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**ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** 04-08-09 10:06 PM

Le piment de la passion, de Mia Zachary
 
Le piment de la passion,
un roman AUDACE
de Mia Zachary

**ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** 04-08-09 10:07 PM

« Dans ces pages, je me montre sensuelle et débridée, audacieuse et provocante. J’y rêve de l’amant qui révèlerait la femme sexy et désirable cachée en moi. Trouverai-je cet homme qui saura enflammer mes sens et qui me caressera selon mes désirs ? Et que ressentirai-je à faire l’amour avec ce parfait inconnu à qui je chuchoterai : Prends-moi, je suis à toi ? »
Lorsque Meghan écrit ces mots dans son journal intime, elle ne pense pas avoir la réponse à ses questions aussi rapidement. Mais lorsqu’elle rencontre le superbe Alex Worth, en vacances en Floride, elle le voit comme l’homme qui incarne tous ses fantasmes. Décidée à laisser libre cours à ses envies, elle ose enfin jouer les séductrices auprès d’Alex subjugué, qui répond à ses avances et devance même ses désirs les plus fous de manière troublante. A tel point qu’elle décide de vérifier dans son journal les détails de ce qu’elle a écrit. Mais le petit carnet relié a disparu…

**ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** 04-08-09 10:11 PM

Lundi 14 juillet

Qu’est-ce que cela donnera de faire l’amour avec un parfait inconnu ? De surmonter mes inhibitions et de le laisser m’explorer de la façon la plus intime ?

Tout au long de ces pages, sous le nom d’Elise, mon autre moi, je me suis montrée sensuelle et débridée, audacieuse et provocante. J’ai fantasmé au sujet de cet amant aux cheveux bruns qui révèle en moi la femme, sexy et désirable. J’ai rêvé de prendre des risques, de me laisser aller.

Ceci est la dernière page de mon journal — et le commencement d’une nouvelle vie.

Qu’est-ce que cela pourra bien donner de trouver un amant et de lui dire : « Prends-moi, je suis à toi » ?
Alex Worth parcourut le couloir en marbre à grandes enjambées en direction de sa chambre — sa suite. Jamais il n’aurait cru qu’un type comme lui séjournerait un jour dans un endroit tel que le Cayo Sueño Resort. Enfin une mission d’infiltration dotée de quelques attraits !

Rappelle-toi comment tu es arrivé ici, intervint la voix de sa conscience. N’oublie pas ce qui est en jeu.

Ignorant cette pointe de remords, il poursuivit son chemin. Là, sur sa gauche. Chambre — Suite 809. Il déverrouilla la porte et l’ouvrit en grand. Aussitôt, son regard fut attiré par une paire de sandales rouge cerise à talons aiguilles, négligemment abandonnée au pied du canapé. « Séduis-moi ! » semblaient-elles clamer.

Jetant un œil à la carte magnétique qui faisait office de clé, Alex vérifia le numéro de la chambre inscrit sur la porte. Non, il ne s’était pas trompé.

Son regard revint sur les sandales sexy. Quel accueil ! La chambre comportait donc aussi une femme !
— Bonjour ?

Il tendit l’oreille à l’affût d’un mouvement. Rien.

Après avoir posé son bagage dans l’entrée, il claqua la porte bruyamment. Toujours pas de réponse.

Il pénétra dans la suite, l’épaisse moquette étouffant le bruit de ses pas, et appela de nouveau.

— Il y a quelqu’un ?

Sa voix se répercuta sur les murs tapissés de tons clairs, sans plus de résultat.

Il passa la tête par la porte de la salle de bains. Aucune femme en vue. Seulement une trousse à maquillage sur la coiffeuse et un drap de bain humide pendu au porte-serviette.

Revenant dans le salon désert, il perçut pourtant un léger parfum de femme. Une senteur florale, délicatement boisée. Et sur le canapé étaient soigneusement étalés un soutien-gorge rouge vif bordé de dentelle et une culotte assortie.

Il eut un petit sourire. Qui était cette femme ? Les dessous avaient été arrangés minutieusement, comme si elle avait voulu se rendre compte de l’effet qu’ils auraient sur elle. Il ramassa le soutien-gorge et tenta d’imaginer la poitrine qui devait le remplir. Le léger satin lui glissa entre les mains. Hmm, ce toucher lisse et soyeux… Sans doute pareil à la peau de sa propriétaire.

Laissant tomber le soutien-gorge sur le canapé, il ramassa les sandales et se dirigea vers la chambre. Peut-être l’attendait-elle, nue, sur son lit ?

Eh non. C’eût été trop beau. Mais que se passait-il, bon sang ? Comment était-elle entrée dans sa suite et, plus important, où était-elle à présent ?

Deux petites valises étaient posées contre le mur, près du placard. Il posa les sandales par terre et déchiffra l’étiquette accrochée sur l’un des bagages. Apparemment, Meghan Elise Foster, habitant Baltimore, avait emprunté un vol d’American Airlines pour se rendre en Floride. Ce qui n’expliquait toujours pas pourquoi elle avait atterri dans sa chambre.

Alex savait qu’il ne pouvait se fier à rien ni à personne durant son séjour, pas même à une petite culotte rouge provocante. On ne comptait plus les bons agents qui s’étaient fait prendre à ce genre de piège. Il serait bientôt présenté au tristement célèbre Frankie Ramos par Rogelio Braga, son contact dans le cartel de Miami. Par conséquent, il était hors de question d’oublier que sa venue à Cayo Sueño était strictement professionnelle — et très risquée.

Une troisième valise gisait ouverte sur le lit, à moitié vidée, comme si sa propriétaire avait été interrompue au beau milieu de sa tâche. Il en fouilla le contenu sans le moindre remords. Il travaillait en sous-marin depuis trop longtemps pour s’embarrasser de considérations telles que la vie privée des gens. Il fallait qu’il sache qui était cette femme.

La culotte coquine et les sandales couleur du péché s’accordaient mal avec les habits étalés sur le lit. Des vêtements de marque et de bonne qualité, mais sans fantaisie. Les jupes étaient longues, les décolletés sages et les coloris classiques — pas le moindre motif en vue.

A l’inverse, la lingerie était tout simplement affriolante. Il reconnut les modèles qui remplissaient les catalogues de son ex-femme, encore adressés chez lui. Des balconnets fleuris aux couleurs vives, des strings en satin et des guêpières en dentelle débordaient de la valise, la plupart toujours pourvus de leurs étiquettes.

Bizarre… Peut-être que Mlle Foster traversait une crise d’identité. S’il pouvait le comprendre, cela le mettait néanmoins mal à l’aise. Il s’apprêtait à tourner les talons quand il remarqua un petit livre relié dans le fauteuil placé près de la fenêtre. On aurait dit un carnet d’adresses ou un agenda.

Curieux, il le ramassa et l’ouvrit au hasard. Les pages étaient couvertes d’une écriture fine et régulière. Pas de doute, il venait de tomber sur le journal intime de Mlle Foster !

Lorsque le sens des mots qu’il était en train de lire arriva enfin à son cerveau, il retint son souffle.

Waouh !

Le voilà qui apparaît, rayonnant dans sa nudité. Grand, musclé, d’une beauté à couper le souffle, mon amant imaginaire se tient devant moi, à portée de main, sous la chute d’eau. Comme il tend les bras vers moi, le soleil fait scintiller les gouttelettes qui roulent le long de son corps sublime. Il s’avance et s’offre à moi. Rien ne pourrait plus me séduire, me flatter, que la preuve saillante de son désir à mon égard.

L’image s’imprima au fer rouge dans le cerveau d’Alex. Le corps enflammé, il sentit un étau enserrer sa poitrine et son pouls s’affoler. Il referma le carnet d’un coup sec, puis le jeta dans le fauteuil, comme s’il lui brûlait les doigts. Le petit recueil glissa à terre, les pages ouvertes.

Alex le contempla une seconde. Papier crème, écriture fine, couverture bleue à motifs cachemire… Brusquement, le désir l’emporta sur son intégrité. Il ramassa le carnet et le feuilleta jusqu’à ce qu’il retrouve l’épisode de la cascade.

Il m’enlace, me soulève, sans cesser d’explorer ma bouche de ses baisers, et me guide sur lui. Nos corps s’unissent. Le plaisir me surprend et je crie sous les assauts répétés de sa virilité. Nous nous accouplons sous la cascade. M’empoignant, il me colle à lui. Mon corps glisse et s’empale encore et encore…

Toc, toc !

Pris en flagrant délit, Alex referma le carnet d’un coup sec. L’espace d’une seconde, un flot d’adrénaline se déversa dans ses veines, le mettant en alerte. Ce ne pouvait être Mlle Foster, songea-t?il. Elle n’aurait pas frappé. Il n’y avait que deux personnes qui savaient à coup sûr où il était en cet instant : l’un des deux était son allié, l’autre sa cible. Or son coéquipier n’était pas censé arriver si tôt.

Instinctivement, il tendit la main vers la ceinture de son jean. Mais son Beretta était resté à Miami, avec son badge et ses vrais papiers. Le petit génie de la finance qu’il était censé incarner ne portait pas d’arme. Il fallait qu’il se reprenne — et vite.

Son nom : Nicholas Alexander. Son travail : courtier dans une petite société à Coral Gables. La raison de sa venue : proposer aux responsables du cartel différents moyens pour blanchir les revenus du trafic de drogue.

Que le spectacle commence !

Attrapant la poignée de la porte, il ferma les yeux une seconde et s’efforça de calmer les battements de son cœur. Il se rappela l’éclair du canon. Le claquement du coup de feu. La douleur. Rouvrant les yeux, Nick déglutit avec effort et ouvrit la porte.

Un garçon d’étage se tenait devant lui, un sourire professionnel plaqué sur le visage.

— Monsieur Alexander ? J’ai une livraison pour vous.

Alex ne laissa rien paraître de son soulagement. Il transféra le petit carnet qu’il tenait à la main dans sa poche.

— Faut-il que je signe quelque part ?

— Non, monsieur. C’est envoyé par quelqu’un à l’intérieur du complexe hôtelier.

Le garçon lui tendit une bouteille de champagne et lui souhaita un bon après-midi.

De retour dans le salon, Alex la posa ainsi que le petit mot qui l’accompagnait sur la table basse. Tout allait bien. Ce n’était qu’une livraison. Le moment n’était pas encore venu d’affronter Braga. Il pouvait se détendre.

Malheureusement, son corps n’était pas aussi prompt à récupérer que son esprit.

Se laissant tomber sur le canapé, il posa les coudes sur ses genoux et se força à inspirer profondément. Il se frotta les mains sur le visage, agacé de sentir les gouttes de sueur qui perlaient sur son front. Ces attaques de panique se faisaient de plus en plus fréquentes. Trop fréquentes.

Un mélange profond de frustration, de ressentiment et de colère le submergèrent d’un coup, et ses yeux se mirent à le piquer. La sensation de nausée était en train de se dissiper, mais son assurance en avait pris un sale coup. Il fit courir ses doigts le long de la cicatrice qui marquait sa tempe.

Qu’est-ce qui m’arrive, merde ?

Il avait passé les huit dernières années à la DEA, l’agence fédérale de lutte antidrogue, dont trois ans et demi à la division des opérations spéciales, la DOS, qui regroupait les meilleurs agents, procureurs et analystes de la DEA, du FBI et des services des douanes américaines. Lui-même se considérait comme l’un des éléments les plus brillants de la DOS. Toujours volontaire pour partir en mission, rien ne l’excitait plus que son boulot. Oui, son boulot était toute sa vie. Du moins, jusqu’à ce fichu jour à Overtown, six semaines plus tôt.

Le rendez-vous avait mal tourné. Une indic les avait doublés, son équipe et lui, et il y avait eu des coups de feu. Résultat : la fille avait été tuée ainsi qu’un agent fédéral, et la couverture d’Emelio, son coéquipier, avait été grillée. Quant à Nick, il avait sans le vouloir sauvé la vie de Rogelio Braga, mais avait fini à l’hôpital avec une sale blessure au front.

Ce dernier mois, son anxiété s’était muée en une véritable panique. Stress post-traumatique, selon le psychologue de la DEA. La plupart des agents ayant subi un choc présentaient les mêmes symptômes, lui avait-on expliqué avec patience avant de lui prescrire une thérapie. Malgré sa méfiance, Alex avait suivi toutes les séances obligatoires, serrant les dents et opinant du chef.

Post-traumatique, mon cul ! J’ai du mal à dormir, c’est tout.

A présent, l’enquête touchait à sa fin. L’issue était proche. Et plus la pression s’intensifiait, plus la peur de recevoir une balle en pleine face le terrifiait. Il haïssait sa propre faiblesse. Et il commençait à détester ce boulot.

Il prit la bouteille de champagne et inspecta l’étiquette avant de lire le petit mot qui l’accompagnait.

« Bienvenue à Cayo Sueño, Alexander. J’espère que ce petit cadeau te fera plaisir. Fais en bon usage !

Braga. »


Hum ! un cadeau ? Le léger parfum qui flottait dans l’air lui chatouilla les narines. Il fallait qu’il retrouve cette Meghan Foster et qu’il détermine si elle s’était retrouvée dans sa chambre exprès ou par accident. Dans tous les cas, il espérait bien avoir l’occasion de la voir avec ses sandales couleur du péché.

— Rien ne vaut une bonne dose de Sea, sex and sun. Ça vous dit d’essayer avec moi ?

Meghan Foster sentit un doigt pointu lui labourer les côtes. Se retournant, elle se retrouva nez à nez — ou plutôt le décolleté au niveau des yeux — avec l’homme le plus poilu qu’elle ait jamais rencontré. Le pelage qui lui recouvrait le torse et le menton faisaient plus que compenser l’absence totale de cheveux sur son crâne.

— Excusez-moi ?

Reculant contre la rambarde de la terrasse, elle se retint de croiser les bras sur sa poitrine en un geste défensif.

— C’est un jeu de mots. Le Sea, sex and sun est un cocktail. Vous connaissez ?

Il leva devant elle un verre orné d’une ombrelle en papier et rempli d’un liquide rosé.

— Alors ? Ça vous dit ? Je vous fais découvrir le goût du Sex sur la plage ?

Elle ne put réprimer un frisson en imaginant le petit homme frétiller sur le sable, avec ses poils et son sourire édenté.

— Euh… non, je vous remercie.

— Tu ne sais pas ce que tu loupes, ma jolie.

— Je crois que si.

Le gnome haussa ses épaules velues et partit en quête d’une nouvelle victime.

Nombre de ses fantasmes prenaient place au bord de l’eau. Elle avait même réécrit dans son journal une version personnelle du film Le Grand Bleu. Mais le prochain mâle qui lui proposerait de faire l’amour sur la plage avait intérêt à être plus jeune, plus grand, et à ressembler à Tarzan plutôt qu’à Sheeta.

Sur la terrasse inférieure, un groupe de musiciens jouait un air de Calypso. Elle commença à onduler des hanches au rythme des percussions, tout en observant la foule alentour avec une incrédulité amusée. La réception de bienvenue s’était transformée en un joyeux désordre et débordait maintenant sur la terrasse qui surplombait la piscine principale.

L’eau turquoise réfléchissait les rayons du soleil. Eblouie, Meghan plissa les yeux et repoussa ses lunettes sur son nez. En cette fin d’après-midi, de légers nuages gris s’étiraient dans le ciel sans toutefois parvenir à dissiper la chaleur. Pourquoi s’était-elle habillée comme ça ? Son chemisier de soie collait à sa peau ; quant à son bermuda en lin, il lui semblait lourd et épais. Avalant une dernière gorgée de soda, elle reposa son verre en cristal sur la rambarde et se tordit le cou de gauche à droite à la recherche de sa sœur. Responsable des activités de loisirs à Cayo Sueño, Julie avait économisé en secret pour lui offrir ces vacances bien méritées.

