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Un véritable mariage d’amour

Un véritable mariage d’amour de Kathryn ROSS Brant Harcourt fixa Kelly d’un regard scrutateur. ‑ Connaissez-vous le contenu du testament de votre grand-père, Kelly ? La jeune

 
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Un véritable mariage d’amour

de Kathryn ROSS


Brant Harcourt fixa Kelly d’un regard scrutateur. ‑ Connaissez-vous le contenu du testament de votre grand-père, Kelly ? La jeune femme le toisa avec hauteur. Elle n’avait jamais aimé l’associé de Joe, son grand-père. ‑ Je suis la seule héritière de Joe. Il m’aura certainement légué ses parts dans le cabinet d’avocats ainsi que tout le reste. ‑ Préparez-vous à un choc, Kelly. Car c’est à moi que Joe a légué ses actions. Toutes ses actions. Il se tut pour ménager le suspense, puis ajouta : ‑ A une condition : que je vous épouse…0


chapitre 1


Le fameux cabinet d’avocats Harcourt et McConell se trouvait au cœur du quartier des affaires de Toronto, dans un impressionnant gratte-ciel, symbole de la réussite exceptionnelle de Jœ McConell. Fusant droit vers le ciel, le bâtiment de verre abritait une importante société immobilière et les bureaux des meilleurs juristes de la ville, dont Kelly McConell faisait partie.
Comme à son habitude, elle alla garer sa Jaguar gris argent dans le parking du sous-sol. La main sur son attaché-case, elle se préparait à sortir de la voiture quand la vue de son reflet dans le rétroviseur la retint. Qu’y avait-il de changé ? Ses cheveux dorés étaient retenus par un élégant chignon, son chemisier de soie émeraude rehaussait l’éclat de ses yeux. Aujourd’hui, contrairement à d’habitude, le maquillage de ses yeux verts était plus soutenu. Pour dissimuler les marques laissées par les larmes et pour se donner plus d’assurance, elle avait noirci ses cils avec soin et ombré ses paupières. En vain.
Une profonde inspiration et, courageusement, Kelly prit son attaché-case, quitta sa voiture et gagna l’ascenseur. Prendre ces quelques jours de congé n’avait pas été une bonne idée. Le travail avait dû s’accumuler sur son bureau ! Et puis, rester inactive l’avait rendue plus vulnérable au chagrin. Il fallait maintenant que Kelly occupe son esprit, qu’elle cesse de penser à la mort de Jœ McConell.
Au cinquième étage, sa secrétaire, Maggie Thornton, entra dans le luxueux ascenseur. Elle eut l’air d’être très surprise de la voir.
— Mademoiselle McConell, je ne vous attendais pas avant une semaine ! M. Harcourt avait dit...
— Oui, je sais ce que M. Harcourt a dit, lança Kelly avec une pointe d’agacement. Mais il fallait que je revienne travailler au bureau. Avec tous ces dossiers à traiter !
Un silence gêné dura quelques secondes. Kelly jeta un coup d’œil vers sa secrétaire, qui portait sous son bras divers documents.
— Nous sommes tous très peinés par la disparition de votre grand-père, mademoiselle, dit Maggie avec douceur.
Kelly s’appuya contre une des parois couvertes de moquette et soupira.
— Oui. Il me manquera beaucoup, répondit-elle simplement.
Par distraction, son regard vagabonda sur les plaques dorées qui surmontaient les boutons numérotés. Elles répétaient au visiteur qu’il se trouvait sur le territoire des deux avocats les plus illustres de la ville, Harcourt et McConell. En réfléchissant, Kelly se dit que, logiquement, le nom de son grand-père devrait apparaître en premier puisque c’était lui qui avait fondé le cabinet et lui avait donné ses lettres de noblesse. Et bien avant que Brant Harcourt entre en scène.
Au vingtième étage, l’ascenseur ouvrit ses portes et laissa sortir les deux jeunes femmes. Un long couloir, bordé de pièces vitrées, menait au bureau de Kelly. En le traversant, elle vit des têtes se lever et ses collaborateurs la regarder avec étonnement. Au moment où elle ouvrait sa porte, Daniel Marsden surgit derrière elle. Habillé avec goût et à grands frais, comme d’habitude. Son costume coupé sur mesure mettait en valeur sa carrure avantageuse. Un vrai mannequin tout droit sorti d’un magazine de mode !
— Kelly, je ne pensais pas te trouver là ! Brant avait annoncé ton absence. Il avait donné des instructions...
Irritée, elle n’écouta pas la fin de la phrase. C’était bien le genre de Brant Harcourt de donner des ordres ! Sa proposition de prendre du repos avait en effet eu l’air d’un ultimatum !
— Tu sais, je ne tenais pas à rester trop longtemps loin du cabinet, déclara-t-elle. J’ai des affaires qui m’attendent.
Sur le point de suivre sa secrétaire, Kelly fut encore retenue par Daniel.
— Dis-moi, Kelly, que va-t-il advenir des actions de ton grand-père dans la société ? Et ses immeubles, ses propriétés... Tout ça va te revenir, non ?
— Le testament de mon grand-père n’a pas été lu pour l’instant et, franchement, je ne sais pas ce qu’il contient, répondit-elle avec un sourire triste.
— Tout le monde ici s’attend à ce que tu hérites. Il n’y a aucun autre héritier dans ta famille ?
— Non, je suis la seule parente qui lui restait.
Le visage de Daniel s’illumina d’un large sourire. Il donna une petite tape amicale sur l’épaule de Kelly.
— Ah ! C’est donc toi qui prendras la direction, Kelly. Hé, hé ! N’oublie pas que je suis ton chevalier servant. A propos, tu penses toujours à notre dîner de la semaine prochaine ? Pense aussi à la réception donnée en l’honneur de la retraite de Georges.
— Comment pourrais-je oublier ces deux événements puisque tu me les rappelles dix fois par jour ?
— Parfait, comme cela je garde un avantage sur mes concurrents ! Prends garde à toi, Kelly. Dès que tu auras hérité, tu verras ton nombre d’admirateurs s’agrandir, ajouta-t-il avec un clin d’œil.
— Tu es incorrigible, Daniel !
En entrant dans son bureau, elle se sentait le cœur plus léger. La gaieté de Daniel était contagieuse. Et puis, l’espoir de posséder la société McConell lui donnait un peu plus confiance en l’avenir.
— Appelez Brant, et dites-lui que je suis là, s’il vous plaît, Maggie, lança-t-elle en passant devant sa secrétaire.
Oh ! Bien sûr, Brant Harcourt devait être au courant de son retour. En fait, il n’ignorait probablement rien de ses faits et gestes dès qu’elle franchissait le seuil de l’immeuble. Mais par provocation, elle voulait l’en avertir elle-même. Au lieu de s’asseoir tout de suite dans son fauteuil, elle resta debout devant la baie vitrée, et s’attarda à contempler Toronto sous un ciel sans nuage.0
