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ÞÏíã 12-03-10, 06:09 PM   ÇáãÔÇÑßÉ ÑÞã: 11
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ÇáÊÓÌíá: Apr 2008
ÇáÚÖæíÉ: 71788
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CHAPITRE 8



D’instinct, Brice comprit qu’elle allait refuser la proposition qu’il venait de lui faire. Il enragea !
Il n’aurait pu expliquer d’où lui venait cette idée de la peindre dans le château écossais de son grand-père, mais elle s’imposait désormais à lui comme une évidence. C’était dans ce cadre qu’il entendait faire son portrait, un point c’est tout !
Hélas, ainsi qu’il le craignait, il la vit secouer la tête en signe de négation.
— Je doute que c’était ce que Richard avait en tête lorsqu’il vous a commandé le tableau, déclara-t elle, non sans se départir de son petit ton moqueur.
— Il ne m’a donné aucune recommandation spécifique et si tel avait été le cas, je ne les aurais pas acceptées, répliqua Brice. Si mon tableau ne lui plaît pas quand il sera terminé, tant pis, je le garderai pour moi !
— Brice, je suis désolée, je ne peux pas aller en Ecosse avec vous, c’est…
— Pourquoi ? l’interrompit-il, fort agacé.
A présent que l’inspiration lui était venue, il ne supportait pas que l’on contrarie ses projets. Il souhaitait s’atteler à la tâche le plus rapidement possible. Aussi ajouta-t il :
— Mon grand-père habite les lieux, votre vertu sera donc sauve ! Et il ne manquerait pour rien au monde la venue du top model Sabina chez lui, en dépit de ses quatre-vingts ans.
Elle esquissa un vague sourire, peu convaincue par l’argument. Sans désarmer, il opta pour une autre stratégie :
— Où votre mère habite-t elle exactement, en Ecosse ?
— Ma mère ? Mais quel rapport… ?
— M’écoutez-vous, Sabina ? la sermonna-t il brusquement. Je vous propose de m’accompagner en Ecosse, en d’autres termes dans le pays où réside votre mère. Si elle n’habite pas trop loin du château, vous pourrez lui rendre visite durant notre séjour.
Sabina poussa un soupir dépité. Cette conversation ne menait nulle part !
Elle ignorait encore que, lorsque Brice avait trouvé l’inspiration, il ne reculait devant aucun obstacle. En l’occurrence, en dépit de tous les croquis qu’il avait réalisés d’elle, il était resté dans le brouillard absolu la concernant… jusqu’à ce que le déclic se produise !
— Je n’ai jamais…, commença-t elle sans terminer sa phrase, manquant soudain de courage à l’idée de lui faire ce terrible aveu.
— Jamais quoi ? Rendu visite à votre mère en Ecosse ? demanda-t il, incrédule, en la voyant hocher la tête en signe d’acquiescement. Depuis combien de temps habite-t elle là-bas ?
— Cinq ans.
— Cela fait donc une éternité que vous n’êtes pas allée chez elle !
Devait-elle entendre des reproches dans sa voix ? Franchement, de quoi se mêlait-il encore ?
— Ecoutez, ma relation avec ma mère…
— Ne me regarde pas, je sais ! Cependant, comme nous nous rendons en Ecosse, vous pouvez en profiter pour aller la voir.
— Je n’ai pas accepté de vous accompagner, objecta-t elle.
Sans l’écouter, il ajouta d’un air songeur :
— Il faudra que vous preniez rendez-vous avec Chloe cette semaine. Elle…
— Chloe ? Pourquoi ?
— Je veux qu’elle crée une robe spécialement pour vous. Pour le tableau. J’ai une idée très précise en tête, il suffira qu’elle prenne vos mesures… Suis-je trop rapide pour vous, Sabina ? ajouta-t il d’un air moqueur, conscient qu’il la bombardait d’informations.
— Bien trop rapide ! Vous…
Elle s’interrompit : Mme Potter apportait le plat principal, composé d’un poulet rôti et de pommes de terre rissolées.
— Mmm, ç’a a l’air délicieux…, commenta Sabina.
— Merci, madame Potter, fit promptement Brice, désireux que cette dernière reparte au plus vite.
Il attendit patiemment son départ et, levant les yeux vers Sabina, ajouta :
— Vous disiez ?
— Je ne connais pas mon emploi du temps sur le bout des doigts, mais je peux vous garantir une chose : même si je le voulais, il me serait impossible de me libérer pour un voyage en Ecosse !
— De toute façon, ce n’est pas le cas…
— Effectivement, confirma-t elle.
— Hum, hum, fit-il, pensif, avant de décréter subitement : vous travaillez trop, Sabina ! Pourquoi ? Selon toute vraisemblance, ce n’est pas l’appât du gain qui vous guide.
Tout à coup, il repensa à la lettre… Etait-il possible que quelqu’un exerçât un chantage financier sur elle ?
— Non, Brice, ce n’est pas pour des raisons pécuniaires ! se défendit-elle. J’aime travailler, être occupée… Et puis, la vie professionnelle d’un mannequin étant très courte, autant en profiter pleinement.
La tentative pour détourner la conversation était astucieuse ! reconnut Brice. Manque de chance, il n’était pas le genre d’homme à se laisser distraire si facilement…
— D’accord, dit-il. Mais la véritable raison, quelle est-elle ?
— Je viens de vous l’exposer ! Tout comme je vous ai dit que je ne peux pas disparaître brusquement du circuit professionnel — ne serait-ce que deux jours pour me rendre en Ecosse ! J’ai du travail, des engagements !
Latham ! pensa soudain Brice.
Nul doute que celui-ci n’apprécierait pas que sa fiancée parte avec lui quelques jours, même s’il s’agissait d’une escapade à but artistique. Evidemment, il pouvait l’inviter lui aussi, mais cette perspective ne l’enchantait guère !
En vérité, il voulait Sabina pour lui tout seul, ne serait-ce que pour un bref séjour en Ecosse !
Il rêvait de faire plus ample connaissance avec elle, loin de Londres et de ses fameux engagements professionnels. Loin de Latham, ce maudit fiancé.
— Je pourrais peut-être expliquer la situation à Richard, suggéra-t il en désespoir de cause.
— Impossible, il part pour l’Australie !
— Quel dommage ! s’exclama-t il alors, masquant avec difficulté la joie qu’il venait de ressentir à l’annonce de cette nouvelle. Sans quoi, il aurait pu se joindre à nous !
— Vous êtes bien trop insistant, Brice.
Quelle idiote ! se reprocha-t elle aussitôt intérieurement. Pourquoi venait-elle de lui avouer que Richard allait s’absenter ?
Elle était venue chez lui afin de le persuader de renoncer au tableau. Pourquoi ce besoin pressant de mettre définitivement un terme à leurs rendez-vous artistiques ? se demanda-t elle soudain. Le baiser qu’il lui avait donné trois jours auparavant l’avait-il à ce point ébranlée ?
Pire encore : Brice percevait-il ses contradictions ?
Etait-ce pour cette raison qu’il tenait tant à l’emmener en Ecosse ? Pour qu’elle se rende compte qu’elle était attirée par lui et qu’elle ne pouvait décemment épouser Richard Latham ?
Soudain, elle regarda la cuisse de poulet dorée dans son assiette, au milieu de pommes de terre encore fumantes. Et une nouvelle série de questions assaillit son esprit fatigué…
Pourquoi avait-elle subitement perdu l’appétit ? Etait-ce parce qu’elle se sentait piégée ? Car elle avait la désagréable impression que Brice refermait peu à peu ses rets autour d’elle.
Quelle ironie du sort : elle était arrivée avec la ferme intention de lui dire adieu — et en retour, il lui proposait un week-end en Ecosse !
Il était urgent de mettre un terme aux agissements de Brice !
— Navrée, mais je dois partir, annonça-t elle brusquement en reposant ses couverts.
— Pourquoi ? demanda-t il d’un ton enjôleur.