Meghan sourit. Sa mère, dans le coup elle aussi, lui avait même fait promettre de ne pas bien se tenir. Ce qui tombait bien puisqu’elle n’avait absolument pas l’intention d’être une gentille fille. Cette semaine sur une plage de rêve serait un nouveau départ, le début de sa nouvelle vie. Hors de question d’en gâcher une seule minute. Tournant son visage vers le chaud soleil de Floride, elle crut sentir dans l’air gorgé d’humidité un parfum torride, piquant, voire un peu dangereux.

Comme mon nouveau moi — torride, piquante, voire un peu dangereuse.

Guindée, froide, assommante, tels étaient les qualificatifs qu’avait employés Rob à son sujet. Il lui avait jeté ces insultes à la figure le jour où elle avait trouvé chez eux une petite culotte qui ne lui appartenait pas. Jamais, de sa vie, elle n’avait porté une culotte ouverte à l’entrejambe.

Comment avait-elle pu se montrer aussi stupide ? Quand Rob lui avait raconté qu’il devait travailler tard le soir, elle l’avait cru. Lorsqu’il lui avait dit qu’il s’absentait pour voyage d’affaires, elle ne s’était doutée de rien. Et pendant tout ce temps-là, lui s’était envoyé en l’air avec cette blonde siliconée, une nymphomane de son bureau.

Meghan l’avait alors accusé de la tromper. Il n’avait même pas pris la peine de nier — ce qui l’avait plus blessée que la liaison elle-même. Et, cerise sur le gâteau, il avait reporté toute la faute sur elle, l’accusant d’être bien trop froide pour le satisfaire. Il avait enfin trouvé une vraie femme, sexy, aventureuse et sophistiquée — bref, tout son contraire. Tout ce qu’elle ne serait jamais, ailleurs que dans son journal intime.

En plus de la briser émotionnellement, cette trahison avait détruit le peu de confiance qu’elle avait en son sex-appeal. Bien sûr, elle avait toujours su que leur couple manquait de spontanéité. Lorsqu’ils faisaient l’amour, quelque chose la retenait de se donner complètement. Mais…

Repoussant le flot de souvenirs, elle renforça sa détermination à aller de l’avant. Il était trop tard pour se lamenter sur le passé.

Ce qu’il lui fallait, c’était une liaison, à elle aussi. Une aventure purement sexuelle, sans remords ni regrets. Le type de rencontre qu’elle n’avait jamais vécu que sur le papier. Cette semaine, elle allait enfin vivre, s’amuser, se dévergonder ! Elle allait se transformer en déesse du sexe. Il ne lui restait plus qu’à trouver le type idéal…

Un doigt lui laboura de nouveau les côtes. Laissant échapper un soupir d’impatience, elle fit volte-face, le regard tourné vers le bas et les sourcils froncés, bien décidée à envoyer balader ce satané gnome poilu.

— Je vous dis que c’est non, pour le Sex !

Les mots moururent sur ses lèvres. Ecarlate, elle cligna des paupières à plusieurs reprises. Ce n’était plus le gnome, oh, ça non ! Lentement, elle arracha son regard à la contemplation d’une braguette de jean admirablement bien porté et releva lentement la tête.
Taille mince, torse large recouvert d’une chemise hawaïenne bleu et jaune, bras musclés, épaules carrées et, pour finir, visage souriant à la beauté rude… Il était superbe. Sur son haut front, ses cheveux noirs ébouriffés semblaient dire « coiffez-moi ! » et elle dut réprimer l’envie de vérifier par elle-même s’ils étaient aussi soyeux qu’ils le paraissaient.

Oh là là… Comble de l’insolence, un minuscule anneau en or brillait à son oreille gauche.

Le pirate haussa les sourcils d’un air interrogateur. C’est alors qu’elle remarqua le sillon qui allait se perdre dans son cuir chevelu. Et sa bouche. Hmm ! sa bouche… pleine, charnue, appelant les baisers… Ses lèvres s’étirèrent en un sourire à la fois amical et sexy, découvrant des dents blanches et régulières. Grand, brun, sublime, ce mauvais garçon semblait tout droit sorti de ses fantasmes.

Il est parfait, songea-t?elle en frémissant d’excitation. Tout simplement parfait.

C’est alors qu’elle aperçut son propre reflet, bouche bée, dans les lunettes de soleil de l’inconnu. Gênée, elle tenta de se redonner une contenance.

— Je ne savais pas que j’étais dans un club de ce genre, poursuivit-il. D’habitude, il faut au moins que je demande avant d’être repoussé.

Le timbre légèrement voilé de sa voix la fit frissonner des pieds à la tête. Qui donc se montrerait assez stupide pour le repousser ? Elle remonta ses lunettes sur son nez. Ce type était trop beau pour être vrai.

— Je… je croyais que c’était quelqu’un d’autre.

Le sourire du pirate s’intensifia, trahissant son amusement — et son intérêt.

— Vous voulez dire qu’avec moi, c’est oui, pour le sexe ?

— Je veux dire… Oh ! oubliez ça.

Il éclata d’un rire animal.

Vite, un trou de souris, tant qu’elle conservait encore un semblant de dignité ! Non, impossible de bouger. Comme clouée au sol, elle continua de dévisager l’homme de ses fantasmes, sans oser sauter le pas. Maintenant qu’elle avait trouvé le parfait inconnu, elle n’était plus si sûre de pouvoir aller jusqu’au bout.

Jusqu’à ce qu’il lui sourie de nouveau, son visage rayonnant d’une sensualité brute et dangereuse.

Quelle apprentie déesse du sexe aurait pu y résister ?

**ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** 04-08-09 10:17 PM

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<FONT face="Comic Sans MS"><FONT size=5><SPAN style="FONT-FAMILY: Arial; LETTER-SPACING: 0.15pt; FONT-SIZE: 8pt">Il a tout ce que j’ai toujours désiré chez un homme, tout ce dont j’ai toujours rêvé. Quand il apparaît, c’est comme si je le reconnaissais entre tous. Il y a quelque chose d’instinctif entre nous. Nos yeux se croisent, nos âmes entrent en harmonie.

cocubasha 05-08-09 01:06 AM



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**ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** 05-08-09 07:58 PM

Il a tout ce que j’ai toujours désiré chez un homme, tout ce dont j’ai toujours rêvé. Quand il apparaît, c’est comme si je le reconnaissais entre tous. Il y a quelque chose d’instinctif entre nous. Nos yeux se croisent, nos âmes entrent en harmonie.

— Vous êtes très différente de celle que j’imaginais.

— Pardon ?

Meghan cligna des yeux, essayant de focaliser son attention sur le pirate, plutôt que sur ses phéromones en folie.

— C’est-à-dire que vous êtes très habillée pour un club de bord de mer, remarqua-t?il avec un drôle de sourire. Jolies chaussures !

Elle baissa les yeux sur ses sandales blanches à talons hauts, assorties à son bermuda en lin.

— Je suppose que je ne me suis pas encore mise en mode vacances.

D’un hochement de tête, il indiqua la foule qui les entourait.

— Sacrée fête, hein ?

— &Ccedil;a s’améliore de minute en minute.

Serais-je en train de flirter, là ? Apparemment, oui. Génial ! Continue !

Le pirate se rengorgea, paraissant encore plus grand — si c’était possible.

— C’est aussi ce qu’il me semblait.

Elle baissa les yeux, incrédule. Ce type la bombardait de signaux et elle ne savait comment lui répondre. Gênée, elle se dandina d’un pied sur l’autre, tripotant le bracelet en or à son poignet.

— Vous êtes un habitué ?

— C’est la première fois que je descends dans cet hôtel, mais je passe pas mal de temps à Key West.

— Que faites-vous, dans la vie ?

— Je suis courtier.

Elle jeta un coup d’œil à sa chemise. Même un aveugle aurait pu distinguer ses couleurs criardes à un kilomètre de distance.

— J’avoue que j’ai du mal à vous imaginer en train de passer des ordres en Bourse.

— Les voyages d’affaires se placent sous le signe de la décontraction… Et vous ?

Il n’eut pas le temps de répondre. Bousculé par un client, il avança d’un pas vers Meghan. Sa main droite lui effleura accidentellement un sein, et elle sentit aussitôt un frisson d’excitation la parcourir, lui coupant le souffle.

Bon sang ! si elle réagissait ainsi à un contact involontaire, que se passerait-il quand il s’enhardirait et la caresserait ?

Il la considéra avec curiosité. Emportée par son imagination, elle en avait oublié la question qu’il lui avait posée.

— Oh, euh… Je travaille pour un avocat.

— En tant qu’assistante ?

— Oui. Je prépare les procès, je transmets les documents à la cour, j’interroge les témoins…

Elle s’interrompit. Cela n’avait aucun intérêt. Passant une main moite dans ses cheveux, elle se racla la gorge et termina :

— De toute façon, je reprends mes études à l’université de droit de Miami cet automne.

— Vous serez donc bientôt avocate, déclara-t?il, avant de plaisanter : saviez-vous que maintenant, on utilise des avocats pour les expériences en laboratoire ? Il paraît qu’il y a certaines choses que même les rats refusent de faire.

Elle s’esclaffa.

— On ne me l’avait jamais sortie, celle-là ! Blague à part, je compte me spécialiser en droit civil, pas en droit pénal. Je veux faire de l’arbitrage et de la médiation judiciaire.

— Alors, ce sont sans doute vos dernières vacances avant longtemps. Qu’elles soient mémorables !

Il leva sa bouteille de bière vers elle en guise de toast. A nouveau, un frisson la parcourut, et ses joues se teintèrent de rose. La voix de son pirate était chaude et profonde, sensuelle comme le crissement de draps en satin froissés par le va-et-vient des corps…

Des éclats de rire et des applaudissements la ramenèrent sur terre.

— On va voir ce qui se passe ? proposa-t?il en lui offrant galamment le bras.

Elle posa la main au creux de son coude. Sa peau était chaude, et le contact de ses poils, soyeux. Là où elle le touchait, le bout de ses doigts faisait des étincelles, lui envoyant des décharges dans tout le corps.

Après leur avoir frayé un chemin jusqu’à l’autre bout de la terrasse, il lui dégagea une place contre la rambarde et se plaça juste derrière elle. La chaleur de son corps lui parvenait à travers ses vêtements. Tout émoustillée, elle ressentit une irrépressible envie de frotter ses fesses contre sa braguette.

Penchant légèrement la tête de côté, le plus subtilement possible, elle étudia du regard cet homme qui venait de surgir de ses fantasmes, puis le débarrassa mentalement de son horrible chemise et de son jean moulant. Son corps était parfait, elle l’aurait juré. Mince, athlétique, ferme. Dur. Comme du roc.

Ces frissons qui la parcouraient, cette chaleur qui irradiait entre ses cuisses, c’était bien du désir, non ? Et si elle ressentait du désir, cela signifiait qu’elle n’était pas frigide. La réaction de son corps en présence de cet homme sublime prouvait qu’elle était une femme normale avec des appétits sexuels normaux.

Il avait dû sentir son regard, parce qu’il baissa les yeux vers elle et lui adressa un petit sourire entendu. Vue ! Les joues en feu, elle expira en silence avant de reporter son attention sur la scène en contrebas.

Les employés de Cayo Sue&ntilde;o s’y étaient réunis et se présentaient tour à tour, égrenant leurs noms et leurs fonctions.

Elle les écouta distraitement jusqu’à ce que sa sœur saisisse le micro. L’uniforme d’un blanc éclatant faisait ressortir son bronzage et mettait en valeur sa magnifique silhouette. Julie décrivit avec un enthousiasme communicatif toutes les activités possibles à l’intérieur du complexe et autour de l’île.

— Personnellement, je pense que sept jours ne suffiront pas pour profiter de tout ce que nous avons à vous offrir !

A ces mots, Meghan sentit le pirate se pencher vers elle. Son souffle chaud lui chatouilla la nuque.

— J’ai comme la bizarre impression de m’être embarqué sur La croisière s’amuse, murmura-t?il à son oreille.

Elle éclata de rire et se retourna vers lui.

— Espérons qu’on ne nous obligera pas à faire une course en sac !

Il lui sembla qu’il la fixait intensément du regard, mais, avec ses lunettes noires, elle n’aurait pu le jurer. Elle aurait tant voulu qu’il les enlève. Avait-il les yeux verts, comme l’homme de ses fantasmes ?

Oh, je vous en prie, faites qu’ils soient verts !

Julie continuait d’énumérer au micro les magnifiques excursions possibles autour de Key West, dont le parc national des Dry Tortugas. Après avoir souhaité de fabuleuses vacances à tout le monde, elle conclut :

— J’en profite, puisque tout le monde est suspendu à mes lèvres. La jeune femme sur la terrasse du haut, en chemisier beige et bermuda blanc, c’est ma sœur.

Abasourdie, Meghan la vit lui adresser de grands signes de la main. Aussitôt, une centaine de paires d’yeux se tournèrent vers elle et la dévisagèrent avec curiosité, la pétrifiant sur place.

— C’est la première fois en deux ans que Meghan prend des vacances, et elle vient tout juste d’arriver à Cayo Sue&ntilde;o. Je suis sûre que vous allez tous l’aider à rendre son séjour mémorable. Merci et bonnes vacances !

Pour la millionième fois de sa vie, Meghan regretta de ne pas être fille unique.

— Julie Ann Foster, je vais te tuer !

— Ce n’est pas une chose à dire devant témoins.

Le pirate… Pivotant vers lui, elle s’aperçut qu’elle n’avait qu’à lever le visage pour l’embrasser. Il avait posé ses deux bras sur la rambarde, de part et d’autre d’elle. Autant dire qu’elle était dans ses bras. Malgré son embarras suite à l’annonce de sa sœur, son corps s’enflamma.

— Ce n’est pas drôle, marmonna-t?elle. Il y a peut-être un fou dangereux parmi les clients de l’hôtel, et maintenant, grâce à ma sœur, il connaît mon nom.

— Al…

Ses mots s’étranglèrent dans sa gorge. Il se reprit et lui tendit la main.

— Nick. Nicholas Alexander. Je ne suis pas un fou dangereux, promis.

Elle s’esclaffa et avança la main à son tour. Lorsqu’il la prit dans sa large paume, la douceur de sa poigne la surprit.

— Ravie de faire votre connaissance, Nick.

Il retira ses lunettes de soleil, et elle découvrit — enfin ! — ses yeux. Ils avaient la couleur vert d’eau des jeunes pousses et de longs cils noirs. Encore mieux que dans ses rêves les plus fous !

Sa main toujours dans la sienne, il pencha la tête afin de mieux l’observer.

— Et vous, vous êtes Meghan Elise Foster de Baltimore.

Comment le savait-il ? Surprise, elle retira sa main.

— En effet.

Il la dévisageait avec une telle intensité qu’il semblait atteindre son âme. Personne ne l’avait jamais déshabillée ainsi du regard. Elle aurait pu se perdre dans ces yeux-là. Ainsi que dans ce sourire mi-taquin, mi-sexy, qui animait son visage.

— Dans ce cas, vous portez de très beaux dessous.

— Pardon ?

Elle posa un bras sur ses seins comme pour masquer son soutien-gorge.

Son ton était bien trop intime, et il avait un air de connivence qu’elle ne comprenait pas. Il fit courir son regard sur elle, de haut en bas puis de bas en haut.

— L’ensemble en dentelle rouge. Très sexy.

Où avait-il vu ses sous-vêtements ? A part la vendeuse du magasin de lingerie, personne n’était au courant.

— Je peux savoir de quoi vous parlez ?

— Vous les avez laissés traîner sur mon canapé.

— Votre canapé ?

— Il semblerait que vous vous soyez installée dans ma suite par erreur. &Ccedil;a ne me dérange pas, mais j’ai pensé que vous aimeriez être mise au courant.

— C’est sans doute une erreur, répondit-elle en cherchant sa clé magnétique dans son sac. Regardez : c’est bien la suite 809.

— Non, vous la tenez à l’envers.

Il prit son poignet et le retourna, jusqu’à ce que la carte apparaisse dans le bon sens.

— Vous avez la 608. La 809, c’est la mienne.

Elle haussa les sourcils, incrédule.

— Mais cette clé ouvre la 809 !