Depuis son entrée dans l’entreprise familiale, Kelly n’avait eu qu’un seul objectif : parvenir un jour au poste de directeur. L’année dernière, elle avait prié Jœ McConell de lui vendre des parts de la société. Son grand-père avait répondu par un non définitif. Très déçue, Kelly avait été désagréablement surprise d’apprendre, peu de temps après, qu’il avait accepté de céder un nombre considérable d’actions à Brant Harcourt, son nouvel associé. Cet homme semblait avoir une intuition et une chance incroyables, ce qui agaçait prodigieusement Kelly. Il possédait des actions dans les entreprises les plus prospères de la ville. Brant Harcourt était un avocat remarquable et brillant. En s’associant avec Jœ McConell, il avait redonné du dynamisme à la société. En pleine expansion, le cabinet avait eu besoin de deux jeunes associés. Aussi Kelly s’était-elle proposée avec enthousiasme. Qualifiée, expérimentée et habituée aux méthodes de la maison, à vingt-huit ans, elle était la candidate idéale. Pourtant, Brant avait repoussé sa candidature pour préférer celle de Daniel Marsden, malgré son peu d’expérience et ses vingt-six ans. Le second poste avait été pourvu par un autre jeune homme. Kelly avait accepté cette décision sans protester mais elle vouait toujours à Brant une certaine rancune.
La porte de son bureau s’ouvrit brusquement et Brant Harcourt entra. Sa présence avait le don de mettre Kelly sur les nerfs. Levant la tête, elle affronta calmement son regard.
— Je croyais vous avoir dit de prendre encore une semaine de congé, déclara-t-il de sa voix autoritaire.
— C’est vrai, mais j’ignorais que c’était un ordre. Est-ce que j’aurais dû monter à l’étage supérieur pour vous demander la permission de m’asseoir à mon bureau ?
Sa plaisanterie le laissa de marbre. Un court instant, ses yeux sombres se posèrent sur le visage blême de la jeune femme.
— Le testament de votre grand-père sera lu demain, vous le savez, je suppose ?
Kelly répondit d’un hochement de tête. En silence, elle l’observa subrepticement. Brant était bâti en athlète et son costume sombre mettait en valeur un corps puissant, harmonieusement musclé. A la lumière du soleil, ses cheveux noirs prenaient des reflets bleutés. Comme Daniel Marsden, Brant Harcourt était d’une grande élégance. Mais alors que Daniel faisait beaucoup d’efforts pour être séduisant, il suffisait à Brant d’être naturel pour séduire une femme. Un charme indéfinissable se dégageait de sa personne, fait de sensualité et de froideur, et qui faisait tourner bien des têtes.
— Savez-vous ce qu’il contient ? demanda-t-il.
— Eh bien, mon grand-père a dû me laisser ses parts dans la société ainsi que tout le reste, répondit-elle avec une assurance qu’elle était loin de ressentir.
— Comme Jœ McConell avait l’habitude de dire, on ne peut être sûr de rien en ce monde !
Tranquillement, Kelly passa la main sur ses cheveux. Dans son joli tailleur crème, elle se savait à son avantage.
— En ce qui me concerne, je ne suis pas inquiète pour l’avenir. Etant donné que vous possédez déjà des actions, nous deviendrons en quelque sorte des associés. Qu’en pensez-vous ?
Aussitôt elle regretta d’avoir posé cette question. Evidemment, Brant serait contrarié de devoir travailler avec elle, cela Kelly l’avait deviné ! Il n’avait pas voulu d’elle à un poste moins important. Pourtant, il lui faudrait se résoudre à partager les fonctions importantes et à prendre les décisions avec elle.
La question pleine de provocation laissa Brant Harcourt imperturbable. D’ailleurs, jamais son visage ne trahissait ses émotions. Voilà pourquoi il était un avocat si redouté aux audiences.
— Etrange question, lança-t-il avec un sourire narquois. Justement, Kelly, je comptais vous inviter à dîner ce soir pour que nous puissions discuter de ce sujet.
Comment ? Kelly n’était pas certaine d’avoir bien compris. Ah ! Il voulait en discuter ! Il était donc plus préoccupé par ce problème qu’il n’y paraissait. Quelquefois, Kelly avait eu l’occasion de déjeuner avec lui, lorsque des motifs professionnels l’avaient exigé. Et puis, au cours de rares dîners, ils s’étaient trouvés côte à côte, à la même table, heureusement chacun en bonne compagnie. Que cachait cette invitation ? Peut-être voulait-il essayer de l’amadouer grâce à son charme irrésistible afin de mieux la manipuler lors de leur collaboration future ? Si telle était son idée, il se trompait lourdement. Elle ne tomberait pas dans ce piège grossier ! Ou bien, peut-être allait-il lui proposer de vendre ? De toute façon, elle n’avait aucunement l’intention de se dessaisir de ses actions. Seule la curiosité la poussait à dîner avec Brant. Sans doute dut-il prendre son silence pour un oui.
— Je viendrai vous prendre à 8 heures, annonça-t-il.
Cette arrogance révolta Kelly. Brant, considérant la conversation terminée, se dirigeait vers la porte, quand elle lui répondit :
— En fait, j’ai un rendez-vous ce soir avec Daniel. Nous pourrons dîner ensemble une autre fois.
— Annulez votre rendez-vous, ce que j’ai à vous dire est plus important ! riposta-t-il sur un ton sans réplique.
— Important pour vous ! Et puis, je ne suis pas encore propriétaire de la société, vous brusquez les choses. Nous en discuterons dans quelques jours, ajouta-t-elle froidement.
Il eut un air menaçant qui l’alarma.
— Ma chère Kelly, je ne me suis pas bien fait comprendre. Je connais la teneur exacte du testament de votre grand-père. Je peux vous assurer qu’il est de votre intérêt de vous préparer à l’entendre.0
A ces paroles, le sourire de Kelly se figea sur ses lèvres.
— A 8 heures, soyez prête ! lança-t-il, en quittant la pièce.
Stupéfaite, Kelly le regarda au travers des glaces se diriger d’un pas rapide vers l’ascenseur. Il s’arrêta une seconde pour dire un mot à Maggie. Kelly eut tout le mal du monde à se retenir de courir lui demander ce qu’il savait des dernières dispositions de Jœ. Comment pouvait-il avoir appris ce que contenait ce document confidentiel ? A coup sûr, ce n’était que du bluff ! Brant Harcourt était passé maître dans cet art. Arrivé devant l’ascenseur, Brant tourna la tête et jeta un regard sombre à la jeune femme, qui pensa avec angoisse au rendez-vous de ce soir.