— Parce que je le souhaite ! répondit-elle en se levant.
— Mme Potter va finir par se froisser. C’est la deuxième fois ce soir que son poulet n’obtient pas de succès.
— Je ne suis pas responsable de la première fois et nul ne vous empêche de faire honneur à son plat quand je serai partie, objecta-t elle, non sans rudesse. Je vous fais confiance pour vous dépêtrer au mieux de la situation.
Elle ne doutait pas qu’il se tirait toujours avec maestria des situations les plus compliquées. En revanche, ce n’était pas son cas ! Et d’ailleurs, elle se sentait à bout de nerfs. Tout ce qu’elle désirait, c’était rentrer chez elle pour s’immerger dans un bain chaud et relaxant.
— Puis-je appeler un taxi ? demanda-t elle alors.
— Je vous raccompagne.
— Non ! Vous en avez assez fait pour moi, ce soir !
Son sarcasme fit mouche. Elle vit une lueur de mé*******ement traverser le regard de Brice. Tant pis pour lui ! Elle aurait été incapable de supporter un trajet en sa compagnie dans l’espace exigu d’une voiture.
— Très bien ! dit-il en ravalant sa colère. Je vais vous appeler un taxi.
Là-dessus, il sortit de la pièce et, pour la première fois depuis son arrivée chez lui, Sabina put respirer tranquillement. C’était incroyable comme la présence de cet homme l’oppressait !
Pourquoi ? Que possédait-il donc qui la troublait à ce point ? Bah, au fond, elle n’était pas certaine de vouloir connaître la réponse.
— Le taxi sera là dans quelques minutes, annonça-t il en revenant. Vous savez, Sabina, ma proposition de voyage est des plus sérieuses.
Inutile de lui répéter ce qu’elle savait déjà ! Le problème, c’est qu’elle ne voulait pas l’accompagner… et qu’il refusait de comprendre !
— Nous verrons, dit-elle de façon évasive afin de ne pas rouvrir un débat qu’elle était bien trop fatiguée pour soutenir.
Et puis en sa présence, elle ne parvenait pas à se défendre ! Elle devait d’abord s’éloigner de lui et retrouver ses esprits.
— Effectivement, reprit-il, nous en reparlerons.
Quel ne fut pas son soulagement lorsque le taxi arriva ! Hélas, Brice l’accompagna jusqu’à l’extérieur, poussant la chevalerie jusqu’à lui ouvrir la portière. Elle hésita avant de monter dans le taxi, ne sachant trop quoi lui dire… Elle ne pouvait tout de même pas le remercier pour cette charmante soirée ! Car la soirée avait été tout sauf charmante !
— Ne dites rien, murmura-t il alors, peu dupe de ses tergiversations. Un baiser suffira.
Et, avant qu’elle comprenne ce qui se passait, il captura ses lèvres.
La surprise l’empêcha d’abord de réagir… Et ensuite…
Ensuite, la volonté lui manqua pour s’arracher à la douceur de ce merveilleux baiser.
Lorsqu’il releva la tête, Brice serra un instant le visage de Sabina entre ses paumes. La regardant droit dans les yeux, il déclara d’une voix rauque :
— Je t’appelle…
Les joues en feu, elle s’engouffra dans le taxi et, refermant brutalement la portière, elle marmonna son adresse au chauffeur.
Pas un instant elle ne tourna la tête vers Brice, pourtant elle était certaine qu’il ne la quittait pas du regard pendant que le taxi effectuait sa manœuvre.
Comment osait-il l’embrasser dès qu’il en avait envie ? Comme si c’était lui son fiancé, et non Richard !
Mon Dieu, Richard… !
Quelle serait sa réaction s’il apprenait que Brice McAllister l’avait embrassée non pas une fois — mais deux ?
Désespérée, elle secoua la tête. Le contrat qui la liait à Richard reposait sur une confiance mutuelle. Certes, elle n’avait pas initié ces baisers, mais il fallait bien admettre qu’elle n’avait pas non plus beaucoup protesté !
Pourquoi avait-elle laissé faire Brice ?
La première fois, son attitude était encore explicable. Elle pouvait invoquer la surprise, la stupéfaction qui empêche de réagir opportunément. Mais cette fois, elle n’avait aucune excuse de ne pas l’avoir repoussé !
A sa grande surprise, la maison était inondée de lumière lorsqu’elle arriva chez elle. Richard était donc rentré plus tôt que prévu. Quel bonheur de retrouver la tranquillité du foyer ! pensa-t elle.
— Je ne t’attendais pas avant demain, s’exclama-t elle chaleureusement en entrant dans le salon.
— Manifestement ! fit-il d’un ton sec en baissant le volume de la musique classique qu’il était en train d’écouter à plein volume.
Portait-elle sur le visage la trace du baiser de Brice ? se demanda-t elle un instant, inquiète. N’avait-elle plus de rouge à lèvres ou pire, en avait-elle autour de la bouche ?
Sans mot dire, Richard avala une gorgée de whisky. Cela ne lui ressemblait pas de boire seul, pensa-t elle en le regardant reposer son verre vide sur la table de salon.
— Clive est rentré il y a une heure environ, dit-il enfin d’une voix blanche.
Aïe ! Nul doute que Clive n’avait pas apprécié d’être congédié par Brice. Qu’avait-il bien pu rapporter à son employeur ?
— Je me suis arrêtée chez Brice McAllister alors que je me rendais à un gala de charité.
— Vraiment ?
— Richard, peux-tu me servir un verre de whisky à moi aussi ?
— Ce que tu dois m’annoncer est donc si terrible que cela ? fit-il en remplissant un autre verre qu’il lui tendit. Je ne comprends pas. Notre cohabitation est certes contractuelle, mais elle repose sur la loyauté. Or, je constate que tu as passé la soirée chez McAllister !
— Pas toute la soirée, Richard ! se défendit-elle. Il n’est que 21h30. Je suis allée chez Brice pour… pour…
— Oui ? fit-il, impatient.
— Pour que nous convenions d’une autre séance, assura-t elle soudain sur un ton plus déterminé.
— Pourquoi ne pas lui avoir tout simplement téléphoné ?
Effectivement, pourquoi ?
— Parce que je passais tout près de chez lui.
— Et ?
— Et rien, nous avons pris rendez-vous, voilà ! Allons, Richard, tu es revenu plus tôt que prévu, c’est merveilleux, ne perdons pas notre temps à parler de McAllister.
— Pour moi, ce n’est pas une perte de temps ! Combien de soirées as-tu passées avec lui depuis mon départ ?
— Aucune, protesta-t elle vivement. Bon, je ne voulais pas t’en parler pour ne pas t’inquiéter, mais puisque tu insistes… Eh bien, la vérité, c’est que je me suis évanouie chez Brice McAllister.
— Ah bon ? fit-il en fronçant les sourcils, inquiet. Que s’est-il passé, Sabina ? Ne me dis pas que tu as encore reçu une lettre anonyme !
— Non, mentit-elle spontanément, non, rassure-toi…
Puis, lui jetant un regard timide, elle ajouta :
— En fait, j’ai oublié de manger aujourd’hui, c’est tout.
— Comment peut-on oublier de manger ? s’exclama-t il alors. Sabina, tu es incroyable ! Et dire que les pires idées m’ont traversé l’esprit alors que je t’attendais ! Bon, as-tu grignoté quelque chose depuis ?
— Oui, Brice a insisté pour que sa domestique me serve un repas !
Elle préféra cacher à Richard le fait que le repas avait été abrégé et qu’elle n’avait avalé qu’un bol de soupe !
Depuis le début, elle savait que son fiancé était possessif — d’ailleurs, n’était-ce pas précisément au nom de cette possessivité qu’il la protégeait ? Or, durant les mois qui venaient de s’écouler, ce compromis lui avait parfaitement convenu.
— Désolé de mon accueil un peu froid, s’excusa Richard. Tu es si belle, si unique. Et dire que j’ai douté de toi !
Elle sentit sa gorge se nouer.
Il n’avait pas eu tout à fait tort de douter d’elle…