— Alors, j’ai hâte d’être à ce soir pour vous voir dans ces dessous affriolants.

Il lui fit un clin d’œil accompagné d’un sourire charmeur qui atténuait l’arrogance de sa remarque. D’un seul coup, elle sentit sa bouche s’assécher.

La morsure froide de la pluie électrisa la peau nue d’Elise au moment où le corps torride de son amant entrait en contact avec le sien…

Elle s’obligea à déglutir et se concentra sur le problème présent. Adoptant une attitude décidée, elle glissa son sac en bandoulière sur son épaule.

— Allons vérifier ça, voulez-vous ?

A la réception, ils se joignirent à d’autres vacanciers en prise avec le même problème. Le directeur de l’hôtel présenta ses excuses à tout le monde, expliquant que l’ordinateur avait malencontreusement attribué les mêmes codes d’accès à plusieurs chambres.

Un quart d’heure plus tard, après avoir été escortée par un garde qui avait insisté pour être présent à l’ouverture de la porte, Meghan se retrouva seule dans une chambre avec l’homme le plus attirant de la Terre. Et dans un état digne d’une adolescente en chaleur. Elle dut se racler la gorge avant de réussir à parler.

— Merci de l’avoir renvoyé. J’ai bien cru qu’il allait me fouiller.

— Je m’en chargerai moi-même.

Plein de sous-entendus, il posa une main sur le mur, tout contre elle.

— Quelque chose à déclarer ? Boîtes d’allumettes ? Bonbons à la menthe ?

La défiant du regard, il effleura son bras nu du bout des doigts. Elle eut du mal à ne pas baisser les yeux. Puis il se pencha sur elle. Le ventre noué, elle retint son souffle.

Oh, mon Dieu… Il va m’embrasser !

Elle posa la paume sur sa poitrine pour l’arrêter. Un courant brûlant irradia à travers le tissu tape-à-l’œil, et sous sa main, elle sentit son pouls s’affoler et s’accorder au sien.

Jusqu’à ce qu’une panique soudaine vienne la submerger.

Elle remua nerveusement. Est-ce qu’il la prenait pour une allumeuse ? Certes, elle voulait prendre un peu de bon temps, mais pas aussi vite que ça. S’ils continuaient ainsi, ils risquaient de faire l’amour ici et maintenant, sur la moquette. Hmm ! En y pensant, ce serait plutôt une bonne idée… Mais non. Pas tout de suite.

Elle le vit baisser les yeux sur sa main puis la regarder de nouveau. Soudain troublée par cette intimité, elle retira sa main. Guindée. Inexpérimentée. Embarrassée.

— Rien à déclarer, dit?elle d’une voix qu’elle espéra assurée. Si ce n’est un savon parfumé et un shampooing spécial pour les séjours en bord de mer.

Elle se faufila sous son bras tendu et se précipita vers la chambre, histoire de refaire ses bagages.

— En parlant de choses à déclarer…

A son ton moqueur, elle se retourna. Il se tenait dans l’embrasure de la porte de la chambre, une petite culotte et un soutien-gorge en dentelle rouges à la main. Elle sentit ses joues s’enflammer.

— … Je vous les rends à regret.

Il la regardait droit dans les yeux tout en caressant le fin tissu entre son pouce et son index, comme pour s’assurer de sa qualité.

Ses doigts frôlèrent l’échancrure du string d’Elise, chatouillant la peau sensible au creux de ses cuisses, avant de se glisser dessous…

Clignant des paupières, elle essaya de se concentrer. La bouche de Nick était entrouverte en un sourire espiègle, à croire qu’il lisait dans ses pensées, et ses yeux la défiaient.

Très bien. Elle pouvait lui tenir tête. Le menton levé, les épaules bien dégagées, elle s’avança vers lui et tendit la main afin de récupérer ses sous-vêtements. Une nouvelle décharge l’électrisa quand il effleura la paume de sa main du bout des doigts.

Aussitôt, elle eut un nouvel accès d’anxiété.

Qu’est-ce qu’il lui prenait de flirter avec un type tel que lui ? Il pouvait avoir n’importe quelle femme et n’avait sans doute que faire de quelqu’un comme elle. Une bouffée d’envie et de solitude lui déchira la poitrine. Elle était nulle, frigide…

Stop ! Voilà qu’elle recommençait.

Repoussant ses doutes, elle canalia ses pensées sur la mission qu’elle s’était fixée : séduire un homme agréable à regarder et passer avec lui une semaine débridée. Eh bien ! elle en avait trouvé un, et il était parfait. Nick correspondait en tout point à l’amant qu’elle décrivait à longueur de pages dans son journal intime. Son regard fascinant et même un peu dangereux lui parlait d’aventure et d’érotisme.

Demande-lui.

Elle toussota, préparant sa voix la plus suave. Mais hésita juste une seconde de trop. Et s’il la rejetait, l’humiliait ? Et d’abord, pourquoi se précipiter ainsi ? Elle pouvait au moins prendre le temps de vérifier qu’il n’était pas un fou dangereux avant de l’inviter dans son lit.

Elle baissa les yeux en lui prenant ses sous-vêtements des mains. Elle ne voulait pas affronter son regard sûrement moqueur devant sa tentative ratée de séduction.

— Merci.

— Tout le plaisir est pour moi, répondit-il chaudement. La dentelle rouge, je n’aurais jamais cru que c’était votre style.

Elle serra les lèvres. Meghan n’était peut-être pas une déesse du sexe, mais Elise si. La dentelle rouge, c’était tout à fait son style, et elle pouvait mettre n’importe quel homme à ses pieds, lui compris.

— Vous ne me connaissez pas assez pour dire quel est mon style, répliqua-t?elle d’une voix qu’elle voulut provocante mais qui s’étrangla à moitié dans sa gorge.

Les larmes aux yeux, elle tourna les talons et regagna la chambre. Posant son sac à main sur le lit, elle ouvrit la valise la plus proche afin d’y fourrer ses sous-vêtements.

Un chagrin trop familier l’envahissait. Timide, apeurée, à la merci du moindre sarcasme… C’était bien elle. Elle n’avait pas changé. Comme elle était risible, à vouloir jouer les affranchies !

Plus intrigué que jamais, Alex vit le feu refluer et Meghan se replier sur elle-même. Cette femme était une contradiction vivante. Les pages de son journal intime étaient torrides à s’en brûler les doigts, mais elle se comportait comme une gamine effarouchée.

Etait-ce vraiment la même personne ?

S’adossant à la commode, il croisa les bras sur sa poitrine et l’étudia du regard. Meghan Elise Foster de Baltimore ne correspondait pas du tout à ce qu’il s’était imaginé. La description que lui avait donnée la femme de chambre ne lui avait pas fait honneur.

Les cheveux courts, bouclés, encadraient un visage fascinant. Derrière les lunettes à fine monture, ses yeux avaient la couleur ambrée d’un bon single malt. Chauds et pétillant d’intelligence. Sa peau dorée était lisse et sans défauts, régulièrement pigmentée par une touche de rouge qui lui montait aux joues. Elle avait des taches de rousseur sur le bout du nez et un petit menton volontaire.

Quant à son corps… Un vrai délice. Ses seins, petits et ronds, épousaient parfaitement la forme d’une paume. Ses hanches étaient tout en courbes, ses fesses superbes et ses jambes interminables qu’il mourait d’envie de voir s’enrouler autour de sa taille.

Elle s’affairait dans la pièce avec grâce, prétendant l’ignorer. Mais les fréquents coups d’œil qu’elle lui jetait la trahissaient. Il eut un sourire narquois. Elle en faisait un peu trop.

— Je peux vous aider ? s’enquit-il en s’approchant.

— Je m’en sors très bien toute seule, merci.

Elle sortit ses T-shirts en coton, ses bermudas en lin et son maillot de bain une pièce de la commode. Les vêtements, pliés avec soin, furent transférés sans le moindre faux pli dans la valise. En passant devant lui, elle l’effleura presque, et son parfum exotique mit tous ses sens en alerte.

— Quel est votre parfum ?

Elle s’arrêta net.

— C’est une huile parfumée. Fleurs de calendula.

— Elle vous correspond tout à fait.


— Ah bon ? Pourquoi ? demanda-t?elle, visiblement partagée entre méfiance et curiosité.

Il inclina la tête sur le côté, rassemblant les différentes informations qu’il avait apprises à son sujet.

— De la douceur… avec une pointe de piment.

Elle lui sourit, ravie du compliment. La petite fossette qui apparut au coin de sa bouche ajoutait de la personnalité à son sourire charmant. Avec quelle ardeur il désirait cette bouche… Il se sentait prêt à commettre des folies pour elle. Cette femme avait le mot « danger » écrit en lettres de feu sur son front. Une vraie beauté fatale.

Mais le danger, lui souffla la voix de la raison, c’était justement ce qu’il devait éviter. Il devait à la fois remplir sa mission et prouver à la DEA qu’il était encore un bon agent, malgré le fiasco d’Overtown. Rigueur et professionnalisme, tels étaient ses mots d’ordre. Il n’avait pas besoin de distractions dans le genre de Meghan.

Seulement, son corps, lui, s’opposait fermement à sa raison.

Lorsqu’elle se baissa pour ramasser les sandales rouges, son imagination s’emballa. Il se la représenta allongée sur le lit, vêtue uniquement de ses talons aiguilles couleur du péché et lui lisant son journal intime à voix haute. Il se dandina d’un pied sur l’autre pour soulager la pression qui avait monté d’un cran contre sa braguette.

— Je me suis mal exprimé, tout à l’heure, déclara-t?il. Je voulais dire que chez une femme de votre classe, on s’attend plutôt à trouver des sous-vêtements blancs, roses ou crème.

— Exact.

Remarquant la petite veine qui palpitait dans son cou, il s’imagina dans le rôle du prédateur, rôdant autour de l’enclos.

— Mais je parie que la dentelle rouge vous va à merveille.

— En effet.

Elle soutint son regard — avec aplomb cette fois. Le feu s’était rallumé, effaçant son regard triste, et il la reconnut. Pas de doute, c’était Elise, la vraie femme qui se cachait dans ce corps de rêve.

— Et si vous me faisiez un petit défilé ?

— Et si nous conservions une part d’imagination ? Je n’ai pas l’habitude de me montrer en petite tenue à un inconnu.

— Je crains que mon imagination ne soit déjà saturée par ces quelques morceaux de dentelle.

Jamais il n’avait réagi ainsi devant une femme. Il voulait débarrasser Meghan de ses contradictions et révéler la bombe sexuelle qui se cachait en elle. C’était son boulot de pénétrer les secrets des gens et, oh ! comme il avait envie de pénétrer les siens !

Cela dit, il ne l’avait pas encore blanchie de tout soupçon. Etait-elle liée au cartel d’une façon ou d’une autre ? Elle avait l’air innocent, mais il se méfiait des coïncidences. Si elle travaillait pour Braga, il saurait le découvrir le moment venu. Sinon, il se laisserait aller au bref plaisir de sa compagnie avant de se concentrer sur sa mission.

S’approchant, il envahit délibérément son espace et toucha ses lèvres du bout des doigts. Elle tressaillit sous cette caresse inattendue. Il riva ses yeux dans les siens. Le petit halètement qu’elle avait laissé échapper était le son le plus excitant qu’il ait jamais entendu.

— Passez la nuit avec moi et nous ne serons plus des inconnus.

**ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** 05-08-09 08:05 PM

3


Dans mes fantasmes, je suis qui je veux, je fais ce qui me plaît. Je peux écouter mes pulsions et m’abandonner à mes désirs les plus fous. Tout est permis : mes fantasmes demeurent anonymes.

Meghan défit ses valises pour la deuxième fois de la journée.

— Eh bien, cette première journée a été épique.

— Ah oui ? demanda Julie, les médailles de son bracelet cliquetant quand elle rejeta ses cheveux en arrière.

— Je me suis fait draguer par un gnome, tu m’as présentée à tous les clients comme le cas social de la semaine et, au final, j’ai dû me battre avec un pirate pour récupérer mes sous-vêtements.

Julie éclata de rire.

— Un gnome et un pirate ? Je ne me souviens pas de les avoir mentionnés dans la brochure du club.

— Oublie le gnome, décréta Meghan en rangeant sa lingerie dans un tiroir. Par contre, le pirate, c’est ce type sublime dans la suite duquel je me suis installée par erreur.

— Il n’avait pas enfilé tes sous-vêtements quand même ?

— Non… Il les a juste caressés.

L’image de la dentelle rouge sur les mains bronzées de Nick lui revint à la mémoire, et elle se prit à imaginer la prochaine fois qu’il poserait ses mains dessus — cette fois-là, c’est elle qui en serait vêtue.

— J’ose à peine imaginer ta réaction ! s’exclama Julie.

Meghan lui répondit de son ton le plus nonchalant. C’était tellement facile de la mener en bateau !
— J’ai accepté de passer la nuit avec lui.

— Pardon ?

— Il m’a proposé de dîner avec lui.

— Oh !

Julie se rassit sur sa chaise et reprit un morceau de brie.

— Tu me rassures ! J’avais cru que…

— J’ai décidé d’en faire mon amant.

— Quoi ?

S’étouffant à moitié, elle laissa tomber le morceau de fromage sur le plateau. Devant son air hébété, Meghan reprit :

— J’ai dit…

— J’ai entendu, la coupa sa sœur en secouant la tête. Tu n’es pas sérieuse !

Meghan posa ses mains sur ses hanches avec détermination.

— Je suis tout à fait sérieuse. Nick est beau, charmant et très sexy. Je pense qu’il sera un amant parfait.

— Tu ne t’es jamais écartée du droit chemin de toute ta vie. &Ccedil;a m’étonnerait que tu commences maintenant, objecta Julie en brassant l’air de la main. Ce qu’il te faut, c’est un type sympa, loyal, avec une belle maison et un chien. Quelqu’un sur qui tu pourras compter.

— Autant ne prendre que le chien. Je ne suis pas à la recherche d’une relation durable.

— Parfait. Sauf que ce n’est pas du tout ton genre de prendre un amant comme ça.

— Apparemment, tout le monde a de moi une image très précise… Tu ne t’es jamais dit que je pourrais te surprendre ?

Délaissant le morceau de brie qu’elle avait repris sur le plateau, Julie la dévisagea d’un air interloqué.

— Mais tu n’as jamais été impulsive ou imprudente ! C’est toi qui nous as fait tenir, depuis le départ de papa. A quinze ans, tu es devenue le chef de famille. Maman s’est toujours reposée sur toi.

Meghan refoula son amertume. Elle aurait tant voulu avoir une adolescence plus insouciante. Mais ressasser le passé ne la mènerait nulle part. Elle se força à répondre calmement à sa sœur.

— J’ai toujours fait ce qu’on attendait de moi, rarement ce que j’avais envie de faire.

— Je sais, Meg, et je suis désolée. Je t’en serai éternellement reconnaissante, je t’assure. Maman et moi, on ne s’en serait pas sorties sans toi.

— Eh bien, maintenant que tu as dégoté ce boulot génial et que maman a enfin un petit ami, je crois que c’est à mon tour de vivre. J’ai une envie folle de me laisser aller, d’être emportée dans quelque chose de fou et d’inattendu. Je veux vivre une aventure passionnée.

— Tu es une fille bien…

— Je ne veux plus être une fille bien ! s’exclama Meghan avec véhémence. J’ai vingt-sept ans et je n’ai jamais rien fait d’excitant ou d’inattendu. C’est cette semaine ou jamais.

Julie la contempla avec stupeur.

— Mais, Meg, tu ne saurais même pas comment t’y prendre !

Meghan sentit monter en elle une vague de ressentiment. Sa sœur cadette, qui avait connu plus de garçons et s’était mariée avant elle, lui donnait des leçons. Comment avait-elle pu tomber aussi bas ?

— Je me sens tellement à côté de la plaque, Julie. C’est comme si ma nature profonde était enfouie sous plusieurs couches. Je sais que je suis différente au fond de moi, mais parfois, j’ai peur d’être cette reine des glaces, hautaine et froide, que Rob m’a jetée à la figure.