Durant toute la journée, cette appréhension ne la quitta pas un seul instant. Plus l’après-midi avançait, moins Kelly parvenait à se concentrer sur l’affaire compliquée dont elle était chargée. A 5 heures, elle referma le dossier et appela Maggie.
— Maggie, pouvez-vous me dire si Brant se trouve dans son bureau ?
La réponse ne se fit pas attendre. Une minute plus tard, la voix de Maggie résonnait dans l’Interphone.
— Oui, il est dans son bureau et il est disponible si vous désirez le voir.
— Merci, Maggie.
A dire vrai, Kelly ne tenait pas particulièrement à le voir mais elle brûlait d’apprendre ce qu’il avait à lui annoncer.
Impossible de patienter jusqu’à ce soir ! S’armant de courage, Kelly décida de monter au vingt et unième étage.
Une fois dans l’ascenseur, toute sa détermination s’envola. En fin de compte, mieux valait attendre l’entrevue de ce soir. Pleine d’incertitudes quant au contenu du testament, Kelly craignait de montrer son point faible à Brant Harcourt. Pour rien au monde elle ne voulait lui paraître vulnérable. Une fois devant sa porte, elle hésita et rebroussa chemin. Juste à côté se trouvait le bureau de son grand-père dans lequel elle entra.
Le domaine de Jœ McConell était resté intact. L’immense pièce impressionnait le visiteur. De riches tapis de Chine, des murs lambrissés, une imposante bibliothèque garnie d’ouvrages juridiques, et enfin, son large bureau de chêne derrière lequel il avait passé des jours et des nuits. Kelly s’y assit. La tête appuyée contre le fauteuil pivotant, elle resta là, pensive. Ses yeux se promenèrent dans la pièce et vinrent rencontrer la photographie d’elle que son grand-père avait placée fièrement derrière son bureau.
Normalement, tout ce que possédait Jœ McConell aurait dû revenir à son fils. C’était lui qui avait fait prospérer la société. Mais le destin en avait décidé autrement : quand elle avait dix ans, les parents de Kelly avaient péri dans un accident de voiture. Ce souvenir douloureux emplit soudain ses yeux de larmes.
— Que faites-vous ici, Kelly ? demanda une voix masculine.
Kelly sursauta. Brant était entré sans faire de bruit.
— Je suis venue chercher quelques objets personnels qui traînent dans le bureau de mon grand-père, rétorqua-t-elle en faisant semblant de fouiller dans un tiroir.
— Pourquoi avez-vous téléphoné et demandé une entrevue ?
Elle ne répondit pas, continuant ses prétendues recherches, la tête baissée et les mains tremblantes. Pendant ce temps, Brant Harcourt s’était rapproché.
— Alors, Kelly ?
Il était tout près d’elle, de l’autre côté du bureau. Avant même qu’elle ait pu faire un mouvement, Brant lui avait soulevé le menton et l’obligeait à lui faire face. D’un regard sans douceur, il fixa les yeux émeraude encore humides de larmes.
— Alors, comme ça, vous faisiez un peu de rangement ? murmura-t-il sur un ton plus caressant.
En proie à de vives émotions, Kelly repoussa brusquement la main de Brant.
— Que croyez-vous ? Je n’ai pas encore besoin de me justifier si j’ai envie de venir dans le bureau de mon grand-père ! s’écria-t-elle, furieuse. J’ai le droit d’emporter les effets personnels de Jœ ; ils ne vous appartiennent pas, que je sache !
— Non. Mais ils ne vous appartiennent pas non plus, reprit-il, amusé par sa fureur.
— Très bien ! Mais tout cela sera à moi demain !
— Oh ! Je comprends maintenant. Vous êtes venue consulter les dossiers de Jœ pour vous mettre au courant des affaires de la société, en digne héritière. Tout ce que je peux dire pour le moment, c’est que vos illusions seront de courte durée. Jouez au président-directeur général tant que vous le pouvez ! C’est-à-dire jusqu’à demain.
— Que voulez-vous dire ?
Brant ne répondit pas. Son visage reprit son expression distante et sévère, ce qui raviva l’angoisse de Kelly. Elle referma bruyamment le tiroir du bureau.
— Brant, arrêtez de jouer au chat et à la souris avec moi ! s’écria-t-elle d’une voix presque suppliante. Vous savez parfaitement pourquoi je suis montée à cet étage. J’ai besoin de savoir ce que vous vouliez m’annoncer ce soir !
Pendant quelques secondes, Brant hésita à répondre, puis dans un étrange sourire, il dit :
— Je m’attendais à votre visite. Je suis même étonné que vous ayez résisté si longtemps à la curiosité.
Kelly s’était levée et essayait de reprendre confiance en elle. Devant la grande baie vitrée, elle contempla la ville ensoleillée. Probablement que ces discussions ne menaient à rien, pensa-t-elle. Il y avait peu de chances que Brant lui révèle quelque chose, après tout. Pourquoi lui ferait-il cette faveur ?
— Mon grand-père ne m’a pas légué sa société, n’est-ce pas ?
Dans le silence qui suivit sa question, Kelly crut entendre les battements affolés de son cœur. Ses craintes devenaient insupportables.0
— Non, en effet, convint-il d’une voix implacable.
Aussitôt Kelly ferma les yeux. Comme elle lui tournait le dos ; Brant ne put voir l’expression de souffrance qui s’inscrivit sur le beau visage de la jeune femme. Après avoir maîtrisé son émoi, elle lui fit face et quand elle parla, sa voix parfaitement calme ne tremblait pas.
— Je devais m’y attendre. Mon grand-père n’a jamais souhaité que je me mette à travailler. Disons qu’il l’a juste toléré. En homme de l’ancienne génération, il avait des idées archaïques sur le travail de la femme. C’est pourquoi il ne m’a jamais facilité les choses, dès qu’il s’agissait de ma carrière.
— Pourtant, il vous a offert ce poste dans le meilleur cabinet de la ville ! répliqua Brant dans un sourire ironique.
Une étincelle de colère brilla dans les yeux verts de Kelly. Brant faisait partie de ces gens convaincus que Jœ McConell avait offert un emploi à sa petite-fille sur un plateau. Rien n’était plus faux ! Kelly allait répondre à cette insinuation, mais à quoi bon ? Brant ne la croirait pas. Seuls ses efforts avaient permis à la jeune femme de mener à bien sa carrière. Pour obtenir son emploi, Kelly avait dû démontrer à son grand-père qu’elle était deux fois meilleure que les autres candidats. Et puis Brant ne comprendrait pas pourquoi elle avait voulu à tout prix entrer dans la société familiale et reprendre le flambeau à la place de son propre père, mort très jeune.
Brant la regardait d’un air moqueur. Combien il devait être satisfait de la voir ainsi aux abois ! Il devait la prendre pour une enfant gâtée, à laquelle on n’avait jamais rien refusé.
— Vous ne voulez pas savoir ce que Jœ a décidé de faire de ses parts ?
— Elles seront vendues au plus offrant, je suppose, dit-elle avec indifférence.
— Non, Kelly, ce n’est pas si simple.
— Alors, de quoi s’agit-il ?
— A une condition, votre grand-père a fait de moi son héritier.
Les yeux noirs de Brant brillèrent d’un éclat singulier. Il fit une pause dans son explication, comme pour ménager le suspense. Ce n’était pas nécessaire car ses derniers mots, à eux seuls, foudroyèrent Kelly.
— La condition étant que je vous épouse.0

