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nassamate 15-11-10 04:05 PM

Collection audace: La brûlure de sens
 
:7_5_129:[
C'est la première fois que je participe en écrivant un roman, j'espère qu'il vous plaît.


voilà le résumé:


Sans quitter Adam des yeux, Bridget dégrafa son soutien-gorge, et cet homme qu’elle aimait en secret depuis tant d’années étouffa un hoquet en découvrant ses formes voluptueuses. Elle retint un soupir de plaisir. Longtemps, elle avait détesté sa poitrine opulente et s’était ingéniée à la dissimuler, mais les yeux brillant de désir avec lesquels Adam l’admirait à cet instant étaient la plus grande des récompenses. Lui qui l’avait toujours considérée comme une gamine voyait enfin la femme qui était en elle. La voyait, et la désirait. Au moins autant qu’elle-même avait envie de lui. Alors, avec un regard suggestif, elle prit sa main et la guida vers ses seins. — Bridget, murmura-t-il d’une voix rauque, si je commence, je ne pourrai plus m’arrêter… Elle se pressa contre lui et, savourant le contact de son corps chaud contre le sien, elle chuchota à son oreille : — Mais qui te parle d’arrêter ?


nesnes 17-11-10 12:44 AM

KJHGNFHJKL/

nassamate 18-11-10 03:56 PM

1.
Secouant les longues mèches blondes qui lui tombaient
devant le visage, la pulpeuse Sugar tendit le cou pour s'admirer
dans la psyché.
— Comment trouves-tu mes seins ? roucoula-t-elle.
Bridget Weiss acheva d'épingler le nouveau soutien-gorge
couleur argent, bonnets G, sur la somptueuse poitrine de Sugar
— oeuvre d'un chirurgien plastique hors de prix, que Sugar
avait pu se payer grâce à l'admiration sans bornes des clients
du Frisky's, un club réservé au genre masculin.
— Attends une seconde que je termine le dos.
Sugar virevolta sur la petite estrade moquettée, exhibant des
fesses rebondies mises en valeur par un string argenté assorti
au soutien-gorge.
— Le chirurgien m'a ratée, gémit-elle. J'ai l'impression
qu'ils ne sont pas au même niveau.
Bridget considéra les deux seins gainés de Lycra avec le
même détachement qu'un chef pâtissier s'assurant du glaçage
d'un gâteau.
Le gauche avait effectivement l'air un tantinet plus haut que
le droit.
Au moins, n'étaient-ils pas décentrés comme ceux de certaines
de ses clientes. Ayant eu recours, faute de moyens, aux services
d'un praticien bon marché, l'une d'elles s'était retrouvée avec une
poitrine complètement asymétrique, au point qu'il fallait pencher
la tête pour tenter de voir ses seins à la même hauteur !
Heureusement, elle avait plus d'un tour dans son sac pour
dissimuler ces défauts.
Avant d'intégrer l'école de stylisme de Chicago à l'automne
dernier, elle avait glané dans les manuels toutes sortes d'astuces
quant à la conception des soutiens-gorge. Plus quelques
autres.
— Il suffit de remonter un chouia la bretelle gauche, dit-elle
en joignant le geste à la parole.
— Oui, approuva Sugar avec un sourire satisfait, c'est
beaucoup mieux. Tu sais, maintenant que je suis remise de mon
opération, je vais être la danseuse vedette des Frisky's Kitten,
ajouta-t-elle en sautillant d'excitation.
Bridget recula, peu désireuse de se faire éborgner par l'im¬
posante poitrine de son amie.
— La vedette des Frisky's Kitten, c'est super, dis donc !
s'extasia-t-elle, sincère.
Le strip-tease — officiellement « danse exotique » — était
une activité comme une autre à Chicago, à l'égal de celle
de n'importe quel cabinet juridique ou société de négoce de
matières premières, lesquels fournissaient la majorité de la
clientèle du Frisky's.
Par association d'idées, cela lui fit penser à Adam Haie,
qu'elle s'efforça aussitôt de chasser de son esprit.
En vain.
Elle eut une moue de contrariété. Adam était libre de faire
ce qu'il lui chantait, comme de gaspiller son argent au Frisky's
après une longue j o u r n é e passée à la Bourse, à négocier des
contrats à terme sur les carcasses de porc.
— Super, et lucratif! commenta Sugar avec un clin d'oeil.
D'après mes calculs, j ' a u r a i rentabilisé mes implants dans huit
ou dix semaines.
Bridget soupira intérieurement. Elle s'estimait heureuse si
elle parvenait à boucler ses fins de mois après avoir réglé le loyer
exorbitant de son minuscule studio et ses factures d'épicerie.
Inutile de dire qu'avec dix dollars par semaine elle se nourrissait
de nouilles chinoises et de sandwichs au beurre de cacahuètes
plus souvent qu'à son tour.
— Tes calculs ? Tu utilises un tableur pour savoir combien
de prestations lap dance tu devras effectuer chaque soir pour
joindre les deux bouts ?
— Tu ne crois pas si bien dire ! J'ai rédigé mon mémoire
de marketing sur les plans prévisionnels dans l'industrie du
spectacle visant un public d'adultes, et j ' a i obtenu la meilleure
note. D'ailleurs, ma comptable pense que je pourrais déduire
mes implants de mes impôts.
Ouah ! Elle aurait bien besoin, elle aussi, d'un plan prévisionnel,
songea Bridget, médusée. Et de la comptable de Sugar,
par-dessus le marché. Elle qui y avait réfléchi à deux fois avant
de défalquer de son revenu des produits de base tels que le tissu
et le fil, sans parler du coût astronomique du Lycra de bonne
qualité...
— Bon, ton soutien sera prêt après-demain, etj'archive tes
nouvelles mensurations. Tu n'auras qu'à m'appeler la prochaine
fois que tu voudras me passer une commande.
Sugar se délesta de son soutien-gorge, qu'elle lui lança avec
une aisance qui trahissait une longue habitude.
— Génial ! Je vais avoir besoin d'une tonne de soutiens-gorge.
Certains clients nous les arrachent et ne les rendent jamais, quand
on ne les retrouve pas baignant dans une mare de bière.
Bridget plia le sous-vêtement sans broncher et le rangea à
côté de sa machine à coudre.
Trois mois plus tôt, elle aurait rougi de confusion à l'idée de
se retrouver nez à nez avec les seins nus d'une autre femme.
Aujourd'hui, une paire de seins dénudés lui semblait être la
chose la plus naturelle du monde.
Sugar se contorsionna pour se glisser hors de son string argenté
et enfiler ses sous-vêtements de tous les j o u r s — un slip noir et
un soutien-gorge de coton blanc proprement hideux.
Elle fit la moue devant son regard surpris.
— Tu comprends, avec mes nouvelles mensurations, c'est
impossible de trouver des soutiens-gorge sexy avec un bon
maintien. Les bretelles me blessent aux épaules, et j ' a i mal au
dos à la fin de la j o u r n é e .
Bridget massa sa nuque endolorie à force de rester penchée
sur sa machine à coudre.
— A qui le dis-tu ! C'est pour cela que j ' a i voulu devenir
créatrice de lingerie. Je ne trouvais j a m a i s rien qui m'aille.
Sugar lui j e t a un coup d'oeil appréciateur.
— Je n'aurais j a m a i s cru que tu avais des implants, toi aussi.
Tu fais combien de tour de poitrine ? Au moins du D, non ?
Avec ses cheveux châtain clair et sa peau pâle criblée de
taches de rousseur — la faute aux étés passés à faire les foins
dans la ferme familiale du Wisconsin —, Bridget n'était pas
du genre à inciter les hommes à glisser des billets dans son
porte-jarretelles. Ceux-ci avaient plutôt tendance à la considérer
comme leur petite soeur. A l'instar d'Adam, justement.
— Non, je n'ai pas d'implants, je fais du DD, et c'est
naturel.
— Quelle chance tu as ! Si tu savais combien j ' a i casqué
pour mes nouveaux nénés !
Qu'elle se débrouillerait pour payer en moins de trois mois,
et à mi-temps en plus, se dit Bridget in petto.
Elle-même en avait plus qu'assez des nouilles et du sham-poing bon marché. Elle n'allait quand même pas se déshabiller
pour gagner sa vie, mais il était grand temps qu'elle lance sa
propre affaire.
— Il faut un bon soutien-gorge pour bien maintenir une forte
poitrine, observa-t-elle, sinon elle risque de s'affaisser.
Sugar la fixa d'un air horrifié.
— Je ne savais pas que des implants pouvaient s'affaisser.
— Les implants non, mais la peau oui.
Surtout quand elle était agressée par les cabines d'UV et les
sprays autobronzants.
— Je n'y avais pas pensé, dit la danseuse en posant instinc¬
tivement les mains sur sa poitrine.
— Ecoute, je peux te confectionner un j o l i soutien qui te
maintiendra bien, et le string assorti par la même occasion. Je
te rembourserai si ce n'est pas le soutif le plus confortable que
tu aies jamais eu. Et je t'offrirai même le string en prime.
De toute façon, elle aurait du mal à le revendre.
Sugar, qui remettait son T-shirt blanc à col V, suspendit son
geste.
— Je ne risque pas grand-chose, à ce que je vois. Ça marche,
acquiesça-t-elle en souriant.
— Parfait, dit Bridget en lui rendant son sourire. Quelle
couleur préfères-tu ?
— En dentelle ivoire, et bien échancré devant pour que je
puisse mettre un décolleté.
Elle prit des notes sur son carnet de commandes.
— D'accord. Tu peux venir chercher ton soutien-gorge de
scène vendredi vers 16 heures.
Sugar enfila un j e a n étroit qui lui allait comme une seconde
peau et des socquettes blanches, avant de lacer ses baskets
avec un soupir.
— Je souffre d'une aponévrosite plantaire, figure-toi. Quelleplaie ! Mon podologue m'a avertie que je risque l'opération si
je m'obstine à porter des talons aiguilles. Sauf au club ou pour
un rendez-vous amoureux, évidemment.
— Evidemment, renchérit Bridget d'un air entendu, comme
si ses propres amoureux se bousculaient au portillon. Mais tu
peux toujours assister aux matches des Cubs.
Sugar hocha pensivement la tête.
— Je pourrais peut-être chorégraphier un numéro avec
des baskets et un maillot de base-bail déboutonné sur un
soutien-gorge et un string...
— Avec le logo de l'équipe sur chaque sein et un autre sur
le devant du string, pouffa Bridget.
Elle pourrait acheter des autocollants et les coudre sur les
soutiens-gorge et les strings. La Ligue fermerait sans doute les
yeux, d'autant que les joueurs, qui fréquentaient assidûment les
clubs de strip-tease, en seraient tout émoustillés.
— C'est une idée de génie ! La saison de base-bail commence
dans deux semaines, je pourrais porter le maillot à l'automne.
— Allez, les Bears ! plaisanta Bridget, imitant les supporters
de l'équipe de football de Chicago.
Sugar attrapa son fourre-tout.
— Et vive l'argent ! A propos d'argent, les bons comptes
font les bons amis, dit-elle en Xendant une poignée de billets à
Bridget, qui lui remit un reçu.
— Pour ta comptable.
— Merci. J'ai intérêt à la ménager. Elle connaît la chanson,
parce qu'avant elle dansait au Love Shack pour payer ses études.
Bon, je file. A vendredi, ma belle, conclut Sugar en agitant la
main, avant de dévaler l'escalier.
Bridget se remit au travail.
N'ayant pas les moyens de se payer un plus grand appartement,
elle avait converti son unique pièce en atelier de couture. Un


nassamate 18-11-10 03:59 PM

rideau tendu dans un coin faisait office de cabine d'essayage,
que la majorité de sa clientèle, n'étant pas particulièrement
prude, n'utilisait guère. Le miroir et l'estrade qui servait aux
séances de retouches jouxtaient la machine à coudre, posée sur
des tréteaux, tandis que la table à dessin était installée devant
la fenêtre pour bénéficier du maximum de lumière.
En fait, il s'agissait de la vieille table de ping-pong familiale.
Elle était assez vaste et massive pour qu'on puisse y tailler une
robe de mariée. Cela n'avait pas été une mince affaire que
de la transporter j u s q u ' à son troisième étage sans ascenseur.
Ses deux frères, Colin et Dane, avaient dû appeler Adam à la
rescousse.
Ce dernier s'était comporté bizarrement pendant son déména¬
gement, n'ouvrant la bouche que pour s'enquérir de l'emplacement
de tel meuble ou de tel carton, au point qu'elle avait pris Colin
à part pour lui poser des questions.
Son frère ne s'était pas révélé d'une grande utilité, il avait
juste bredouillé que la petite amie d'Adam n'avait pas apprécié
qu'il vienne l'aider à déménager, alors qu'elle avait d'autres
projets pour la j o u r n é e .
Le sens du devoir. C'était tout elle.
Voilà pourquoi elle avait décidé de quitter le Wisconsin,
songea-t-elle en se penchant pour j e t e r à la corbeille les chutes de
tissu et bouts d'armature qui encombraient sa table de travail.
Si elle avait quitté sa famille pour entrer dans une école
de stylisme dans la grande ville, c'était bien sûr pour ne plus
être le bébé de Bob et d'Helen Weiss et la petite soeur fragile
de Colin et de Dane, mais aussi et surtout pour créer de j o l is
sous-vêtements confortables pour les femmes qui avaient du
mal à en trouver à leurs mensurations hors norme.
Baissant les yeux sur l'échancrure de son T-shirt, elle avisa
son soutien-gorge en coton blanc uni acheté en soldes.Les cordonniers étaient toujours les plus mal chaussés.
Elle s'empara de son carnet de croquis et de ses feutres.
Sugar ne serait pas la seule à posséder un superbe soutien-gorge
de dentelle avec le string assorti. L'heureux homme qui la verrait
dans ses nouveaux dessous ne risquerait pas de la considérer
comme sa petite soeur.
Quand l'identité de son interlocuteur s'afficha sur son télé¬
phone portable, Adam Haie soupira.
C'était Colin Weiss, son vieux camarade de classe.
— Allo? dit-il, conscient de ne pouvoir se défiler davan¬
tage.
— Salut, Adam, ça boume?
Il se renversa dans son fauteuil de cuir et cliqua sur la fenêtre
de réduction des prévisions des cours de la Bourse sur l'écran
de son ordinateur. Colin étant un bavard invétéré, il ne voulait
pas risquer d'acheter au plus fort ou de vendre à perte par
inadvertance. Ce n'était pas le moment de se faire virer avant
d'avoir amassé un j o l i magot.
— Salut, Colin. Je n'ai pas à me plaindre. Comment vont
Jenna et les enfants ?
Colin et sa petite amie s'étaient mariés dès leur diplôme en
poche, et ils avaient un garçon et une fille.
— Très bien. En fait, nous attendons un autre heureux
événement pour dans cinq mois.
Colin n'avait que vingt-huit ans, comme lui, et déjà trois
enfants ! Lui-même ne se voyait pas en avoir un seul. Bien sûr,
cela impliquait de trouver une femme au préalable.
Un coup d'oeil aux dossiers qui s'empilaient sur son bureau
suffit pour lui démontrer l'inanité d'un tel projet.
— Félicitations!— Merci. Qu'est-ce que tu veux, elle ne peut pas se retenir
de me sauter dessus, c'est plus fort qu'elle.
— Avec deux bambins de cinq et trois ans à s'occuper à
longueur de j o u r n é e , j ' a i du mal à le croire. Tu prends tes désirs
pour des réalités, Col. Et la ferme, ça va?
Après des études en sciences agroalimentaires, Colin avait
repris la petite exploitation laitière de ses beaux-parents, à trois
quarts d'heure de route de celle de ses propres parents. ,
— Je bosse comme un fou, tu sais ce que c'est.
— Bien sûr.
Adam avait eu un aperçu des durs travaux agricoles au cours
des nombreuses visites qu'il avait rendues à son ami au fil des
années. Parents et enfants, tout le monde mettait la main à la
pâte, y compris Bridget, la benjamine.
Colin devait lire dans ses pensées.
— Tu as des nouvelles de ma soeur ? demanda-t-il, abordant
le sujet qu'Adam aurait voulu éviter.
— Pour autant que je sache, elle va bien. Je suis passé la voir
une ou deux fois, et je lui ai laissé des messages.
Il omit de préciser qu'il avait trouvé porte close à chacune
de ses visites et que ses appels étaient restés sans réponse. A
ce propos, il ne savait toujours pas s'il devait le déplorer ou
s'en réjouir.
— Si tu savais comme je m'inquiète pour elle, depuis qu'elle
est partie ! poursuivit son ami. C'est une brave fille toute simple.
J'ai si peur qu'elle fasse de mauvaises rencontres, si tu vois ce
que je veux dire.
— Les mauvaises rencontres, elle peut les faire aussi à la
campagne, rétorqua Adam. Tu te rappelles tes frasques avec
les prétendues braves filles de ton bled natal, avant que tu ne
deviennes un père de famille pantouflard, ou tu veux que je te
rafraîchisse la mémoire ?

nassamate 18-11-10 04:02 PM

— Bridget est différente. J'étais effondré quand elle nous
a annoncé qu'elle s'était inscrite dans cette école de stylisme à
Chicago. Elle aurait très bien pu poursuivre ses études à la fac
de Menomonie.
Il sourit à l'évocation de la petite ville au nord-ouest du
Wisconsin, dont les habitants s'imaginaient toujours que porter
de la flanelle était la dernière mode.
— Menomonie n'est pas exactement Chicago, mon vieux.
Et puis, à vingt-quatre ans, ta soeur est une grande fille, majeure
et vaccinée...
Il s'interrompit. S'il continuait sur cette voie, son ami ne
tarderait pas à comprendre à quel point il trouvait que Bridget
avait grandi.
— Depuis six mois qu'elle est partie, elle n'est venue nous
voir qu'une seule fois, tu te rends compte ? reprit Colin. Excepté
quelques rares mails, c'est à peine si elle nous donne de ses
nouvelles. Ma mère l'appelle une fois par semaine, mais elle
s'ingénie à rester dans le vague, et nous ne sommes au courant
de rien. Accepterais-tu de passer la voir pour l'inviter à prendre
un verre ou je ne sais quoi ? Tu me rendrais un fier service.
— Pour que je te fasse un rapport ? Tu es malade ? s'exclama
Adam, hors de lui. Elle m'arrachera les yeux si elle apprend
que je l'espionne, surtout quand elle comprendra que c'est toi
qui as tout manigancé.
— Ecoute, Adam, maman se fait un sang d'encre. On veut
juste savoir si elle va bien.
Il soupira, vaincu.
— D'accord, d'accord. J'essayerai de lui mettre la main dessus
et de lui tirer les vers du nez, si ça peut te faire plaisir.
— Merci, mon vieux. Et, si tu arrives à la convaincre de
venir nous voir pendant les vacances, je te revaudrai ça.
— Arrête, Colin, tu ne me devras rien du tout.
— Et si tu venais, toi aussi? Vous pourriez faire le trajet
ensemble?
Adam déglutit avec effort.
— Bonne idée. Je te tiens au courant, a-t-il articulé avec
difficulté avant de raccrocher.
Il sentit son sexe durcir et se tortilla sur son fauteuil, mal
à l'aise.
Il ne pouvait s'empêcher de se représenter les longues
jambes musclées de Bridget nouées autour de sa taille, tandis
qu'il empoignait ses seins opulents. Comme chaque fois qu'il
fantasmait sur la petite soeur de son meilleur ami, depuis le j o u r
où il l'avait rencontrée.
Elle avait alors tout juste dix-huit ans, et lui-même finissait
sa deuxième année à l'université. Elle s'ingéniait à cacher ses
formes appétissantes dans des salopettes informes et d'amples
vêtements. Mais, un jour, ils étaient allés se baigner dans l'étang
derrière la grange, et là...
Par chance, son caleçon était assez large pour que Colin et
Dane ne se doutent pas de l'extrême intérêt qu'il portait à leur
soeur, et l'idée d'être livré pieds et poings liés à la vindicte de
César, le bouledogue de la famille, avait providentiellement
refroidi son enthousiasme.
Par la suite, il n'avait croisé Bridget qu'en de rares occasions,
comme pour le mariage de Colin, où ils étaient respectivement
le garçon et la demoiselle d'honneur des mariés. Elle était
splendide, avec ses yeux marine et ses cheveux blondis par le
soleil. Ce jour-là, il avait constaté qu'outre la beauté elle avait
un charme fou et le sens de l'humour.
Leur dernière rencontre datait du mois d'août, le j o u r du
déménagement de Bridget à Chicago. Il avait une petite amie
à l'époque, mais cela ne l'avait pas empêché de sentir son corps
frémir d'excitation, ce traître.

robi_1822 18-11-10 06:29 PM

merci pour le roman .