 
 

 

ÚÑÖ ÇáÈæã ÕæÑ princesse.samara   ÑÏ ãÚ ÇÞÊÈÇÓ
ÞÏíã 12-03-10, 06:13 PM   ÇáãÔÇÑßÉ ÑÞã: 12
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CHAPITRE 9


— Que veux-tu dire exactement ? s’enquit son grand-père à l’autre bout du fil d’un ton impatienté. Que tu viens accompagné ?
— Oui, tu m’as bien compris, répondit Brice.
Loin de s’attendre à ce que son grand-père fît des difficultés, il avait néanmoins estimé légitime — avant de proposer officiellement une date à Sabina — d’informer celui-ci qu’il lui rendrait visite le week-end suivant… en compagnie féminine.
— Mon château n’est pas un hôtel, mon garçon, maugréa Hugh McDonald. Je sais que toi et tes cousins n’y pensez jamais, mais figurez-vous que moi aussi j’ai ma propre vie. Et je ne me morfonds pas dans mes donjons en attendant que vous daigniez me rendre visite.
Oh oh… Son grand-père était de fort mauvaise humeur, aujourd’hui ! Brice était bien conscient que la propriété requérait beaucoup de travail. Les hectares entourant le château étaient dévolus essentiellement à l’élevage, et même si le domaine était tenu par plusieurs métayers, Hugh tenait malgré tout à superviser l’ensemble.
Soudain, il l’entendit préciser :
— En outre, il est possible que je reçoive moi-même quelqu’un la semaine prochaine.
— Un invité ?
— Eh bien oui ! Moi aussi, j’ai une vie sociale en dehors de la famille, mon garçon.
— Hum, hum, fit Brice. Et ne s’agirait-il pas d’une femme, par hasard ?
En dépit de ses quatre-vingts ans, Hugh McDonald était encore un fort bel homme et cela faisait des années qu’il était veuf.
— Pas d’impertinence, mon garçon, s’il te plaît !
— Ton invitée, c’est donc bel et bien une femme, s’exclama Brice, bluffé.
— Je ne te dirai rien, répliqua son grand-père d’un ton boudeur.
— Oh, je comprends, tu n’es pas du genre à divulguer des secrets d’alcôve ! fit Brice, moqueur, ravi que pour une fois les rôles fussent inversés.
— Prends garde à ce que tu dis, mon garçon ! répondit sévèrement son aïeul.
Déconcerté par cette « complication », Brice ne savait plus quoi faire ! Son beau projet allait-il s’écrouler ?
Et lui qui donnait des leçons à Sabina quant à sa relation avec sa mère, l’encourageant à entretenir un rapport plus adulte avec elle ! Or, voilà qu’il venait de se faire rabrouer par son grand-père comme lorsqu’il avait six ans !
— La réponse est non, alors ? fit-il, le cœur battant.
— Ai-je jamais dit une chose pareille ? s’exclama le vieil homme. Je tenais juste à te préciser que ma maison n’est pas un hôtel, encore moins une garçonnière où tu serais libre d’amener tes dernières conquêtes.
— Sabina n’est pas une conquête, objecta Brice sans avouer qu’il le déplorait vivement. On m’a passé commande de son portrait et j’ai accepté, c’est tout !
A ceci près que, depuis, il en avait perdu le sommeil et sa tranquillité d’esprit. Et il doutait de plus en plus que ce voyage contribuerait à les lui restituer.
— Sabina ? reprit alors son grand-père sur un ton intéressé. Il ne s’agit tout de même pas du top model ?
— Si, l’informa Brice. Tiens donc, je ne savais pas que le milieu de la mode t’intéressait.
Encore que sans être un expert ès mode, il était difficile d’ignorer qui était Sabina — sauf à vivre totalement coupé du monde. Son image s’étalait à la une de tous les journaux et magazines du pays depuis plusieurs années !
— Il y a beaucoup de choses que tu ignores à mon sujet, Brice, répliqua Hugh McDonald d’un ton sévère.
— Effectivement !
Apprendre que son grand-père recevait des hôtes du sexe opposé dans son château était un véritable scoop ! Il imaginait déjà la tête de ses cousins lorsqu’il leur annoncerait la nouvelle.
— Quand comptes-tu venir ? reprit le vieil homme.
— Je ne sais pas encore exactement. Je voulais d’abord vérifier que cela ne te posait pas problème avant d’arrêter des dates définitives.
— Viens quand tu veux, répondit Hugh d’un ton soudain plus léger.
Pourquoi ce revirement subit ? s’interrogea Brice. Parce qu’il s’agissait de Sabina ? Décidément, son grand-père était incorrigible !
— Je te rappelle cette semaine pour te confirmer ma venue le week-end prochain.
Dans une heure, il avait rendez-vous avec Richard et il serait enfin définitivement fixé sur la possibilité de réaliser ou non ce voyage avec Sabina. Evidemment, il aurait préféré n’avoir affaire qu’à cette dernière, mais en l’occurrence Latham était à la fois son commanditaire… et le fiancé de son modèle ! Difficile de faire abstraction de lui ! Il priait pour que Sabina soit présente durant ce curieux rendez-vous.
Cela faisait deux jours qu’elle était repartie brusquement de chez lui, deux longues journées durant lesquelles il avait été incapable de réfléchir. Néanmoins, il avait préféré laisser quarante-huit heures s’écouler afin que la colère de Sabina retombe.
Un vœu pieux ! pensa-t il avec dérision.
Toutes ses pensées étaient tournées uniquement vers la jeune femme ! Il se rappelait les instants uniques où il l’avait serrée dans ses bras, la douceur de ses lèvres, le goût exquis de sa bouche…
Jamais aucune femme ne l’avait obsédé à ce point, auparavant ! Et il fallait que ce fût une femme déjà prise !
— Entendu, répondit Hugh. Surtout, n’arrive pas à l’improviste, compris ?
— Rassure-toi, je ferai en sorte de ne pas te surprendre dans un moment délicat, répondit Brice en se demandant si cette invitée était réellement la petite amie de son grand-père.
Encore qu’à son âge, ce terme ne convenait pas forcément !
— Et j’espère bien que je n’aurai pas à rougir de ta conduite, précisa le vieil homme.
— Je te promets de bien me comporter, répondit Brice, soudain presque soucieux.
Cette mystérieuse invitée semblait très chère à son aïeul… et il ne savait pas trop qu’en penser. Il éprouvait quelque difficulté à imaginer Hugh avec une autre femme que sa grand-mère.
Allons, il n’avait nul droit d’être si égoïste ! N’était-il pas légitime que son grand-père aspire à un peu de compagnie, seul dans son grand château ?
Après cette conversation téléphonique, Brice resta un long moment songeur, jusqu’à ce qu’il s’aperçoive que, s’il ne filait pas tout de suite, il allait arriver en retard à son rendez-vous avec Richard Latham. Après tout, les affaires de cœur de son grand-père ne le regardaient nullement. Ce dernier était majeur depuis longtemps, veuf de surcroît, et avait parfaitement le droit de mener la vie qui lui convenait sans consulter ses petits-enfants.