chapitre 2

— Eh bien, voilà, Kelly, dit Harold Bremmer en retirant ses lunettes. Ce n’est peut-être pas une consolation, mais le testament de votre grand-père prévoit tout de même de vous léguer un certain nombre de propriétés.
La mine défaite après la nuit agitée qu’elle venait de passer, Kelly préféra ne rien répondre. Depuis son entrée dans le bureau du notaire, elle avait à peine prononcé deux mots. Les yeux fixés sur Harold Bremmer, elle n’avait pas non plus accordé un seul regard à Brant. Même si, la veille, il l’avait prévenue de ce que le testament contenait, Kelly avait eu le plus grand mal à le croire. Ce matin, la déception était de taille. Comment son grand-père avait-il pu lui jouer un aussi mauvais tour ?
— Mademoiselle McConell, vous allez vous retrouver à la tête d’une grande fortune. Mais, en ce qui concerne la société Harcourt et McConell...
— Alors que c’est justement ce qui me tenait le plus à cœur ! dit-elle avec dépit.
— Enfin, comme je vous l’ai dit, il vous reste une possibilité pour conserver la société dans votre famille.
A ses yeux, cette solution représentait au contraire une impossibilité majeure. Mais elle ne dit rien. Fouillant dans ses documents, le notaire ajouta encore quelques précisions.
— Au sein de la société Harcourt et McConell, Jœ possédait cinquante et un pour cent...
— Comment ? s’exclama-t-elle, incrédule. Il possédait quatre-vingts pour cent !
— Non, mademoiselle McConell. M. Harcourt possède les quarante-neuf pour cent restants.
Brusquement, la jeune femme se tourna vers Brant.
— Jœ vous a donné quarante-neuf pour cent des actions ! s’écria-t-elle, scandalisée.
— Je peux vous assurer que je les ai payés très cher. Il ne me les a pas donnés, répondit Brant.
— Il ne m’a jamais dit qu’il en avait vendu autant ! Le silence pesant fut rompu par une intervention du notaire.
— Désirez-vous que je relise cette partie du testament ?
— Ce n’est pas nécessaire, Harold, déclara Brant. Kelly et moi avons bien compris ce que Jœ a proposé. Dans le cas d’un mariage, je recevrai les cinquante et un pour cent restants de la société. Combien de temps avons-nous pour nous décider ?
Pour évoquer ce mariage, Brant avait pris le ton de l’homme d’affaires qui traite un marché. Cette froideur bouleversait la jeune femme.
— Vous avez deux mois. Si, au terme de ce délai, vous n’êtes pas mariés, les parts seront vendues à l’unité en bourse, avec une clause interdisant l’achat de plus de dix parts. Kelly en recevra automatiquement dix. Mais de toute façon, monsieur Harcourt, vous resterez l’actionnaire principal.
— Oui, peut-être, mais je n’aurai pas le contrôle de la compagnie ! s’exclama-t-il avec irritation. Le seul moyen de l’obtenir est d’épouser Kelly.
En entendant ces mots, Kelly sentit son cœur se serrer. Quel sinistre marché ! pensa-t-elle. Accablée, elle resta silencieuse.
— Euh ! Oui, c’est cela, convint M. Bremmer, l’air embarrassé. Dans le cas d’un mariage, vous auriez les pleins pouvoirs. Kelly, de son côté, recevrait chaque année un pourcentage des bénéfices. Sur le plan financier, l’un et l’autre, vous avez tout à y gagner. Bien sûr, si vous divorciez, vous perdriez vos avantages...
La chaise de Kelly grinça contre le parquet quand elle se leva.
— Merci, monsieur Bremmer, j’en ai assez entendu.
— Je n’ai pas terminé, il reste encore quelques pages sur ce sujet.
— Certainement, mais je n’ai pas besoin d’en savoir plus.
En hâte, Kelly serra la main du notaire qui la regarda d’un air surpris. Puis, sans jeter un seul coup d’œil à Brant, elle quitta la pièce. Un tremblement nerveux l’agitait quand elle se retrouva sur le grand boulevard. Abritée sous le porche de l’immeuble, elle regarda un instant les passants qui avançaient sous la pluie.
Enfin, relevant le col de son trench-coat, elle s’engouffra dans la foule. Avant qu’elle ait eu le temps d’aller très loin, quelqu’un l’arrêta d’une main énergique.
— Venez, ma voiture se trouve au coin de la rue.
Brant ne lui laissa pas le temps de discuter. En dix secondes, il l’avait fait monter dans sa Rolls-Royce blanche. Kelly était furieuse.
— Je peux très bien rentrer toute seule !
— Vous êtes venue avec votre voiture ? demanda-t-il avec un calme exaspérant.
— Non, j’avais pris un taxi.
— Alors je vous raccompagne.
Aussitôt la luxueuse voiture démarra et s’engagea dans le trafic. Kelly jeta un regard sur les mains de Brant qui tenaient fermement le volant. Une montre Gucci, très chic et très sobre à la fois, jetait des éclats dorés. Déjà midi et Kelly n’était pas encore au bureau ! Depuis hier soir, abasourdie par les paroles de Brant, incapable de penser à autre chose, elle n’avait pas vu le temps passer. De son côté, Brant se taisait, le visage fermé. Dehors, il pleuvait à verse. Quelle lugubre journée ! Encore bouleversée, Kelly ne remarqua pas tout de suite que Brant ne prenait pas la direction des bureaux.
— Mais où m’emmenez-vous ? s’écria-t-elle, affolée.
— A vous entendre, on croirait que c’est un enlèvement ! Comme nous n’avons pas dîné ensemble hier soir, je pensais que nous pourrions déjeuner au restaurant aujourd’hui.
— Je ne souhaite pas déjeuner avec vous, Brant. Pour être claire, je préférerais que nous limitions nos rencontres au strict minimum.
Les nerfs à fleur de peau, Kelly tremblait mais elle essayait de contenir son émotion.
— Ça suffit maintenant ! Pour qui vous prenez-vous ? s’exclama-t-il en faisant une brusque embardée. D’accord, vous en voulez à votre grand-père, mais ne passez pas votre colère sur moi ! Je ne le supporterai pas, Kelly. Comme vous, je suis victime des décisions de Jœ. Il savait que je voulais prendre la direction de la compagnie. L’année dernière encore, je lui ai proposé de la racheter à un très bon prix. Il a refusé...
— Une victime ! Vous ! Faites-moi rire ! Vous seriez bien du genre à avoir convaincu mon grand-père de l’avantage de cet arrangement ! Tous les moyens vous seraient bons pour mettre la main sur la société !
— Kelly, croyez-moi, je ne suis pas si bête ! Si j’avais eu ce pouvoir de persuasion sur votre grand-père, la condition pour obtenir ses actions n’aurait pas été de vous épouser !
La gorge serrée, Kelly se tut. L’émotion de la jeune femme laissa Brant insensible, toutefois il changea de ton.
— Ecoutez, allons-nous enfin nous comporter en adultes raisonnables ? Nous discuterons de tout cela en déjeunant.
Kelly, incapable de parler, se *******a de hocher la tête. Dix minutes plus tard, ils entraient dans un des restaurants les plus réputés de la ville. Toutes les tables semblaient occupées et pourtant, le maître d’hôtel qui vint les accueillir les guida immédiatement jusqu’à sa meilleure table.
— Dois-je en conclure que vous aviez déjà réservé ? demanda-t-elle lorsque le maître d’hôtel les eut quittés.
— J’ai l’impression que si je réponds oui, vous allez encore vous mettre en colère.
— Je ne vais pas me mettre en colère, simplement je n’aime pas que l’on présume de mes actes.
— Très bien. Vous voyez, j’ai beaucoup à apprendre de vous, Kelly.
Sans savoir pourquoi, Kelly se sentit rougir et elle baissa les yeux sur le menu. Quelques secondes après, elle jeta sur lui un regard à la dérobée. Cet homme était d’une beauté irrésistible. La coupe élégante de son costume de cachemire laissait deviner un corps d’athlète et le blanc éclatant de sa chemise faisait ressortir son teint hâlé et le noir de ses cheveux. Elle remarqua que ses cils noirs et épais ombraient légèrement ses joues. Soudain, Brant leva les yeux et surprit ce regard.
— Je crois que je vais prendre du saumon, dit-elle à l’improviste.
— Moi aussi.
Il referma le menu et adressa à Kelly un sourire inattendu. Aussitôt, le cœur de la jeune femme se mit à battre la chamade. Heureusement, le serveur, qui venait prendre la commande, fit diversion. Quand il fut reparti, ils reprirent la conversation.
— Etes-vous déjà venue ici ?
— Oui, cela m’est arrivé, avec...
— Avec Daniel, ajouta-t-il, l’air indifférent.
— Oui.
— Vous sortez souvent ensemble depuis quelque temps ?
En posant cette question, Brant s’attarda sur le beau visage de Kelly, fixa sa bouche pulpeuse puis contempla le vert profond de ses yeux.
— C’est vrai, répondit-elle, laconique.
— Votre liaison est-elle sérieuse ?
— Votre question est indiscrète, Brant !
— Vous savez pourquoi je vous le demande, Kelly.
Le serveur apporta une bouteille de bordeaux. Brant le goûta et le servit lui-même.
— Alors ? demanda-t-il en versant le vin dans son verre.
— Vous me posez ces questions à cause du testament de mon grand-père ?
— Nous sommes ici pour en discuter, je vous le rappelle.
— Selon vous, on peut en discuter comme s’il s’agissait d’une chose envisageable ?
— Exactement. Ecoutez, Kelly, ce mariage pourrait être une bonne affaire pour tous les deux. Essayez d’y réfléchir et vous serez de mon avis.
— Mais vous parlez comme si vous alliez conclure un marché ! Dans un mariage, d’autres choses entrent en jeu, non ?
— Je fais simplement preuve de réalisme ! Je veux avoir la direction de la compagnie McConell et je sais que vous aimeriez y participer vous aussi. Le mariage peut nous permettre à tous deux de réaliser nos projets. Et cela me semble tout à fait raisonnable ! Bien sûr, je comprends très bien votre première réaction. Elle est normale. En général, les femmes voient la vie de façon sentimentale. Mais vous, vous êtes au-dessus de cela. Vous êtes une femme de tête et je suis certain qu’avec le temps, j’arriverai à vous convaincre.
Etourdie par ce qu’elle venait d’entendre, Kelly préféra ne pas répondre. Ses pensées se précipitaient dans sa tête et elle ne parvenait pas à réfléchir calmement. D’un air distrait, elle promena son regard dans le restaurant. Des couples d’amoureux discutaient à voix basse et leurs chuchotements se mêlaient à la musique romantique que jouait un pianiste. Peut-être parlaient-ils de leur futur après-midi ensemble, peut-être échangeaient-ils des serments d’amour ? En tout cas, personne n’aurait pu deviner le sujet de la conversation qui se tenait entre Kelly McConell et Brant Harcourt. Quel contraste entre cette sordide transaction et l’aspect enchanteur du restaurant ! Soudain, devant le ridicule de la situation, Kelly eut envie de rire, d’un rire nerveux. Mais bien vite, les larmes lui piquèrent les yeux. Prenant son verre, elle termina les quelques gorgées de bordeaux. Déjà sa tête tournait.
