joue avec toi*?*
–*Pourquoi dis-tu ça*?–*Allons, Lara*! Pendant cinq ans, il n’a pas donné le moindre signe de vie, et tout à coup il faut absolument que vous passiez un week-end enfermés dans un hôtel*? Et tu te laisses faire*?*
–*Il ne joue pas avec moi, Val. En tout cas, ni plus ni moins que moi avec lui. Je sais seulement que si je ne le fais pas, je vais le regretter jusqu’à la fin de ma vie. Essaie de me comprendre. J’ai passé cinq ans à me demander ce qui se serait passé, si mon père n’était pas intervenu, et ce voyage est ma seule chance de découvrir si mes regrets ont une raison d’être ou si notre histoire n’était que le pur produit de mon imagination débridée.*
–*Bien sûr… répondit Valerie, sarcastique. Remarque, comme ça, tu vas pouvoir renouveler ton stock de fantasmes, tu dois être à court, depuis le temps. Deux jours avec lui et tu auras de la matière première pour encore cinq ans*!*
Lara préféra ne pas avouer à son amie que rien qu’avec la nuit précédente, elle avait déjà de quoi écrire un roman.*
–*Très drôle, fit-elle, en même temps qu’elle enfilait un petit haut de soie vert amande. Ecoute, j’essaie juste de savoir s’il y a quelque chose de profond entre nous. Peut-être qu’il n’est qu’un sale type, mais, tant que je serai folle de son corps, je ne pourrai pas le voir objectivement. Je veux en avoir le cœur net.*
–*Ben voyons… L’important, c’est d’y croire, ma belle. Enfin, je ne te jette pas la pierre, je ferais la même chose à ta place. Quand est-ce que tu reviens, alors*?*
–*Je ne sais pas précisément. Nous partons ce soir, après la clôture du festival. Graeme a réservé un jet privé jusqu’à Edimbourg*; nous avons ensuite deux heures de voiture jusqu’à l’auberge. Avec le décalage horaire, nous y arriverons dans l’après-midi de demain. Puis les deux jours là-bas…*
–*J’espère seulement que tu n’es pas en train de faire une folie.*

nassamate 11-12-10 01:35 PM

–*Je l’espère aussi.*
–*Et… désolée de parler de choses qui fâchent, Lara, mais moi… qu’est-ce que je vais raconter à Christopher*? Tu as quelque chose à me suggérer*?*
–*Dis-lui… dis-lui que j’ai besoin de prendre un peu plus de temps. Et que je vais l’appeler bientôt.*
–*Il essaie de te joindre depuis hier soir, tu sais*? Il s’inquiète.*
–*Tu lui as parlé, aujourd’hui*?*
–*Oui, je n’ai pas eu le choix, rétorqua Valerie, visiblement agacée. Comme tu ne répondais pas, il s’est affolé et c’est moi qu’il a appelée. Il a fallu que j’improvise pour le rassurer.*
–*Et qu’est-ce que tu lui as dit*?*
–*Que tu dormais très mal dans la maison de ta mère et que tu avais sans doute éteint ton téléphone pour essayer de te reposer.*
–*C’est affreux*! J’ai honte de lui mentir à tout bout de champ, il est adorable, il ne mérite pas ça.*
–*Dis-lui la vérité, alors.*
–*Je ne m’en sens pas capable, il va me haïr.*
–*Mais non, tu le connais. En revanche, c’est certain qu’il t’en voudra de ne pas lui avoir dit la vérité plus tôt.*
–*C’est bien ce que je crains.*
–*Ne t’inquiète pas, je le consolerai, la taquina Valerie. Il est vraiment mignon, dans le genre intello. D’ailleurs, je veux bien lui donner des cours privés dans certaines matières…*
–*Val*!
*Je plaisantais. Cet après-midi, je vais au théâtre pour l’essayage des costumes des enfants. Tu veux que je lui parle*? Ce ne pas l’idéal, mais je pourrais tenter de lui présenter la situation de façon diplomate.*
Lara referma sa valise avant de répondre.*
–*Non, merci. C’est à moi de le faire. Je parlerai avec lui à mon retour, quand je saurai enfin ce que je vais faire de ma vie.*
–*Je comprends. Prends soin de toi, ma belle…*
Lara raccrocha, soucieuse. Pour la première fois depuis qu’elle avait décidé de divorcer, elle comprenait qu’elle devait mettre fin à sa relation avec Christopher, quelle que soit l’issue de ces deux jours en Ecosse. Elle n’était pas amoureuse de lui et, même s’il pouvait lui apporter la stabilité nécessaire pour fonder une famille, il ne pourrait jamais lui donner ce qu’elle désirait de tout son cœur.*
Le bonheur.*
Elle était en train d’attacher ses cheveux dans un chignon à la diable lorsqu’on frappa doucement à sa porte. Graeme l’appela depuis le couloir et elle ouvrit, en proie à une crise soudaine de timidité. Ils allaient passer deux jours ensemble, deux jours et… deux nuits, se dit-elle avec un léger frisson. Il s’était changé et sa chemise bleu pâle donnait à ses yeux une nuance proche du turquoise. Il sentait bon le savon et l’homme propre et… il était son mari*!*
–*Tu es ravissante, la complimenta-t–il, en lui lançant un regard admiratif, mais je te préfère avec les cheveux détachés.*
Et, d’un geste troublant par l’intimité qu’il révélait, il retira la pique en argent qui retenait sa coiffure.

nassamate 11-12-10 01:36 PM

–*C’est beaucoup mieux… Et ça, j’adore, dit-il en même temps qu’il caressait la chaîne du médaillon qui descendait entre ses seins.*
Elle porta la main sur le bijou et ses doigts frôlèrent ceux de Graeme. Ce bref contact suffit à mettre son cœur en émoi. Bon sang, comment allait-elle survivre à deux jours de tête-à-tête avec lui*?*
Et, surtout, comment allait-elle faire pour le laisser partir, le temps venu*?*
–*Je suis prête.*
–*Et les documents*?*
–*Dans ma valise, répondit-elle d’une petite voix.*
Elle aurait préféré les oublier, ainsi que ce qu’ils représentaient.*
–*Tu es sûre de vouloir venir*? demanda-t–il, se méprenant au sujet de son inquiétude. Tu peux encore changer d’avis. Et je dois te mettre en garde contre les paparazzi. J’ai tout fait pour que nous passions inaperçus, mais nous ne sommes pas à l’abri d’une indiscrétion. Et si jamais ils apprennent nos plans, ils nous traqueront sans relâche. Les tabloïds pourraient publier des articles à ton sujet sans s’inquiéter de la véracité des faits. Ils sont capables de fouiller dans ton passé, de harceler ta famille, d’interroger tes amis et d’écrire des choses horribles sur toi. Ils ne respectent rien. Absolument rien.*
Elle inspira profondément.*
–*Je m’en fiche.*
C’était la vérité. Après des années à regretter Graeme, elle était déterminée à confronter ses sentiments à l’homme qui les inspirait, et elle n’allait pas permettre qu’une bande de journalistes sans scrupules l’écartent de son but. Elle avait déjà permis une fois qu’un autre décide à sa place, elle necommettrait pas la même erreur. Et si jamais Graeme et elle décidaient de prendre des chemins différents, cette fois-ci, ce serait leur choix. Leur choix à eux et à personne d’autre.*
–*Une dernière précision, Lara… Si les journalistes me demandent qui tu es, j’ai l’intention de leur répondre que tu es ma femme, la prévint-il.*
Elle n’avait pas imaginé un seul instant qu’il ait envie d’avouer publiquement le lien qui les unissait et, de son côté, elle ne s’était même pas posé la question.*
Elle scruta son visage. A l’évidence, il ne plaisantait pas.*
–*Graeme, tu es sûr que c’est une bonne idée*?*
–*Absolument.*
–*Mais… et ta carrière*? Tu vas briser le cœur de tes fans*; elles risquent de t’en vouloir. Sans parler de la réaction des médias.*
–*Crois-en mon expérience, le seul moyen de couper court aux spéculations dans ces cas-là, c’est encore de dire la vérité, car ils finiront pour la découvrir tôt ou tard. Autant leur fermer le clapet tout de suite. La vérité a un cœur tranquille, comme dit le poète.*
Il marqua une pause avant de continuer.*
–*Encore une chose, Lara. Je sais que ce ne sont pas mes affaires, mais… tu devrais peut-être prévenir ton petit ami avant que la presse ne révèle que nous sommes mariés.*
Elle ferma les yeux. Comment Christopher allait-il réagir*? Il serait sans doute blessé en apprenant la vérité sur son passé, mais, au fond, elle doutait qu’il en ait le cœur brisé. A la réflexion, leur relation tenait plus de la camaraderie que de la passion. Ils prenaient du plaisir à travailler ensemble avec les enfants, et Christopher l’encourageait à écrire des pièces de théâtre pour adolescents car il croyait vraiment en son talent. D’une certaine manière, il n’avait jamais cessé d’être son professeur, et elle, elle se comportait toujours comme si elle était encore son élève. Force était d’admettre qu’en dehors des activités liées à la littérature, ils ne partageaient pas grand-chose.*

nassamate 11-12-10 01:38 PM

Elle ne le blâmait pas, non, elle était la seule responsable de leur manque d’intimité. Inconsciemment, elle avait dressé une barrière invisible entre eux, elle le voyait clairement à présent.*
Par exemple, elle ne lui avait jamais avoué qu’elle passait une bonne partie de ses soirées à écrire des nouvelles érotiques destinées aux fans de Galaxy’s End, car elle imaginait sans peine le mépris d’universitaire qu’il ne manquerait pas de montrer pour ce genre littéraire. Mais ce n’était pas la seule raison. Ce qu’elle craignait avant tout, c’était qu’il ne devine qu’elle puisait son inspiration dans les souvenirs les plus heureux de sa vie.*
Ses souvenirs avec Graeme.*
Elle rouvrit les yeux.*
–*Je l’appellerai plus tard, annonça-t–elle enfin. Ma meilleure amie est au courant de tout et, si jamais on parle de nous dans la presse avant que j’aie eu le temps de l’avertir, elle pourra l’aider à digérer l’information. Je sais que ce n’est pas très courageux, mais je préfère attendre pour l’instant.*
Il afficha un air sceptique, mais ne fit pas de commentaire. Lara se demanda soudain quelle serait sa réaction s’il venait à apprendre qu’elle écrivait sur Kip Corrigan. Il ne pourrait qu’en conclure qu’elle n’avait jamais cessé de penser à lui de façon obsessionnelle, et cette pensée l’effara.*
Pourvu qu’il ne le découvre jamais*!*
Elle lui adressa un sourire plein d’un entrain feint.–*Donc, il y a des chances pour que ce soir tout le pays apprenne que nous nous sommes mariés en secret. J’espère que tu sais ce que tu fais.*
–*Je sais exactement ce que je fais.*
–*Tu te rends compte que je n’ai jamais voyagé en tant qu’épouse de quelqu’un*?*
L’éclat malicieux dans les yeux de Graeme éveilla dans son ventre un essaim de papillons.*
–*Ne t’inquiète pas, je m’occupe de tout. Tu vas adorer être Mme*Hamilton*!*

nassamate 11-12-10 01:39 PM

12.*
Le personnel de l’hôtel montrait envers Graeme une telle déférence que Lara en était gênée. Elle était pourtant fille d’ambassadeur et elle avait souvent été témoin du traitement de faveur dont son père jouissait, à chacun de ses déplacements. Mais là, on aurait dit que Graeme appartenait à la famille royale britannique. Il avait suffi d’un mot de sa part pour que le directeur de l’hôtel dépêche deux grooms chargés de transférer ses bagages vers la luxueuse suite du quarantième étage, et les deux employés venaient de déposer sa petite valise à l’entrée de la pièce avec un soin qui frôlait le ridicule.*
La seule personne qui ne paraissait pas disposée à se plier à la moindre demande de Graeme était Tony Angelini, son manager. Bien au contraire, il semblait passablement en colère depuis qu’il avait appris que son plus gros client était marié en secret depuis cinq ans.*
Blottie dans un coin de l’immense canapé en cuir du salon, Lara tentait de passer inaperçue en feuilletant un magazine, pendant qu’Angelini sermonnait Graeme vertement, comme si elle ne se trouvait pas dans la pièce. Qu’il l’ignore comme si elle avait été invisible ne la dérangeait pas. Elle en était plutôt soulagée, à vrai dire, car l’homme l’intimidait avec son énergie violente et ses cris tonitruants.*
–*Je suis ton manager, Graeme, ton manager*! Tu aurais dû me le dire depuis longtemps, c’était la moindre des choses*! Comment as-tu pu me cacher une telle information pendant tout ce temps*? Si jel’avais su, j’aurais pu gérer le scoop de la façon la plus profitable à ta carrière*! Tu m’as menti pendant des années*!*
Il crachota quelques jurons et lança un regard noir à Graeme, qui observait en silence la ville déployée à ses pieds à travers l’immense baie vitrée, indifférent à sa tirade.*
–*Franchement, c’est insultant, Graeme*! Et maintenant tu m’annonces que tu pars quelques jours, sans même me demander mon avis. Qu’est-ce que je vais dire à David Letterman*? Son show, c’est l’un des plus regardés de la télévision et tu as décidé de lui faire faux bond. C’est suicidaire, médiatiquement parlant*!*
–*Dave me connaît, Tony, c’est un ami. Il comprendra.*
–*Graeme*! Tu ne m’écoutes même pas*! C’est vraiment insultant.*
–*Si, je t’écoute, Tony, mais je ne vois pas ce que tu trouves d’aussi insultant. Ma vie privée est simplement… privée. Et si j’ai décidé de garder mon mariage secret, cela ne regarde personne d’autre que ma femme et moi.*
Tony laissa échapper un ricanement, sans se laisser intimider par son ton exaspéré.*
–*Tu ne mesures pas les conséquences de tout ça sur ta carrière*! Ta popularité tient avant tout au fait que tu sois célibataire. Cé-li-ba-taire… Libre comme l’air*! Sur le marché*! Devine pourquoi George Clooney ne s’est jamais marié*? Devine pourquoi Ben Affleck et Matt Damon ont perdu la cote dès qu’on leur a passé la corde au cou*? Tu crois que quelqu’un les met en scène dans des histoires torrides sur Internet, eux*? Pourquoi est-ce que tu crois qu’on trouve autant de pages sur la Toile qui te soient consacrées*? Pas parce que tu es marié depuis cinq ans, en tout cas*!

nassamate 11-12-10 01:40 PM

Lara tressaillit en entendant mentionner les histoires torrides qui couraient sur Internet. Il ne pouvait pas faire allusion à ses petite encore derrière sa revue. Du coin de l’œil, elle regardait le manager gesticuler comme un mauvais comédien. Une pâle imitation de Danny DeVito, dans ses rôles de parfait excité.*
–*D’accord, je vois… finit-il par dire d’un ton désabusé. Tu ne veux rien entendre. Tant pis. J’aurai fait tout ce que je pouvais pour te pousser au sommet de l’Audimat, mais je ne pense pas pouvoir remédier à cette catastrophe.*
Graeme le regarda comme s’il était devenu fou.*
–*Catastrophe*? Mais il n’y a aucune catastrophe à laquelle remédier, Tony. Et je me fiche pas mal de l’Audimat*! On parle de ma vie, là. De ma vraie vie*! Et si le fait d’être marié fait chuter ma cote de popularité, eh bien, qu’elle chute*! Je peux parfaitement me passer de ces rassemblements de fans hystériques, franchement. Et pour ta gouverne, il n’y a qu’une seule femme dont l’avis compte pour moi.*
Tony Angelini lança vers Lara un regard fugace. Elle eut pourtant le temps d’y déceler une forte charge de ressentiment, et aussi quelque chose d’autre. Peut-être du calcul.*
–*Bien, il ne me reste plus qu’à attendre de voir les répercussions que la nouvelle aura sur l’intérêt de tes fans, marmonna-t–il en consultant sa montre. Je dois y aller, maintenant. Il faut bien que quelqu’un s’explique avec les organisateurs du festival, et c’est pour ça que tu me paies, après tout. Et félicitations pour votre mariage. Souhaitez-moi bonne chance pour la conférence de presse de demain.*
Son ton condescendant révoltait Lara, mais elle préféra se taire et attendit qu’il ait quitté la pièce pour lâcher un soupir de soulagement.*
–*C’est lui, le meilleur manager d’Hollywood*? lui demanda-t–elle une fois qu’ils furent seuls.*
–*A ce qu’on dit.*–*Un répugnant personnage, oui…*
–*Ses méthodes sont parfois peu orthodoxes et souvent il dépasse les bornes, mais il s’est très bien occupé de ma carrière. Il tient vraiment à ce que ses clients réussissent.*
–*Evidemment… Ton succès est la preuve du sien*! Il avait l’air au bord de la crise cardiaque. D’ailleurs, pourquoi tu ne lui as pas annoncé que tu serais bientôt célibataire de nouveau*? Ça l’aurait calmé, non*?*
–*Parce que je pensais vraiment ce que j’ai dit, Lara. Ma vie privée ne regarde que moi. Cela dit, Tony doit être en train de se demander si je n’ai pas d’autres cadavres dans le placard. Et il va essayer de les découvrir, je parie.*
–*Heureusement que je ne suis pas actrice, je ne pourrais pas supporter qu’un affreux bonhomme se croie en droit de diriger ma vie privée, dit-elle avec un frisson. C’est une sensation très désagréable.*
Il s’assit à côté d’elle et la dévisagea.*
–*Je suis complètement d’accord avec toi. Je n’ai jamais compris que quiconque puisse s’intéresser à ce que j’avais fait la veille et avec qui. Sans parler de ces fans qui ne font pas la différence entre Kip Corrigan et moi, et qui s’attendent à ce que je me comporte comme lui en public. Ni de celles qui s’offusquent lorsque je ne le fais pas. Ça dépasse mon entendement.*
Elle hocha la tête, compatissante. Pauvre Graeme. Elle n’avait pas imaginé que la vie de star puisse être contraignante à ce point.*
–*Ce doit être très compliqué, murmura-t–elle. Un peu comme d’avoir une double personnalité.*
–*Et tu es bien placée pour le savoir, dit-il d’un ton neutre.*
–*Pourquoi dis-tu ça*?*

nassamate 11-12-10 01:41 PM

*Après tout, continua-t–il en faisant fi de sa réaction, tu as l’habitude de cacher aux autres ta personnalité, ta véritable personnalité. Même, et surtout, à tes proches.*
–*Graeme, tu es injuste*! Tu connais très bien les raisons qui m’ont poussée à te mentir, à l’époque. J’étais jeune et inconsciente et j’avais peur de te perdre. Et si tu ne peux pas me pardonner, alors je ne sais pas ce que je fais ici, franchement*!*
Elle fit mine de se lever, mais il l’en empêcha. Sans se départir de son calme, il prit son visage entre ses mains pour l’obliger à soutenir son regard.*
–*Je ne parle pas de tes mensonges d’il y a cinq ans, Lara. Je parle du présent et plus particulièrement de tes… loisirs de ces deux dernières années.*
–*Je ne vois pas de quoi tu parles, répondit-elle, confuse, en s’écartant légèrement de lui. Mes loisirs*? J’ai une vie on ne peut plus normale. Je travaille et, les week-ends, je sors avec Christopher. Parfois. Nous allons au restaurant ou au cinéma et, comme je te l’ai déjà dit, nous n’avons jamais couché ensemble. Quelle que soit l’idée que tu te fais de mes loisirs, tu te trompes…*
–*Oh, non*! dit-il avec un sourire plein de sous-entendus qui la fit frémir. Je ne me trompe pas, Secret Lover. J’ai lu toutes les histoires que tu as publiées sur Internet. Elles sont très réussies*! A croire que tu connais Kip Corrigan personnellement. Je me demande si ton petit ami est au courant de certains aspects de ton passé.*
L’air manqua soudain à Lara et son estomac tressaillit bizarrement. Il savait pour les nouvelles*! Comment était-ce possible*? Il n’y avait rien dans ces textes qui indiquait qu’elle en était l’auteur. Rien. Elle en était certaine.*
–*Je ne vois pas de quoi tu parles, répéta-t–elle, tout en sachant que son visage exprimait le contraire.*
–*Oh*! je pense que si, dit-il en lui prenant la revue des mains. Je me souviens encore du petit roman que tu m’avais fait lire à Londres. D’après mes souvenirs, il était déjà assez bon, mais tu t’es vraiment améliorée depuis. Ton style s’est affirmé.*
–*Tu as lu mes nouvelles, dit-elle dans un souffle, abasourdie par ce que cette révélation impliquait.*
Un éclair diabolique traversa le regard bleu-vert de Graeme et il posa nonchalamment son bras sur le dossier du canapé.*
–*Ouais, je les ai lues.*
–*Mais comment tu as su*? Qu’est-ce qui t’a fait comprendre que c’était moi qui les avais écrites*?*
–*Tony suit de très près tout ce qui se publie à mon sujet, tu sais. Lorsqu’il est tombé sur tes nouvelles, il a été surpris de leur popularité. Evidemment, il me les a montrées. J’ai su tout de suite qu’elles sortaient de ta plume, surtout après avoir lu celle où Kip et Lily s’avouent leurs fantasmes, alors qu’ils ne peuvent même pas se toucher.*
–*Je vois, dit-elle en se sentant rougir.*
C’était l’une de ses histoires préférées. Elle l’avait écrite dans une sorte d’état second, et elle était très fière de la tension érotique qui se dégageait des dialogues. Il n’était pas étonnant que Graeme s’y soit reconnu, c’était lui qui avait murmuré à son oreille les mots qu’elle avait ensuite mis dans la bouche de Kip.*
–*J’ai reconnu certaines scènes, mais les autres… Bon sang, Lara, où est-ce que tu as appris toutes ces choses*? Je veux dire, nous n’avons pas eu le temps de faire la moitié de ce dont tu parles dans tes textes*!*
–*J’ai… j’ai fait des recherches…*

nassamate 11-12-10 01:43 PM

Le visage de Graeme se durcit. Il était jaloux*?*
Il était jaloux*! jubila-t–elle.*
–*Dans des livres, sur Internet, s’empressa-t–elle d’ajouter pour le rassurer. Je ne suis jamais allée, comment dire, sur le terrain, si c’est ce que tu crois. Mon apprentissage a été purement théorique.*
–*Je sais.*
–*Comment ça, tu sais*? Comment peux-tu savoir*?*
Les yeux rivés au sol, il se passa les mains sur le visage, comme s’il préparait sa réponse. Qu’allait-il encore lui avouer*?*
–*Disons que je me suis renseigné sur toi, confessa-t–il. Tu m’as dit que tu n’avais pas couché avec Christopher et je sais que tu n’es sortie avec personne avant lui. D’ailleurs, tu as raison à son sujet, c’est un chic type et il t’adore.*
Il sourit avant de continuer.*
–*Presque comme si tu étais sa petite sœur…*
Et dire qu’elle avait pleuré pendant cinq ans en croyant qu’il l’avait oubliée, alors qu’en secret, à son insu, il avait suivi chacun de ses pas*! Elle en était si bouleversée qu’elle en oublia de réfuter sa dernière phrase.*
–*Tu… tu veux dire que tu m’as espionnée*? balbutia-t–elle enfin. Comment tu as fait*? Tu as engagé un détective privé*?*
–*J’avais besoin de savoir si tu allais bien, dit-il sans la regarder. Tu étais si jeune. Et si tu avais été enceinte*? Je me suis fait un sang d’encre en pensant à toutes les fois où on n’avait pas pris toutes les précautions nécessaires. Je savais parfaitement que ni toi ni ton père ne me l’auriez dit. Et j’avais le droit de savoir.*
–*Eh bien, je n’étais pas enceinte.*
–*Je sais.*
Ces révélations la laissaient abasourdie, en colère presque. Mais s’ils devaient passer les deux prochains jours ensemble, il valait mieux résoudre leurs conflits avant de partir. Oh, si seulement elle pouvait retrouver l’assurance dont elle avait su faire preuve la veille dans l’ascenseur*!*
–*Donc, tu as lu mes histoires*? lui demanda-t–elle en hésitant, pour relancer la conversation.*
–*Oui, je les ai lues.*
–*Lesquelles*?*
Il glissa sa main, chaude et rugueuse, sur sa nuque pour l’attirer contre lui. L’intensité de son regard la désarçonna.*
–*Toutes, murmura-t–il, en caressant ses lèvres du bout du doigt. Je les ai toutes lues. Mais si ce que tu veux, c’est assouvir tes fantasmes sur Kip Corrigan…*
Le temps d’un instant, une expression de douleur traversa son visage, mais ce fut si bref qu’elle se demanda si elle ne l’avait pas imaginée.*
–*Alors je suis désolé, mon ange. Je ne suis pas cet homme, conclut-il en s’écartant d’elle brusquement.*
Un silence pesant envahit la pièce. Tétanisée, Lara chercha frénétiquement comment le rassurer.*
Il fallait qu’il sache que c’était lui qu’elle désirait, qu’elle n’avait jamais désiré que lui.*

nassamate 11-12-10 01:56 PM

Lui, Graeme.*
Mais avant qu’elle n’ait trouvé les mots, il s’était levé, le visage fermé.*
–*Je vais vérifier que tout est prêt pour le départ, murmura-t–il.*
Il regagna la porte et, sans rien ajouter, quitta la suite.*
***
Le lendemain, après avoir traversé la moitié de l’Angleterre, ils arrivèrent enfin à l’auberge.*
Lara regarda la petite construction à travers la vitre de la voiture, émue comme elle n’aurait jamais imaginé l’être.*
Rien n’avait changé durant ces cinq années et, sans les feuilles d’automne qui tapissaient l’allée, elle se serait cru revenue à l’été de ses dix-huit ans.*
Un écriteau de bois, souhaitant la bienvenue aux voyageurs, se balançait doucement au-dessous de la fenêtre de la chambre qu’elle avait partagée avec Graeme, et le lierre courait comme une cascade émeraude sur la façade en pierre. Sous l’auvent d’ardoises, deux tourterelles roucoulaient dans la lumière ténue de la tombée du jour.*
Elle poussa un long soupir de découragement. C’était à peine si Graeme lui avait adressé la parole depuis la veille. La cabine du jet privé était déjà préparée pour la nuit lorsqu’ils avaient embarqué et, après avoir échangé les politesses d’usage avec l’équipage, il s’était allongé sur son siège et avait fermé les yeux, les bras croisés sur la poitrine. Elle n’avait pas su s’il avait dormi tout le long du vol ou s’ilavait juste voulu éviter de lui parler, mais la traversée de l’Atlantique avait été pour elle un grand moment de solitude.*
Incapable de trouver le sommeil, elle avait passé la nuit à ressasser leur dernière conversation et à se reprocher son manque de finesse. Comment avait-elle pu être aussi maladroite*? Graeme avait essayé de lui faire comprendre à quel point il détestait être confondu avec Kip Corrigan et elle n’avait pas su lui montrer que c’était lui, l’homme réel, et non pas le personnage qu’elle était venue retrouver. C’était tristement ironique, songea-t–elle, qu’après des années à écrire des histoires d’amour en pensant à lui, elle n’ait pas su trouver les mots justes pour le rassurer.*
A leur arrivée à l’aéroport d’Edimbourg, ils avaient été pris en charge par le service de sécurité qui les avait escortés discrètement vers une sortie privée, où une voiture les attendait, et, avant que la presse ne se soit aperçue de leur présence sur le territoire écossais, ils roulaient déjà sur l’autoroute.*
Après tant d’heures noyées dans un silence épais, elle ne savait plus comment briser la glace et, bien que Graeme se soit montré courtois, il y avait dans ses manières une froideur qui les séparait, comme une barrière invisible. Plus d’une fois elle s’était demandé si c’était bien la peine d’aller jusqu’au bout de ce week-end ou s’il ne vaudrait pas mieux qu’ils signent la convention de divorce sur-le-champ. A quoi bon passer deux jours ensemble, s’il ne lui parlait pas*?*
–*Nous y voilà, déclara-t–il, le regard braqué droit devant lui sur l’auberge. La scène du crime*!*
–*Je n’aurais jamais imaginé que je reviendrais un jour ici, dit-elle en se tournant pour le regarder.*
–*Je m’occupe des valises, proposa-t–il, sans pour autant quitter la voiture. Tu vas bien*?*
–*Oui, dit-elle avec un sourire défaillant. J’ai juste besoin d’un peu de temps… Tous ces souvenirs qui reviennent en même temps, ça me fait quelque chose.*
–*J’espère que ce ne sont pas que des mauvais souvenirs, répondit-il en serrant sa main.