D’ailleurs, lui-même n’avait-il pas conseillé à Sabina de ne pas juger sa mère ?
Une heure plus tard, alors qu’on l’introduisait dans le salon de Latham, Brice constata avec contrariété que ce dernier était seul pour le recevoir. Sabina devait certainement travailler, pensa-t il, attristé.
Richard Latham portait un costume noir et une chemise blanche, une tenue des plus classiques mais fort élégante, qui soulignait sa chevelure blond vénitien et lui prêtait beaucoup d’allure. Ses tempes grises rajoutaient à son charme, constata Brice à son corps défendant. Bref, il devait bien concéder que Latham portait beau, pour ses cinquante-cinq ans.
Mais curieusement, plus il le regardait, et plus il sentait grandir en lui l’aversion qu’il lui inspirait. Dès leur première rencontre, cet individu lui avait été antipathique. Et il le trouvait d’autant plus désagréable aujourd’hui qu’il vivait avec Sabina, passait chaque jour et chaque nuit en sa compagnie ! Cette dernière idée lui était particulièrement odieuse…
— Asseyez-vous, lui dit Latham sans grande chaleur dans la voix. Que puis-je vous offrir ? Du thé, du café ? A moins que vous ne préfériez de l’alcool ?
— Non, merci, répondit Brice, déjà désireux de repartir.
— Dans ce cas, que puis-je faire pour vous ? demanda Latham en plissant les yeux.
— N’inversez pas les rôles. C’est moi qui suis censé faire quelque chose pour vous. En l’occurrence, le portrait de Sabina.
— Effectivement, concéda Richard. Eh bien, acceptez-vous enfin ma commande ? Et si oui, comment comptez-vous procéder ?
Souhaitant en finir au plus vite, Brice déclara :
— Je compte peindre Sabina dans un cadre gothique ; en l’occurrence, en Ecosse.
A cet instant, on frappa à la porte et, sans attendre d’y être invitée, la domestique entra pour annoncer :
— Mlle Sabina est réveillée. Je vous préviens immédiatement, ainsi que vous me l’aviez demandé.
— Merci, madame Clark. Dites-lui que je monterai la voir dans cinq minutes.
— Sabina est-elle malade ? s’enquit Brice une fois qu’ils furent de nouveau seuls.
Devant l’inquiétude de Brice, un éclair brilla dans les yeux de Latham : irritation ? ressentiment ? Brice n’aurait su le dire… Néanmoins, le sourire de son interlocuteur masquait difficilement les profondeurs glacées de ses yeux bleu pâle.
Selon Richard, Sabina n’était pas malade, juste d’une nature délicate et nerveuse. Pour sa part, Brice ne partageait nullement cet avis. Certes, la jeune femme était surmenée, mais elle possédait en elle une force intérieure que lui déniait Richard, en faisant d’elle sa chose. Et puis, Brice avait expérimenté à ses propres dépens l’esprit d’indépendance qui animait Sabina !
Il se garda cependant de formuler son opinion à voix haute, se *******ant de dire, une fois que Latham eut exprimé son point de vue sur la santé de la jeune femme :
— Je suis navré qu’elle ne se sente pas bien.
— Pour en revenir à notre conversation, reprit Latham, Sabina m’a mis au courant de votre projet de voyage en Ecosse.
— Et alors ? fit Brice, subitement tendu.
— C’est une excellente idée, nous acceptons votre invitation.
Heureux d’apprendre par la bouche de Sabina que Latham serait en Australie, Brice avait alors déploré de façon fort hypocrite l’absence de son fiancé— bien qu’il n’ait jamais eu l’intention de l’inviter. Or, à présent, il se retrouvait pris à son propre piège !
Il sentit des sueurs froides lui couler dans le dos. La dernière chose qu’il souhaitait, c’était que Latham se joigne à eux !
— Je croyais avoir compris que vous ne seriez pas disponible, dit-il alors.
— J’ai modifié mes projets, répondit Latham d’un ton doucereux. Nous viendrons tous les deux avec vous, le week-end prochain.
Et dire qu’à son arrivée, Latham avait fait semblant d’ignorer le motif de sa visite. Décidément, cet homme était un redoutable adversaire ! Sous ses airs charmants et policés se cachait un individu dangereux, pensa Brice. David Latham avait eu raison de le mettre en garde contre son oncle.
A l’idée que Sabina allait épouser cet individu, il avait envie de hurler !
— Brice a très bon goût, murmura Chloe avec un sourire satisfait en ajustant la large bande d’étoffe qui sanglait la taille de Sabina.
Là-dessus, la créatrice recula de quelques pas pour admirer son œuvre…
Brice possédait évidemment d’immenses qualités, mais aux yeux de Sabina, cette robe couleur or dépourvue de bretelles n’était pas d’aussi « bon goût » que le disait Chloe. La coupe dévoilait entièrement ses épaules, le corsage était fort ajusté — bien trop selon elle —, d’autant que sa poitrine était mise en valeur par la large ceinture qui ceignait sa taille. Le bas de la robe retombait comme un voile doré et léger jusqu’à ses chevilles.
C’était là le costume qu’elle était censée revêtir pendant qu’il la peindrait dans le fameux donjon, en Ecosse…
Elle avait eu du mal à en croire ses oreilles lorsque Richard l’avait prévenue qu’ils se rendraient tous trois en Ecosse, le week-end prochain. Nul doute que, dès qu’elle l’avait informé des intentions de l’artiste, son fiancé avait modifié son agenda et reporté son voyage en Australie. Elle s’était retrouvée bien attrapée !
Et avait donc dû passer la veille du départ entre les mains de Chloe qui, en quelques heures, venait de réaliser la tenue souhaitée par Brice.
Depuis que cet artiste était entré dans sa vie, constata-t elle en soupirant, elle avait l’impression d’être ballottée par des forces qu’elle n’était pas en mesure de contrôler. Et elle trouvait la situation parfaitement déplaisante et des plus inconfortables.
— Dites-moi qu’elle vous plaît ! insista Chloe d’un air presque malheureux.
Impossible de ne pas complimenter la créatrice ! L’étoffe en fil d’or était du meilleur effet et c’était une création unique, elle devait l’admettre.
— C’est merveilleux, dit-elle dans un sourire rassurant.
— J’espère que Brice va aimer, déclara Chloe avec inquiétude.
Sabina se garda du commentaire qui lui brûlait les lèvres : elle se fichait comme d’une guigne de ce qu’il pouvait bien penser !
— Il va adorer, déclara Brice d’une voix rauque en entrant dans la pièce.
Sabina se retourna brusquement et l’admiration qu’elle lut dans son regard la fit pâlir. Allons, c’était juste la robe qu’il admirait. Pas elle ! se dit-elle pour se rassurer sans trop y croire.
— Ouf, je suis soulagée qu’elle te plaise, dit Chloe.
— C’est parfait, ajouta Brice en s’approchant des deux femmes.
Il portait un jean et un T-shirt noir moulant qui soulignait la musculature de ses bras. Le noir lui allait à ravir, pensa Sabina.
— Tiens, tu es allé chez le coiffeur, constata Chloe.
Et sa nouvelle coupe le rendait, hélas, encore plus séduisant ! se dit immédiatement Sabina.
— Les cheveux longs, c’est un peu passé de mode, non ? fit Brice.
— Moi, je trouvais que ça t’allait très bien, renchérit sa cousine. Bon, je vais préparer du café, je reviens.
Oh non ! Elle qui voulait éviter tout tête-à-tête avant le départ… Impossible pourtant de protester ou de s’enfuir dans cette tenue ! Fort gênée, elle sentit le regard de Brice se poser sur elle.
— Je ne sais comment interpréter la remarque de Chloe sur ma coupe de cheveux, commença-t il.
Fausse modestie ! Cheveux courts ou longs, il était parfaitement conscient de son charme !
— Excusez-moi, dit-elle en fuyant son regard, je vais remettre mes vêtements.
— Mais cette robe est à vous ! observa-t il, amusé. Son prix est compris dans la facture que paiera Latham.
— Bien sûr, mais…
Sans terminer sa phrase, elle voulut regagner la cabine où elle s’était changée un peu plus tôt. Pourquoi l’habituée des podiums qu’elle était devint-elle brusquement si gauche ? Toujours est-il qu’elle s’empêtra les pieds dans les voiles de sa robe et que sans le bras secourable de Brice, elle serait tout simplement tombée par terre !
— Tout va bien ? demanda-t il, inquiet. Etes-vous réellement remise ?
Elle fronça les sourcils… avant de comprendre son allusion. Elle était alitée le jour de sa visite !
— Oui, c’était une simple migraine.
— Vraiment ? fit-il sans la relâcher. A en croire Latham, c’était davantage qu’une migraine.
— Vous aurez mal interprété ses propos, répondit-elle avec désinvolture.
Ce jour-là, elle avait reçu une autre lettre anonyme qui l’avait bouleversée au point qu’elle avait pris un anxiolytique et s’était mise au lit ! Mais elle s’abstint de l’en informer.
— Non, je ne crois pas, insista-t il en la scrutant de ses prunelles perçantes.
— Donc, nous partons demain pour l’Ecosse, dit-elle tout en se dégageant de son étreinte.
— Effectivement… Mais dites-moi, Latham n’a-t il donc aucune confiance en vous pour renoncer à son voyage en Australie afin de nous accompagner ?
— Ce n’est pas de moi mais de vous dont il se méfie, rétorqua-t elle, ironique.
— Peut-être n’a-t il pas tort, finalement, approuva-t il en lui décochant un sourire diabolique.
Pourquoi Chloe mettait-elle si longtemps à revenir ? se demanda soudain Sabina, fort mal à l’aise.
— Avez-vous téléphoné à votre mère ? l’entendit-elle poursuivre.
— Ecoutez, ma mère et Richard…
Oh, et puis zut ! Ses affaires privées ne le regardaient nullement, elle n’avait absolument pas à se justifier.
— Votre mère désapprouve le choix de votre fiancé, n’est-ce pas ? Elle le trouve trop âgé !
— Pour commencer, Richard n’est pas âgé ! Et ensuite…
— Remarquez, je la comprends, enchaîna-t il sans l’écouter. Il doit être curieux d’avoir juste dix ans de plus que son gendre. Pour ma part, je suis impatient de rencontrer Leonore.
— Ne comptez pas là-dessus ! le prévint-elle sèchement.
— Dites-moi, Sabina, demanda-t il soudain en croisant les bras, à part vous, quelqu’un apprécie-t il réellement votre fiancé ?
— Brice ! s’écria-t elle, indignée. Vous allez trop loin !
— Pas aussi loin que je le voudrais, malheureusement, l’interrompit-il alors en dardant sur elle de grands yeux mélancoliques.
Hélas, elle savait qu’il était sincère. Et elle redoutait les surprises que le week-end allait leur réserver !
D’abord étonnée que Richard ait accepté le voyage en Ecosse, elle avait finalement pensé qu’en sa compagnie, Brice ne tenterait pas de l’importuner, et qu’un week-end était vite passé.
A bien y réfléchir cependant, et étant donné l’aversion manifeste que ce dernier ressentait pour son fiancé, la présence de Richard n’allait-elle pas rendre la situation ingérable ?
Vivement que ce fichu portrait, source de tous ses malheurs, soit terminé et que Brice sorte de sa vie ! se dit-elle encore. Et où diable était donc passée Chloe ?
— A propos de ce week-end…, commença Brice.
— Oui ?
— Mon grand-père a quatre-vingts ans. Sans vouloir moi-même porter de jugement moral sur votre concubinage, je doute que… enfin, vous me comprenez.
— Non, pas du tout ! affirma-t elle, peu désireuse de lui faciliter la tâche.
— Eh bien, la vie que vous menez à Londres avec Latham ne regarde que vous. En revanche, chez mon grand-père…
— Cessez d’être sibyllin, et dites franchement ce que vous avez sur le cœur !
— Il est un peu vieux jeu et je doute qu’il apprécie qu’un couple non marié partage la même chambre sous son propre toit ! Par conséquent, Latham et vous devrez dormir dans des chambres séparées.
Ah, c’était donc ça !
— Richard et moi n’y verrons aucun inconvénient, affirma-t elle alors.
— Je me moque de ce que pense Richard. C’est vous que je voulais prévenir.
— Comme c’est aimable de votre part, répliqua-t elle d’un ton acerbe.
— Une dernière chose, Sabina… C’est un très vieux château… et le parquet grince, si vous voyez ce que je veux dire.
Cette allusion directe la fit brusquement rougir. Il la mettait en garde contre d’éventuelles allées et venues nocturnes ! Prenant une large inspiration, elle répondit :
— Je suis certaine que je pourrai passer deux nuits seule. Enfin, Brice, n’ayez crainte, je saurai me conduire décemment !
Là-dessus, bouillonnant de colère, elle courut s’enfermer dans la cabine.
Comment osait-il formuler de telles insinuations alors qu’il ignorait tout de son style de vie ? Il ne savait pas qu’à Mayfair, Richard et elle occupaient des chambres séparées.