— Prenez votre temps avant de me donner une réponse.
A ce moment, l’entrée fut apportée par le serveur. Arrangé avec art, agrémenté de caviar, le saumon semblait excellent. Mais Kelly n’avait pas le cœur à manger. Une question la tourmentait depuis la veille.
— Depuis combien de temps connaissiez-vous les termes du testament, Brant ?
— Une semaine avant sa mort, répondit-il en emplissant les verres. Alors que je me trouvais auprès de lui pour le tenir au courant des affaires, votre grand-père m’a confié que son plus grand souhait était que j’épouse sa petite-fille.
Cela, elle le savait déjà ! Son grand-père lui en avait parlé à diverses reprises et cela avait provoqué des discussions houleuses entre eux.
— Je suis étonnée que vous n’ayez pas essayé de le raisonner !
— Avez-vous déjà réussi à faire changer d’avis Jœ McConell ?
Dans un éclair, Kelly revit le visage obstiné de son grand-père qu’elle aimait tant. Ce souvenir la fit sourire d’attendrissement.
— Vous voyez ! Et puis, plus j’y ai réfléchi, plus j’ai trouvé son projet sensé.
— Pour vous, peut-être. Il est dans votre intérêt que j’accepte ce marché ! La société McConell est à la clé !
— Kelly, vous savez que cet arrangement vous permettrait de ne plus avoir de soucis financiers jusqu’à la fin de vos jours...
— De toute façon, ce problème ne se posera pas !
— Ce que vous recevrez sera très inférieur à ce que je pourrais vous offrir. Et puis, si les actions sont vendues, pensez que la compagnie sortira de votre famille définitivement.
Cette perte serait difficile à accepter ! Comment Jœ McConell avait-il pu jouer un aussi mauvais tour à sa petite-fille ? pensa Kelly. Il n’ignorait pas combien elle tenait à cette entreprise qui évoquait pour elle le souvenir lointain de son père. De plus, y travailler lui avait permis de découvrir son grand-père et de se rapprocher de lui. Mais, si au prix de gros efforts, Kelly avait tenté de gagner son respect sur le plan professionnel et de trouver une place dans sa compagnie, force était de constater qu’elle n’y était pas parvenue.
Après avoir retiré les assiettes, le serveur apporta le plat suivant. La musique avait changé : le chanteur de l’orchestre racontait une belle histoire d’amour. Combien Kelly en était loin ! Le cœur serré, elle vida son verre de vin d’un trait.
— Avez-vous vraiment l’intention de gâcher votre vie par un mariage sans amour pour satisfaire votre ambition ?
— Il ne s’agit pas seulement d’ambition, Kelly. Diriger la société est l’objectif que je me suis fixé. Et puis, pour ce qui est du mariage, vous savez, j’ai trente-sept ans. J’ai passé l’âge des amourettes ! Je suis sûr que nous pouvons être heureux ensemble. Nous avons beaucoup d’intérêts communs sur le plan professionnel, et en plus vous êtes une très jolie femme. Que pourrais-je désirer d’autre ?
Malgré son agacement, Kelly ne put s’empêcher d’être flattée par le compliment que Brant venait de lui adresser. Peu habituée à boire de l’alcool, après deux verres de vin, Kelly avait l’impression que tout commençait à tourner autour d’elle. Elle avait perdu le sens des limites et ses questions se firent indiscrètes.
— Mais, si je ne me trompe, vous avez eu des histoires d’amour ? Vous avez été marié, non ? Je suppose que vous n’avez pas épousé votre femme pour des raisons purement professionnelles ?
A ces mots, le visage de Brant s’assombrit.
— Les raisons pour lesquelles j’ai épousé Francesca étaient en effet très différentes, répondit-il.
Depuis longtemps, Kelly avait été intriguée par la superbe Francesca Harcourt. Ce mariage avait fait la une des journaux, avec nombre de photos du top model italien.
— Vous étiez éperdu d’amour pour cette femme, n’est-ce pas ? continua Kelly sans savoir pourquoi.
— Ma femme est morte il y a quatre ans, Kelly, et tout cela ne vous regarde pas.
— C’est exact, Brant. Mais j’aimerais comprendre comment elle a pu faire pour vous séduire. Car vous semblez totalement indifférent, insensible même...
Elle divaguait ! Incapable de s’arrêter, elle devenait presque provocante. Un sourire amusé accueillit ses dernières paroles. Mais aussitôt, Brant reprit son sérieux.
— Voulez-vous que nous partions ? demanda-t-il.
— Oui.
Une fois dehors, l’air frais donna soudain le vertige à la jeune femme. Pour la retenir, Brant lui entoura la taille de son bras. Pendant quelques secondes, Kelly se laissa aller contre lui.
— Je suis désolée, Brant, j’ai à peine mangé et je n’ai pas l’habitude de boire de vin !
— C’est ma faute. J’aurais dû vous en empêcher.
— Je ne suis pas encore votre femme, Brant ! Et même si je l’étais, vous n’auriez pas à me dire ce que je dois ou ne dois pas faire !
Sans commentaire, il resserra son étreinte et entraîna Kelly vers la voiture. Une fois devant la Rolls-Royce, Brant la libéra, mais seulement pour l’obliger à lui faire face.
— Ma chère Kelly, tout à l’heure, j’ai remarqué que vous avez ajouté un « pas encore ». J’en suis heureux, car cela me laisse un peu d’espoir, murmura-t-il.
Sur son visage ne se lisait aucune expression ironique. Il parlait sérieusement. Pour éviter l’intensité de son regard, Kelly détourna la tête, mais aussitôt il lui saisit le menton d’une main. Brant était si proche que Kelly percevait l’odeur troublante de son parfum. Sa présence l’envoûtait. Les yeux de la jeune femme furent attirés par le dessin parfait de sa bouche, à la fois volontaire et sensuelle. Elle était si près de la sienne ! Levant les yeux, Kelly croisa le regard mystérieux de Brant. Le cœur battant, elle sentit sa main effleurer sa belle chevelure blonde.
Brusquement, il brisa le charme et se retourna pour ouvrir la porte de la Rolls.
— Entrons dans la voiture avant qu’il se remette à pleuvoir.
— Oui, dit-elle d’une voix troublée.
Encore tremblante, elle s’installa dans le confortable siège de cuir. Dans un moment d’égarement, elle avait cru qu’il allait l’embrasser. Honteuse, Kelly n’osait s’avouer sa déception.
— Dites-moi, Kelly, habitez-vous toujours chez votre grand-père ou êtes-vous retournée dans votre appartement ?
— Lorsque mon grand-père est parti à l’hôpital, je suis revenue chez moi.
Le souvenir pénible des dernières semaines passées auprès de son grand-père lui revint. Kelly avait emménagé chez Jœ McConell afin de pouvoir mieux s’occuper de lui. Le vieux monsieur s’était souvent montré impatient et irritable, mettant la résistance de sa petite-fille à dure épreuve. De plus, l’angoisse et le choc provoqués par sa mort l’avaient profondément déprimée.
— Vous avez oublié de tourner à droite pour aller au bureau, fit-elle remarquer d’une voix absente.
— Non, parce que nous n’allons pas au bureau. Je vous ramène chez vous.
— De quel droit ? J’ai du travail qui m’attend !
Brant ne daigna pas répondre. Il avait raison. Pour être honnête, Kelly ne se sentait pas de taille à affronter la pile de dossiers en retard qui s’entassait sur son bureau.
Ils n’échangèrent plus un mot, jusqu’à ce que Brant gare sa Rolls devant un bel immeuble. Dans une résidence de luxe, au milieu d’un parc situé en dehors de la ville, se trouvait l’appartement de Kelly. Brant avait déjà eu l’occasion d’y passer avec Jœ McConell.
— Je ne veux pas que vous retourniez au bureau avant la semaine prochaine ! ordonna-t-il d’une voix impérieuse.
Irritée au plus haut point par son attitude, Kelly réussit néanmoins à garder son calme.
— Par contre, pensez-vous pouvoir venir au cocktail offert par Georges pour son départ à la retraite ?
— Brant, je ne suis pas invalide ! Je peux très bien me rendre à une soirée !
Avait-il l’intention de lui demander d’être sa cavalière ? Le rythme de son cœur s’accéléra.
— Parfait ! Alors nous nous verrons là-bas. Entre temps, réfléchirez-vous à ma proposition ?
Devant ce comportement aussi désinvolte, Kelly devint furieuse. Ses yeux brillaient de colère.
— Quelle proposition ? Vous parlez de ce sinistre marché ?
— Vous savez très bien de quoi je parle.
— Navrée, Brant, je préfère réfléchir aux moyens d’annuler le testament de mon grand-père. Je pourrais le porter devant un tribunal et gagner ma cause.
Une telle éventualité n’eut pas l’air de le troubler.
— Oui, c’est vrai. Cela dit, vous prenez un risque. Une telle affaire provoquerait un scandale et le nom de votre grand-père serait sali. Et puis, vous ne seriez pas certaine de gagner.
— Rappelez-vous l’affaire Hadock contre Rollins. Le jury a donné raison au plaignant et le testament a été annulé.
— Et qu’allez-vous plaider ? Prétendrez-vous que votre grand-père était sénile ?
— Non ! En fait, je... je ne sais pas encore. Le problème demande réflexion. Je n’aurai sûrement pas le temps de m’occuper de votre proposition.
— Je sais déjà que vous ne vous lancerez pas dans un procès, Kelly. La meilleure solution est de respecter les dernières volontés de Jœ.
— Non, pas question ! s’écria-t-elle.
Elle sortit de la voiture et claqua violemment la porte. En deux secondes, elle ouvrait la porte de l’immeuble et entrait dans le hall dallé de marbre sans même regarder en arrière. La superbe voiture blanche démarra et s’éloigna à toute vitesse.
Une fois chez elle, toute son audace et sa confiance s’évanouirent. Kelly avait voulu défier Brant Harcourt ; à présent, cela lui semblait au-delà de ses forces. En théorie, il était très possible de faire annuler le testament ; hélas, Brant avait deviné juste : jamais elle ne pourrait salir la mémoire de son grand-père.
Oublier toute cette affaire, voilà la seule solution qui lui restait. Renoncer à la société familiale, ne plus penser à cet arrangement humiliant imaginé par Jœ : épouser Brant Harcourt pour conclure une bonne affaire ! Aux yeux de Kelly, de telles motivations étaient odieuses. Comment accepter un mariage sans amour ? La situation était cruelle. Car, malheureusement, Brant n’éprouvait pour elle qu’une froide condescendance. Cela était d’autant plus difficile à supporter que Kelly, depuis bien longtemps, s’était éprise de l’arrogant avocat

