merci pour le roman .
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merci je l aime bien |
:friends:De rien c'est avec plaisir:8_4_134: |
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2 . Briget n'eut aucun mal à trouver le Frisky's, vu l'enseigne de trois mètres de haut représentant un chaton rose bonbon au sourire aguicheur, qui remuait la queue sur un rythme hypno¬ tique dans les dernières lueurs du crépuscule. Comment allait-elle retrouver Sugar? Il devait y avoir une entrée des artistes. Elle n'avait aucune envie d'explorer seule la ruelle obscure derrière le club de strip-tease. En désespoir de cause, elle se mêla aux hommes élégamment vêtus qui patientaient devant la porte, feignant de ne pas remarquer leurs regards curieux et espérant que sa rougeur se confondait avec la lumière des néons. Peu après, elle se retrouva face à un videur qui la toisa, les bras croisés sur son torse de déménageur. — Avec qui êtes-vous ? s'égosilla-t-il pour couvrir les basses trépidantes de la musique. — Je suis seule, j ' a i rendez-vous avec quelqu'un, répondit-elle sur le même ton. L'homme désigna le sac à roulettes. — Etes-vous une nouvelle danseuse ? Vous venez pour une audition? Elle secoua vigoureusement la tête. Il n'aurait plus manqué qu'elle se ridiculise devant tout le monde !— Non. — Les femmes seules ne sont pas admises au club, assena le videur. — Ecoutez, je ne suis pas là pour le spectacle, j ' a i rendez¬ vous avec Sugar. J'ai quelque chose pour elle. — Moi aussi, j ' a i quelque chose pour toi, poupée, plaisanta un homme dans la queue. Elle le foudroya du regard, mais l'individu se *******a de rire en donnant une bourrade à son voisin. Elle prit une profonde inspiration. — Sugar est la nouvelle danseuse vedette, elle m'attend. — Eh ! Il y a une nouvelle danseuse vedette ? Elle est canon au moins ? s'exclamèrent les clients massés devant la porte. — Elle est grande, bronzée, et elle fait du 90G de tour de poitrine, déclara-t-elle, persuadée qu'un peu de publicité gratuite ne nuirait pas à Sugar. Et elle ne fera probablement pas son second numéro si je ne lui livre pas sa commande à temps, ajouta-t-elle sans se démonter. Le videur finit par céder devant l'insistance de la foule et fit signe à un collègue de l'accompagner à l'intérieur. Sur le podium au centre de la salle, une rousse flamboyante, vêtue d'une j u p e minimaliste plissée à volants et du bonnet assorti, exécutait le numéro de la petite Bergère. Flanquée de son troupeau en peluche sagement assis au bord du podium, elle accomplissait avec sa houlette des prouesses qui auraient fait perdre ses plumes à ma Mère l'Oye. Entourées d'une cour d'admirateurs, des danseuses juchées sur des talons d'au moins dix centimètres évoluaient sur de petites scènes latérales. C'était un vrai miracle si elles ne trébuchaient pas. Bridget piqua un fard quand ses yeux se furent accoutumés à la pénombre et qu'elle distingua d'autres danseuses qui se livraient à du lap dance sur les genoux des clients.La nudité était une chose, mais simuler le sexe la mettait profondément mal à l'aise, aussi hâta-t-elle le pas derrière son escorte qui, après avoir longé un couloir et dépassé une cuisine, frappa à une porte mentionnant l'inscription « Privé ». Une Amazone baraquée en string léopard savamment déchiré vint ouvrir. — J'ai rendez-vous avec Sugar, annonça timidement Bridget. En bikini blanc chatoyant et talons aiguilles, sa cliente se matérialisa au milieu d'un essaim de filles bronzées plus ou moins dévêtues. — Bridget. enfin, tu es là ! s'exclama-t-elle. C'est si gentil à vous d'avoir accompagné ma