dijadima20 18-11-10 08:37 PM

merci je l aime bien

nassamate 18-11-10 10:53 PM

:friends:De rien c'est avec plaisir:8_4_134:

nassamate 19-11-10 02:57 AM

Et voilà que Colin et toute la famille Weiss laissaient entrer
le renard dans le poulailler pour veiller sur leur précieuse
poulette. Quels crétins !
Bridget terminait le costume de scène de Sugar, avec
soutien-gorge et slip coordonnés.
La danseuse devait venir incessamment chercher sa commande.
Lors du dernier essayage, son nouveau soutien en dentelle ivoire
l'avait tellement emballée qu'elle lui en avait immédiatement
commandé un autre.
Maintenant que Bridget avait le modèle bien en tête, le reste
était un j eu d enfant
Quand le téléphone sonna, elle décrocha sans prendre la
peine de vérifier l'identité de son interlocuteur, et elle faillit
tomber à la renverse en reconnaissant le timbre viril à l'autre
bout du fil.
— Adam ? Sa voix monta d'un cran, échappant à son
contrôle.
— Salut, Bridge, comment ça va?
Voilà qu'il l'appelait Bridge, comme ses frères ! Son trouble
se mua instantanément en exaspération.
— Très bien. Je travaille. Tu me téléphones pour quoi, au
j u s t e?
— Euh...
Adam restait muet. C'était un scoop.
— Colin ou Dane?
— Colin ou Dane quoi?
— Lequel des deux t'a chargé de cette délicate mission ?
— Colin, soupira-t-il.
Elle avait vu j u s t e .
— Ah ! Ah ! dit-elle avec un rire forcé.[/LEFT— Ecoute, Bridget, ils se font du souci pour toi, tu leur
donnes trop rarement de tes nouvelles.
— Je te signale que j ' a i quitté la maison pour ne plus avoir
de comptes à rendre. D'ailleurs, combien de fois les appelles-tu,
toi, tes parents ?
Adam ne répondit pas.
Elle se mordit la lèvre de sa bêtise. Les parents d'Adam
étaient des gens épouvantables. Sa propre mère, qui était la
charité même, ne se privait pas de le souligner.
— Excuse-moi, j ' a i manqué l'occasion de me taire, bredouilla¬
t-elle.
— Non, c'est moi qui m'excuse. Tu es adulte, et personne
n'a le droit de se mêler de tes affaires, surtout pas moi, qui ne
suis pas de la famille.
— Adam, tu sais bien que je te considère comme...
— Comme un frère? coupa-t-il avec brusquerie.
Impossible de lui avouer que, depuis ses dix-huit ans, elle
rêvait de lui arracher ses vêtements et de lécher chaque centi¬
mètre de son corps.
— Non, non. Deux me suffisent amplement. Disons plutôt
que tu es comme un... ami, acheva-t-elle sans conviction.
— Un ami ? Bon, alors, en tant qu'ami, je t'engage à appeler
ta famille plus fréquemment. Tu as des parents formidables, et
ils voudraient seulement avoir plus souvent de tes nouvelles.
— Tu as sans doute raison. Mais ils étaient tellement opposés
à mon départ que je me sens obligée de prouver que je me
débrouille bien, ici à Chicago. J'ai galéré de petits boulots en
petits boulots pour payer mes études, tu ne peux pas savoir. Et,
maintenant, j ' a i enfin réussi à faire ce que je veux.
— Je suis très fier de toi, dit Adam d'une voix suave qui lui
donna des frissons partout. Comment t'en sors-tu financière¬
ment? ajouta-t-il, brisant le charme.Le volumineux soutien-gorge de Sugar accrocha son
regard.
Curieux comme tout le monde — le chirurgien, Sugar, le
Frisky's, elle-même — tirait profit de ces prothèses remplies
de sérum physiologique. Une vraie PME.
— Ça va.
— Tu es sûre ? La vie est chère ici, comparée au
Wisconsin.
— Je travaille à mi-temps.
— Ah ? Tu vends des sous-vêtements dans une braderie,
comme avant?
— C'est ça. Et j ' a i une clientèle très sélecte.
— C'est génial. Tu dois être très occupée, mais peut-être
pourrions-nous...
Le signal de double appel couvrit la fin de sa phrase. C'était
Sugar.
— Adam, je dois te laisser. J'ai une de mes clientes au
téléphone.
— Ah ? Tu leur donnes ton numéro de portable ?
— Au revoir, Adam, à bientôt, se hâta-t-elle de conclure pour
dissimuler sa gêne, avant de prendre l'autre communication.
Salut, Sugar, qu'y a-t-il ?
— Ecoute. Bridget, je ne pourrai pas venir chercher ma
commande, je dois travailler plus tôt que prévu. On devra
repousser le rendez-vous, hurla la danseuse dans une cacophonie
de voix féminines.
Quelle poisse ! songea Bridget, consternée. Ce contretemps
n'arrangeait pas ses affaires. La date limite pour le payement
de sa facture d'électricité tombait le lendemain. Qu'allait-elle
faire?
— Je peux te les apporter, si tu veux, suggéra-t-elle, saisie
d'une inspiration subite.]— Je suis au Frisky's. Tu ne peux pas venir ici.
— Pourquoi pas ? Donne-moi l'adresse, j ' a r r i v e .
— Tu es sûre ? Ce n'est pas un tripot, mais quand même.
— Ne t'inquiète pas. Et j ' e n profiterai pour rencontrer tes
collègues, m'informer de leurs goûts et faire marcher un peu
mon business, conclut-elle.
Sugar éclata de rire.
— Elles préfèrent les seins nus, mais c'est une super idée,
je sais qu'elles ont un mal de chien à trouver de nouveaux
costumes.
— En bus, le trajet n'est pas très long, je serai là dans une
petite heure, déclara Bridget quand Sugar lui eut indiqué l'iti¬
néraire.
— Super ! Ah, c'est à moi, je te laisse.
— Bon courage ! lui souhaita-t-elle en raccrochant.
Elle se hâta de fourrer pêle-mêle quelques échantillons
de soutiens-gorge, de strings et de guêpières dans un sac à
roulettes, sans oublier son carnet de croquis, ses feutres et ses
cartes de visite.
Elle n'en revenait pas de son audace, mais bon, avec un peu de
jugeote et l'opiniâtreté qui la caractérisait, elle devrait y arriver,
se dit-elle en lançant joyeusement en l'air un soutien-gorge vert
citron.

nassamate 19-11-10 03:02 AM

2 .
Briget n'eut aucun mal à trouver le Frisky's, vu l'enseigne
de trois mètres de haut représentant un chaton rose bonbon au
sourire aguicheur, qui remuait la queue sur un rythme hypno¬
tique dans les dernières lueurs du crépuscule.
Comment allait-elle retrouver Sugar? Il devait y avoir une
entrée des artistes.
Elle n'avait aucune envie d'explorer seule la ruelle obscure
derrière le club de strip-tease. En désespoir de cause, elle se mêla
aux hommes élégamment vêtus qui patientaient devant la porte,
feignant de ne pas remarquer leurs regards curieux et espérant
que sa rougeur se confondait avec la lumière des néons.
Peu après, elle se retrouva face à un videur qui la toisa, les
bras croisés sur son torse de déménageur.
— Avec qui êtes-vous ? s'égosilla-t-il pour couvrir les basses
trépidantes de la musique.
— Je suis seule, j ' a i rendez-vous avec quelqu'un, répondit-elle
sur le même ton.
L'homme désigna le sac à roulettes.
— Etes-vous une nouvelle danseuse ? Vous venez pour une
audition?
Elle secoua vigoureusement la tête. Il n'aurait plus manqué
qu'elle se ridiculise devant tout le monde !— Non.
— Les femmes seules ne sont pas admises au club, assena
le videur.
— Ecoutez, je ne suis pas là pour le spectacle, j ' a i rendez¬
vous avec Sugar. J'ai quelque chose pour elle.
— Moi aussi, j ' a i quelque chose pour toi, poupée, plaisanta
un homme dans la queue.
Elle le foudroya du regard, mais l'individu se *******a de
rire en donnant une bourrade à son voisin.
Elle prit une profonde inspiration.
— Sugar est la nouvelle danseuse vedette, elle m'attend.
— Eh ! Il y a une nouvelle danseuse vedette ? Elle est canon
au moins ? s'exclamèrent les clients massés devant la porte.
— Elle est grande, bronzée, et elle fait du 90G de tour
de poitrine, déclara-t-elle, persuadée qu'un peu de publicité
gratuite ne nuirait pas à Sugar. Et elle ne fera probablement pas
son second numéro si je ne lui livre pas sa commande à temps,
ajouta-t-elle sans se démonter.
Le videur finit par céder devant l'insistance de la foule et fit
signe à un collègue de l'accompagner à l'intérieur.
Sur le podium au centre de la salle, une rousse flamboyante,
vêtue d'une j u p e minimaliste plissée à volants et du bonnet
assorti, exécutait le numéro de la petite Bergère. Flanquée de
son troupeau en peluche sagement assis au bord du podium,
elle accomplissait avec sa houlette des prouesses qui auraient
fait perdre ses plumes à ma Mère l'Oye. Entourées d'une cour
d'admirateurs, des danseuses juchées sur des talons d'au moins
dix centimètres évoluaient sur de petites scènes latérales. C'était
un vrai miracle si elles ne trébuchaient pas.
Bridget piqua un fard quand ses yeux se furent accoutumés
à la pénombre et qu'elle distingua d'autres danseuses qui se
livraient à du lap dance sur les genoux des clients.La nudité était une chose, mais simuler le sexe la mettait
profondément mal à l'aise, aussi hâta-t-elle le pas derrière son
escorte qui, après avoir longé un couloir et dépassé une cuisine,
frappa à une porte mentionnant l'inscription « Privé ».
Une Amazone baraquée en string léopard savamment déchiré
vint ouvrir.
— J'ai rendez-vous avec Sugar, annonça timidement
Bridget.
En bikini blanc chatoyant et talons aiguilles, sa cliente se
matérialisa au milieu d'un essaim de filles bronzées plus ou
moins dévêtues.
— Bridget. enfin, tu es là ! s'exclama-t-elle. C'est si gentil à
vous d'avoir accompagné ma couturière jusqu'ici, poursuivit-elle
à l'intention du videur en le gratifiant d'un clin d'oeil appuyé.
L'homme lui décocha un sourire si extatique que Bridget
pouffa, s'attendant presque à le voir se liquéfier de bonheur. Il
dut le percevoir, car il se reprit et lui lança un regard furieux.
— La prochaine fois, vous passerez par l'entrée des artistes,
maugréa-t-il en sortant.
Elle suivit son amie dans la loge attenante.
— Qu'est-ce que ça signifie? Pourquoi les femmes seules
ne peuvent-elles pas entrer?
Sugar s'installa à la coiffeuse pour remettre de l'ordre dans
ses mèches blondes.
— Désolée, Bridget, mais c'est vrai que le règlement interdit
l'accès aux femmes seules. J'aurais effectivement dû te dire
d'emprunter l'entrée des artistes.
Bridget posa sa mallette au pied de la coiffeuse et examina
son reflet dans le miroir. Elle avait l'air pitoyable, à côté de la
flamboyante danseuse. L'humidité de mars faisait friser ses
cheveux châtain clair naturellement ondulés, qui avaient perdu
leur éclat après ce long hiver. Elle avait une mine de papiermâché et les yeux cernés à cause des nuits blanches passées à
coudre afin d'honorer ses commandes.
— C'est pour que les clients ne risquent pas de les impor¬
tuner?
— Au contraire, rectifia Sugar. Des poules venaient racoler.
C'était mauvais pour l'image du club.
Sugar lui tapota gentiment la main.
— Ce qui ne veut pas dire que tu ressembles à une poule.
— Bien sûr, approuva Bridget, comprenant a posteriori la
méfiance du videur, même si une poule se promenait rarement
avec une valise.
En résumé, elle n'avait pas l'air louche d'une pute camée,
mais elle n'était pas assez j o l i e non plus pour passer pour une
call-girl. Devait-elle le prendre pour un compliment ou une
critique ?
Elle se secoua. Apparemment, certaines femmes avaient été
créées pour plaire, et d'autres pour leur servir de couturières.
Ainsi allait le monde.
— Voici ta commande, dit-elle en ouvrant la valise, d'où
elle tira l'ensemble en Lycra argenté et les sous-vêtements en
dentelle couleur ivoire.
Sugar ne j e t a qu'un rapide coup d'oeil à son costume de scène,
et s'attarda sur les dessous en dentelle.
— C'est le soutien-gorge pour tous les j o u r s ?
— Oui, avec des bretelles en gel et une armature spéciale.
Elle-même en portait aujourd'hui un semblable, en dentelle
noire, avec porte-jarretelles et string assorti. Elle avait encore
du mal à s'y faire, mais au moins l'élastique de sa culotte ne
se voyait pas sous ses vêtements moulants. Et, si son nouveau
look ne parvenait pas encore à lui insuffler confiance en soi,
elle ne désespérait pas d'y arriver.
— Tu as ta couturière attitrée ? Tu ne te refuses rien,commenta l'Amazone en string léopard, occupée à appliquer
ses faux cils.
— Maintenant que je suis danseuse chez Frisky's, je ne vais
pas laisser ma poitrine pendouiller, rétorqua Sugar, soupesant
fièrement ses seins.
Bridget s'empressa d'intervenir.
— Je m'appelle Bridget Weiss, et je serais absolument ravie
de travailler pour toi aussi.
— Moi, c'est Electra, fit l'amazone en posant sa brosse à
mascara pour lui serrer la main.
Elle avait une poigne si énergique que, n'étaient ses doigts
délicats et l'absence de pomme d'Adam, Bridget aurait parié
qu'elle cachait certains attributs virils dans son slip. Elle détailla
les larges épaules, les cheveux noirs, les cuisses musclées, et
se fia à son intuition.
— Tu as un style peu banal, une silhouette très sexy et
athlétique. Je te verrais bien en Amazone ou en gladiateur, avec
les bouts des seins dorés, des menottes garnies de fourrure de
la même nuance et une épée factice.
— Pourquoi pas une vraie, histoire de flanquer la trouille
à tous ces crétins ? intervint une fille vêtue d'un string de cuir
noir et de cuissardes assorties.
Celle-ci cultivait le look gothique, avec sa chevelure de j a i s,
son teint laiteux, de multiples piercings sur les sourcils et même
sur les tétons.
Avec sa peau mate et ses cheveux décolorés, Sugar avait
l'air de l'image en négatif de la fille gothique. Elle fit les
présentations.
— Voici Jinx, la grosse tête de l'équipe. Elle prépare un
doctorat, tu te rends compte ?
La grosse tête en question se campa devant Bridget, les
mains sur les hanches.— Et, pour moi, tu verrais quel genre de costume ? la défia¬
t-elle avec une pointe d'agressivité.
En voilà une qui était coriace et autoritaire.
Bridget réfléchit à toute vitesse.
— Tu serais très bien en Nelson, le diablotin de la BD, tu sais ?
Il suffirait de le mettre au goût du j o u r avec des bottes rouges,
une fourche et un bandeau orné de petites cornes brillantes. Pour
le costume, que dirais-tu d'un body en vinyle cramoisi seins
nus, avec des piercings en rubis pour compléter le tout?
Qu'est-ce qu'elle allait imaginer là? Pour une fille qui avait
commencé sa carrière de styliste en garnissant d'horribles
soutiens-gorge moyenâgeux de noeuds de satin, elle en avait
parcouru du chemin.
Jinx haussa les sourcils.
— Pas mal. Tu pourrais me faire un croquis pour que je
visualise mieux?
— Bien sûr, promit Bridget en distribuant sa carte de visite
à la ronde.
Elle faillit sauter de j o i e lorsque Sugar lui régla le solde de
sa commande. Finalement, elle allait pouvoir payer sa facture
électricité et s'offrir un bon repas en sus, histoire de varier
un peu son ordinaire !
Une grosse femme apparut, agitant un porte-bloc.
— Les filles, c'est à vous ! coassa-t-elle d'une voix de
stentor.
— C'est Marge, la directrice, expliqua Sugar. Voilà au moins
quatre-vingt-dix ans qu'elle est dans le business, précisa-t-elle,
avant de s'éclipser sur ses hauts talons.
Restée seule dans la loge déserte, Bridget décida de mettre
sur le papier quelques idées de costumes pour Jinx et Electra.
Elle allait suivre le judicieux conseil de Sugar et se faire payerd'avance. Peut-être pourrait-elle repartir lestée d'un confortable
acompte sur les commandes futures?
Au fond, songea-t-elle, amusée, c'était comme si elle était
rétribuée par les clients du club par l'intermédiaire des dessous
des danseuses.
— La j o u r n é e a été rude, hein ! soupira Tom, l'un des
collègues d'Adam, affalé sur la banquette craquelée du taxi
qu'ils partageaient.
Plusieurs pays n'ayant pas réalisé leurs transactions habituelles
sur le maïs et le blé, l'offre avait flambé, et les prix avaient chuté.
Par chance, Adam avait anticipé et limité les dégâts.
— A qui le dis-tu ! Les marchés en ont pris un sale coup,
renchérit-il, impatient de rentrer chez lui pour s'écrouler sur
son canapé.
— Heureusement que nous sommes vendredi. J'ai rendez¬
vous avec des amis pour boire un verre au Frisky's. Veux-tu
te j o i n d r e à nous?
— Au Frisky's ? Ça fait un bail que je n'y ai pas mis les
pieds.
Le strip-tease n'était plus guère sa tasse de thé. Il travaillait
trop dur pour gaspiller son argent en consommations à gogo
hors de prix et danseuses itou.
Tom éclata d'un rire qui se mua en quinte de toux.
— Tu parles comme un croulant, Adam. Dire que tu as
quinze ans de moins que moi !
Compte tenu de ses mauvaises habitudes, Tom risquait de
ne pas faire de vieux os, mais Adam préféra s'abstenir de tout
commentaire.
Le taxi s'arrêta devant le club surmonté d'un chaton rose
fluo.

nassamate 19-11-10 03:07 AM

[CENTER][En descendant du véhicule pour permettre à Tom de sortir,
il avisa une j e u n e femme dans la file qui patientait devant la
porte.
Avait-il la berlue? N'était-ce pas Bridget Weiss, en train de
parlementer avec le videur?
— Merci pour le taxi, Adam, à lundi, dit Tom en s'éloignant.
Pétrifié, Adam regarda la fille s'engouffrer à l'intérieur en
compagnie du videur. Au même instant, le néon illumina son
visage.
Si ce n'était pas Bridget, c'était son sosie.
— Attends, j ' a i changé d'avis ! cria-t-il à Tom en tendant
un billet au chauffeur.
— Tant mieux. Plus on est de fous, plus on s'amuse...
Eberlué, son collègue s'interrompit en le voyant se ruer vers
la porte du club.
— Laissez-moi entrer, tonitrua-t-il, indifférent aux protes¬
tations indignées des autres clients.
— Vous n'êtes pas tout seul. Faites la queue comme tout le
monde, s'insurgea quelqu'un.
— Désolé, monsieur, mais vous devez attendre votre tour,
renchérit le second videur. Ne vous bilez pas, les filles ne vont
pas s'envoler, ajouta-t-il avec un clin d'oeil.
— Vous connaissez celle qui vient d'entrer?
Elle a fait allusion à une nouvelle danseuse, une certaine
Sugar, intervint un homme derrière lui.
— Qui est censée être super canon, compléta son voisin. Et,
maintenant, si vous permettez, c'est à nous.
L'esprit en ébullition, Adam marmonna des excuses, tandis
que Tom l'entraînait au bout de la queue.
Et si Bridget dansait réellement au club sous le pseudonyme de
Sugar ? Elle devait jongler avec un budget très serré... Pourtant, cen'était pas son genre, elle qui empruntait les chemises en flanelle
de ses frères pour dissimuler ses courbes voluptueuses.
Bon sang, ses frères ! Si j a m a i s ils apprenaient qu'elle était
une effeuilleuse, ils se précipiteraient à Chicago pour la ramener
dans le Wisconsin en la traînant par les cheveux. Quant à lui,
ils le ligoteraient sur la scène du Frisky's jusqu'à ce que mort
s'ensuive.
Leur tour arriva enfin.
Il fouilla du regard la salle plongée dans la pénombre. A son
grand soulagement, il ne vit Bridget nulle part.
Tom l'entraîna au bar.
— Je prendrai bien un double scotch. Et toi ?
— Un Perrier, répondit Adam, voulant garder les idées
claires.
Tom fit la grimace.
— Un Perrier? Un vendredi soir? Lâche-toi un peu, mon
vieux !
— D'accord, va pour une Guinness, consentit Adam. Je
cherche une fille, dit-il au barman en exhibant un gros billet,
dans l'espoir de lui tirer les vers du nez.
— Vous êtes au bon endroit.
Il scruta les filles dénudées qui se contorsionnaient sur la scène
pour s'assurer que Bridget ne se trouvait pas parmi elles.
— Non. Celle que je cherche est de taille moyenne. Elle
a les cheveux châtains ondulés, striés de mèches blondes, les
yeux bleu nuit, des taches de rousseur... Et un corps de rêve,
souligna-t-il à contrecoeur.
Tom échangea un regard entendu avec le barman.
— Tu ne trouveras j a m a i s ce genre de nana ici, mon vieux.
Au fait, qu'est-ce qui t'a pris de plaquer le mannequin avec qui
tu sortais l'automne dernier? Comment s'appelait-elle, déjà?
— Daria, répondit Adam en avalant une généreuse rasadede bière dans l'espoir de chasser le goût amer qu'il avait dans
la bouche.
— C'est ça, Daria. Elle avait les cheveux et les yeux noirs,
n'est-ce pas ? Rien à voir avec celle que tu cherches.
Il acquiesça. Effectivement, Daria était noire jusqu'au fond
de l'âme. Heureusement qu'il s'en était aperçu à temps.
— Y a-t-il une danseuse qui s'appelle Bridget ici ? demanda-
t-il au barman.
— Elles ont toutes un pseudo. Mais vous pouvez toujours
aller voir, conclut le serveur avant de s'occuper d'un autre
client.
Tom lui allongea une bourrade dans les côtes.
— Viens ! On ne verra pas grand-chose si on reste vissés
au bar.
Une fille genre sadomaso aux cheveux noirs, entièrement
vêtue de cuir, le fouet à la main, remplaça la bergère rousse
et ses moutons en peluche. Avec sa poitrine menue, ce ne
pouvait être Bridget, même avec une perruque. Et elle avait
des piercings sur les mamelons, nota-t-il, incrédule. Certains
hommes devaient aimer cela, mais pas lui, il avait des goûts
plus conformistes.
Tom s'était volatilisé. Il le repéra affalé sur une banquette,
une Hispanique gigotant voluptueusement au-dessus de lui.
A son regard vitreux, il présuma qu'il serait hors j e u un bon
moment.
Adam secoua la tête, désabusé.
Les deux premières années où il travaillait à la Bourse,
il avait beaucoup fréquenté les clubs de strip-tease avec ses
collègues. Jusqu'au jour où il avait compris que les danseuses
n'avaient rien à leur envier quant au professionnalisme. Au
contraire.Tout le monde spéculait sur quelque chose. Mais, tandis qu'ils
vendaient des céréales et du bétail, des biens tangibles, les stripteaseuses
spéculaient sur leur personne en tant que partenaires
potentielles — hypothèse fort douteuse au demeurant, car elles
se laissaient rarement approcher, et ceux qui s'y risquaient le
payaient très cher.
Le DJ mit de la musique soul sensuelle.
— Bienvenue à Sugar, notre nouvelle danseuse, clama¬
t-il.
Il faillit s'étrangler avec sa bière : c'était le nom mentionné
par Bridget.
Et si c'était elle, se déhanchant à moitié nue sous les yeux
concupiscents de tous ces types surexcités, alors que son corps
satiné n'était réservé qu'à lui?
Il débloquait ou quoi ? Personne ne devait la voir nue, surtout
pas lui.
Pris d'une sorte de vertige, il s'approcha de la scène.
Il aperçut de longues j a m b e s bien galbées, et son regard
remonta ensuite sur des seins volumineux. Autant qu'il s'en
souvienne, Bridget n'avait quand même pas une poitrine aussi
généreuse. Quand les spots éclairèrent le visage de la danseuse,
il soupira de soulagement : Sugar était j o l i e , certes, mais pas
autant que Bridget.
Des sifflets et des cris assourdissants accompagnèrent le
numéro de la strip-teaseuse, qu'il regarda distraitement, occupé
qu'il était à scruter la salle obscure.
Toujours aucune trace de Bridget.
On lui tapa sur l'épaule.
— Vous m'offrez un verre ? demanda une fille brune et
athlétique.
Il hésita, puis se dit qu'il pourrait lui soutirer des rensei¬
gnements.— Avec plaisir.
Il commanda une autre Guinness, tandis que le barman
versait à la danseuse un breuvage d'une bouteille qu'il tira de
sous le comptoir. Probablement du thé glacé.
Il paya les consommations, et ils s'installèrent sur une
banquette libre.
— Je m'appelle Electra.
— Enchanté. Moi, c'est Adam.
— C'est la première fois que vous venez, n'est-ce pas ? Je
m'en serais souvenu, ajouta-t-elle avec un sourire.
— Exact, c'est la première fois depuis deux ans. Je m'aper¬
çois que j ' a i raté quelque chose. C'est une amie, Bridget, qui
m'a recommandé ce club.
La danseuse se renfrogna.
— Bridget? Vraiment?
Adam s'en voulut d'avoir montré son j e u trop vite. Il avait
éveillé sa méfiance.
— Vous la connaissez ? Je suis un vieil ami de la famille, et
je suis venu m'assurer qu'elle va bien, bredouilla-t-il, conscient
qu'il s'enferrait.
Electra lui adressa un sourire pincé.
— Merci pour le verre. Excusez-moi, je dois y aller.
— O.K. Mais, si vous voyez Bridget, dites-lui qu'Adam
s'inquiète pour elle.
— Je n'y manquerai pas, fit Electra avec une grimace
sarcastique.
Elle se leva et se fraya un passage dans la foule, s'arrêtant
pour sourire à un type malingre qui la dévorait des yeux. Une
minute plus tard, elle ondulait au-dessus de lui. On aurait cru
qu'elle allait le broyer entre ses cuisses musculeuses.
Les filles se serraient les coudes, apparemment. Il n'y avait
rien à en attendre./CENTER]

nassamate 19-11-10 03:13 AM

Adam déambula dans la salle en sirotant sa bière à petites
gorgées. Toujours pas de Bridget. Tom savait peut-être où se
trouvait la loge des danseuses ?
Passablement éméché, son collègue parvint tant bien que mal
à lui désigner l'endroit, derrière la cabine du DJ.
Il se dirigea dans cette direction et, profitant d'un moment
d'inattention du DJ, se faufila discrètement dans un couloir où il
repéra trois portes. L'une donnait sur un placard à balais, l'autre
était verrouillée — probablement le bureau du directeur — et
la troisième s'ouvrit sur sa poussée.
Il se retrouva nez à nez avec la danseuse sadomaso au
fouet.
— Fichez le camp tout de suite, où j ' a p p e l l e la sécurité, I
ordonna-t-elle.
— Ecoutez, je voudrais j u s t e voir Bridget, plaida-t-il.
— Il n'y a pas de Bridget ici.
Surprenant le regard furtif qu'elle jetait par-dessus son épaule,
il se mit à crier.
— Bridget ! C'est moi, Adam ! Il faut que je te parle.
— Sortez ! répéta la fille gothique en faisant claquer son
fouet.
Il leva instinctivement les mains.
— Sonny ! Sonny ! brailla la fille.
Le videur arriva au petit trot et le reconnut.
— Encore vous ! dit-il en lui empoignant le bras. Vous ne
pouvez pas attendre votre tour pour une lap dance, comme
tout le monde ?
Adam se dégagea si violemment qu'il heurta la fille au
fouet, laquelle l'envoya valdinguer contre le mur d'un coup de
manchette bien senti.Tandis que le videur lui tordait le bras derrière le dos et
l'entraînait dehors, la pommette tuméfiée, il aperçut Bridget,
qui le regardait avec stupéfaction.
— Adam Haie ! Qu'est-ce que tu fiches ici ?