— Mais tu n’es pas comme ça, Meg. Tu es douce et chaleureuse…

— Tu dois penser que je suis stupide, répliqua-t?elle en marchant résolument vers la fenêtre, mais j’ai besoin de faire quelque chose de fou, d’impulsif. Vivre une sexualité sans tabou.

Comme Elise.

— Je ne pense pas que tu sois stupide, Meg. Je pense que tu es courageuse, commenta Julie avec un sourire admiratif. Si c’est ce que tu veux, vas-y !

Bien que surprise, Meghan se sentit plus légère. Finalement, ce n’était pas si difficile que cela, de casser le mythe de la grande sœur parfaite. Elle sourit, soulagée, et saisit un morceau de quiche aux fruits de mer. Chez les Foster, on ne laissait jamais les émotions interférer avec un bon repas.

— Alors, tu veux bien m’aider à me transformer en séductrice ?

— Bien sûr. Mais il va falloir changer ta garde-robe.

Meghan s’observa dans la glace sans ménagement. Elle aurait sans doute pu perdre un ou deux kilos sur les hanches, mais sa silhouette était très agréable à regarder. Avec ses habits classiques, bien coupés, elle renvoyait une image professionnelle, sympathique — pas vraiment celle d’une séductrice.

— J’adore tes nouveaux dessous, mais il faut aussi que tu changes de style au-dessus, poursuivit Julie. L’habit fait le moine, Meg. Si tu veux être une bombe, habille-toi comme telle.

— Je viens de lâcher mon boulot, je n’ai pas les moyens de m’offrir une nouvelle garde-robe.

— Passe me voir dans mon bungalow tout à l’heure. Je te prêterai des fringues, et je te maquillerai. Tu verras, tu seras irrésistible. Tu n’auras plus qu’à dénicher l’homme de tes rêves. A Cayo Sue&ntilde;o, ça ne devrait pas être difficile.

Meghan retint un sourire. L’homme de ses rêves, elle l’avait déjà trouvé : beau, grand, brun, avec le sens de l’humour et de très belles fesses… Nick. Un concentré de sexe à l’état pur, dans une chemise de très mauvais goût ! Il ressemblait tellement à l’homme de ses fantasmes — mis à part la chemise, bien sûr — que c’en était effrayant.
— O.K. Essayons de définir ce M. Fabuleux, proposa Julie avec enjouement.

Délaissant le plateau, elle se dirigea vers le secrétaire d’où elle sortit une feuille de papier à lettres.

Meghan lut par-dessus son épaule.

— Que fais-tu ?

— J’établis la liste des qualités de M. Fabuleux. Comme ça, tu pourras choisir plus facilement.

— J’ai déjà choisi.

— Eh bien, tu n’auras qu’à comparer Nick avec ta liste pour voir s’il fait l’affaire. Avant tout, il doit être romantique. Tu sais, le genre à te couvrir de roses rouges ou à te faire un cadeau comme ça, juste pour le plaisir.

Meghan se fichait bien qu’il soit romantique ou pas. Tout ce qui l’intéressait, c’était qu’il lui fasse l’amour comme un dieu. Mais si ça amusait sa sœur…

— Il faut qu’il soit sensible, pour que tu n’aies pas peur d’explorer de nouvelles frontières sexuelles avec lui, enchaîna Julie. Et puis il doit être très laid. Comme ça, il sera trop ******* que tu t’intéresses à lui pour aller voir ailleurs.

Eclatant de rire, Meghan lui arracha la liste des mains.

— C’est quoi, cette liste fantaisiste, Jules ?

De son écriture ronde, sa sœur avait ajouté aventurier, audacieux et héroïque à côté de romantique et sexy. Exactement le portrait de son mari défunt. Meghan la regarda avec compassion, elle aussi envahie par une vague de tristesse.

— Moi aussi je l’aimais et il me manque, mais…

— Tu peux dire son nom, tu sais, intervint Julie avec un sourire triste. Kyle.

Les souvenirs affluèrent en Meghan, en même temps que la colère qu’elle ressentait chaque fois qu’elle pensait à la mort de son beau-frère.

— Je suis désolée, Julie. Mais je ne veux pas d’un homme qui court après le danger. J’ai besoin de me sentir en sécurité.

— Je ne te comprends que trop bien. Je ne te remercierai jamais assez pour toutes les fois où tu es venue attendre avec moi qu’il rentre de mission. Ce n’est pas facile d’être femme de flic. Vivre dans l’incertitude, se demander chaque matin si on le reverra le soir… Mais, tu sais, je n’échangerais aucun des jours passés à ses côtés, ajouta-t?elle d’une voix marquée par le chagrin. Malgré la fin.

— Oh, Jules…

Elles restèrent un instant silencieuses, unies par les souvenirs. Puis Julie essuya les larmes qui faisaient briller ses yeux et déclara :

— Mais, de toute façon, tu n’es pas à la recherche d’un mari. Alors, reprenons cette liste.

Heureuse de changer de sujet, Meghan prit une nouvelle feuille de papier.

— Tout d’abord, M. Fabuleux doit être un minimum cultivé. Je veux pouvoir discuter politique ou littérature avec lui.

— Tu rigoles ? s’écria Julie en essayant de lui prendre la feuille des mains. Tu détestes la politique et tu n’as pas ouvert un livre depuis… depuis quand ?

Meghan tint bon et poursuivit comme si elle n’avait pas été interrompue.

— Il faut qu’il soit intelligent, sensible, viril et ponctuel.

— Ponctuel ? Meghan, tu te fiches de moi ! Allez, avoue. Tout ce que tu veux c’est un type qui soit : 1) beau comme un dieu et 2) monté comme une star du porno.

Elles durent s’interrompre, gagnées par un fou rire irrépressible.

Après avoir repris son souffle, Julie jeta un coup d’œil à sa montre et grimaça.

— Je dois y aller. J’anime la soirée des célibataires au bord de la piscine ce soir, et rien n’est prêt.

Meghan la serra très fort dans ses bras.

— Merci encore. J’apprécie vraiment tout ce que tu fais pour moi.

— Je suis tellement *******e que tu sois là. Tu vas t’éclater ! assura sa sœur en faisant claquer un baiser sur sa joue. Viens me rejoindre à la fête. Si Nick ne fait pas l’affaire, je suis sûre que tu y trouveras ton bonheur.

— Nick fera parfaitement l’affaire.

Meghan sourit en refermant la porte. Elle avait hâte de jouer les cendrillon. Bien sûr, la peur le disputait à l’excitation, mais elle se savait décidée à accomplir l’objectif qu’elle s’était fixé. Elle prit un petit carnet vert dans son sac à main et sortit sur le balcon.

L’homme de ses fantasmes avait désormais un nom et un visage. Elle s’assit dans un fauteuil et se laissa aller contre le dossier, les yeux fermés. Quelques secondes plus tard, elle releva les paupières, saisit son stylo et ouvrit son nouveau journal intime à la première page.

Les mots s’égaillèrent sur le papier blanc à mesure que les images défilaient devant ses yeux.

Les yeux verts de Nick brûlent d’un feu intérieur tandis qu’il dévisage Elise. Lorsqu’il ouvre enfin la bouche, sa voix est sourde. « Déshabille-toi ! » L’ordre claque et elle s’exécute, lentement, en retenant son souffle.

Alex prit une bière dans le minibar. Il allait s’installer sur le balcon quand son regard tomba sur le petit carnet bleu. Une petite voix raisonnable s’éleva dans un coin de son esprit, mais la curiosité était trop forte. Sans doute Meghan s’était-elle sentie trop bousculée tout à l’heure pour se rappeler son journal intime — contrairement à lui.

Les personnages qui batifolaient près de la cascade avaient même un visage, désormais. Celui de Meghan et le sien.

Nous nous accouplons sous la cascade. M’empoignant, il me colle à lui. Mon corps glisse et s’empale encore et encore…

Il jeta un rapide coup d’œil à sa montre et décida qu’il avait le temps de faire un peu de lecture.

Quelques instants plus tard, il tendit le bras vers sa bière. Vide. Sa bouche était devenue sèche dix pages plus tôt et il avait descendu toute la bouteille sans presque s’en rendre compte. Plutôt que de se lever pour aller en chercher une autre, il décida d’allumer une cigarette. Avant de se replonger dans le petit carnet.

Encore une page. Juste une.

Il se laissa prendre par les scènes follement érotiques qu’elle avait su créer. Au fil des pages, il ne pouvait s’empêcher de comparer l’héroïne fictive et Meghan telle qu’elle lui était apparue. Derrière l’image lisse et professionnelle qu’elle renvoyait, se cachait une personnalité ardente et passionnée qui ne demandait qu’à être révélée.

Il écrasa sa cigarette tout en se demandant s’il devait se méfier. Et si tout ça n’était qu’un numéro d’actrice ? Le journal intime, la charmante innocence, les joues qui rosissaient sous l’effet des compliments… Etait-ce un leurre pour qu’il baisse la garde ? Après le terrible fiasco d’Overtown, Braga devait être à l’affût d’une nouvelle trahison.

Alex referma le journal d’un coup sec et se massa la nuque. Posant le carnet sur la table basse, il se dirigea vers la salle de bains afin de prendre une douche.

Une fois rafraîchi, il se rasa, s’habilla et glissa le journal intime dans la poche de sa veste de sport avant de sortir. Devait-il le lui rendre avant ou après le repas ? Il prit l’ascenseur, puis se dirigea vers le bar. Ses yeux cherchaient Meghan parmi les clients.

Waouh !

Sa robe rose pâle flottait sur ses courbes comme une caresse. Très échancré, son décolleté révélait la naissance de ses seins. Sa courte jupe dénudait ses cuisses et ses longues jambes couleur caramel. Sous la table, elle avait croisé ses pieds nus, et ses sandales en cuir clair gisaient, abandonnées, sous sa chaise. Alex s’arracha à la contemplation de ses courbes pour regarder son visage. Ses magnifiques yeux bruns avaient un je-ne-sais-quoi de mystérieux, et ses lèvres pulpeuses, d’un rose glamour, ne demandaient qu’à être mordues. Il se mit à bander. Coupable ou innocente, cette fille lui faisait un effet incroyable !

Que porte-t?elle sous sa robe ? L’ensemble en dentelle noire ? Non, trop voyant. Le satin blanc, sans aucun doute.

Imaginant ses doigts sous le tissu soyeux, il s’avança vers elle avec un sourire…

Et s’arrêta net.

Il était tellement obnubilé par Meghan qu’il n’avait pas remarqué l’homme qui l’accompagnait. Un homme qu’il ne connaissait que trop. Les souvenirs l’assaillant par flashes, il dut fermer les yeux, le temps de se reprendre. Les coups de feu. Le chaos. L’odeur du sang. La douleur aveuglante.

La cicatrice sur sa tempe se mit à pulser et il sentit une vague de nausée remonter dans sa gorge. Il se glissa derrière une colonne en marbre et étudia Rogelio Braga, très gentleman avec ses cheveux poivre et sel et ses manières raffinées. S’il n’était pas une ordure de trafiquant de drogue, Alex l’aurait sans doute trouvé charmant.

Dans la poche de sa veste, il caressa le petit carnet bleu du bout des doigts. Et dire qu’il avait eu des scrupules…

Tout à coup, elle éclata de rire à une plaisanterie de Braga. Le ventre noué, il se mit à la maudire. Est-ce qu’ils étaient en train de se moquer de lui ? Braga avait invité « Nicholas » à Cayo Sue&ntilde;o pour le remercier de lui avoir sauvé la vie. Mlle Foster — si du moins c’était son vrai nom — était peut-être sa récompense… Et merde !

Une part de lui voulait encore croire à son innocence, croire que l’erreur de chambre n’était qu’une coïncidence. Mais à la lecture de son journal, il devait reconnaître qu’elle avait un don pour cacher sa vraie personnalité. Comment avait-il pu se laisser berner ainsi ? Une seule explication : il avait perdu son instinct.

Il observa Braga poser sa main sur le bras de Meghan tout en lui parlant. La jeune femme hocha la tête et Braga prit congé. Elle demeura là sans bouger, puis se retourna et fouilla la foule du regard.

Sortant de sa cachette, Alex s’avança vers elle.

Elle lui fit de grands signes pendant qu’il approchait. S’il n’avait pas eu de soupçons à son sujet, il l’aurait adorée. Sauf que, là, il était en rogne de s’être laissé avoir. Méfiant, il la détailla, mais ne lut dans son sourire que de la gaieté. Rien qui n’eût l’air faux ou forcé.

Si seulement il pouvait s’être trompé !

— Salut, Nick ! s’écria-t?elle en l’invitant d’un geste à prendre le siège que Braga venait de libérer. Je commençais à me demander si vous m’aviez posé un lapin.

Nick. Exact. Chacun son rôle. Jouons un peu…

Il prit place sans cesser de la dévisager.

— Vous n’aviez pas l’air de vous ennuyer.

— Quoi ? Ah… On bavardait, c’est tout. Ne vous inquiétez pas, je ne comptais pas vous remplacer.

Elle lui adressa un sourire provocant et ses mains voltigèrent sur ses genoux. Elle avait l’air un peu emprunté, voire nerveux — coupable ?

— Qui était-ce ? demanda-t?il sur un ton qui trahissait plus d’intérêt qu’il ne l’aurait voulu.

Elle parut surprise.

— Personne. Il m’a juste reconnue grâce à la petite prestation de ma sœur, tout à l’heure.

Pas le moindre signe de duplicité, nota-t?il, toujours à l’affût.


— Vous aviez l’air plongés dans une discussion passionnante.

— Vous êtes très observateur, pour quelqu’un qui vient tout juste d’arriver.

Il laissa échapper un petit sourire appréciateur devant la justesse de sa repartie. Bon, il pouvait se détendre. Jusqu’à présent, elle lui répondait franchement, sans se montrer évasive.

— Excusez-moi, ce doit être la jalousie.

Elle aussi parut se détendre. Alors qu’elle se laissait aller en arrière, un coude posé sur le bras du fauteuil, son décolleté s’accentua, dévoilant quelques centimètres de dentelle rose.

Sa poitrine était bien pigeonnante, par rapport à tout à l’heure, songea-t?il. Le miracle du Wonderbra ? Il ne s’en plaignait pas. Elle était sublime, rayonnante. Restait une question : pourquoi ?

— Et alors, que vous a-t?il raconté ?

— Il m’a parlé des ruines qui se trouvent de l’autre côté de l’île. Apparemment, c’est un habitué du club.

— Il suivait les instructions de Julie : faire de vos vacances un souvenir inoubliable. Je croyais que c’était mon job, protesta-t?il, faussement vexé.

Devant lui, Meghan dessinait avec ses doigts des petits cercles concentriques sur la peau tendre de son poignet. Décidément, il y avait quelque chose de changé en elle ! Soit elle connaissait son rôle par cœur, soit elle avait décidé de libérer sa sensualité. En dépit de sa méfiance, il ne pouvait s’empêcher d’être excité. Meghan n’était pas la seule à vouloir explorer ses fantasmes…

— Je ne vous ai pas encore embauché, retorqua-t?elle.

Elle inclina la tête sur le côté et ses lèvres roses s’étirèrent en un sourire légèrement hautain. Elle poursuivit :

— Tout d’abord, il y a le problème de la tenue vestimentaire.

— Mais c’est ma chemise préférée ! se récria-t?il en entrouvrant sa veste de sport de façon à mieux lui montrer le motif criard.

— Ce serait dommage que vous échouiez si près du but. Il ne vous manque que le perroquet et la rapière pour compléter votre déguisement.

Si elle voulait jouer à ça, pas de problème. Il se pencha vers elle, les yeux brillants, et baissa la voix.

— Si elle ne vous plaît pas, je peux l’enlever. On pourrait jouer au pirate vigoureux et à la princesse délurée.

— &Ccedil;a m’a l’air d’un fantasme intéressant…

— Ce n’en est qu’un parmi tant d’autres. Si vous voulez, je vous les raconterai tout à l’heure.

Elle se laissa aller contre le dossier de son fauteuil avec un sourire ravi.