couturière jusqu'ici, poursuivit-elle à l'intention du videur en le gratifiant d'un clin d'oeil appuyé. L'homme lui décocha un sourire si extatique que Bridget pouffa, s'attendant presque à le voir se liquéfier de bonheur. Il dut le percevoir, car il se reprit et lui lança un regard furieux. — La prochaine fois, vous passerez par l'entrée des artistes, maugréa-t-il en sortant. Elle suivit son amie dans la loge attenante. — Qu'est-ce que ça signifie? Pourquoi les femmes seules ne peuvent-elles pas entrer? Sugar s'installa à la coiffeuse pour remettre de l'ordre dans ses mèches blondes. — Désolée, Bridget, mais c'est vrai que le règlement interdit l'accès aux femmes seules. J'aurais effectivement dû te dire d'emprunter l'entrée des artistes. Bridget posa sa mallette au pied de la coiffeuse et examina son reflet dans le miroir. Elle avait l'air pitoyable, à côté de la flamboyante danseuse. L'humidité de mars faisait friser ses cheveux châtain clair naturellement ondulés, qui avaient perdu leur éclat après ce long hiver. Elle avait une mine de papiermâché et les yeux cernés à cause des nuits blanches passées à coudre afin d'honorer ses commandes. — C'est pour que les clients ne risquent pas de les impor¬ tuner? — Au contraire, rectifia Sugar. Des poules venaient racoler. C'était mauvais pour l'image du club. Sugar lui tapota gentiment la main. — Ce qui ne veut pas dire que tu ressembles à une poule. — Bien sûr, approuva Bridget, comprenant a posteriori la méfiance du videur, même si une poule se promenait rarement avec une valise. En résumé, elle n'avait pas l'air louche d'une pute camée, mais elle n'était pas assez j o l i e non plus pour passer pour une call-girl. Devait-elle le prendre pour un compliment ou une critique ? Elle se secoua. Apparemment, certaines femmes avaient été créées pour plaire, et d'autres pour leur servir de couturières. Ainsi allait le monde. — Voici ta commande, dit-elle en ouvrant la valise, d'où elle tira l'ensemble en Lycra argenté et les sous-vêtements en dentelle couleur ivoire. Sugar ne j e t a qu'un rapide coup d'oeil à son costume de scène, et s'attarda sur les dessous en dentelle. — C'est le soutien-gorge pour tous les j o u r s ? — Oui, avec des bretelles en gel et une armature spéciale. Elle-même en portait aujourd'hui un semblable, en dentelle noire, avec porte-jarretelles et string assorti. Elle avait encore du mal à s'y faire, mais au moins l'élastique de sa culotte ne se voyait pas sous ses vêtements moulants. Et, si son nouveau look ne parvenait pas encore à lui insuffler confiance en soi, elle ne désespérait pas d'y arriver. — Tu as ta couturière attitrée ? Tu ne te refuses rien,commenta l'Amazone en string léopard, occupée à appliquer ses faux cils. — Maintenant que je suis danseuse chez Frisky's, je ne vais pas laisser ma poitrine pendouiller, rétorqua Sugar, soupesant fièrement ses seins. Bridget s'empressa d'intervenir. — Je m'appelle Bridget Weiss, et je serais absolument ravie de travailler pour toi aussi. — Moi, c'est Electra, fit l'amazone en posant sa brosse à mascara pour lui serrer la main. Elle avait une poigne si énergique que, n'étaient ses doigts délicats et l'absence de pomme d'Adam, Bridget aurait parié qu'elle cachait certains attributs virils dans son slip. Elle détailla les larges épaules, les cheveux noirs, les cuisses musclées, et se fia à son intuition. — Tu as un style peu banal, une silhouette très sexy et athlétique. Je te verrais bien en Amazone ou en gladiateur, avec les bouts des seins dorés, des menottes garnies de fourrure de la même nuance et une épée factice. — Pourquoi pas