3 .
Bridget déverrouilla la porte, alluma la lumière et récupéra
sa valise, qu'Adam s'apprêtait à porter à sa place.
— Maintenant, tu peux m'expliquer pourquoi tu tenais tant
à me raccompagner ? demanda-t-elle.
Adam la suivit à l'intérieur, une douleur cuisante à la joue.
Il n'avait pas remis les pieds chez elle depuis son emména¬
gement. Il nota la machine à coudre trônant sur la lourde table
de ping-pong encombrée de bouts d'étoffe satinée.
— Je voulais te parler.
— Me parler ? De quoi ? De ta bagarre avec une strip-teaseuse
et de la brillante façon dont le videur t'a éjecté ?
— Minute, je ne me suis pas bagarré avec elle. J'ai perdu
l'équilibre, et elle en a profité.
— Tu as de la chance que Jinx ne t'ait pas frappé avec son
fouet.
Il frémit d'horreur à cette pensée.
— Cette fille est une folle dangereuse.
— Qu'est-ce que tu fabriquais dans cette boîte? Je croyais
que tu t'étais assagi avec l'âge.
— Exact. Qui t'a dit que j ' y allais autrefois ?
Elle le dévisagea avec une perplexité feinte.
— Colin, ou peut-être Dane ? Je ne sais plus. C'est sûrementDane, vu qu'il est célibataire. Je pense que tu l'emmenais dans ce
genre de club quand il se rendait à Chicago pour ses affaires.
— Ce sont de vraies pipelettes, tes frères, à ce que je vois.
— Je n'ai pas envie d'en discuter. Et, si tu veux un conseil
d'amie, tu devrais rentrer chez toi et te mettre de la glace sur
la j o u e .
Bien j o u é . La meilleure défense, c'est l'attaque, comme
chacun sait.
Il fit mine de tourner docilement les talons et de gagner la
porte, avant de revenir brusquement sur ses pas.
— Je déposais un collègue en taxi, quand je t'ai aperçue en
train de parlementer avec le videur. 1b peux m'expliquer ce que
tu fabriquais dans un club de strip-tease ?
— Logiquement, tu en as conclu queje dansais au Frisky's,
c'est ça?
Il s'esclaffa.
— Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle, s'écria Bridget, vexée.
Je ne suis pas assez sexy, à ton avis ?
— Toi, une strip-teaseuse ? Arrête un peu, Bridget. Ta t'ingénies
à porter les vêtements les plus amples possible. Tu rougis
comme une pivoine, si on regarde t e s . . . , ajouta-t-il en désignant
ses seins du menton, trop gêné pour être plus clair.
— Qui te dit que je n'ai pas changé depuis tout ce temps ? Ça
ne ressemble pas au costume d'une strip-teaseuse, à ton avis ?
poursuivit Bridget en brandissant un soutien-gorge chatoyant,
couleur vert citron, qu'elle récupéra sur sa table de travail.
Il roula des yeux effarés.
— C'est vrai ? Tu danses au Frisky's ?
Bridget tint le soutien-gorge devant elle en se déhanchant.
— A ton avis, Adam ?
Il promena son regard dans la pièce et avisa un portant
chromé où étaient suspendus une guêpière noire, une brassièreet un string rose fluo et un body en vinyle blanc, ou plutôt une
minijupe microscopique. Des rouleaux de Lycra argent, rouge et
or étaient rangés dans un coin. Le clou consistait en une paire de
sandales à lanières dont les talons mesuraient au moins quinze
centimètres de haut.
Seule une strip-teaseuse pouvait se jucher sur des engins
pareils.
— Tu as dansé, ce soir?
— Aurais-tu raté mon numéro ? demanda-t-elle en reposant
le soutien-gorge.
Il émit un petit rire nerveux en se débarrassant de son manteau.
Il commençait à transpirer.
— De quoi parles-tu ? Je suis entré presque en même temps
que toi, et je ne t'ai jamais vue sur scène.
Bridget gloussa.
— Je croyais que tu étais un expert. Tu ne sais pas qu'il
existe des box privés ?
Il s'écroula sur le canapé, atterré.
Elle se moquait du scandale, de la colère et de la déception
de ses parents. Elle avait beaucoup changé depuis qu'elle vivait
à Chicago, et pas à son avantage.
— Arrête, Bridge. Ce n'est pas drôle ! Que va penser ta
famille?
Bridget décrocha le soutien-gorge rose de son cintre et s'en
frotta la j o u e .
— Adam, tu prends tout au tragique.
Le rose lui allait bien au teint. Il l'imagina ôtant le bout de
tissu brillant avec une affolante lenteur, pour lui seul.
— Non!
— Non, quoi?
Il bondit sur ses pieds et s'approcha de la jeune femme— Tu ne peux pas continuer. En l'absence de tes parents,
je te l'interdis.
— Ah oui ? Comment comptes-tu t'y prendre ?
— Je ne sais pas encore... Je peux te prêter de l'argent, si
tu en as besoin. Combien veux-tu ?
Bridget sourit et lui caressa le torse avec le petit bout de
tissu rose.
— Tu paries sur les céréales, le soja, le bétail, n'est-ce pas ?
C'est ton métier. Nous allons donc parier.
— Sur quoi ? questionna-t-il, de plus en plus troublé,
imaginant les seins généreux de la j e u n e femme gainés dans
la brassière rose.
— Sur ton objectivité. Si tu penses que je ne suis pas assez
bonne pour danser au Frisky's, je te promets de renoncer à ma
carrière d'effeuilleuse.
— Tu as l'intention de me faire une démonstration ? s'étrangla-
t-il.
Le regard bleu de Bridget ne cilla pas.
— Alors, on parie?
Où était passée la fille innocente qui s'empourprait pour un
oui ou pour un non?
— D'accord.
Elle le repoussa vers le canapé où il se laissa choir lourde¬
ment.
— Parfait.
Il admira ses formes pleines, qui tendaient ses vêtements
moulants, quand elle se pencha pour choisir un CD dans la pile,
et il s'agita, mal à l'aise.
Si elle lui faisait autant d'effet habillée, qu'adviendrait-il
quand il la verrait à moitié nue ?
Elle alluma le lecteur et se mit à onduler au son de Let 's Get
It On, de Marvin Gaye. Une musique langoureuse, qui réveilla.les pulsions qu'il cherchait à refréner. Après quoi, elle dénoua
ses cheveux et les secoua avec un petit sourire. Des cascades
couleur de miel, de café et d'or se répandirent sur ses épaules.
Il frémit, rêvant de les sentir ruisseler entre ses doigts.
Elle redressa la tête et prit une profonde inspiration.
—- Bridge, tu n'es p a s obligée de le faire si tu n'en as pas
envie, risqua-t-il.
Elle parut aussitôt reprendre du poil de la bête.
— Primo, arrête de m'appeler Bridge, c'est un prénom
masculin. Deusio, j e ne suis pas un garçon, comme tu vas t'en
apercevoir tout de suite, conclut-elle en déboutonnant sa tunique
avec une affolante lenteur, avant de la laisser tomber à terre,
dévoilant son soutien-gorge et son ventre plat.
Il se cramponna au divan à la vue de ses dessous affriolants,
l e corps bandé comme un arc, l e sexe en émoi.
Le soutien-gorge révélait la courbe crémeuse de ses seins,
contrastant avec la dentelle noire sous laquelle pointaient les
mamelons érigés.
La j e u n e femme fixa son bas-ventre et écarquilla les yeux
en remarquant le renflement de son pantalon.
Il savait qu'il allait perdre le pari, mais il était trop tard : le loup
s'apprêtait à bondir sur sa proie. Il fallait qu'elle poursuive.
Ce qu'elle f i t.
Elle ouvrit la fermeture Eclair de sa j u p e et la laissa glisser
sur ses chevilles en ondulant des hanches.
Il l'examina des pieds à la tête, depuis ses hauts talons jusqu'au
porte-jarretelles de dentelle noire, en passant par les bas résille
noirs et la culotte de satin noir.
Oh, toute cette dentelle, tout ce n o i r . . . Ce spectacle le
rendait fou.
Le mouvement qu'elle f i t pour enjamber le petit tas d'étoffe
gisant à ses pieds confirma ses soupçons : elle portait bien unstring, et l'envie le démangea de faire courir ses mains sur sa
chair rebondie.
Il déposa les armes quand elle s'attaqua aux agrafes de son
porte-jarretelles.
— Bon, bon, d'accord. Tu as gagné. Tu p o u r r a i s faire
fortune au Frisky's. Dis-moi que tu n'y penses pas, Bridget,
je t'en prie !
Elle sourit de toutes ses dents.
— Pas si vite, je n'ai pas encore fini.
— Tu n'as p a s fini 1
Bridget chaloupa vers le canapé sur ses hauts talons.
— Le strip-tease ne suffit pas. Le l a p d a n c e est d ix fois plus
lucratif. Tu veux voir ?
Il sentit sa raison défaillir, surtout avec Marvin qui roucoulait
sa romance.
Comment imaginer une séance de l ap dance platonique avec
une femme qu'il désirait depuis des lustres ? Il fallait vraiment
être maso.
B r i d g e t se c a m p a d e v a n t A d a m , les p o i n g s sur les
hanches.
Elle aurait cru mourir de honte à l'idée de se pavaner en
petite tenue devant lui, les seins et les fesses à moitié à l'air. Eh
bien non, c'était tout le contraire.
Elle nota l'érection qui gonflait le devant de son pantalon
et son regard trouble, tandis qu'il la fixait comme s'il n'avait
jamais regardé une femme avant elle.
Elle n'était plus la petite soeur. C'était déjà ça ! Elle se sentait
toute-puissante, la déesse du sexe.
Elle prit son courage à deux mains et, grimpant sur le canapé,
se jucha sur ses genoux.— Bridge... , gémit Adam.
Décidément, il avait la tête dure.
— Bridget, corrigea-t-elle en entamant une sorte de
danse.
Elle ne le touchait pas, mais la chaleur qui irradiait de son
corps viril suffisait à l'embraser toute. Elle se tortilla davantage
et, prenant ses seins en coupe, les approcha du visage d'Adam
et se mit à en caresser les tétons durcis à travers la dentelle.
Il déglutit, les pupilles dilatées.
Sans le quitter des yeux, elle passa les bras derrière son dos
pour dégrafer son soutien-gorge, et il étouffa un hoquet tandis
qu'elle s'en débarrassait d'une chiquenaude, dénudant ses seins
fermes et puissants aux formes voluptueuses.
Elle s'interrompit un bref instant, pour faire monter la tension
d'un cran.
Longtemps, elle avait détesté ses larges aréoles, qu'elle s'ingé¬
niait à dissimuler du mieux qu'elle pouvait. Plus maintenant.
Adam leva la main, puis suspendit son geste.
— Tu peux toucher.
Il la dévisagea gravement.
— Si je commence, je ne pourrai plus m'arrêter, je te
préviens.
Elle l'enfourcha carrément, son sexe bandé se pressant
exquisément entre ses cuisses.
— Je n'ai pas la moindre envie que tu t'arrêtes.
Ce contact mit fin aux hésitations d'Adam.
Curieusement, il ne chercha pas à caresser ses seins mais,
l'agrippant par les épaules, il s'empara de ses lèvres.
Sa bouche était avide et douce à la fois, et, quand elle y insinua
la langue, il ne tenta pas de se dérober et lui rendit son baiser,
sa langue entamant avec la sienne un lent ballet voluptueux. Il
l'embrassa passionnément, la rendant folle d'excitation.

nassamate 19-11-10 03:19 AM

Ce baiser, elle l'avait attendu si longtemps, et voilà que la
réalité dépassait ses rêves les plus extravagants !
Elle enfouit les doigts dans la soie de ses cheveux sombres et
entreprit de lui masser la nuque, j u s q u ' à ce qu'il lâche un long
gémissement rauque.
Il la plaqua alors contre lui et se pencha pour lui mordiller
le lobe de l'oreille et tracer un sillon de baisers brûlants le long
de sa j o u e jusqu'au creux de sa clavicule, tandis que les bouts
de ses seins nus frottaient délicieusement contre le tissu de sa
chemise.
Elle la déboutonna fébrilement et en écarta les pans.
Dessous, il avait la peau douce et ferme, couverte d'une toison
bouclée contre laquelle elle pressa ses tétons sans vergogne.
Divine sensation !
Adam referma les mains sur le creux de ses reins, tandis
que sa bouche descendait sur le renflement de ses seins, sans
s'y poser.
Evitait-il de les toucher? Aurait-il compris sa gêne?
Tout cela, c'était de l'histoire ancienne. Soutenant ses seins
des deux mains, elle les lui offrit sans retenue.
— Caresse-moi, Adam.
Il sourit et laissa courir son index délicatement le long de sa
gorge, puis autour de la pointe rose qu'il encercla et fit rouler
entre ses doigts, lui arrachant un râle de plaisir. Il intensifia ses
caresses, titillant ses mamelons j u s q u ' à ce qu'elle se tortille sous
ses doigts, défaillante.
Elle croyait atteindre l'extase, quand il captura l'autre téton
entre ses lèvres. Il le câlina, le goûta de la langue et du bout des
dents, lui infligeant la plus exquise torture.
Chaque succion sur ses seins gonflés la plongeait dans un
océan de voluptés insoupçonnées. Elle sentit de délicieuxpicotements entre les j a m b e s , et elle était si moite que la fine
dentelle de son string fut rapidement trempée.
Elle se cambra et se frotta effrontément contre le sexe durci
d'Adam, dans l'espoir de trouver l'apaisement.
Il parut le deviner, car il glissa l'index dans son slip et
l'écarta. Puis il enfouit deux doigts entre les replis de dans son
sexe, découvrit son clitoris et commença à caresser la chair si
vulnérable.
Délaissant son mamelon, il balaya de l'autre main sa cuisse
gainée de soie, là où la peau était dénudée entre le bas et la
petite culotte.
— J'adore tes bas, même s'ils ne sont pas aussi satinés que
ton corps.
Troublée par la douceur de ses attouchements et de ses
compliments, elle détourna le regard et dissimula son embarras
derrière le rideau de ses cheveux.
Déjà, il intensifiait ses caresses, refermant sa paume sur son
clitoris qu'il se mit à masser encore et encore, pendant que le
frottement intermittent du string entre ses fesses la portait au
comble de l'excitation.
Elle posa la main sur son torse et sentit qu'il tremblait.
— Bridget, dis-moi d'arrêter avant qu'il soit trop tard,
supplia-t-il.
Elle savoura l'étendue de son pouvoir. C'était elle qui menait
le j e u , et elle allait lui faire perdre la tête.
Elle lui présenta un sein.
— S'il te plaît, suce-moi encore.
Les yeux clos, il se j e t a sur le bouton durci qu'elle lui offrait
et se mit à le téter voracement. En même temps qu'il plaquait
une main sur ses fesses, il replongea l'autre dans son intimité
liquéfiée, à croire que sa vie en dépendait.
Elle se tordit lascivement sur la main qui allait et venait àun rythme régulier. L'érection d'Adam frottait contre son sexe
brûlant avec une douceur insoutenable.
Elle se pencha et referma les doigts sur ses bourses à travers
l'étoffe de son pantalon, les pétrissant et les caressant.
Pantelant, Adam rouvrit les yeux et délaissa son sein. Elle
en profita pour parsemer son front, ses j o u e s , son cou d'une
pluie de baisers.
La main d'Adam accéléra son va-et-vient, tandis que son
pénis durcissait davantage.
Quand il augmenta la cadence, elle vibra comme une corde
sur le point de rompre et explosa, chaque spasme se répercutant
depuis son clitoris palpitant jusqu'à la pointe de ses mamelons
tendus à l'extrême.
Elle poussa un cri d'extase, savourant son triomphe. Jamais
elle n'aurait cru éprouver pareille jouissance.
Elle avait tellement désiré cet instant, adolescente, quand
A le se caressait en fantasmant sur Adam...
Mâchoires serrées, le souffle court, Adam se pressa plus
fort contre sa main.
— Bridget, arrête, non..., haleta-t-il.
Sans l'écouter, elle intensifia encore ses caresses, et il jouit
dans un râle, son souffle brûlant chatouillant voluptueusement
la pointe encore sensible de ses seins.
Elle se blottit contre son épaule, écoutant son coeur cogner
dans sa poitrine, et effleura du doigt la douce toison brune.
Elle en rêvait depuis qu'elle l'avait vu faucher, torse nu, la
première fois où il avait séjourné à la ferme familiale.
Hélas, elle savait que ce moment de grâce serait de courte
durée, qu'il allait regretter son geste.
De fait, une minute plus tard, Adam se tortilla nerveusement
sous elle.
— Oh, Seigneur ! gémit-il, évitant le contact de ses seins.Elle s'allongea voluptueusement sur le canapé à son côté.
A présent, il s'agissait de l'entraîner dans sa chambre pour le
prochain round.
Plus facile à dire qu'à faire, car il bondit sur ses pieds et se
précipita vers la salle de bains.
Qu'à cela ne tienne, elle n'avait rien contre une douche à
deux, au contraire.
Elle se releva et se dirigea à son tour vers la salle de bains.
Elle avait vraiment l'air d'une call-girl avec son porte-jarretelles,
son string et ses hauts talons, songea-t-elle avec satisfaction
en j e t a n t un coup d'oeil au miroir. Il ne lui manquait que le
fouet pour ressembler à Jinx. Et les piercings aux mamelons,
bien sûr.
Elle frappa à la porte.
— Adam?
Pas de réponse. Elle tourna le bouton de la porte, qu'elle
trouva verrouillée.
— Adam? Ça va?
— Oui. Pourrais-je t'emprunter un pantalon ?
— Une minute, je vais voir si j ' e n ai un à ta taille.
Elle s'observa de nouveau dans le miroir de la penderie.
Elle avait des étoiles dans les yeux, les cheveux fous, la peau
rosie.
Et si elle refusait de lui prêter un pantalon pour l'empêcher
de repartir?
Toute émoustillée à l'idée de séquestrer Adam chez elle,
elle n'en fouilla pas moins son armoire, au fond de laquelle elle
dénicha un vieux pantalon de jogging gris trop grand pour elle
qui ferait sans doute l'affaire.
Elle retourna frapper à la porte de la salle de bains.
— J'ai trouvé.Il entrebâilla le battant pour s'emparer du vêtement et la
referma aussitôt.
Soudain, elle eut froid et elle regagna sa chambre pour enfiler
son peignoir en éponge bleu ciel.
L'étoffe la caressa voluptueusement, faisant courir de longs
frissons sur sa peau encore à vif.
Elle se précipita en entendant du bruit et réprima son hilarité
quand Adam émergea de la salle de bains : le pantalon,
beaucoup trop court, découvrait ses jambes poilues au-dessus
de ses chaussettes et de ses mocassins.
Sa mine lugubre lui ôta toute envie de rire.
— Que t'arrive-t-il ? demanda-t-elle, connaissant déjà la
réponse.
— Tu oses me poser cette question, après ce que nous
venons de faire?
— Je ne sais pas pour toi, mais moi, j ' a i beaucoup aimé.
Doux euphémisme. C'était hédonistique, extatique, orgastique...
— J'ai perdu le pari, constata-t-il sombrement. Personne ne
pourra te résister, au Frisky's. Si j ' é t a i s ton client, je me ruinerais,
je m'endetterais jusqu'au cou, j ' i r a i s même j u s q u ' à donner un
de mes reins sans anesthésie pour une seule prestation de lap
dance avec toi.
Ouah ! Le compliment était peut-être un peu excessif, mais
elle se sentait flattée.
Adam la saisit par le bras.
— Tu dois songer à ta famille, Bridget !
— Tu vas le leur dire ?
Au fond, ce ne serait pas si grave, elle pourrait toujours leur
avouer la vérité en expliquant qu'elle créait des dessous un peu
osés pour ses amies— Non, je ne veux pas leur faire de mal, si je peux l'éviter.
N'oublie pas que tu es leur petite fille chérie.
Elle fit la moue.
— Chacune des danseuses du Frisky's est la petite fille
chérie de quelqu'un, tu sais.
Sauf peut-être Electra.
— Réfléchis, Bridget ! Tu n'imagines pas où te mèneront
leurs moeurs dépravées, la drogue, l'alcool, en plus du reste.
Elle se croisa les bras sur la poitrine.
— Je te signale que ces filles ne boivent j a m a i s quand
elles travaillent et que la seule chose qu'elles s'injectent, c'est
du botox. La moitié d'entre elles sont étudiantes, et les autres
font ce métier pour élever leurs enfants. Si tu veux le savoir,
Sugar prépare un diplôme de commerce, et Jinx, un master de
littérature comparée à l'université de Chicago.
Adam secoua la tête.
— J'ai eu un moment de faiblesse, Bridget. Mieux vaut
oublier ce qui s'est passé entre nous. C'était une très mauvaise
idée. On en reparlera plus tard, mais, en attendant, jure-moi de
ne plus t'exhiber au Frisky's, d'accord?
Un moment de faiblesse ? Ah bon ?
— Ecoute, peut-être, je ne sais p a s . . . , commença-t-elle,
feignant l'indécision. Bon, d'accord, je te promets de ne pas enlever
mes dessous sexy au Frisky's pour un type qui me suppliera de
voir mes seins se balancer devant sa figure, reprit-elle avec une
nonchalance étudiée. Et je ne ferai plus de lap dance en string
et porte-jarretelles sur les genoux d'un client qui se tortillera
sous moi avec une mégaérection.
Adam déglutit avec difficulté.
— Parfait, couina-t-il d'une voix éraillée. Merci, Bridget.Tu es une j e u n e fille de la campagne, toute simple. Tu sais bien
que tu n'appartiens pas à ce monde.
Elle rit j a u n e .
Ah oui ? La prochaine fois, la jeune fille en question lui jouerait
un tour à sa façon. Il ne perdait rien pour attendre !