 
 

 

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CHAPITRE 10


Comme Brice regrettait de ne pas avoir accepté la proposition de Richard — à savoir que ce dernier et Sabina se rendent en Ecosse par leurs propres moyens !
Avant d’entreprendre le voyage, il lui avait paru naturel qu’ils arrivent tous ensemble chez son grand-père et il leur avait proposé de les y conduire. D’autant plus naturel que Latham et Sabina ignoraient où se trouvait le château… et que lui-même souhaitait passer le plus de temps possible en compagnie de la jeune femme.
Hélas, il avait oublié qu’il devrait également subir la présence du fiancé — ce qui changeait considérablement les choses !
Manifestement, le couple ne ressentait pas son malaise et discutait en toute tranquillité à l’arrière du véhicule. Sabina et Richard Latham semblaient avoir à peine conscience de sa présence à l’avant. Ils le traitaient réellement comme… comme un vulgaire chauffeur !
— J’espère que je ne conduis pas trop vite, finit-il par dire en jetant un bref coup d’œil dans le rétroviseur — où il croisa le regard moqueur de Sabina.
Nul doute qu’elle devinait sa disposition d’esprit !
— Pas du tout, se chargea de répondre Latham. Nous étions en train de nous émerveiller sur le paysage. Il est réellement magnifique.
— Une excellente destination pour une lune de miel, déclara Brice, non sans ironie.
— C’est ce qu’ont dû penser le prince et la princesse de Galles, répondit Richard, car c’est ici qu’ils ont passé leur voyage de noces, si je me souviens bien.
— Effectivement, mais on ne peut pas dire que cela leur a porté chance, répliqua Brice d’un ton caustique.
— Pour notre lune de miel, précisa alors Richard, j’ai plutôt les Caraïbes en tête.
Cette remarque renforça la mauvaise humeur de Brice. Pourtant, un autre bref coup d’œil dans le rétroviseur lui permit de surprendre le regard étonné de Sabina : nul doute que c’était la première fois qu’elle entendait parler de ce voyage de noces !
Par conséquent, Richard avait évoqué les Caraïbes dans le seul but de le provoquer…
Voilà qui confirmait les soupçons de Brice concernant les changements de projet de Latham : s’il avait ajourné son voyage en Australie, c’était pour surveiller l’artiste et son modèle, bien conscient de l’intérêt marqué que ce premier portait à sa fiancée.
Parfait ! Ses moindres faits, ses moindres paroles allaient être retenus contre lui ! C’était charmant, vraiment ! Dans quel guêpier s’était-il mis ?
— Voilà la propriété de mon grand-père, annonça-t il d’un ton morne en s’engageant dans la voie bordée d’arbres qui menait au château.
Brice avait beau avoir passé toutes ses vacances chez son grand-père et considérer l’endroit comme sa deuxième demeure, il n’en était pas moins à chaque fois époustouflé par la beauté majestueuse de la bâtisse. Ses pierres patinées par le temps et ses tourelles romantiques qui semblaient caresser les nuages exerçaient toujours la même fascination sur lui.
— Ma fiancée va se prendre pour la châtelaine, plaisanta Richard quelques minutes plus tard, tandis qu’ils sortaient de la voiture et que Sabina affichait un visage réjoui et admiratif en contemplant les lieux.
— Hélas, fit Brice, je crains que la place ne soit déjà prise !
Là-dessus, il décocha un large sourire à Sabina… Le plaisir enfantin qui se lisait sur ses traits réchauffa son cœur.
— Peu importe ! assura Richard en passant un bras possessif autour de la taille de la jeune femme. Si tu désires un château, je t’en achèterai un !
Brice eut alors l’impression d’entendre un père promettre une bicyclette neuve à son enfant ! Il y avait de quoi être écœuré…
Eh bien, le week-end s’annonçait plus ardu que prévu ! pensa-t il, dans la mesure où chaque fois que le fiancé de Sabina ouvrait la bouche, il en concevait une profonde irritation.
Une irritation qui frisait la violence !
Il aurait été bien plus plaisant de se retrouver seul ici avec Sabina, de s’imprégner en tête à tête de la sérénité de l’environnement familial, de lui faire visiter les lieux, de lui montrer les rivières où autrefois il pêchait des truites avec ses cousins, de faire la course avec elle dans l’herbe folle…
— Ma famille possède ce château depuis des siècles, annonça-t il soudain avec hauteur.
— C’est vrai, intervint alors Sabina, une telle splendeur, on ne l’acquiert pas, on en hérite, c’est tout.
— A l’origine, ce n’est pas une construction commanditée par l’un de mes ancêtres, déclara Brice à la jeune femme sur le ton de la confidence, tandis que Latham regardait ailleurs, comme s’il ne prenait plus part à la conversation. Je pense que mes aïeux se sont approprié le château après l’avoir assiégé et tué le propriétaire !
— Les Ecossais sont d’un naturel bagarreur, n’est-ce pas ? observa alors insidieusement Richard.
Que croyait-il ? pensa Brice avec mépris. Qu’il allait le provoquer en duel pour les beaux yeux de Sabina ? Comme il se trompait ! Sabina était une femme indépendante — pas un objet de valeur dont on se disputait la possession.
— Et les Anglais passent pour des provocateurs, n’est-ce pas ?
C’était Hugh McDonald, le maître de céans, qui venait de proférer ces paroles. Son imposante silhouette se dessina soudain dans l’encadrement de la porte d’entrée.
— Grand-père ! s’écria Brice en se précipitant vers lui pour lui donner une accolade chaleureuse.
— Te voici enfin, mon garçon ! Je veux bien te pardonner de me faire dîner si tard, à condition que tu me présentes cette superbe jeune femme.
— Je m’appelle Sabina, répondit spontanément cette dernière en tendant la main à Hugh.
Dans sa veste cintrée en velours noir sur laquelle chatoyait la masse de sa chevelure dorée, elle avait l’air d’un ange. Elle ajouta alors dans un merveilleux sourire :
— Navrée, mais c’est à cause de moi que nous sommes en retard. Je n’arrivais pas à me décider sur le choix des vêtements à emporter !
Entièrement sous le charme, le grand-père de Brice retint un instant la main de Sabina dans la sienne avant de lui présenter son bras, en affirmant d’un ton fort galant :
— Quoi que vous portiez, je suis certain que vous êtes toujours ravissante.
A cet instant, Brice observa Latham à la dérobée. Nul doute que ce dernier appréciait peu la courtoisie du vieil homme ! pensa-t il, assez satisfait. S’arrachant à ses pensées, il décréta alors :
— Voulez-vous bien m’aider à porter les bagages, Latham ?
Là-dessus, il ouvrit le coffre de sa voiture et commença à décharger. Certes, son grand-père employait de nombreux domestiques, mais ils n’étaient pas à la disposition de Latham !
Après avoir déposé les valises dans les chambres respectives, les deux hommes rejoignirent Sabina et Hugh dans le salon. Brice s’immobilisa brusquement sur le seuil, étonné d’entendre Sabina rire. C’était presque un rire d’enfant, un rire complètement désinhibé.