chapitre 3


— Kelly, tu nous as manqué cette semaine.
— Tu es gentil, Daniel. Le travail a dû être épuisant ces derniers jours, non ?
— Pas plus que d’habitude ! Je t’appelais pour prendre de tes nouvelles. Comment vas-tu ?
Confortablement assise dans un fauteuil de cuir, Kelly écoutait avec plaisir la voix chaleureuse de son ami.
— Je vais bien, merci. J’avais besoin d’un peu de repos supplémentaire...
— Oui, je comprends. Après la disparition de ton grand-père... Au fait, le notaire a lu le testament mardi dernier ?
— Oui.
Evidemment, Daniel n’avait pas oublié ce détail. Parmi ses collègues, les hypothèses les plus fantaisistes devaient circuler. Kelly s’attendait à des questions qui, à sa grande surprise, ne vinrent pas.
— Tiens, je voulais te demander une faveur. M’accepterais-tu comme cavalier pour la soirée de Georges ?
— Tu sais, Daniel, je ne suis pas vraiment d’humeur à me rendre à une soirée. Mais enfin, c’est en l’honneur de Georges. Il était le plus vieil ami de Jœ et je lui dois de venir.
— Il serait déçu si tu n’étais pas là. Moi aussi, d’ailleurs ! Et puis, à cette heure de la journée, je ne pourrai plus trouver d’autre cavalière.
Kelly éclata de rire.
— Quel menteur ! Ton carnet d’adresses est rempli de numéros de téléphone. Il te suffit d’en choisir un au hasard pour me trouver une remplaçante au pied levé. Puisque tu insistes, j’accepte ton invitation.
— Parfait, je passe te prendre à 8 heures.
En reposant le combiné, Kelly se dit qu’elle avait pris la bonne décision. Ce soir, elle n’avait pas envie de rester seule. Sortir, retrouver ses amis, se changer les idées... Au fait, Brant serait là ! Agacée, Kelly se demanda quelle pourrait être la beauté qui l’accompagnerait. La dernière fois, il avait à son bras une superbe rousse qui avait fait sensation. Oui, c’était bien le genre de Brant Harcourt de lui proposer le mariage et, quelques jours plus tard, de sortir avec sa nouvelle conquête ! Il n’abandonnerait pas ses habitudes de séducteur pour elle. Sans doute le mariage qu’il lui offrait n’était à ses yeux qu’un contrat signé entre deux associés. Alors pourquoi se gênerait-il ?
Le cœur serré, Kelly laissa vagabonder son regard dans la grande pièce du salon. Au-dessus de la cheminée se tenait le portrait de son grand-père.
« Comment as-tu osé me faire cela ? » murmura-t-elle.
Kelly fixa le sourire énigmatique de Jœ McConell. Depuis longtemps déjà, il ne lui avait pas dissimulé son vif désir de la voir épouser son associé. La jeune femme se rappelait la lueur de joie qui avait brillé dans ses yeux bleus le jour où il les avait présentés l’un à l’autre. Le lendemain, un samedi, Jœ avait envoyé Kelly chez Brant Harcourt, sous prétexte de lui apporter des documents importants.
Kelly n’était pas dupe : ces papiers ne contenaient rien d’essentiel, Jœ aurait pu les lui transmettre le lundi suivant. Mais son grand-père avait été inflexible et Kelly avait dû se rendre chez le séduisant Brant Harcourt.
Ce jour-là, l’Aston Martin bleue de Brant était garée en bas de chez lui. Pourtant, quand Kelly sonna chez lui, il n’y eut aucune réponse. Dans l’espoir d’apercevoir le propriétaire ou bien un employé, elle passa par le jardin et découvrit une terrasse sur laquelle donnait une baie vitrée. Toujours personne ! Alors Kelly fit quelque chose qu’en temps normal elle n’aurait jamais fait : elle regarda par la fenêtre. Oh ! Elle ne voulait pas être indiscrète, seulement accomplir la mission confiée par son grand-père puis s’en aller. Mal lui en prit.
La scène resta gravée dans sa mémoire. Brant tenait enlacée une très jolie brune, vêtue d’une petite robe pailletée d’argent. Apparemment ils avaient passé la soirée précédente ensemble. Une main posée sur la taille fine, l’autre caressant les longs cheveux noirs, Brant la couvait d’un regard ardent. Soudain, attiré par la silhouette à la fenêtre, il détourna la tête et aperçut Kelly.
Mortifiée par son indiscrétion, Kelly n’avait eu qu’une envie : s’enfuir au plus vite. Mais Brant ne l’entendait pas ainsi. Rapidement il la rattrapa dans l’allée.
— Bonjour, mademoiselle McConell. Que puis-je faire pour vous ? demanda-t-il, narquois.
— Rien, répliqua-t-elle sèchement. Je suis venue vous apporter ces dossiers, sur l’ordre de mon grand-père.
D’un geste brusque, elle lui mit les documents dans les bras.
Il se rendrait compte que ces papiers n’avaient rien d’urgent, que tout cela n’était qu’un stratagème imaginé par son grand-père. A moins qu’il pense qu’elle l’avait elle-même inventé ? Extrêmement gênée, elle bredouilla des excuses.
— Je suis désolée de vous avoir dérangé...
— Ce n’est pas grave. Je ne vous retiens pas. A bientôt, mademoiselle !
Inutile de dire que sa voiture avait battu des records de vitesse. Kelly était rentrée chez elle, en rage de s’être fait humilier par cet arrogant personnage. Sa colère se tournait aussi contre elle-même. Elle s’en voulait de ne pas rester insensible au charme de Brant. Car elle était assez lucide pour s’apercevoir que la jalousie se mêlait à sa fureur. Ce jour-là, Kelly comprit que depuis l’entrée de Brant dans la société, elle s’était méprise sur ses sentiments pour le nouvel associé de son grand-père ; ce n’était pas de la rancœur qu’elle éprouvait à son égard, mais de l’amour.
Le lundi matin, Jœ McConell, impatient de connaître le fin mot de l’histoire, fit demander à sa petite-fille de monter le voir.
— Alors, comment t’a-t-il reçue, samedi, quand tu lui as apporté les documents ?
— Tu veux vraiment le savoir ? Eh bien, je lui ai remis les dossiers, et il n’y a rien à raconter de plus.
— Il ne t’a pas invitée chez lui ?
— Non, il était occupé avec sa petite amie.
Kelly, à l’évidence, souhaitait mettre fin à l’interrogatoire. Mais il y avait trop d’émotion dans sa voix pour que la curiosité de son grand-père ne soit pas éveillée.
— Avec Brant, cela ne signifie pas grand-chose. Cela n’aurait pas dû t’impressionner, Kelly. Je te croyais plus tenace.
Jœ McConell avait raison : Kelly était tenace... seulement sur le plan professionnel. Dans le domaine affectif, elle manquait d’expérience et d’assurance pour oser poursuivre un homme de ses assiduités.
— Je ne tiens pas à me ridiculiser, grand-père. Il a déjà quelqu’un.
— Je suis sûr que ce n’est pas sérieux ! s’exclama-t-il.
La conviction avec laquelle il s’exprima surprit la jeune femme.
— Comment peux-tu le savoir ?
— Parce que je connais bien Brant Harcourt. L’autre jour, j’ai rencontré le père de sa femme défunte. C’est un vieil ami. Il est juge à Toronto. Nous avons discuté un peu et il m’a dit que son beau-fils ne s’est jamais remis de la mort de Francesca. Cela remonte à trois ans maintenant. Il l’adorait et depuis, il souffre beaucoup.
— Grand-père, je ne vois pas en quoi la vie privée de Brant nous concerne !
— Mais si, cela nous concerne. Brant vit seul dans sa grande propriété. J’ai l’intention d’organiser une soirée ce week-end et de l’inviter. Qu’en penses-tu ?

C’est ainsi que Kelly se retrouva dans le bureau de Brant Harcourt, chargée d’une invitation à dîner. Son grand-père avait repoussé ses protestations véhémentes et l’avait forcée à aller frapper à la porte voisine cinq minutes plus tard.
— Bonjour, mademoiselle McConell. Que désirez-vous ? demanda Brant d’une voix glaciale.
Il n’avait pas levé la tête. Visiblement concentré sur un texte de loi difficile, il tenait un stylo à la main et notait un passage sur son bloc-notes.
Pendant un instant, Kelly ne sut que dire. Que faisait-elle ici ? Son grand-père se trompait complètement sur le compte de son associé. Lui, un homme solitaire un homme malheureux ?
— Kelly, je suis extrêmement occupé...
Enfin, il regardait la mince jeune femme, élégamment vêtue d’un tailleur de couturier. Rougissant sous son regard, Kelly fut touchée de l’entendre l’appeler par son prénom. Hélas, sa joie ne dura pas.
— Si vous venez à propos de votre candidature, je dois vous annoncer qu’elle a été refusée, enchaîna-t-il. Nous avons choisi Daniel Marsden, un nouveau venu dans l’entreprise.
Quel manque d’égards ! La déception et la colère lui firent serrer les poings.
— Je le sais déjà. Mon grand-père m’en a déjà informée.
C’était un mensonge délibéré. Mais il fallait sauver la face.
— Je suis venue pour vous inviter à dîner vendredi soir...
— Désolé, j’ai trop de travail, coupa-t-il en plongeant dans ses dossiers. Et puis, il est inutile de vous attendre à un traitement de faveur par ces délicates intentions. Comme je vous l’ai dit, le poste a déjà été attribué. Ce n’est pas parce que vous êtes la petite-fille de Jœ McConell que vous aurez la préférence. Tenez-vous-le pour dit ! C’était peut-être le cas par le passé mais, maintenant que je suis l’associé de votre grand-père, c’est terminé !
Kelly n’en croyait pas ses oreilles. Jamais elle n’avait entendu des paroles si humiliantes !
— Que croyez-vous donc ? Je n’ai jamais bénéficié de tels privilèges et je n’en attends pas de votre part !
— Ah ! Vraiment ? Très bien, dit-il avec un regard incrédule. Alors, je vous remercie pour votre invitation désintéressée et je regrette de ne pouvoir accepter.
*
* *
En songeant à cette lointaine conversation, Kelly sentait l’indignation resurgir en elle. Avec quelle facilité Brant Harcourt pouvait être insultant ! A plusieurs reprises, il l’avait fait sortir de ses gonds. Et pourtant, il lui suffisait de sourire, de parler avec douceur, pour que toute la rancune de Kelly disparaisse aussitôt.
Dans un soupir, Kelly se leva de son fauteuil et fixa le majestueux portrait.
« Grand-père, cette fois-ci, tu es quand même allé trop loin ! Brant ne veut pas de moi. Il ne m’aime pas ! »
Afin de chasser ses idées noires, elle décida d’aller s’apprêter pour la fête de ce soir. L’air soucieux, Kelly monta l’escalier et gagna sa chambre.
Cette pièce était décorée avec goût. C’est elle qui avait choisi la couleur bleutée du papier, les confortables fauteuils beiges, les lourds rideaux de velours. Son grand lit était recouvert d’un immense édredon confortable et de coussins assortis aux motifs cachemire des draps. Sur sa coiffeuse, Kelly avait déposé quelques flacons des parfums français qu’elle aimait ainsi que son précieux coffret à bijoux. Chaque jour, elle avait soin de garnir sa chambre d’un bouquet de roses blanches ou d’orchidées, ses fleurs préférées. Kelly était fière de posséder à vingt-sept ans un vaste appartement qui lui plaisait. Grâce à son travail, et à un petit coup de pouce de son grand-père, elle avait pu l’acheter et l’aménager à son aise. Il représentait à ses yeux une indépendance chèrement acquise et une certaine réussite personnelle.
Jetant un œil à sa montre, Kelly vit qu’il ne fallait plus tarder à se préparer. Une bonne douche lui remettrait les idées en place !
Enveloppée dans un peignoir de velours, assise à sa coiffeuse, Kelly avait remonté en chignon ses cheveux blonds qui bouclaient légèrement sur sa nuque. Etendant le bras vers sa chaîne laser, elle mit un disque de Chopin. La musique romantique était sa passion. Brant Harcourt se moquerait d’elle s’il savait qu’à ses moments perdus, Kelly s’enfermait dans sa chambre et écoutait des mélodies mélancoliques de Liszt, de Schubert. Oui, il serait incapable de comprendre. Et puis, qu’il aille au diable ! Comme pour le défier, elle monta le son.
Vêtue de sa combinaison de soie, Kelly passa en revue les robes qui emplissaient sa penderie. Son choix s’arrêta sur une somptueuse robe émeraude que jamais elle n’avait osé porter. Le décolleté très avantageux lui avait jusqu’à présent semblé trop audacieux. Ce soir, porter cette tenue ne lui ferait pas peur, elle se sentait toutes les audaces.