nassamate 19-11-10 07:58 PM

4 .
— Adam a dit quoi ? demanda Electra, prête à en découdre,
en tirant l'épée en plastique qui complétait son costume d'Ama¬
zone.
Avachie sur le canapé, Bridget leva péniblement sa flûte de
Champagne pour porter un toast.
Etait-ce la deuxième ou la troisième ? Elle ne se rappelait
plus. Mauvais signe.
— Il a dit que j ' é t a i s une bonne petite fille et que c'était très
mal de lui faire une démonstration de lap dance.
Vêtue d'un pantalon de jogging et d'un T-shirt punk rock.
Jinx j e t a son nouveau costume de scène en vinyle rouge sur une
chaise et s'assit sur le divan à côté d'elle.
— C'est le genre coincé, ton Adam, grommela-t-elle en
s'étirant paresseusement.
Bridget vida sa flûte d'un trait et fit signe à Jinx de la resservir.
— C'est curieux. Mes frères le décrivaient comme un coureur
de jupons invétéré, collectionnant les flirts et dilapidant tout son
argent dans les boîtes de strip-tease.
— En tout cas, ce n'est pas un habitué du Frisky's, je m'en
souviendrais, assura Sugar en virevoltant devant la glace pour
admirer son nouveau costume, un ensemble soutien-gorge et
string bleu roi aux couleurs des Chicago Cubs.— Disons que tu ie souviendrais plutôt de son portefeuille,
plaisanta Jinx.
— On m'a dit qu'il aurait fait une partouze à trois avec deux
pom-pom girls, quand il était étudiant, ajouta Bridget.
A l'époque, elle l'avait imaginé étalé sur un grand lit, où les deux
filles s'activaient à le lécher et à le caresser partout... La scène
avait éveillé ses sens en même temps que sa jalousie. Pourquoi ces
deux majorettes avaient-elles cette chance, et pas elle?
Elle contempla le fond de son verre d'un air morose.
C'était vraiment stupide de se soûler à 3 heures du matin,
mais les danseuses étaient venues chercher leurs nouveaux
costumes après avoir terminé leur numéro, en apportant du
champagne acheté au noir.
Electra rajusta les plaques amovibles de sa cuirasse avant
de l'ôter.
Elle aussi avait des implants, quoique plus modestes et
mieux adaptés à son corps musclé. Autrefois, lui avait raconté
Sugar, elle avait été une athlète de haut niveau, et elle avait dû
interrompre sa carrière à cause d'une déchirure à l'épaule au
lancer du poids.
— Que vas-tu faire ? lui demanda cette dernière.
— Aucune idée. Après ce qui s'est passé l'autre j o u r entre
nous, je ne vois pas comment on pourrait encore parler d'amitié
platonique.
— L'amitié platonique entre un homme et une femme, ça
n'existe pas, décréta Sugar en suspendant son costume des Cubs,
avec la casquette de base-bail assortie, sur le cintre rembourré
de satin qu'elle avait apporté à cet effet. Tous les hommes ont
un point faible, il suffit de le trouver.
— Je n'ai pas l'intention de lui nuire. Je veux seulement...
— Coucher avec lui ? compléta Sugar en reprenant un doigt
ie champagne.Bridget vira à l'écarlate.
— Est-ce que j ' a i l'air vieux j eu ? explosa-t-elle en soulevant
son T-shirt pour exhiber son nouveau soutien-gorge en dentelle
rouge. J'ai même le string assorti.
Elle se leva pour le leur montrer, chancela, et retomba lour¬
dement sur le canapé.
— On sait que tu es une fille libérée, fit Jinx en roulant
comiquement des yeux.
Sugar tapota son verre de l'ongle.
— Si on l'habillait?
— Comment? Pas avec un de nos costumes, ce n'est pas
son genre, intervint Electra.
— Ce type n'a pas tort. Avec son côté fleur bleue, elle a l'air
d'une bonne petite fille, celle qu'on a envie de présenter à sa
maman, tu ne trouves pas ? Il lui faut quelque chose de chic et
sexy. Qu'en penses-tu, Bridget?
— Oui, oui, chic et checchy, répéta Bridget, qui commençait
à avoir des problèmes avec son élocution.
— Je sais ! Le Temps de Vinnocence ! s'écria Jinx.
Ses deux amies pouffèrent.
— Chérie, cette époque est révolue depuis longtemps !
s'exclama Electra.
— Ignares que vous êtes, soupira Jinx, l'intellectuelle de la
bande. Je veux parler du roman d'Edith Wharton sur la haute
société new-yorkaise de la fin du dix-huitième siècle.
Bridget se réveilla.
— Je vois. Il y a eu une adaptation au cinéma avec Daniel
Day-Lewis, Michelle Pfeiffer et Winona Ryder. Il y avait des
super costumes, si je me souviens bien.
Sugar acquiesça.
— Ah, oui ! Le héros entretient une liaison avec Michelle,la cousine de sa copine Winona, laquelle Winona s'empresse
de le récupérer.
— J'avais un petit ami qui m'a fait le même coup avec ma
soeur, signala Electra, avec une indifférence qui n'avait rien
d'affecté. Sauf que moi, je n'ai récupéré ni l'un ni l'autre.
Jinx s'éclaircit la voix, brisant le silence qui se prolongeait.
— Bref, je verrais bien une guêpière avec des bas, et...
une culotte longue fendue, comme du temps de nos grandsmères.
Sugar parut impressionnée. Jinx se mit à fourrager dans la
penderie, tandis qu'Electra ôtait la barrette retenant les cheveux
de Bridget.
— Voyons voir.
Bridget essaya de se dégager.
— Arrête. Il est 3 heures du matin !
Sans se démonter, la danseuse palpa quelques mèches entre
ses doigts.
— Tu as de beaux cheveux, Bridget. Tu utilises de l'aprèsshampoing
ou un masque capillaire?
— Rien du tout. Sauf une mixture à base de mayonnaise que
je prépare moi-même quand ils sont comme de la paille, l'été.
— Beurk ! Tu veux ressembler à un club-sandwich ? A mon
avis, tu as besoin d'une couleur.
Bridget opina en bâillant.
— J'ai acheté un flacon de teinture pour un balayage, mais je
n'ai pas eu le temps de l'appliquer. Ecoutez, les filles, on remet
la séance à une autre fois, d'accord ? Je tombe de sommeil.
— Remarque, je comprends très bien que ce type ne t'intéresse
pas, remarqua Jinx. Tu te rappelles l'autre jour, quand je lui ai botté
les fesses ? Il n'a même pas réagi. Une vraie mauviette.
Bridget se redressa, piquée au vif, sa fatigue oubliée.— Ce n'est pas une mauviette ! Il ne ferait jamais de mal à
une femme, c'est tout.
Sugar lui agita son index sous le nez.
— Tu tiens assez à lui pour faire un petit effort, oui ou
non ? Si tu crois que ça va tomber du ciel, tu risques d'attendre
longtemps.
— Parce que tu penses que des mèches et une guêpière
suffiront? C'est d'un frivole !
Bridget regretta aussitôt ses paroles. Ses trois amies consa¬
craient beaucoup de temps et d'argent à leurs costumes et autres
produits de beauté.
Les trois danseuses se regardèrent. Electra s'assit près d'elle
et lui tapota la main.
— Tu sais, l'important, ce n'est pas tant la façon dont les
autres te perçoivent, mais plutôt ce que tu ressens, toi. L'apparence
nous sert à partager un peu de nous-mêmes avec les clients. J'ai
choisi un costume de guerrière, par exemple, puisque je suis
sportive. Jinx aime les gadgets d'intimidation, vu qu'elle se plaît
à dominer les hommes, et les seins faramineux de Sugar, c'est
parce qu'elle adore monopoliser leur attention.
— J'ai déjà réussi à en rembourser un, se vanta Sugar.
— Celui qui est de travers ? plaisanta Jinx.
Electra haussa les épaules.
— Ecoute, quelle que soit la raison pour laquelle tu veux ce
type, nous allons t'aider, point final.
Bridget finit par capituler. Si ses amies souhaitaient jouer les
bonnes fées, libre à elles. Elle était prête à tout pour conquérir
Adam.
Sugar lui versa joyeusement une autre coupe de Cham¬
pagne.
— Tiens, ma puce, tu vas en avoir besoin. Il faut souffrir
pour être belle.Un rayon de soleil réveilla Bridget, qui se retourna en clignant
des paupières. Elle ouvrit un oeil et regarda l'heure, effarée.
13 h 15 ! Comment avait-elle pu dormir si longtemps?
Elle se mit sur son séant et le regretta aussitôt, le coeur
chaviré.
En massant ses tempes douloureuses, elle eut la surprise de
sentir des boucles sous ses doigts. Les événements de la veille
lui revinrent à la mémoire.
Elle se rappelait vaguement une séance de coiffure dans un
état d'ébriété avancée, la nuit dernière. Elle, en tout cas, était
ivre morte. Il fallait espérer que Sugar ne l'était pas.
Elle s'extirpa de son lit et se traîna devant la glace, où elle
contempla son reflet avec horreur.
Oh non ! Les valises qu'elle avait sous ses yeux injectés de
sang n'étaient rien, en comparaison de ses cheveux. Un vrai
r o s t r e !
Réflexion faite, elle comprit que Sugar les avait dégradés
en gardant assez de longueur pour qu'elle puisse les attacher.
Des mèches subtilement dorées mettaient sa nouvelle coupe en
valeur. Elle se trouvait différente, sans trop savoir pourquoi.
Un examen plus attentif lui apprit que ses sourcils avaient été
épilés et éclaircis.
Elle se rappelait vaguement la séance d'épilation des jambes,
oeuvre de Jinx. Apparemment, la danseuse lui avait appliqué la
cire brésilienne d'une main sûre. Elle examina son entrejambe.
Ouf! Au moins, de ce côté-là, il n'y avait pas de nouveauté...
Elle enfila son peignoir et se dirigea vers le coin-cuisine, où
die avisa un mot sur la table.
Salut, Bridget, j'espère que tu aimes ton nouveau look. Jinx
le conseille de coudre une culotte longue fendue pour alUravec ta guêpiere noire. Ça marchera du tonnerre, tu verrax
N'oublie pas : les épaules droites, le menton haut, la poitrine
offerte, et surtout le sourire!
Sugar.
Son amie avait dessiné un « bonhomme sourire » au bas de
sa signature.
Bridget but son thé et mâchonna distraitement un toast à te
cannelle en réfléchissant à un plan d'action.
Adam occupait toutes ses pensées, elle le désirait plus que
jamais. Elle avait décidé de lui avouer la vérité à propos de sa
prétendue carrière de strip-teaseuse. Elle l'avait fait marcher
pour briser la glace, mais elle n'avait pas l'intention de l'abuser
plus longtemps que nécessaire, et maintenant elle était certaine
qu'il ne la considérait plus comme une petite soeur. Il l ' a v al
d'ailleurs reconnu à son corps défendant.
S'armant de courage, elle composa son numéro.
Zut, sa messagerie vocale ! Apparemment, elle devrait encore
jouer la comédie.
— Salut, Adam, c'est Bridget. J'ai discuté avec les filles
du Frisky's à propos d'une audition en vue d'un engagement,
et j ' a i m e r a i s t'en parler. Pourrais-tu me rappeler, s'il te plaît?
A bientôt.
Le téléphone sonna deux minutes plus tard. Le stratagème
avait réussi.
— Il n'en est pas question, Bridget, assena A d am sans
préambule. Je me fiche pas mal de ce qu'elles t'ont dit, et sache
que l'argent n'entre pas en ligne de compte. Je t'ai proposé de
te prêter...
— Bonjour, Adam, ça v a ? susurra-t-elle. Je te signale en
passant que j e n'ai pas encore dansé au club.
— Ah ! Tant mieux.

nassamate 19-11-10 08:01 PM

Il faut que je te parle de vive voix. Je passerai chez toi
vers 18 heures.
- Chez moi ? On ne peut pas se voir ailleurs ? Prendre un
café quelque part, par exemple ?
— Non. Je n'ai jamais été chez toi, j ' a i m e r a i s bien visiter
ton appartement.
— Ecoute, Bridget, je ne sais p a s . . .
Une pensée déplaisante lui effleura l'esprit.
— Aurais-tu une nouvelle petite amie, par hasard ?
— Tu dérailles ? Je n'ai peut-être pas été à la hauteur la
dernière fois, mais je ne... euh... je ne l'aurais jamais fait si
j'avais eu une petite amie. Tes frères ont beau casser du sucre
sur mon dos, je n'ai jamais trompé qui que ce soit, pas même
quand j ' é t a i s à la fac.
— Tu as des projets pour ce s o i r?
— E u h . . . non, m a i s . ..
Parfait. Elle aurait le champ libre.
— Maintenant, tu en as. Je serai là à 18 heures. A plus,
conclut-elle en raccrochant.
Quand la sonnerie retentit immédiatement après, elle renvoya
Adam sur sa messagerie vocale en jubilant, avant de se précipiter
sur sa machine à coudre.
Elle avait une culotte longue fendue à réaliser.
Adam frotta ses tempes, qui battaient comme des tambours.
Son médecin l'avait prévenu, il risquait l'hypertension et devrait
recourir aux bêtabloquants s'il continuait de la sorte.
Il enroulait le manchon du sphygmomanomètre autour de
son bras, lorsque le téléphone l'interrompit de nouveau. C'était
son père. Le sens du devoir l'emporta. Autant en finir le plus
vite possible, songea-t-il en décrochant.— Allô?
— Enfin ! Tu te décides à répondre ? Ce n'est pas trop tôt.
Monsieur ne pourrait pas avoir un téléphone fixe, comme tout
le monde, au lieu d'un portable constamment sur répondeur?
Adam ne releva pas la critique. Quoi qu'il dise, son père
déformerait ses propos, de toute façon.
— Salut, papa, comment ça va? répliqua-t-il.
— Comment ça va ? Tu me demandes comment ça va ? Ça
va mal, voilà comment ça va.
Jusque-là, rien de nouveau. Billy Haie se plaignait depuis
l'aube des temps.
— Je suis désolé, papa.
Tu parles qu'il était désolé. Il était désolé de ne pas avoir
activé sa messagerie, oui !
— C'est ce fisc de malheur. Ils ont entamé une procédure
de redressement et prétendent que ta mère et moi leur devons
du pognon.
— Un redressement fiscal? Quand?
— Début janvier. Ils ont dit que nous n'avions pas déclaré
les revenus de l'herboristerie de ta mère. Les fédéraux nous
l'avaient fermée, et ils ont le culot de nous réclamer les arriérés,
tu te rends compte?
C'était un cauchemar. Ses parents faisaient-ils toujours
pousser de la marijuana en cachette ? Ils ne lui avaient plus
adressé la parole pendant des mois quand il avait détruit toutes
les semences. L'avantage, c'était qu'il avait eu une paix royale
pendant toute son année de quatrième.
— De quelle herboristerie parles-tu ?
— Ta mère a gagné pas mal de fric en vendant des complé¬
ments alimentaires à base de plantes aux étudiants du coin,
histoire de leur donner un coup de pouce dans leurs études,
tu vois ? Mais la FDA a déclaré que ces plantes étaient dange-
reuses. Quelques-uns de ces pauvres gosses auraient eu un petit
problème cardiaque, paraît-il. Alors, on s'est dit... Bon, laisse
tomber ! Les fédés nous ont foutu le commerce en l'air.
— Dissimuler au fisc équivaut à une fraude fiscale, et tu
ques d'aller en prison si tu refuses de payer.
— Je n'irai nulle part, puisque j ' a i dit que je payerai, en plus
de ces fichus agios.
L'estomac d'Adam fit un looping. Plus besoin de chercher la
raison de ce coup de fil.
— Combien ? questionna-t-il sèchement.
La somme que son père énonça le fit blêmir. Il faillit raccro¬
cher et laisser ses parents se dépatouiller comme ils pouvaient,
s, même s'il considérait ses géniteurs comme un couple
loups enragés, il n'avait pas vraiment envie de les voir finir
en taule.
— Je t'envoie dix mille dollars. Ça les aidera à patienter.
— Ce n'est pas suffisant, fiston. Je sais que tu gagnes presque
« t a n t que la banque centrale, alors tu as intérêt à allonger plus
que ça.
Il serra les poings.
— Dix mille dollars, c'est une grosse somme. C'est tout ce
dont je dispose dans l'immédiat. Le reste est placé.
— Eh bien, tu n'auras qu'à liquider ton portefeuille. Sauf si
fci préfères nous voir en prison, ta pauvre mère et moi ?
— Tu pourrais vendre ton Harley-Davidson. Je suis certain
cela suffirait à payer le reliquat.
— Tu es tombé sur la tête ? Cette Harley me suivra dans la
ombe. A moins que je ne me fasse incinérer avec elle, j u s te
pour t'enquiquiner.
Ce qui était le passe-temps favori de son père.
— Dix mille sacs, papa, c'est mon dernier mot.— O.K., envoie-moi un chèque par courrier exprès, s'il te
plaît.
Adam éclata de rire. Son père le prenait pour un imbé¬
cile?
— Certainement pas. Donne-moi le nom du percepteur et
ton numéro de dossier. Je paierai le fisc moi-même.
Il appellerait le centre des impôts le lundi suivant pour s'assurer
que tout était réglo. Si l'on pouvait parler de régularité à propos
de fraude fiscale et de vente de substances illicites... Il fallait
s'attendre à tout, de la part de son escroc de paternel.
Celui-ci obtempéra en grommelant.
— Tu as intérêt à ne pas traîner, fiston. Sinon, ta mère et
moi pourrions nous retrouver derrière les barreaux un de ces
quatre matins.
Il y eut un déclic, et la communication fut coupée.
Adam éteignit son portable et le j e t a sur le divan.
Ça suffisait pour aujourd'hui ! Entre Bridget et son projet
insensé de strip-tease et son père, qui lui demandait de l'argent
pour éviter la prison, il y avait de quoi devenir fou.
Il donna un coup de poing rageur sur la banquette. Le sphygmomanomètre
glissa sur le tapis.
Sa tension était le dernier de ses soucis ! Comment pourrait-il
aider financièrement Bridget en même temps que ses parents ? D
n'avait pas menti en affirmant à son père que la presque totalité
de son capital était immobilisée.
Une petite voix lui dit qu'il n'avait qu'à laisser ses parents se
débrouiller tout seuls, mais il l'ignora.
Il les tirerait de ce pétrin pour la dernière fois, et basta !
Concernant Bridget, il contracterait un prêt si nécessaire. Après
l'avoir vue onduler à moitié nue, il ne supporterait pas qu'elle
s'exhibe devant d'autres que lui.
Il bondit sur ses pieds. Son appartement n'était pas vraimenten état de la recevoir, et il lui restait à peine le temps de mettre
un peu d'ordre.
Il avisa une pile de menus à emporter qui traînaient sur une
console.
Il pourrait commander à dîner chez son traiteur italien favori.
Bridget ne devait pas se nourrir convenablement. Colin et Dane
l : Aeraient reconnaissants de s'occuper de leur petite soeur.
Mais, dans la cuisine, bougre d'idiot, pas dans la chambre
à coucher.

nassamate 19-11-10 08:03 PM

5 .
— Merci pour ce délicieux dîner, c'est très gentil de ta part,
apprécia Bridget, alors qu'Adam déposait une assiette de pâtes
sur le set de table devant elle.
Gentil ? Il avait dû se faire violence pour ne pas j e t e r ce déli¬
cieux dîner dans le broyeur à ordures et emmener directement
Bridget dans son lit, dont il avait pris soin de changer les draps. D
aurait donné n'importe quoi pour la cajoler comme un petit chat
et enfouir son visage dans le creux de ses seins généreux.
— Je t'en prie, dit-il en s'asseyant en face d'elle.
Leurs genoux se touchèrent sous la table étroite. Bridget
bougea légèrement, le coinçant entre les siens.
Il s'écarta vivement... pour se retrouver à cinquante centi¬
mètres de son assiette.
Il se rapprocha le plus naturellement qu'il put, en évitant
de frôler ses j a m b e s gainées de collants à coutures apparentes
sous une j u p e moulante noire. Saisissant son verre de vin, il le
vida d'un trait.
Grave erreur. Il savait qu'il devait garder la tête froide en
présence de la soeur de Colin, surtout quand elle arborait ce
genre de pull, un truc en cachemire pourpre dont le profond
décolleté découvrait sa peau claire.Un filet de sueur lui coula entre les omoplates, et il eut soudain
l'impression d'étouffer en dépit de sa chemise légère.
Briget enroula gracieusement ses fettuccine Alfredo autour
de sa fourchette et les porta à sa bouche d'un air béat.
— C'est divin ! Mange avant que ça refroidisse.
La gorge nouée, il se força à avaler ses pâtes, au demeurant
délicieuses.
Cette histoire d'audition au Frisky's lui pesait sur l'estomac.
Bridget affichait un sourire réjoui. Avait-elle pris sa décision?
Et. si oui, laquelle?
— Le boulot, ça va? questionna-t-elle, avant de se lécher
les lèvres pour en ôter la crème. Adam, tu m'écoutes ? insista¬
t-elle, voyant qu'il ne répondait pas, les yeux rivés sur son
adorable bouche.
— Pardon. Oh, le boulot? Je travaille trop, c'est sûr.
— Tu as des ennuis ?
— Rien de grave.
Bridget reposa sa fourchette.
— C'est un sphygmomanomètre que j ' a p e r ç o i s là-bas, sur
la commode ? enchaîna-t-elle en regardant derrière lui. Tu
souffres d'hypertension? A vingt-huit ans? Oh, Adam, que
t arrive-t-il ?
Zut ! Il avait oublié de le ranger dans un placard pendant
qu'il faisait le ménage.
— Rien du tout. Je mange trop de cochonneries, tu sais ce
que c'est.
— A ton âge, tu ne devrais pas avoir de problème de tension,
même si tu te bourres de saletés. Mon père n'a eu de l'hyper¬
tension qu'à cinquante ans bien sonnés.
Merveilleux ! Voilà qu'elle le comparait à son père, qui
ingurgitait des platées de viande et d'oeufs chaque semaine etdont l a femme venait seulement de décider de ne plus cuisiner
au saindoux.
— Tu ne manges pas comme ça habituellement, n'est-ce
pas ? reprit-elle en désignant son assiette de pâtes.
Il secoua la tête.
D'habitude, c'était bien pire. Le vendeur de hot dogs à côté
du bureau l'appelait par son prénom et s'inquiétait les j o u r s où
i l ne le voyait pas.
— A partir de demain, tu vas me faire le plaisir de commencer
un régime pauvre en sodium avec beaucoup de fruits et de
légumes. Si ça ne s'arrange pas, tu devras songer à changer de
job. N'est-ce pas toi qui m'as dit que la Bourse des matières
premières était un boulot de dingue et que les traders se tuaient
à la tâche avant trente ans ?
— C'est arrivé à un ou deux collègues. J'ai décidé d'arrêter
dans deux ans, l e temps de me constituer un petit pécule.
Bridget porta une autre bouchée à ses lèvres.
— A h ? C'est super. Tu as des projets d'avenir?
Il sourit. Il allait lui révéler un secret que son conseiller
financier était le seul à connaître.
— Je pense acquérir une ferme.
Les yeux exorbités, Bridget faillit s'étrangler.
— Une ferme ? Tu veux devenir agriculteur ?
—- Oui. J'ai l'intention d'acheter u n e petite exploitation dans
le Wisconsin. L'air pur, l'herbe verte, les collines verdoyantes,
tu vois le tableau ? Je compte bien m ' y installer définitivement.
Comme ton père et ton frère.
Comme son père et son frère ? songea Bridget, bouche
bée.
Elle avait réussi à quitter sa ferme natale, et voilà que l'hommede sa vie rêvait d'y retourner ! Si le parquet de la Bourse lui
provoquait de l'hypertension, gérer une exploitation agricole
n'allait certes pas la faire baisser.
— Quel genre de ferme as-tu en tête, A d am ?
— Une laiterie, évidemment.
Evidemment. Il ne connaissait rien d'autre.
— En parlant d'air pur, tu connais la blague : « L'air pur du
Wisconsin sent b o n l a bouse de vache »?
— Bien sûr. Je te rappelle que j ' a i travaillé chez ton père.
Comment aurait-elle pu l'oublier? Il y avait séjourné une
semaine, pendant laquelle Colin et Dane s'étaient ingéniés à lui
réserver les menus travaux, pour qu'il ne soit p a s constamment
dans leurs j a m b e s et évite de se casser les reins.
— As-tu tenté l'expérience ailleurs ? Au cours du stage
obligatoire en entreprise, quand tu étais à l'université, par
exemple?
Adam haussa les épaules avec un certain embarras.
— Pas exactement J'ai effectué mon stage au sein de l'Union
des exportateurs de miel d'Amérique.
Elle réprima à grand-peine un fou rire.
— Du m i e l ? La voilà, la solution. Reconvertis-toi dans
l'apiculture. Tu n'auras pas besoin de traire les abeilles deux
fois par jour.
Adam f i t l a grimace.
— Très drôle, Bridget. Le siège se trouvait à Washington,
et les seules abeilles que j ' a i e j a m a i s rencontrées figuraient sur
des posters géants affichés sur les murs. Entre parenthèses, j ' a i
été incapable d'avaler une cuillerée de miel pendant des mois.
Tu sais, c'est depuis le j o u r où je vous ai vus si heureux dans
votre ferme que j ' a i décidé d'être fermier moi aussi.
Sa sincérité lui alla droit au coeur.
— Ecoute, avant de prendre une décision, tu devrais faireun stage chez mes parents pendant quelques mois, de préférence
pendant la saison du vêlage, quand on a du boulot par-dessus
la tête.
— Riche idée. Ton père est né à la ferme, il sera le mieux
placé pour m'enseigner les ficelles du métier.
Elle avala pensivement une autre bouchée.
Adam était originaire d'un quartier ouvrier de Milwaukee.
Pas étonnant que la campagne exerce sur lui une telle fascination,
mais très peu pour elle. Maintenant qu'elle avait secoué
la boue du Wisconsin de ses pieds, elle n'avait pas la moindre
envie d'y retourner. La grande ville lui tendait les bras, et elle
avait bien l'intention d'y faire son trou.
Adam vida son verre et saisit l a bouteille pour leur resservir
une tournée.
— Merci d'avoir écouté mes projets farfelus, Bridget. Tes
frères croiraient que je suis tombé sur la tête si je leur annonçais
que j e veux quitter un super j o b et cet appartement pour aller
m'enterrer dans un bled comme l e Wisconsin.
Il était timbré, mais, si cela le rendait heureux, elle ne le
contrarierait pas.
— En attendant, tu dois absolument faire quelque chose
pour t a tension, déclara-t-elle, pragmatique.
— Oui, oui. Je te promets de manger mieux, de faire du
sport, de décompresser, de partir en vacances, etc.
Magnifique ! Son entreprise de séduction pouvait parfaitement
s'intégrer à ce programme.
E l l e t e r m i n a son assiette et se leva pour d é b a r r a s s e r la
table.
Adam bondit et saisit sa main, qu'il relâcha aussitôt.
— Laisse. Je le ferai plus tard.
Elle lui sourit et emporta son verre sur le canapé en cuir