une vraie, histoire de flanquer la trouille à tous ces crétins ? intervint une fille vêtue d'un string de cuir noir et de cuissardes assorties. Celle-ci cultivait le look gothique, avec sa chevelure de j a i s, son teint laiteux, de multiples piercings sur les sourcils et même sur les tétons. Avec sa peau mate et ses cheveux décolorés, Sugar avait l'air de l'image en négatif de la fille gothique. Elle fit les présentations. — Voici Jinx, la grosse tête de l'équipe. Elle prépare un doctorat, tu te rends compte ? La grosse tête en question se campa devant Bridget, les mains sur les hanches.— Et, pour moi, tu verrais quel genre de costume ? la défia¬ t-elle avec une pointe d'agressivité. En voilà une qui était coriace et autoritaire. Bridget réfléchit à toute vitesse. — Tu serais très bien en Nelson, le diablotin de la BD, tu sais ? Il suffirait de le mettre au goût du j o u r avec des bottes rouges, une fourche et un bandeau orné de petites cornes brillantes. Pour le costume, que dirais-tu d'un body en vinyle cramoisi seins nus, avec des piercings en rubis pour compléter le tout? Qu'est-ce qu'elle allait imaginer là? Pour une fille qui avait commencé sa carrière de styliste en garnissant d'horribles soutiens-gorge moyenâgeux de noeuds de satin, elle en avait parcouru du chemin. Jinx haussa les sourcils. — Pas mal. Tu pourrais me faire un croquis pour que je visualise mieux? — Bien sûr, promit Bridget en distribuant sa carte de visite à la ronde. Elle faillit sauter de j o i e lorsque Sugar lui régla le solde de sa commande. Finalement, elle allait pouvoir payer sa facture électricité et s'offrir un bon repas en sus, histoire de varier un peu son ordinaire ! Une grosse femme apparut, agitant un porte-bloc. — Les filles, c'est à vous ! coassa-t-elle d'une voix de stentor. — C'est Marge, la directrice, expliqua Sugar. Voilà au moins quatre-vingt-dix ans qu'elle est dans le business, précisa-t-elle, avant de s'éclipser sur ses hauts talons. Restée seule dans la loge déserte, Bridget décida de mettre sur le papier quelques idées de costumes pour Jinx et Electra. Elle allait suivre le judicieux conseil de Sugar et se faire payerd'avance. Peut-être pourrait-elle repartir lestée d'un confortable acompte sur les commandes futures? Au fond, songea-t-elle, amusée, c'était comme si elle était rétribuée par les clients du club par l'intermédiaire des dessous des danseuses. — La j o u r n é e a été rude, hein ! soupira Tom, l'un des collègues d'Adam, affalé sur la banquette craquelée du taxi qu'ils partageaient. Plusieurs pays n'ayant pas réalisé leurs transactions habituelles sur le maïs et le blé, l'offre avait flambé, et les prix avaient chuté. Par chance, Adam avait anticipé et limité les dégâts. — A qui le dis-tu ! Les marchés en ont pris un sale coup, renchérit-il, impatient de rentrer chez lui pour s'écrouler sur son canapé. — Heureusement que nous sommes vendredi. J'ai rendez¬ vous avec des amis pour boire un verre au Frisky's. Veux-tu te j o i n d r e à nous? — Au Frisky's ? Ça fait un bail que je n'y ai pas mis les pieds. Le strip-tease n'était plus guère sa tasse de thé. Il travaillait trop dur pour gaspiller son argent en consommations à gogo hors de prix et danseuses itou. Tom éclata d'un rire qui se mua en quinte de toux. — Tu parles comme un croulant, Adam. Dire que tu as quinze ans de moins que moi ! Compte tenu de ses mauvaises habitudes, Tom risquait de ne pas faire de vieux os, mais Adam préféra s'abstenir de tout commentaire. Le taxi s'arrêta devant le club surmonté d'un chaton rose fluo. |
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