nassamate 11-12-10 01:57 PM

Il faisait sans doute allusion au matin où son père avait fait irruption dans leur chambre, déchaîné comme une furie. Elle ne se rappelait que trop bien l’affreuse scène et les moments d’angoisse qu’elle avait passés seule dans la voiture, ensuite, surveillée par le chauffeur, imaginant les accusations terribles que son père était en train d’assener à Graeme.*
Elle secoua la tête pour chasser les images qui envahissaient son esprit. Elle ne voulait plus y penser.*
–*Viens, dit-il. Nous avons rendez-vous avec notre passé.*
Elle le suivit à l’intérieur de l’auberge, dont l’entrée était lambrissée d’un bois sombre. Elle avait oublié les trophées de chasse qui ornaient les murs, des fouines et des renards, des blaireaux et des cerfs. Elle frissonna sous leurs regards vitreux, soudain inquiète. Ils venaient à peine de franchir le seuil de cette bâtisse et elle découvrait déjà que sa mémoire avait écarté certains détails désagréables. Elle regarda Graeme, qui ne semblait pas incommodé le moins du monde par les animaux empaillés.*
Tandis qu’il discutait avec la patronne des lieux, une charmante femme d’une cinquantaine d’années, Lara s’approcha de la double porte qui s’ouvrait sur le bar-restaurant, où elle avait partagé un repas avec Graeme avant de monter dans la chambre pour se préparer à sa nuit de noces. Le serveur, un jeune homme d’à peu près son âge avec une coupe de cheveux démodée et une chemise à carreaux, essuyait des verres derrière le comptoir.*
–*Bonjour. Bienvenue chez nous, la salua-t–il. Vous venez d’arriver*?*
–*Oui, à l’instant.*
–*Ah, vous êtes américaine*? Vous voyagez seule*?*
–*Non, mon… mari est en train de s’occuper des formalités à l’accueil.*
–*Le service du soir commencera bientôt. Venez donc prendre un verre lorsque vous serez installés.–*Merci, peut-être… dit-elle avec un sourire courtois.*
Puis elle rejoignit Graeme qui était en train de signer le registre.*
–*Tu as une petite mine, dit-il, prévenant. Tu veux faire une sieste*? Il y a largement le temps, avant l’heure du dîner.*
A vrai dire, elle était épuisée. Entre la nuit d’amour avec Graeme et la nuit blanche dans l’avion, elle n’avait dormi que quelques heures en trois jours.*
–*C’est une bonne idée, répondit-elle, en étouffant un bâillement. Désolée de ne pas être plus dynamique, mais ce doit être le décalage horaire.*
–*Est-ce que nous pouvons dîner ici, ce soir*? demanda Gaeme à la patronne.*
–*Nos steaks sont délicieux et nous servons le gâteau de rognons le plus réputé de la région, lui répondit l’hôtelière avec un accent si prononcé que Lara dut faire un effort pour comprendre ce qu’elle disait. Nous brassons aussi notre propre bière. Je vous conseille de la goûter. Elle est très revigorante et vous allez avoir besoin de toutes vos forces, avec une si jolie femme*!*
Elle finit sa phrase avec un clin d’œil plein de sous-entendus, et Lara se sentit rougir jusqu’à la racine des cheveux.*
–*Très bien, dit-il. Et pour le service d’étage*? Le voyage a été long, nous sommes fatigués.*
–*Il y a un menu dans la chambre, j’espère que vous y trouverez votre bonheur. La cuisine ferme à 21*heures.*

nassamate 11-12-10 02:03 PM

Graeme prit les bagages et Lara commença à monter l’escalier, en proie à une appréhension grandissante. Dans quelques instants seulement, elle allait se retrouver dans la chambre même où ils avaient célébré leur nuit de noces. Sauf qu’à présent, l’homme qui l’avait follement aimée, cet homme qui montait les marches derrière elle, la traitait avec une politesse distante qui lui donnait envie de pleurer.*
Ils arrivèrent devant la porte de bois massif et elle observa Graeme introduire la clé dans la serrure. Lentement, et sans un regard dans sa direction, il tourna le pommeau et fit un pas de côté pour la laisser passer.*
Elle franchit le seuil, les yeux fermés.*
Lorsqu’elle les ouvrit, le souvenir de ces deux jours inoubliables déferla sur elle, seconde après seconde, comme une vague de nostalgie.

nassamate 11-12-10 02:12 PM

13.*
Les derniers rayons du soleil dardaient à travers les vitraux de la fenêtre, parsemant le sol et le lit d’éclaboussures lumineuses vertes et dorées.*
Lara s’arrêta au centre de la chambre, saisie par la force des images qui s’imposaient à son esprit et se substituaient à l’instant présent.*
Rien n’avait changé. Le lit ancien en fer forgé, couvert de ses coussins de tartan, dominait la pièce. Elle ne se souvenait pas d’en avoir vu un autre aussi haut et imposant de toute sa vie.*
C’était dans ce même lit qu’elle s’était donnée à Graeme pour la première fois. Elle se rappelait, avec une précision stupéfiante, ce moment-là. Chaque détail était gravé dans sa mémoire*: la lumière pâle de la lampe de chevet qui baignait leurs deux corps, les bras de Graeme en tension de chaque côté de son visage, son regard passionné et doux à la fois, les mouvements de ses hanches, ses baisers brûlants qui couvraient sa bouche, son cou, ses seins. Et par-dessus tout, l’instant unique, précieux, inoubliable, où son sexe puissant l’avait pénétrée pour la toute première fois.*
Non, elle n’avait pas imaginé tout cela.*
–*Je vais te faire couler un bain…*
Elle revint à la réalité avec un sursaut en entendant la voix de Graeme. Il avait posé les bagages au pied du lit et se dirigeait vers la salle de bains attenante. Avec cette prévenance délicate qui était la sienne, il avait deviné ce dont elle avait besoin avant même qu’elle ne le sache.Un bain chaud et moussant qui lui ferait le plus grand bien…*
Les deux bergères en velours, couvertes aussi de coussins à carreaux, continuaient à se faire face devant la cheminée comme deux vieilles dames qui prenaient le thé, et les murs étaient, tels que dans son souvenir, couverts de peintures anciennes à l’huile représentant des natures mortes et des scènes de chasse.*
–*Rien n’a changé, dit-elle, en posant son sac sur l’un des sièges. Je ne crois pas qu’ils aient modifié quoi que ce soit dans cette chambre… Je parie que les couvertures sont les mêmes.*
–*Espérons qu’ils les ont nettoyées depuis notre dernière visite, répondit Graeme laconiquement, en sortant de la salle de bains.*
D’un œil critique, il passa en revue la pièce, sans que son visage trahisse la moindre émotion. Lara le regarda anxieusement, essayant de deviner s’il ressentait le même trouble qu’elle. Mais son visage restait indéchiffrable.*
–*Donc, nous y voilà… dit-elle alors, tentant d’adopter un ton léger. Tu te souviens du soir de notre arrivée*? Je ne voulais pas te laisser revenir du pub avant d’avoir pris un bain.*
–*Je me souviens surtout de mon envie de t’aider à prendre ce bain, dit-il avec, enfin, un sourire. Je t’avais dit que j’allais prendre une bière au bar et qu’ensuite je comptais monter, que tu sois prête ou non.*
–*Je n’avais pas fini quand tu es monté.*
–*Et il me semble que je ne t’ai pas laissé finir.*
Pendant un instant ils se turent, réunis autour du même souvenir. Une étincelle enflamma le regard de Graeme et Lara sentit la pulsion du désir s’éveiller au plus profond de son ventre.

nassamate 11-12-10 02:13 PM

Pas encore. Une chose à la fois.*
–*Je vais surveiller le bain, murmura-t–elle.*
Elle aurait donné cher pour lire dans ses pensées. Songeait-il à ces deux jours qu’ils avaient passés dans cette même chambre*? Se souvenait-il, comme elle, des heures enchantées débordantes de magie et de tendresse*?*
Avant cette première nuit, elle n’avait partagé son lit avec aucun homme, et elle se rappelait encore l’émerveillement qu’elle avait éprouvé à chaque instant en le sentant tout près d’elle sous les draps. Comblée et amoureuse, elle avait été incapable de dormir, électrisée par sa présence, et elle avait passé la nuit à veiller sur son sommeil, jusqu’à ce qu’au petit matin il se réveille et la prenne de nouveau dans ses bras pour l’aimer avec une douce violence qui avait chamboulé ses sens et son cœur.*
La salle de bains n’avait pas changé non plus, et elle ne put réprimer un sourire en reconnaissant la baignoire exiguë.*
Il y avait cinq ans, au début du week-end, Graeme avait décrété qu’ils devaient tout partager, et il n’avait eu de cesse qu’ils ne prennent un bain ensemble. Ils ne pourraient plus le faire, songea-t–elle avec regret, car il avait tellement développé sa musculature qu’il parviendrait à peine à y tenir seul.*
Elle se pencha pour tourner le robinet qui refusa obstinément de se fermer. Avec un grognement de frustration, les deux mains à l’œuvre, elle tenta sans succès de le débloquer. L’eau menaçait de déborder, mais, heureusement, Graeme entra et la poussa doucement pour s’en occuper. Sans le moindre effort, il coupa l’arrivée d’eau, tandis que la jeune femme, derrière lui, ne pouvait s’empêcher d’admirer ses fesses parfaites que le jean mettait en valeur.*
–*Ça non plus, ça n’a pas changé, commenta-t–il en se redressant. La plomberie est toujours antédiluvienneIl posa son regard sur elle.*
–*Tu es trempée*!*
Elle s’aperçut alors que le devant de son corsage ruisselait. Le tissu, devenu transparent, collait à son buste comme une seconde peau.*
Avec un soupir dépité, elle attrapa une serviette.*
–*Mais non, dit Graeme en s’approchant d’elle. Je vais t’aider…*
Et avant qu’elle ait compris ses intentions, il lui avait ôté son vêtement.*
Embarrassée de se trouver en soutien-gorge devant lui, elle eut le réflexe de se couvrir la poitrine. Mais le regard de Graeme l’arrêta.*
Alors, lentement, le cœur battant à tout rompre, elle prit une longue inspiration et laissa retomber ses bras.*
***
Graeme laissa le corsage glisser de ses mains, le regard aimanté par ce corps magnifique.*
Dieu que cette femme était belle*!*
Sa femme…*
Il fit remonter sa main le long de ses bras vers ses épaules. Sa peau était lisse comme le satin, sa nuque fragile comme la tige d’un lis. Elle ne bougea pas, mais son pouls battait affolé à la naissance de son cou et elle respirait de plus en plus fort.

nassamate 11-12-10 02:14 PM

Il prit son visage entre ses mains et la dévisagea longuement pour en mémoriser chaque trait, chaque détail.*
–*Lara, murmura-t–il, savourant le goût de chaque syllabe sur ses lèvres.*
Elle poussa un long soupir et il sentit son souffle tiède contre sa bouche. Il avait rêvé tellement fort d’elle, tant de fois, tant de nuits… Mais dans ses rêves, elle n’était pas à lui pour deux jours uniquement.*
Dans ses rêves, elle était avec lui pour l’éternité.*
Pendant longtemps, son vœu le plus cher avait été de se retrouver avec elle ici même, dans cette petite auberge. Mais à présent que ce souhait était exaucé, il ne parvenait pas à s’en réjouir. Il n’était toujours pas certain que Lara le désire lui, Graeme Hamilton, et non Kip Corrigan, ni un amant de fiction, ni aucun des personnages qu’il avait incarnés à l’écran.*
–*C’est pour toi que je suis ici, lui dit-il d’une voix voilée par l’émotion. Pour toi, et pour ce moment. Je suis venu jusqu’ici parce que je n’ai jamais pu cesser de penser à l’été de notre rencontre. J’avais besoin de savoir si être avec toi était aussi merveilleux que dans mes souvenirs.*
Elle hocha la tête pour un assentiment muet et posa la main sur son torse. Elle devait être épuisée après leur nuit de passion et le voyage en avion, mais il se sentait incapable de la laisser simplement prendre un bain et aller se coucher comme il en avait eu au départ l’intention.*
L’urgence de son désir effaçait chez lui toute autre pensée. Il voulait revivre ce lointain week-end, réapprendre chaque courbe de son corps, redécouvrir ses endroits les plus secrets, entendre de nouveau ses cris de plaisir, revoir encore une fois l’expression de son visage lorsqu’il la faisait jouir.*
–*Graeme… murmura-t–elle, en passant les bras autour de son cou pour l’attirer à elle.La douceur satinée de ses lèvres contrastait avec la voracité passionnée de ses baisers. Leurs langues s’emmêlèrent, humides et chaudes.*
Elle se serra contre lui et il sentit le relief parfait de ses seins contre sa poitrine. Son sexe se dressa, impatient. Il glissa les mains le long de son dos, dessinant du bout des doigts chacune de ses vertèbres, le profil de ses côtes, sa cambrure insolente.*
Tout en elle lui était connu et inconnu à la fois, songeait-il, sidéré.*
Il approfondit son baiser avec une fougue brûlante et sauvage, et elle gémit contre sa bouche. Son désir était si fort, si impérieux…*
Sans cesser de l’embrasser, elle déboutonna lentement sa chemise qu’elle repoussa d’un geste vif sur ses épaules.*
–*C’est si bon de toucher ta peau, chuchota-t-elle.*
Doucement, il s’écarta d’elle pour la regarder. Le médaillon en argent reposait sur l’écrin de ses seins couverts de dentelle.*
Elle était superbe.*
–*J’allais attendre, dit-il. Je voulais te laisser faire le premier pas, mais, apparemment, je suis incapable de me contrôler dès que tu es près de moi.*
–*Mais je ne veux pas que tu te contrôles, répondit-elle avec un sourire tremblant. Pas maintenant.*
Il aurait voulu faire un geste romantique et la prendre dans ses bras comme un chevalier servant, mais, la salle de bains étant trop petite, il opta pour la hisser contre lui, face à face, et elle s’accrocha à lui, agile comme une danseuse. Emerveillé encore une fois par sa légèreté, il regagna le lit en deux foulées et l’y déposa amoureusement.

nassamate 11-12-10 02:15 PM

*
D’une main tremblante, il dégrafa son soutien-gorge. Le bout de ses seins se dressa à son contact.*
–*S’il te plaît, viens, le pria-t–elle d’une voix pantelante, en enfonçant les doigts dans ses cheveux pour guider sa bouche sur sa poitrine.*
Encouragé, il pressa entre ses dents la chair délicate de son mamelon en même temps qu’il plongeait une main dans son jean. Elle se cambra contre le matelas, pour mieux s’ouvrir aux caresses de ses doigts savants.*
Impatient de la voir dans toute sa splendeur, il déboutonna son pantalon. Elle souleva les hanches et repoussa le jean et la petite culotte en dentelle qui couvrait sa toison cuivrée.*
La beauté de son corps nu l’éblouit une fois encore comme une promesse de bonheur éternellement recommencée.*
Un paradoxe que seule Lara rendait possible.*
Il voulait la faire sienne et la combler de plaisir jusqu’à ce qu’elle oublie tous ses doutes.*
Il allait la faire sienne et la combler de plaisir jusqu’à ce qu’elle comprenne qu’ils s’appartenaient, non pas seulement ici et maintenant, le temps d’un week-end, mais pour le restant de leur vie.*
Il glissa sa main entre ses cuisses et fureta entre ses plis humides, l’embrassant passionnément.*
Le souffle saccadé, elle ondulait des hanches et il devina qu’elle était sur le point de jouir.*
–*Non, mon ange, pas comme ça, murmura-t–il contre sa bouche. Je veux être en toi.*
–*Oh*! oui… Viens…*
Il se releva pour se déshabiller et se déchaussa d’un coup de pied impérieux. Elle se releva à moitié et tenta de l’aider de ses mains tremblantes. Ses gestes gauches l’émouvaient et l’excitaient à la fois.*
D’une main tremblante, il dégrafa son soutien-gorge. Le bout de ses seins se dressa à son contact.*
–*S’il te plaît, viens, le pria-t–elle d’une voix pantelante, en enfonçant les doigts dans ses cheveux pour guider sa bouche sur sa poitrine.*
Encouragé, il pressa entre ses dents la chair délicate de son mamelon en même temps qu’il plongeait une main dans son jean. Elle se cambra contre le matelas, pour mieux s’ouvrir aux caresses de ses doigts savants.*
Impatient de la voir dans toute sa splendeur, il déboutonna son pantalon. Elle souleva les hanches et repoussa le jean et la petite culotte en dentelle qui couvrait sa toison cuivrée.*
La beauté de son corps nu l’éblouit une fois encore comme une promesse de bonheur éternellement recommencée.*
Un paradoxe que seule Lara rendait possible.*
Il voulait la faire sienne et la combler de plaisir jusqu’à ce qu’elle oublie tous ses doutes.*
Il allait la faire sienne et la combler de plaisir jusqu’à ce qu’elle comprenne qu’ils s’appartenaient, non pas seulement ici et maintenant, le temps d’un week-end, mais pour le restant de leur vie.*
Il glissa sa main entre ses cuisses et fureta entre ses plis humides, l’embrassant passionnément.*
Le souffle saccadé, elle ondulait des hanches et il devina qu’elle était sur le point de jouir.*
–*Non, mon ange, pas comme ça, murmura-t–il contre sa bouche. Je veux être en toi.*
–*Oh*! oui… Viens…*
Il se releva pour se déshabiller et se déchaussa d’un coup de pied impérieux. Elle se releva à moitié et tenta de l’aider de ses mains tremblantes. Ses gestes gauches l’émouvaient et l’excitaient à la fois.*
Il avait passé tant d’années en colère.*
Tant d’années seul.*
Tant d’années vides.*
Et cette preuve du désir qu’elle éprouvait suffisait à lui faire oublier ses souffrances passées.*
Il était temps de pardonner.*
C´était lui qui n’avait pas été à la hauteur. Lui qui aurait dû la défendre et affronter son père. Il aurait dû dire à Brent Withfield à quel point il aimait sa fille et tenir bon jusqu’à ce que cet homme comprenne que rien ni personne ne pourrait les séparer. Mais il avait laissé l’orgueil l’aveugler et, comme un imbécile, il avait failli perdre la seule belle chose qui lui était arrivée dans la vie.*
Lara.*
Sa douce et adorable Lara.*
A genoux sur le lit, elle referma sa main autour de son sexe en érection et commença à le caresser.*
–*Lara… Si tu fais ça, je ne tiendrai pas longtemps.*
–*Alors viens, lui répondit-elle, en s’allongeant langoureusement.*
Ses longs cheveux pour seule parure, les yeux entrouverts, un sourire aguichant aux lèvres, elle était l’incarnation de la tentation.*
Il chercha à la hâte un préservatif dans son portefeuille et en déchira l’emballage avec les dents avant de le mettre en place prestement.*
Oublieuse de toute pudeur, elle l’attira à côté d’elle et lui passa une jambe autour de la taille pour lui offrir un meilleur accès à son corps.*

nassamate 11-12-10 02:16 PM

*
D’une main tremblante, il dégrafa son soutien-gorge. Le bout de ses seins se dressa à son contact.*
–*S’il te plaît, viens, le pria-t–elle d’une voix pantelante, en enfonçant les doigts dans ses cheveux pour guider sa bouche sur sa poitrine.*
Encouragé, il pressa entre ses dents la chair délicate de son mamelon en même temps qu’il plongeait une main dans son jean. Elle se cambra contre le matelas, pour mieux s’ouvrir aux caresses de ses doigts savants.*
Impatient de la voir dans toute sa splendeur, il déboutonna son pantalon. Elle souleva les hanches et repoussa le jean et la petite culotte en dentelle qui couvrait sa toison cuivrée.*
La beauté de son corps nu l’éblouit une fois encore comme une promesse de bonheur éternellement recommencée.*
Un paradoxe que seule Lara rendait possible.*
Il voulait la faire sienne et la combler de plaisir jusqu’à ce qu’elle oublie tous ses doutes.*
Il allait la faire sienne et la combler de plaisir jusqu’à ce qu’elle comprenne qu’ils s’appartenaient, non pas seulement ici et maintenant, le temps d’un week-end, mais pour le restant de leur vie.*
Il glissa sa main entre ses cuisses et fureta entre ses plis humides, l’embrassant passionnément.*
Le souffle saccadé, elle ondulait des hanches et il devina qu’elle était sur le point de jouir.*
–*Non, mon ange, pas comme ça, murmura-t–il contre sa bouche. Je veux être en toi.*
–*Oh*! oui… Viens…*
Il se releva pour se déshabiller et se déchaussa d’un coup de pied impérieux. Elle se releva à moitié et tenta de l’aider de ses mains tremblantes. Ses gestes gauches l’émouvaient et l’excitaient à la fois.*
Il avait passé tant d’années en colère.*
Tant d’années seul.*
Tant d’années vides.*
Et cette preuve du désir qu’elle éprouvait suffisait à lui faire oublier ses souffrances passées.*
Il était temps de pardonner.*
C´était lui qui n’avait pas été à la hauteur. Lui qui aurait dû la défendre et affronter son père. Il aurait dû dire à Brent Withfield à quel point il aimait sa fille et tenir bon jusqu’à ce que cet homme comprenne que rien ni personne ne pourrait les séparer. Mais il avait laissé l’orgueil l’aveugler et, comme un imbécile, il avait failli perdre la seule belle chose qui lui était arrivée dans la vie.*
Lara.*
Sa douce et adorable Lara.*
A genoux sur le lit, elle referma sa main autour de son sexe en érection et commença à le caresser.*
–*Lara… Si tu fais ça, je ne tiendrai pas longtemps.*
–*Alors viens, lui répondit-elle, en s’allongeant langoureusement.*
Ses longs cheveux pour seule parure, les yeux entrouverts, un sourire aguichant aux lèvres, elle était l’incarnation de la tentation.*
Il chercha à la hâte un préservatif dans son portefeuille et en déchira l’emballage avec les dents avant de le mettre en place prestement.*
Oublieuse de toute pudeur, elle l’attira à côté d’elle et lui passa une jambe autour de la taille pour lui offrir un meilleur accès à son corps.*
Le souffle court, il glissa une main entre ses cuisses et introduisit un doigt, puis un autre dans son sexe. Lara gémissait entre ses bras, les yeux fermés, les joues en feu.*
Qu’il adorait contempler son visage ravagé par le plaisir*!*
La voir s’abandonner ainsi à la volupté, dans ses bras, lui produisait une telle excitation qu’il dut faire appel à toute sa volonté pour ne pas éjaculer sur-le-champ.*
–*Oh*! c’est… Je vais jouir, Graeme, gémit-elle. Viens, vite. Je te veux en moi.*
D’un mouvement coulé, il s’allongea sur elle, son sexe à l’orée du sien, sans pour autant la pénétrer. Il voulait prolonger cet état d’anticipation qui était aussi grisant que l’extase.*
Mais elle, les mains agrippées à ses hanches, l’attirait contre elle, impatiente.*
Il entra enfin en elle, lentement, sans cesser un instant de la regarder. Le corps en tension, elle se cambra pour l’accueillir encore plus profondément, mais il s’y refusa.*
C’était la plus exquise des tortures que d’avancer lentement en elle, en sentant la chair tendre de son sexe se resserrer autour de lui.*
La sensation en était si intense, si affolante…*
–*Oh, Graeme*! cria-t–elle. Viens, s’il te plaît, maintenant*!*
Sa vibrante supplique eut raison de sa retenue et il entra en elle d’un long coup de reins, commença ses va-et-vient, en s’interrompant seulement pour faire passer ses jambes soyeuses par-dessus ses épaules.*
Lara se donnait à lui, sans restrictions, sans conditions. Tout entière.*
Cette idée renforça son ardeur et il la pénétra encore une fois. Elle ouvrait grand les yeux, comme surprise par le plaisir qu’elle recevait*
D’une main tremblante, il dégrafa son soutien-gorge. Le bout de ses seins se dressa à son contact.*
–*S’il te plaît, viens, le pria-t–elle d’une voix pantelante, en enfonçant les doigts dans ses cheveux pour guider sa bouche sur sa poitrine.*
Encouragé, il pressa entre ses dents la chair délicate de son mamelon en même temps qu’il plongeait une main dans son jean. Elle se cambra contre le matelas, pour mieux s’ouvrir aux caresses de ses doigts savants.*
Impatient de la voir dans toute sa splendeur, il déboutonna son pantalon. Elle souleva les hanches et repoussa le jean et la petite culotte en dentelle qui couvrait sa toison cuivrée.*
La beauté de son corps nu l’éblouit une fois encore comme une promesse de bonheur éternellement recommencée.*
Un paradoxe que seule Lara rendait possible.*
Il voulait la faire sienne et la combler de plaisir jusqu’à ce qu’elle oublie tous ses doutes.*
Il allait la faire sienne et la combler de plaisir jusqu’à ce qu’elle comprenne qu’ils s’appartenaient, non pas seulement ici et maintenant, le temps d’un week-end, mais pour le restant de leur vie.*
Il glissa sa main entre ses cuisses et fureta entre ses plis humides, l’embrassant passionnément.*
Le souffle saccadé, elle ondulait des hanches et il devina qu’elle était sur le point de jouir.*
–*Non, mon ange, pas comme ça, murmura-t–il contre sa bouche. Je veux être en toi.*
–*Oh*! oui… Viens…*
Il se releva pour se déshabiller et se déchaussa d’un coup de pied impérieux. Elle se releva à moitié et tenta de l’aider de ses mains tremblantes. Ses gestes gauches l’émouvaient et l’excitaient à la fois.*
Il avait passé tant d’années en colère.*
Tant d’années seul.*
Tant d’années vides.*
Et cette preuve du désir qu’elle éprouvait suffisait à lui faire oublier ses souffrances passées.*
Il était temps de pardonner.*
C´était lui qui n’avait pas été à la hauteur. Lui qui aurait dû la défendre et affronter son père. Il aurait dû dire à Brent Withfield à quel point il aimait sa fille et tenir bon jusqu’à ce que cet homme comprenne que rien ni personne ne pourrait les séparer. Mais il avait laissé l’orgueil l’aveugler et, comme un imbécile, il avait failli perdre la seule belle chose qui lui était arrivée dans la vie.*
Lara.*
Sa douce et adorable Lara.*
A genoux sur le lit, elle referma sa main autour de son sexe en érection et commença à le caresser.*
–*Lara… Si tu fais ça, je ne tiendrai pas longtemps.*
–*Alors viens, lui répondit-elle, en s’allongeant langoureusement.*
Ses longs cheveux pour seule parure, les yeux entrouverts, un sourire aguichant aux lèvres, elle était l’incarnation de la tentation.*
Il chercha à la hâte un préservatif dans son portefeuille et en déchira l’emballage avec les dents avant de le mettre en place prestement.*
Oublieuse de toute pudeur, elle l’attira à côté d’elle et lui passa une jambe autour de la taille pour lui offrir un meilleur accès à son corps.*
Le souffle court, il glissa une main entre ses cuisses et introduisit un doigt, puis un autre dans son sexe. Lara gémissait entre ses bras, les yeux fermés, les joues en feu.*
Qu’il adorait contempler son visage ravagé par le plaisir*!*
La voir s’abandonner ainsi à la volupté, dans ses bras, lui produisait une telle excitation qu’il dut faire appel à toute sa volonté pour ne pas éjaculer sur-le-champ.*
–*Oh*! c’est… Je vais jouir, Graeme, gémit-elle. Viens, vite. Je te veux en moi.*
D’un mouvement coulé, il s’allongea sur elle, son sexe à l’orée du sien, sans pour autant la pénétrer. Il voulait prolonger cet état d’anticipation qui était aussi grisant que l’extase.*
Mais elle, les mains agrippées à ses hanches, l’attirait contre elle, impatiente.*
Il entra enfin en elle, lentement, sans cesser un instant de la regarder. Le corps en tension, elle se cambra pour l’accueillir encore plus profondément, mais il s’y refusa.*
C’était la plus exquise des tortures que d’avancer lentement en elle, en sentant la chair tendre de son sexe se resserrer autour de lui.*
La sensation en était si intense, si affolante…*
–*Oh, Graeme*! cria-t–elle. Viens, s’il te plaît, maintenant*!*
Sa vibrante supplique eut raison de sa retenue et il entra en elle d’un long coup de reins, commença ses va-et-vient, en s’interrompant seulement pour faire passer ses jambes soyeuses par-dessus ses épaules.*
Lara se donnait à lui, sans restrictions, sans conditions. Tout entière.*
Cette idée renforça son ardeur et il la pénétra encore une fois. Elle ouvrait grand les yeux, comme surprise par le plaisir qu’elle recevait.*
Touché, il libéra une de ses mains pour