— O.K., vous êtes embauché. A combien se montent vos honoraires ?

— Je préfère le troc. Si vous voulez, on peut négocier pendant le dîner ? proposa-t?il en se levant.

— Je vous préviens, je suis dure en affaires.

— Très bien. Que la joute commence ! déclara-t?il en riant.

Il lui tendit la main, trop heureux de la toucher enfin. S’appuyant sur son bras, elle se baissa pour enfiler ses sandales et lui donna un nouvel aperçu de son décolleté. Quand elle se redressa, elle le regarda dans les yeux avec un air de défi. Pas de doute, elle l’avait fait exprès !

Elle n’avait pas seulement changé de look, ce soir ; elle semblait aussi plus sûre d’elle, plus audacieuse. Quelle que fût la cause de cette transformation, il aimait ça. Une femme sûre de ses attraits et de son pouvoir de séduction.

Ils traversèrent le bar et rejoignirent la terrasse de Breezes, le restaurant de l’hôtel. Il ne put s’empêcher de la reluquer tandis qu’elle marchait devant lui, tête haute, épaules redressées. Ses hanches se balançaient avec grâce, telle une invitation à la suivre.

Elle se retourna et lui jeta un coup d’œil par-dessus son épaule. Ses yeux d’ambre pétillèrent de gaieté en interceptant son regard.

Oh, oui ! Il approuvait définitivement le changement. Beauté fatale avait ce soir un je-ne-sais-quoi de fascinant.

En même temps, sa métamorphose était si rapide et si complète qu’il se devait de rester prudent. Hors de question qu’il se compromette avec une suspecte. Les types des Affaires internes seraient trop *******s de se jeter sur lui.

Observant les convives attablés dans le restaurant, il vit Rogelio Braga s’approcher du bar de l’autre côté de la véranda, en compagnie de deux hommes. Il reconnut l’un des deux, un trafiquant de drogue dont la photo était classée dans ses fichiers, à Miami. L’autre, il ne l’avait jamais vu.

Son attention se reporta sur Meghan.

Peut-être avait-il exagéré, après tout. Sa conversation avec Braga était peut-être innocente, comme elle l’avait prétendu. Ou pas. Dans tous les cas, il allait conserver plus longtemps son journal intime — le meilleur moyen de découvrir qui elle était vraiment. Parallèlement, il demanderait à son coéquipier de se renseigner sur elle. Il fallait qu’il sache si elle avait un lien quelconque avec le cartel de Miami.

Tout au fond de lui, il se traita de sale menteur. Il se fichait bien de savoir si elle était une criminelle. Ce qu’il voulait, c’était la coucher dans son lit. Voire plus, si affinités... 0

**ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** 05-08-09 10:01 PM

4

Tout mon corps, tout mon être est en feu. Je me consume à l’idée de ses caresses. Le désir me fait perdre la tête, je m’enflamme pour cet homme que je ne connais pas et que je n’ai nullement l’intention de revoir.

— Bonsoir, mademoiselle Foster. Bonsoir, monsieur.

Le maître d’hôtel de Breezes les accompagna jusqu’à une table un peu isolée avec vue sur le golfe.

— Je vous souhaite un bon appétit.

Ils prirent place en le remerciant.

Meghan avait noté son air tendu dès que Nick l’avait rejointe. Comment allait-elle le séduire si elle ne parvenait pas à captiver son attention plus d’une minute ? Elle appela Elise à la rescousse. Se penchant un peu en avant, elle fit glisser ses doigts le long de son décolleté, de haut en bas, de bas en haut.

Enfin, il la regardait ! Ses yeux verts avaient pris une teinte plus sombre, trahissant son désir et sa fascination. Elle le vit la déshabiller du regard et s’attarder longuement sur ses seins. Un frisson d’excitation la parcourut et elle lui rendit son sourire avec assurance.

Savourant le contact de ses cuisses nues l’une contre l’autre, elle croisa et décroisa les jambes. Elle eut soudain une conscience aiguë de son string en dentelle qui se frottait contre son sexe.

Prenant une longue inspiration, elle imagina les doigts de Nick se glisser sous le fin tissu et s’insinuer dans sa fente humide. Le rouge lui monta aux joues. Elle trempa les lèvres dans son verre de vin afin de se remettre.

Elle se sentait étonnamment bien dans sa peau. Peut-être bien que l’habit faisait le moine, finalement… Elle avait troqué ses lunettes contre une paire de lentilles et coiffé ses cheveux en arrière. Julie l’avait maquillée avec soin, donnant à sa bouche une moue adorable et à son regard une intensité nouvelle. Meghan avait eu du mal à se reconnaître dans le miroir.

Quant à la robe que lui avait proposé sa sœur, elle lui avait paru bien innocente à première vue. Sa couleur rose pâle et son tissu léger comme l’air semblaient bien trop angéliques pour habiller une femme fatale. « Vraiment ? » avait répliqué Julie devant son air dubitatif. Elle avait eu un petit sourire en coin et l’avait persuadée de l’enfiler.

Hou là là !

Nick, qui la dévorait des yeux, semblait partager son avis.

— Vous aimez ce que vous voyez ?

— Vous en doutez, Beauté fatale ?

Le serveur revint prendre leur commande. Entrecôte saignante et pommes de terre pour Nick, bouquet de crevettes au beurre blanc et risotto aux champignons sauvages pour elle. Le vieux dicton avait raison : les contraires s’attirent, songea-t?elle avec un sourire. Pourvu que ce soit aussi vrai au lit !

Posant les coudes sur la table, Nick joignit ses mains sous son menton et inclina la tête sur le côté.

— Parlez-moi un peu de vous, déclara-t?il avec un sourire hyper sensuel.

— Que voulez-vous savoir ?

— Tout.

Elle plissa les yeux et se cala contre le dossier de sa chaise. Cette semaine était spéciale. Elle voulait la vivre libre de tout, sans remords ni regrets. Rien de personnel, aucune attache, que du plaisir. Elle ne voulait pas avoir à se poser de questions à la fin de son séjour.

— Quel intérêt ? Ne préférez-vous pas le mystère de la rencontre ?

Une ombre passagère assombrit le regard de Nick.

— Je suppose que je devrai me *******er de ce que vous voudrez bien me révéler.

— Je fais un mètre soixante-cinq et je refuse de vous dire mon poids.

— Fascinant, commenta-t?il sur un ton qui signifiait le contraire. J’aimerais plutôt savoir si vous voyez quelqu’un en ce moment, si vous avez quelque chose de prévu pour demain et si vous dormez nue.

Elle remercia le serveur qui venait de lui apporter son plat avant de répondre.

— Dans l’ordre : non. Pas encore. Et je ne vous le dirai pas.

— Vous êtes en vacances. &Ccedil;a vous dirait d’essayer quelque chose de vraiment nouveau ? proposa-t?il d’un air de défi.

Médusée, elle lui lança un nouveau coup d’œil. Etait-elle si transparente que ça ? Finalement, le séduire se révélait un jeu d’enfant.

— Je suis pour les aventures qui sortent de l’ordinaire. Vous avez une idée ?

— Puisque vous êtes libre demain, que diriez-vous de m’accompagner en mer, avec masque et tuba ? Il paraît que les fonds sous-marins du parc national sont extraordinaires.

De la plongée sous-marine ? Etait-ce une métaphore pour « faire l’amour » ?

— Euh… si vous voulez, répondit-elle sans conviction.

— Vous pensiez à autre chose ?

Elle hésita. Oserait-elle ? Elise n’hésiterait pas, elle.

— D’après ma sœur, il y a une plage naturiste sur la côte sud-ouest.

— Je préfère la nudité dans l’intimité. Mais je dors dans le plus simple appareil, si ça vous intéresse.

Si ça l’intéressait ? Hmm ! l’image était tout simplement fascinante. Son corps viril, parfaitement sculpté, étendu sur le sable fin, nu à l’exception d’une mince pellicule de sueur…

— J’y songerai, répliqua-t?elle sur un ton qu’elle voulut anodin.

Peine perdue. Elle avait si chaud, tout d’un coup ! Attrapant son verre pour se donner une contenance, elle but une nouvelle gorgée de vin.

— D’un autre côté, je vous imagine plutôt dormir dans un de ces petits négligés en dentelle qui remplissent vos valises.

— &Ccedil;a, je suis la seule à le savoir… Mais vous pouvez essayer de le découvrir.

Il répondit à son sourire faussement innocent par une moue craquante.

— &Ccedil;a vous dirait de jouer au photographe et à la top modèle ?

Elle éclata de rire, la fourchette immobilisée à mi-course entre son plat et sa bouche.

— C’est vraiment votre truc, les jeux de rôles ?

— J’aime fantasmer…

Oh, bon sang ! c’était elle qui nageait en plein fantasme ! Il ne lui restait plus qu’à trouver le moment opportun pour lui exposer son plan. Apparemment, la suite ne poserait pas la moindre difficulté.

— Vous avez un peu de sauce de salade sur la lèvre, Meghan. Je vous l’enlève ?

— Non, mais merci d’y avoir pensé.

Sous son regard embrasé, elle passa lentement la langue sur sa bouche. Sauf que c’étaient ses lèvres à lui qu’elle voulait lécher et mordiller. Et aussi sa nuque, son torse, son ventre… Si elle continuait à l’imaginer nu ainsi, elle allait se désintégrer, là, sous ses yeux.

— Allez, Beauté fatale, arrêtez de m’allumer et dites-m’en un peu plus sur vous.

Elle voulait bien l’inviter dans son intimité, mais pas question de lui révéler l’existence de son pyjama en coton.

— En général, je dors en petite culotte.

— Ah oui ? Laquelle ? La petite bleue avec…

— A votre tour, le coupa-t?elle. Je ne vais pas me déshabiller devant vous sans que vous y alliez aussi de votre confidence. Quel est l’endroit le plus bizarre où vous ayez fait l’amour ? Vous préférez vous caresser sous la douche ou dans votre lit ? Comment aimez-vous…

— Hé, du calme ! s’écria-t?il, l’air choqué.

A l’évidence, il ne s’attendait pas qu’elle se montre si directe. Elle haussa les épaules.

— Dégonflé !

— Très bien. J’ai fait l’amour dans un ascenseur coincé entre deux étages pendant deux heures.

Son pouls s’accéléra brusquement, au point qu’elle en oublia presque de reprendre son souffle. L’un des fantasmes qu’elle avait consigné dans son journal incluait précisément un ascenseur en panne, un inconnu et un pot de glace au chocolat en train de fondre.

— Coincé pendant deux heures ou fait l’amour pendant deux heures ?

— Fait l’amour pendant deux heures. &Ccedil;a vous impressionne ?

— &Ccedil;a dépend. Je n’ai pas encore décidé si vous étiez un dragueur ou un vantard.

Il plissa les paupières, le regard chaud comme de la braise, et sa voix devint rauque.

— Il y a deux choses dans lesquelles j’excelle, ma Beauté. La deuxième, c’est la drague.

Cette fois, le thermomètre allait exploser ! Très bien. Elle aussi savait draguer. Décroisant les jambes, elle ôta une de ses sandales puis toucha la cheville de Nick du bout des orteils. Il bougea son pied, comme si le contact était accidentel, et elle recommença, les yeux rivés dans les siens.

— Il y a de l’orage dans l’air, remarqua-t?il, la voix un peu enrouée.

Plus que de la sensualité, il émanait de lui une virilité animale, brute. Meghan sentait tous ses sens en alerte. Une vague de désir, brûlante, irrésistible, remonta entre ses cuisses. Vas-y, demande-lui. Jette-toi à l’eau.

Elle ouvrait la bouche pour parler quand quelqu’un s’approcha d’elle.

Le maître d’hôtel. Il s’excusa de les importuner, avant de se pencher vers Nick. Il lui murmura quelques mots à l’oreille.

— Maintenant ? s’étonna Nick en fronçant les sourcils.

Comme le maître d’hôtel acquiesçait d’un signe de tête, sa bouche prit un pli sévère, et il jura dans sa barbe.

— Que se passe-t?il ? s’enquit-elle, surprise, une fois que le maître d’hôtel se fut éloigné.

L’énergie sexuelle qui électrisait l’air une seconde plus tôt s’était dissipée, et elle se retrouvait face à un inconnu. Le visage de son compagnon était devenu dur et sa voix impersonnelle.

— Nick ?

Il leva les yeux vers elle comme s’il ne savait pas qui elle était. Puis ses traits se détendirent et il lui adressa un sourire piteux.

— Je suis désolé, Meghan, mais j’ai un contretemps. Le travail m’appelle. Je dois y aller.

— Mais vous êtes en vacances !


— Disons plutôt en vacances de travail. J’ai été invité par un gros client. C’est lui qui paie, je ne peux pas lui faire faux bond. Croyez-moi, je le regrette sincèrement.

— Vous me quittez maintenant ? Vous n’avez même pas touché à votre assiette !

Une tentative bien pitoyable pour le retenir et qu’elle regretta aussitôt. Il lui adressa un sourire forcé, mais à l’évidence, ses pensées étaient déjà ailleurs.

— Désolé, Meghan. Je n’ai pas le choix, répéta-t?il en se levant. Je vous retrouve après, promis.

Elle le regarda s’éloigner, incrédule. L’homme de ses fantasmes venait de prendre la fuite — un rebondissement qu’elle n’avait pas prévu. Elle baissa la tête vers son assiette, évitant délibérément les regards des autres clients. Tout le monde était sans doute en train de la dévisager avec pitié.

Elle avait fière allure, l’apprentie déesse du sexe.

Alex claqua la porte de sa suite derrière Emelio Sanchez, son coéquipier à la division des opérations spéciales et son meilleur ami depuis l’université.

Emelio se laissa tomber sur le canapé, puis posa les pieds sur la table basse.

— Tu me fais la gueule parce que j’ai interrompu ton rendez-vous galant ? demanda-t?il en gobant une noix de cajou. Je te signale que j’ai dû vider le minibar pour me nourrir.

Oh, que oui, il lui faisait la gueule ! Alex ne se souvenait pas qu’une femme l’ait jamais autant fasciné.

— J’espère que ça en vaut la peine.

— Ouais, ça en vaut la peine. Je viens juste d’apprendre que le yacht de Frankie Ramos, le Cielo blanco, vient d’amarrer à Key West.

Alex, qui marchait de long en large, s’arrêta avec un sourire carnassier sur les lèvres.

— Le patron de Braga refait enfin surface. Parfait.

— Disons que le bateau est arrivé. Mais pas Ramos.

— Quoi ?

L’image de Meghan dans sa petit robe rose s’interposa dans ses pensées.

— Génial ! commenta-t?il en soupirant. Maintenant, mon repas doit être froid et mon rendez-vous encore plus, tout ça parce que…

— Je t’ai fait monter parce qu’Easton veut que tu le rappelles. Pronto et même plus vite que ça — je le cite.

Brent Easton était leur supérieur. Il comptait également parmi leurs amis, mais en tant que patron, c’était un sale con. Jamais *******.

— Et merde ! Je crains le pire, marmonna Alex en se laissant à son tour tomber sur le canapé. On a intérêt à découvrir au plus tôt la cachette de Ramos.

— Ce n’est qu’une question de temps. On finira bien par l’avoir, ce salopard.

— Je te rappelle que c’est ce que tu m’as dit il y a six semaines, répliqua-t?il.

— Va te faire foutre, mec.

— Excuse-moi, Em. C’était nul de dire ça, s’excusa-t?il en se passant les deux mains dans les cheveux.

— Oublie ça.

Emelio froissa rageusement le paquet de noix de cajou vide dans son poing, avant de le lancer dans la corbeille, de l’autre côté de la pièce.

— Rien ne se passe comme prévu dans cette affaire pourrie, grommela Alex.

Il avait repris la direction de l’enquête après que la couverture de son coéquipier avait été grillée. Emelio avait eu le tort de prendre une indic en pitié. Gina, d’une beauté à couper le souffle, était coincée dans une situation inextricable et avait fini par le trahir. Maintenant, Braga — et combien d’autres ? — savaient qu’il était flic.