— Que vous arrive-t il, McAllister ? demanda Richard en manquant de le bousculer.
Comment lui expliquer le spectacle merveilleux que représentait pour lui une Sabina aux joues roses et riant à gorge déployée ?
— Entrez, entrez, leur dit alors Hugh. Brice, rends-toi utile et sers un verre à nos invités.
Brice était habitué à ce que son grand-père le traitât comme un enfant de six ans. En revanche, il s’aperçut que cela surprenait… et amusait beaucoup Sabina, ainsi que l’indiquaient ses yeux et son sourire moqueur.
Elle paraissait si détendue ! Allons, pensa-t il, peut-être que ce week-end n’allait pas se révéler aussi désastreux qu’il l’avait craint durant le trajet.
— Que désirez-vous boire, Sabina ? demanda Brice en se dirigeant vers le bar qu’il inspecta minutieusement avant d’ajouter : nous avons en stock du vin rouge ou blanc, de la vodka, du gin ou encore du scotch.
En Ecosse, il était de bon ton de boire du scotch. Néanmoins, comme elle n’avait jamais aimé les alcools forts, elle opta pour un verre de vin blanc.
— N’est-ce pas splendide, ici ? demanda-t elle tranquillement à Richard en allant s’asseoir près de lui, sur le sofa.
— Splendide, oui, fit ce dernier sans le moindre enthousiasme.
Elle sourcilla. Etait-il possible que Richard n’aimât pas l’endroit ? Pour sa part, jamais elle n’avait vu pareille demeure. Tous les meubles étaient d’époque, de nombreuses armures étaient accrochées au mur, sans compter les épées et autres casques. Elle avait même entraperçu un canon sur l’un des paliers menant à un donjon. Comme dans un château de conte de fées !
— L’endroit est très isolé, reprit Richard à l’adresse de Brice qui lui tendait un verre de whisky. Et je présume que les notes de chauffage doivent représenter une fortune !
— Je vous concède que nous sommes loin de tout, intervint Hugh, mais cela présente un avantage : nous ne risquons pas d’être dérangés par les voisins ! Et si l’on regarde à la dépense en ce qui concerne le chauffage, il vaut mieux habiter ailleurs.
Une certaine tension flotta soudain dans l’air, ainsi que le constata tristement Sabina. Elle était certaine que Richard ne voulait pas froisser son hôte et pourtant ce dernier avait pris la mouche.
— Je croyais que nous serions cinq à dîner, ce soir, déclara Brice en louchant du côté de la table dressée pour quatre convives.
— Mon invitée n’arrivera que demain, répondit Hugh d’un ton morne.
— Je suis fort impatient de faire sa connaissance !
Qui était donc cette mystérieuse personne ? se demanda Sabina. Au ton de l’échange, elle comprit que Brice taquinait son grand-père. Elle s’abstint néanmoins de formuler la moindre question.
— Ai-je le temps de monter me rafraîchir un peu, avant que nous ne passions à table ? demanda-t elle alors.
— Assurément, Sabina ! concéda Hugh, décidément grand prince pour quelqu’un qui mourait de faim !
— Je vous accompagne pour vous montrer votre chambre, décréta immédiatement Brice.
Zut ! Elle aurait dû se douter que Brice sauterait sur la première occasion pour se retrouver seul avec elle !
Avant de quitter Londres, elle s’était fait le serment de passer le minimum de temps en tête à tête avec le peintre. Et voici que, quelques minutes à peine après leur arrivée, il l’entraînait déjà loin des autres !
— Fais vite, Sabina, lui ordonna Richard. Nous avons suffisamment retardé le dîner de M. McDonald.
M. McDonald… Curieusement, Sabina n’avait éprouvé aucune difficulté à l’appeler Hugh lorsqu’il l’en avait priée, tout à l’heure. En revanche, il n’avait pas autorisé Richard à se montrer aussi familier à son égard.
— Prenez garde à l’étroitesse de l’escalier, l’avertit Brice tandis qu’elle s’élançait derrière lui.
De fait, l’escalier était rude et plusieurs fois, Sabina dut agripper la lourde corde qui servait de balustrade pour prendre les tournants. Elle avait littéralement l’impression d’avoir remonté le temps !
— Ici, c’est un monde bien différent de Londres, constata-t elle.
Se retournant brusquement, Brice annonça :
— Rassurez-vous, les parquets grincent, mais vous trouverez ici tout le confort moderne, si c’est ce qui vous inquiète.
Cette allusion directe à leur conversation de la veille la fit rougir. Elle préféra l’ignorer.
Brice s’effaça alors pour qu’elle entre dans la chambre qui lui était réservée. C’était la première fois qu’elle pénétrait dans une pièce circulaire. Les tons beige et mordoré prédominaient et prêtaient à l’endroit une lumière tamisée.
Ce qui l’intrigua le plus, c’étaient les oculus disséminés dans le mur. Elle alla vers chacun d’eux pour admirer le panorama que le voile de la nuit commençait à recouvrir : une forêt d’un côté, un lac de l’autre, ici un jardin clos, là des biches paissant tranquillement, à deux pas du château.
Elle était sous le charme !
— Si j’habitais ici, je ne voudrais jamais en partir, dit-elle alors d’un air rêveur.
— Si vous habitiez ici, moi non plus, répliqua-t il d’une voix rauque tout près d’elle.
Bien trop près d’elle ! songea-t elle en se retournant. Leurs poitrines se frôlaient presque. Elle retint son souffle…
Soudain, ce fut comme si le temps s’était arrêté dans la lumière du crépuscule.
Leurs regards restaient enchaînés l’un à l’autre ; les yeux couleur émeraude de Brice brillaient dans la pénombre, l’intimité de ses ultimes propos pesant lourdement entre eux.
Elle devait mettre un terme à cette situation, briser le charme… Hélas, elle se sentait hypnotisée, envoûtée par Brice et par l’environnement.
— Il vaut mieux que je rejoigne les autres, décréta-t il subitement, d’un ton presque bourru.
— Oui.
Néanmoins, ni l’un ni l’autre ne firent le moindre geste.
Elle vit alors un muscle de sa puissante mâchoire tressaillir, tandis qu’il continuait à la fixer avec une intensité incroyablement sensuelle. L’air était chargé d’électricité…
— Vous devriez vraiment redescendre, lui dit-elle, le souffle court.
— Oui…
Pourtant, encore une fois, il ne bougea pas d’un pouce, ne fit pas le moindre geste pour la toucher — ou pour s’éloigner.
— Sabina, reprit-il soudain d’une voix pleine d’émotion, je…
— Partez, Brice ! lui ordonna-t elle d’un ton suppliant. Partez, je vous en conjure.
— Entendu, je m’en vais, marmonna-t il avant d’ajouter d’une voix atone : à tout de suite, en bas.
Une fois qu’il eut disparu, elle demeura encore un bon moment immobile, toujours tétanisée… Mon Dieu, qu’était-il en train de lui arriver ?
Ou plus exactement que lui était-il arrivé ?
Elle était fiancée à Richard et savait infiniment gré à ce dernier de la protection qu’il lui apportait. Et voici qu’elle venait de faire une découverte qui menaçait de bouleverser ce bel équilibre…
Elle était tombée amoureuse de Brice McAllister !