Dans la voiture de Daniel pourtant, Kelly eut quelques scrupules tardifs. Sa robe, très près du corps, soulignait sa mince silhouette de façon presque impudique. Si seulement elle avait pensé à mettre un collier pour détourner les regards de ce décolleté plongeant ! En tout cas, Daniel l’avait accueillie par un sourire d’admiration. A présent, il l’entretenait à propos des récentes victoires du cabinet Harcourt et McConell et faisait les louanges de Brant : son dernier procès avait été un coup de maître.
— Tu vois, à mon avis, il n’aura aucun mal à gagner ce procès. L’accusation a été prise de court. Apparemment, ils étaient persuadés que l’affaire était dans la poche. Au dernier moment, Brant a présenté une pièce qui a renversé la situation. Franchement, Kelly, c’était brillant ! Il vaut mieux avoir Brant de son côté, je t’assure. Cet homme est redoutable !
— Oui, je veux bien te croire.
— Après cela, je ne m’étonne plus que Jœ McConell ait tenu absolument à l’avoir comme associé, continua-t-il sans remarquer la nervosité de sa passagère.
— J’ai toujours pensé que Georges Wright aurait été meilleur à ce poste.
— Tu plaisantes ! Georges était trop âgé pour occuper un tel poste ! Dis donc, tu te souviens que nous allons fêter sa retraite ?
— En tout cas, si Jœ lui avait proposé de travailler avec lui, il ne serait peut-être pas parti.
— J’en doute. Et puis, jamais Georges n’aurait eu les capitaux nécessaires pour devenir l’associé de Jœ. C’est un excellent avocat, mais il n’a pas l’envergure de Brant.
Les réponses de Kelly avaient intrigué Daniel qui lui jeta un regard étonné.
— Essayes-tu de me dire que tu trouves Brant Harcourt incompétent ?
— Non, il est assez bon dans son domaine.
— Quoi ? Tu dois être la seule femme de Toronto qui ne soit pas folle de lui ! C’est le meilleur parti de toute la ville... à part moi, évidemment !
— Oh ! Toi, tu es hors concours, Daniel !
— J’espère que c’est un compliment, mademoiselle McConell !
Devant le prestigieux Majestic Hotel où la société McConell organisait ses festivités, Daniel gara sa voiture de sport.
— Mais bien sûr !
— Tu es adorable, répondit Daniel en déposant un baiser sur ses lèvres.
Kelly le savait : les baisers de Daniel ne prêtaient pas à conséquence. Entre eux, c’était une manifestation de tendresse et d’amitié plus que d’amour. Daniel Marsden était réputé pour être un don Juan et Kelly ne s’en formalisait pas. Il restait pour elle un excellent ami et rien de plus.
— Tiens, voilà Brant ! s’exclama-t-il en se redressant.
En effet, la Rolls blanche venait de se garer en face de leur voiture et Brant, d’une grande élégance dans son smoking noir, en sortait avec sa prestance habituelle. Pendant quelques secondes, Kelly resta fascinée par la séduction extraordinaire qui émanait de cet homme. Elle ne remarqua pas immédiatement qu’il était accompagné.
— Eh bien ! C’est Susanna Winters ! s’écria Daniel.
Aussitôt Kelly aperçut la pulpeuse femme blonde vêtue d’un fourreau blanc qui s’accrochait au bras de Brant Harcourt. Déçue, elle fit une grimace involontaire. Daniel, les yeux rivés sur Susanna, ne la vit pas.
— Première nouvelle ! s’exclama Daniel. J’ignorais que Brant avait une liaison avec Susanna.
— Moi aussi. En tout cas, elle aura deux raisons de se réjouir ce soir.
— Ah bon ? Pourquoi ?
— Elle a obtenu le divorce hier et elle tient dans ses bras l’homme de ses rêves. Que peut-elle demander de plus ?
— C’est vrai, elle est rayonnante.
Kelly n’avait jamais aimé Susanna Winters. Celle-ci travaillait également chez Harcourt et McConell. Toutes les deux avaient à peu près le même âge, mais elles n’avaient jamais sympathisé. Kelly lui reprochait son ambition froide et calculatrice. Susanna et Brant formaient bien le couple idéal, se dit Kelly tristement.
— Tu crois qu’ils nous ont vus ? demanda-t-elle en les regardant disparaître dans le hall illuminé.
— Sûrement ! Rien n’échappe à Brant.
Tant mieux ! Kelly ne se faisait malgré tout pas d’illusions : Brant ne lui ferait pas une scène de jalousie. Elle avait cependant très envie de lui faire regretter d’avoir invité Susanna Winters à sa place. En voyant en Daniel un rival, peut-être craindrait-il pour ses chères actions ?
— Allons retrouver les autres, Kelly.
Après avoir confié sa voiture au chasseur de l’hôtel, Daniel tendit le bras à Kelly. Ensemble, ils gravirent les marches du Majestic. Dans le hall, décoré avec faste, des visages familiers saluèrent le couple qui entrait. Les lustres de cristal, les tapis rouges, les miroirs encadrés de dorures, tout créait une atmosphère de fête et de luxe. Dans de grandes vasques, on avait mis des orangers et d’immenses guirlandes fleuries serpentaient sur les colonnes de marbre. Comme d’habitude, la société avait organisé la soirée sans compter : les salons du Majestic étaient les plus prisés de la ville. Dans le plus grand, un orchestre accueillait les invités.
A travers la foule, Kelly aperçut immédiatement Brant. Sûr de lui, plus séduisant que jamais, il tenait Susanna par la taille et riait avec sa compagne. Brant Harcourt était bien loin de se faire du souci à propos du testament de Jœ comme Kelly l’avait escompté ! Comment pouvait-il être aussi certain qu’elle lui donnerait son accord, alors qu’il s’affichait avec une autre, alors que Kelly elle-même avait un prétendant ? Apparemment, il ne doutait de rien ! Cette évidence agaça Kelly au plus haut point. Et à son irritation se mêlait du dépit : voir Brant enlacer la belle Susanna Winters était presque une torture. Si seulement elle avait le pouvoir de lui rendre tout le mal qu’il lui causait en ce moment ! Impossible... Cet homme était sans cœur, et Kelly le regardait, impuissante
— Kelly, comme c’est gentil à toi d’être venue ! s’exclama Georges Wright en l’embrassant affectueusement. Tu es magnifique ! Si j’avais trente ans de moins, je tenterais de rivaliser avec Brant...
Coupant court, Kelly se hâta de l’interrompre.
— Bonsoir, Georges. Merci du compliment. En fait, je suis accompagnée par Daniel.
— Ah ! Très bien, dit-il, gêné.
Les paroles de Georges avaient embarrassé Kelly. Connaissait-il le contenu du testament ? S’il devenait public, Kelly en mourrait de honte. Pendant un instant, elle garda le silence, l’air contrarié. Par bonheur, Georges détruisit ses soupçons.
— Désolé d’avoir fait cette gaffe, Kelly. Jœ m’a tellement répété qu’il souhaitait un jour vous voir vous marier que j’ai tendance à croire que vous êtes ensemble. Que veux-tu, c’est l’âge !... Au fait, on a lu le testament il y a quelques jours, non ? Que penses-tu faire de tes actions ? Vas-tu diriger la société avec Brant ?
— J’hésite encore..., répondit-elle.
Il valait mieux rester dans le vague. Et puis, elle ne mentait pas en disant qu’elle n’avait pris aucune décision pour le moment. Georges ignorait tout du piège que lui avait tendu son grand-père. Et Kelly n’avait pas l’intention de le mettre au courant.
— Si tu as besoin de conseils sur ce sujet, tu peux me passer un coup de fil. Je suis à ta disposition. Mais si tu veux mon avis, tu devrais vendre. Tu es trop jeune pour être à la tête d’un tel empire. Brant te rachèterait tes actions au prix fort et la société serait admirablement gérée.
— Je n’en doute pas !
Kelly ne pouvait ajouter que le testament ne lui laissait pas le droit de revendre les actions de Jœ McConell. Une faible partie, tout au plus, lui reviendrait tandis que le reste serait partagé entre une multitude d’acheteurs. A moins que... Non, elle ne voulait pas penser à la dernière opportunité ! Au nom d’un marché sordide, s’offrir à un homme pour lequel on n’est que l’instrument de son ambition. Jamais de la vie !
Instinctivement, ses yeux cherchèrent Brant. Au milieu d’un groupe de jeunes femmes admiratives — de nouvelles secrétaires — il discutait avec une de ses collaboratrices. Comme on pouvait s’y attendre, toutes buvaient ses paroles. Kelly méprisait leur attitude qu’elle trouvait peu digne. En réalité, sans qu’elle s’en aperçoive, c’était la jalousie qui, de nouveau, pointait ses flèches vers elle.
— Pardonne-moi de t’avoir laissée aussi longtemps, lui dit Daniel qui rapportait des coupes de champagne. Alors, Georges, que penses-tu de la retraite ? As-tu des projets ? reprit-il à l’adresse de l’avocat.
— Oh ! oui. Je compte bien aller pêcher et puis, j’ai une dizaine de petits-enfants dont je vais m’occuper avec plaisir. J’aurai une retraite très active !
— J’espère que tout cela te laissera le temps de nous rendre visite.