nassamate 11-12-10 02:18 PM

–*Est-ce que tu sais combien de fois j’ai repensé à cette chambre*? Et à notre nuit de noces*? La voix de Graeme la traversa comme une caresse et elle se laissa aller contre lui avec un petit soupir de satisfaction, caressant l’îlot de son genou avec un gant de toilette. Il avait insisté pour qu’ils prennent un bain ensemble et, malgré ses réticences, il avait fini par lui prouver qu’ils tenaient encore tous les deux dans la minuscule baignoire.*
Après une nuit de sommeil réparateur, Lara s’était réveillée dans ses bras, heureuse et reposée. Comme cinq ans plus tôt, Graeme avait commandé le petit déjeuner au service d’étage, et, comme cinq ans plus tôt, ils l’avaient pris devant la cheminée, où il avait allumé un feu, avant qu’ils ne retournent au lit, remplis d’une énergie nouvelle.*
La jeune femme rougit en songeant à tout ce qu’ils avaient fait ensemble, au beau milieu de la matinée, et sans s’inquiéter de la femme de chambre qui passait l’aspirateur devant la porte de leur chambre à ce moment-là. En dépit de ses efforts, elle n’avait pas réussi à étouffer ses cris et, à la fin, même Graeme s´était laissé aller.*
La journée était passée en un éclair, et ce n’était qu’en voyant le soleil disparaître de nouveau qu’ils s’étaient décidés à prendre un bain avant de descendre dans le salon pour le dîner.*
–*Je parie que tu n’as pas souvent regretté cette baignoire minuscule, dit-elle, en se redressant brusquement.*
Il lâcha un cri.*
–*Aïe*! Fais attention, ou je risque de ne pas pouvoir te donner d’enfants*!*
Elle joua un moment avec la mousse du bain, prise au dépourvu par cette allusion directe à un éventuel avenir commun.*
–*Tu voudrais des enfants*? lui demanda-t–elle finalement, en essayant de garder un ton neutre.–*Et toi*?*
–*Il me semble que c’est moi qui t’ai interrogé en premier.*
–*Il est possible que la question ne se pose même plus…*
Elle comprenait à quoi il faisait allusion. Le risque de grossesse était très mince en réalité, eu égard au moment de son cycle menstruel, mais, rien qu’en s’imaginant enceinte de lui, son cœur se serrait.*
Elle se tourna pour le regarder.*
–*Je ne ferai jamais ça, protesta-t–elle. Je ne pourrais jamais te piéger pour que tu m’épouses.*
Il lui décocha un sourire hilare.*
–*Bon, d’accord… Tu m’as déjà épousée*!*
Il l’entoura de ses bras puissants.*
–*Ne t’en fais pas, mon ange. J’ai eu cinq ans pour m’y habituer et figure-toi que j’aime ça et de plus en plus*!*
–*Qu’est-ce que tu veux dire*?*
–*Que c’est encore mieux que dans mes souvenirs.*
Elle hocha la tête. C’était aussi ce qu’elle ressentait.*
Les tensions du voyage et de leur arrivée mises à part, leur séjour en Ecosse ressemblait en vérité à une seconde lune de miel. Ils avaient passé le plus clair de leur temps à faire l’amour et elle avait des courbatures aux endroits les plus insoupçonnés de son corps, mais elle ne comptait pas s’en plaindre. Elle voulait savourer chaque moment de ce week-end jusqu’à la dernière miette et apprendre que Graeme partageait le même état d’esprit qu’elle l’emplissait de fierté et de joie.*

nassamate 11-12-10 02:21 PM

*Je suis entièrement d’accord avec toi, murmura-t–elle, en déposant un baiser sur son épaule avant de commencer à se relever.*
Tout à coup, elle sentit son sexe se durcir contre sa hanche.*
–*Encore*? Tu es incroyable*! Comment est-ce que tu fais*? s’étonna-t–elle.*
–*Je ne fais rien, mon ange, dit-il, prenant un air innocent. C’est l’effet que toi tu me fais.*
Il l’aida à se retourner et à venir se placer à califourchon sur lui. L’eau savonneuse rendait leurs corps glissants et chaque mouvement décuplait leurs sensations. Avec un long frisson, elle plongea la main dans l’eau pour saisir son sexe. Sentir entre ses doigts la puissance de son membre viril était pour elle un plaisir toujours renouvelé.*
Tout en poussant un soupir de satisfaction, Graeme laissa aller sa tête contre le bord de la baignoire et elle contempla, admirative, le jeu des muscles de ses épaules sous sa peau luisante. La flamme du désir incendia alors les yeux de Graeme avec une telle force qu’elle crut un instant en ressentir la chaleur sur sa peau.*
Il la caressa entre les jambes, la prenant au dépourvu, et elle lâcha un petit cri de surprise qui devint aussitôt un gémissement éperdu. La sensation était presque intenable et la façon dont il jouait de ses doigts était décidément diabolique. Il pressa son clitoris avec une délicatesse exquise jusqu’à ce que, mue par une envie irrépressible, elle se pousse en avant pour se frotter contre son torse.*
Infatigable, il mordilla le lobe de son oreille et elle frémit, à l’agonie.*
–*Graeme, protesta-t–elle avec un filet de voix, tu es un très vilain garçon.*
–*Très, très vilain, c’est vrai, convint-il dans un murmure–*Et je ne peux pas résister. Je ne peux plus penser à rien d’autre qu’à te toucher et à goûter la saveur de ta peau…*
Elle caressa sous l’eau le bout turgescent de son sexe et obtint en récompense un gémissement plaintif.*
–*Je n’aurai jamais assez de toi, continua-t–elle.*
Il avait le visage enfoui dans son cou, mais elle sentit ses lèvres se retrousser en un sourire. Il glissa un doigt dans son sexe et elle frémit.*
–*Ta peau est si douce et si chaude, murmura-t–il, sans cesser de bouger sa main.*
Une explosion de sensations nouvelles éclata dans son ventre et elle cria sans aucune retenue.*
–*Ah*! C’est donc là ton point G, se réjouit-il. J’ai l’intention de découvrir tous tes points sensibles avant la fin du week-end, je te préviens*!*
Sans trop savoir comment, elle se redressa.*
Elle le voulait en elle et elle le voulait tout de suite.*
Il l’aida à se hisser sur lui, enrobant ses fesses de ses grandes mains. Elle glissa doucement sur son sexe avec un gémissement prolongé.*
–*Oh*! oui, c’est ça… souffla-t–il contre son oreille. C’est si merveilleux… Tu me rends fou, mon ange, mais il faut faire attention.*
Une main fermement ancrée à ses hanches, il s’étira pour attraper les préservatifs qu’elle avait posés sur le bord de la baignoire. Dans son élan, il faillit tomber et l’entraîner avec lui, mais il se maîtrisa à temps et revint à sa position dans un joyeux raz-de-marée, un ballet de vagues moussues qui éclaboussèrent le carrelage et les murs.*

nassamate 11-12-10 02:23 PM

*Mission accomplie*! déclara-t–il avec un sourire satisfait, tout en l’aidant à retrouver son équilibre.*
–*Ça marche aussi sous l’eau*? demanda-t–elle d’un air dubitatif.*
–*Bien sûr, c’est tout-terrain. Je vais juste te demander de te relever un petit peu…*
Elle obtempéra et le regarda s’arc-bouter pour faire émerger son membre de l’eau. Encadré par les bords émaillés de la baignoire, son corps semblait encore plus grand et plus puissant qu’au-dehors, et elle s’émerveilla encore une fois d’être celle qui le mettait dans un tel état d’excitation, qui ne cessait d’éveiller en lui ce désir insatiable.*
Elle l’aida à dérouler le préservatif d’une main tremblante.*
Il l’attira contre lui et l’embrassa avec une fougue renouvelée et, les lèvres scellées aux siennes, elle se hissa sur lui d’un mouvement souple du bassin et descendit sur son sexe dur. Paupières closes, elle savoura la décharge de plaisir déclenchée par leur étreinte.*
C’était cela, exactement cela qui lui avait tant manqué, et pendant si longtemps. Cet homme dans ses bras et la folie exquise de leur passion partagée.*
Accrochée à ses épaules, elle posa ses lèvres avides sur son menton et son cou, tout en continuant le va-et-vient impérieux de ses hanches, sans s’inquiéter de l’eau qui jaillissait de toutes parts. Seuls lui importaient leurs deux sexes emboîtés et le plaisir grandissant qui commandait ses mouvements. Leurs bouches se retrouvèrent encore, leurs langues enlacées en une danse sensuelle qui s’accordait au rythme effréné de leurs ébats.*
Elle n’était plus que chair incandescente et volupté.*
Graeme malaxait ses fesses de ses grandes mains avec une douce fermeté, les écartant et les resserrant en cadence, pour amplifier la profondeur de ses coups de reins.*Elle sentait son sexe la remplir comme jamais et le plaisir devint si intense qu’elle crut qu’elle n’allait pas pouvoir le supporter.*
–*Je t’ai déjà dit à quel point j’adorais tes fesses*? lui demanda-t–il en un murmure rauque.*
–*Pas dernièrement, répondit-elle à bout de souffle, à peine capable d’articuler les mots.*
–*Et à quel point j’aimais ça aussi*? fit-il encore, en glissant sa main entre leurs deux corps, pour fureter dans les replis de son sexe.*
Sa réponse incohérente se mua en un gémissement éperdu lorsqu’il pressa son clitoris enflé avec une précision diabolique et son sexe se contracta une dernière fois autour du membre de Graeme. Ballottée dans les remous de la jouissance, elle perdit toute capacité à penser rationnellement. L’orgasme déferla sur elle, imparable, violent, et elle cria sans retenue, entraînant Graeme dans une spirale de plaisir sans fin.*
Ils se bercèrent ensemble dans l’eau qui refroidissait, ébranlés par les spasmes qui secouaient leurs corps comme un radeau dans la tempête.*
Une dernière pensée traversa l’esprit de Lara, au milieu de ce naufrage des sens*: elle avait besoin de cet homme comme de l’air qu’elle respirait.*
Un week-end ne suffisait pas, loin s’en fallait.*
Un week-end n’avait jamais suffi.*
Elle voulait une vie entière, composée uniquement de week-ends semblables à celui-ci.

nassamate 11-12-10 02:24 PM

14.*
–*Tu es sûr que tu ne préfères pas commander le dîner au service d’étage*? demanda Lara pour la deuxième fois, en même temps qu’elle finissait d’attacher ses cheveux en chignon. On risque de te reconnaître, si nous descendons au pub.*
Elle se contempla dans le miroir, satisfaite. Sans fausse modestie, elle rayonnait. Elle pouvait bien s’accorder cela pour une fois*! Il ne lui arrivait pas souvent de se trouver jolie, mais ce soir, son visage lui semblait paré d’un éclat inhabituel. Ce n’était pas étonnant, songea-t–elle, après une journée de sexe passionné, ponctuée par des siestes langoureuses avec l’homme le plus sexy des Etats-Unis. D’ailleurs, si son estomac n’avait pas crié famine, elle aurait très bien pu passer le reste du week-end dans la chambre. En ce qui la concernait, le charme romantique de l’Ecosse opérait fort bien à l’intérieur de ces quatre murs.*
–*Je ne crois pas, franchement, répondit Graeme depuis le lit où il feuilletait une revue, en attendant qu’elle ait fini de se préparer. J’ai l’impression qu’ici, je suis beaucoup moins célèbre qu’aux Etats-Unis.*
Elle le regarda dans la glace.*
–*Tu plaisantes, j’espère*? Tu es un homme très séduisant, et n’importe quelle femme craquerait pour toi. Je te rappelle que je connais bien les sites qui parlent de toi et, crois-moi, on risque de te reconnaître aussi bien dans ce patelin paumé qu’à Las Vegas. Il se releva, souple comme un félin, et s’approcha d’elle. Habillé d’un jean et d’une chemise noire, il était beau à couper le souffle.*
–*Personne ne me reconnaîtra ici, affirma-t–il. Et de toute façon, il faut bien qu’on se montre en public, ne serait-ce que pour rassurer les propriétaires de l’auberge, sinon ils vont finir par croire que je t’ai kidnappée et que je te soumets à la torture. D’autant que tu n’es pas très discrète quand tu jouis, si je peux me permettre cette remarque…*
Elle se tourna pour l’enlacer, nullement gênée par ses taquineries.*
–*D’accord, puisque tu y tiens. Je ferai de mon mieux pour te protéger des hordes de femmes qui ne manqueront pas de se jeter sur nous, dès qu’on apprendra que tu te trouves ici.*
–*Me voilà rassuré, plaisanta-t–il, en l’attirant pour l’embrasser longuement.*
***
En descendant l’escalier qui débouchait dans le petit hall de la réception, Lara ne put s’empêcher encore une fois de frissonner sous le regard figé des animaux empaillés accrochés aux murs.*
–*Elles me donnent la chair de poule, ces bêtes, murmura-t–elle. J’avais complètement oublié leur existence, c’est curieux, non*?*
Il fit une drôle de grimace en passant sous une belette à l’attitude menaçante.*
–*Il me semble que nous n’avons pas passé assez de temps hors de la chambre pour remarquer la décoration du reste de l’hôtel.*

nassamate 11-12-10 02:26 PM

J’espère qu’ils ont épargné le restaurant, je serais incapable d’avaler la moindre bouchée avec tous ces yeux morts posés sur moi*!*
Heureusement, les murs de la salle de restauration étaient, eux, voués aux exploits des équipes écossaises de rugby et de football, à l’exception de celui qu’occupait le bar, dont un écran de télévision géant accaparait tout le haut.*
Ils s’installèrent à l’une des tables du fond, dont les hautes banquettes leur procuraient une certaine intimité.*
Le jeune barman qu’elle avait rencontré la veille vint prendre leur commande.*
–*Bonsoir, les amis… Je peux vous proposer une mousse du pays, si vous le souhaitez…*
Mais son sourire s’évanouit dès qu’il regarda Graeme.*
Lara aurait juré qu’il avait même pâli. Elle jeta un regard navré à Graeme, l’air de dire*: «*Je t’avais prévenu*!*»*
–*Je vais essayer une pinte de bière ambrée, dit-elle poliment.*
Mais le barman ne réagissait pas.*
–*Tout va bien*? lui demanda Graeme d’un ton impatient.*
Le jeune homme finit par se composer un sourire forcé et tenta de se ressaisir.*
–*Euh… oui… Je vous prie de m’excuser. C’est juste que… vous… vous ressemblez beaucoup à… ce type de la télé, dit-il en prenant note de la commande de Lara sur son petit carnet. Une pinte d’ambrée et… pour vous, monsieur*?*
–*La même chose, dit Graeme, en lançant un regard amusé à Lara.**Parfait, je vous apporte ça tout de suite…*
Il s’en alla brusquement et Lara couvrit son visage pour dissimuler son sourire.*
–*Impossible qu’on me reconnaisse, le railla-t–elle. Je ne suis pas aussi connu en Ecosse qu’aux Etats-Unis. Surtout dans un patelin paumé comme celui-ci…*
–*Il ne m’a pas semblé très impressionné par ma célébrité. Peut-être qu’il n’aime pas Galaxy’s End, hasarda-t–il, sans avoir l’air de trop y croire.*
–*Ou peut-être que sa petite amie adore la série et que le pauvre n’en peut plus de l’entendre parler de toi chaque jeudi soir. A sa place, je te détesterais, moi aussi.*
–*Mais tu ne me détestes pas, dit-il, en prenant ses mains dans les siennes.*
–*Mmm… Seulement quand tu fais ce truc que j’adore et que tu t’arrêtes rien que pour m’…*
–*Voici vos bières, dit une voix féminine tout près d’eux.*
C’était la patronne de l’auberge qui apportait leurs boissons.*
–*Deux pintes d’ale ambrée, annonça-t–elle d’un ton enjoué, en déposant les chopes sur la table. Vous êtes bien installés*? La chambre est à votre goût*?*
–*Absolument, merci, répondit Lara avec un sourire. Elle est exactement comme dans mes souvenirs.*
–*Oh, vous étiez donc déjà venus*? C’est vrai*?*
Graeme pressa sa main pour la pousser à rester discrète.*
–*Oui, mais il y a très longtemps, en fait…

nassamate 11-12-10 02:27 PM

C’est l’ancien relais de postes, ici. L’établissement appartient à ma famille depuis des générations. Je suis Margaret Dungan et le jeune homme au bar, c’est mon fils, Robbie. J’ai aussi deux filles qui s’occupent de la cuisine. Si vous aimez le poisson, je vous conseille le haddock fumé d’Arbroath ou notre spécialité, le saumon sauvage. Plus frais, vous n’en trouverez pas.*
–*On va suivre votre conseil et goûter le saumon.*
–*Vous ne serez pas déçus, je vous assure*!*
–*Dites-moi, c’est bien vous qui dirigez l’hôtel*? lui demanda Graeme, en prenant une première gorgée de bière.*
–*Oui, c’est moi qui gère l’établissement depuis la mort de mon père, il y a dix ans, paix à son âme. Quand est-ce que vous êtes venus pour la première fois*?*
–*Il y a cinq ans, au mois d’août. Dans mon souvenir, le gérant était un monsieur d’une cinquantaine d’années, un peu dégarni, avec une barbe rousse.*
–*C’était mon frère, alors. Il s’occupe de l’hôtel lorsque je pars en vacances. Il y a cinq ans, au mois d’août, vous dites*? J’étais partie accompagner Robbie à l’université. Mon Dieu, je me rappelle maintenant*! J’ai quitté la maison deux jours et tout est parti à vau-l’eau. Vous vous en souvenez, peut-être*?*
–*Non, je ne vois pas de quoi vous parlez, répondit Graeme, feignant l’ignorance. Qu’est-ce qui s’était passé*?*
–*Oh, là, là*! Un jeune couple s’était marié en secret et le père de la fille a débarqué comme une furie. Vous imaginez le scandale*! Cela arrive de temps en temps, des jeunes amoureux qui ont envie d’officialiser chez nous, ça va plus vite qu’ailleurs en Grande-Bretagne. Normalement, personne ne s’en offusque, mais, à cette occasion, le père devait avoir une dent contre le marié. C’était un monsieur très distingué, d’après mon frère, mais il s’est mis dans tous ses états et l’a menacé de tout un tas de choses horribles*!*Lara lança un regard inquiet vers Graeme, qui écoutait la bonne femme en hochant la tête d’un air intéressé.*
–*Bref, le père est parti avec sa fille et le pauvre garçon est pratiquement devenu fou, d’après ce qu’on m’a raconté. Il s’est donné en spectacle et a juré qu’il irait retrouver sa femme. Les jeunes, vous savez… Enfin, j’espère que vous aimerez notre cuisine, conclut Margaret avant de s’en aller.*
–*Elle ne parlait peut-être pas de nous, murmura Lara.*
–*Tu plaisantes*? Bien sûr que si, elle parlait de nous. J’ai fait une scène à ton père, là, dans l’entrée. Je lui ai dit qu’il ne pourrait pas nous séparer et j’ai en effet promis que j’irai te chercher. Je suis étonné d’ailleurs que personne n’ait écrit une ballade larmoyante autour des amants de l’auberge des postes, ils adorent les histoires de ce genre, ici, en Ecosse.*
–*Tu as vraiment dit à mon père que tu viendrais me retrouver*? demanda-t–elle, le cœur battant soudain à tout rompre.*
–*J’étais jeune et inconscient, dit-il, en vidant sa chope d’un trait.*
–*Graeme, tu l’as fait, vraiment*? insista-t–elle d’une voix anxieuse. Tu es venu me chercher*?*
Il lui lança un regard plein de regrets amers.*
–*Est-ce que ça aurait changé quelque chose, si je l’avais fait*?*
–*Graeme*! Evidemment que ça aurait tout changé. Tu ne sais pas quelle était ma vie avant de te rencontrer… Tu as été la première personne à me regarder vraiment, à me voir telle que j’étais. Avant toi, je me sentais invisible. Tu sais combien ça m’a coûté de te quitter, ce jour-là*? Tu n’imagines même pas, je crois.*

nassamate 11-12-10 02:41 PM

–*Je me suis dit que ça n’avait aucune importance… Ma vie me convenait très bien avant de te rencontrer, dit-il avec un sourire désabusé. C’est ce que je croyais, en tout cas. Mais tu es arrivée, comme un rayon de soleil qui brise le brouillard, et, tout à coup, j’en voulais plus.*
Il repoussa les chopes et se pencha vers elle. Ses yeux bleu-vert exprimaient une telle émotion qu’elle en oublia presque de respirer.*
–*Je voulais devenir digne de toi, être à la hauteur de ce que tu attendais de moi, continua-t–il. Je voulais faire de grandes choses pour t’épater. Je voulais t’offrir la lune, mais ça, c’était avant que je n’apprenne que tu avais assez d’argent pour t’offrir toute seule la lune, et le soleil, et même les étoiles, si tu les voulais…*
Elle tenta de l’interrompre, mais il l’en empêcha d’un geste de la main.*
–*Non, laisse-moi finir. Je me suis persuadé que je n’étais pour toi qu’une amourette d’été, un simple passe-temps. Pourtant… tu t’étais donnée à moi*! Et après ton départ, je n’avais plus envie de retrouver ma vie d’avant. J’étais en colère, vraiment hors de moi. Ce que je voulais, c’était te retrouver et te ramener avec moi, par les cheveux s’il l’avait fallu, et t’enfermer dans une tour comme la princesse des contes que tu t’imaginais être, et te garder près de moi à jamais.*
–*Mais pourquoi tu ne l’as pas fait*? Je n’attendais que ça*!*
–*Je l’ai fait, Lara.*
–*Comment ça*? Je… Tu n’es jamais venu, je ne t’ai jamais vu.*
–*Mon visa m’a été refusé. J’étais déjà à l’aéroport de New York, quand on m’a mis de force dans le premier vol de retour.*Choquée par la portée de sa révélation, elle se laissa aller contre le dossier de la banquette, incapable d’articuler un seul mot.*
Il était venu la retrouver.*
Elle n’avait pas besoin de lui demander pourquoi on l’avait refoulé à la douane, elle connaissait assez bien les coulisses du Département d’Etat et l’influence de son père à Washington pour deviner exactement ce qui s’était passé.*
Pauvre Graeme*! Il y avait de quoi être en fureur pour toute une vie, songea-t–elle.*
–*Je suis vraiment désolée, murmura-t–elle. Je ne l’ai jamais su.*
–*Je sais, répondit-il. Je ne t’en ai jamais tenu rigueur.*
–*Pourquoi tu ne m’as pas écrit*?*
–*Parce que je savais que tu n’avais jamais été libre de prendre tes propres décisions. Je voulais être certain que, si un jour tu revenais, ce serait de ton propre gré. Je ne voulais pas t’influencer.*
–*Je n’arrive pas à croire que mon père ait été capable de tomber si bas pour nous empêcher d’être ensemble, soupira-t–elle.*
–*Il ne voulait que ton bien, Lara. Il ne me croyait pas assez bon pour toi. Oh*! mon ange, ne pleure pas, dit-il, en essuyant les larmes qui coulaient le long de ses joues. Je suis ici, maintenant.*
–*C’est que… C’est ma faute si les choses se sont passées de cette façon. Je n’aurais jamais dû te mentir à propos de mon âge, c’était stupide.*
–*J’étais sous le choc, je l’avoue. Tu étais si douce et si innocente que je n’arrivais pas à croire que tu avais pu me duper à ce point. Mais en Ecosse, il est possible de se marier à partir de seize ans. Notre mariage était légal, on avait la loi de notre côté. Ton père le savait aussi bien que moi. De plus, nous

nassamate 11-12-10 02:42 PM

avions déjà passé deux jours ensemble. Si ton père était arrivé avant qu’on ne consomme le mariage, je crois que j’aurais signé ces fichus papiers sur-le-champ, mais pas après ces deux jours. Dieu me pardonne, après t’avoir eue dans mes bras, et dans mon lit, je ne pouvais pas te laisser partir*!*
–*Et comment as-tu finalement réussi à faire valider ton visa*?*
–*L’argent est un puissant allié. Après le succès du premier épisode de Galaxy’s End, je n’ai pas eu de mal à trouver un avocat prêt à se saisir de l’affaire. Mon producteur s’est même proposé pour payer ses honoraires. Il y avait beaucoup de paperasse à régler, la carte verte, les contrats de pub… Lorsque tout a été mis en place, trois ans s’étaient écoulés depuis notre rencontre et je m’étais déjà fait à l’idée de ne plus jamais te revoir. Je me disais qu’il était temps de tourner la page.*
Elle fixa leurs mains jointes sur la table.*
–*C’est aussi ce que j’avais fini par croire.*
–*Votre dîner, annonça alors Margaret, deux assiettes fumantes dans les mains.*
Elle posa les plats sur la table, mais ne s’en alla pas. Visiblement nerveuse, elle serrait les mains, puis lança un regard plein d’espoir vers Graeme.*
–*Je ne sais pas comment je ne m’en suis pas aperçue plus tôt, mais je tiens à vous dire que c’est un honneur et un privilège de vous compter parmi nos clients, monsieur*Hamilton…*
Lara observa Graeme. Il arborait une expression amusée et résignée à la fois.*
–*C’est vraiment très gentil, Margaret. C’est moi qui suis ravi d’être ici.*
–*J’avoue que c’est mon Robbie qui vous a reconnu le premier. Nous aimons beaucoup ce que vous faites. Ce serait abuser de vous demander de nous signer un autographe ou deux*?*
–*Non… Avec plaisir. *
Margaret se tourna en gesticulant à l’intention de son fils qui quitta le bar à la hâte pour apporter deux photographies de Kip Corrigan. L’impression était de piètre qualité, mais Lara reconnut aussitôt les images promotionnelles mises en ligne par les producteurs de Galaxy’s End.*
–*J’ai su qui vous étiez dès que je vous ai vu, expliqua le jeune homme, en lui tendant un stylo-feutre. J’espère que vous voudrez bien les signer, je viens de les imprimer…*
–*Vous avez bien fait, répondit Graeme, en paraphant les photographies.*
Il les rendit au jeune homme qui retourna vers le bar après l’avoir remercié profusément, les feuilles plaquées contre sa poitrine, comme s’il s’agissait d’un trésor.*
–*Alors c’est donc ça, la vie de star, fit Lara, songeuse. Tu as l’air parfaitement habitué, je dois dire.*
Il haussa les épaules avant de goûter à son saumon.*
–*En l’occurrence, j’ai tenu à rester poli. Mais je dois t’avouer que ce n’est pas toujours le cas.*
–*Ah, bon*? Et qu’est-ce que tu fais al…*
L’arrivée de Margaret l’empêcha de finir sa phrase. Graeme se raidit sans pouvoir dissimuler son agacement, cette fois.*
–*Navrée d’interrompre encore une fois votre dîner, s’excusa leur hôtesse. Mais il y a une jeune femme à la réception qui demande à vous parler.*
–*A moi*? Vous êtes sûre*? demanda Graeme, visiblement surpris.*
–*A vrai dire, elle demande à voir votre femme…*
–*Moi*? s’étonna plus encore Lara.*
Impossible*! Personne ne savait qu’elle se trouvait en Ecosse. Personne, sauf…