 
 

 

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CHAPITRE 11



— Pour l’amour du ciel, Sabina, détendez-vous ! lui ordonna Brice en lui lançant un coup d’œil impatienté par-dessus son tableau. Vous savez, j’ai déjà mangé ce matin, je ne vais pas vous avaler toute crue !
Cela faisait une demi-heure qu’elle posait pour lui, debout au milieu de la pièce dans la fameuse robe dorée, la tête légèrement tournée vers la fenêtre ainsi qu’il le lui avait demandé.
Une demi-heure qu’elle ne parvenait pas à se détendre… ce qui contrariait profondément Brice ! Car c’était lui qui était en droit d’être tendu. Ne se rendait-elle pas compte que les épaules nues qu’elle lui présentait excitaient terriblement son imagination et faisaient naître en lui des images d’une Sabina entièrement dénudée ?
Comment travailler correctement dans ces conditions ?
— Je sais ! répliqua-t elle avec hauteur. Seulement j’ai… j’ai un peu froid.
Froid ? Voilà qui n’étonnait guère Brice vu l’air glacial dont elle le gratifiait depuis hier soir. Depuis qu’elle avait rejoint les trois hommes dans la salle à manger, après qu’il lui eut montré sa chambre et que…
D’accord, il admettait qu’il avait eu tort de s’attarder dans sa chambre, mais ç’avait été plus fort que lui ! Il avait été littéralement incapable de s’arracher à sa contemplation. Elle était si belle dans cet environnement, si parfaite… Et il était bien conscient que la façon dont il l’avait alors fixée n’avait rien à voir avec le regard de l’artiste !
Allons, la froideur de Sabina à son égard avait eu un effet bénéfique : Richard Latham, concentrant toutes les attentions de sa fiancée, s’était peu à peu métamorphosé en un être convivial durant le dîner, dévoilant un aspect chaleureux et charmant de sa personnalité que Brice n’aurait pas soupçonné chez lui. Nul doute que c’était ce Richard-là dont Sabina était éprise.
Néanmoins, en dépit de cette sociabilité inattendue, Richard lui restait définitivement antipathique et, à certaines œillades de son grand-père, Brice avait compris que ce dernier partageait les mêmes sentiments que lui.
Voilà qui lui avait mis un peu de baume au cœur ! Et si l’hostilité que lui-même ressentait pour Richard n’était pas uniquement liée à Sabina ? Il en était arrivé à la conclusion suivante : Latham n’était pas une personne qui inspirait confiance, et ce, indépendamment du contexte.
Bon, pensa-t il, soudain irrité, si Sabina demeurait dans des dispositions hostiles envers lui, il n’arriverait à rien ! Brusquement, il se leva et déclara :
— Vous n’y mettez vraiment pas du vôtre, Sabina ! Ne pouvez-vous donc pas faire un tout petit effort ? Ne serait-ce que pour le commanditaire de ce tableau !
— Navrée, mais j’ai réellement froid. Ne pourriez-vous pas fermer la fenêtre ?
— Entendu ! répondit-il avec mauvaise humeur.
Se dirigeant vers la fenêtre, il la referma brutalement. Il s’aperçut alors que la tension qui tenaillait son modèle s’était communiquée à son être. L’heure des explications avait sonné, conclut-il avant de demander avec fermeté :
— Que se passe-t il, Sabina ?
— Je… j’ignorais que les séances auraient lieu dans votre chambre, vous ne m’aviez pas prévenue ! l’accusa-t elle, les joues en feu.
Etait-ce la colère ou la gêne qui l’avait fait rougir ? Il n’aurait su dire…
— Il se trouve que cette pièce est à la fois ma chambre et mon atelier, répondit-il.
Les nombreux tableaux posés contre les murs prêtaient incontestablement à la pièce des allures d’atelier et attestaient de la véracité de ses propos. Evidemment, il était quelque peu curieux de voir un lit trôner dans l’alcôve qui se trouvait près de la fenêtre — mais il ne s’en était jamais fait la réflexion jusque-là. Il était vrai qu’il n’était jamais venu dans cette pièce en compagnie d’une femme !
— Je présume que c’est à cause de Latham, n’est-ce pas ? poursuivit-il. Vous craignez qu’il désapprouve.
— Non, répliqua-t elle d’un air furieux. Il se trouve que je n’aime pas cet endroit.
— Et pourquoi, si je puis me permettre ?
Sans répondre, elle se dirigea vers la fenêtre et s’absorba dans la contemplation du paysage — notamment du lac sur lequel glissaient des cygnes noirs.
— Tout est si paisible, ici, murmura-t elle d’un ton mélancolique.
— Sabina, dit-il alors en l’attrapant par le bras pour la forcer à se retourner, vous ne m’avez pas répondu !
— A quoi bon répondre ? Vous connaissez la réponse, non ?
— Sabina…, répéta-t il, le souffle court.
Se dégageant vivement de son étreinte, elle opta pour un changement de ton radical et demanda d’un air presque jovial :
— Savez-vous où votre grand-père a emmené Richard, ce matin ?
En haut d’une falaise pour le pousser dans le vide ! eut-il envie de répondre. Il s’en garda pourtant, car il redoutait de s’aliéner définitivement sa sympathie en lui confiant les pensées qu’il ruminait à l’encontre de son fiancé.
— Ils font le tour du propriétaire en 4x4, répondit-il d’un ton morne. Ne vous faites aucun souci au sujet de votre fiancé, il va vous revenir.
— Je ne suis pas inquiète, précisa-t elle.
Menteuse ! pensa-t il alors. De toute évidence, quelque chose la préoccupait. Il voulait bien croire que Richard n’en était pas la cause… Qu’était-ce alors ?
— Sabina, reprit-il patiemment, si vous ne me dites pas ce qui ne va pas, comment pourrais-je vous aider ?
— Mais qui vous dit que je ne vais pas bien ? se récria-t elle en prenant un air étonné. En outre, je ne vous ai jamais demandé de m’aider.
— Pourtant, il est évident que vous avez besoin d’aide, insista-t il. Pourquoi ne pas accepter la mienne ?
— J’ignore de quoi vous voulez parler, Brice, et d’ailleurs, si j’avais des ennuis, ce n’est pas à vous que je me confierais. J’ai un fiancé, une mère, autant de personnes avec qui je peux discuter si nécessaire.
Et non avec un inconnu qui avait pris la liberté de l’embrasser plusieurs fois ! Telle était la conclusion qu’il tirait de ses propos.
— Votre mère ? fit-il, sceptique. Je n’ai pas franchement l’impression qu’elle soit votre confidente ! A propos, l’avez-vous appelée pour l’informer de votre arrivée ?
Elle sourcilla, appréciant peu le tour que prenait subitement la conversation.
— Votre insistance frise la grossièreté, Brice !
— Répondez-moi !
— Non, je ne l’ai pas appelée, avoua-t elle en soupirant bruyamment pour bien montrer son exaspération.
— Pourquoi ? fit-il durement.
— L’Ecosse est un grand pays, vous savez, et…
— Où habite Leonore, exactement ? Dois-je vous rafraîchir la mémoire ? N’est-ce pas dans un petit village à quelques kilomètres d’ici, si mes renseignements sont bons ?
— Cessez de me parler de ma mère, lui ordonna-t elle brusquement. Nous sommes ici pour travailler, oui ou non ?
— Si vous le souhaitez, je peux l’appeler à votre place.
— Je vous suggère de vous occuper de vos propres affaires ! rétorqua-t elle, en colère.
— Du calme, j’essayais juste de vous aider.
— Et moi, je vous ai déjà signalé que je n’avais nul besoin de votre aide. La relation que j’entretiens avec ma mère me regarde et vous n’avez pas à vous en mêler !
— Pourtant, je…
— J’en ai assez entendu ! décréta-t elle en se dirigeant subitement vers la porte. J’ai besoin de prendre l’air. Nous reprendrons la séance plus tard.
Il ne cherchait pas à la retenir, comprenant à son ton tranchant qu’il n’obtiendrait plus rien d’elle, ce matin. L’adage ne disait-il pas qu’il fallait toujours se méfier de l’eau qui dormait ? Tel était le cas avec Sabina. Elle, toujours si calme, lui avait dévoilé un autre aspect de sa personnalité en se révélant soudain belliqueuse !
Avait-il donc le pouvoir de la pousser dans ses derniers retranchements ?
Quel désastre ! Une catastrophe totale, pensa Sabina en retirant nerveusement sa fichue robe pour enfiler à la place un T-shirt rose vif et un jean. Elle avait dit vrai : elle avait réellement besoin d’un bol d’air frais pour se calmer.
En chaussant ses sandales, elle s’efforça de respirer calmement, profondément…
Que faire ? Que pouvait-elle bien faire ?
Elle était fiancée à Richard, un homme qui lui avait toujours témoigné de la gentillesse et de la sollicitude — et elle était amoureuse de Brice, un homme qui… Qui quoi exactement ? Qui lui aussi avait été attentionné et prévenant, à sa façon !
En outre, ce dernier lui avait révélé un aspect inconnu de sa propre personnalité : elle était un être capable de passion.
Comment en était-elle arrivée à s’aveugler à ce point ?