nassamate 19-11-10 08:07 PM

crème du salon, où elle s'assit, puis balança languissamment
sa j a m b e croisée.
— Voilà le dessert ! claironna A d a m en revenant de la
cuisine, les bras chargés d'un plateau de pâtisseries cylindriques
de couleur brune saupoudrées de sucre.
— Prenons-le ici, tu veux ? Viens te détendre un peu à côté
de moi, l'exhorta-t-elle avec un clin d'oeil malicieux.
Il resta à une distance respectable et lui offrit un gâteau.
— Goûte. Ce sont des cannelés, la spécialité maison.
Elle mordit dans la friandise croustillante et fourrée aux
amandes tandis qu'Adam la contemplait, les yeux assombris
de désir, le souffle court.
— C'est succulent ! s'extasia-t-elle en se léchant les lèvres.
C'est dur à l'extérieur et onctueux à l'intérieur. Tu en veux un
p e u?
Sans attendre la réponse, elle préleva un peu de crème et
l'approcha des lèvres d'Adam.
I l n'opposa guère de résistance et ouvrit la bouche. Puis,
enroulant sa langue brûlante autour de son doigt, il le suça,
lui administrant le traitement dont il avait gratifié ses tétons
l'autre nuit.
Des frissons la parcoururent tout entière, tandis que sa
poitrine se soulevait, tendant son pull sous lequel elle était
pratiquement nue.
Quand le regard d'Adam tomba sur ses seins, il ôta à regret son
doigt de sa bouche, préleva un gâteau sur le plateau et le dégusta
en s'écartant prudemment de trente bons centimètres.
Elle adopta une nouvelle tactique — la franchise.
— Ecoute, Adam, je sais que tu t'inquiètes à propos du
Frisky's.
— Je me suis trompé sur toute la ligne. Au lieu de te dissuader,je crains que mon attitude... euh... impulsive ne t'ait au contraire
confortée dans ta démarche.
— Tu n'y es pas. En fait, j ' y suis allée pour mon travail.
Je crée de la lingerie et des costumes de scène pour Sugar et
quelques-unes de ses collègues. Vendredi dernier, par exemple,
j ' é t a i s venue livrer la nouvelle tenue de Sugar.
C'était la pièce manquante, et le puzzle s'assembla visiblement
dans l'esprit de son hôte.
— Tu confectionnes des vêtements pour les strip-teaseuses ?
C'est pour ça que j ' a i aperçu chez toi ce soutien-gorge vert et
ces sandales à hauts talons en plastique ?
E l l e finit son c a n n e l é et p o s a les doigts sur l e genou
d'Adam.
— J'aurais dû te le dire d'entrée de jeu, mais ton scepticisme
à l'égard de mes capacités de strip-teaseuse m'a tellement énervée
que j ' a i décidé de t e faire marcher.
— Je n'ai j a m a i s pensé que tu n'en serais pas capable, c'est
juste que ça me paraissait inimaginable pour une f i l l e comme
toi.
Elle cilla. Pourquoi était-ce si difficile à c r o i r e ? Elle ne se
voyait pas l'épouser et s'enterrer dans sa ferme. Elle n'avait
qu'une idée en tête : terminer ce qu'ils avaient si bien commencé
la dernière fois.
— Je n'ai jamais eu l'intention de danser au Frisky's, figure-toi,
mais j ' e n avais plus qu'assez que tu me considères uniquement
comme l a soeur de Colin et Dane.
Adam se passa la main sur le front.
— Le petit numéro de l'autre jour, alors, c'était quoi au
j u s t e?
Elle prit une profonde inspiration. C'était le moment ou
jamais.— Tu as toujours été froid comme un glaçon avec moi.
J'avais envie que ça change.
— Te rends-tu compte de ce que tu d i s ? Et ta famille, tu
y as p e n s é?
— Je suis une grande f i l l e , maintenant, Adam. On est
à Chicago, pas dans le Wisconsin. Comment veux-tu qu'ils
l'apprennent?
— Chicago ou Las Vegas ? lança Adam, pince-sans-rire.
Elle se rapprocha de lui, cuisse contre cuisse.
— Las Vegas? Quelle riche idée ! On y v a ? Ta as besoin
de vacances, après tout. Et puis nous sommes deux adultes
consentants, n o n?
Il posa la main sur la sienne et fit glisser ses doigts le long
de son bras.
— Bridget, sais-tu réellement ce que tu veux ?
— Je te veux, toi. Sur moi, en moi, répondit-elle sans réfléchir,
suffoquée par son audace.
Il lui enserra le poignet.
— Tu ne sais pas ce que tu dis. Je ne p e u x rien te promettre.
Si tu crois encore aux contes de fées et aux romances à l'eau de
rose, tu t e trompes d e . . .
— Je te veux, toi, un point c'est tout, coupa-t-elle. J'ai
confiance en toi.
Il l'enveloppa d'un regard brûlant.
— Il me faudrait un courage surhumain pour refuser.
— Personne ne t 'y oblige, répliqua-t-elle avec un sourire
de triomphe.
I l l'examina avec une attention amusée.
— TU as renversé du sucre sur ton pull. Attends, je vais le
nettoyer.
Sans lâcher son poignet, il lui caressa le décolleté de l'autre
main, laissant ses doigts s'égarer sur sa peau dénudée.Elle surprit u n e lueur dans ses yeux, mais seul le tressaillement
qui agitait sa main révélait son trouble.
Adam, elle n'en doutait pas, ne feindrait plus longtemps
l'indifférence à la vue de sa guêpière noire largement échancrée
dans le dos.
Toujours de dos, elle saisit lentement le bas de son pull, leva
les bras très lentement pour le faire passer par-dessus sa tête et le
j e t a sur u n e chaise voisine. Puis, soulevant ses mèches blondes,
elle les laissa cascader sur ses épaules nues en se trémoussant
en cadence.
— Tourne-toi, je veux te voir, ordonna-t-il, d'un ton impérieux
qui la fit frissonner.
Le tendre A d am laissait libre cours à sa nature sauvage dont
elle n'avait eu qu'un trop bref aperçu !
Elle croisa les bras sur sa poitrine et pirouetta sur ses talons,
le coeur battant.
— Qu'est-ce que tu p o r t e s ? questionna-t-il d ' u n e voix
enrouée.
Elle laissa retomber ses mains de chaque côté de son corps
et suivit à la lettre les conseils de Sugar : les épaules en arrière,
la poitrine offerte.
Elle se tint devant lui, les yeux rivés aux siens.
— Adam, murmura-t-elle, comme pour lui d i r e : « Je veux
t'en mettre plein la vue, régarde-moi, prends-moi. »
I l fit m i n e de se lever, m a i s e l l e l e r e p o u s s a sur la
banquette.
— Attends, je n'ai pas fini.
Posant le pied sur le bras du fauteuil le plus proche, elle
promena les doigts j u s q u ' à son genou et remonta avec une
lenteur délibérée j u s q u ' à sa cuisse.

nassamate 19-11-10 08:15 PM

Oserait-elle poursuivre ? Au point où elle en é t a i t . ..
Sa main se faufila entre ses jambes et se referma sur sa
culotte dont elle écarta le tissu, révélant sa chair pâle et sa
toison humide.
Adam écarquilla les yeux.
— C'est quoi, ce truc ?
— Mon cher, ce « truc » est un vêtement démodé convenant
à une bonne petite fille. Une guêpière et une culotte longue
fendue.
La pique l e f i t sourire. Un sourire carnassier, lourd de promesses.
— Les bonnes petites filles font tout ce qu'on leur dit.
Elle voulut se rebiffer, mais se ravisa. Autant j o u e r le j e u , si
elle voulait parvenir à ses fins. Elle se lançait sans filet, mais
cette fois A d am n'allait pas se débarrasser d'elle si facilement, à
en juger par la façon dont son pantalon commençait à enfler.
— Je ferai tout ce que tu me commanderas.
— Assieds-toi.
Elle obéit, les genoux étroitement serrés, sa respiration oppressée
lui gonflant la poitrine à mesure que montait l'anticipation.
— Caresse-toi les seins.
Elle soupesa les globes laiteux et passa le doigt sur les
tétons.
— Allonge les jambes.
Elle fléchit délibérément les cuisses sur le côté, même si ce
n'était pas ce qu'il demandait.
Adam se leva en secouant la tête.
— Les bonnes petites filles ne savent pas toujours comment
s'y prendre, n'est-ce pas ? C'est normal. Mais je suis un excellent
professeur, et je vais te montrer ce que je veux dans les détails,
d'accord?
Elle opina allègrement.
Repoussant la mèche sombre qui lui barrait le front, Adams'accroupit devant elle et lui sépara délicatement les genoux, le
regard concentré sur son intimité.
— Voilà, comme ça. Oh, cette culotte fendue ! J'adore !
— Il s'agit d'une authentique culotte longue, précisa-t-elle,
résistant à l'envie de couvrir pudiquement sa nudité.
Au fond, elle était plus vieux j e u qu'elle ne l'aurait cru.
Il lui saisit une j a m b e et la posa sur l'un des accoudoirs, avant
de renouveler l'opération avec l'autre.
— Je peux enfin te regarder. Que tu es belle ! s'extasia-t-il
en infiltrant un doigt dans l'ouverture pour effleurer sa chair
moite. Dire que, ce soir, j e n'aurais eu qu'à retrousser t a j u pe
et ton pull pour que tu sois quasiment nue, à ma disposition.
Que de temps perdu !
Les doigts d'Adam se rapprochaient dangereusement de son
clitoris. Une vague de désir la submergea, et elle ferma les yeux.
Elle les rouvrit de surprise quand i l usa de sa langue.
— Adam!
Celui-ci sourit, le regard étincelant. Baissant la tête, il entreprit
de lécher l'orée de son sexe à petits coups précis, trouvant
et encerclant le petit bourgeon durci qu'il se mit à mordiller
plus fort. Il Fécartela, explorant de la langue ses replis les plus
intimes, accomplissant des choses qu'elle n'aurait crues possibles
que dans les livres.
En comparaison, ses expériences passées lui paraissaient
bien insipides.
Elle plongea les doigts dans ses boucles sombres, se liquéfiant
sous ses caresses, humant son odeur musquée pareille à
la senteur des pins après la pluie.
Il glissa les mains sous ses fesses pour la plaquer contre sa
bouche.
— Tu es chaude et mouillée, exactement comme je l'espérais,
l'entendit-eile murmurer.Elle sentit sa raison défaillir.
Le supplice exquis que lui infligeaient ses lèvres lui ôtait
toute inhibition. Sa langue la rendait folle de désir, éveillant
dans chaque parcelle de son corps des vagues de jouissance
qui refluaient vers son ventre. .
Adam continuait à lui masser les fesses en cadence tandis
que sa langue fouillait plus profondément son sexe trempé.
Inconsciemment, elle f i t glisser ses j a m b e s du fauteuil et les
reposa sur ses épaules, la barbe naissante de ses joues frottant
sensuellement ses cuisses. Le souffle court, elle gémit quand
il entreprit de laper son clitoris vite et fort.
Alors que ses paumes descendaient le long de la fente de
ses fesses, elle lâcha un cri d'extase, au bord de l'orgasme, et
chavira dans un océan de délices insoupçonnées.
Elle bougea, se contorsionna, ses cuisses délicieusement
endolories enserrant étroitement la tête d'Adam, pendant que
sa langue s'activait en elle, prolongeant ses derniers spasmes
de plaisir.
Puis A d am s'écarta pour déboutonner s a chemise, manquant
arracher les boutons dans sa précipitation.
Elle écarquilla les yeux, contempla son torse mince et musclé,
sa toison brune disparaissant sous sa ceinture où elle rêvait de
plonger les doigts.
Il défit sa ceinture, puis, d'un même mouvement, enleva son
pantalon et son boxer, exposant son membre dressé.
Elle l'imagina, chaud et dur, l'emplissant j u s q u ' à la garde,
et une onde de désir contracta son sexe. Elle se laissa glisser à
terre et s'agenouilla à ses pieds pour le prendre dans sa bouche,
lui arrachant un gémissement rauque.
Sa peau douce et veloutée lui brûla presque les lèvres. Elle
captura l'extrémité de son gland du bout de l a langue pour ensavourer le goût salé, lui encerclant les fesses pour l'empêcher
de s'écarter.
Mais A d am n'avait aucune intention de se dérober. Il enfouit
ses mains dans ses cheveux et, d'un coup de reins, rapprocha
son sexe de son visage.
Encouragée, elle le prit dans sa bouche, de plus en plus loin,
ne s'arrêtant que pour le titiller du bout des dents, grisée par le
goût de sa semence sur sa langue.
Adam, le souffle court, contempla Bridget qui, les yeux
clos, suçait son sexe palpitant avec concentration, ses seins se
balançant à chaque mouvement.
Même dans ses rêves les plus fous, il n'aurait j a m a i s cru
voir pareil spectacle. Il songea à l'arrêter avant de perdre tout
contrôle, mais elle emprisonna ses fesses et se mit à les pétrir
fermement.
Sa bouche était aussi douce et chaude que son intimité.
Quand sa langue balaya son gland une fois de plus, il ne
résista plus et pénétra plus profond en elle avec un grognement
sourd. Son corps s'arqua, il était tout prêt de l'orgasme.
— Bridget ! haleta-t-il en se retirant. Stop, je vais j o u i r !
Elle le dévisagea d'un air surpris.
— Ah?
Elle se redressa, leva les bras et se mit à frotter ses tétons
sur son pénis érigé.
— Je t'ai dit d'arrêter, répéta-t-il en suffoquant. Retourne
dans le fauteuil, ajouta-t-il en attrapant son portefeuille pour y
prendre un préservatif.
Elle obéit et s'assit, les paupières pudiquement baissées,
les cuisses écartées, les jambes sur les accoudoirs, exposantà ses regards avides son sexe nacré trempé de désir, prêt à
l'accueillir.
Il déchira l'enveloppe et enfila le latex de ses doigts tremblants.
— Touche-toi. Je veux que tu jouisses encore une fois, en
même temps que moi, j e ne peux plus attendre.
Elle écarquilla les yeux, insinua une main dans sa toison et
se mit à caresser son clitoris, ravalant un gémissement de plaisir.
Elle lécha les doigts de son autre main et la fit courir sur ses
seins dont elle agaça les bouts, qui s'érigèrent fièrement.
I l se pencha, les j a m b e s flageolantes, subjugué par cette
flamboyante nudité, dont la blancheur contrastait avec le noir
de sa guêpière. Si elle n'avait pas porté une culotte fendue, il
l'aurait déchirée avec ses dents.
— Tu es p r ê t e ? demanda-t-il en frottant son sexe contre le
sien avant d'y introduire l'extrémité.
Elle était si chaude, si humide, si étroite...
Une pensée extravagante lui traversa l'esprit.
— Chérie, tu l'as déjà fait, n'est-ce pas ? Je veux d i r e . . . Je
ne suis pas l e premier?
Bridget lui noua ses jambes autour de la taille pour mieux
le pousser en elle.
— Non, mais ça fait très longtemps.
Les yeux exorbités, il se retira, de crainte de finir avant d'avoir
commencé, tant leurs sexes s'emboîtaient à la perfection. Cela
faisait longtemps pour lui aussi.
Il la pénétra de nouveau et se remit à bouger avec lenteur,
puis plus vite, plus fort, lui arrachant un cri de surprise tandis
qu'elle se contractait autour de lui.
Il planta ses yeux dans son regard clair.
— Bridget...
Sa voix se brisa.Comment lui dire qu'il avait la sensation de ne former qu'un
avec elle, comme si leurs corps se reconnaissaient, que ce moment
qu'il attendait depuis toujours devait durer à j a m a i s . . .
Qu'allait-il imaginer? se morigéna-t-il. C'était j u s t e l'attrait
de la nouveauté, après ces longs mois d'abstinence.
Il ancra ses pieds dans le tapis, et ses coups de reins se firent
plus frénétiques.
Les jambes gainées de soie de Bridget enveloppaient ses
hanches dans un cocon soyeux, mais ce n'était rien en comparaison
de l'étroit fourreau qui enserrait son sexe comme un étau
de velours. Une fraction de seconde, il regretta la présence du
préservatif qui l'empêchait de baigner dans cet océan de douceur
humide, dont i l imaginait la tiédeur en dépit du latex. Peut-être
plus tard, quand leur relation s'approfondirait, à condition bien
sûr qu'elle utilise un autre moyen de contraception...
Leur relation?
Bridget glissa la main entre ses jambes et commença à se
caresser le clitoris, coupant court à ses réflexions.
Il accéléra ses allées et venues, son sexe coulissant en elle de
plus en plus loin pour l'emmener au seuil de l'extase.
Elle inclina la tête, les j o u e s empourprées, au bord de la
jouissance.
— Viens, Bridget, chuchota-t-il en lui mordillant le lobe
de l'oreille. Jouis avec moi, espèce de petite dévergondée qui
se promène les seins et les fesses à l'air et se laisse baiser sur
un fauteuil.
Elle se figea, et i l se dit qu'il était allé trop loin.
Mais, agrippée à ses hanches, secouée de spasmes, Bridget
lui griffa le dos, emportée dans une course vertigineuse, avant
de sombrer, pantelante, dans un océan de délices.
— Oh, Adam, o u i . . . , murmura-t-elle d ' u n e petite voix
tremblante.Il résistait pour faire durer son plaisir le plus longtemps
possible, mais ce fut trop. Il plongea en elle plus vite, plus fort,
si fort qu'il craignit que le latex se rompe sous ses poussées, et
i l explosa en trois coups de reins.
C'était l'extase. Quand avait-il eu un orgasme aussi fabuleux ?
Jamais. Ses bonnes résolutions s'étaient évanouies dans son
cerveau embrumé par l a passion.
Les jambes endolories, il se retira, luttant pour reprendre
son souffle.
I l n'était pas question de faux-semblants. Une f i l l e comme
Bridget méritait un homme solide, f i e r de ses racines, un homme
normal, quoi. Il lui donnerait tout le plaisir du monde, tant que
cela ne représenterait rien de plus, qu'elle ne s'attacherait pas et
ne se mettrait pas dans la tête qu'il était son Prince charmant.
— Adam?
— Oui, chérie ?
Elle était si belle, languissamment offerte sur ce fauteuil !
Son excitation se réveilla. Il songea à raviver la sienne à l'aide
de quelques caresses. Serait-elle trop timide pour s'installer à
califourchon sur lui, à moins q u e . ..
— Adam ? répéta-t-elle, interrompant ses fantasmes erotiques.
A propos de ce que tu m'as dit tout à l ' h e u r e . ..
— Je suis désolé, Bridget. J'ai été trop loin, je sais. Je ne te
forcerai j a m a i s , si tu n'en as pas envie.
Quoique, à la réflexion, elle n'avait pas du tout eu l'air
offusquée.
— Non, non. C'est j u s t e que personne ne m'avait j a m a is
parlé comme ça. J e . . . — elle s'interrompit — j e voulais dire
que j ' a i adoré.
Ah ! La bonne petite f i l le cachait bien son j e u ! Ses dessous
coquins et sa réceptivité auraient dû lui mettre la puce à l'oreille.
Puisqu'elle semblait aimer ça, il pourrait essayer quelquesexpériences nouvelles et pimenter leurs ébats ? Peut-être se
montrerait-elle coopérative ?
Pas dans ce fauteuil. Après une séance pareille, il aspirait à
quelque chose de plus confortable..
— Si on essayait autre chose que ton canapé ou mon fauteuil ?
Que dirais-tu de l a position horizontale, pour changer?
— Est-ce ma faute si tu étais si pressé ?
— Oh oui, confirma-t-il en la soulevant dans ses bras pour
gagner la chambre. C'était entièrement ta faute.