nassamate 11-12-10 02:43 PM

*
Margaret se tourna en gesticulant à l’intention de son fils qui quitta le bar à la hâte pour apporter deux photographies de Kip Corrigan. L’impression était de piètre qualité, mais Lara reconnut aussitôt les images promotionnelles mises en ligne par les producteurs de Galaxy’s End.*
–*J’ai su qui vous étiez dès que je vous ai vu, expliqua le jeune homme, en lui tendant un stylo-feutre. J’espère que vous voudrez bien les signer, je viens de les imprimer…*
–*Vous avez bien fait, répondit Graeme, en paraphant les photographies.*
Il les rendit au jeune homme qui retourna vers le bar après l’avoir remercié profusément, les feuilles plaquées contre sa poitrine, comme s’il s’agissait d’un trésor.*
–*Alors c’est donc ça, la vie de star, fit Lara, songeuse. Tu as l’air parfaitement habitué, je dois dire.*
Il haussa les épaules avant de goûter à son saumon.*
–*En l’occurrence, j’ai tenu à rester poli. Mais je dois t’avouer que ce n’est pas toujours le cas.*
–*Ah, bon*? Et qu’est-ce que tu fais al…*
L’arrivée de Margaret l’empêcha de finir sa phrase. Graeme se raidit sans pouvoir dissimuler son agacement, cette fois.*
–*Navrée d’interrompre encore une fois votre dîner, s’excusa leur hôtesse. Mais il y a une jeune femme à la réception qui demande à vous parler.*
–*A moi*? Vous êtes sûre*? demanda Graeme, visiblement surpris.*
–*A vrai dire, elle demande à voir votre femme…*
–*Moi*? s’étonna plus encore Lara.*
Impossible*! Personne ne savait qu’elle se trouvait en Ecosse. Personne, sauf…*
–*Valerie*!*
Elle se tourna vers la porte.*
Son amie se tenait à l’entrée du pub, le visage tendu par l’anxiété. Elle portait des vêtements froissés et sa coiffure, d’habitude parfaite, partait dans tous les sens.*
Lara se leva d’un bond pour l’accueillir, le cœur serré.*
–*Valerie*! Qu’est-ce que tu fais là*? Tu vas bien*? Qu’est-ce qui se passe*?*
–*Oh, Lara, heureusement que tu es là*! s’exclama Valerie d’un ton dramatique, en arrivant à leur table. Christopher est venu avec moi, il gare la voiture.*
Lara eut l’impression que la foudre lui tombait sur la tête.*
–*Christopher est ici*? En Ecosse*?*
–*Je sais, je sais*! dit Valerie, balayant ses reproches d’un geste. Je n’ai pas réussi à le dissuader de venir avec moi, mais je voulais au moins te prévenir pour que tu ne le voies pas arriver à l’improviste. Je…*
Elle s’interrompit, interdite, pour regarder Graeme qui venait de se lever. En dépit de la situation, Lara ne put s’empêcher de sourire devant l’expression ébahie de son amie. Elle la tira par le coude pour l’obliger à s’asseoir, en espérant que personne n’avait remarqué son entrée fracassante.*
–*Pourquoi tu ne m’as pas appelée*? lui demanda-t–elle.*
–*Quand tu allumeras ton téléphone, tu verras que je t’ai appelée un million de fois, répondit Valerie, qui n’avait d’yeux que pour Graeme.*
–*Val, je te présente Graeme Hamilton…*
Margaret se tourna en gesticulant à l’intention de son fils qui quitta le bar à la hâte pour apporter deux photographies de Kip Corrigan. L’impression était de piètre qualité, mais Lara reconnut aussitôt les images promotionnelles mises en ligne par les producteurs de Galaxy’s End.*
–*J’ai su qui vous étiez dès que je vous ai vu, expliqua le jeune homme, en lui tendant un stylo-feutre. J’espère que vous voudrez bien les signer, je viens de les imprimer…*
–*Vous avez bien fait, répondit Graeme, en paraphant les photographies.*
Il les rendit au jeune homme qui retourna vers le bar après l’avoir remercié profusément, les feuilles plaquées contre sa poitrine, comme s’il s’agissait d’un trésor.*
–*Alors c’est donc ça, la vie de star, fit Lara, songeuse. Tu as l’air parfaitement habitué, je dois dire.*
Il haussa les épaules avant de goûter à son saumon.*
–*En l’occurrence, j’ai tenu à rester poli. Mais je dois t’avouer que ce n’est pas toujours le cas.*
–*Ah, bon*? Et qu’est-ce que tu fais al…*
L’arrivée de Margaret l’empêcha de finir sa phrase. Graeme se raidit sans pouvoir dissimuler son agacement, cette fois.*
–*Navrée d’interrompre encore une fois votre dîner, s’excusa leur hôtesse. Mais il y a une jeune femme à la réception qui demande à vous parler.*
–*A moi*? Vous êtes sûre*? demanda Graeme, visiblement surpris.*
–*A vrai dire, elle demande à voir votre femme…*
–*Moi*? s’étonna plus encore Lara.*
Impossible*! Personne ne savait qu’elle se trouvait en Ecosse. Personne, sauf…*
–*Valerie*!*
Elle se tourna vers la porte.*
Son amie se tenait à l’entrée du pub, le visage tendu par l’anxiété. Elle portait des vêtements froissés et sa coiffure, d’habitude parfaite, partait dans tous les sens.*
Lara se leva d’un bond pour l’accueillir, le cœur serré.*
–*Valerie*! Qu’est-ce que tu fais là*? Tu vas bien*? Qu’est-ce qui se passe*?*
–*Oh, Lara, heureusement que tu es là*! s’exclama Valerie d’un ton dramatique, en arrivant à leur table. Christopher est venu avec moi, il gare la voiture.*
Lara eut l’impression que la foudre lui tombait sur la tête.*
–*Christopher est ici*? En Ecosse*?*
–*Je sais, je sais*! dit Valerie, balayant ses reproches d’un geste. Je n’ai pas réussi à le dissuader de venir avec moi, mais je voulais au moins te prévenir pour que tu ne le voies pas arriver à l’improviste. Je…*
Elle s’interrompit, interdite, pour regarder Graeme qui venait de se lever. En dépit de la situation, Lara ne put s’empêcher de sourire devant l’expression ébahie de son amie. Elle la tira par le coude pour l’obliger à s’asseoir, en espérant que personne n’avait remarqué son entrée fracassante.*
–*Pourquoi tu ne m’as pas appelée*? lui demanda-t–elle.*
–*Quand tu allumeras ton téléphone, tu verras que je t’ai appelée un million de fois, répondit Valerie, qui n’avait d’yeux que pour Graeme.*
–*Val, je te présente Graeme Hamilton…*
–*Enchantée, gloussa Valerie en tendant la main. Je suis ravie de vous rencontrer, après tout ce temps*! J’ai tellement entendu parler de vous*! Lara m’a tout raconté, bien sûr, et je dois dire que…*
Lara lui octroya un coup de coude bien senti pour la faire taire.*
–*Valerie était ma camarade de chambre à la fac, expliqua-t–elle. C’est ma meilleure amie.*
–*Je vois, dit Graeme, un peu déstabilisé.*
–*Comment savais-tu que nous étions ici*?*
–*Facile, tu as dû me parler de cet endroit un milliard de fois. Car, même si votre petite escapade d’il y a cinq ans n’a duré que deux jours, Lara en garde un chaud souvenir, dit-elle à l’intention de Graeme.*
–*Valerie*! s’écria Lara, mortifiée.*
Graeme suivait l’échange d’un air amusé, mais, lorsque leurs regards se croisèrent, il posa une main complice sur son genou, sous la table. Elle se sentit fondre.*
–*Oh*! Oh*! voilà Christopher… annonça Valerie en se relevant précipitamment pour attirer l’attention du nouveau venu.*
***
Lara le regarda traverser la pièce en quelques foulées. Il avait les vêtements froissés de quelqu’un qui vient de passer huit heures dans un avion, et, en arrivant à leur table, il repoussa les lunettes sur son nez, un geste qu’elle connaissait bien. Son regard glissa sur elle pour se poser sur Graeme, comme s’il prenait la mesure de son adversaire.

nassamate 11-12-10 02:45 PM

*
Margaret se tourna en gesticulant à l’intention de son fils qui quitta le bar à la hâte pour apporter deux photographies de Kip Corrigan. L’impression était de piètre qualité, mais Lara reconnut aussitôt les images promotionnelles mises en ligne par les producteurs de Galaxy’s End.*
–*J’ai su qui vous étiez dès que je vous ai vu, expliqua le jeune homme, en lui tendant un stylo-feutre. J’espère que vous voudrez bien les signer, je viens de les imprimer…*
–*Vous avez bien fait, répondit Graeme, en paraphant les photographies.*
Il les rendit au jeune homme qui retourna vers le bar après l’avoir remercié profusément, les feuilles plaquées contre sa poitrine, comme s’il s’agissait d’un trésor.*
–*Alors c’est donc ça, la vie de star, fit Lara, songeuse. Tu as l’air parfaitement habitué, je dois dire.*
Il haussa les épaules avant de goûter à son saumon.*
–*En l’occurrence, j’ai tenu à rester poli. Mais je dois t’avouer que ce n’est pas toujours le cas.*
–*Ah, bon*? Et qu’est-ce que tu fais al…*
L’arrivée de Margaret l’empêcha de finir sa phrase. Graeme se raidit sans pouvoir dissimuler son agacement, cette fois.*
–*Navrée d’interrompre encore une fois votre dîner, s’excusa leur hôtesse. Mais il y a une jeune femme à la réception qui demande à vous parler.*
–*A moi*? Vous êtes sûre*? demanda Graeme, visiblement surpris.*
–*A vrai dire, elle demande à voir votre femme…*
–*Moi*? s’étonna plus encore Lara.*
Impossible*! Personne ne savait qu’elle se trouvait en Ecosse. Personne, sauf…*
–*Valerie*!*
Elle se tourna vers la porte.*
Son amie se tenait à l’entrée du pub, le visage tendu par l’anxiété. Elle portait des vêtements froissés et sa coiffure, d’habitude parfaite, partait dans tous les sens.*
Lara se leva d’un bond pour l’accueillir, le cœur serré.*
–*Valerie*! Qu’est-ce que tu fais là*? Tu vas bien*? Qu’est-ce qui se passe*?*
–*Oh, Lara, heureusement que tu es là*! s’exclama Valerie d’un ton dramatique, en arrivant à leur table. Christopher est venu avec moi, il gare la voiture.*
Lara eut l’impression que la foudre lui tombait sur la tête.*
–*Christopher est ici*? En Ecosse*?*
–*Je sais, je sais*! dit Valerie, balayant ses reproches d’un geste. Je n’ai pas réussi à le dissuader de venir avec moi, mais je voulais au moins te prévenir pour que tu ne le voies pas arriver à l’improviste. Je…*
Elle s’interrompit, interdite, pour regarder Graeme qui venait de se lever. En dépit de la situation, Lara ne put s’empêcher de sourire devant l’expression ébahie de son amie. Elle la tira par le coude pour l’obliger à s’asseoir, en espérant que personne n’avait remarqué son entrée fracassante.*
–*Pourquoi tu ne m’as pas appelée*? lui demanda-t–elle.*
–*Quand tu allumeras ton téléphone, tu verras que je t’ai appelée un million de fois, répondit Valerie, qui n’avait d’yeux que pour Graeme.*
–*Val, je te présente Graeme Hamilton…*
–*Enchantée, gloussa Valerie en tendant la main. Je suis ravie de vous rencontrer, après tout ce temps*! J’ai tellement entendu parler de vous*! Lara m’a tout raconté, bien sûr, et je dois dire que…*
Lara lui octroya un coup de coude bien senti pour la faire taire.*
–*Valerie était ma camarade de chambre à la fac, expliqua-t–elle. C’est ma meilleure amie.*
–*Je vois, dit Graeme, un peu déstabilisé.*
–*Comment savais-tu que nous étions ici*?*
–*Facile, tu as dû me parler de cet endroit un milliard de fois. Car, même si votre petite escapade d’il y a cinq ans n’a duré que deux jours, Lara en garde un chaud souvenir, dit-elle à l’intention de Graeme.*
–*Valerie*! s’écria Lara, mortifiée.*
Graeme suivait l’échange d’un air amusé, mais, lorsque leurs regards se croisèrent, il posa une main complice sur son genou, sous la table. Elle se sentit fondre.*
–*Oh*! Oh*! voilà Christopher… annonça Valerie en se relevant précipitamment pour attirer l’attention du nouveau venu.*
***
Lara le regarda traverser la pièce en quelques foulées. Il avait les vêtements froissés de quelqu’un qui vient de passer huit heures dans un avion, et, en arrivant à leur table, il repoussa les lunettes sur son nez, un geste qu’elle connaissait bien. Son regard glissa sur elle pour se poser sur Graeme, comme s’il prenait la mesure de son adversaire.*
–*Bonsoir, Lara, dit-il.*
–*Christopher, je… je ne m’attendais pas à te voir ici. Je ne sais pas quoi dire.*
C’était la situation la plus embarrassante qu’elle ait jamais eu à traverser et, plus que tout, elle éprouvait une terrible culpabilité en pensant aux mensonges qu’elle lui avait racontés au cours de la dernière semaine. Elle était sans doute tombée très bas dans son estime, songea-t–elle, en se forçant à affronter son regard.*
Mais, à sa grande surprise, il lui offrit un sourire plein de gentillesse.*
–*Ne t’en fais pas, Lara. Val m’a tout expliqué et, étant donné les circonstances exceptionnelles, je veux te dire que je comprends parfaitement.*
–*Mais pourquoi êtes-vous venus, alors*? leur demanda-t–elle, les regardant tour à tour.*
Christophe tira un journal de la poche de sa veste et le posa sur la table.*
–*Ceci n’est qu’un échantillon de ce que ra******* les tabloïds aux Etats-Unis. Certaines télévisions en parlaient aussi avant notre départ.*
A la une du quotidien, en gros titre sur cinq colonnes, on pouvait lire*: «*Graeme Hamilton, un étalon à la recherche de sa liberté*».*
Quoi*?*
Avec un juron outré, Graeme se saisit du journal et commença à parcourir l’article. Son expression s’assombrissait au fur et à mesure qu’il lisait.*
–*Lara, ma chérie, nous sommes venus aussi vite que possible, dit Valerie. Nous ne voulions pas que tu apprennes la nouvelle en écoutant les infos.*
–*Qu’est-ce que cet article raconte*? demanda Lara, sans oser imaginer le contenu.*
Margaret se tourna en gesticulant à l’intention de son fils qui quitta le bar à la hâte pour apporter deux photographies de Kip Corrigan. L’impression était de piètre qualité, mais Lara reconnut aussitôt les images promotionnelles mises en ligne par les producteurs de Galaxy’s End.*
–*J’ai su qui vous étiez dès que je vous ai vu, expliqua le jeune homme, en lui tendant un stylo-feutre. J’espère que vous voudrez bien les signer, je viens de les imprimer…*
–*Vous avez bien fait, répondit Graeme, en paraphant les photographies.*
Il les rendit au jeune homme qui retourna vers le bar après l’avoir remercié profusément, les feuilles plaquées contre sa poitrine, comme s’il s’agissait d’un trésor.*
–*Alors c’est donc ça, la vie de star, fit Lara, songeuse. Tu as l’air parfaitement habitué, je dois dire.*
Il haussa les épaules avant de goûter à son saumon.*
–*En l’occurrence, j’ai tenu à rester poli. Mais je dois t’avouer que ce n’est pas toujours le cas.*
–*Ah, bon*? Et qu’est-ce que tu fais al…*
L’arrivée de Margaret l’empêcha de finir sa phrase. Graeme se raidit sans pouvoir dissimuler son agacement, cette fois.*
–*Navrée d’interrompre encore une fois votre dîner, s’excusa leur hôtesse. Mais il y a une jeune femme à la réception qui demande à vous parler.*
–*A moi*? Vous êtes sûre*? demanda Graeme, visiblement surpris.*
–*A vrai dire, elle demande à voir votre femme…*
–*Moi*? s’étonna plus encore Lara.*
Impossible*! Personne ne savait qu’elle se trouvait en Ecosse. Personne, sauf…*
–*Valerie*!*
Elle se tourna vers la porte.*
Son amie se tenait à l’entrée du pub, le visage tendu par l’anxiété. Elle portait des vêtements froissés et sa coiffure, d’habitude parfaite, partait dans tous les sens.*
Lara se leva d’un bond pour l’accueillir, le cœur serré.*
–*Valerie*! Qu’est-ce que tu fais là*? Tu vas bien*? Qu’est-ce qui se passe*?*
–*Oh, Lara, heureusement que tu es là*! s’exclama Valerie d’un ton dramatique, en arrivant à leur table. Christopher est venu avec moi, il gare la voiture.*
Lara eut l’impression que la foudre lui tombait sur la tête.*
–*Christopher est ici*? En Ecosse*?*
–*Je sais, je sais*! dit Valerie, balayant ses reproches d’un geste. Je n’ai pas réussi à le dissuader de venir avec moi, mais je voulais au moins te prévenir pour que tu ne le voies pas arriver à l’improviste. Je…*
Elle s’interrompit, interdite, pour regarder Graeme qui venait de se lever. En dépit de la situation, Lara ne put s’empêcher de sourire devant l’expression ébahie de son amie. Elle la tira par le coude pour l’obliger à s’asseoir, en espérant que personne n’avait remarqué son entrée fracassante.*
–*Pourquoi tu ne m’as pas appelée*? lui demanda-t–elle.*
–*Quand tu allumeras ton téléphone, tu verras que je t’ai appelée un million de fois, répondit Valerie, qui n’avait d’yeux que pour Graeme.*
–*Val, je te présente Graeme Hamilton…*
–*Enchantée, gloussa Valerie en tendant la main. Je suis ravie de vous rencontrer, après tout ce temps*! J’ai tellement entendu parler de vous*! Lara m’a tout raconté, bien sûr, et je dois dire que…*
Lara lui octroya un coup de coude bien senti pour la faire taire.*
–*Valerie était ma camarade de chambre à la fac, expliqua-t–elle. C’est ma meilleure amie.*
–*Je vois, dit Graeme, un peu déstabilisé.*
–*Comment savais-tu que nous étions ici*?*
–*Facile, tu as dû me parler de cet endroit un milliard de fois. Car, même si votre petite escapade d’il y a cinq ans n’a duré que deux jours, Lara en garde un chaud souvenir, dit-elle à l’intention de Graeme.*
–*Valerie*! s’écria Lara, mortifiée.*
Graeme suivait l’échange d’un air amusé, mais, lorsque leurs regards se croisèrent, il posa une main complice sur son genou, sous la table. Elle se sentit fondre.*
–*Oh*! Oh*! voilà Christopher… annonça Valerie en se relevant précipitamment pour attirer l’attention du nouveau venu.*
***
Lara le regarda traverser la pièce en quelques foulées. Il avait les vêtements froissés de quelqu’un qui vient de passer huit heures dans un avion, et, en arrivant à leur table, il repoussa les lunettes sur son nez, un geste qu’elle connaissait bien. Son regard glissa sur elle pour se poser sur Graeme, comme s’il prenait la mesure de son adversaire.*
–*Bonsoir, Lara, dit-il.*
–*Christopher, je… je ne m’attendais pas à te voir ici. Je ne sais pas quoi dire.*
C’était la situation la plus embarrassante qu’elle ait jamais eu à traverser et, plus que tout, elle éprouvait une terrible culpabilité en pensant aux mensonges qu’elle lui avait racontés au cours de la dernière semaine. Elle était sans doute tombée très bas dans son estime, songea-t–elle, en se forçant à affronter son regard.*
Mais, à sa grande surprise, il lui offrit un sourire plein de gentillesse.*
–*Ne t’en fais pas, Lara. Val m’a tout expliqué et, étant donné les circonstances exceptionnelles, je veux te dire que je comprends parfaitement.*
–*Mais pourquoi êtes-vous venus, alors*? leur demanda-t–elle, les regardant tour à tour.*
Christophe tira un journal de la poche de sa veste et le posa sur la table.*
–*Ceci n’est qu’un échantillon de ce que ra******* les tabloïds aux Etats-Unis. Certaines télévisions en parlaient aussi avant notre départ.*
A la une du quotidien, en gros titre sur cinq colonnes, on pouvait lire*: «*Graeme Hamilton, un étalon à la recherche de sa liberté*».*
Quoi*?*
Avec un juron outré, Graeme se saisit du journal et commença à parcourir l’article. Son expression s’assombrissait au fur et à mesure qu’il lisait.*
–*Lara, ma chérie, nous sommes venus aussi vite que possible, dit Valerie. Nous ne voulions pas que tu apprennes la nouvelle en écoutant les infos.*
–*Qu’est-ce que cet article raconte*? demanda Lara, sans oser imaginer le contenu.*
–*Pour commencer, notre mariage n’est plus un secret. Ils savent tout sur toi et, d’après ce torchon, tu ne m’accorderas le divorce que si je te fais un enfant, maugréa Graeme, son accent écossais accentué par la colère. En gros, ça dit que je retrouverai ma liberté dès que j’aurai réussi à mettre enceinte une épouse que je connais à peine.*
–*C’est impossible*! s’écria-t–elle d’une voix étranglée. Comment ils ont pu… Nous n’avons jamais…*
–*C’est Tony qui a tout orchestré. Je reconnais bien là ses méthodes.*
–*Mais quel est l’intérêt de raconter une histoire montée de toutes pièces*? Pourquoi ferait-il ça*? Tu es son meilleur client, non*?*
–*Je crains que ce ne soit sa façon à lui de «*limiter les dégâts*». Il veut rassurer mes fans, en leur laissant croire que je serai très vite de retour «*sur le marché*», comme il dit, et il doit penser que cette histoire invraisemblable va faire remonter ma cote.*
–*Limiter les dégâts*? C’est la publicité la plus nuisible qu’on puisse imaginer*! Et un mensonge éhonté, avec ça*! Comment des journalistes osent-ils publier des informations dont ils n’ont même pas vérifié la source*? Et ce Tony*? Comment a-t–il pu…*
Lara ne trouvait même plus ses mots.*
Graeme froissa le journal dans son poing.*
–*Tony adore défrayer la chronique. Il a bâti sa carrière et sa renommée de manager là-dessus. Il croit dur comme fer qu’il n’y a pas de mauvaise publicité, et rien ne le rend plus heureux que de voir la presse se déchaîner autour d’un de ses clients. Il croit certainement me rendre service en faisant croire à mes fans que je serai célibataire dès que j’aurai accompli ma mission d’étalon.*