La belle voix grave de Brant fit frémir Kelly. Délibérément, elle garda les yeux fixés sur Georges et ne se retourna pas pour saluer le cavalier de Susanna Winters.
— Non, Brant, je t’assure que je n’y manquerai pas. Vous allez tous me manquer, répondit le vieil homme avec nostalgie.
— Tu nous manqueras aussi, murmura Kelly.
— Lorsque vous aurez pris la tête de la société, Kelly, vous n’accorderez plus beaucoup de place aux sentiments, interrompit Susanna Winters, perfide.
— Qu’est-ce qui vous fait croire que je vais m’occuper de la société ? répliqua Kelly en tournant la tête.
La belle blonde était toujours au bras de Brant. Moulée dans un fourreau blanc terriblement sexy, elle s’appuyait contre lui avec abandon. Et n’en continua pas moins son attaque avec un sourire hypocrite.
— C’est évident ! Tout le monde sait que vous allez hériter des actions McConell. Ce doit être merveilleux de tout obtenir sur un plateau d’argent !
Par envie, par méchanceté, Susanna voulait à tout prix humilier Kelly devant ses amis et devant Brant. La jeune femme, consciente du piège, ne mordit pas à l’hameçon.
— Oui, en effet, ce doit être merveilleux. Malheureusement, je n’ai jamais eu l’occasion d’en bénéficier.
— Je n’en crois pas un mot ! s’exclama Susanna. Jœ n’a pas dû lésiner sur les moyens pour vous faire inscrire à Harvard et j’imagine que, pour vos vingt ans, il vous a offert une place dans la société !
— Ma pauvre Susanna, vous vous trompez complètement ! Pour entrer à Harvard, j’ai passé un concours et obtenu une bourse, voilà tout ! Et Jœ, puisque vous vous permettez de l’appeler par son prénom depuis quelques jours, ne souhaitait pas que je travaille avec lui. En réalité, il désirait que je m’en tienne à l’éducation d’une future mère de famille.
Brant semblait prendre plaisir à cet échange empoisonné. Furieuse, Kelly lui jeta un regard glacial. Bizarrement Brant l’affronta en souriant. Avec désinvolture, il promena ses yeux sur le décolleté avantageux de Kelly et sur les courbes à peine voilées de son corps.
— Voulez-vous danser, Kelly ?
Interdite, elle crut avoir mal entendu et le fixa sans mot dire. Brant prit son silence pour un acquiescement et l’entraîna vers la piste de danse. Comment refuser cette invitation ? Oui, comment refuser alors qu’au fond d’elle-même, elle mourait d’envie que Brant la prenne dans ses bras ? Avec joie, Kelly aperçut la mine déconfite de Susanna avant de prendre place parmi les danseurs. Un frisson délicieux la parcourut lorsque Brant lui enlaça la taille. Sur sa peau, Kelly sentait la pression de la main de Brant. A peine osait-elle lever les yeux vers lui. Non, Brant y lirait aisément tout son trouble. Alors, le visage abandonné contre la large poitrine, Kelly se laissait conduire au rythme d’une musique romantique. L’eau de toilette de Brant lui faisait tourner la tête et, sous le charme, elle se taisait. Ah ! Si cet instant magique pouvait durer toujours !
— Vous avez très bien remis en place Susanna, fit-il remarquer.
— Brant, savez-vous que c’est la première fois que vous m’invitez à danser ? murmura-t-elle.
— C’est vrai ? J’ignorais que vous gardiez le souvenir de tels détails !
Cette remarque innocente la blessa. Kelly était ce soir d’une sensibilité à fleur de peau.
— Avez-vous réfléchi à ma proposition, Kelly ?
Elle secoua la tête, trop émue pour pouvoir parler.
— Alors, je vous demande d’y penser maintenant... Vous ai-je dit que je vous trouvais très désirable dans cette robe ?
Sa voix grave envoûtait Kelly pendant que, de la main, il lui caressait les hanches. Ce compliment inattendu déclencha en elle un flot d’émotions violentes et contradictoires. Il aurait été facile de se prêter à ce jeu de séduction. Mais, refusant de céder à l’attraction que Brant exerçait sur elle, Kelly se raidit. Elle se dégagea de son étreinte et fixa Brant avec colère. Ses beaux yeux verts lançaient des éclairs.
— Comment osez-vous me parler encore de ce mariage alors que votre petite amie se trouve à deux pas ? lança-t-elle d’une voix indignée. Etes-vous à ce point insensible ?
Sa véhémence n’avait pas chassé le sourire charmeur de Brant qui la regardait intensément.
— Susanna sait exactement à quoi s’en tenir avec moi. Je n’ai pas l’habitude de simuler des sentiments que je n’éprouve pas, ni de promettre ce que je ne compte pas tenir. Ça vous surprend peut-être, mais je joue toujours franc-jeu avec les femmes, et si cela leur donne l’impression que je suis froid ou insensible, comme vous dites, c’est leur problème.
— Très bien ! En ce qui me concerne, je préfère garder mes distances.
La gorge serrée, Kelly fit mine de détourner la tête. Brant l’en empêcha d’une main. Ses yeux ne purent échapper au regard captivant de Brant.
— Alors, c’est plutôt le genre de Daniel Marsden qui vous attire, reprit-il par provocation. Vous vous attendiez à ce que je vous fasse des serments, des déclarations d’amour passionné ? Vous rendez-vous compte qu’en ce qui concerne les femmes, Daniel manque totalement de sincérité ? Est-ce vraiment ce que vous désirez ? Est-ce ainsi que je devrais m’y prendre ?
— Je ne vous demande rien !
— Vous mentez ! dit-il dans un souffle en approchant les lèvres.
La surprise pétrifia Kelly : Brant allait l’embrasser devant tout le monde ! Sans s’occuper des spectateurs, il resserra son étreinte et s’empara avec fougue des lèvres de Kelly. Inutile de résister ! Elle n’en avait aucune envie d’ailleurs. Quelles sensations délicieuses l’envahirent alors... Sa colère contre lui s’était évanouie, elle avait oublié la présence de ses collègues. Plus rien ne comptait. Dans les bras puissants de Brant, elle s’abandonnait langoureusement. Brusquement Brant rompit le charme.
— Je ne m’étais pas trompé, Kelly, n’est-ce pas ? murmura-t-il. Dès le premier jour, j’ai su que je vous plaisais.
Kelly aurait tant voulu avoir la force de le contredire ! Hélas, les mots ne venaient pas. Kelly aurait voulu mentir, lui affirmer qu’il se trompait. Impossible ! Bouleversée, humiliée, elle préféra la fuite. Fendant la foule, elle quitta la salle de danse sans prêter attention aux regards étonnés de certains convives. Brant la suivit dans le grand couloir qui menait vers les ascenseurs.
— Kelly ! cria-t-il.
— Allez-vous-en, Brant ! Vous m’avez ridiculisée devant tout le monde. Etes-vous satisfait ?
— Depuis quand est-il ridicule d’être attiré par quelqu’un ?
— Depuis notre rencontre ! Je vous l’ai dit, je préfère garder mes distances. Je ne ferai pas partie de vos victimes, Brant !
— Non, certainement pas ma victime, Kelly, dit-il d’une voix caressante. Kelly, faisons une trêve...
— Oui, évidemment, vous avez tout à y gagner !
— Tous les deux, nous avons beaucoup à y gagner.
— Non, je n’ai pas l’intention de m’aliéner à un homme pour lequel l’argent compte plus que les sentiments. L’amour a pour moi une grande importance, Brant. Bien sûr, je ne m’attends pas à ce que vous le compreniez. Vous avez d’autres priorités !
— Bravo, quelle fougue ! Pardonnez-moi si j’ai du mal à vous croire. Jusqu’à présent, vous faisiez passer votre carrière avant les sentiments.
— C’est faux !
— Alors donnez-moi une chance de me rattraper. Que pensez-vous d’un dîner, demain soir ?
— Non, Brant ! Je vous ai dit que cela ne m’intéressait pas !
Avant qu’elle s’engouffre dans l’ascenseur, il la retint par le poignet.
— Pour l’amour du ciel, cessez vos simagrées, Kelly ! Je sais exactement ce que vous ressentez pour moi.
L’attirant brutalement à lui, Brant la fixa un instant de ses yeux sombres.
— Je vois clair dans votre jeu, Kelly : vous voulez faire la difficile ou jouer l’effarouchée. D’accord, si ça vous amuse. Mais mettez-vous bien en tête qu’à la fin, c’est moi qui gagnerai !
Cela dit, Brant la relâcha et tourna les talons. D’un pas déterminé, il retourna se joindre aux autres.
Le cœur battant, encore sous le choc de ses paroles, Kelly se sentit au bord du vertige. Qu’avait-il osé prétendre ? Quelle arrogance détestable ! Ah ! Oui, elle allait lui montrer combien elle se préoccupait de lui.
La tête haute, Kelly pénétra dans le salon noir de monde, prête à affronter Brant et ses incroyables prétentions. Pourtant, dès que ses yeux rencontrèrent ceux de Brant, la lueur de triomphe qu’elle y vit détruisit instantanément son courage. Kelly comprit à ce moment-là qu’elle avait réagi comme il l’avait prévu. Il l’avait provoquée à dessein pour qu’elle revienne à la réception. Avec consternation, Kelly dut reconnaître que Brant l’avait manipulée. Et elle eut le sombre pressentiment que cela ne faisait que commencer

 
 

 

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