assouma55 24-11-10 11:32 PM

merci bien pour le roman et bonne continuation

rahkarina 06-12-10 05:02 PM

merci pour le romain c est gentille

dijadima20 07-12-10 07:57 PM

:flowers2:

nassamate 08-12-10 03:00 AM

7.
— Bridget, réveille-toi ! murmura A d am à son oreille.
Bridget grogna en remontant Fédredon jusqu'aux yeux.
Ils avaient passé la moitié de la nuit dans les bras l'un de l'autre
et s'étaient endormis à l'aube, à bout d'épuisement et d'excitation.
De toute façon, pas question d'ouvrir l'oeil le dimanche avant
10 heures du matin.
Adam tira sur l a couette.
— J'ai fait du café. Tu en veux ?
Hmm ! Ça sentait bon ! Un parfum de vanille, avec peut-être un
soupçon de noisette ? Mais, pour déguster ce délicieux breuvage,
elle devait montrer le bout de son nez. Ce qui était impensable au
saut du lit, avec ses mèches en bataille. Si sa nouvelle coupe était
drôle et sexy, elle exigeait des soins quotidiens.
Deux semaines s'étaient écoulées. Elle passait chaque nuit
chez Adam, et, au matin, elle s'arrangeait pour filer sous la
douche dès qu'il sortait de la chambre, ou bien elle se dépêchait
de mettre un bandeau ou un chouchou adroitement dissimulés
dans la table de chevet.
— Le café refroidit! insista Adam. Allez, debout, espèce
de marmotte !
Elle émergea du lit, telle une tortue pointant la tête hors de
sa carapace, résistant à l'envie de discipliner ses boucles avec ses doigts. Après tout, leurs corps n'avaient plus de spcret l'un
pour l'autre, alors quelle importance si A d am la voyait le poil
ébouriffé?
Apparemment, la vision lui fit de l'effet, à en juger par ses
yeux écarquillés et le sourire narquois qu'il réprima en lui
tendant une tasse.
— Merci.
Elle enroula le drap autour de sa poitrine et s'empara du
mazagran orné de la mascotte de l'université du Wisconsin-
Madison, un blaireau rouge et noir. Ce qui lui rappela que,
vivant à Chicago depuis sept mois, elle n'avait pas encore pris
le temps de visiter la ville.
— Si on faisait du tourisme, aujourd'hui ? proposa-t-elle.
Adam s'assit au bord du lit, vêtu d'un pull dont la nuance vert
olive mettait en valeur ses cheveux noirs et ses yeux couleur
chocolat et qui soulignait ses larges épaules.
Comment se débrouillait-il pour avoir toujours la peau
hâlée, même à la fin de l'hiver? Elle pouvait attester qu'il ne
fréquentait pas les cabines UV, vu qu'elle n'avait repéré nulle
part sur lui de marque de bronzage suspecte. Peut-être avait-il
quelque ancêtre indien ?
— Du tourisme?
Elle savoura une gorgée de café avec un soupir de satisfaction.
— Oui, du tourisme. A part l'école, le boulot et ta personne,
j e ne connais rien de l a ville.
— Bonne idée. Il fait très beau aujourd'hui. Je vais voir
ce qu'il y a d'intéressant dans le journal. J'adore ta coiffure,
enchaîna-t-il.
— Oh, toi alors ! Va chercher le j o u r n a l et arrête de me
provoquer, s'écria-t-elle, attrapant l'oreiller qu'elle lui lança à
la figure.Adam esquiva le coup en riant, puis i l lui reprit la tasse pour
la mettre à l'abri sur la table de nuit en bois de merisier. Puis,
ignorant ses gloussements de protestation, il tira la couette d ' un
coup sec et posa la main sur ses seins nus.
— Je te provoque?
I l déposa un léger baiser sur l ' u n de ses mamelons et
s'écarta aussitôt, heurtant la tête du lit bateau en essayant de
lui échapper.
— Eh, eh ! Tel est pris qui croyait prendre.
Ecartant largement les cuisses, elle se concentra lascivement
sur son clitoris palpitant.
— Oh ! Mon café refroidit ! constata-t-elle quelques secondes
plus t a rd pour saisir sa tasse. Délicieux ! fit-elle avec un claquement
de langue.
Le regard interloqué que lui lança A d am valait bien toutes les
frustrations. Il s'apprêtait à reprendre ce qu'elle avait interrompu,
quand son portable sonna.
— Une minute, dit-il. Je vais brancher le répondeur.
Il vérifia le numéro d'appel qui s'affichait sur l'écran et faillit
laisser tomber le téléphone dans sa hâte.
— Qui était-ce?
— Personne, répondit-il avec une grimace de dégoût Excuse-moi,
c'est mon ex-petite amie. Je ne lui ai plus adressé la parole depuis
qu'on a cassé, il y a plusieurs mois.
C e t t e fille devait être complètement d é b i l e pour avoir
rompu.
Et elle, lui souffla une petite voix qu'elle choisit d'ignorer,
elle ne serait pas la dernière des andouilles, le j o u r où ça lui
arriverait?
— J'aurais dû te le dire, mais c'est de l'histoire ancienne,
et j ' a i oublié, expliqua Adam, qui devait interpréter son silence comme de l'agacement. Elle veut probablement encore m'emprunter
de l'argent.

nassamate 08-12-10 03:02 AM

— Elle n'a qu'à se trouver un j o b , décréta Bridget.
Elle n'avait aucune sympathie pour les tire-au-flanc.
— Je penserai à le lui dire, si j ' a i la malchance de croiser
son chemin.
— Alors, tu viens ? insista-t-elle en essayant d'attirer A d am
au lit.
Il résista.
— Désolé, ma douce, mais je ne suis plus d'humeur. Plus
tard, d'accord?
— D'accord.
C'était la première fois qu'il renonçait à une occasion de
lui faire l'amour. Son ex avait dû lui en faire voir de toutes les
couleurs, songea-t-elle en le regardant passer la porte.
Elle prit une douche rapide et se coiffa en repensant à ce
coup d e f i l.
Adam avait-il toujours un faible pour son ex-petite a m i e?
D'après ses frères, c'était une bonne poire qui avait le chic
pour se faire rouler dans la farine, question sentiments. Il en avait
eu la triste expérience avec ses parents, par exemple, qu'il avait
tirés de plus d'une situation embarrassante. Le preux chevalier
sur son destrier blanc.
Mais, si son ex avait l'intention de repartir pour un tour, elle
aurait affaire à forte partie et allait s'en mordre les doigts.
Bridget ouvrit son anorak et s'épongea le front. Il faisait
particulièrement chaud dans l a serre tropicale de Lincoln Park
en cette f in mars.
— Quelle chaleur ! s'exclama-t-elle.
— Chaleur humide, renchérit A d am avec un clin d'oeil

narquois. Tu m'as dit que tu étais frustrée de ne plus voir de
verdure, alors j ' a i pensé que tu aimerais.
Elle noua sa veste autour de sa taille, heureuse qu'il soit enfin
redevenu lui-même, et emprunta le sentier d'écorce.
— C'est merveilleux ! s'extasia-t-elle en tombant en arrêt
devant des orchidées d'un rose délicat. Un jour, j ' a i m e r a i s en
cultiver.
— Chasse le naturel, la fille de la campagne revient au
galop, plaisanta Adam.
— J'adore les fleurs. J'étais si occupée depuis septembre
dernier que je n'ai pas pris le temps d'aller voir les jardins de
la ville. L a devise de Chicago est bien Urbs in horto, la ville
dans un jardin, n'est-ce pas ?
— Exact. C'était bien toi qui t'occupais des fleurs dans le
jardin, chez tes parents ?
— Oui. J'adore jardiner. Cela me manque énormément.
Elle avait ici quelques plantes d'appartement, mais elles
faisaient grise mine ces derniers temps.
— Je me souviens aussi d'un petit j a r d in potager avec des
tomates et des poivrons. Tu te rappelles le j a r d i n du clair de
lune que tu avais planté à cette époque ?
— Bien sûr ! La lumière était extraordinaire. Comme il
donnait sur l a porte de derrière, j e pouvais facilement m'y
faufiler le soir pour respirer le parfum des fleurs,
— Tu pourrais peut-être cultiver celles-ci ? dit-il en désignant
un parterre d'orchidées blanches.
Elle déchiffra le panneau indiquant le n om de la fleur.
— Je ne pense pas. C'est une angraecum sesquipedale,
l'orchidée la plus rare de Madagascar, qui ne vit que dans la
forêt tropicale.
— A mon avis, tu le pourrais si tu le voulais. C'est comme

nassamate 08-12-10 03:06 AM

pour les costumes de tes amies strip-teaseuses. En avais-tu
jamais vu dans l e Wisconsin, avant?
Elle vérifia que personne ne pouvait les entendre et lui allongea
une bourrade dans les côtes.
Adam saisit sa main et lui baisa les doigts.
— Je veux dire que tu es capable de faire n'importe quoi.
Un éclair brûlant qui n'avait rien à voir avec la chaleur
ambiante se propagea dans son corps.
— Merci pour le compliment.
Il lui prit le bras, et ils poursuivirent nonchalamment leur
promenade dans la jungle luxuriante.
— Bridget, une question me turlupine, reprit-il un peu plus
tard. Pourquoi tes frères sont-ils allés à l'université et pas toi ?
Je suis sûr que tu aurais pu facilement décrocher ta licence.
Elle se raidit et sentit ses ongles s'incruster dans la chair
d'Adam.
Il leva un sourcil perplexe.
— C'est un sujet sensible ?
Elle le relâcha aussitôt.
— Après mon bac, j ' a i été acceptée à l'école de design où
je suis inscrite actuellement, si tu veux le savoir.
Il ouvrit de grands yeux surpris.
— Ici ? A Chicago ? Pourquoi alors avoir attendu six ans ?
— Parce que tu crois que Bob et Helen Weiss auraient laissé
leur petite f i l le chérie s'aventurer seule dans la ville, avec tous
les dangers qui la guettaient? On a déjà évoqué la question, il
me semble?
Indigné, il s'arrêta net au milieu du chemin.
— Tes parents ont refusé que tu poursuives tes études ?
— Ils avaient de gros problèmes financiers à l'époque, et
ils ne pouvaient pas me payer les frais d'inscription, d'autant
que l'école est privée. J'ai donc décidé de financer mes études
moi-même, ce qui me permettait de m'inscrire à l'école de mon
choix, tu comprends ? Il m'a fallu six ans pour économiser. J'ai
cousu des robes de bal, j ' a i été caissière dans un supermarché,
vendeuse dans une braderie, que sais-je encore?
— Bravo, Bridget !
Elle se pencha pour examiner une fleur pareille à de la
dentelle d'or.
— Au printemps dernier, mes parents n'ont pas sauté de j o ie
quand j e leur ai annoncé que j e partais pour Chicago, mais Colin
et Dane leur ont promis que tu t'occuperais de moi.
Adam se tortilla, visiblement mal à l'aise.
— Tu ne leur as rien dit à notre sujet, j ' e s p è r e ?
— Bien sûr que non. De toute façon, ils ne comprendraient
pas le genre de relation qui existe entre nous.
Ses frères avaient beau avoir fait les quatre cents coups dans
leur jeunesse, ils s'attendaient à ce que leur petite soeur garde
sa virginité j u s q u ' à son mariage et ne fasse l'amour que pour
avoir des enfants, pas pour la bagatelle.
Adam parut soulagé.
— Je m'en doutais un peu, étant donné que tes frères n'ont
pas encore débarqué pour me casser l a figure.
Elle balaya l'objection d'un revers de main.
— Nous savons l'un et l'autre de quoi ces deux clowns ont
été capables, il y a quelques années.
— Tu sais bien que, pour les garçons, ce n'est pas pareil.
— Evidemment, confirma-t-elle, amère.
Ses parents avaient dû contracter un emprunt pour payer les
études de ses frères. C'était l'une des raisons pour lesquelles ils
n'avaient pu l'aider financièrement. Les deux garçons étaient
censés rembourser l a somme une fois leurs diplômes en poche,
mais Colin s'était marié très vite, et Dane avait entrepris un troisième
cycle, prolongeant encore ses études de deux années.

nassamate 08-12-10 03:08 AM

uoi qu'il en soit, ces histoires d'argent ne la regardaient
pas.
— Te donnent-ils un coup de main, en ce moment? questionna
Adam.
— Non, et franchement j e refuserais, même s'ils me le
proposaient. Primo, mes parents doivent économiser pour leur
retraite, et deusio, je veux être libre d'étudier ce qui me plaît,
sans avoir de comptes à leur rendre.
—- Je suis sûr que les miens m'auraient aidé si je m'étais
inscrit en agronomie.
Elle fronça le nez. Les parents d'Adam n'avaient j a m a is
manifesté le moindre intérêt pour les études de leur fils.
— Pourquoi justement l'agronomie ?
— Parce que j ' a u r a i s pu les aider à améliorer leurs plants,
expliqua-t-il avec un clin d'oeil goguenard.
Elle n'ignorait pas que ses parents étaient accros à l'herbe,
mais elle espérait qu'à l'approche de la soixantaine cette mauvaise
habitude leur avait passé.
— Ecoute, gloussa-t-elie. Une idée pour une nouvelle option
à la fac d'agronomie : « Méthodes pour l'amélioration de la
culture de la marijuana ».
Elle lui indiqua une plante épineuse aux feuilles vertes en
forme d'étoiles, assez semblable à la marijuana, et tous deux de
se tordre de r i re au milieu de l'allée, sous les regards mi-agacés
mi-amusés des autres visiteurs.
— Il ne reste que des places debout dans l'amphi, compléta
Adam, hilare.
Elle se haussa sur la pointe des pieds pour lui planter un
baiser sur la joue.
— Heureusement que tu es là. J'étais en train de m'apitoyer
sur mon triste sort. Merci.

Portant sa main à ses lèvres, il lui baisa de nouveau les
doigts.
— Peut-être, mais ça n'aurait pas duré. C'est ce que j ' a i m e
en toi, Bridget. Tu es une fonceuse. Tu obtiens toujours ce que
tu veux. Regarde comment tu t 'y es prise avec moi.
— Ta es ******* du résultat?
Il réfléchit, comme pour soupeser le pour et le contre.
— Je crois que oui.
— Ah bon, tu « crois » que oui ? Viens, allons manger un
morceau, je meurs de faim. Tu auras tout loisir d'y réfléchir.
Elle glissa son bras sous le sien et l'entraîna au pas de course
vers la sortie.
Exactement ce qu'elle rêvait de voir au hasard de leur promenade,
en ce beau dimanche de mars : la croupe d'une vache !
L'animal en question se dandinait sur ses pattes, visiblement
très à l'aise de s'exhiber en public dans la petite ménagerie du
Lincoln Park.
Adam écoutait avec fascination une gardienne à la queue-decheval
blonde expliquer les rudiments de la traite des vaches.
Bridget réprima un bâillement, tandis que l a j e u n e femme
adaptait adroitement u n e vieille trayeuse sur le pis de l'animal.
Comme elle sautait des étapes, l'opération avait l'air beaucoup
plus simple qu'elle ne l'était en réalité.
Bridget examina les tuyaux et le bras mécanique, notant au
passage que l'indicateur du vacuomètre grimpait trop haut. Il
fallait régler la succion pour ne pas blesser les tétines.
Le public n'avait d'yeux que pour le lait mousseux qui circulait
dans le conduit avant de s'écouler dans le gobelet trayeur.
Adam lui donna un coup de coude.

nassamate 08-12-10 03:10 AM

— Tu vois, c'est archi-simple. On nettoie le pis, on branche
la machine, et c'est parti !
-— Euh, Adam, c'est un peu plus compliqué en r é a l i t é . ..
Elle s'interrompit en remarquant son visage rayonnant.
La j e u n e gardienne expliquait qu'en raison d'une panne générale
de courant, l'été précédent, les trayeuses ne fonctionnaient
plus, et qu'ils avaient dû faire appel à toutes les bonnes volontés
capables de traire les bêtes à la main.
Bridget esquissa un sourire compatissant.
Traire à la main, même un petit troupeau comme celui de la
ménagerie, cela suffisait à vous frapper du syndrome du canal
carpien, sans parler d'un lumbago carabiné à force de rester
accroupi sous l'animal. Et si elle se portait volontaire pour traire
les vaches du zoo en cas d'urgence? Un genre de secouriste
laitier, par exemple ? Elle se voyait déjà vêtue d'un costume de
superwoman en coton tacheté noir et blanc.
Elle délirait complètement. Ce devait être la magie du lieu,
conjuguée à la présence grisante d'Adam à son c ô t é . ..
Entre-temps, la j e u n e gardienne avait terminé sa démonstration,
au grand déplaisir de son compagnon.
— J'aurais bien voulu en savoir plus. Je pourrais peut-être
demander s'ils donnent des stages intensifs le week-end?
E l l e eut t o u t e s les p e i n e s du monde à d i s s i m u l e r son
sourire.
Le pauvre ! Il avait l'air si enthousiaste. Il poursuivait son
but avec sa détermination coutumière.
Elle lui montra le fonctionnement des différentes pièces de la
machine que l a j e u n e gardienne avait délibérément ignorées.
Avec son esprit vif, Adam n'eut aucun mal à enregistrer l'usage
respectif des faisceaux trayeurs, pompes et autres pulsateurs.
— Pourquoi ne pas avoir attendu la fin de la panne d'électricité
pour traire les bêtes ? questionna-t-il.

Apparemment, un cours de rattrapage accéléré en physiologie
animale s'imposait. Le premier bouseux venu connaissait
la réponse.
— Le pis d'une vache, ce n'est pas comme un robinet,
expliqua-t-elle patiemment. Si on ne les trait pas dans les deux
heures, leurs mamelles risquent de gonfler comme des ballons
et de s'infecter. Et crois-moi, un troupeau entier souffrant de
mastite, ce n'est pas beau à voir.
— Oh!
Elle lui tapota la main.
— T'inquiète. Quand tu auras quitté ton j o b à la Bourse,
tu n'auras qu'à faire un stage chez mon père ou chez Colin. Tu
apprendras tout en moins de deux.
— Merci.
Elle se rembrunit, sa j o i e un peu ternie.
Dans sa ferme au f in fond du Wisconsin, A d am serait aussi
inaccessible que l'avait été le trader de la Bourse de Chicago.
— Bridget, auriez-vous une minute? demanda Jennifer, le
professeur de confection.
Intriguée, Bridget leva le nez de la mallette où elle rangeait
ses livres et son carnet de croquis avant de filer au Frisky's
livrer la commande de Sugar.
Aurait-elle quelque chose à se reprocher? Rendu un devoir
en r e t a r d?
— Certainement, c'est mon dernier cours.
Jennifer portait un chemisier blanc sur un pantalon gris
anthracite, qui mettaient en valeur sa silhouette menue, avec
un collier en grosses perles de bakélite comme on en voyait au
cou des grands-mères sur les photos anciennes.
— Ça tombe bien, moi aussi, remarqua Jennifer en ébourif-

fant ses courts cheveux. Je voulais vous dire que votre dernier
projet est excellent, en particulier le soutien-gorge rembourré
intégré au caraco à bretelles spaghettis

nassamate 08-12-10 03:12 AM

Bridget ébaucha un sourire de soulagement en se félicitant
de sa propre tenue, une j u p e étroite vert pâle et un cache-coeur
rose qui amincissait sa poitrine. Depuis quelque temps, en effet,
elle usait de son talent créatif à son profit.
— Voyez-vous, expliqua-t-elle, je m'applique à créer des
sous-vêtements pour des femmes dans mon genre qui ne peuvent
pas se glisser dans un haut microscopique en se *******ant de
croiser les doigts pour que ça tienne.
— Chez moi, ça aurait tendance à trop bien tenir, plaisanta
Jennifer. Vous n'ignorez pas que la majorité des Américaines
font du 44 minimum. Du coup, il y aurait un marché à conquérir
pour vos créations.
Bridget pécha son carnet au fond de sa mallette pour montrer
le croquis d'un soutien-gorge de dentelle noire avec le string
assorti.
— Regardez le modèle que j ' a i dessiné pour moi. J'ai réalisé
l e même pour une de mes amies, précisa-t-elle.
Jennifer examina le dessin, le visage indéchiffrable.
— Et vous l'avez taillé vous-même?
— Bien sûr, et c'est très confortable. Plus de douleur à la
nuque ni aux épaules à la fin de la journée. J'en ai justement
un dans mon sac, que j e dois porter à une amie, signala-t-elle
en ouvrant le paquet destiné à Sugar.
— Vous permettez? demanda Jennifer, qui écarquilla les
yeux à la vue des imposants bonnets rose pâle. Combien votre
cliente fait-elle de tour de p o i t r i n e?
— D u 3 6 G.
Bridget pria pour n'avoir pas oublié de couper un f i l ou de

coudre un ourlet, pendant que le professeur soumettait le sousvêtement
à un examen minutieux.
— Bon travail, apprécia-t-elle. Votre amie est satisfaite?
— C'est le quatrième qu'elle me commande. Elle affirme
que c'est le seul modèle qui ne lui fasse pas mal aux épaules ou
au dos. J'ai également réalisé des tenues pour ses collègues.
Jennifer sourit.
— Très bien. Ne serait-elle pas danseuse, par hasard ?
— Mais... oui. Elle se produit dans un club, pas très loin
d'ici. Comment l'avez-vous deviné?
— La plupart des femmes qui font cette taille ont des implants,
et, la dernière fois que vous m'avez remis un devoir, j ' a i aperçu dans
votre sac le croquis d'un costume de danseuse exotique.
Bridget se r e p r o c h a sa négligence. On ne la p r e n d r a it
j a m a i s au sérieux, si l'on savait qu'elle travaillait pour des
strip-teaseuses.
— Ne vous en faites pas, la rassura le professeur. Moi, j ' a i
commencé ma carrière en créant des costumes pour travestis.
Cette expérience m'en a appris davantage que mes deux premières
années à l'école de design. Si vous êtes capable de soutenir
des seins gros comme des ballons de plage ou de camoufler
l'attirail d'un homme dans un fourreau moulant, c'est déjà un
bon début.
— Merci, dit-elle, reconnaissante.
— Maintenant que les choses sont claires, je pense que vous
devriez participer au prochain concours de mode, option lingerie,
annonça sérieusement Jennifer. Je n'ai pas l'habitude de présenter
les étudiants de première année, mais vous semblez avoir déjà
acquis une certaine expérience, d'autant que vous ne fidéliseriez
pas votre clientèle, si elle n'était pas *******e de vous.
Jennifer ramassa sur son bureau une enveloppe en papier
kraft qu'elle lui tendit.