— Bon, où en sommes-nous ? demanda Alex en se ressaisissant.

— D’après les bruits qui courent, Ramos est en train de péter un plomb, expliqua Emelio en prenant deux bières dans le minibar. Apparemment, il passe plus de temps à sniffer de la coke qu’à s’occuper des affaires du cartel. Il aurait même détourné une partie des fonds sur ses comptes privés…

Prenant la bière qu’il lui tendait, Alex laissa échapper un petit sifflement admiratif.

— Frankie a vraiment des couilles en or ! Les barons de la drogue n’ont pas pour habitude de faire des cadeaux.

— Ou alors, il s’est grillé le cerveau à force de sniffer cette merde. Si on arrive à le coincer, il nous livrera tous ses petits copains en échange d’une remise de peine.

Pensif, Alex fit rouler sa bouteille de bière entre ses mains.

— J’ai l’impression que Braga est en train de manigancer quelque chose. Je ne crois pas qu’il m’ait invité par hasard cette semaine.

Emelio secoua la tête.

— Oublie Braga. Ramos est bien plus vulnérable. Tu sais à quel point la cocaïne peut rendre paranoïaque. &Ccedil;a en fait quelqu’un d’imprévisible, mais aussi de plus manipulable.

— Quelque chose de gros est en train de se tramer, insista Alex en faisant défiler plusieurs scénarios dans sa tête. Braga dînait avec deux gros bonnets ce soir… Je me demande s’il n’est pas en train d’essayer de renverser Ramos.

S’interrompant, il se redressa et regarda Emelio droit dans les yeux.

— Ecoute, j’aimerais que tu fasses des vérifications au sujet d’une fille. Meghan Elise Foster, de Baltimore.

— Ton rendez-vous de ce soir ? Tu crois qu’elle fait partie du cartel ?
— Je n’en sais rien. Elle bavardait avec Braga ce soir, mais ç’aurait très bien pu être innocent. Je veux m’en assurer.

Emelio hocha la tête.

— O.K., je passerai quelques coups de fil ce soir. En attendant, si on se commandait quelque chose à manger ?

Alex appela la réception et commanda deux repas. Il ne pourrait sans doute pas retrouver Meghan, finalement. Tant pis. Le boulot avant tout. Attrapant le téléphone avec un soupir, il composa de mémoire un numéro de téléphone à Miami. L’appel fut automatiquement transféré sur une autre ligne — une précaution de plus, au cas où quelqu’un vérifiait ses appels.

— Allô ? Ici Brent Easton.

Alex alla droit au but.

— C’est moi. Je suis avec Em. On vient aux nouvelles.

La voix d’Easton explosa à l’autre bout du fil.

— Où étiez-vous passé, nom de Dieu ? Je t’ai bipé il y a plus d’une heure.

— On progresse.

— Vous avez intérêt. &Ccedil;a commence à chauffer ici et il n’est pas question que je prenne pour tout le monde.

— Braga m’a déjà contacté — mais je ne l’ai pas encore vu. Em sait de source sûre que Ramos est dans les parages.

— Ne déconnez pas, les gars, cette fois. Encore une erreur et on vous retire l’affaire, capice ?

— Et puis quoi encore ? répliqua Alex dans un accès de colère. &Ccedil;a fait deux ans qu’on est sur le dossier et Ramos est enfin dans notre ligne de mire. Nick Alexander va bientôt entrer en scène. Manny Ortega est en taule et Braga cherche un nouveau banquier. Je suis sûr qu’il a confiance en Nick. Ce n’est pas le moment de tout foutre en l’air !

— Tu as intérêt à jouer dans les règles, Alex. Au moindre écart, les Affaires internes se feront un plaisir de t’épingler.

— Tu sais ce que je leur dis, aux Affaires internes ?

— Tu as un sérieux problème de comportement, ces derniers temps. J’en ai marre de vous couvrir, Emelio et toi, d’autant que la proc me met la pression. Je veux des résultats, Alex. Bougez-vous les fesses !

Sur ces mots, Easton raccrocha sans lui laisser l’occasion de lui répondre. Alex reposa le combiné sur son socle et chercha ses cigarettes du regard.

Avait-il réellement un problème ? Se pouvait-il qu’il ne soit plus un aussi bon flic ? A Overtown, il avait frôlé la catastrophe de très près. Peut-être aurait-il dû sentir le vent tourner… Deux personnes étaient mortes — et Emelio, comme lui, avaient failli y passer. C’était un miracle si sa couverture tenait encore debout. D’ailleurs, à quoi cela servait-il ? Depuis huit ans, il bossait sur des missions d’infiltration et n’avait quasiment plus de contacts avec sa famille et ses amis. Et malgré tous ces sacrifices, combien de trafiquants étaient passés entre les mailles du filet ?

Merde ! il commençait à détester son boulot.

Sortant sur le balcon, il coupa sa cigarette en deux et l’alluma. Avec tout le stress qu’il subissait, il n’arrivait pas à se débarrasser de cette sale habitude. Alors, il réduisait sa consommation.

— Il t’a mis la pression ? s’enquit Emelio en le rejoignant.

— Quand j’étais dans le Sud, à mes débuts en sous-marin, j’ai appris quelque chose de vital, hombre, déclara Alex, pensif. Tu sais quoi ?

Emelio haussa les sourcils d’un air interrogateur.

— J’ai malmené des indics, j’ai vu des criminels s’entretuer sans que ça m’empêche de dormir. Je suis même allé jusqu’à goûter les échantillons de coke pour rendre mon personnage plus crédible.

— Je sais, mec. Je connais ta réputation. Où veux-tu en venir ?

— Mes supérieurs ne m’ont jamais posé le moindre problème, tant que je leur ai donné des résultats. Mais cette fois, ils nous ont dans le collimateur. Pas question de commettre la moindre faute.

— Même si on fait tomber le cartel, ils continueront à nous mener la vie dure, remarqua Emelio. Tu y penses, toi, à raccrocher ? Tu te souviens de cette agence de détectives dont on avait parlé, dans le temps ?

Alex secoua la tête en recrachant un petit nuage de fumée.

— On a une mission à remplir, Em. Et moi, personnellement, je n’ai rien d’autre. Ce boulot, c’est ma vie. Pas question de tout foutre en l’air.

**ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** 05-08-09 10:07 PM

5

La nuit est sombre et agitée, tout comme moi, dans l’attente de mon amant aux yeux verts…

Non. Recommence.

Ses cheveux noirs brillent dans le clair de lune. Je suis nue, devant lui, impatiente de désir…

Meghan referma le petit carnet vert et le posa sur le canapé à côté d’elle. Elle voulait écrire, mais impossible de se concentrer. Les yeux perdus dans le vague, elle regardait la nuit au-dehors, accablée par un étrange sentiment d’abandon.

Le départ soudain de Nick avait porté un coup à ses résolutions. C’était comme si l’homme de ses fantasmes — et avec lui, toute sa confiance en elle — s’était subitement évanoui. Elle se sentait triste et solitaire, et il s’en était fallu de peu pour qu’elle se terre dans sa suite avec un pot de glace au chocolat.

Elle avait cru sentir quelque chose de spécial entre Nick et elle — un lien émotionnel, en plus de l’attirance physique. Chaque fois qu’ils se touchaient, elle recevait une sorte de décharge. Ne l’avait-il pas ressenti, lui aussi ?

Elle avait dû se tromper, une fois de plus. Elle ouvrit la porte-fenêtre qui donnait sur le balcon et contempla, sourcils froncés, la petite foule qui se pressait autour de la piscine illuminée. C’était la soirée des célibataires à laquelle Julie l’avait invitée.

Et pourquoi pas ? Elle n’allait quand même pas rester dans sa chambre à se morfondre ! Non, elle se trouverait un amant pour les vacances et prendrait du bon temps avant de recommencer la fac. Elle saisit sa clé magnétique et quitta sa chambre.

Dehors, une large banderole était tendue au-dessus du chemin qui menait à la piscine. « Bienvenue à la soirée des célibataires. » Meghan hésita un instant, observant de loin les invités. La brise marine lui caressait les cheveux, légère et rafraîchissante. Tu peux le faire, songea-t?elle en s’armant de courage.

A peine eut-elle avancé d’un pas vers la piscine qu’un groupe d’hommes la remarqua.

— Hé, la sœur de Julie, par ici ! résonna une voix rocailleuse.

Elle se fit toute petite et se replia vers le bar. Il lui faudrait un peu plus que du courage pour se lancer dans la chasse au partenaire idéal. Alors qu’elle s’accoudait au bar, le barman — Alfonso, d’après son badge — lui sourit et se pencha vers elle. Il haussa la voix afin de se faire entendre par-dessus un air de salsa.

— Salut, la sœur de Julie !

— Appelle-moi Meghan ! répondit-elle en lui rendant son sourire.

— Que dirais-tu d’un rafraîchissement, Meghan ? Nous, les Jamaïcains, on fait des miracles avec des fruits frais et des glaçons…

— Merci.

Elle se retourna et balaya les alentours du regard. Peut-être Nick allait-il se montrer, après tout. Mais c’est Julie qui apparut soudain à ses côtés.

— Salut, Meg ! Où est passé ton pirate ?

— Parti nourrir son perroquet, je suppose.

— Désolée. Mais tu n’aurais pas pu mieux tomber pour lui trouver un remplaçant. J’ai fait une petite sélection de candidats potentiels au poste de M. Fabuleux.

— Comment savais-tu que mon pirate allait me laisser tomber comme une vieille chaussette ?

— Je n’en savais rien. C’était pour moi ! répliqua Julie en éclatant de rire. Tu viens ?

— J’attends qu’Alfonso ait terminé mon verre.

Julie regarda d’un air abasourdi le cocktail que le barman posa devant sa sœur.

— Tu lui as préparé un Miami Vice ?

— Tu m’as dit de pousser les clients à commander le cocktail du jour.

Meghan jeta un coup d’œil méfiant au liquide multicolore qui remplissait son verre puis le goûta du bout des lèvres. Hmm ! Du rhum, du jus de fraise, un peu de pi&ntilde;a colada. Quant au liquide bleu qui flottait à la surface, elle n’aurait su dire de quoi il s’agissait… et préféra ne rien demander.

— Allez, Meg, prends ton verre et suis-moi. On va te trouver un bel étalon pour t’amuser !

Voyant Alfonso sourire jusqu’aux oreilles, Meghan rougit et se tourna vers sa sœur.

— Pourquoi ne l’annonces-tu pas carrément au micro ?

— Hé, je veux bien, moi, être ton jouet ! proposa le barman.

Julie lui jeta un regard torve par-dessus son épaule.

— Occupe-toi plutôt des clients, Casanova !

Alfonso adressa un clin d’œil à Meghan et tira la langue en direction de Julie avant de s’éloigner vers d’autres clients.

— J’ai fait de mon mieux pour écarter les nuls et les ratés, expliqua Julie en passant son bras sous celui de sa sœur, mais c’était difficile de poser toutes les questions que je voulais tout en restant subtile…

— C’est vrai que tu es connue pour ta subtilité, Jules.

Meghan prit une nouvelle gorgée de son cocktail tout en l’écoutant lui détailler les mérites respectifs de ses prétendants. Elle se détendit à mesure que le rhum agissait, distillant une chaleur diffuse dans ses veines.

Que Nick aille au diable ! Elle se *******erait… Non, elle se choisirait un autre amant. Elle regarda autour d’elle. D’accord, ils se donnaient tous un mal de chien pour se présenter sous leur meilleur jour — sans toujours y parvenir —, mais au moins, ils avaient l’air de s’amuser.

— Moi aussi, je peux m’amuser, dit-elle à haute voix.

— Bien sûr, ma chérie, acquiesça Julie en lui tapotant le bras. Viens, je vais te présenter à Bobby.

Après de courtes présentations, Julie la laissa entre les mains du moniteur de plongée, un Australien.

— Hello ! Beauté, la salua Bobby avec un sourire éclatant de blancheur, tout en la détaillant des pieds à la tête.

Meghan sentit son moral remonter. Il était beau, musclé, bronzé. Allez, Meg, sois sexy ! Elle tenta de s’imaginer entre ses bras, de l’inclure dans l’un de ses fantasmes… Peine perdue.


L’Australien était pourtant intelligent, charmeur, viril — trop viril. Après quelques minutes en sa compagnie, elle remarqua qu’il ne la regardait pas dans les yeux mais semblait fixer un point mouvant derrière elle. Elle se retourna. Incroyable, il déshabillait des yeux toutes les femmes qui passaient dans son dos !

— Coucou, c’est moi, tu te souviens ? fit-elle observer en faisant claquer ses doigts devant lui. Je m’en vais !

Elle retourna au bar et commanda un deuxième Miami Vice. Alfonso lui sourit d’un air encourageant, tandis que Julie la rejoignait, un nouveau candidat à ses côtés. Meghan accepta de danser avec lui. Ce n’était pas Nick, mais il n’était pas si mal. Grand, beau, expansif. Carrément bavard. Elle revint vers Alfonso quand son prétendant eut fini de lui confier ses préférences sexuelles — échangisme, ménage à trois, un brin de sadomasochisme…

Un autre Miami Vice, et ce fut le tour de James, représentant de commerce. Puis d’Evan, informaticien. Après son cinquième cocktail, Meghan perdit le compte des « merveilleux » célibataires que sa sœur lui présentait. Et quand Brian, de Sacramento, lui révéla qu’il était homosexuel et ne participait à la fête que pour faire enrager son petit ami, elle décida d’arrêter les frais.

Assise au bar, elle dessinait des petits ronds sur la buée qui recouvrait son verre. A quoi bon rester ? Elle avait déjà trouvé l’amant idéal. Aucun homme ne lui avait jamais fait autant d’effet. Quand il s’approchait, elle en avait la chair de poule.

Un peu comme là…

— J’ai changé de chemise pour vous plaire, murmura-t?on tout contre son oreille.

Elle reconnut sa voix chaude en même temps que son parfum mêlé à l’odeur du savon. Son cœur bondit dans sa poitrine, et elle pivota sur son tabouret. Oh, Dieu, qu’il était beau !

La tension sexuelle aiguisait ses traits et intensifiait son regard. Quant à son sourire sensuel, il était simplement irrésistible. Si elle s’était écoutée, elle l’aurait embrassé, comme ça, sans un mot.

Tendant la main, elle caressa sa nouvelle chemise, trop *******e qu’il lui donne un prétexte pour le toucher. Le tissu rouge et violet était certes soyeux au toucher, mais tout aussi révoltant à regarder.

— Je ne saurais dire laquelle je préfère… Est-ce qu’Aldo Maccione a porté plainte, quand vous avez dévalisé sa garde-robe ?

Nick eut un petit sourire moqueur et commanda une bière. Il se tenait si près qu’elle sentait la chaleur émaner de son corps. A moins que ce ne fût la flamme de son propre désir qui l’embrasait ainsi entre les cuisses.

— Je ne pensais pas vous revoir ce soir, fit-elle remarquer.

— &Ccedil;a commençait tout juste à devenir intéressant…

Il porta sa bouteille de bière à ses lèvres et la reposa sur le bar tout en la dévisageant.

— Alors, reprit-il avec un air entendu, il paraît que vous êtes à la recherche d’un étalon ?

Elle fusilla Alfonso du regard. Le barman lui adressa un petit signe du pouce.

— Il lui semblait que je pourrais faire l’affaire, poursuivit Nick. Qu’en pensez-vous ?

— Je ne sais pas. Julie m’a branchée avec des types fascinants, ce soir… Je vais avoir du mal à choisir.

— Vraiment ? Et quels sont vos critères de sélection ? Je pourrais quand même tenter ma chance, on ne sait jamais.

Il posa un pied sur le rail qui courait le long du bar, et sa jambe frôla la sienne. Le bref contact de son jean contre sa peau nue lui brouilla les sens. A moins que ce ne fût les Miami Vice qui commençaient à faire leur effet ?

— Voyons… Ah oui. Je suis censée trouver un mec sexy, viril, cultivé, brillant, romantique et sensible.