Les incidents de novembre dernier l’avaient bouleversée au point de lui faire perdre toute confiance en elle-même et en autrui. C’était à cette période-là que Richard, jusqu’alors un ami attentif qui l’emmenait parfois dîner dans des endroits à la mode, lui avait spontanément offert sa protection. Tous deux y gagneraient ! lui avait-il fait valoir. Elle serait à l’abri des importuns et, en contrepartie, il pourrait parader au bras du mannequin le plus apprécié des photographes. Il s’agissait d’un arrangement qui n’impliquait nullement une intimité physique, lui avait-il précisé. Ainsi se fiancèrent-ils officiellement.
A l’époque, déçue par la gent masculine, elle ne se doutait pas qu’un jour elle serait capable d’aimer un homme éperdument — comme c’était le cas avec Brice. Sans quoi, elle n’aurait jamais passé ce contrat avec Richard…
La veille, incapable de s’endormir, elle n’avait cessé de repenser à l’affreuse situation où elle se trouvait… Et brusquement, une nécessité s’était imposée à elle : elle se devait de dire la vérité à Richard ! Elle ne pouvait plus profiter de sa gentillesse, de sa maison, alors qu’elle brûlait d’amour pour un autre homme.
Certes… Mais comment le lui annoncer ?
Ah, si elle avait su que ce week-end allait lui faire prendre conscience de son amour pour Brice, jamais elle ne serait venue s’enfermer dans ce château maléfique !
La séance de pose dans « l’atelier-chambre » de l’artiste s’était apparentée à une véritable torture étant donné les sentiments qu’il lui inspirait !
Une promenade dans les jardins serait salutaire, pensa-t elle en sortant de sa propre chambre. Oui, il fallait à tout prix s’éloigner de Brice pour ne pas avoir la tentation de revenir dans l’atelier…
Peut-être même qu’avec un peu de chance, elle croiserait Hugh et Richard. Encore que l’idée de revoir son fiancé dans l’état de confusion sentimentale où elle se trouvait ne l’enchantait pas particulièrement.
Ah, maudit Brice McAllister ! Pourquoi avait-il fallu qu’elle le rencontre ?
— Vous allez faire un tour ?
Elle sursauta.
Hugh McDonald se tenait sur le palier, un large sourire sur son noble visage. Elle lui rendit son sourire et il enchaîna :
— Richard a emprunté ma voiture pour aller acheter les journaux au village.
— Il ne peut pas rester une journée sans lire les pages économiques, expliqua-t elle avec indulgence.
— C’est effectivement ce qu’il m’a dit. Vous alliez vous promener, n’est-ce pas ? Puis-je vous accompagner ?
— Oh, je ne voudrais pas abuser de votre temps, commença-t elle poliment, même si elle mourait d’envie de faire une promenade au bras de l’aimable vieil homme pour oublier les pensées qui la rongeaient.
— Quelle idée ! Un homme de mon âge est toujours flatté qu’une femme aussi belle que vous accepte sa compagnie.
Sabina se mit à rire. Les choses étaient si simples avec le grand-père de Brice !
— Dans ces conditions, dit-elle en passant un bras empressé sous le sien, allons nous promener !
— Où voulez-vous aller ? demanda Hugh, une fois qu’ils furent à l’extérieur, sous le soleil de mai.
— Je meurs d’envie d’explorer le jardin clos que j’aperçois de ma chambre.
— Entendu ! Seulement je vous préviens, il n’est pas très soigné, c’était ma défunte femme qui l’entretenait autrefois.
— Quel dommage ! Peu importe, je le visiterai tout de même volontiers.
Comme ils approchaient du jardin, Hugh lui demanda tout à coup :
— J’ai besoin de votre opinion, d’un avis féminin… Comment, selon vous, va réagir ma famille si j’annonce qu’à mon grand âge je suis tombé amoureux ?
Déconcertée par cette question des plus inattendues, Sabina se mit à bredouiller :
— Euh… Je… je ne suis pas certaine que…
— Navré, intervint alors Hugh, je ne voulais pas vous choquer.
— Vous ne m’avez nullement choquée, se défendit-elle, gênée par sa propre stupidité.
— Je souhaitais avoir le point de vue d’un tiers avant d’aborder le sujet avec ma famille. Bien que Brice se doute de quelque chose…
Cela ne l’étonnait guère ! Il était tellement perspicace. A cet instant, Hugh ouvrit la porte du jardin et elle fut immédiatement enchantée par la profusion des fleurs sauvages dont les senteurs envahirent ses sens.— Eh bien, qu’en pensez-vous ?
— C’est merveilleux, s’exclama-t elle. Exactement comme je me l’étais imaginé. C’est…
— Je ne parlais pas du jardin, je faisais référence à notre conversation, l’interrompit-il.
Décidément, l’obstination était congénitale dans cette famille ! Que lui répondre ? Qu’en dépit de ses quatre-vingts ans, il était encore un fort bel homme et qu’il pouvait parfaitement tomber amoureux et plaire aux femmes ? Cependant, étant donné sa propre réaction lorsque sa mère lui avait annoncé sa future escapade romantique, elle doutait fort que la famille d’Hugh appréciât la nouvelle…
— Ah ! fit-il en soupirant. Je sais bien ce que vous pensez. Que j’ai perdu la tête, c’est ça ?
— Pas du tout ! s’empressa-t elle d’affirmer. Seulement, votre confidence me renvoie à mes propres dilemmes. Ma mère, qui est par ailleurs veuve depuis cinq ans, vient de m’avouer qu’elle a rencontré un homme et…
— Et ? l’encouragea Hugh.
— Ecoutez, si je peux vous donner un conseil, c’est de ne pas prendre garde aux premières réactions de vos proches.
— Ce qui signifie que les vôtres n’ont pas été très favorables envers votre mère ?
— J’ai réagi de façon déplorable, en effet.
Après tout, qu’y avait-il de terrible à ce que sa mère choisisse de briser sa solitude ? Et de quel droit aurait-elle exigé de Leonore une fidélité éternelle à son mari défunt, alors qu’elle-même vivait avec un homme… tout en étant attirée par un autre ?
— Dites-moi, Sabina, demanda subitement Hugh en plissant les yeux, que pensez-vous de mon petit-fils ?
A cette question, son cœur fit un bond dans sa poitrine. Elle parvint néanmoins à donner le change en rétorquant plaisamment :
— Duquel voulez-vous parler ?
Peu dupe, il joua pourtant le jeu et lui dit :
— Ainsi, vous connaissez également Logan et Fergus ?
— J’ai effectivement eu l’occasion de rencontrer Fergus, et…
Elle s’interrompit brusquement. Etait-il réellement nécessaire d’évoquer cette fameuse soirée au restaurant ? Une soirée qui en dépit de tous ses efforts avait débouché sur un baiser !
— J’ai également aperçu Logan au cours d’une fête, enchaîna-t elle rapidement. Vos trois petits-fils se ressemblent beaucoup.
— Exact, et pas seulement physiquement !
De toute évidence, ses petits-enfants le remplissaient de fierté. Et il y avait de quoi ! Ils étaient tous fort séduisants et chacun avait brillamment réussi dans la voie qu’il avait choisie.
— Vous n’avez pas répondu à ma question concernant Brice…
— Je crois que Brice a hérité son franc-parler de son grand-père, dit-elle alors sur un ton gentiment moqueur.
— Je leur ai appris à tous à croire en la valeur de la franchise, déclara Hugh en riant. Même si l’honnêteté peut parfois vous valoir quelques ennemis. D’ailleurs, à propos de franchise, Sabina, je…
— Coucou !
Du seuil du jardin, Richard venait de les interpeller, empêchant Hugh de poursuivre leur bien curieuse conversation.
Sabina se réjouit de cette interruption.
Franchement, elle ignorait ce qu’elle aurait bien pu dire à Hugh concernant les sentiments qu’elle nourrissait pour son petit-fils. Elle était consciente de son amour pour lui depuis trop peu de temps, son agitation intérieure était bien trop intense ! Bref, elle préférait tout simplement ne pas évoquer Brice !
Encore qu’elle ne fût pas certaine d’être en mesure d’affronter Richard en ce moment…
— Regardez qui je viens de croiser, annonça ce dernier en s’écartant de la porte.
Ce fut alors qu’à sa plus grande stupéfaction, Sabina se retrouva… en face de sa propre mère.
Mon Dieu ! Que faisait-elle ici ? Etait-il possible que… ? Oh non, par pitié ! Brice lui aurait-il donc téléphoné à son insu ? Ah, le traître !
— Leonore…, murmura alors Hugh d’une voix tout émue.
Comme une automate, Sabina tourna la tête vers le vieil homme, littéralement pétrifiée. La chaleur bienveillante qu’elle lut alors dans les prunelles de Hugh confirma ses doutes et la cruelle vérité s’imposa à elle dans toute sa brutalité : le grand-père de Brice était l’homme dont sa mère s’était éprise !

 
 

 

ÚÑÖ ÇáÈæã ÕæÑ princesse.samara   ÑÏ ãÚ ÇÞÊÈÇÓ
ÞÏíã 12-03-10, 06:21 PM   ÇáãÔÇÑßÉ ÑÞã: 15
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ÇáÊÓÌíá: Apr 2008
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a suivre
et bon lectur

 
 

 

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