— Voici le formulaire. La date limite d'inscription est dans
deux semaines.
— Le concours est parrainé par Richard's on Rodeo ? s'exclama
Bridget en déchiffrant l'inscription sur l'enveloppe.
— Comme vous voyez. Sa boutique de lingerie-phare se
trouve sur Rodeo Drive, à Beverly Hills, et il possède une chaîne
de magasins dans tout le sud de la Californie.
Bridget rougit.
— Beverly Hills ? Mais c'est beaucoup trop chic pour moi !
Pour l'instant, j e n'ai que des soutiens-gorge gigantesques et
des costumes de strip-teaseuses dans mon portfolio, c'est plutôt
léger, vous ne croyez pas ?
Le professeur rit de bon coeur.
— Bridget, êtes-vous déjà allée dans le sud de la Californie ?
Non ? La plupart des Californiennes ont des implants et affectionnent
les bandeaux minuscules et les bonnets profonds,
expliqua-t-elle. En outre, ce que vous appelez des costumes
de strip-teaseuse fait fureur dans la jet-set. Il vous suffira d'un
brin d'imagination, de quelques astuces et fanfreluches, et le
tour sera joué.
Bridget n'était toujours pas convaincue.
— Croyez-moi, depuis le temps que je suis dans le métier,
insista son professeur en frappant sur son bureau du plat de la
main, j ' a i l'oeil. Faites ce que j e vous dis, vous ne l e regretterez
pas.
L'assurance de Jennifer eut raison de ses réticences. Après tout,
elle n'était pas venue à Chicago pour passer à côté de la vie !
— D'accord.
— Parfait. Je dois signer votre formulaire d'inscription. Il
me faudra votre dossier complet d'ici à une semaine, y compris
les échantillons.

nassamate 08-12-10 03:13 AM

Elle sursauta. Une semaine ? C'était beaucoup trop court. Elle
n'aurait j a m a i s le temps de réaliser de nouvelles créations.
Jennifer lui indiqua les petits caractères au bas de la fiche.
— Le premier p r ix est doté de quinze mille dollars, en plus
d'un contrat avec Richard, dit-elle en prononçant le n om à la
française.
Bridget la dévisagea, sidérée.
Pour ce prix-là, elle confectionnerait un soutien-gorge et u ne
petite culotte pour Richard lui-même.
Adam sursauta violemment.
Celle qui hantait ses cauchemars se tenait sur le seuil de
son bureau.
— Daria ? Qu'est-ce que tu fabriques ici ?
Celle-ci prit son cri horrifié pour une invite à entrer.
— Adam chéri ! C'est si bon de te revoir !
Elle fondit sur lui, ses lèvres écarlates tendues, et i l n'eut que
le temps de détourner la tête, asphyxié par son lourd parfum.
Il nota sa longue chevelure noire impeccablement coiffée et
sa robe rouge au décolleté vertigineux sous son manteau de
fourrure, différent de celui qu'elle portait lors de leur dernière
rencontre.
Heureusement pour elle, sinon i l l'aurait c h a s s é e sans
ménagement.
— Daria, te rends-tu compte que notre rupture a eu lieu en
novembre et que nous sommes presque au mois d'avril ?
Elle f i t la moue.
— Tu as été si cruel de m'abandonner j u s t e avant l'époque
la plus sacrée de l'année.
Il lui lança un regard incrédule.
En dépit d'une éducation religieuse stricte à la polonaise,

elle n'avait rien d'une dévote. Elle regrettait sans doute d'avoir
raté un cadeau de Noël.
— Ne t ' i n q u i è t e pas, le bijoutier a repris la bague sans
problème, plaisanta-t-il.
Il avait manqué l'occasion de se taire, à en juger par son
regard avide.
— Tu m'avais acheté une bague ? Une b a g u e . . . de fiançailles?
I l devait avoir le cerveau ramolli pour faire miroiter des
diamants, même imaginaires, à cette aventurière. C'était la
meilleure façon de s'en débarrasser, vraiment !
— Bien sûr que non ! Que vas-tu imaginer ? C'était un pull.
Je l'ai donné à l'Armée du Salut.
— Ne me dis pas que tu leur as aussi donné la bague ? Que
voulais-tu qu'ils en fassent?
— Non, Daria. Je te le répète, j e ne t'ai j a m a i s acheté de
bague, et j e n'ai d'ailleurs j a m a i s eu l'intention de l e faire.
Elle pivota sur elle-même.
— Pourquoi ? Je ne suis pas assez belle pour toi ?
Eh bien non, justement, elle ne l'était pas. Avide, irascible,
elle n'avait rien d'excitant. Bridget, elle, dégageait une beauté
intérieure qui irradiait littéralement de sa personne. Il avait
longtemps méprisé cette histoire de beauté intérieure qui sentait
l'arnaque à plein nez, histoire de vous refiler un laideron, par
exemple. Mais Bridget était là pour contredire cette théorie.
Les piaillements de Daria le ramenèrent brusquement à la
réalité.
— Adam ! Regarde-moi ! Je ne suis pas irrésistible, d i s?
Il réprima in petto le sourire extatique qu'il affichait chaque
fois qu'il pensait à Bridget. Malgré leur passé calamiteux, il n'avait
aucune intention de froisser l'ego hypertrophié de Daria.

nassamate 08-12-10 03:15 AM

— La plupart des hommes te trouvent sûrement très sexy,
biaisa-t-il.
C'était vrai. Dane, le frère de Bridget, était tombé sous le
charme en la voyant, le j o u r où il l'avait raccompagné chez lui
après le déménagement de sa soeur. Mais il avait vite déchanté
quand Daria était montée sur ses grands chevaux à cause de
leur quart d'heure de retard.
— Si on renouait, A d a m ? roucoula Daria en se jetant à
son cou.
Il eut toutes les peines du monde à se dégager. C'en était
assez.
— Renouer ? Tu n'y penses pas ? Tu as oublié les vieux rupins
que tu fréquentais dans ta carrière de top model ? Quelle bonne
poire t'a payé cela? demanda-t-il en désignant son manteau,
totalement déplacé en cette belle j o u r n é e printanière.
Daria fit un effort pour se rappeler, puis y renonça.
— Aucune importance. J'étais un peu à court, et toi, tu avais
tout placé en Bourse, et, comme tu ne voulais pas vendre...
Il était u n e pompe à fric, c'était donc cela ? Bridget, elle, avait
refusé quand il avait insisté pour l'aider.
Sa patience était à bout.
— Tu étais ma petite amie, pas une call-girl, que je sache !
C'est vraiment dommage qu'il m'ait fallu si longtemps pour
comprendre que tu ne fais pas la différence.
Il la saisit par le coude pour la faire sortir, mais elle planta
résolument ses hauts talons dans la moquette.
— Adam ! éructa-t-elle en désignant sa table. C'est pour elle
que tu ne veux plus de moi ? Cette grosse blonde ?
Il tourna les yeux vers la vieille photo de Bridget et de lui
prise au mariage de Colin, qu'il avait retrouvée au fond d'un
tiroir et décidé d'apporter à son bureau.

— Bridget n'a rien à voir dans cette histoire. Maintenant,
fiche le camp.
— Je ne savais pas que tu aimais les petites fermières
potelées.
— Pour une fois, tu as frappé en plein dans le mille, fit-il
avec un rire ironique.
— Appelle-moi quand tu t'en lasseras, dit-elle avec un
souverain mépris, en chaloupant vers la porte sous le regard très
intéressé de Tom, son collègue, qui rôdait comme par hasard
dans les parages.
Il retourna derrière son bureau en soupirant.
— La tristement célèbre Daria, hein ? commenta Tom,
adossé contre le chambranle, les bras croisés sur la poitrine.
Elle est torride, cette gonzesse ! Ça t'ennuierait de me donner
son téléphone?
— Calme-toi, mon vieux, tu n'en as pas les moyens.
D'ailleurs, personne ne les aurait jamais. Lui, pas davantage.
Elle ne l'avait gardé que pour le sexe.
I l f i t une grimace.
Gigolo malgré lui ! Juste revanche pour la désinvolture avec
laquelle i l avait traité les femmes, au temps de son insoucieuse
jeunesse.
— Bof ! C'est mon ex qui tient les cordons de la bourse,
mais je pourrais faire l'essai pendant quelque temps, d'accord ?
proposa-t-il, plein d'espoir.
— *******e-toi des strip-teaseuses, Tom. Elles sont beaucoup
plus honnêtes que Daria.
— En parlant de strip-teaseuse, as-tu fini par retrouver cette
poule que tu cherchais au Frisky's ? Comment un type comme
toi a-t-il pu se faire vider comme un malpropre ? Allez, vieux,
dis-moi comment tu t'es débrouillé pour en arriver là.

nassamate 08-12-10 03:17 AM

Et zut ! Lui qui pensait que Tom était trop ivre pour se rappeler
ce genre de détail !
Il gloussa nerveusement.
— Oh, toutes ces filles ont dû me tourner la tête. Il faut bien
se défouler de temps en temps.
Tom ricana et se massa la poitrine avec une grimace.
— Cette fichue angine ! fit-il en avalant un cachet.
— Tu as des problèmes cardiaques, c'est ç a ? Tu devrais
faire attention, tu as à peine quarante ans !
— Tout le monde ici est dans le même cas, Haie. La Bourse,
c'est pour les jeunes. Tôt ou tard, ton médecin va te mettre en
garde contre les dangers de l'hypertension, te filer des médicaments
qui ne servent à rien et te recommander de réduire
ton stress.
— Pourquoi t'obstines-tu, puisque c'est si mauvais pour
ta santé?
Tom lui adressa un clin d'oeil.
— J'ai des projets. Dans deux ans, j ' a u r a i amassé assez
pour prendre ma retraite. En attendant, j e rentabilise mes
vasodilatateurs.
— C'est risqué, n o n?
Tom haussa les épaules.
— Le risque, c'est notre p a i n quotidien, Haie, n'est-ce
p a s?
— Oui, mais là, c'est différent. L'argent ne pèse pas lourd
dans la balance, par rapport à la santé.
— Peut-être, mais à quoi sert la santé, si tu n'as pas d'argent
pour en profiter? Bon, à moins que tu ne te décides à me
f i l e r l e numéro de Daria, j e repars m'occuper de mon plan de
retraite.
Adam secoua la tête. Tom se fichait des conséquences comme
de l'an quarante, pas lui.

— La réponse est non. C'est dans ton intérêt. Cette Daria
est une vraie plaie.
Il referma la porte, retourna à sa table et se renversa dans
son fauteuil, les mains croisées derrière la nuque, se réjouissant
de sa bonne fortune.
En raison des multiples déplacements de Daria, qui partageait
son temps entre son métier de top model et celui de call-girl,
plusieurs semaines s'étaient écoulées sans qu'il couche avec
elle j u s q u ' à leur rupture. A l'époque où Bridget lui avait fait son
numéro de strip-tease, il était célibataire depuis près de cinq
mois. Aujourd'hui, sa « petite fermière blonde » lui manquait
au bout de quelques heures à peine.
Il consulta l'horloge de son ordinateur. Elle avait une pause
entre deux cours, il pouvait encore l'appeler sur son portable.
— Salut, chéri, répondit Bridget de sa voix douce, un peu
rauque. Tu as vendu combien de vaches, aujourd'hui ?
C'était leur plaisanterie rituelle. Sa famille élevait des vaches,
et lui les vendait.
— Un troupeau entier. Que fais-tu, ce s o i r?
— Tu as quelque chose à me proposer?
Elle éclata d'un rire cristallin qui lui réchauffa le coeur.
— Un steak saignant?
— Ou toi?
— Moi ? répéta Bridget, le souffle précipité.
Il s'agita dans son fauteuil, le sexe durci, imaginant sa peau
nacrée sous ses doigts.
— Oui. En apéritif, je grignoterai tes douces lèvres. Tes seins
délectables seront le plat de résistance, et, comme boisson, je
me désaltérerai au divin nectar de ta délicate coupe rose, qui
ne tarit jamais.
— Adam ! J'ai un contrôle dans trois minutes. Ce sera ta
faute si je le rate.

nassamate 08-12-10 03:19 AM

— Désolé, ma douce. Je me ferai pardonner tout à l'heure.
Rendez-vous chez moi à 18 heures, ça te v a ? J'espère que tu te
sentiras en appétit...
— Je dois faire un saut au Frisky's d'abord, soupira-t-elle.
Disons plutôt vers 19 h e u r e s?
Il sourit. A l'évidence, Bridget faisait preuve d'une faim aussi
vorace et insatiable que la sienne.
Visiblement épuisé, A d am remonta l e drap en réprimant un
bâillement.
— Je t'appellerai tous les jours, maintenant que je sais l'effet
que produit sur toi un coup de f i l coquin.
Bridget s'étira à son côté et sourit, satisfaite comme un
chat qui a dévoré un canari : grâce à Adam, la j o u r n é e s'était
terminée en apothéose.
— Heureusement que j ' a i réussi mon contrôle. Sinon, il n 'y
aurait pas eu d'apéritif ni de dessert, pas de plat de résistance
non plus.
— J'en étais sûr. Tu es brillante, comme tes frères. Ça doit
tenir de famille.
— J'aimerais bien avoir leur chance et gagner le concours
dont je t'ai parlé tout à l'heure.
Elle n'avait j a m a i s remporté de gros lot de sa vie, à l'exception
du prix des meilleures conserves, partagé avec sa mère à
la kermesse locale.
— J'ai confiance en toi, tu y arriveras. Tu es vraiment
douée. Je n'aurais j a m a i s cru que créer des soutiens-gorge était
si difficile.
Il commençait enfin à la comprendre.
Elle se tourna sur le côté et glissa les doigts dans les boucles
douces de sa toison.

— Merci, tes compliments me vont droit au coeur. A propos,
j ' a i oublié de te dire que Sugar m'a invitée à sa pendaison de
crémaillère, samedi soir.
— Ah, oui ? fit A d am d'une voix ensommeillée.
— Elle vient d'emménager. Aimerais-tu m'accompagner?
ajouta-t-elle hâtivement, sachant qu'il n'allait pas tarder à
sombrer.
— Si tu veux. C'est elle que j ' a i vue nue au Frisky's, la
dernière fois ?
Bridget haussa les épaules.
— La moitié des hommes de Chicago l'ont vue en costume
d'Eve. Ça m'est égal, sauf si tu as l'intention de sortir avec
elle.
Il lui releva le menton.
— Si tu crois que je suis léger à ce point, tu te trompes. Je
suis sûr que Sugar est une f i l le très chouette, mais elle n'est
pas toi.
Elle déglutit en grimaçant un sourire.
— Merci.
Il l'embrassa avec tendresse et étouffa un nouveau bâillement.
— Tu ne dois pas me remercier de dire la vérité. Excuse-moi,
ma douce, mais, grâce à toi, je suis lessivé.
Elle changea de position et se lova contre lui, leurs deux corps
emboîtés l'un dans l'autre comme deux cuillères.
— Moi aussi.
— Dors bien, fit-il en lui caressant les hanches et les fesses
du bout des doigts.
Elle esquissa un sourire, les yeux fixés sur la petite marque
rose que les dents d'Adam avaient laissée sur son sein. L'ardeur
de sa passion l'excitait, surtout après toutes ces années où i l ne
lui avait manifesté que de la froideur.

nassamate 08-12-10 03:21 AM

Percevant sa respiration régulière, elle comprit qu'il s'était
endormi.
Elle était incapable de trouver le sommeil. Toutes sortes de
pensées tourbillonnaient dans sa tête, tel un essaim d'abeilles.
Où sa relation avec A d a m la mènerait-elle ? Pourquoi ne
pouvait-elle se laisser vivre au j o u r le j o u r ? Si seulement il avait
une habitude détestable ! Mais non, il était absolument parfait.
A ses yeux, tout au moins.
Si elle s'engageait sur cette pente glissante, elle se retrouverait
dans son bled perdu du Wisconsin en moins de temps qu'il n'en
faut pour le dire. A d am réaliserait son rêve de devenir l'heureux
propriétaire d'une ferme, et elle passerait ses soirées à coudre
des robes pour le bal des débutantes sur sa table de ping-pong.
Son pire cauchemar.
Oui, mais les nuits ? Les nuits seraient-elles identiques à
celle-ci, où, repue et comblée après de folles étreintes, elle
s'assoupissait à son côté, nichée au creux de ses bras ?
Elle devait faire attention, au risque que cette histoire ne se
solde par un fiasco, comme avec ses f l i r t s précédents.
Ils se sépareraient bons amis et se retrouveraient de loin en
loin à l'occasion d'événements familiaux. Adam et sa femme
l'inviteraient sûrement au baptême de leur premier enfant. C'est
elle qui confectionnerait la robe, qui sait ? lui souffla une petite
voix moqueuse.
Des vaches, des toilettes de bal et des robes de baptême
dansèrent la sarabande dans sa tête j u s q u ' à ce qu'elle sombre
enfin dans le sommeil.



8




Adam, qui arpentait le minuscule salon de Bridget, considéra
nerveusement la robe dos nu couleur bleu roi qu'elle portait.
Elle s'était inspirée de la fameuse robe blanche de Marilyn
Monroe dans Sept ans de réflexion. Nouée derrière la nuque,
sa dernière création lui dévoilait le dos en s'évasant par le bas.
Adam aimait son physique, sa poitrine généreuse, ses fesses
rebondies, ce qui avait contribué à lui redonner confiance en
elle. Depuis qu'elle s'était réconciliée avec son corps, elle ne le
cachait plus sous des vêtements amples. Elle s'était constitué une
nouvelle garde-robe chic et sexy qui flattait ses rondeurs.
— Tu ne vas pas prendre froid, dans cette tenue ?
— Tu as une meilleure idée ?
Non qu'elle ait l'intention de se changer, mais elle était
curieuse de connaître son avis.
— Euh... un pull et un pantalon, peut-être ?
— Mon angora rouge, par exemple ? dit-elle en riant, sachant
qu'il aimait la savoir nue dessous.
Il rougit.
— Je pensais à quelque chose d'un peu moins ajusté.
Se rendant à une soirée à laquelle assisterait la moitié des
danseuses du Frisky's, elle avait intérêt à se mettre sur son trente
et un, si elle désirait conserver sa clientèle.

nassamate 08-12-10 03:22 AM

— Tu ne voudrais quand même pas que j ' a i e l'air mal fagotée ?
Allez, dépêchons-nous, sinon nous serons en retard.
Il l'aida en ronchonnant à draper une étole de velours noir
sur ses épaules.
— Ne t'en fais pas, chéri, je te réserve une j o l ie surprise à
toi tout seul, promit-elle en lui pinçant les fesses, réjouie de le
voir tressaillir.
Adam se dérida enfin.
— Chez toi ou chez moi ?
E l l e s'était pratiquement i n s t a l l é e chez lui, son propre
appartement ne lui servant plus que d'atelier pour travailler et
recevoir ses clientes.
Elle arqua les sourcils.
— Peut-être ni l'un ni l'autre ? Qui vivra verra.
Il se r u a vers la porte, tout émoustillé.
— Partons vite, ça nous laissera le temps de revenir faire
notre petite fête à nous.
Riant sous cape, elle glissa son bras sous le sien, et ils
descendirent prendre le taxi qui les attendait. Assis sur la
banquette, main dans la main, ils discutèrent à bâtons rompus
de leurs carrières respectives, et la fin du trajet s'effectua dans
un silence complice.
Le taxi les déposa devant l'immeuble de Sugar, un loft situé
dans le quartier branché de River North, surnommé Suhu.
Bridget avait déjà visité les galeries d'art peuplant Superior et
Huron Streets, mais elle ne s'y était j a m a i s aventurée la nuit.
A d am lui désigna des passants en costumes moulants à
paillettes.
— Tu vois ces gens-là? Ils se rendent certainement à l'Excalibur.
Il y a un tas de boîtes dans le coin. Tu connais ?
Elle n'avait jamais mis les pieds ailleurs qu'au Frisky's, lequel
ne comptait pas, du moins à ses yeux.

— Non.
Il glissa la main sur la courbe de sa hanche.
— C'est immense, et la musique y est assourdissante. Dans
le genre romantique, il y a mieux. Je t'emmènerai dans un
endroit plus intime, où l'on peut s'isoler dans des box fermés
par des rideaux.
Elle frissonna à l'idée qu'il la toucherait en public, en présence
de parfaits inconnus. En aurait-elle l'audace?
Quelques minutés plus tard, ils sonnèrent chez Sugar, au
troisième étage.
Vêtue d'un ensemble pantalon de soie blanche profondément
décolleté, Sugar se j e t a à leur cou et les embrassa avec effusion
en leur souhaitant la bienvenue. Une fois leurs manteaux déposés
dans la chambre d'amis, elle les prit chacun par un bras et les
guida à l'intérieur.
— Venez voir mon nouvel appartement !
Elle leur fit admirer les parquets, la hauteur des plafonds,
l e balcon, qui donnait sur un j a r d i n intérieur éclairé par les
lumières scintillantes provenant des tours voisines. Puis elle
les abandonna pour accueillir d'autres invités.
Bridget eut tôt fait de repérer Electra et Jinx et entraîna son
compagnon dans leur direction.
A d a m cilla quand Electra lui assena une b o u r r a d e sur
l'épaule, et il fit des efforts louables pour ne pas lorgner les
petits diamants ornant les mamelons de Jinx, visibles à travers
son corsage noir transparent.
Elle eut pitié de lui et le pria d'aller leur chercher à boire,
tâche qu'il s'empressa d'accomplir avec soulagement.
Jinx secoua la tête.
— Il est drôlement coincé, ton A d am !
Electra lui intima de se taire.

nassamate 08-12-10 03:23 AM

— Il traite Bridget comme une princesse, c'est tout ce qui
compte.
Bridget lui pressa la main.
— Merci, Electra. Et il n'est pas coincé du tout, si tu veux
le savoir, ajouta-t-elle en lançant un clin d'oeil à Jinx.
Dévorée de curiosité, celle-ci la harcela de questions, mais
elle se *******a de rire.
Lorsque Adam reparut avec une coupe de Champagne et
une Guinness, Jinx le toisa des pieds à la tête, ce qui le rendit
nerveux.
Cela décida Bridget à mettre fin à son calvaire.
— Tu devrais avoir honte, Jinx, petite peste, assena-t-elle
avant de tourner les talons, l'air faussement courroucé.
Ils se mêlèrent aux invités, une assemblée hétéroclite composée
de voisins, de relations et de danseuses exotiques. Elle en profita
pour parler boutique, distribuant habilement sa carte dont, en
femme avisée, elle avait pris soin de fourrer une provision au
fond du réticule de soie bleue assorti à sa robe.
Beau joueur, Adam la suivit sans manifester d'impatience
ni bâiller d'ennui.
— Merci, dit-elle, une fois qu'elle eut fini sa tournée.
— De quoi ? s'enquit-il, l'air surpris.
— De m'avoir soutenue.
— Je suis ******* si j ' a i pu t'aider dans la mesure de mes
moyens. Tes créations vont rendre tous les hommes fous, et je
sais de quoi je parle. Si on allait manger un morceau ?
— Bonne idée!
Ils gagnèrent la salle à manger où des serveurs s'activaient
derrière un copieux buffet de plats exotiques — feuilletés de
crabes, crevettes à la noix de coco et brochettes de poulet à la
sauce aux arachides.

et chanter des airs à la mode. Ensuite, A d am et elle pourraient
finir la soirée à la maison.
Une g r a n d e perche aux cheveux blond platine hérissés f it
son entrée et se plaça à côté de Sugar. Elle était affublée d'une
robe extravagante, du genre costume de concours de danse :
outrageusement décolletée, fendue sur le côté, avec un dos nu
à paillettes dont les croisillons dévoilaient sa peau hâlée. Son
cavalier, aussi longiligne qu'elle, était brun, vêtu d'un pantalon
noir moulant et d'une chemise noire ouverte j u s q u ' à la taille.
Main dans l a main, ils esquissèrent une révérence.
Pendant que des haut-parleurs invisibles égrenaient un air
de saxophone mélancolique, ils entamèrent un pas de deux,
tournoyant l'un autour de l'autre dans des éclairs noirs et blancs.
Puis l'homme f i t tourbillonner sa partenaire avant de la rattraper
dans ses bras, une main plaquée sur son sein.
Bridget pensa que le geste était involontaire, mais la femme
n'en parut pas le moins du monde choquée ni surprise. Au
contraire, elle se serra contre lui, les mains nouées autour de son
cou. Il lui empoigna les seins dont il se mit à titiller les bouts à
travers la robe, tandis qu'elle se frottait langoureusement contre
son bas-ventre. Puis, d'un mouvement souple, elle laissa glisser
le haut de sa robe, dénudant sa poitrine.
— Je me demande dans quel genre de club ils se produisent,
ces deux-là, grommela Adam.
— Sans doute un bar h a r d?
— Mais oui, bien sûr ! Amsterdam, Hambourg et Francfort
sont les villes d'Europe les plus réputées pour leurs quartiers
chauds.
— Ah o u i ? Comment le sais-tu?
— J'en ai entendu parler.
— J'espère bien qu'à l'avenir tu te *******eras d'en entendre
parler, si tu vois ce que je veux dire.

nassamate 08-12-10 03:26 AM

Adam lui déposa un baiser dans l e creux de l a main.
— Tu n'as aucun souci à te faire.
Elle lui j e t a un regard oblique et caressa sa j o u e un peu
râpeuse.
— Je suis ravie de l'apprendre.
Il chercha ses yeux.
— Tu as envie de p a r t i r?
Elle j e t a un regard circulaire pour jauger les réactions des
autres.
Electra et Jinx étaient collées contre deux invités de Sugar,
mais il faisait trop sombre pour voir leurs visages. Quant à leur
hôtesse, elle était juchée sur les genoux de son nouveau petit
ami —- un grand et bel homme à lunettes que lui avait présenté
sa comptable —, qui la dévorait des yeux.
— Non, restons encore quelques minutes, tu veux bien ?
Ça me donne des idées, crut-elle bon d'ajouter en embrassant
Adam dans le cou, notant au passage que le renflement de son
pantalon grossissait à vue d'oeil.
— D'accord.
Anastasia pivota pour faire face à Lorenzo et se cambra en
arrière, tel un arc blanc contre une flèche noire. Il la soutint,
les mains au creux de ses reins, tandis que, les yeux clos, elle
se caressait au gré de sa fantaisie.
Bridget n'avait j a m a i s vu pareil spectacle.
Cette femme se comportait comme si elle était seule au
monde, indifférente aux regards avides qui la contemplaient. Son
assurance dénotait une nymphomanie exacerbée. Elle évoluait
dans un univers diamétralement opposé à celui des danseuses
du Frisky's. Celles-ci instauraient un échange permanent avec le
public, en fonction des différents personnages qu'elles incarnaient
sur scène. Alors que, c'était certain, Anastasia se comportait de
la même façon en public et en privé.