— Ce n’est pas un peu contradictoire ? Viril et sensible ?

Elle éclata de rire devant l’aspect ridicule de sa liste.

— C’est vrai ! Enfin, du moment que vous n’êtes ni pervers, ni homo, ni coureur… ni flic !

Pourquoi avait-elle dit ça ? se demanda-t?elle en le voyant se raidir. Ce devait être l’alcool. Elle ne voulait pas qu’il la comprenne de travers.

— &Ccedil;a m’a échappé, expliqua-t?elle vivement avec un geste vague de la main. Ne vous inquiétez pas, je ne suis pas une criminelle en fuite et je n’ai rien contre la police. Mais ma sœur a été mariée à un flic. Ce n’était pas une partie de plaisir.

Il parut se détendre. Tout en la contemplant par en dessous, il s’adossa au bar et prit une nouvelle gorgée de bière. Elle ne put s’empêcher de regarder son entrejambe. Oh là là ! Détournant les yeux, elle essaya de calmer les battements de son cœur.

— Comment expliquez-vous que, lorsque je suis avec vous, j’ai l’impression d’être embarquée dans un train emballé ?

Il caressa sa joue du bout des doigts et prit son menton dans le creux de sa main. Elle leva les yeux vers lui. Ses yeux brillaient d’un curieux mélange de tendresse et de sensualité.

— Ne vous inquiétez pas. Avec moi, vous serez en sécurité.

Elle reprit son souffle, emplie d’une douce sensation de plaisir. L’intensité de son regard… et cette protubérance dans son pantalon. Il la désirait, c’était évident. Elle le voyait dans ses yeux, le sentait au contact de sa peau.

— Et qui me protégera de vous ?

— Nous savons, vous et moi, que vous êtes en mal d’aventure. Mais ne vous inquiétez pas. Nous allons prendre notre temps. C’est comme ça que j’avance. Lentement, mais sûrement.

Elle prit une gorgée de son cocktail et déglutit avec peine. Lentement ou pas, elle s’en fichait. Elle le désirait et elle l’aurait.

— Avant de faire mon choix, je veux vous voir en action, répliqua-t?elle, provocante. On danse ?

Il la fit descendre du tabouret et la prit dans ses bras. Elle s’attendait qu’il soit maladroit ou raide, mais non. Se laissant porter par la musique, il la guida d’un pas sûr, l’enlaça, la fit tourner puis la serra de nouveau contre lui.

Son corps s’accordait parfaitement au sien. A moins que ce ne soit le contraire. Peu importe. Elle se sentait parfaitement à l’aise entre ses bras, balançant des hanches, frottant ses cuisses contre les siennes. Elle avait lu un jour que les hommes qui dansaient bien étaient encore meilleurs au lit.

Nick était un excellent danseur.

Une décharge électrique passa entre eux. Serait-il aussi bon au lit que sur la piste de danse ? Elle avait hâte de le découvrir. Comme elle le regardait à la dérobée, il baissa la tête vers elle et lui adressa un clin d’œil. Son visage rayonnait, animé par le plaisir de la danse. Elle ne put s’empêcher de sourire tant sa joie était communicative.

Baissant les paupières, elle se laissa aller totalement dans ses bras. Et trébucha.

Oh ! oh ! Tous ces Miami Vice…

Il lui fallut un moment pour analyser son état. Les joues rouges, la tête qui tourne, les jambes qui flageolent… Elle se sentait tout émoustillée.

— Je crois que j’ai un peu bu.

Il se mit à rire.

— Une femme qui ne tient pas l’alcool ? Ah non, alors. Là, c’est vous qui ne correspondez plus à mon type de femme.

La musique avait changé et il l’entraîna vers le bar.

— Pas question de danser sur ce genre de disco ! Alfonso, vous nous préparez du café ?

— Je ne veux pas de café, protesta-t?elle en s’appuyant contre son épaule. Je veux encore un Miami Vice.

— Je crois que vous avez eu assez de « vice » ce soir.

— Oh non, ça ne risque pas ! J’ai un tel retard à rattraper… C’est moi la gentille fille, dans la famille.

Devant son sourire en coin, elle sentit ses dernières inhibitions s’envoler et le considéra avec impudeur. Ce soir, elle était l’allumeuse, l’amazone à la recherche d’un homme-objet. Elle allait mettre cet homme dans son lit.

Ses mains douces se poseraient sur sa poitrine et caresseraient sa peau sensible. Il prendrait ses seins dans la paume de ses mains, les soupèserait puis frotterait les petites pointes tendues de désir avec ses pouces.

Elle dressa la poitrine vers lui.

— Que se passe-t?il, Beauté fatale ? Vos yeux brillent d’une lueur dangereuse.

Elle allait prendre un risque incroyable qui la laisserait peut-être vulnérable et meurtrie. Mais l’alcool dans ses veines avait vaincu sa réserve. Attrapant la main de Nick, elle la posa sur sa cuisse.

Il l’agrippa, comme par réflexe, et ses pupilles se dilatèrent. Comme il ne retirait pas sa main, elle prit une longue inspiration et lâcha le morceau.

— Je veux faire l’amour sans réfléchir. Je veux que ce soit torride. Que ce soit fou. Et que ce soit avec vous.

aghatha 05-08-09 10:42 PM

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**ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** 05-08-09 11:06 PM

6

Je m’abandonne à ses baisers féroces. Ses lèvres sont brûlantes, sa langue agile. Son baiser me grise, m’enflamme. Je sens mon âme qui s’embrase.

Meghan lui sourit, coquine. Visiblement, sa déclaration l’avait laissé bouche bée, mais il se reprit vite. Elle le devinait à la fois surpris et intrigué.

Quelle coquine elle faisait !

Se laissant glisser de son tabouret, elle se plaça entre ses cuisses. Il la prit par les hanches. Elle aimait sentir ses mains sur elle — fortes, déterminées… Les siennes, en revanche, tremblaient comme des feuilles.

Une main sur sa tempe, elle se fraya un chemin dans ses boucles sombres. Ses cheveux étaient aussi doux et soyeux qu’elle l’avait imaginé. Elle laissa glisser sa paume sur sa nuque, le long de sa mâchoire, puis elle s’avança tout contre lui, frottant son ventre entre ses cuisses, sur le bouton de sa braguette.

Elle le désirait. Maintenant. Mais un peu plus d’enthousiasme de sa part n’aurait rien gâché.

— Allez, Nick, chuchota-t?elle à son oreille. Laisse-toi aller, libère tes pulsions.

Il tressaillit. Ses doigts se crispèrent sur sa taille, puis se relâchèrent. Pourtant, lorsqu’il la regarda, elle ne lut que du regret et de l’inquiétude dans ses yeux.

— Et si je te ramenais dans ta chambre ?

Elle secoua la tête en signe de dénégation, avant de s’arrêter. La terrasse s’était mise à tourner sous ses pieds.

— Non, non, non… Une chambre, c’est bien trop prévisible.

L’amour à la vanille ? Non merci. Ce qu’elle voulait, c’était plutôt cinq boules café et coco, avec chocolat amer et beaucoup de chantilly.

Oh oui, baby, vas-y !

— Je veux qu’on fasse l’amour comme des fous, sans tabou.

Un mélange de désir et d’alcool saturait ses veines. L’alcool rendait sa diction incohérente ; le désir lui donnait des ailes. Elle prit les mains de Nick dans les siennes et les pressa sur ses fesses.

— Comme des fous et sans tabou ? murmura-t?il en la pétrissant doucement. Oh ! Beauté fatale, tu me rends fou.

Elle vacilla et reprit son équilibre en se retenant à lui.

— Alors, on baise ou quoi ?

Il parut indécis. Mais quand il reprit la parole, ce fut d’une voix ferme.

— Meghan, je pense que nous devrions…

— Non, non, ne pense plus. Je veux faire l’amour sur la plage, avec les vagues qui viennent s’écraser sur nous, comme dans les films.

Elle se libéra de son étreinte et s’échappa en zigzaguant. Qu’aurait fait Elise dans la même situation ? Elle aurait rejeté la tête en arrière, les lèvres fendues en un large sourire. L’aurait appelé d’un petit signe de l’index, provocante et sexy.

— Essaie de m’attraper !

Détachant ses sandales, Meghan commença à courir vers la plage d’un pas incertain. Le sable était frais sous ses pieds et une brise marine plaquait le tissu de sa robe contre ses jambes. Elle jeta un coup d’œil par-dessus son épaule. Derrière elle, Nick gagnait rapidement du terrain.

Riant, le souffle court, elle se laissa rattraper et lâcha ses sandales. Ils avaient de l’eau jusqu’aux chevilles. Alors qu’il la soulevait contre lui, elle posa sa tête dans le creux de son épaule et se laissa bercer par les battements de son cœur et le fracas des vagues, les yeux perdus dans l’horizon. La surface de l’eau scintillait dans le clair de lune comme une pluie d’étoiles.

Tout en lui caressant le dos, il prit sa nuque de la main. Ce tendre massage déclencha en elle un désir puissant, et elle se mit à trembler dans ses bras. Le visage enfoui au creux de son épaule, elle pressa son corps contre le sien. Ses seins étaient tendus et douloureux ; les petites pointes durcies se frottaient contre son torse. L’envie la submergea lorsqu’elle sentit l’arête saillante de son érection contre son ventre.

Enfin, elle y était. Son fantasme du Grand bleu allait bientôt se réaliser. Oui, oui, oh oui !

Elle inclina la tête en arrière pour mieux le regarder. Ses yeux avaient pris la teinte vert foncé du jade. Le vent avait emmêlé ses courtes boucles noires et, sous le clair de lune, des ombres étaient apparues sur son visage, accentuant sa mâchoire carrée. Comment pouvait-on laisser en liberté un homme avec une bouche pareille ? Les lèvres étaient pleines, charnues, sexy…

Je le veux et je vais l’avoir.

— Je ne suis pas frigide, je peux le prouver.

— Je n’ai jamais pensé que tu étais…


Ses mots s’étranglèrent dans sa gorge. Elle s’était mise à frotter son ventre contre le sien, les boutons de sa robe s’accrochant à sa fermeture éclair. Les bras autour de lui, elle lui pétrit les fesses. Laissant échapper un gémissement rauque, il se pencha vers elle. Leurs souffles s’emmêlèrent et elle ferma les yeux. Elle anticipa, pleine d’impatience, la caresse de leur premier baiser. Une seconde passa, puis une éternité. L’attente était presque insupportable.

Elle rouvrit les yeux. Il la contemplait avec une tendresse inattendue. Ses doigts pincèrent doucement sa joue, comme s’il voulait emporter un souvenir avec lui.

— Hmm ! c’est vraiment bon, Nick, mais tu ne veux pas m’embrasser ?

— Plus que tu ne le crois. Plus qu’il ne faut.

Il prit son visage dans ses mains. Quand ses lèvres effleurèrent enfin les siennes, la caresse fut si lente, si douce, qu’elle crut défaillir. Puis sa bouche couvrit la sienne, et elle comprit qu’elle était perdue.

Elle ferma de nouveau les yeux et ses genoux se dérobèrent sous elle. Son tendre baiser était comme une promesse qu’on chuchote. Il fit courir le bout de sa langue sur sa lèvre supérieure avant de prendre possession de sa bouche.

Elle lui rendit son baiser, explorant sa bouche au parfum de cannelle et de tabac. Leurs langues se parlaient, se répondaient, et elle sentait tout son corps renaître à ce langage.

Posant le plat de sa main au creux de ses reins, il la maintint serrée contre lui. Gémissante, elle se frotta à lui. Une douce chaleur irradiait entre ses cuisses, et ses hanches commencèrent à se balancer sur un rythme vieux comme le monde. Le désir enflammait sa chair, embrasait son âme. Tous ses sens étaient en éveil.

C’était encore meilleur que tout ce qu’elle avait écrit.

Le monde tournait tout autour d’elle. Comme si l’univers tout entier s’était réduit à ce petit bout de plage et à ces deux êtres qui s’y unissaient. Le souffle court, elle se sentit partir. De minuscules points de lumière dansaient dans la brume qui s’était formée devant ses yeux tandis qu’une force irrésistible l’attirait vers l’obscurité. Elle essaya de faire le point sur le visage de Nick, mais il se perdit dans le brouillard. Tout devint flou. Puis noir.

Meghan glissa entre ses bras et se laissa tomber sur le sable détrempé. Encore tout à leur baiser, Alex eut besoin d’une seconde pour comprendre ce qui se passait.

Comme elle ne réagissait pas, il l’attrapa par les bras et la tira sur la plage, hors d’atteinte des vagues. S’agenouillant devant elle, il vérifia qu’elle respirait. Son pouls était rapide mais régulier. Il repoussa doucement les mèches folles qui s’étaient emmêlées sur son front mouillé et essuya les grains de sable collés sur ses joues.

Beauté fatale s’était endormie comme un bébé.

Il n’allait pas profiter de son état, bien sûr, mais quand même… Il n’était qu’un homme ! Si elle n’avait pas brusquement sombré dans le sommeil, il aurait sûrement réalisé son fantasme de faire l’amour sur la plage — entre autres.

Après avoir ramassé ses sandales, il la prit dans ses bras et se redressa, la calant fermement contre lui. La chaleur de son corps irradiait contre sa peau à travers sa robe trempée.

Il se dirigea vers l’hôtel. Comment allait-il bien pouvoir traverser le hall avec une femme endormie dans les bras sans se faire remarquer ? Manque de chance, Julie avait dû les voir à travers les palmiers, car elle apparut soudain devant lui.

— Hé ! que s’est-il passé ? Elle va bien ?

— Overdose de cocktails. &Ccedil;a va aller, mais il faut qu’on la ramène dans sa chambre.

Elle souleva le bras sans vie de sa sœur et le lui cala contre le torse.

— J’espère que ce n’est pas grave.

Il jeta un coup d’œil à Meghan et la repositionna contre lui. Toujours pas de réaction

— Une bonne nuit de sommeil, quelques aspirines, et il n’y paraîtra plus, assura-t?il.

— Merci de vous en être occupé…

— Euh… Nick. Nick Alexander.

Elle le dévisagea des pieds à la tête, avec un petit air entendu.

— Alors, c’est vous, le pirate. Alléluia !

— Hein ? dit-il, abasourdi.

— Rien, rien. Je ne peux pas abandonner la soirée pour l’instant. Vous voulez bien la monter dans sa chambre ?

— Bien sûr, ne vous inquiétez pas. Il ne va rien lui arriver.

— Merci, Nick. Pourquoi ne passez-vous pas par là ?

Elle lui indiqua un chemin qui contournait le bâtiment et menait à un ascenseur de service.

Arrivé au sixième étage, Alex repéra rapidement la chambre de Meghan. Laissant tomber les sandales, il lui posa les pieds par terre et la maintint fermement contre lui de façon qu’elle tienne debout. Ne restait plus qu’à trouver la clé.

Il recula d’un pas et l’observa tout en la tenant à bout de bras. La tête de Meghan retomba mollement sur sa poitrine. Il chercha vainement des poches sur sa robe. Rien que du tissu rose translucide qui collait à sa peau. Peut-être une poche secrète ? Il glissa sa main le long de ses hanches à la recherche de la carte magnétique. Sans résultat.

Mais où… ?

Il s’interrompit et baissa les yeux vers son décolleté. Il n’y avait que son soutien-gorge. Prenant une longue inspiration, il se força à déglutir. Depuis le début de la soirée, il mourait d’envie de toucher sa poitrine, se demandant si ses seins empliraient les paumes de ses mains. La seule différence, c’est que, dans ses fantasmes, Meghan était réveillée.

Il glissa sa main sous le tissu humide et se retint de gémir lorsqu’il sentit la pointe de son sein gauche se dresser contre ses doigts. Il s’y attarda un instant puis explora le bonnet droit. Il y trouva la clé magnétique, toute tiède d’être restée contre sa peau.