nassamate 11-12-10 02:59 PM

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Margaret se tourna en gesticulant à l’intention de son fils qui quitta le bar à la hâte pour apporter deux photographies de Kip Corrigan. L’impression était de piètre qualité, mais Lara reconnut aussitôt les images promotionnelles mises en ligne par les producteurs de Galaxy’s End.*
–*J’ai su qui vous étiez dès que je vous ai vu, expliqua le jeune homme, en lui tendant un stylo-feutre. J’espère que vous voudrez bien les signer, je viens de les imprimer…*
–*Vous avez bien fait, répondit Graeme, en paraphant les photographies.*
Il les rendit au jeune homme qui retourna vers le bar après l’avoir remercié profusément, les feuilles plaquées contre sa poitrine, comme s’il s’agissait d’un trésor.*
–*Alors c’est donc ça, la vie de star, fit Lara, songeuse. Tu as l’air parfaitement habitué, je dois dire.*
Il haussa les épaules avant de goûter à son saumon.*
–*En l’occurrence, j’ai tenu à rester poli. Mais je dois t’avouer que ce n’est pas toujours le cas.*
–*Ah, bon*? Et qu’est-ce que tu fais al…*
L’arrivée de Margaret l’empêcha de finir sa phrase. Graeme se raidit sans pouvoir dissimuler son agacement, cette fois.*
–*Navrée d’interrompre encore une fois votre dîner, s’excusa leur hôtesse. Mais il y a une jeune femme à la réception qui demande à vous parler.*
–*A moi*? Vous êtes sûre*? demanda Graeme, visiblement surpris.*
–*A vrai dire, elle demande à voir votre femme…*
–*Moi*? s’étonna plus encore Lara.*
Impossible*! Personne ne savait qu’elle se trouvait en Ecosse. Personne, sauf…*
–*Valerie*!*
Elle se tourna vers la porte.*
Son amie se tenait à l’entrée du pub, le visage tendu par l’anxiété. Elle portait des vêtements froissés et sa coiffure, d’habitude parfaite, partait dans tous les sens.*
Lara se leva d’un bond pour l’accueillir, le cœur serré.*
–*Valerie*! Qu’est-ce que tu fais là*? Tu vas bien*? Qu’est-ce qui se passe*?*
–*Oh, Lara, heureusement que tu es là*! s’exclama Valerie d’un ton dramatique, en arrivant à leur table. Christopher est venu avec moi, il gare la voiture.*
Lara eut l’impression que la foudre lui tombait sur la tête.*
–*Christopher est ici*? En Ecosse*?*
–*Je sais, je sais*! dit Valerie, balayant ses reproches d’un geste. Je n’ai pas réussi à le dissuader de venir avec moi, mais je voulais au moins te prévenir pour que tu ne le voies pas arriver à l’improviste. Je…*
Elle s’interrompit, interdite, pour regarder Graeme qui venait de se lever. En dépit de la situation, Lara ne put s’empêcher de sourire devant l’expression ébahie de son amie. Elle la tira par le coude pour l’obliger à s’asseoir, en espérant que personne n’avait remarqué son entrée fracassante.*
–*Pourquoi tu ne m’as pas appelée*? lui demanda-t–elle.*
–*Quand tu allumeras ton téléphone, tu verras que je t’ai appelée un million de fois, répondit Valerie, qui n’avait d’yeux que pour Graeme.*
–*Val, je te présente Graeme Hamilton…*
–*Enchantée, gloussa Valerie en tendant la main. Je suis ravie de vous rencontrer, après tout ce temps*! J’ai tellement entendu parler de vous*! Lara m’a tout raconté, bien sûr, et je dois dire que…*
Lara lui octroya un coup de coude bien senti pour la faire taire.*
–*Valerie était ma camarade de chambre à la fac, expliqua-t–elle. C’est ma meilleure amie.*
–*Je vois, dit Graeme, un peu déstabilisé.*
–*Comment savais-tu que nous étions ici*?*
–*Facile, tu as dû me parler de cet endroit un milliard de fois. Car, même si votre petite escapade d’il y a cinq ans n’a duré que deux jours, Lara en garde un chaud souvenir, dit-elle à l’intention de Graeme.*
–*Valerie*! s’écria Lara, mortifiée.*
Graeme suivait l’échange d’un air amusé, mais, lorsque leurs regards se croisèrent, il posa une main complice sur son genou, sous la table. Elle se sentit fondre.*
–*Oh*! Oh*! voilà Christopher… annonça Valerie en se relevant précipitamment pour attirer l’attention du nouveau venu.*
***
Lara le regarda traverser la pièce en quelques foulées. Il avait les vêtements froissés de quelqu’un qui vient de passer huit heures dans un avion, et, en arrivant à leur table, il repoussa les lunettes sur son nez, un geste qu’elle connaissait bien. Son regard glissa sur elle pour se poser sur Graeme, comme s’il prenait la mesure de son adversaire.*
–*Bonsoir, Lara, dit-il.*
–*Christopher, je… je ne m’attendais pas à te voir ici. Je ne sais pas quoi dire.*
C’était la situation la plus embarrassante qu’elle ait jamais eu à traverser et, plus que tout, elle éprouvait une terrible culpabilité en pensant aux mensonges qu’elle lui avait racontés au cours de la dernière semaine. Elle était sans doute tombée très bas dans son estime, songea-t–elle, en se forçant à affronter son regard.*
Mais, à sa grande surprise, il lui offrit un sourire plein de gentillesse.*
–*Ne t’en fais pas, Lara. Val m’a tout expliqué et, étant donné les circonstances exceptionnelles, je veux te dire que je comprends parfaitement.*
–*Mais pourquoi êtes-vous venus, alors*? leur demanda-t–elle, les regardant tour à tour.*
Christophe tira un journal de la poche de sa veste et le posa sur la table.*
–*Ceci n’est qu’un échantillon de ce que ra******* les tabloïds aux Etats-Unis. Certaines télévisions en parlaient aussi avant notre départ.*
A la une du quotidien, en gros titre sur cinq colonnes, on pouvait lire*: «*Graeme Hamilton, un étalon à la recherche de sa liberté*».*
Quoi*?*
Avec un juron outré, Graeme se saisit du journal et commença à parcourir l’article. Son expression s’assombrissait au fur et à mesure qu’il lisait.*
–*Lara, ma chérie, nous sommes venus aussi vite que possible, dit Valerie. Nous ne voulions pas que tu apprennes la nouvelle en écoutant les infos.*
–*Qu’est-ce que cet article raconte*? demanda Lara, sans oser imaginer le contenu.*
–*Pour commencer, notre mariage n’est plus un secret. Ils savent tout sur toi et, d’après ce torchon, tu ne m’accorderas le divorce que si je te fais un enfant, maugréa Graeme, son accent écossais accentué par la colère. En gros, ça dit que je retrouverai ma liberté dès que j’aurai réussi à mettre enceinte une épouse que je connais à peine.*
–*C’est impossible*! s’écria-t–elle d’une voix étranglée. Comment ils ont pu… Nous n’avons jamais…*
–*C’est Tony qui a tout orchestré. Je reconnais bien là ses méthodes.*
–*Mais quel est l’intérêt de raconter une histoire montée de toutes pièces*? Pourquoi ferait-il ça*? Tu es son meilleur client, non*?*
–*Je crains que ce ne soit sa façon à lui de «*limiter les dégâts*». Il veut rassurer mes fans, en leur laissant croire que je serai très vite de retour «*sur le marché*», comme il dit, et il doit penser que cette histoire invraisemblable va faire remonter ma cote.*
–*Limiter les dégâts*? C’est la publicité la plus nuisible qu’on puisse imaginer*! Et un mensonge éhonté, avec ça*! Comment des journalistes osent-ils publier des informations dont ils n’ont même pas vérifié la source*? Et ce Tony*? Comment a-t–il pu…*
Lara ne trouvait même plus ses mots.*
Graeme froissa le journal dans son poing.*
–*Tony adore défrayer la chronique. Il a bâti sa carrière et sa renommée de manager là-dessus. Il croit dur comme fer qu’il n’y a pas de mauvaise publicité, et rien ne le rend plus heureux que de voir la presse se déchaîner autour d’un de ses clients. Il croit certainement me rendre service en faisant croire à mes fans que je serai célibataire dès que j’aurai accompli ma mission d’étalon.*
–*Mais où est-il allé chercher tout ça*? La serveuse au restaurant, avant-hier… J’en suis sûre*! Elle a dû répéter à quelqu’un ce qu’elle avait entendu de notre conversation, et, d’une façon ou d’une autre, Tony en a eu vent.*
–*Oui, c’est bien le genre de rumeur qui se répand à vitesse grand V et, bien sûr, tout finit toujours par arriver à ses oreilles. Il faut que je lui parle.*
Il sortit son portable et composa rageusement un numéro. Il raccrocha un instant plus tard avec un grognement de frustration.*
–*Il ne répond pas, ce fumier*!*
–*Ecoutez… Les paparazzi sont sans doute déjà à vos trousses, intervint alors Christopher. Je suggère que Lara rentre avec nous aux Etats-Unis avant que la situation ne dégénère. Elle pourra rester chez moi quelques jours, bien à l’abri, le temps de laisser retomber la poussière.*
–*Non*!*
Ils avaient répondu tous les deux en même temps, Graeme d’un ton encore plus véhément qu’elle.*
Il se leva, plus imposant que jamais, et regarda Christopher dans les yeux.*
–*Je sais que vous parlez en ami et j’apprécie votre prévenance, mais je prendrai soin de Lara moi-même, déclara-t–il d’une voix ferme. Elle reste avec moi.*
Christopher leva les deux mains en un geste de paix.*
–*Bien sûr. Parfait. C’était juste une idée…*
Margaret s’approcha alors de la table.*
–*Est-ce que vos amis vont se joindre à vous pour le dîner*? *
Margaret se tourna en gesticulant à l’intention de son fils qui quitta le bar à la hâte pour apporter deux photographies de Kip Corrigan. L’impression était de piètre qualité, mais Lara reconnut aussitôt les images promotionnelles mises en ligne par les producteurs de Galaxy’s End.*
–*J’ai su qui vous étiez dès que je vous ai vu, expliqua le jeune homme, en lui tendant un stylo-feutre. J’espère que vous voudrez bien les signer, je viens de les imprimer…*
–*Vous avez bien fait, répondit Graeme, en paraphant les photographies.*
Il les rendit au jeune homme qui retourna vers le bar après l’avoir remercié profusément, les feuilles plaquées contre sa poitrine, comme s’il s’agissait d’un trésor.*
–*Alors c’est donc ça, la vie de star, fit Lara, songeuse. Tu as l’air parfaitement habitué, je dois dire.*
Il haussa les épaules avant de goûter à son saumon.*
–*En l’occurrence, j’ai tenu à rester poli. Mais je dois t’avouer que ce n’est pas toujours le cas.*
–*Ah, bon*? Et qu’est-ce que tu fais al…*
L’arrivée de Margaret l’empêcha de finir sa phrase. Graeme se raidit sans pouvoir dissimuler son agacement, cette fois.*
–*Navrée d’interrompre encore une fois votre dîner, s’excusa leur hôtesse. Mais il y a une jeune femme à la réception qui demande à vous parler.*
–*A moi*? Vous êtes sûre*? demanda Graeme, visiblement surpris.*
–*A vrai dire, elle demande à voir votre femme…*
–*Moi*? s’étonna plus encore Lara.*
Impossible*! Personne ne savait qu’elle se trouvait en Ecosse. Personne, sauf…*
–*Valerie*!*
Elle se tourna vers la porte.*
Son amie se tenait à l’entrée du pub, le visage tendu par l’anxiété. Elle portait des vêtements froissés et sa coiffure, d’habitude parfaite, partait dans tous les sens.*
Lara se leva d’un bond pour l’accueillir, le cœur serré.*
–*Valerie*! Qu’est-ce que tu fais là*? Tu vas bien*? Qu’est-ce qui se passe*?*
–*Oh, Lara, heureusement que tu es là*! s’exclama Valerie d’un ton dramatique, en arrivant à leur table. Christopher est venu avec moi, il gare la voiture.*
Lara eut l’impression que la foudre lui tombait sur la tête.*
–*Christopher est ici*? En Ecosse*?*
–*Je sais, je sais*! dit Valerie, balayant ses reproches d’un geste. Je n’ai pas réussi à le dissuader de venir avec moi, mais je voulais au moins te prévenir pour que tu ne le voies pas arriver à l’improviste. Je…*
Elle s’interrompit, interdite, pour regarder Graeme qui venait de se lever. En dépit de la situation, Lara ne put s’empêcher de sourire devant l’expression ébahie de son amie. Elle la tira par le coude pour l’obliger à s’asseoir, en espérant que personne n’avait remarqué son entrée fracassante.*
–*Pourquoi tu ne m’as pas appelée*? lui demanda-t–elle.*
–*Quand tu allumeras ton téléphone, tu verras que je t’ai appelée un million de fois, répondit Valerie, qui n’avait d’yeux que pour Graeme.*
–*Val, je te présente Graeme Hamilton…*
–*Enchantée, gloussa Valerie en tendant la main. Je suis ravie de vous rencontrer, après tout ce temps*! J’ai tellement entendu parler de vous*! Lara m’a tout raconté, bien sûr, et je dois dire que…*
Lara lui octroya un coup de coude bien senti pour la faire taire.*
–*Valerie était ma camarade de chambre à la fac, expliqua-t–elle. C’est ma meilleure amie.*
–*Je vois, dit Graeme, un peu déstabilisé.*
–*Comment savais-tu que nous étions ici*?*
–*Facile, tu as dû me parler de cet endroit un milliard de fois. Car, même si votre petite escapade d’il y a cinq ans n’a duré que deux jours, Lara en garde un chaud souvenir, dit-elle à l’intention de Graeme.*
–*Valerie*! s’écria Lara, mortifiée.*
Graeme suivait l’échange d’un air amusé, mais, lorsque leurs regards se croisèrent, il posa une main complice sur son genou, sous la table. Elle se sentit fondre.*
–*Oh*! Oh*! voilà Christopher… annonça Valerie en se relevant précipitamment pour attirer l’attention du nouveau venu.*
***
Lara le regarda traverser la pièce en quelques foulées. Il avait les vêtements froissés de quelqu’un qui vient de passer huit heures dans un avion, et, en arrivant à leur table, il repoussa les lunettes sur son nez, un geste qu’elle connaissait bien. Son regard glissa sur elle pour se poser sur Graeme, comme s’il prenait la mesure de son adversaire.*
–*Bonsoir, Lara, dit-il.*
–*Christopher, je… je ne m’attendais pas à te voir ici. Je ne sais pas quoi dire.*
C’était la situation la plus embarrassante qu’elle ait jamais eu à traverser et, plus que tout, elle éprouvait une terrible culpabilité en pensant aux mensonges qu’elle lui avait racontés au cours de la dernière semaine. Elle était sans doute tombée très bas dans son estime, songea-t–elle, en se forçant à affronter son regard.*
Mais, à sa grande surprise, il lui offrit un sourire plein de gentillesse.*
–*Ne t’en fais pas, Lara. Val m’a tout expliqué et, étant donné les circonstances exceptionnelles, je veux te dire que je comprends parfaitement.*
–*Mais pourquoi êtes-vous venus, alors*? leur demanda-t–elle, les regardant tour à tour.*
Christophe tira un journal de la poche de sa veste et le posa sur la table.*
–*Ceci n’est qu’un échantillon de ce que ra******* les tabloïds aux Etats-Unis. Certaines télévisions en parlaient aussi avant notre départ.*
A la une du quotidien, en gros titre sur cinq colonnes, on pouvait lire*: «*Graeme Hamilton, un étalon à la recherche de sa liberté*».*
Quoi*?*
Avec un juron outré, Graeme se saisit du journal et commença à parcourir l’article. Son expression s’assombrissait au fur et à mesure qu’il lisait.*
–*Lara, ma chérie, nous sommes venus aussi vite que possible, dit Valerie. Nous ne voulions pas que tu apprennes la nouvelle en écoutant les infos.*
–*Qu’est-ce que cet article raconte*? demanda Lara, sans oser imaginer le contenu.*
–*Pour commencer, notre mariage n’est plus un secret. Ils savent tout sur toi et, d’après ce torchon, tu ne m’accorderas le divorce que si je te fais un enfant, maugréa Graeme, son accent écossais accentué par la colère. En gros, ça dit que je retrouverai ma liberté dès que j’aurai réussi à mettre enceinte une épouse que je connais à peine.*
–*C’est impossible*! s’écria-t–elle d’une voix étranglée. Comment ils ont pu… Nous n’avons jamais…*
–*C’est Tony qui a tout orchestré. Je reconnais bien là ses méthodes.*
–*Mais quel est l’intérêt de raconter une histoire montée de toutes pièces*? Pourquoi ferait-il ça*? Tu es son meilleur client, non*?*
–*Je crains que ce ne soit sa façon à lui de «*limiter les dégâts*». Il veut rassurer mes fans, en leur laissant croire que je serai très vite de retour «*sur le marché*», comme il dit, et il doit penser que cette histoire invraisemblable va faire remonter ma cote.*
–*Limiter les dégâts*? C’est la publicité la plus nuisible qu’on puisse imaginer*! Et un mensonge éhonté, avec ça*! Comment des journalistes osent-ils publier des informations dont ils n’ont même pas vérifié la source*? Et ce Tony*? Comment a-t–il pu…*
Lara ne trouvait même plus ses mots.*
Graeme froissa le journal dans son poing.*
–*Tony adore défrayer la chronique. Il a bâti sa carrière et sa renommée de manager là-dessus. Il croit dur comme fer qu’il n’y a pas de mauvaise publicité, et rien ne le rend plus heureux que de voir la presse se déchaîner autour d’un de ses clients. Il croit certainement me rendre service en faisant croire à mes fans que je serai célibataire dès que j’aurai accompli ma mission d’étalon.*
–*Mais où est-il allé chercher tout ça*? La serveuse au restaurant, avant-hier… J’en suis sûre*! Elle a dû répéter à quelqu’un ce qu’elle avait entendu de notre conversation, et, d’une façon ou d’une autre, Tony en a eu vent.*
–*Oui, c’est bien le genre de rumeur qui se répand à vitesse grand V et, bien sûr, tout finit toujours par arriver à ses oreilles. Il faut que je lui parle.*
Il sortit son portable et composa rageusement un numéro. Il raccrocha un instant plus tard avec un grognement de frustration.*
–*Il ne répond pas, ce fumier*!*
–*Ecoutez… Les paparazzi sont sans doute déjà à vos trousses, intervint alors Christopher. Je suggère que Lara rentre avec nous aux Etats-Unis avant que la situation ne dégénère. Elle pourra rester chez moi quelques jours, bien à l’abri, le temps de laisser retomber la poussière.*
–*Non*!*
Ils avaient répondu tous les deux en même temps, Graeme d’un ton encore plus véhément qu’elle.*
Il se leva, plus imposant que jamais, et regarda Christopher dans les yeux.*
–*Je sais que vous parlez en ami et j’apprécie votre prévenance, mais je prendrai soin de Lara moi-même, déclara-t–il d’une voix ferme. Elle reste avec moi.*
Christopher leva les deux mains en un geste de paix.*
–*Bien sûr. Parfait. C’était juste une idée…*
Margaret s’approcha alors de la table.*
–*Est-ce que vos amis vont se joindre à vous pour le dîner*?*
–*Non, merci beaucoup, lui répondit Valerie. Nous sommes très fatigués à cause du décalage horaire, n’est-ce pas, Christopher*? Nous allons prendre une chambre chacun.*
–*Je suis navrée, mademoiselle, mais nous sommes complets. Je n’ai plus aucune chambre de libre pour ce soir.*
–*Oh, non, c’est le comble*! se lamenta Valerie. Voilà ce qu’on gagne à vouloir se conduire en amie. On se retrouve perdue, au fin fond de l’Ecosse, sans même un lit pour se reposer. Il est où, Braveheart, quand on a besoin de lui*?*
–*Ce n’est encore qu’une suggestion, mais je crois que vous devriez jeter un œil aux infos, fit Christopher, en montrant la télévision au-dessus du bar.*
Un gros plan de Graeme occupait l’écran, tandis qu’une voix off récitait une version résumée de l’article qu’ils venaient de lire.*
–*Bordel de m…*! s’écria ce dernier. Je vais virer mon agent. Ou, encore mieux, le tuer*!*
–*Je préfère vous prévenir que mon fils Robbie a déjà raconté à ses amis que vous passiez quelques jours chez nous, dit Margaret d’un ton embarrassé. On ne peut pas savoir qui d’autre est au courant pour l’instant, mais il y a fort à parier que les journalistes vont débarquer ici avant la tombée de la nuit.*
–*Merci de nous avoir prévenus, Margaret, dit Graeme en prenant la main de Lara. Toi et moi, nous allons partir tout de suite. Avec un peu de chance, nous arriverons à Londres vers minuit et, de là-bas, nous prendrons un jet privé pour regagner Chicago.*
Lara hocha la tête, abasourdie par la tournure que prenaient les événements

nassamate 11-12-10 03:00 PM

*
Margaret se tourna en gesticulant à l’intention de son fils qui quitta le bar à la hâte pour apporter deux photographies de Kip Corrigan. L’impression était de piètre qualité, mais Lara reconnut aussitôt les images promotionnelles mises en ligne par les producteurs de Galaxy’s End.*
–*J’ai su qui vous étiez dès que je vous ai vu, expliqua le jeune homme, en lui tendant un stylo-feutre. J’espère que vous voudrez bien les signer, je viens de les imprimer…*
–*Vous avez bien fait, répondit Graeme, en paraphant les photographies.*
Il les rendit au jeune homme qui retourna vers le bar après l’avoir remercié profusément, les feuilles plaquées contre sa poitrine, comme s’il s’agissait d’un trésor.*
–*Alors c’est donc ça, la vie de star, fit Lara, songeuse. Tu as l’air parfaitement habitué, je dois dire.*
Il haussa les épaules avant de goûter à son saumon.*
–*En l’occurrence, j’ai tenu à rester poli. Mais je dois t’avouer que ce n’est pas toujours le cas.*
–*Ah, bon*? Et qu’est-ce que tu fais al…*
L’arrivée de Margaret l’empêcha de finir sa phrase. Graeme se raidit sans pouvoir dissimuler son agacement, cette fois.*
–*Navrée d’interrompre encore une fois votre dîner, s’excusa leur hôtesse. Mais il y a une jeune femme à la réception qui demande à vous parler.*
–*A moi*? Vous êtes sûre*? demanda Graeme, visiblement surpris.*
–*A vrai dire, elle demande à voir votre femme…*
–*Moi*? s’étonna plus encore Lara.*
Impossible*! Personne ne savait qu’elle se trouvait en Ecosse. Personne, sauf…*
–*Valerie*!*
Elle se tourna vers la porte.*
Son amie se tenait à l’entrée du pub, le visage tendu par l’anxiété. Elle portait des vêtements froissés et sa coiffure, d’habitude parfaite, partait dans tous les sens.*
Lara se leva d’un bond pour l’accueillir, le cœur serré.*
–*Valerie*! Qu’est-ce que tu fais là*? Tu vas bien*? Qu’est-ce qui se passe*?*
–*Oh, Lara, heureusement que tu es là*! s’exclama Valerie d’un ton dramatique, en arrivant à leur table. Christopher est venu avec moi, il gare la voiture.*
Lara eut l’impression que la foudre lui tombait sur la tête.*
–*Christopher est ici*? En Ecosse*?*
–*Je sais, je sais*! dit Valerie, balayant ses reproches d’un geste. Je n’ai pas réussi à le dissuader de venir avec moi, mais je voulais au moins te prévenir pour que tu ne le voies pas arriver à l’improviste. Je…*
Elle s’interrompit, interdite, pour regarder Graeme qui venait de se lever. En dépit de la situation, Lara ne put s’empêcher de sourire devant l’expression ébahie de son amie. Elle la tira par le coude pour l’obliger à s’asseoir, en espérant que personne n’avait remarqué son entrée fracassante.*
–*Pourquoi tu ne m’as pas appelée*? lui demanda-t–elle.*
–*Quand tu allumeras ton téléphone, tu verras que je t’ai appelée un million de fois, répondit Valerie, qui n’avait d’yeux que pour Graeme.*
–*Val, je te présente Graeme Hamilton…*
–*Enchantée, gloussa Valerie en tendant la main. Je suis ravie de vous rencontrer, après tout ce temps*! J’ai tellement entendu parler de vous*! Lara m’a tout raconté, bien sûr, et je dois dire que…*