Le rythme changea, et Lorenzo aida sa partenaire à se redresser.
Quand celle-ci le débarrassa de sa chemise, il apparut torse nu.
Il était plus mince qu'Adam, moins large d'épaules.
Imitant la danseuse sur la scène, Bridget introduisit les doigts
sous la chemise de son compagnon et se mit à agacer l'un de
ses mamelons.
Adam suffoqua et se tortilla sous ses doigts.
— Tu veux jouer, ma douce ? murmura-t-il en infiltrant une
main dans son corsage pour lui emprisonner un sein. Génial,
tu ne portes pas de soutien-gorge !
Naturellement, puisque c'était une robe dos nu !
— Cousu à l'intérieur, haleta-t-elle pendant qu'il lui pétrissait
un téton de son pouce.
Cet homme ne connaissait rien à la confection des vêtements,
i l ne s'intéressait q u ' à la façon la plus rapide de les lui ôter. Elle
ne trouvait rien à y redire, d'ailleurs, aussi longtemps que se
prolongerait la magie du moment.
Les deux mains plaquées sur sa taille, Lorenzo éloigna sa
partenaire, qui se lança dans une longue série de sauts en ciseaux,
ses jambes décrivant des cercles au-dessus de sa tête.
A tous les coups, elle était nue sous sa r o b e . . .
Anastasia f i t un grand écart, une de ses chevilles reposant sur
l'épaule de son partenaire, lequel retroussa sa robe et entreprit
de masser le galbe voluptueux de ses fesses.
Adam se mit à malaxer celles de Bridget à travers la fine
étoffe de sa robe. Elle changea de position et lui retint la main
sur son genou gainé de soie.
Il f i t courir ses doigts sur l'élastique de son bas.
— On continue?
Elle acquiesça, tremblant d'anticipation à l'idée de ce qu'il
allait trouver. Ou plutôt ne pas trouver.

nassamate 08-12-10 03:27 AM

Quand il se figea, elle comprit qu'il avait découvert son
secret.
Il lui embrassa l'épaule, les yeux vrillés aux siens.
— Toi non plus, tu ne portes pas de culotte ?
Elle secoua la tête, s'offrant avec impudeur, dans la pénombre
propice de la pièce, à ses attouchements sur ses seins et entre
ses cuisses.
Il enfouit un doigt dans sa toison et eut un sourire carnassier
en constatant qu'elle était trempée. Alors, lentement, doucement,
il commença à la caresser en suivant le tempo.
Lorenzo, de son côté, s'était installé sur la chaise noire, les
cuisses écartées. Anastasia le chevaucha, face à lui. Sa robe
blanche n'était plus à présent qu'une simple bande d'étoffe
enroulée autour de sa taille, dénudant ses seins et ses fesses.
Il émanait de la scène une tension plus erotique encore que si
elle avait été nue.
Inspirée par ce spectacle, Bridget ondula sur les genoux
d'Adam, qui accéléra le mouvement de ses doigts, son sexe
durcissant de seconde en seconde. Quand elle se laissa aller
contre son torse, il lui mordilla le lobe de l'oreille, le suçant et
l'agaçant avec délectation.
— Tu aimes ma main entre tes cuisses ?
Elle poussa u n e plainte qu'il étouffa d'un baiser brûlant. Ses
lèvres allaient gonfler, mais peu lui importait.
Elle s'écarta pour reprendre son souffle et écarquilla les yeux
de surprise en tournant la tête.
Anastasia s'était relevée et ouvrait le pantalon de Lorenzo,
qui, bien sûr, ne portait rien en dessous.
Elle n'aurait j a m a i s cru que le show aille si loin !
Sur scène, la femme s'agenouilla avec grâce en arrondissant
les lèvres.

Bridget détourna les yeux avant que celles-ci n'atteignent
leur cible.
Adam f i t l a moue.
— On ne va pas rester là à les regarder forniquer. Viens, on
s'en va, dit-il en aidant Bridget à se relever.
— Mais on ne peut pas partir sans dire au revoir à Sugar,
protesta-t-elle, alors qu'il l'entraînait vers la chambre d'amis
pour récupérer leurs manteaux.
— Ta politesse est un peu déplacée, chérie. Et que voudrais-tu
lui d i r e ? Que nous avons adoré le buffet et le spectacle? De
toute façon, Sugar est beaucoup trop occupée. Tu n'as pas vu
comment son petit ami frétille, avec les mains de notre hôtesse
dans son pantalon?
Ils finirent par atteindre la chambre d'amis, où deux appliques
de bronze illuminaient les murs vert cendré. Un air de j a zz
langoureux f i l t r a i t du salon.
— Tu n'aimerais pas que je te fasse la même chose?
— Bien sûr que si ! affirma A d am en cherchant son étole
dans la pile de vêtements jonchant le grand lit. Dès qu'on sera
à la maison, tu pourras me faire tout ce que tu veux.
Elle prit une profonde inspiration, partagée entre le désir
et la honte.
Ce fut le premier qui l'emporta. D'autant que Sugar n'aurait
soulevé aucune objection.
— Je ne peux pas attendre.
Adam se tourna vers elle.
— Ici ? Mais n'importe qui peut entrer !
— Je m'en fiche.
— Bon. Cet appartement est un ancien loft, mal insonorisé.
On entend le moindre bruit. Il faudra être discrets si tu ne veux
pas que tout l e monde sache ce que nous sommes en train de
faire.

nassamate 08-12-10 03:31 AM

Elle humecta ses lèvres sèches.
— Je ne ferai pas de bruit.
Adam désigna une porte en face.
— Ce doit être la salle de bains. Va voir si tu trouves un
préservatif et attends-moi là, je reviens tout de suite.
Elle acquiesça, gagna la porte en question en chancelant et
alluma la lumière.
Elle ouvrit un tiroir sous le lavabo en forme de vasque très
tendance. Aucune trace de préservatifs. En revanche, l'armoire à
pharmacie en contenait plusieurs. Elle en prit un et se contempla
dans le gigantesque miroir.
Sa peau avait rosi sous les caresses d'Adam.
Mais non, son rouge aux joues était dû au fait de fouiller dans
les affaires de leur hôtesse, infraction aux règles de la politesse
la plus élémentaire ! Par comparaison, c'était de la petite bière
de faire l'amour dans cette salle de bains, pratiquement à la
barbe des autres.
Non. Elle n'y arriverait jamais. Un taxi allait les conduire
chez A d am en quelques tours de roue. D'ici là, elle pouvait
bien patienter.
C'est alors que ce dernier surgit derrière elle. Ses mains lui
enserrèrent la taille, ses lèvres lui butinèrent le cou.
— Adam î protesta-t-elle, secouée d'un rire nerveux.
I l glissa une main dans son corsage, tandis que l'autre
retroussait lentement sa robe.
Elle essaya de se détendre, mais la lumière crue que jetait
l'ampoule au-dessus de leurs têtes refroidissait quelque peu
ses élans, ainsi que la porte grande ouverte qui donnait sur la
chambre.
— Ferme la porte.
— Non.

I l plaqua sa paume sur l'étendue de peau dénudée au-dessus
de son bas et remonta en suivant la courbe de ses fesses.
Chaque fois que ses doigts effleuraient l'endroit où elle
rêvait qu'ils s'attardent, ils se retiraient aussitôt, lui arrachant
un gémissement de frustration. Mais il y avait toujours cette
fichue porte ouverte...
Elle posa la tête au creux de son épaule.
— Adam, la porte !
Il intensifia ses caresses.
— J'ai dit non, Bridget. Reconnais que tu as drôlement changé
depuis que tu fréquentes tes strip-teaseuses, h e i n ? Ça t e dirait
de danser topless devant moi ? Je jouerais les cobayes.
Elle se frotta contre son bas-ventre.
— Un cobaye plus que consentant, pas vrai ?
— Ce soir, je t'ai touchée en regardant les deux autres se
trémousser devant nos yeux. Tu aimerais tenter l'expérience et
faire l'amour devant des inconnus ?
— Non.
— Sur une scène violemment éclairée, avec des miroirs
partout, où tu te verrais nue, ça ne t'excite pas ? poursuivit-il,
impitoyable.
Sans attendre sa réponse, i l dénoua son corsage qui retomba
sur sa taille, dénudant sa poitrine.
— A d a m ! dit-elle dans un souffle en essayant de se
rajuster.
Mais il repoussa ses mains.
— Regarde-toi!
Elle savait parfaitement ce qu'elle allait voir : une poitrine
qui avait un urgent besoin de soutien-gorge.
Maisil ne désarma pas, lui emprisonnant les poignets jusqu'à
ce qu'elle se décide à regarder son reflet dans la glace.
Elle vit d'abord le regard affamé d'Adam que lui renvoyait le


nassamate 08-12-10 03:33 AM

miroir. Ses mamelons durcirent et s'érigèrent comme deux petits
boutons durs, la peau rose de l'aréole gonflée de désir.
I l la relâcha pour empoigner ses seins, qu'il entreprit de
masser délicatement, lui arrachant une plainte sourde.
Elle ondula au r y t h m e de l a musique qui leur parvenait de la
pièce voisine. Et, quand A d am l'attira plus près et referma ses
doigts autour d'un téton, elle étouffa un gémissement.
— Tu aimes?
— Peut-être, minauda-t-elle.
— Tu veux que j ' a r r ê t e ? demanda-t-il, joignant le geste à
la parole.
— Surtout pas ! s'exclama-t-elle en replaçant d'autorité ses
mains sur ses seins.
Les doigts d'Adam encerclèrent ses tétons en érection et se
mirent à les malaxer.
Défaillante de plaisir, elle ferma les yeux dans la lumière
éblouissante.
— Regarde-toi, Bridget. Tu dois te voir avec les yeux de
ton public.
Elle obéit et vit les grandes mains bronzées d'Adam qui
pétrissaient sa peau nacrée. Ses mamelons, qu'elle entrevoyait
entre ses doigts, avaient pris une teinte plus sombre, presque
cuivrée.
I l j o u a de l a sorte pendant quelques minutes.
La respiration haletante, elle agitait involontairement la tête,
nichée au creux de son épaule. Elle sentait son clitoris palpiter
à l'unisson de son coeur, qui battait à tout rompre tandis qu'il
l'emmenait de plus en plus loin.
— Caresse-moi, supplia-t-elle, recouvrant sa main de la
tienne pour la glisser sous sa robe.
Mais i l se déroba et s'empara de ses lèvres pour étouffer ses
protestations.

— Non, c'est toi qui vas le faire. Ton public veut te voir en
pleine action.
Elle j e t a un regard furtif vers la porte ouverte. Quelqu'un
pouvait venir à tout moment.
— Allons, chérie. Montre-nous ta j o l ie petite chatte.
Elle dévisagea Adam, l e rouge aux joues, estomaquée par la
hardiesse de ses propos. Mais i l resta impassible.
Alors, elle releva lentement sa robe j u s q u ' e n haut de ses
bas.
— Plus haut!
Elle respira à fond et la remonta jusqu'au ventre. A présent,
elle se retrouvait, comme Anastasia, les seins et les fesses à l'air,
sa robe lui ceignant la taille telle une ceinture.
Adam émit un sifflement admiratif.
— Superbe!
Elle risqua un oeil et remarqua sa toison blonde mouillée de
désir entre ses cuisses, et ses lèvres roses et gonflées.
— Caresse-toi, répéta-t-il.
S'il croyait qu'elle flancherait, il allait être surpris.
Elle incurva les doigts sur la parcelle de chair dénudée,
près du liseré de son bas. Sa peau était plus douce que le voile
le plus fin, surtout à l'intérieur dè ses cuisses, tout près de son
entrejambe.
— Montre-moi où tu as envie que je te touche.
Elle pressa une main en conque sur son pubis renflé et y
infiltra l'index. Il lui suffit d'effleurer son clitoris pour qu'un
éclair de désir irradie tout son corps. Elle accéléra la cadence,
folle d'excitation.
Adam lui empoigna les fesses et commença à les pétrir,
comme Lorenzo sur l a scène.
— Tu as aimé voir le type faire cela, tout à l'heure ?

nassamate 08-12-10 03:35 AM

— Ouiii ! balbutia-t-elle, alors qu'il introduisait deux doigts
et se mettait à aller et venir dans sa moiteur.
Elle sentit son sexe se contracter de plaisir quand il intensifia
le rythme. Il ajouta un troisième doigt, aussi dur et brûlant que
son sexe bandé, et elle lâcha un cri étranglé. Elle referma sa
main sur son clitoris qu'elle se mit à effleurer d'un doigt léger.
Et quand, de l'autre main, A d am pinça l'un de ses mamelons,
le plaisir fut si intense qu'elle s'abandonna et s'affaissa dans ses
bras, secouée de frissons, en se mordant les lèvres pour étouffer
ses gémissements d'extase.
Adam ne la lâcha pas, ses doigts se mouvant toujours en elle
jusqu'à ce que l'ultime spasme s'apaise.
Quand elle ouvrit enfin les yeux, il la regarda dans le miroir
avec un sourire au coin des lèvres, porta le bout de ses doigts
à ses lèvres et les lécha.
— Délicieux ! Mais tu ne m'as pas encore tout montré.
Elle lui donnerait ce qu'il voulait !
Désireuse d'effacer son sourire condescendant, elle descendit
la fermeture Eclair de sa robe, dont elle se débarrassa en ondulant
des hanches. A présent, elle était vêtue en tout et pour tout de
bas et de ses hauts talons.
— Alors, ma petite exhibitionniste, quel est le prochain
round?
— Le prochain round?
Elle se trémoussa contre lui, la fine laine de son pantalon
lui massant les fesses.
Il l'immobilisa en lui saisissant les hanches.
— Assez joué. Je veux tout voir. Maintenant.
Elle écarta lentement les lèvres humides et secrètes de son
intimité pour lui montrer ses trésors.
Son clitoris se dressait, tel un bouton de perle palpitant après

son orgasme. Seigneur ! Même les filles du Frisky's n'allaient
pas aussi loin.
— Tu aimes ma jolie petite chatte? demanda-t-elle en se
caressant avec une lenteur calculée.
Les mots crus semblaient incongrus dans sa bouche, mais
le résultat en valait la peine.
Elle regarda dans le miroir A d am humecter ses lèvres. Il la
lâcha, le temps d'ouvrir rapidement son pantalon et d'enfiler un
préservatif sur son sexe bandé.
— J'adore. Maintenant, incline tes jolies fesses vers moi.
Elle s'arc-bouta contre la vasque lisse et froide.
Refermant les mains sur ses seins, il plongea en elle d'un
coup.
Elle étouffa le cri qui jaillit de sa gorge en sentant son membre
dur et brûlant s'enfouir en elle.
C'était divin ! Elle était si excitée que la fanfare de l'université
du Wisconsin-Madison aurait pu retentir dans la pièce voisine
sans qu'elle lui prête la moindre attention.
— Ne détourne pas les yeux, chérie. Tu dois te voir.
Elle obtempéra.
Elle avait les joues empourprées, et ses pupilles étaient si
dilatées qu'elles n'étaient plus qu'un cercle bleu incandescent.
La sueur lui dégoulinait le long de la tempe, mais ses cheveux
restaient impeccables. Ce qui, se dit-elle in petto, aurait pu
être une excellente publicité pour une marque de laque, par
exemple.
« Le meilleur spray pour que votre coiffure ne bouge pas,
même pendant des ébats torrides en public. »
Les mains brûlantes d'Adam s'affairaient sur ses seins,
pendant que son sexe coulissait profondément en elle. Il la
dominait de toute sa stature, entièrement vêtu de sombre, sa
chemise boutonnée jusqu'au cou, la seule parcelle de chair nue

s'activant à l'envoyer au septième ciel. Ses talons la hissaient à
la bonne hauteur pour qu'il l'emplisse totalement et intensifie
ses sensations.
Si elle était vraiment une danseuse du Frisky's, elle se
dévêtirait sur la scène, offerte à ses regards avides. Après, il
réclamerait une lap dance dans une alcôve secrète. Là, enfreignant
les consignes à plaisir, elle flatterait son sexe dressé et le
laisserait butiner ses seins, j u s q u ' à les rendre tous les deux fous
de désir et de frustration. Elle effectuerait le numéro suivant
dans un tel état d'excitation que les clients, voyant qu'elle ne
émulait pas, l'inonderaient de pourboires. A la fin, au moment
où elle se précipiterait dans sa loge pour se rhabiller et rentrer
chez elle le plus vite possible, A d am surgirait de l'ombre. Sans
un mot, il repousserait son cache-sexe trempé et la pénétrerait
sans préambule. Ils s'étreindraient dans un coin obscur avec
une rage animale, en gémissant de plaisir, sans se soucier des
regards indiscrets qui pourraient les épier.
— Petite coquine ! lui chuchota Adam à l'oreille, comme
s'il lisait dans ses pensées. Et si quelqu'un, tapi dans le noir,
m'observait en train de t e prendre comme une chienne lubrique
qui n'a même pas la pudeur de fermer l a p o r t e ? Notre voyeur
serait tellement excité qu'il ne p o u r r a i t s'empêcher de se
caresser à son tour, ajouta-t-il avec une pointe de malice. J'en
sais quelque chose.
Elle le regarda par-dessus son épaule.
— C'est v r a i?
Adam se poussa plus fort en elle tandis qu'il lui confiait ses
pensées secrètes.
— Crois-le ou non, mais tu me fais fantasmer depuis des
années. J'imaginais la courbe de tes seins, la couleur de tes
tétons, la moiteur entre tes j a m b e s . . .

nassamate 08-12-10 03:37 AM

Elle en profita pour agacer son clitoris, effleurant au passage
le sexe bandé d'Adam.
— Continue ! le pressa-t-elle, stupéfaite de l'entendre énoncer
ses propres fantasmes.
— Comment tes jolies petites fesses rebondies remueraient
pendant que j e t e posséderais, ton parfum, le goût de t a peau
sur ma langue...
Elle emprisonna ses bourses et se mit à les caresser du pouce,
lui arrachant un gémissement sourd.
— Et tu te touchais aussi ?
— Tout le temps, avoua-t-il en accélérant ses coups de reins,
tandis qu'elle accentuait la pression de ses doigts.
— Dis-moi en quelles occasions, insista-t-elle, ralentissant
l e mouvement pour lui permettre de répondre.
— Au mariage de Colin. TU portais une robe lie-de-vin sans
bretelles. Je voyais tes seins pointer en dessous. Figure-toi que
j ' a i dû prendre une douche glacée, ce soir-là.
— Tu aurais dû me le dire, je t'en aurais montré beaucoup
plus, fit-elle, se rappelant ce qu'elle avait enduré pour résister à
l'envie de se frotter contre lui sans retenue. Tu aurais aimé me
faire quoi, ce soir-là? Fais-moi voir.
Plaquant une main sur ses deux seins, il se mit à en pincer
et à en rouler les tétons entre deux doigts, alors que, refermant
son autre main sur son sexe, il entreprenait de cajoler le petit
bouton érigé et durci, et i l promena sa langue le long de son dos,
tandis que ses poussées se faisaient plus frénétiques.
Elle s'agrippa à la vasque pendant qu'il allait et venait en elle
de plus en plus vite, de plus en plus fort.
Leurs respirations haletantes emplissaient la salle d'eau exiguë.
L'attente devenait insupportable. Quand A d am lui mordilla
l'épaule, ce geste possessif fut le coup de grâce.

S'abandonnant au plaisir, elle cria son nom sans pouvoir
se retenir.
Elle avait l'impression qu'il la possédait de toutes parts, avec
son sexe qui tressautait profondément en elle, ses paumes lui
enserrant les seins et son souffle brûlant sur sa nuque, autant
de preuves de sa virilité dont elle aurait voulu être à j a m a is
prisonnière.
Il jouit à son tour, ses spasmes prolongeant ses palpitations à
d i e , j u s q u ' à ce qu'elle s'effondre sur le marbre froid du lavabo,
qui rafraîchit délicieusement sa peau incandescente.
— Oh, ma chérie ! C'était fantastique.
— Tu as enfin pu assouvir ton vieux fantasme de t'éclipser
tvec la demoiselle d'honneur?
— Mon seul fantasme, c'est toi, Bridget.
Elle resta sans voix : pendant des années, elle avait hanté les
rêves d'Adam, exactement comme il avait hanté les siens !
Le désir s'était-il mué en tendresse pour lui aussi?
Mais déjà il se retirait.
— On devrait f i l e r , ma douce. Les invités ne vont pas tarder
à partir.
Retour sur t e r r e !
Ils se débarbouillèrent en vitesse. Elle ne tenait plus sur ses
jambes, au point qu'Adam dut la soutenir et rajuster sa robe.
— D'habitude, tu m'aides à ôter mes vêtements, pas le
contraire, plaisanta-t-elle.
Il lui tendit son étole.
— Vu l'état d'excitation dans lequel tout le monde doit se
trouver, ce n'est pas le moment de courir de risque, dit-il en lui
frottant légèrement l'omoplate.
Elle tordit le cou pour mieux voir.
— Qu'est-ce que c'est?

— Un suçon, j ' e n ai peur, avoua-t-il d'un air contrit. Je te
promets de faire plus attention la prochaine fois.
Elle l'attrapa par sa chemise et lui planta un baiser fougueux
sur les lèvres.
— S u r t o u t p a s . J ' a d o r e q u a n d tu es c o m p l è t e m e nt
déchaîné.
— C'est toi qui me fais cet effet, dit-il en l'embrassant à perdre
haleine, j u s q u ' à ce que des pas résonnent dans l e couloir.
— Quelqu'un vient, fit-elle en essayant vainement d'ouvrir
la porte de la chambre. Tu l'avais fermée ?
— Evidemment. Les fantasmes, c'est une chose, mais je
n'allais pas laisser n'importe qui te reluquer.
— Oh, c h é r i!
Il sourit et déverrouilla la porte.
Sugar se matérialisa sur le seuil.
— Ça va, vous deux ? fit-elle d'une voix enjouée. Vous avez
filé si vite tout à l'heure que je croyais que vous étiez partis.
— Sans te dire au revoir? rétorqua Bridget avec dignité,
ignorant le gloussement d'Adam dans son dos. Merci pour cette
superbe soirée, Sugar, reprit-elle en l'embrassant. Le buffet, le
spectacle, t o u t . . . C'était vraiment génial.
Là-dessus, elle prit congé de son amie, penaude.
Quoi qu'en pense Adam, les règles de politesse avaient la
vie dure.

majdouline two 07-10-13 11:41 PM

ÑÏ: Collection audace: La brûlure de sens
 
dommage le roman est incomplet

Laila bouline 06-08-21 12:12 AM

ÑÏ: Collection audace: La brûlure de sens
 
Merci pour ce roman


ÇáÓÇÚÉ ÇáÂä 09:32 PM.

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