Lara lui octroya un coup de coude bien senti pour la faire taire.*
–*Valerie était ma camarade de chambre à la fac, expliqua-t–elle. C’est ma meilleure amie.*
–*Je vois, dit Graeme, un peu déstabilisé.*
–*Comment savais-tu que nous étions ici*?*
–*Facile, tu as dû me parler de cet endroit un milliard de fois. Car, même si votre petite escapade d’il y a cinq ans n’a duré que deux jours, Lara en garde un chaud souvenir, dit-elle à l’intention de Graeme.*
–*Valerie*! s’écria Lara, mortifiée.*
Graeme suivait l’échange d’un air amusé, mais, lorsque leurs regards se croisèrent, il posa une main complice sur son genou, sous la table. Elle se sentit fondre.*
–*Oh*! Oh*! voilà Christopher… annonça Valerie en se relevant précipitamment pour attirer l’attention du nouveau venu.*
***
Lara le regarda traverser la pièce en quelques foulées. Il avait les vêtements froissés de quelqu’un qui vient de passer huit heures dans un avion, et, en arrivant à leur table, il repoussa les lunettes sur son nez, un geste qu’elle connaissait bien. Son regard glissa sur elle pour se poser sur Graeme, comme s’il prenait la mesure de son adversaire.*
–*Bonsoir, Lara, dit-il.*
–*Christopher, je… je ne m’attendais pas à te voir ici. Je ne sais pas quoi dire.*
C’était la situation la plus embarrassante qu’elle ait jamais eu à traverser et, plus que tout, elle éprouvait une terrible culpabilité en pensant aux mensonges qu’elle lui avait racontés au cours de la dernière semaine. Elle était sans doute tombée très bas dans son estime, songea-t–elle, en se forçant à affronter son regard.*
Mais, à sa grande surprise, il lui offrit un sourire plein de gentillesse.*
–*Ne t’en fais pas, Lara. Val m’a tout expliqué et, étant donné les circonstances exceptionnelles, je veux te dire que je comprends parfaitement.*
–*Mais pourquoi êtes-vous venus, alors*? leur demanda-t–elle, les regardant tour à tour.*
Christophe tira un journal de la poche de sa veste et le posa sur la table.*
–*Ceci n’est qu’un échantillon de ce que ra******* les tabloïds aux Etats-Unis. Certaines télévisions en parlaient aussi avant notre départ.*
A la une du quotidien, en gros titre sur cinq colonnes, on pouvait lire*: «*Graeme Hamilton, un étalon à la recherche de sa liberté*».*
Quoi*?*
Avec un juron outré, Graeme se saisit du journal et commença à parcourir l’article. Son expression s’assombrissait au fur et à mesure qu’il lisait.*
–*Lara, ma chérie, nous sommes venus aussi vite que possible, dit Valerie. Nous ne voulions pas que tu apprennes la nouvelle en écoutant les infos.*
–*Qu’est-ce que cet article raconte*? demanda Lara, sans oser imaginer le contenu.*
–*Pour commencer, notre mariage n’est plus un secret. Ils savent tout sur toi et, d’après ce torchon, tu ne m’accorderas le divorce que si je te fais un enfant, maugréa Graeme, son accent écossais accentué par la colère. En gros, ça dit que je retrouverai ma liberté dès que j’aurai réussi à mettre enceinte une épouse que je connais à peine.*
–*C’est impossible*! s’écria-t–elle d’une voix étranglée. Comment ils ont pu… Nous n’avons jamais…*
–*C’est Tony qui a tout orchestré. Je reconnais bien là ses méthodes.*
–*Mais quel est l’intérêt de raconter une histoire montée de toutes pièces*? Pourquoi ferait-il ça*? Tu es son meilleur client, non*?*
–*Je crains que ce ne soit sa façon à lui de «*limiter les dégâts*». Il veut rassurer mes fans, en leur laissant croire que je serai très vite de retour «*sur le marché*», comme il dit, et il doit penser que cette histoire invraisemblable va faire remonter ma cote.*
–*Limiter les dégâts*? C’est la publicité la plus nuisible qu’on puisse imaginer*! Et un mensonge éhonté, avec ça*! Comment des journalistes osent-ils publier des informations dont ils n’ont même pas vérifié la source*? Et ce Tony*? Comment a-t–il pu…*
Lara ne trouvait même plus ses mots.*
Graeme froissa le journal dans son poing.*
–*Tony adore défrayer la chronique. Il a bâti sa carrière et sa renommée de manager là-dessus. Il croit dur comme fer qu’il n’y a pas de mauvaise publicité, et rien ne le rend plus heureux que de voir la presse se déchaîner autour d’un de ses clients. Il croit certainement me rendre service en faisant croire à mes fans que je serai célibataire dès que j’aurai accompli ma mission d’étalon.*
–*Mais où est-il allé chercher tout ça*? La serveuse au restaurant, avant-hier… J’en suis sûre*! Elle a dû répéter à quelqu’un ce qu’elle avait entendu de notre conversation, et, d’une façon ou d’une autre, Tony en a eu vent.*
–*Oui, c’est bien le genre de rumeur qui se répand à vitesse grand V et, bien sûr, tout finit toujours par arriver à ses oreilles. Il faut que je lui parle.*
Il sortit son portable et composa rageusement un numéro. Il raccrocha un instant plus tard avec un grognement de frustration.*
–*Il ne répond pas, ce fumier*!*
–*Ecoutez… Les paparazzi sont sans doute déjà à vos trousses, intervint alors Christopher. Je suggère que Lara rentre avec nous aux Etats-Unis avant que la situation ne dégénère. Elle pourra rester chez moi quelques jours, bien à l’abri, le temps de laisser retomber la poussière.*
–*Non*!*
Ils avaient répondu tous les deux en même temps, Graeme d’un ton encore plus véhément qu’elle.*
Il se leva, plus imposant que jamais, et regarda Christopher dans les yeux.*
–*Je sais que vous parlez en ami et j’apprécie votre prévenance, mais je prendrai soin de Lara moi-même, déclara-t–il d’une voix ferme. Elle reste avec moi.*
Christopher leva les deux mains en un geste de paix.*
–*Bien sûr. Parfait. C’était juste une idée…*
Margaret s’approcha alors de la table.*
–*Est-ce que vos amis vont se joindre à vous pour le dîner*?*
–*Non, merci beaucoup, lui répondit Valerie. Nous sommes très fatigués à cause du décalage horaire, n’est-ce pas, Christopher*? Nous allons prendre une chambre chacun.*
–*Je suis navrée, mademoiselle, mais nous sommes complets. Je n’ai plus aucune chambre de libre pour ce soir.*
–*Oh, non, c’est le comble*! se lamenta Valerie. Voilà ce qu’on gagne à vouloir se conduire en amie. On se retrouve perdue, au fin fond de l’Ecosse, sans même un lit pour se reposer. Il est où, Braveheart, quand on a besoin de lui*?*
–*Ce n’est encore qu’une suggestion, mais je crois que vous devriez jeter un œil aux infos, fit Christopher, en montrant la télévision au-dessus du bar.*
Un gros plan de Graeme occupait l’écran, tandis qu’une voix off récitait une version résumée de l’article qu’ils venaient de lire.*
–*Bordel de m…*! s’écria ce dernier. Je vais virer mon agent. Ou, encore mieux, le tuer*!*
–*Je préfère vous prévenir que mon fils Robbie a déjà raconté à ses amis que vous passiez quelques jours chez nous, dit Margaret d’un ton embarrassé. On ne peut pas savoir qui d’autre est au courant pour l’instant, mais il y a fort à parier que les journalistes vont débarquer ici avant la tombée de la nuit.*
–*Merci de nous avoir prévenus, Margaret, dit Graeme en prenant la main de Lara. Toi et moi, nous allons partir tout de suite. Avec un peu de chance, nous arriverons à Londres vers minuit et, de là-bas, nous prendrons un jet privé pour regagner Chicago.*
Lara hocha la tête, abasourdie par la tournure que prenaient les événements.*
–*J’ai une meilleure idée, intervint Margaret. L’hôtel de mon frère est à vingt kilomètres d’ici seulement. Vous pouvez passer la nuit chez lui. Il ne dira rien à personne, je vous le garantis. Et ainsi, vos amis pourront prendre votre chambre et se reposer.*
–*Oh*! merci, mais… commença Christopher, avant que Valerie ne l’interrompe.*
–*Parfait*! déclara cette dernière. Nous restons ici ce soir. C’est une très bonne idée. Comme ça, si les paparazzi arrivent, ils feront le guet en attendant que vous quittiez l’hôtel et, lorsqu’ils découvriront notre supercherie, vous serez déjà de retour à la maison.*
–*Entendu, fit Margaret. Je vais faire changer les draps. Monsieur*Hamilton, si vous voulez, je fais avancer votre voiture devant la porte de service, à l’arrière du bâtiment. Ça vous permettra de quitter l’hôtel en toute discrétion.*
–*Merci beaucoup, vous êtes formidable, répondit Graeme. Les clés sont sur la table de chevet.*
Lara avait l’impression d’avoir perdu subitement le contrôle de sa vie.*
–*Franchement, dit-elle, tout ceci me semble trop rocambolesque. Vous êtes sûrs que c’est une bonne idée*?*
–*Au vu des circonstances, c’est une idée excellente, la rassura Graeme. Allons faire nos bagages… Autant partir au plus vite.*
–*Lara, ma chérie, ça te dérange si je finis ton dîner*? demanda Valerie, en regardant les assiettes d’un œil gourmand. Je n’ai rien mangé de la journée et j’ai une faim de loup.*
–*Je t’en prie, c’est tout à toi…*
Elle posa timidement la main sur l’épaule de Christopher.*
–*Je suis vraiment désolée. J’espère que tu pourras me pardonner…*
Margaret se tourna en gesticulant à l’intention de son fils qui quitta le bar à la hâte pour apporter deux photographies de Kip Corrigan. L’impression était de piètre qualité, mais Lara reconnut aussitôt les images promotionnelles mises en ligne par les producteurs de Galaxy’s End.*
–*J’ai su qui vous étiez dès que je vous ai vu, expliqua le jeune homme, en lui tendant un stylo-feutre. J’espère que vous voudrez bien les signer, je viens de les imprimer…*
–*Vous avez bien fait, répondit Graeme, en paraphant les photographies.*
Il les rendit au jeune homme qui retourna vers le bar après l’avoir remercié profusément, les feuilles plaquées contre sa poitrine, comme s’il s’agissait d’un trésor.*
–*Alors c’est donc ça, la vie de star, fit Lara, songeuse. Tu as l’air parfaitement habitué, je dois dire.*
Il haussa les épaules avant de goûter à son saumon.*
–*En l’occurrence, j’ai tenu à rester poli. Mais je dois t’avouer que ce n’est pas toujours le cas.*
–*Ah, bon*? Et qu’est-ce que tu fais al…*
L’arrivée de Margaret l’empêcha de finir sa phrase. Graeme se raidit sans pouvoir dissimuler son agacement, cette fois.*
–*Navrée d’interrompre encore une fois votre dîner, s’excusa leur hôtesse. Mais il y a une jeune femme à la réception qui demande à vous parler.*
–*A moi*? Vous êtes sûre*? demanda Graeme, visiblement surpris.*
–*A vrai dire, elle demande à voir votre femme…*
–*Moi*? s’étonna plus encore Lara.*
Impossible*! Personne ne savait qu’elle se trouvait en Ecosse. Personne, sauf…*
–*Valerie*!*
Elle se tourna vers la porte.*
Son amie se tenait à l’entrée du pub, le visage tendu par l’anxiété. Elle portait des vêtements froissés et sa coiffure, d’habitude parfaite, partait dans tous les sens.*
Lara se leva d’un bond pour l’accueillir, le cœur serré.*
–*Valerie*! Qu’est-ce que tu fais là*? Tu vas bien*? Qu’est-ce qui se passe*?*
–*Oh, Lara, heureusement que tu es là*! s’exclama Valerie d’un ton dramatique, en arrivant à leur table. Christopher est venu avec moi, il gare la voiture.*
Lara eut l’impression que la foudre lui tombait sur la tête.*
–*Christopher est ici*? En Ecosse*?*
–*Je sais, je sais*! dit Valerie, balayant ses reproches d’un geste. Je n’ai pas réussi à le dissuader de venir avec moi, mais je voulais au moins te prévenir pour que tu ne le voies pas arriver à l’improviste. Je…*
Elle s’interrompit, interdite, pour regarder Graeme qui venait de se lever. En dépit de la situation, Lara ne put s’empêcher de sourire devant l’expression ébahie de son amie. Elle la tira par le coude pour l’obliger à s’asseoir, en espérant que personne n’avait remarqué son entrée fracassante.*
–*Pourquoi tu ne m’as pas appelée*? lui demanda-t–elle.*
–*Quand tu allumeras ton téléphone, tu verras que je t’ai appelée un million de fois, répondit Valerie, qui n’avait d’yeux que pour Graeme.*
–*Val, je te présente Graeme Hamilton…*
–*Enchantée, gloussa Valerie en tendant la main. Je suis ravie de vous rencontrer, après tout ce temps*! J’ai tellement entendu parler de vous*! Lara m’a tout raconté, bien sûr, et je dois dire que…*
Lara lui octroya un coup de coude bien senti pour la faire taire.*
–*Valerie était ma camarade de chambre à la fac, expliqua-t–elle. C’est ma meilleure amie.*
–*Je vois, dit Graeme, un peu déstabilisé.*
–*Comment savais-tu que nous étions ici*?*
–*Facile, tu as dû me parler de cet endroit un milliard de fois. Car, même si votre petite escapade d’il y a cinq ans n’a duré que deux jours, Lara en garde un chaud souvenir, dit-elle à l’intention de Graeme.*
–*Valerie*! s’écria Lara, mortifiée.*
Graeme suivait l’échange d’un air amusé, mais, lorsque leurs regards se croisèrent, il posa une main complice sur son genou, sous la table. Elle se sentit fondre.*
–*Oh*! Oh*! voilà Christopher… annonça Valerie en se relevant précipitamment pour attirer l’attention du nouveau venu.*
***
Lara le regarda traverser la pièce en quelques foulées. Il avait les vêtements froissés de quelqu’un qui vient de passer huit heures dans un avion, et, en arrivant à leur table, il repoussa les lunettes sur son nez, un geste qu’elle connaissait bien. Son regard glissa sur elle pour se poser sur Graeme, comme s’il prenait la mesure de son adversaire.*
–*Bonsoir, Lara, dit-il.*
–*Christopher, je… je ne m’attendais pas à te voir ici. Je ne sais pas quoi dire.*
C’était la situation la plus embarrassante qu’elle ait jamais eu à traverser et, plus que tout, elle éprouvait une terrible culpabilité en pensant aux mensonges qu’elle lui avait racontés au cours de la dernière semaine. Elle était sans doute tombée très bas dans son estime, songea-t–elle, en se forçant à affronter son regard.*
Mais, à sa grande surprise, il lui offrit un sourire plein de gentillesse.*
–*Ne t’en fais pas, Lara. Val m’a tout expliqué et, étant donné les circonstances exceptionnelles, je veux te dire que je comprends parfaitement.*
–*Mais pourquoi êtes-vous venus, alors*? leur demanda-t–elle, les regardant tour à tour.*
Christophe tira un journal de la poche de sa veste et le posa sur la table.*
–*Ceci n’est qu’un échantillon de ce que ra******* les tabloïds aux Etats-Unis. Certaines télévisions en parlaient aussi avant notre départ.*
A la une du quotidien, en gros titre sur cinq colonnes, on pouvait lire*: «*Graeme Hamilton, un étalon à la recherche de sa liberté*».*
Quoi*?*
Avec un juron outré, Graeme se saisit du journal et commença à parcourir l’article. Son expression s’assombrissait au fur et à mesure qu’il lisait.*
–*Lara, ma chérie, nous sommes venus aussi vite que possible, dit Valerie. Nous ne voulions pas que tu apprennes la nouvelle en écoutant les infos.*
–*Qu’est-ce que cet article raconte*? demanda Lara, sans oser imaginer le contenu.*
–*Pour commencer, notre mariage n’est plus un secret. Ils savent tout sur toi et, d’après ce torchon, tu ne m’accorderas le divorce que si je te fais un enfant, maugréa Graeme, son accent écossais accentué par la colère. En gros, ça dit que je retrouverai ma liberté dès que j’aurai réussi à mettre enceinte une épouse que je connais à peine.*
–*C’est impossible*! s’écria-t–elle d’une voix étranglée. Comment ils ont pu… Nous n’avons jamais…*
–*C’est Tony qui a tout orchestré. Je reconnais bien là ses méthodes.*
–*Mais quel est l’intérêt de raconter une histoire montée de toutes pièces*? Pourquoi ferait-il ça*? Tu es son meilleur client, non*?*
–*Je crains que ce ne soit sa façon à lui de «*limiter les dégâts*». Il veut rassurer mes fans, en leur laissant croire que je serai très vite de retour «*sur le marché*», comme il dit, et il doit penser que cette histoire invraisemblable va faire remonter ma cote.*
–*Limiter les dégâts*? C’est la publicité la plus nuisible qu’on puisse imaginer*! Et un mensonge éhonté, avec ça*! Comment des journalistes osent-ils publier des informations dont ils n’ont même pas vérifié la source*? Et ce Tony*? Comment a-t–il pu…*
Lara ne trouvait même plus ses mots.*
Graeme froissa le journal dans son poing.*
–*Tony adore défrayer la chronique. Il a bâti sa carrière et sa renommée de manager là-dessus. Il croit dur comme fer qu’il n’y a pas de mauvaise publicité, et rien ne le rend plus heureux que de voir la presse se déchaîner autour d’un de ses clients. Il croit certainement me rendre service en faisant croire à mes fans que je serai célibataire dès que j’aurai accompli ma mission d’étalon.*
–*Mais où est-il allé chercher tout ça*? La serveuse au restaurant, avant-hier… J’en suis sûre*! Elle a dû répéter à quelqu’un ce qu’elle avait entendu de notre conversation, et, d’une façon ou d’une autre, Tony en a eu vent.*
–*Oui, c’est bien le genre de rumeur qui se répand à vitesse grand V et, bien sûr, tout finit toujours par arriver à ses oreilles. Il faut que je lui parle.*
Il sortit son portable et composa rageusement un numéro. Il raccrocha un instant plus tard avec un grognement de frustration.*
–*Il ne répond pas, ce fumier*!*
–*Ecoutez… Les paparazzi sont sans doute déjà à vos trousses, intervint alors Christopher. Je suggère que Lara rentre avec nous aux Etats-Unis avant que la situation ne dégénère. Elle pourra rester chez moi quelques jours, bien à l’abri, le temps de laisser retomber la poussière.*
–*Non*!*
Ils avaient répondu tous les deux en même temps, Graeme d’un ton encore plus véhément qu’elle.*
Il se leva, plus imposant que jamais, et regarda Christopher dans les yeux.*
–*Je sais que vous parlez en ami et j’apprécie votre prévenance, mais je prendrai soin de Lara moi-même, déclara-t–il d’une voix ferme. Elle reste avec moi.*
Christopher leva les deux mains en un geste de paix.*
–*Bien sûr. Parfait. C’était juste une idée…*
Margaret s’approcha alors de la table.*
–*Est-ce que vos amis vont se joindre à vous pour le dîner*?*
–*Non, merci beaucoup, lui répondit Valerie. Nous sommes très fatigués à cause du décalage horaire, n’est-ce pas, Christopher*? Nous allons prendre une chambre chacun.*
–*Je suis navrée, mademoiselle, mais nous sommes complets. Je n’ai plus aucune chambre de libre pour ce soir.*
–*Oh, non, c’est le comble*! se lamenta Valerie. Voilà ce qu’on gagne à vouloir se conduire en amie. On se retrouve perdue, au fin fond de l’Ecosse, sans même un lit pour se reposer. Il est où, Braveheart, quand on a besoin de lui*?*
–*Ce n’est encore qu’une suggestion, mais je crois que vous devriez jeter un œil aux infos, fit Christopher, en montrant la télévision au-dessus du bar.*
Un gros plan de Graeme occupait l’écran, tandis qu’une voix off récitait une version résumée de l’article qu’ils venaient de lire.*
–*Bordel de m…*! s’écria ce dernier. Je vais virer mon agent. Ou, encore mieux, le tuer*!*
–*Je préfère vous prévenir que mon fils Robbie a déjà raconté à ses amis que vous passiez quelques jours chez nous, dit Margaret d’un ton embarrassé. On ne peut pas savoir qui d’autre est au courant pour l’instant, mais il y a fort à parier que les journalistes vont débarquer ici avant la tombée de la nuit.*
–*Merci de nous avoir prévenus, Margaret, dit Graeme en prenant la main de Lara. Toi et moi, nous allons partir tout de suite. Avec un peu de chance, nous arriverons à Londres vers minuit et, de là-bas, nous prendrons un jet privé pour regagner Chicago.*
Lara hocha la tête, abasourdie par la tournure que prenaient les événements.*
–*J’ai une meilleure idée, intervint Margaret. L’hôtel de mon frère est à vingt kilomètres d’ici seulement. Vous pouvez passer la nuit chez lui. Il ne dira rien à personne, je vous le garantis. Et ainsi, vos amis pourront prendre votre chambre et se reposer.*
–*Oh*! merci, mais… commença Christopher, avant que Valerie ne l’interrompe.*
–*Parfait*! déclara cette dernière. Nous restons ici ce soir. C’est une très bonne idée. Comme ça, si les paparazzi arrivent, ils feront le guet en attendant que vous quittiez l’hôtel et, lorsqu’ils découvriront notre supercherie, vous serez déjà de retour à la maison.*
–*Entendu, fit Margaret. Je vais faire changer les draps. Monsieur*Hamilton, si vous voulez, je fais avancer votre voiture devant la porte de service, à l’arrière du bâtiment. Ça vous permettra de quitter l’hôtel en toute discrétion.*
–*Merci beaucoup, vous êtes formidable, répondit Graeme. Les clés sont sur la table de chevet.*
Lara avait l’impression d’avoir perdu subitement le contrôle de sa vie.*
–*Franchement, dit-elle, tout ceci me semble trop rocambolesque. Vous êtes sûrs que c’est une bonne idée*?*
–*Au vu des circonstances, c’est une idée excellente, la rassura Graeme. Allons faire nos bagages… Autant partir au plus vite.*
–*Lara, ma chérie, ça te dérange si je finis ton dîner*? demanda Valerie, en regardant les assiettes d’un œil gourmand. Je n’ai rien mangé de la journée et j’ai une faim de loup.*
–*Je t’en prie, c’est tout à toi…*
Elle posa timidement la main sur l’épaule de Christopher.*
–*Je suis vraiment désolée. J’espère que tu pourras me pardonner…*
–*N’y pense plus, je prends les choses comme elles viennent. Allez-y maintenant, ne perdez plus de temps.*
Elle lui adressa un sourire reconnaissant avant d’embrasser Valerie avec chaleur.*
–*Je ne sais pas comment te remercier, lui murmura-t–elle à son oreille.*
–*Mais c’est moi qui te remercie, répondit Valerie. Je ne m’étais pas autant amusée depuis des siècles*!*
Graeme quittait déjà la salle de restaurant et Lara lui emboîta le pas.*
Dans leur chambre, une jeune fille était en train de refaire le lit, tandis qu’une autre s’affairait dans la salle de bains avec une efficacité redoutable.*
Elle commença à remplir sa valise tandis que Graeme fourrait ses affaires dans son sac de voyage.*
–*Je suis désolé de te faire vivre tout ça, lui dit-il lorsque les deux jeunes filles les laissèrent seuls. Je n’aurais jamais cru que Tony oserait aller si loin. Mais regardons les choses du bon côté*: dans un mois, les journalistes auront trouvé un autre scoop et cette histoire passera aux oubliettes.*
–*Mais toi*? Tu vas tout oublier, aussi*? Tu vas m’oublier*?*
Il prit son visage entre ses mains.*
–*Non. Je n’oublierai rien, et surtout pas toi. Si tu veux bien me donner une autre chance, je suis prêt à te prouver que ma vie ne consiste pas seulement à signer des autographes, donner des interviews et semer les paparazzi.*
–*Qu’est-ce que je dois comprendre, Graeme*?*
Il prit une longue inspiration, l’air si désemparé qu’elle comprit à quel point il lui était difficile de s’ouvrir à elle et de se risquer à un refus.*

nassamate 11-12-10 03:02 PM

*
Margaret se tourna en gesticulant à l’intention de son fils qui quitta le bar à la hâte pour apporter deux photographies de Kip Corrigan. L’impression était de piètre qualité, mais Lara reconnut aussitôt les images promotionnelles mises en ligne par les producteurs de Galaxy’s End.*
–*J’ai su qui vous étiez dès que je vous ai vu, expliqua le jeune homme, en lui tendant un stylo-feutre. J’espère que vous voudrez bien les signer, je viens de les imprimer…*
–*Vous avez bien fait, répondit Graeme, en paraphant les photographies.*
Il les rendit au jeune homme qui retourna vers le bar après l’avoir remercié profusément, les feuilles plaquées contre sa poitrine, comme s’il s’agissait d’un trésor.*
–*Alors c’est donc ça, la vie de star, fit Lara, songeuse. Tu as l’air parfaitement habitué, je dois dire.*
Il haussa les épaules avant de goûter à son saumon.*
–*En l’occurrence, j’ai tenu à rester poli. Mais je dois t’avouer que ce n’est pas toujours le cas.*
–*Ah, bon*? Et qu’est-ce que tu fais al…*
L’arrivée de Margaret l’empêcha de finir sa phrase. Graeme se raidit sans pouvoir dissimuler son agacement, cette fois.*
–*Navrée d’interrompre encore une fois votre dîner, s’excusa leur hôtesse. Mais il y a une jeune femme à la réception qui demande à vous parler.*
–*A moi*? Vous êtes sûre*? demanda Graeme, visiblement surpris.*
–*A vrai dire, elle demande à voir votre femme…*
–*Moi*? s’étonna plus encore Lara.*
Impossible*! Personne ne savait qu’elle se trouvait en Ecosse. Personne, sauf…*
–*Valerie*!*
Elle se tourna vers la porte.*
Son amie se tenait à l’entrée du pub, le visage tendu par l’anxiété. Elle portait des vêtements froissés et sa coiffure, d’habitude parfaite, partait dans tous les sens.*
Lara se leva d’un bond pour l’accueillir, le cœur serré.*
–*Valerie*! Qu’est-ce que tu fais là*? Tu vas bien*? Qu’est-ce qui se passe*?*
–*Oh, Lara, heureusement que tu es là*! s’exclama Valerie d’un ton dramatique, en arrivant à leur table. Christopher est venu avec moi, il gare la voiture.*
Lara eut l’impression que la foudre lui tombait sur la tête.*
–*Christopher est ici*? En Ecosse*?*
–*Je sais, je sais*! dit Valerie, balayant ses reproches d’un geste. Je n’ai pas réussi à le dissuader de venir avec moi, mais je voulais au moins te prévenir pour que tu ne le voies pas arriver à l’improviste. Je…*
Elle s’interrompit, interdite, pour regarder Graeme qui venait de se lever. En dépit de la situation, Lara ne put s’empêcher de sourire devant l’expression ébahie de son amie. Elle la tira par le coude pour l’obliger à s’asseoir, en espérant que personne n’avait remarqué son entrée fracassante.*
–*Pourquoi tu ne m’as pas appelée*? lui demanda-t–elle.*
–*Quand tu allumeras ton téléphone, tu verras que je t’ai appelée un million de fois, répondit Valerie, qui n’avait d’yeux que pour Graeme.*
–*Val, je te présente Graeme Hamilton…*
–*Enchantée, gloussa Valerie en tendant la main. Je suis ravie de vous rencontrer, après tout ce temps*! J’ai tellement entendu parler de vous*! Lara m’a tout raconté, bien sûr, et je dois dire que…*
Lara lui octroya un coup de coude bien senti pour la faire taire.*
–*Valerie était ma camarade de chambre à la fac, expliqua-t–elle. C’est ma meilleure amie.*
–*Je vois, dit Graeme, un peu déstabilisé.*
–*Comment savais-tu que nous étions ici*?*
–*Facile, tu as dû me parler de cet endroit un milliard de fois. Car, même si votre petite escapade d’il y a cinq ans n’a duré que deux jours, Lara en garde un chaud souvenir, dit-elle à l’intention de Graeme.*
–*Valerie*! s’écria Lara, mortifiée.*
Graeme suivait l’échange d’un air amusé, mais, lorsque leurs regards se croisèrent, il posa une main complice sur son genou, sous la table. Elle se sentit fondre.*
–*Oh*! Oh*! voilà Christopher… annonça Valerie en se relevant précipitamment pour attirer l’attention du nouveau venu.*
***
Lara le regarda traverser la pièce en quelques foulées. Il avait les vêtements froissés de quelqu’un qui vient de passer huit heures dans un avion, et, en arrivant à leur table, il repoussa les lunettes sur son nez, un geste qu’elle connaissait bien. Son regard glissa sur elle pour se poser sur Graeme, comme s’il prenait la mesure de son adversaire.*
–*Bonsoir, Lara, dit-il.*
–*Christopher, je… je ne m’attendais pas à te voir ici. Je ne sais pas quoi dire.*
C’était la situation la plus embarrassante qu’elle ait jamais eu à traverser et, plus que tout, elle éprouvait une terrible culpabilité en pensant aux mensonges qu’elle lui avait racontés au cours de la dernière semaine. Elle était sans doute tombée très bas dans son estime, songea-t–elle, en se forçant à affronter son regard.*
Mais, à sa grande surprise, il lui offrit un sourire plein de gentillesse.*
–*Ne t’en fais pas, Lara. Val m’a tout expliqué et, étant donné les circonstances exceptionnelles, je veux te dire que je comprends parfaitement.*
–*Mais pourquoi êtes-vous venus, alors*? leur demanda-t–elle, les regardant tour à tour.*
Christophe tira un journal de la poche de sa veste et le posa sur la table.*
–*Ceci n’est qu’un échantillon de ce que ra******* les tabloïds aux Etats-Unis. Certaines télévisions en parlaient aussi avant notre départ.*
A la une du quotidien, en gros titre sur cinq colonnes, on pouvait lire*: «*Graeme Hamilton, un étalon à la recherche de sa liberté*».*
Quoi*?*
Avec un juron outré, Graeme se saisit du journal et commença à parcourir l’article. Son expression s’assombrissait au fur et à mesure qu’il lisait.*
–*Lara, ma chérie, nous sommes venus aussi vite que possible, dit Valerie. Nous ne voulions pas que tu apprennes la nouvelle en écoutant les infos.*
–*Qu’est-ce que cet article raconte*? demanda Lara, sans oser imaginer le contenu.*
–*Pour commencer, notre mariage n’est plus un secret. Ils savent tout sur toi et, d’après ce torchon, tu ne m’accorderas le divorce que si je te fais un enfant, maugréa Graeme, son accent écossais accentué par la colère. En gros, ça dit que je retrouverai ma liberté dès que j’aurai réussi à mettre enceinte une épouse que je connais à peine.*
–*C’est impossible*! s’écria-t–elle d’une voix étranglée. Comment ils ont pu… Nous n’avons jamais…*
–*C’est Tony qui a tout orchestré. Je reconnais bien là ses méthodes.*
–*Mais quel est l’intérêt de raconter une histoire montée de toutes pièces*? Pourquoi ferait-il ça*? Tu es son meilleur client, non*?*
–*Je crains que ce ne soit sa façon à lui de «*limiter les dégâts*». Il veut rassurer mes fans, en leur laissant croire que je serai très vite de retour «*sur le marché*», comme il dit, et il doit penser que cette histoire invraisemblable va faire remonter ma cote.*
–*Limiter les dégâts*? C’est la publicité la plus nuisible qu’on puisse imaginer*! Et un mensonge éhonté, avec ça*! Comment des journalistes osent-ils publier des informations dont ils n’ont même pas vérifié la source*? Et ce Tony*? Comment a-t–il pu…*
Lara ne trouvait même plus ses mots.*
Graeme froissa le journal dans son poing.*
–*Tony adore défrayer la chronique. Il a bâti sa carrière et sa renommée de manager là-dessus. Il croit dur comme fer qu’il n’y a pas de mauvaise publicité, et rien ne le rend plus heureux que de voir la presse se déchaîner autour d’un de ses clients. Il croit certainement me rendre service en faisant croire à mes fans que je serai célibataire dès que j’aurai accompli ma mission d’étalon.*
–*Mais où est-il allé chercher tout ça*? La serveuse au restaurant, avant-hier… J’en suis sûre*! Elle a dû répéter à quelqu’un ce qu’elle avait entendu de notre conversation, et, d’une façon ou d’une autre, Tony en a eu vent.*
–*Oui, c’est bien le genre de rumeur qui se répand à vitesse grand V et, bien sûr, tout finit toujours par arriver à ses oreilles. Il faut que je lui parle.*
Il sortit son portable et composa rageusement un numéro. Il raccrocha un instant plus tard avec un grognement de frustration.*
–*Il ne répond pas, ce fumier*!*
–*Ecoutez… Les paparazzi sont sans doute déjà à vos trousses, intervint alors Christopher. Je suggère que Lara rentre avec nous aux Etats-Unis avant que la situation ne dégénère. Elle pourra rester chez moi quelques jours, bien à l’abri, le temps de laisser retomber la poussière.*
–*Non*!*
Ils avaient répondu tous les deux en même temps, Graeme d’un ton encore plus véhément qu’elle.*
Il se leva, plus imposant que jamais, et regarda Christopher dans les yeux.*
–*Je sais que vous parlez en ami et j’apprécie votre prévenance, mais je prendrai soin de Lara moi-même, déclara-t–il d’une voix ferme. Elle reste avec moi.*
Christopher leva les deux mains en un geste de paix.*
–*Bien sûr. Parfait. C’était juste une idée…*
Margaret s’approcha alors de la table.*
–*Est-ce que vos amis vont se joindre à vous pour le dîner*?*
–*Non, merci beaucoup, lui répondit Valerie. Nous sommes très fatigués à cause du décalage horaire, n’est-ce pas, Christopher*? Nous allons prendre une chambre chacun.*
–*Je suis navrée, mademoiselle, mais nous sommes complets. Je n’ai plus aucune chambre de libre pour ce soir.*
–*Oh, non, c’est le comble*! se lamenta Valerie. Voilà ce qu’on gagne à vouloir se conduire en amie. On se retrouve perdue, au fin fond de l’Ecosse, sans même un lit pour se reposer. Il est où, Braveheart, quand on a besoin de lui*?*
–*Ce n’est encore qu’une suggestion, mais je crois que vous devriez jeter un œil aux infos, fit Christopher, en montrant la télévision au-dessus du bar.*
Un gros plan de Graeme occupait l’écran, tandis qu’une voix off récitait une version résumée de l’article qu’ils venaient de lire.*
–*Bordel de m…*! s’écria ce dernier. Je vais virer mon agent. Ou, encore mieux, le tuer*!*
–*Je préfère vous prévenir que mon fils Robbie a déjà raconté à ses amis que vous passiez quelques jours chez nous, dit Margaret d’un ton embarrassé. On ne peut pas savoir qui d’autre est au courant pour l’instant, mais il y a fort à parier que les journalistes vont débarquer ici avant la tombée de la nuit.*
–*Merci de nous avoir prévenus, Margaret, dit Graeme en prenant la main de Lara. Toi et moi, nous allons partir tout de suite. Avec un peu de chance, nous arriverons à Londres vers minuit et, de là-bas, nous prendrons un jet privé pour regagner Chicago.*
Lara hocha la tête, abasourdie par la tournure que prenaient les événements.*
–*J’ai une meilleure idée, intervint Margaret. L’hôtel de mon frère est à vingt kilomètres d’ici seulement. Vous pouvez passer la nuit chez lui. Il ne dira rien à personne, je vous le garantis. Et ainsi, vos amis pourront prendre votre chambre et se reposer.*
–*Oh*! merci, mais… commença Christopher, avant que Valerie ne l’interrompe.*
–*Parfait*! déclara cette dernière. Nous restons ici ce soir. C’est une très bonne idée. Comme ça, si les paparazzi arrivent, ils feront le guet en attendant que vous quittiez l’hôtel et, lorsqu’ils découvriront notre supercherie, vous serez déjà de retour à la maison.*
–*Entendu, fit Margaret. Je vais faire changer les draps. Monsieur*Hamilton, si vous voulez, je fais avancer votre voiture devant la porte de service, à l’arrière du bâtiment. Ça vous permettra de quitter l’hôtel en toute discrétion.*
–*Merci beaucoup, vous êtes formidable, répondit Graeme. Les clés sont sur la table de chevet.*
Lara avait l’impression d’avoir perdu subitement le contrôle de sa vie.*
–*Franchement, dit-elle, tout ceci me semble trop rocambolesque. Vous êtes sûrs que c’est une bonne idée*?*
–*Au vu des circonstances, c’est une idée excellente, la rassura Graeme. Allons faire nos bagages… Autant partir au plus vite.*
–*Lara, ma chérie, ça te dérange si je finis ton dîner*? demanda Valerie, en regardant les assiettes d’un œil gourmand. Je n’ai rien mangé de la journée et j’ai une faim de loup.*
–*Je t’en prie, c’est tout à toi…*
Elle posa timidement la main sur l’épaule de Christopher.*
–*Je suis vraiment désolée. J’espère que tu pourras me pardonner…*
–*N’y pense plus, je prends les choses comme elles viennent. Allez-y maintenant, ne perdez plus de temps.*
Elle lui adressa un sourire reconnaissant avant d’embrasser Valerie avec chaleur.*
–*Je ne sais pas comment te remercier, lui murmura-t–elle à son oreille.*
–*Mais c’est moi qui te remercie, répondit Valerie. Je ne m’étais pas autant amusée depuis des siècles*!*
Graeme quittait déjà la salle de restaurant et Lara lui emboîta le pas.*
Dans leur chambre, une jeune fille était en train de refaire le lit, tandis qu’une autre s’affairait dans la salle de bains avec une efficacité redoutable.*
Elle commença à remplir sa valise tandis que Graeme fourrait ses affaires dans son sac de voyage.*
–*Je suis désolé de te faire vivre tout ça, lui dit-il lorsque les deux jeunes filles les laissèrent seuls. Je n’aurais jamais cru que Tony oserait aller si loin. Mais regardons les choses du bon côté*: dans un mois, les journalistes auront trouvé un autre scoop et cette histoire passera aux oubliettes.*
–*Mais toi*? Tu vas tout oublier, aussi*? Tu vas m’oublier*?*
Il prit son visage entre ses mains.*
–*Non. Je n’oublierai rien, et surtout pas toi. Si tu veux bien me donner une autre chance, je suis prêt à te prouver que ma vie ne consiste pas seulement à signer des autographes, donner des interviews et semer les paparazzi.*
–*Qu’est-ce que je dois comprendre, Graeme*?*
Il prit une longue inspiration, l’air si désemparé qu’elle comprit à quel point il lui était difficile de s’ouvrir à elle et de se risquer à un refus.*
–*Je voudrais que tu envisages la possibilité de m’accompagner en Nouvelle-Zélande, murmura-t–il, en pressant un doigt sur ses lèvres pour l’empêcher de parler. Avant de répondre, je veux que tu saches que je serai amené à tourner parfois dans des endroits éloignés, mais ça ne se produira pas tous les jours. J’aurai beaucoup de temps libre et je ne demande qu’à le passer avec toi. J’aurai un appartement privé et certains membres de l’équipe de tournage vont faire venir leur famille. Tu ne seras pas toute seule…*
–*Et que fait-on des papiers du divorce*?*
Il haussa les épaules.*
–*Prends-les avec toi, si tu y tiens.*
–*Pardon*?*
–*Si je n’arrive pas à te rendre heureuse, tu n’auras qu’à me demander de les signer. Mon ange, j’aimerais tellement avoir plus de deux jours avec toi*! En cinq ans, je n’ai pas réussi à t’oublier et, pourtant, je n’arrive pas encore à savoir si ce que nous avons partagé est plus fort qu’une belle illusion. J’ai besoin d’un peu plus de temps.*
–*Tu me demandes de venir avec toi, mais tu me dis aussi que si je n’arrive pas à être heureuse, tu signeras l’accord de divorce*?*
–*Tout à fait. Mais non sans avoir tout essayé pour te faire changer d’idée, répondit-il avec un sourire renversant.*
–*Oh, Graeme*!*
Pour la première fois depuis cinq ans, la vie semblait lui offrir tout ce dont elle avait toujours rêvé. Cependant, elle ne pouvait pas dire oui à cet avenir radieux. Pas tout de suite.*
–*J’aimerais venir avec toi, Graeme. Crois-moi, mais…**
Margaret se tourna en gesticulant à l’intention de son fils qui quitta le bar à la hâte pour apporter deux photographies de Kip Corrigan. L’impression était de piètre qualité, mais Lara reconnut aussitôt les images promotionnelles mises en ligne par les producteurs de Galaxy’s End.*
–*J’ai su qui vous étiez dès que je vous ai vu, expliqua le jeune homme, en lui tendant un stylo-feutre. J’espère que vous voudrez bien les signer, je viens de les imprimer…*
–*Vous avez bien fait, répondit Graeme, en paraphant les photographies.*
Il les rendit au jeune homme qui retourna vers le bar après l’avoir remercié profusément, les feuilles plaquées contre sa poitrine, comme s’il s’agissait d’un trésor.*
–*Alors c’est donc ça, la vie de star, fit Lara, songeuse. Tu as l’air parfaitement habitué, je dois dire.*
Il haussa les épaules avant de goûter à son saumon.*
–*En l’occurrence, j’ai tenu à rester poli. Mais je dois t’avouer que ce n’est pas toujours le cas.*
–*Ah, bon*? Et qu’est-ce que tu fais al…*
L’arrivée de Margaret l’empêcha de finir sa phrase. Graeme se raidit sans pouvoir dissimuler son agacement, cette fois.*
–*Navrée d’interrompre encore une fois votre dîner, s’excusa leur hôtesse. Mais il y a une jeune femme à la réception qui demande à vous parler.*
–*A moi*? Vous êtes sûre*? demanda Graeme, visiblement surpris.*
–*A vrai dire, elle demande à voir votre femme…*
–*Moi*? s’étonna plus encore Lara.*
Impossible*! Personne ne savait qu’elle se trouvait en Ecosse. Personne, sauf…*
–*Valerie*!*
Elle se tourna vers la porte.*
Son amie se tenait à l’entrée du pub, le visage tendu par l’anxiété. Elle portait des vêtements froissés et sa coiffure, d’habitude parfaite, partait dans tous les sens.*
Lara se leva d’un bond pour l’accueillir, le cœur serré.*
–*Valerie*! Qu’est-ce que tu fais là*? Tu vas bien*? Qu’est-ce qui se passe*?*
–*Oh, Lara, heureusement que tu es là*! s’exclama Valerie d’un ton dramatique, en arrivant à leur table. Christopher est venu avec moi, il gare la voiture.*
Lara eut l’impression que la foudre lui tombait sur la tête.*
–*Christopher est ici*? En Ecosse*?*
–*Je sais, je sais*! dit Valerie, balayant ses reproches d’un geste. Je n’ai pas réussi à le dissuader de venir avec moi, mais je voulais au moins te prévenir pour que tu ne le voies pas arriver à l’improviste. Je…*
Elle s’interrompit, interdite, pour regarder Graeme qui venait de se lever. En dépit de la situation, Lara ne put s’empêcher de sourire devant l’expression ébahie de son amie. Elle la tira par le coude pour l’obliger à s’asseoir, en espérant que personne n’avait remarqué son entrée fracassante.*
–*Pourquoi tu ne m’as pas appelée*? lui demanda-t–elle.*
–*Quand tu allumeras ton téléphone, tu verras que je t’ai appelée un million de fois, répondit Valerie, qui n’avait d’yeux que pour Graeme.*
–*Val, je te présente Graeme Hamilton…*
–*Enchantée, gloussa Valerie en tendant la main. Je suis ravie de vous rencontrer, après tout ce temps*! J’ai tellement entendu parler de vous*! Lara m’a tout raconté, bien sûr, et je dois dire que…*
Lara lui octroya un coup de coude bien senti pour la faire taire.*
–*Valerie était ma camarade de chambre à la fac, expliqua-t–elle. C’est ma meilleure amie.*
–*Je vois, dit Graeme, un peu déstabilisé.*
–*Comment savais-tu que nous étions ici*?*
–*Facile, tu as dû me parler de cet endroit un milliard de fois. Car, même si votre petite escapade d’il y a cinq ans n’a duré que deux jours, Lara en garde un chaud souvenir, dit-elle à l’intention de Graeme.*
–*Valerie*! s’écria Lara, mortifiée.*
Graeme suivait l’échange d’un air amusé, mais, lorsque leurs regards se croisèrent, il posa une main complice sur son genou, sous la table. Elle se sentit fondre.*
–*Oh*! Oh*! voilà Christopher… annonça Valerie en se relevant précipitamment pour attirer l’attention du nouveau venu.*
***
Lara le regarda traverser la pièce en quelques foulées. Il avait les vêtements froissés de quelqu’un qui vient de passer huit heures dans un avion, et, en arrivant à leur table, il repoussa les lunettes sur son nez, un geste qu’elle connaissait bien. Son regard glissa sur elle pour se poser sur Graeme, comme s’il prenait la mesure de son adversaire.*
–*Bonsoir, Lara, dit-il.*
–*Christopher, je… je ne m’attendais pas à te voir ici. Je ne sais pas quoi dire.*
C’était la situation la plus embarrassante qu’elle ait jamais eu à traverser et, plus que tout, elle éprouvait une terrible culpabilité en pensant aux mensonges qu’elle lui avait racontés au cours de la dernière semaine. Elle était sans doute tombée très bas dans son estime, songea-t–elle, en se forçant à affronter son regard.*
Mais, à sa grande surprise, il lui offrit un sourire plein de gentillesse.*
–*Ne t’en fais pas, Lara. Val m’a tout expliqué et, étant donné les circonstances exceptionnelles, je veux te dire que je comprends parfaitement.*
–*Mais pourquoi êtes-vous venus, alors*? leur demanda-t–elle, les regardant tour à tour.*
Christophe tira un journal de la poche de sa veste et le posa sur la table.*
–*Ceci n’est qu’un échantillon de ce que ra******* les tabloïds aux Etats-Unis. Certaines télévisions en parlaient aussi avant notre départ.*
A la une du quotidien, en gros titre sur cinq colonnes, on pouvait lire*: «*Graeme Hamilton, un étalon à la recherche de sa liberté*».*
Quoi*?*
Avec un juron outré, Graeme se saisit du journal et commença à parcourir l’article. Son expression s’assombrissait au fur et à mesure qu’il lisait.*
–*Lara, ma chérie, nous sommes venus aussi vite que possible, dit Valerie. Nous ne voulions pas que tu apprennes la nouvelle en écoutant les infos.*
–*Qu’est-ce que cet article raconte*? demanda Lara, sans oser imaginer le contenu.*
–*Pour commencer, notre mariage n’est plus un secret. Ils savent tout sur toi et, d’après ce torchon, tu ne m’accorderas le divorce que si je te fais un enfant, maugréa Graeme, son accent écossais accentué par la colère. En gros, ça dit que je retrouverai ma liberté dès que j’aurai réussi à mettre enceinte une épouse que je connais à peine.*
–*C’est impossible*! s’écria-t–elle d’une voix étranglée. Comment ils ont pu… Nous n’avons jamais…*
–*C’est Tony qui a tout orchestré. Je reconnais bien là ses méthodes.*
–*Mais quel est l’intérêt de raconter une histoire montée de toutes pièces*? Pourquoi ferait-il ça*? Tu es son meilleur client, non*?*
–*Je crains que ce ne soit sa façon à lui de «*limiter les dégâts*». Il veut rassurer mes fans, en leur laissant croire que je serai très vite de retour «*sur le marché*», comme il dit, et il doit penser que cette histoire invraisemblable va faire remonter ma cote.*
–*Limiter les dégâts*? C’est la publicité la plus nuisible qu’on puisse imaginer*! Et un mensonge éhonté, avec ça*! Comment des journalistes osent-ils publier des informations dont ils n’ont même pas vérifié la source*? Et ce Tony*? Comment a-t–il pu…*
Lara ne trouvait même plus ses mots.*
Graeme froissa le journal dans son poing.*
–*Tony adore défrayer la chronique. Il a bâti sa carrière et sa renommée de manager là-dessus. Il croit dur comme fer qu’il n’y a pas de mauvaise publicité, et rien ne le rend plus heureux que de voir la presse se déchaîner autour d’un de ses clients. Il croit certainement me rendre service en faisant croire à mes fans que je serai célibataire dès que j’aurai accompli ma mission d’étalon.*
–*Mais où est-il allé chercher tout ça*? La serveuse au restaurant, avant-hier… J’en suis sûre*! Elle a dû répéter à quelqu’un ce qu’elle avait entendu de notre conversation, et, d’une façon ou d’une autre, Tony en a eu vent.*
–*Oui, c’est bien le genre de rumeur qui se répand à vitesse grand V et, bien sûr, tout finit toujours par arriver à ses oreilles. Il faut que je lui parle.*
Il sortit son portable et composa rageusement un numéro. Il raccrocha un instant plus tard avec un grognement de frustration.*
–*Il ne répond pas, ce fumier*!*
–*Ecoutez… Les paparazzi sont sans doute déjà à vos trousses, intervint alors Christopher. Je suggère que Lara rentre avec nous aux Etats-Unis avant que la situation ne dégénère. Elle pourra rester chez moi quelques jours, bien à l’abri, le temps de laisser retomber la poussière.*
–*Non*!*
Ils avaient répondu tous les deux en même temps, Graeme d’un ton encore plus véhément qu’elle.*
Il se leva, plus imposant que jamais, et regarda Christopher dans les yeux.*
–*Je sais que vous parlez en ami et j’apprécie votre prévenance, mais je prendrai soin de Lara moi-même, déclara-t–il d’une voix ferme. Elle reste avec moi.*
Christopher leva les deux mains en un geste de paix.*
–*Bien sûr. Parfait. C’était juste une idée…*
Margaret s’approcha alors de la table.*
–*Est-ce que vos amis vont se joindre à vous pour le dîner*?*
–*Non, merci beaucoup, lui répondit Valerie. Nous sommes très fatigués à cause du décalage horaire, n’est-ce pas, Christopher*? Nous allons prendre une chambre chacun.*
–*Je suis navrée, mademoiselle, mais nous sommes complets. Je n’ai plus aucune chambre de libre pour ce soir.*
–*Oh, non, c’est le comble*! se lamenta Valerie. Voilà ce qu’on gagne à vouloir se conduire en amie. On se retrouve perdue, au fin fond de l’Ecosse, sans même un lit pour se reposer. Il est où, Braveheart, quand on a besoin de lui*?*
–*Ce n’est encore qu’une suggestion, mais je crois que vous devriez jeter un œil aux infos, fit Christopher, en montrant la télévision au-dessus du bar.*
Un gros plan de Graeme occupait l’écran, tandis qu’une voix off récitait une version résumée de l’article qu’ils venaient de lire.*
–*Bordel de m…*! s’écria ce dernier. Je vais virer mon agent. Ou, encore mieux, le tuer*!*
–*Je préfère vous prévenir que mon fils Robbie a déjà raconté à ses amis que vous passiez quelques jours chez nous, dit Margaret d’un ton embarrassé. On ne peut pas savoir qui d’autre est au courant pour l’instant, mais il y a fort à parier que les journalistes vont débarquer ici avant la tombée de la nuit.*
–*Merci de nous avoir prévenus, Margaret, dit Graeme en prenant la main de Lara. Toi et moi, nous allons partir tout de suite. Avec un peu de chance, nous arriverons à Londres vers minuit et, de là-bas, nous prendrons un jet privé pour regagner Chicago.*
Lara hocha la tête, abasourdie par la tournure que prenaient les événements.*
–*J’ai une meilleure idée, intervint Margaret. L’hôtel de mon frère est à vingt kilomètres d’ici seulement. Vous pouvez passer la nuit chez lui. Il ne dira rien à personne, je vous le garantis. Et ainsi, vos amis pourront prendre votre chambre et se reposer.*
–*Oh*! merci, mais… commença Christopher, avant que Valerie ne l’interrompe.*
–*Parfait*! déclara cette dernière. Nous restons ici ce soir. C’est une très bonne idée. Comme ça, si les paparazzi arrivent, ils feront le guet en attendant que vous quittiez l’hôtel et, lorsqu’ils découvriront notre supercherie, vous serez déjà de retour à la maison.*
–*Entendu, fit Margaret. Je vais faire changer les draps. Monsieur*Hamilton, si vous voulez, je fais avancer votre voiture devant la porte de service, à l’arrière du bâtiment. Ça vous permettra de quitter l’hôtel en toute discrétion.*
–*Merci beaucoup, vous êtes formidable, répondit Graeme. Les clés sont sur la table de chevet.*
Lara avait l’impression d’avoir perdu subitement le contrôle de sa vie.*
–*Franchement, dit-elle, tout ceci me semble trop rocambolesque. Vous êtes sûrs que c’est une bonne idée*?*
–*Au vu des circonstances, c’est une idée excellente, la rassura Graeme. Allons faire nos bagages… Autant partir au plus vite.*
–*Lara, ma chérie, ça te dérange si je finis ton dîner*? demanda Valerie, en regardant les assiettes d’un œil gourmand. Je n’ai rien mangé de la journée et j’ai une faim de loup.*
–*Je t’en prie, c’est tout à toi…*
Elle posa timidement la main sur l’épaule de Christopher.*
–*Je suis vraiment désolée. J’espère que tu pourras me pardonner…*
–*N’y pense plus, je prends les choses comme elles viennent. Allez-y maintenant, ne perdez plus de temps.*
Elle lui adressa un sourire reconnaissant avant d’embrasser Valerie avec chaleur.*
–*Je ne sais pas comment te remercier, lui murmura-t–elle à son oreille.*
–*Mais c’est moi qui te remercie, répondit Valerie. Je ne m’étais pas autant amusée depuis des siècles*!*
Graeme quittait déjà la salle de restaurant et Lara lui emboîta le pas.*
Dans leur chambre, une jeune fille était en train de refaire le lit, tandis qu’une autre s’affairait dans la salle de bains avec une efficacité redoutable.*
Elle commença à remplir sa valise tandis que Graeme fourrait ses affaires dans son sac de voyage.*
–*Je suis désolé de te faire vivre tout ça, lui dit-il lorsque les deux jeunes filles les laissèrent seuls. Je n’aurais jamais cru que Tony oserait aller si loin. Mais regardons les choses du bon côté*: dans un mois, les journalistes auront trouvé un autre scoop et cette histoire passera aux oubliettes.*
–*Mais toi*? Tu vas tout oublier, aussi*? Tu vas m’oublier*?*
Il prit son visage entre ses mains.*
–*Non. Je n’oublierai rien, et surtout pas toi. Si tu veux bien me donner une autre chance, je suis prêt à te prouver que ma vie ne consiste pas seulement à signer des autographes, donner des interviews et semer les paparazzi.*
–*Qu’est-ce que je dois comprendre, Graeme*?*
Il prit une longue inspiration, l’air si désemparé qu’elle comprit à quel point il lui était difficile de s’ouvrir à elle et de se risquer à un refus.*
–*Je voudrais que tu envisages la possibilité de m’accompagner en Nouvelle-Zélande, murmura-t–il, en pressant un doigt sur ses lèvres pour l’empêcher de parler. Avant de répondre, je veux que tu saches que je serai amené à tourner parfois dans des endroits éloignés, mais ça ne se produira pas tous les jours. J’aurai beaucoup de temps libre et je ne demande qu’à le passer avec toi. J’aurai un appartement privé et certains membres de l’équipe de tournage vont faire venir leur famille. Tu ne seras pas toute seule…*
–*Et que fait-on des papiers du divorce*?*
Il haussa les épaules.*
–*Prends-les avec toi, si tu y tiens.*
–*Pardon*?*
–*Si je n’arrive pas à te rendre heureuse, tu n’auras qu’à me demander de les signer. Mon ange, j’aimerais tellement avoir plus de deux jours avec toi*! En cinq ans, je n’ai pas réussi à t’oublier et, pourtant, je n’arrive pas encore à savoir si ce que nous avons partagé est plus fort qu’une belle illusion. J’ai besoin d’un peu plus de temps.*
–*Tu me demandes de venir avec toi, mais tu me dis aussi que si je n’arrive pas à être heureuse, tu signeras l’accord de divorce*?*
–*Tout à fait. Mais non sans avoir tout essayé pour te faire changer d’idée, répondit-il avec un sourire renversant.*
–*Oh, Graeme*!*
Pour la première fois depuis cinq ans, la vie semblait lui offrir tout ce dont elle avait toujours rêvé. Cependant, elle ne pouvait pas dire oui à cet avenir radieux. Pas tout de suite.*
–*J’aimerais venir avec toi, Graeme. Crois-moi, mais…*
–*Mais*?*
–*Je ne peux pas quitter Chicago avant le mois prochain. Les enfants de la troupe vont jouer Le Magicien d’Oz et parmi eux, il y a cette petite fille, Alyana… Si je ne suis pas là pour l’encourager…*
–*Alors, viens quand tu te sentiras prête, lui dit-il en la serrant dans ses bras. J’attendrai.*
–*Tu es sûr*?*
–*Je veux que tu viennes avec moi plus que tout au monde, Lara…*
–*Et moi, je veux être avec toi. Christopher peut continuer avec le projet sans moi. Et j’ai l’impression que Val sera plus que ravie de lui donner un coup de main. Cependant, je viendrai à une condition.*
–*Laquelle*?*
–*Je ne vais pas apporter avec moi ces fichus papiers du divorce. Si tu ne me rends pas heureuse, je te le ferai savoir, voilà tout, dit-elle, un brin malicieuse. Je sais que tu sauras trouver une façon, ou plusieurs, de donner un nouveau souffle à notre relation.*
–*Tu peux parier là-dessus, confirma-t–il en l’embrassant sur le front. Mais je ne peux pas te promettre que ce sera facile tous les jours.*
–*Nous verrons ça au fur et à mesure. Un couple, ça se construit chaque jour.*
–*Et si j’ai de la chance, deux fois par jour, murmura-t–il.*
Son baiser était si doux et si passionné qu’elle en oublia presque qu’ils étaient dans l’œil du typhon.*
–*J’ai décidé que j’allais continuer à écrire, mais désormais je vais chercher à me faire publier. Tu peux m’assister dans mes recherches érotiques, mais, je te préviens, je suis très exigeante.

nassamate 11-12-10 03:03 PM

*
Margaret se tourna en gesticulant à l’intention de son fils qui quitta le bar à la hâte pour apporter deux photographies de Kip Corrigan. L’impression était de piètre qualité, mais Lara reconnut aussitôt les images promotionnelles mises en ligne par les producteurs de Galaxy’s End.*
–*J’ai su qui vous étiez dès que je vous ai vu, expliqua le jeune homme, en lui tendant un stylo-feutre. J’espère que vous voudrez bien les signer, je viens de les imprimer…*
–*Vous avez bien fait, répondit Graeme, en paraphant les photographies.*
Il les rendit au jeune homme qui retourna vers le bar après l’avoir remercié profusément, les feuilles plaquées contre sa poitrine, comme s’il s’agissait d’un trésor.*
–*Alors c’est donc ça, la vie de star, fit Lara, songeuse. Tu as l’air parfaitement habitué, je dois dire.*
Il haussa les épaules avant de goûter à son saumon.*
–*En l’occurrence, j’ai tenu à rester poli. Mais je dois t’avouer que ce n’est pas toujours le cas.*
–*Ah, bon*? Et qu’est-ce que tu fais al…*
L’arrivée de Margaret l’empêcha de finir sa phrase. Graeme se raidit sans pouvoir dissimuler son agacement, cette fois.*
–*Navrée d’interrompre encore une fois votre dîner, s’excusa leur hôtesse. Mais il y a une jeune femme à la réception qui demande à vous parler.*
–*A moi*? Vous êtes sûre*? demanda Graeme, visiblement surpris.*
–*A vrai dire, elle demande à voir votre femme…*
–*Moi*? s’étonna plus encore Lara.*
Impossible*! Personne ne savait qu’elle se trouvait en Ecosse. Personne, sauf…*
–*Valerie*!*
Elle se tourna vers la porte.*
Son amie se tenait à l’entrée du pub, le visage tendu par l’anxiété. Elle portait des vêtements froissés et sa coiffure, d’habitude parfaite, partait dans tous les sens.*
Lara se leva d’un bond pour l’accueillir, le cœur serré.*
–*Valerie*! Qu’est-ce que tu fais là*? Tu vas bien*? Qu’est-ce qui se passe*?*
–*Oh, Lara, heureusement que tu es là*! s’exclama Valerie d’un ton dramatique, en arrivant à leur table. Christopher est venu avec moi, il gare la voiture.*
Lara eut l’impression que la foudre lui tombait sur la tête.*
–*Christopher est ici*? En Ecosse*?*
–*Je sais, je sais*! dit Valerie, balayant ses reproches d’un geste. Je n’ai pas réussi à le dissuader de venir avec moi, mais je voulais au moins te prévenir pour que tu ne le voies pas arriver à l’improviste. Je…*
Elle s’interrompit, interdite, pour regarder Graeme qui venait de se lever. En dépit de la situation, Lara ne put s’empêcher de sourire devant l’expression ébahie de son amie. Elle la tira par le coude pour l’obliger à s’asseoir, en espérant que personne n’avait remarqué son entrée fracassante.*
–*Pourquoi tu ne m’as pas appelée*? lui demanda-t–elle.*
–*Quand tu allumeras ton téléphone, tu verras que je t’ai appelée un million de fois, répondit Valerie, qui n’avait d’yeux que pour Graeme.*
–*Val, je te présente Graeme Hamilton…*
–*Enchantée, gloussa Valerie en tendant la main. Je suis ravie de vous rencontrer, après tout ce temps*! J’ai tellement entendu parler de vous*! Lara m’a tout raconté, bien sûr, et je dois dire que…*
Lara lui octroya un coup de coude bien senti pour la faire taire.*
–*Valerie était ma camarade de chambre à la fac, expliqua-t–elle. C’est ma meilleure amie.*
–*Je vois, dit Graeme, un peu déstabilisé.*
–*Comment savais-tu que nous étions ici*?*
–*Facile, tu as dû me parler de cet endroit un milliard de fois. Car, même si votre petite escapade d’il y a cinq ans n’a duré que deux jours, Lara en garde un chaud souvenir, dit-elle à l’intention de Graeme.*
–*Valerie*! s’écria Lara, mortifiée.*
Graeme suivait l’échange d’un air amusé, mais, lorsque leurs regards se croisèrent, il posa une main complice sur son genou, sous la table. Elle se sentit fondre.*
–*Oh*! Oh*! voilà Christopher… annonça Valerie en se relevant précipitamment pour attirer l’attention du nouveau venu.*
***
Lara le regarda traverser la pièce en quelques foulées. Il avait les vêtements froissés de quelqu’un qui vient de passer huit heures dans un avion, et, en arrivant à leur table, il repoussa les lunettes sur son nez, un geste qu’elle connaissait bien. Son regard glissa sur elle pour se poser sur Graeme, comme s’il prenait la mesure de son adversaire.*
–*Bonsoir, Lara, dit-il.*
–*Christopher, je… je ne m’attendais pas à te voir ici. Je ne sais pas quoi dire.*
C’était la situation la plus embarrassante qu’elle ait jamais eu à traverser et, plus que tout, elle éprouvait une terrible culpabilité en pensant aux mensonges qu’elle lui avait racontés au cours de la dernière semaine. Elle était sans doute tombée très bas dans son estime, songea-t–elle, en se forçant à affronter son regard.*
Mais, à sa grande surprise, il lui offrit un sourire plein de gentillesse.*
–*Ne t’en fais pas, Lara. Val m’a tout expliqué et, étant donné les circonstances exceptionnelles, je veux te dire que je comprends parfaitement.*
–*Mais pourquoi êtes-vous venus, alors*? leur demanda-t–elle, les regardant tour à tour.*
Christophe tira un journal de la poche de sa veste et le posa sur la table.*
–*Ceci n’est qu’un échantillon de ce que ra******* les tabloïds aux Etats-Unis. Certaines télévisions en parlaient aussi avant notre départ.*
A la une du quotidien, en gros titre sur cinq colonnes, on pouvait lire*: «*Graeme Hamilton, un étalon à la recherche de sa liberté*».*
Quoi*?*
Avec un juron outré, Graeme se saisit du journal et commença à parcourir l’article. Son expression s’assombrissait au fur et à mesure qu’il lisait.*
–*Lara, ma chérie, nous sommes venus aussi vite que possible, dit Valerie. Nous ne voulions pas que tu apprennes la nouvelle en écoutant les infos.*
–*Qu’est-ce que cet article raconte*? demanda Lara, sans oser imaginer le contenu.*
–*Pour commencer, notre mariage n’est plus un secret. Ils savent tout sur toi et, d’après ce torchon, tu ne m’accorderas le divorce que si je te fais un enfant, maugréa Graeme, son accent écossais accentué par la colère. En gros, ça dit que je retrouverai ma liberté dès que j’aurai réussi à mettre enceinte une épouse que je connais à peine.*
–*C’est impossible*! s’écria-t–elle d’une voix étranglée. Comment ils ont pu… Nous n’avons jamais…*
–*C’est Tony qui a tout orchestré. Je reconnais bien là ses méthodes.*
–*Mais quel est l’intérêt de raconter une histoire montée de toutes pièces*? Pourquoi ferait-il ça*? Tu es son meilleur client, non*?*
–*Je crains que ce ne soit sa façon à lui de «*limiter les dégâts*». Il veut rassurer mes fans, en leur laissant croire que je serai très vite de retour «*sur le marché*», comme il dit, et il doit penser que cette histoire invraisemblable va faire remonter ma cote.*
–*Limiter les dégâts*? C’est la publicité la plus nuisible qu’on puisse imaginer*! Et un mensonge éhonté, avec ça*! Comment des journalistes osent-ils publier des informations dont ils n’ont même pas vérifié la source*? Et ce Tony*? Comment a-t–il pu…*
Lara ne trouvait même plus ses mots.*
Graeme froissa le journal dans son poing.*
–*Tony adore défrayer la chronique. Il a bâti sa carrière et sa renommée de manager là-dessus. Il croit dur comme fer qu’il n’y a pas de mauvaise publicité, et rien ne le rend plus heureux que de voir la presse se déchaîner autour d’un de ses clients. Il croit certainement me rendre service en faisant croire à mes fans que je serai célibataire dès que j’aurai accompli ma mission d’étalon.*
–*Mais où est-il allé chercher tout ça*? La serveuse au restaurant, avant-hier… J’en suis sûre*! Elle a dû répéter à quelqu’un ce qu’elle avait entendu de notre conversation, et, d’une façon ou d’une autre, Tony en a eu vent.*
–*Oui, c’est bien le genre de rumeur qui se répand à vitesse grand V et, bien sûr, tout finit toujours par arriver à ses oreilles. Il faut que je lui parle.*
Il sortit son portable et composa rageusement un numéro. Il raccrocha un instant plus tard avec un grognement de frustration.*
–*Il ne répond pas, ce fumier*!*
–*Ecoutez… Les paparazzi sont sans doute déjà à vos trousses, intervint alors Christopher. Je suggère que Lara rentre avec nous aux Etats-Unis avant que la situation ne dégénère. Elle pourra rester chez moi quelques jours, bien à l’abri, le temps de laisser retomber la poussière.*
–*Non*!*
Ils avaient répondu tous les deux en même temps, Graeme d’un ton encore plus véhément qu’elle.*
Il se leva, plus imposant que jamais, et regarda Christopher dans les yeux.*
–*Je sais que vous parlez en ami et j’apprécie votre prévenance, mais je prendrai soin de Lara moi-même, déclara-t–il d’une voix ferme. Elle reste avec moi.*
Christopher leva les deux mains en un geste de paix.*
–*Bien sûr. Parfait. C’était juste une idée…*
Margaret s’approcha alors de la table.*
–*Est-ce que vos amis vont se joindre à vous pour le dîner*?*
–*Non, merci beaucoup, lui répondit Valerie. Nous sommes très fatigués à cause du décalage horaire, n’est-ce pas, Christopher*? Nous allons prendre une chambre chacun.*
–*Je suis navrée, mademoiselle, mais nous sommes complets. Je n’ai plus aucune chambre de libre pour ce soir.*
–*Oh, non, c’est le comble*! se lamenta Valerie. Voilà ce qu’on gagne à vouloir se conduire en amie. On se retrouve perdue, au fin fond de l’Ecosse, sans même un lit pour se reposer. Il est où, Braveheart, quand on a besoin de lui*?*
–*Ce n’est encore qu’une suggestion, mais je crois que vous devriez jeter un œil aux infos, fit Christopher, en montrant la télévision au-dessus du bar.*
Un gros plan de Graeme occupait l’écran, tandis qu’une voix off récitait une version résumée de l’article qu’ils venaient de lire.*
–*Bordel de m…*! s’écria ce dernier. Je vais virer mon agent. Ou, encore mieux, le tuer*!*
–*Je préfère vous prévenir que mon fils Robbie a déjà raconté à ses amis que vous passiez quelques jours chez nous, dit Margaret d’un ton embarrassé. On ne peut pas savoir qui d’autre est au courant pour l’instant, mais il y a fort à parier que les journalistes vont débarquer ici avant la tombée de la nuit.*
–*Merci de nous avoir prévenus, Margaret, dit Graeme en prenant la main de Lara. Toi et moi, nous allons partir tout de suite. Avec un peu de chance, nous arriverons à Londres vers minuit et, de là-bas, nous prendrons un jet privé pour regagner Chicago.*
Lara hocha la tête, abasourdie par la tournure que prenaient les événements.*
–*J’ai une meilleure idée, intervint Margaret. L’hôtel de mon frère est à vingt kilomètres d’ici seulement. Vous pouvez passer la nuit chez lui. Il ne dira rien à personne, je vous le garantis. Et ainsi, vos amis pourront prendre votre chambre et se reposer.*
–*Oh*! merci, mais… commença Christopher, avant que Valerie ne l’interrompe.*
–*Parfait*! déclara cette dernière. Nous restons ici ce soir. C’est une très bonne idée. Comme ça, si les paparazzi arrivent, ils feront le guet en attendant que vous quittiez l’hôtel et, lorsqu’ils découvriront notre supercherie, vous serez déjà de retour à la maison.*
–*Entendu, fit Margaret. Je vais faire changer les draps. Monsieur*Hamilton, si vous voulez, je fais avancer votre voiture devant la porte de service, à l’arrière du bâtiment. Ça vous permettra de quitter l’hôtel en toute discrétion.*
–*Merci beaucoup, vous êtes formidable, répondit Graeme. Les clés sont sur la table de chevet.*
Lara avait l’impression d’avoir perdu subitement le contrôle de sa vie.*
–*Franchement, dit-elle, tout ceci me semble trop rocambolesque. Vous êtes sûrs que c’est une bonne idée*?*
–*Au vu des circonstances, c’est une idée excellente, la rassura Graeme. Allons faire nos bagages… Autant partir au plus vite.*
–*Lara, ma chérie, ça te dérange si je finis ton dîner*? demanda Valerie, en regardant les assiettes d’un œil gourmand. Je n’ai rien mangé de la journée et j’ai une faim de loup.*
–*Je t’en prie, c’est tout à toi…*
Elle posa timidement la main sur l’épaule de Christopher.*
–*Je suis vraiment désolée. J’espère que tu pourras me pardonner…*
–*N’y pense plus, je prends les choses comme elles viennent. Allez-y maintenant, ne perdez plus de temps.*
Elle lui adressa un sourire reconnaissant avant d’embrasser Valerie avec chaleur.*
–*Je ne sais pas comment te remercier, lui murmura-t–elle à son oreille.*
–*Mais c’est moi qui te remercie, répondit Valerie. Je ne m’étais pas autant amusée depuis des siècles*!*
Graeme quittait déjà la salle de restaurant et Lara lui emboîta le pas.*
Dans leur chambre, une jeune fille était en train de refaire le lit, tandis qu’une autre s’affairait dans la salle de bains avec une efficacité redoutable.*
Elle commença à remplir sa valise tandis que Graeme fourrait ses affaires dans son sac de voyage.*
–*Je suis désolé de te faire vivre tout ça, lui dit-il lorsque les deux jeunes filles les laissèrent seuls. Je n’aurais jamais cru que Tony oserait aller si loin. Mais regardons les choses du bon côté*: dans un mois, les journalistes auront trouvé un autre scoop et cette histoire passera aux oubliettes.*
–*Mais toi*? Tu vas tout oublier, aussi*? Tu vas m’oublier*?*
Il prit son visage entre ses mains.*
–*Non. Je n’oublierai rien, et surtout pas toi. Si tu veux bien me donner une autre chance, je suis prêt à te prouver que ma vie ne consiste pas seulement à signer des autographes, donner des interviews et semer les paparazzi.*
–*Qu’est-ce que je dois comprendre, Graeme*?*
Il prit une longue inspiration, l’air si désemparé qu’elle comprit à quel point il lui était difficile de s’ouvrir à elle et de se risquer à un refus.*
–*Je voudrais que tu envisages la possibilité de m’accompagner en Nouvelle-Zélande, murmura-t–il, en pressant un doigt sur ses lèvres pour l’empêcher de parler. Avant de répondre, je veux que tu saches que je serai amené à tourner parfois dans des endroits éloignés, mais ça ne se produira pas tous les jours. J’aurai beaucoup de temps libre et je ne demande qu’à le passer avec toi. J’aurai un appartement privé et certains membres de l’équipe de tournage vont faire venir leur famille. Tu ne seras pas toute seule…*
–*Et que fait-on des papiers du divorce*?*
Il haussa les épaules.*
–*Prends-les avec toi, si tu y tiens.*
–*Pardon*?*
–*Si je n’arrive pas à te rendre heureuse, tu n’auras qu’à me demander de les signer. Mon ange, j’aimerais tellement avoir plus de deux jours avec toi*! En cinq ans, je n’ai pas réussi à t’oublier et, pourtant, je n’arrive pas encore à savoir si ce que nous avons partagé est plus fort qu’une belle illusion. J’ai besoin d’un peu plus de temps.*
–*Tu me demandes de venir avec toi, mais tu me dis aussi que si je n’arrive pas à être heureuse, tu signeras l’accord de divorce*?*
–*Tout à fait. Mais non sans avoir tout essayé pour te faire changer d’idée, répondit-il avec un sourire renversant.*
–*Oh, Graeme*!*
Pour la première fois depuis cinq ans, la vie semblait lui offrir tout ce dont elle avait toujours rêvé. Cependant, elle ne pouvait pas dire oui à cet avenir radieux. Pas tout de suite.*
–*J’aimerais venir avec toi, Graeme. Crois-moi, mais…*
–*Mais*?*
–*Je ne peux pas quitter Chicago avant le mois prochain. Les enfants de la troupe vont jouer Le Magicien d’Oz et parmi eux, il y a cette petite fille, Alyana… Si je ne suis pas là pour l’encourager…*
–*Alors, viens quand tu te sentiras prête, lui dit-il en la serrant dans ses bras. J’attendrai.*
–*Tu es sûr*?*
–*Je veux que tu viennes avec moi plus que tout au monde, Lara…*
–*Et moi, je veux être avec toi. Christopher peut continuer avec le projet sans moi. Et j’ai l’impression que Val sera plus que ravie de lui donner un coup de main. Cependant, je viendrai à une condition.*
–*Laquelle*?*
–*Je ne vais pas apporter avec moi ces fichus papiers du divorce. Si tu ne me rends pas heureuse, je te le ferai savoir, voilà tout, dit-elle, un brin malicieuse. Je sais que tu sauras trouver une façon, ou plusieurs, de donner un nouveau souffle à notre relation.*
–*Tu peux parier là-dessus, confirma-t–il en l’embrassant sur le front. Mais je ne peux pas te promettre que ce sera facile tous les jours.*
–*Nous verrons ça au fur et à mesure. Un couple, ça se construit chaque jour.*
–*Et si j’ai de la chance, deux fois par jour, murmura-t–il.*
Son baiser était si doux et si passionné qu’elle en oublia presque qu’ils étaient dans l’œil du typhon.*
–*J’ai décidé que j’allais continuer à écrire, mais désormais je vais chercher à me faire publier. Tu peux m’assister dans mes recherches érotiques, mais, je te préviens, je suis très exigeante.*
–*Sache que parfois je suis un peu lent. Il va falloir m’expliquer tout dans le détail. Et certainement à plusieurs reprises, pour que je comprenne bien.*
–*Je suis très patiente, fit-elle en souriant contre ses lèvres.*
Il repoussa ses cheveux doucement et la regarda comme s’il voulait graver chacun de ses traits dans sa mémoire.*
–*Je t’aime, Lara Hamilton, et j’ai hâte de commencer une vie entière de recherches avec toi.*
Les yeux fermés, elle lui offrit sa bouche. Le bonheur pouvait parfois tenir à quelques mots, pensa-t–elle, prise de vertige.*
Une voix féminine brisa alors la magie de l’instant.*
–*Désolée de vous interrompre, les tourtereaux, mais si vous voulez éviter les paparazzi, il faudrait vous dépêcher… Margaret nous a demandé de vous prévenir*: ces vautours sont déjà là.*
Lara se tourna vers la porte, interloquée.*
Valerie venait d’arriver, accompagnée de Christopher. L’air décontenancé, il passait en revue la chambre d’un œil dubitatif.*
–*Valerie… Je ne sais pas si c’est vraiment une bonne idée, dit-il. Cette chambre est minuscule et il n’y a qu’un lit.*
–*Oh, zut*! J’ignorais qu’il nous faudrait partager le lit, répondit-elle, en lançant à Lara un clin d’œil complice. Qu’est-ce qu’il ne faut pas faire, au nom de l’amitié*!*
Lara se retint d’éclater de rire, tandis que Graeme attrapait leurs bagages d’un geste décidé.*
–*Nous y allons, alors. Merci encore de nous couvrir, dit-il à Christopher.*
Margaret se tourna en gesticulant à l’intention de son fils qui quitta le bar à la hâte pour apporter deux photographies de Kip Corrigan. L’impression était de piètre qualité, mais Lara reconnut aussitôt les images promotionnelles mises en ligne par les producteurs de Galaxy’s End.*
–*J’ai su qui vous étiez dès que je vous ai vu, expliqua le jeune homme, en lui tendant un stylo-feutre. J’espère que vous voudrez bien les signer, je viens de les imprimer…*
–*Vous avez bien fait, répondit Graeme, en paraphant les photographies.*
Il les rendit au jeune homme qui retourna vers le bar après l’avoir remercié profusément, les feuilles plaquées contre sa poitrine, comme s’il s’agissait d’un trésor.*
–*Alors c’est donc ça, la vie de star, fit Lara, songeuse. Tu as l’air parfaitement habitué, je dois dire.*
Il haussa les épaules avant de goûter à son saumon.*
–*En l’occurrence, j’ai tenu à rester poli. Mais je dois t’avouer que ce n’est pas toujours le cas.*
–*Ah, bon*? Et qu’est-ce que tu fais al…*
L’arrivée de Margaret l’empêcha de finir sa phrase. Graeme se raidit sans pouvoir dissimuler son agacement, cette fois.*
–*Navrée d’interrompre encore une fois votre dîner, s’excusa leur hôtesse. Mais il y a une jeune femme à la réception qui demande à vous parler.*
–*A moi*? Vous êtes sûre*? demanda Graeme, visiblement surpris.*
–*A vrai dire, elle demande à voir votre femme…*
–*Moi*? s’étonna plus encore Lara.*
Impossible*! Personne ne savait qu’elle se trouvait en Ecosse. Personne, sauf…*
–*Valerie*!*
Elle se tourna vers la porte.*
Son amie se tenait à l’entrée du pub, le visage tendu par l’anxiété. Elle portait des vêtements froissés et sa coiffure, d’habitude parfaite, partait dans tous les sens.*
Lara se leva d’un bond pour l’accueillir, le cœur serré.*
–*Valerie*! Qu’est-ce que tu fais là*? Tu vas bien*? Qu’est-ce qui se passe*?*
–*Oh, Lara, heureusement que tu es là*! s’exclama Valerie d’un ton dramatique, en arrivant à leur table. Christopher est venu avec moi, il gare la voiture.*
Lara eut l’impression que la foudre lui tombait sur la tête.*
–*Christopher est ici*? En Ecosse*?*
–*Je sais, je sais*! dit Valerie, balayant ses reproches d’un geste. Je n’ai pas réussi à le dissuader de venir avec moi, mais je voulais au moins te prévenir pour que tu ne le voies pas arriver à l’improviste. Je…*
Elle s’interrompit, interdite, pour regarder Graeme qui venait de se lever. En dépit de la situation, Lara ne put s’empêcher de sourire devant l’expression ébahie de son amie. Elle la tira par le coude pour l’obliger à s’asseoir, en espérant que personne n’avait remarqué son entrée fracassante.*
–*Pourquoi tu ne m’as pas appelée*? lui demanda-t–elle.*
–*Quand tu allumeras ton téléphone, tu verras que je t’ai appelée un million de fois, répondit Valerie, qui n’avait d’yeux que pour Graeme.*
–*Val, je te présente Graeme Hamilton…*
–*Enchantée, gloussa Valerie en tendant la main. Je suis ravie de vous rencontrer, après tout ce temps*! J’ai tellement entendu parler de vous*! Lara m’a tout raconté, bien sûr, et je dois dire que…*
Lara lui octroya un coup de coude bien senti pour la faire taire.*
–*Valerie était ma camarade de chambre à la fac, expliqua-t–elle. C’est ma meilleure amie.*
–*Je vois, dit Graeme, un peu déstabilisé.*
–*Comment savais-tu que nous étions ici*?*
–*Facile, tu as dû me parler de cet endroit un milliard de fois. Car, même si votre petite escapade d’il y a cinq ans n’a duré que deux jours, Lara en garde un chaud souvenir, dit-elle à l’intention de Graeme.*
–*Valerie*! s’écria Lara, mortifiée.*
Graeme suivait l’échange d’un air amusé, mais, lorsque leurs regards se croisèrent, il posa une main complice sur son genou, sous la table. Elle se sentit fondre.*
–*Oh*! Oh*! voilà Christopher… annonça Valerie en se relevant précipitamment pour attirer l’attention du nouveau venu.*
***
Lara le regarda traverser la pièce en quelques foulées. Il avait les vêtements froissés de quelqu’un qui vient de passer huit heures dans un avion, et, en arrivant à leur table, il repoussa les lunettes sur son nez, un geste qu’elle connaissait bien. Son regard glissa sur elle pour se poser sur Graeme, comme s’il prenait la mesure de son adversaire.*
–*Bonsoir, Lara, dit-il.*
–*Christopher, je… je ne m’attendais pas à te voir ici. Je ne sais pas quoi dire.*
C’était la situation la plus embarrassante qu’elle ait jamais eu à traverser et, plus que tout, elle éprouvait une terrible culpabilité en pensant aux mensonges qu’elle lui avait racontés au cours de la dernière semaine. Elle était sans doute tombée très bas dans son estime, songea-t–elle, en se forçant à affronter son regard.*
Mais, à sa grande surprise, il lui offrit un sourire plein de gentillesse.*
–*Ne t’en fais pas, Lara. Val m’a tout expliqué et, étant donné les circonstances exceptionnelles, je veux te dire que je comprends parfaitement.*
–*Mais pourquoi êtes-vous venus, alors*? leur demanda-t–elle, les regardant tour à tour.*
Christophe tira un journal de la poche de sa veste et le posa sur la table.*
–*Ceci n’est qu’un échantillon de ce que ra******* les tabloïds aux Etats-Unis. Certaines télévisions en parlaient aussi avant notre départ.*
A la une du quotidien, en gros titre sur cinq colonnes, on pouvait lire*: «*Graeme Hamilton, un étalon à la recherche de sa liberté*».*
Quoi*?*
Avec un juron outré, Graeme se saisit du journal et commença à parcourir l’article. Son expression s’assombrissait au fur et à mesure qu’il lisait.*
–*Lara, ma chérie, nous sommes venus aussi vite que possible, dit Valerie. Nous ne voulions pas que tu apprennes la nouvelle en écoutant les infos.*
–*Qu’est-ce que cet article raconte*? demanda Lara, sans oser imaginer le contenu.*
–*Pour commencer, notre mariage n’est plus un secret. Ils savent tout sur toi et, d’après ce torchon, tu ne m’accorderas le divorce que si je te fais un enfant, maugréa Graeme, son accent écossais accentué par la colère. En gros, ça dit que je retrouverai ma liberté dès que j’aurai réussi à mettre enceinte une épouse que je connais à peine.*
–*C’est impossible*! s’écria-t–elle d’une voix étranglée. Comment ils ont pu… Nous n’avons jamais…*
–*C’est Tony qui a tout orchestré. Je reconnais bien là ses méthodes.*
–*Mais quel est l’intérêt de raconter une histoire montée de toutes pièces*? Pourquoi ferait-il ça*? Tu es son meilleur client, non*?*
–*Je crains que ce ne soit sa façon à lui de «*limiter les dégâts*». Il veut rassurer mes fans, en leur laissant croire que je serai très vite de retour «*sur le marché*», comme il dit, et il doit penser que cette histoire invraisemblable va faire remonter ma cote.*
–*Limiter les dégâts*? C’est la publicité la plus nuisible qu’on puisse imaginer*! Et un mensonge éhonté, avec ça*! Comment des journalistes osent-ils publier des informations dont ils n’ont même pas vérifié la source*? Et ce Tony*? Comment a-t–il pu…*
Lara ne trouvait même plus ses mots.*
Graeme froissa le journal dans son poing.*
–*Tony adore défrayer la chronique. Il a bâti sa carrière et sa renommée de manager là-dessus. Il croit dur comme fer qu’il n’y a pas de mauvaise publicité, et rien ne le rend plus heureux que de voir la presse se déchaîner autour d’un de ses clients. Il croit certainement me rendre service en faisant croire à mes fans que je serai célibataire dès que j’aurai accompli ma mission d’étalon.*
–*Mais où est-il allé chercher tout ça*? La serveuse au restaurant, avant-hier… J’en suis sûre*! Elle a dû répéter à quelqu’un ce qu’elle avait entendu de notre conversation, et, d’une façon ou d’une autre, Tony en a eu vent.*
–*Oui, c’est bien le genre de rumeur qui se répand à vitesse grand V et, bien sûr, tout finit toujours par arriver à ses oreilles. Il faut que je lui parle.*
Il sortit son portable et composa rageusement un numéro. Il raccrocha un instant plus tard avec un grognement de frustration.*
–*Il ne répond pas, ce fumier*!*
–*Ecoutez… Les paparazzi sont sans doute déjà à vos trousses, intervint alors Christopher. Je suggère que Lara rentre avec nous aux Etats-Unis avant que la situation ne dégénère. Elle pourra rester chez moi quelques jours, bien à l’abri, le temps de laisser retomber la poussière.*
–*Non*!*
Ils avaient répondu tous les deux en même temps, Graeme d’un ton encore plus véhément qu’elle.*
Il se leva, plus imposant que jamais, et regarda Christopher dans les yeux.*
–*Je sais que vous parlez en ami et j’apprécie votre prévenance, mais je prendrai soin de Lara moi-même, déclara-t–il d’une voix ferme. Elle reste avec moi.*
Christopher leva les deux mains en un geste de paix.*
–*Bien sûr. Parfait. C’était juste une idée…*
Margaret s’approcha alors de la table.*
–*Est-ce que vos amis vont se joindre à vous pour le dîner*?*
–*Non, merci beaucoup, lui répondit Valerie. Nous sommes très fatigués à cause du décalage horaire, n’est-ce pas, Christopher*? Nous allons prendre une chambre chacun.*
–*Je suis navrée, mademoiselle, mais nous sommes complets. Je n’ai plus aucune chambre de libre pour ce soir.*
–*Oh, non, c’est le comble*! se lamenta Valerie. Voilà ce qu’on gagne à vouloir se conduire en amie. On se retrouve perdue, au fin fond de l’Ecosse, sans même un lit pour se reposer. Il est où, Braveheart, quand on a besoin de lui*?*
–*Ce n’est encore qu’une suggestion, mais je crois que vous devriez jeter un œil aux infos, fit Christopher, en montrant la télévision au-dessus du bar.*
Un gros plan de Graeme occupait l’écran, tandis qu’une voix off récitait une version résumée de l’article qu’ils venaient de lire.*
–*Bordel de m…*! s’écria ce dernier. Je vais virer mon agent. Ou, encore mieux, le tuer*!*
–*Je préfère vous prévenir que mon fils Robbie a déjà raconté à ses amis que vous passiez quelques jours chez nous, dit Margaret d’un ton embarrassé. On ne peut pas savoir qui d’autre est au courant pour l’instant, mais il y a fort à parier que les journalistes vont débarquer ici avant la tombée de la nuit.*
–*Merci de nous avoir prévenus, Margaret, dit Graeme en prenant la main de Lara. Toi et moi, nous allons partir tout de suite. Avec un peu de chance, nous arriverons à Londres vers minuit et, de là-bas, nous prendrons un jet privé pour regagner Chicago.*
Lara hocha la tête, abasourdie par la tournure que prenaient les événements.*
–*J’ai une meilleure idée, intervint Margaret. L’hôtel de mon frère est à vingt kilomètres d’ici seulement. Vous pouvez passer la nuit chez lui. Il ne dira rien à personne, je vous le garantis. Et ainsi, vos amis pourront prendre votre chambre et se reposer.*
–*Oh*! merci, mais… commença Christopher, avant que Valerie ne l’interrompe.*
–*Parfait*! déclara cette dernière. Nous restons ici ce soir. C’est une très bonne idée. Comme ça, si les paparazzi arrivent, ils feront le guet en attendant que vous quittiez l’hôtel et, lorsqu’ils découvriront notre supercherie, vous serez déjà de retour à la maison.*
–*Entendu, fit Margaret. Je vais faire changer les draps. Monsieur*Hamilton, si vous voulez, je fais avancer votre voiture devant la porte de service, à l’arrière du bâtiment. Ça vous permettra de quitter l’hôtel en toute discrétion.*
–*Merci beaucoup, vous êtes formidable, répondit Graeme. Les clés sont sur la table de chevet.*
Lara avait l’impression d’avoir perdu subitement le contrôle de sa vie.*
–*Franchement, dit-elle, tout ceci me semble trop rocambolesque. Vous êtes sûrs que c’est une bonne idée*?*
–*Au vu des circonstances, c’est une idée excellente, la rassura Graeme. Allons faire nos bagages… Autant partir au plus vite.*
–*Lara, ma chérie, ça te dérange si je finis ton dîner*? demanda Valerie, en regardant les assiettes d’un œil gourmand. Je n’ai rien mangé de la journée et j’ai une faim de loup.*
–*Je t’en prie, c’est tout à toi…*
Elle posa timidement la main sur l’épaule de Christopher.*
–*Je suis vraiment désolée. J’espère que tu pourras me pardonner…*
–*N’y pense plus, je prends les choses comme elles viennent. Allez-y maintenant, ne perdez plus de temps.*
Elle lui adressa un sourire reconnaissant avant d’embrasser Valerie avec chaleur.*
–*Je ne sais pas comment te remercier, lui murmura-t–elle à son oreille.*
–*Mais c’est moi qui te remercie, répondit Valerie. Je ne m’étais pas autant amusée depuis des siècles*!*
Graeme quittait déjà la salle de restaurant et Lara lui emboîta le pas.*
Dans leur chambre, une jeune fille était en train de refaire le lit, tandis qu’une autre s’affairait dans la salle de bains avec une efficacité redoutable.*
Elle commença à remplir sa valise tandis que Graeme fourrait ses affaires dans son sac de voyage.*
–*Je suis désolé de te faire vivre tout ça, lui dit-il lorsque les deux jeunes filles les laissèrent seuls. Je n’aurais jamais cru que Tony oserait aller si loin. Mais regardons les choses du bon côté*: dans un mois, les journalistes auront trouvé un autre scoop et cette histoire passera aux oubliettes.*
–*Mais toi*? Tu vas tout oublier, aussi*? Tu vas m’oublier*?*
Il prit son visage entre ses mains.*
–*Non. Je n’oublierai rien, et surtout pas toi. Si tu veux bien me donner une autre chance, je suis prêt à te prouver que ma vie ne consiste pas seulement à signer des autographes, donner des interviews et semer les paparazzi.*
–*Qu’est-ce que je dois comprendre, Graeme*?*
Il prit une longue inspiration, l’air si désemparé qu’elle comprit à quel point il lui était difficile de s’ouvrir à elle et de se risquer à un refus.*
–*Je voudrais que tu envisages la possibilité de m’accompagner en Nouvelle-Zélande, murmura-t–il, en pressant un doigt sur ses lèvres pour l’empêcher de parler. Avant de répondre, je veux que tu saches que je serai amené à tourner parfois dans des endroits éloignés, mais ça ne se produira pas tous les jours. J’aurai beaucoup de temps libre et je ne demande qu’à le passer avec toi. J’aurai un appartement privé et certains membres de l’équipe de tournage vont faire venir leur famille. Tu ne seras pas toute seule…*
–*Et que fait-on des papiers du divorce*?*
Il haussa les épaules.*
–*Prends-les avec toi, si tu y tiens.*
–*Pardon*?*
–*Si je n’arrive pas à te rendre heureuse, tu n’auras qu’à me demander de les signer. Mon ange, j’aimerais tellement avoir plus de deux jours avec toi*! En cinq ans, je n’ai pas réussi à t’oublier et, pourtant, je n’arrive pas encore à savoir si ce que nous avons partagé est plus fort qu’une belle illusion. J’ai besoin d’un peu plus de temps.*
–*Tu me demandes de venir avec toi, mais tu me dis aussi que si je n’arrive pas à être heureuse, tu signeras l’accord de divorce*?*
–*Tout à fait. Mais non sans avoir tout essayé pour te faire changer d’idée, répondit-il avec un sourire renversant.*
–*Oh, Graeme*!*
Pour la première fois depuis cinq ans, la vie semblait lui offrir tout ce dont elle avait toujours rêvé. Cependant, elle ne pouvait pas dire oui à cet avenir radieux. Pas tout de suite.*
–*J’aimerais venir avec toi, Graeme. Crois-moi, mais…*
–*Mais*?*
–*Je ne peux pas quitter Chicago avant le mois prochain. Les enfants de la troupe vont jouer Le Magicien d’Oz et parmi eux, il y a cette petite fille, Alyana… Si je ne suis pas là pour l’encourager…*
–*Alors, viens quand tu te sentiras prête, lui dit-il en la serrant dans ses bras. J’attendrai.*
–*Tu es sûr*?*
–*Je veux que tu viennes avec moi plus que tout au monde, Lara…*
–*Et moi, je veux être avec toi. Christopher peut continuer avec le projet sans moi. Et j’ai l’impression que Val sera plus que ravie de lui donner un coup de main. Cependant, je viendrai à une condition.*
–*Laquelle*?*
–*Je ne vais pas apporter avec moi ces fichus papiers du divorce. Si tu ne me rends pas heureuse, je te le ferai savoir, voilà tout, dit-elle, un brin malicieuse. Je sais que tu sauras trouver une façon, ou plusieurs, de donner un nouveau souffle à notre relation.*
–*Tu peux parier là-dessus, confirma-t–il en l’embrassant sur le front. Mais je ne peux pas te promettre que ce sera facile tous les jours.*
–*Nous verrons ça au fur et à mesure. Un couple, ça se construit chaque jour.*
–*Et si j’ai de la chance, deux fois par jour, murmura-t–il.*
Son baiser était si doux et si passionné qu’elle en oublia presque qu’ils étaient dans l’œil du typhon.*
–*J’ai décidé que j’allais continuer à écrire, mais désormais je vais chercher à me faire publier. Tu peux m’assister dans mes recherches érotiques, mais, je te préviens, je suis très exigeante.*
–*Sache que parfois je suis un peu lent. Il va falloir m’expliquer tout dans le détail. Et certainement à plusieurs reprises, pour que je comprenne bien.*
–*Je suis très patiente, fit-elle en souriant contre ses lèvres.*
Il repoussa ses cheveux doucement et la regarda comme s’il voulait graver chacun de ses traits dans sa mémoire.*
–*Je t’aime, Lara Hamilton, et j’ai hâte de commencer une vie entière de recherches avec toi.*
Les yeux fermés, elle lui offrit sa bouche. Le bonheur pouvait parfois tenir à quelques mots, pensa-t–elle, prise de vertige.*
Une voix féminine brisa alors la magie de l’instant.*
–*Désolée de vous interrompre, les tourtereaux, mais si vous voulez éviter les paparazzi, il faudrait vous dépêcher… Margaret nous a demandé de vous prévenir*: ces vautours sont déjà là.*
Lara se tourna vers la porte, interloquée.*
Valerie venait d’arriver, accompagnée de Christopher. L’air décontenancé, il passait en revue la chambre d’un œil dubitatif.*
–*Valerie… Je ne sais pas si c’est vraiment une bonne idée, dit-il. Cette chambre est minuscule et il n’y a qu’un lit.*
–*Oh, zut*! J’ignorais qu’il nous faudrait partager le lit, répondit-elle, en lançant à Lara un clin d’œil complice. Qu’est-ce qu’il ne faut pas faire, au nom de l’amitié*!*
Lara se retint d’éclater de rire, tandis que Graeme attrapait leurs bagages d’un geste décidé.*
–*Nous y allons, alors. Merci encore de nous couvrir, dit-il à Christopher.*
–*Prenez soin d’elle, Graeme…*
–*J’en ai bien l’intention.*
Dans le couloir les attendait Margaret, un rien agitée mais pleine de bonne volonté.*
–*Deux journalistes viennent d’arriver, leur expliqua-t–elle à voix basse. Je leur ai dit que vous n’aviez pas quitté la chambre depuis votre arrivée, comme des jeunes mariés. La voiture vous attend derrière l’auberge. Vous allez leur faire un beau pied de nez*! Prenez l’escalier de service jusqu’au rez-de-chaussée et tournez dans le couloir à gauche. La porte verte au bout donne sur la rue. Bonne chance*!*
Depuis la chambre leur parvint encore la voix enjôleuse de Valerie.*
–*Christopher, je n’ai pas sommeil, après tant d’émotions. Et puisque nous sommes là, tous les deux, en tête à tête, nous pourrions en profiter pour améliorer nos compétences théâtrales… Je suggère un petit jeu de rôle, pour commencer. Qu’est-ce qui vous inspire le plus, cher professeur*? Je pourrais interpréter pour vous Jasmine, princesse des Mille et Une Nuits. Ou peut-être aimeriez-vous rencontrer Catwoman*?*
Lara se tourna avec Graeme avec un sourire amusé.*
–*J’ai toujours adoré les jeux de rôle. Et regarde comme ça a bien marché pour nous*!*
Il éclata de rire et entama la descente de l’escalier de service.*
–*J’ai vraiment apprécié ta prestation d’esclave intergalactique, mais je dois dire qu’il y a un autre rôle que j’adore par-dessus tout te voir jouer. C’est celui de mon épouse légitime…*
Il posa leurs bagages à terre et la prit dans ses bras pour l’embrasser. C’était un baiser doux et profond, presque solennel.*
Lara ferma les yeux et l’embrassa à son tour.

nassamate 11-12-10 03:45 PM

:flowers2:
C'est la fin j'espere que l'histoire vous a plaît:lol:

_maya 14-12-10 02:36 PM

merci ma chérie pour ce roman j'espere ke t en a d autres hihi merci pr ts tes efforts
love

rafierafie 21-02-11 02:55 AM

merci pour le merveilleux roman


ÇáÓÇÚÉ ÇáÂä 09:28 AM.

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