Derrière lui, la sonnerie de l’ascenseur retentit. Alex délaissa à regret les seins de Meghan pour glisser la carte dans la serrure magnétique. Il poussa le battant du pied, la souleva dans ses bras et envoya les sandales à l’intérieur de la chambre d’un tir bien ajusté. Puis il pénétra dans la pièce.

La suite étant identique à la sienne, il n’eut aucun mal à trouver la chambre. Il allongea Meghan sur le lit et alla chercher une serviette de toilette dans la salle de bains. Il lui sécha les cheveux, le visage, puis frotta doucement ses bras et ses jambes.

Jetant la serviette sur la table de nuit, il s’apprêtait à recouvrir Meghan du dessus-de-lit quand il s’arrêta, hésitant. Sa robe était mouillée, et le fin coton plaqué contre sa peau.

Il ne pouvait quand même pas la laisser comme ça. Il fallait la déshabiller, sinon elle risquait de prendre froid.

Ouais, c’est ça. Tu as surtout envie de voir ce qui se cache sous cette robe sexy.

Un genou posé sur le bord du lit, il commença à la déboutonner, puis la releva en position assise. Elle s’écroula contre lui. La maintenant plus ou moins droite, il fit glisser le tissu mouillé jusqu’à sa taille.

Elle avait un corps magnifique, avec des courbes là où il fallait. Sa peau dorée contrastait avec le rose fushia de son soutien-gorge. Ses doigts le démangeaient. Il voulait encore caresser sa chair ferme et sentir la chaleur de son corps sous ses doigts.

C’est alors qu’elle se mit à bouger, gémissant doucement, puis lança un bras au-dessus de sa tête. Toujours endormie, elle roula sur le côté, ce qui permit à Alex de lui retirer entièrement sa robe. Et de perdre la raison.

Le string rose fushia ne laissait aucune place à l’imagination. Il s’insinuait entre les deux fesses les plus parfaites qu’il ait jamais contemplées.

— Oh, Beauté fatale, tu me tues ! murmura-t?il en levant les yeux au ciel.

D’accord, il n’était qu’un minable, mais il tendit quand même la main vers elle. Sa peau était douce comme du velours, fraîche comme le sable fin. Il laissa ses doigts s’aventurer vers l’intérieur de sa cuisse, là où sa peau prenait une teinte de miel. Lui-même sentait son sexe en érection tendre le tissu de son jean à le craquer.

Elle écarte les jambes et le regarde qui l’observe, sans la moindre honte. Il glisse ses doigts dans la chaleur humide de sa fente et commence à décrire des petits mouvements circulaires. Elle se cambre contre sa main, l’encourage…

Se rappelant ces phrases du journal intime, il la recouvrit à regret avec le dessus-de-lit et se leva, pris de remords. Non, il ne fallait pas. Il devait garder ses distances. D’autant qu’elle faisait peut-être partie du cartel. Il n’allait pas commettre la même bêtise qu’Emelio. Il n’était pas si bête…

Oh, et puis, si ! Il ferait l’amour à Meghan, juré.

Allongé sur le dos, la bouche ouverte, le souffle court, Alex sentait sa peau le brûler, et tous les muscles de son corps lui faisaient mal. Le parfum de Meghan vint chatouiller ses narines. Lorsqu’il reprit enfin son souffle, il ouvrit les paupières et leva les yeux dans sa direction.

Elle était toujours aussi belle, avec ses cheveux ébouriffés, sans maquillage. Et malgré ses yeux injectés de sang.

— Déjà fatigué, Nick ?

Les mots lui parvinrent, presque inaudibles parmi le vacarme des battements de son cœur. On aurait dit que la voix de Meghan avait été créée pour le téléphone rose. Non pas qu’il aime ça, d’habitude.

— Oh, ça va, ça fait une heure que je m’active !

Il replaça la barre de musculation sur son support et se redressa. Alors que Meghan reculait d’un pas, il se leva et s’étira, exhibant ses muscles. L’admiration qu’il lut dans ses yeux dorés en valait largement la peine.

Il n’avait pas dormi de la nuit, mais, pour une fois, ce n’était pas à cause du cauchemar d’Overtown. Non, il avait passé son temps à ressasser les fantasmes que Meghan avait décrits dans son journal intime. Elle occupait toutes ses pensées, malgré une heure de footing sur la plage et une autre heure passée dans la salle de musculation.

Attrapant sa serviette, il s’essuya le visage et le torse. Il ne put retenir un petit sourire en voyant qu’elle continuait de le dévisager, et gonfla ses muscles à son intention.

— Vous êtes venue pour le cours de gym ?

— Non, pour le massage de détente Shiatsu.

Elle inspira profondément, les épaules en arrière et les seins pointés en avant. Alex avait du mal à ne pas garder les yeux fixés sur sa poitrine. La pointe de ses mamelons, sans soutien-gorge, le narguait sous le fin coton de son T-shirt. Une nouvelle vague de désir le submergea.

— Vous êtes tendue ?

— Euh…

Rosissante, elle détourna le regard et, d’un geste machinal, se mit à triturer son bracelet en or. La prenant par la main, il l’emmena un peu à l’écart, vers la baie vitrée.

— Alors, Beauté fatale, où étiez-vous passée, ce matin ?

— Je vous évitais.

— Brutale, mais franche !

Elle fit une petite grimace et effleura son bras du bout des doigts.

— Excusez-moi, je vous en prie, commença-t?elle, l’air piteux. J’ai tellement honte. Ces Miami Vice étaient très alcoolisés et je n’ai pas l’habitude de boire.

Il s’adossa au mur et lui sourit gentiment.

— Ah, ça, vous étiez gaie ! Comment va votre tête ?

— Toujours attachée, apparemment, ajouta-t?elle en se frottant les tempes. Enfin, je n’en jurerais pas.

— Il faut que vous buviez beaucoup d’eau…

— Nick, le coupa-t?elle, je suis vraiment désolée au sujet de ce qui s’est passé la nuit dernière.

Il l’observa attentivement. Il voulait guetter sa réaction lorsqu’il lui poserait la question suivante.

— Vous êtes désolée pour tout ce qui s’est passé ?

— Que voulez-vous dire ?

— Rien, rien, oubliez ça.

Il regarda sans la voir la terrasse extérieure. Si Meghan avait oublié l’incroyable baiser qu’ils avaient échangé la veille, ce n’était pas lui qui allait le lui rappeler. Il avait essayé de se comporter en gentleman — hormis le moment où il avait un peu abusé de son coma éthylique pour lui peloter les fesses.

— Je regrette d’avoir tant bu et de m’être comportée ainsi avec vous.

— Je ne me suis pas senti insulté.

— Je m’en souviens, en effet.

Ses yeux étincelèrent d’amusement, et elle le dévisagea de la tête aux pieds.

— Oui, répéta-t?elle, enjôleuse, je m’en souviens…

Il tressaillit, surpris. Est-ce qu’elle s’était réveillée, la nuit dernière, sans qu’il s’en aperçoive ?

— Vraiment ?

— Jusqu’à un certain point, du moins. On était sur la plage, et puis je me suis réveillée dans ma chambre avec la migraine.

Bien. Son secret resterait bien gardé. Il hésita un instant avant de lui demander :

— Et vous vous souvenez aussi de ce que vous m’avez dit ?

Le rire de Meghan s’étrangla dans sa gorge.

— Comment l’oublier ? Je n’ai jamais rien fait de tel de toute ma vie. Je n’ose pas imaginer ce que vous pensez de moi.

Il lui prit le visage dans les mains et riva son regard au sien.

— Je pense que vous êtes une femme magnifique qui n’a pas peur de reconnaître l’inévitable.

— Je vous dois une explication. Il faut que je vous…

Elle s’interrompit. Quelqu’un s’était installé sur le banc de musculation, à portée d’oreille.

— Vous êtes toujours d’accord pour la sortie en mer avec masque et tuba ? s’enquit-il.

— Bien sûr. Je vous retrouve sur la jetée dans une heure.

Plaçant les mains sur ses avant-bras, elle se dressa sur la pointe des pieds et déposa un doux baiser sur ses lèvres.

Alex se sentit chavirer sous la tendresse de son geste. Il sourit, étonnamment heureux.

— A tout à l’heure, Beauté fatale.

Et il la regarda s’éloigner, hypnotisé par le balancement de ses hanches moulées dans son petit short blanc.

Etait-il tombé sur la tête ? Le moment était mal choisi pour se lancer dans une nouvelle histoire. Les recherches d’Emelio au sujet de Meghan n’avaient rien donné — ni casier, ni mandat d’arrêt, pas même une amende. Sans doute n’avait-elle rien à voir avec le cartel, mais cela ne signifiait pas pour autant qu’il pouvait se lancer tête baissée dans une aventure.

D’autant qu’il n’était pas question de lui révéler sa couverture. Il devait jouer son rôle, même avec elle. Mentir et dissimuler.

Et merde ! Encore et toujours la même situation. Liz, son ex-femme, avait fini par demander le divorce parce qu’elle ne supportait pas de le voir disparaître plusieurs jours durant sans donner signe de vie. Elle refusait d’admettre qu’il doive lui cacher des choses. Alors que c’était justement le propre de son boulot ! Jamais elle n’avait voulu comprendre que sa profession était une composante essentielle de son identité.

Dans le vestiaire, il retira son débardeur et son short trempés de sueur avant d’entrer dans la douche. Il se savonna énergiquement le torse, le ventre, les cuisses. Et se mit à penser à Meghan.

Il aurait bien changé de place avec la masseuse. Il l’imagina nue devant lui, gémissant doucement sous ses mains. Il ferait rouler sa peau mate sous ses doigts, la malaxerait jusqu’à ce qu’elle soit tiède et souple à force de caresses. Il lui masserait les épaules, frotterait son dos, lui pétrirait les cuisses. Puis il se pencherait pour goûter sa chair tendre…

Il laissa échapper un soupir de frustration. Baissant la tête, il offrit sa nuque au jet et ouvrit à fond le robinet d’eau froide. La morsure glacée de l’eau lui arracha un râle sourd. Mais il avait repris le contrôle de ses sens et de son esprit.

**ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** 05-08-09 11:19 PM

hi
 
ÇÞÊÈÇÓ:

ÇáãÔÇÑßÉ ÇáÃÕáíÉ ßÊÈÊ ÈæÇÓØÉ aghatha (ÇáãÔÇÑßÉ 2022614)
rihame vous etes la meilleure ma puce wow quelle comeback tu nous a epaté merci chere soeur on attd tjrs tes nouveautés si exquisites tu ne cesse pas de nous eblouir merci pr ts

trés cher aghata ça ma touché enormement ton message merci de me courager et surtout faire confiance a mon gout et mon choix j'espere QUE LE ROMAN TE PLAIRAS et surtout suis moi toujour

**ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** 19-09-09 09:40 PM

chapitre 7



Alex attendait Meghan sur la jetée lorsque la navette en provenance de Key West accosta. En voyant Rogelio Braga en descendre, il sentit son ventre se serrer et un goût de bile lui monta à la bouche. Braga se dirigea vers lui. Alex enfonça ses poings au fond de ses poches, essayant de calmer le tremblement de ses mains. Un mélange puissant d’appréhension et d’adrénaline s’était déversé dans ses veines.

Je vais y arriver. Je maîtrise.

Il prit une longue inspiration et se força à rentrer dans son rôle. Bon sang, ça n’aurait pas dû lui poser le moindre problème !

Quelques secondes plus tard, Nicholas Alexander accueillait en souriant son employeur potentiel. L’allure roublarde, il arborait un air rusé et ses lèvres s’étiraient en un sourire de circonstance. Le ton de sa voix s’était modifié, lui aussi, de façon à mieux coller au personnage.

— Se&ntilde;or Braga, débita-t?il avec empressement, quel plaisir de vous revoir ! Je vous ai cherché la nuit dernière, pour vous remercier de votre généreuse attention.

Braga lui prit la main et la serra mollement, à la manière des Latinos — rappel que la force physique ne fait pas le pouvoir.

— C’était normal. Je suis ravi que le vin vous ait plu.

— J’espère, Se&ntilde;or Braga, que vous vous joindrez à moi pour le boire ? Peut-être que nous pourrons ainsi conclure notre marché ?

Nick lui sourit, à la fois déférent et optimiste.

Braga lui fit signe de le suivre, et ils s’éloignèrent sur la jetée.

— Dites-moi, Nicholas, que comptez-vous proposer à Frankie Ramos ?

Une balle dans la poitrine. Alex se força à ignorer la bouffée de colère froide qui montait en lui, ainsi que les images de l’indic et de l’agent assassinés. Il fallait que sa réponse s’accorde avec son rôle de petit génie de la finance, tout en faisant avancer leur enquête.

— Il y a des centaines d’opérations possibles qui pourraient convenir à votre organisation. Avant de vous répondre, je dois en savoir plus. Où sont les fonds, comment ils sont transférés… Je pourrai ensuite vous présenter de nouvelles méthodes.

— Nous préférons conserver un certain flou et, bien que j’apprécie votre discrétion, j’aimerais que vous soyez le plus franc possible : qu’avez-vous de mieux à offrir que les autres banquiers ?

Le moment était venu pour Nicholas Alexander de faire ses preuves. Braga l’observait attentivement, dans l’attente de sa réponse. Vas-y. Alex décida de se mouiller et de montrer qu’il connaissait un peu le fonctionnement du cartel.

— Sans vouloir vous offenser, se&ntilde;or, vous devez changer d’échelle. Regrouper et transporter des cartons entiers d’argent sale en petites coupures prend du temps, de la place, et fait courir beaucoup de risques. Evacuer l’argent du pays dans des avions de tourisme…

— Manque de sophistication, l’interrompit Braga en secouant la tête, comme pour critiquer la stupidité du procédé. Mais cela garantit néanmoins une certaine discrétion à nos transactions financières.

Alex hocha la tête avec vigueur. Son personnage était impatient à l’idée de toucher les dix pour cent promis par le cartel sur toutes les opérations qu’il réaliserait.

— Les régulations bancaires ne sont pas infaillibles et il existe des moyens tout à fait légaux en apparence pour blanchir des sommes importantes sans que l’Etat vienne fourrer son nez dans vos affaires.

— Passionnant. Je vous écoute.

Jaune d’or. Une tache lumineuse attira le regard d’Alex sur sa gauche. Meghan arrivait sur la jetée et s’avançait vers le ferry. Elle ne l’avait pas encore vu, mais ce n’était qu’une question de minutes.

— Je n’oublie jamais un service. Ou un affront.

Alerté par l’intonation de Braga, il focalisa son attention sur lui. Oublie la fille. Concentre-toi.

— Vous avez trop de liquidités coincées aux Etats-Unis. Il faut réinjecter ces capitaux dans le système bancaire international. C’est là que j’interviens.

Braga se mit à rire.

— Si vous réussissez à faire entrer nos opérations de blanchiment dans le xxie siècle, je vous garantis une place en or au sein de notre organisation. J’y veillerai personnellement.

S’il semblait détendu, son regard arrogant trahissait tout autre chose. Apparemment, Braga avait des projets pour l’avenir — de très gros projets. Qui n’incluaient pas Frankie Ramos. La tête de pont du cartel de Miami était sur le point de tomber et Braga serait celui qui précipiterait sa chute
Nick paraissait préoccupé. Il regardait s’éloigner un homme aux cheveux grisonnants. Saisie par une impulsion, Meghan s’avança vers lui et lui pinça les fesses. Il sursauta et fit volte-face, les yeux écarquillés par la surprise. Puis son expression se changea en joie.

Elle haussa les épaules, sans regret.

— Je n’ai pas pu résister.

— Vous commencez tôt, Beauté fatale !

Il l’avait déjà appelée comme ça, la veille. Une première pour elle qui avait toujours été la gentille fille. Bien sûr, il se moquait d’elle, mais elle ne pouvait s’empêcher d’adorer ça. Enfin, un surnom sympa !

— Alors, qu’est-ce qu’il vous voulait ?

— Qui ça ?

— Brava ? Brana ? Ce type avec qui vous parliez.

Elle aurait pu jurer qu’un éclair de méfiance était apparu dans ses yeux.

— Je passais le temps, c’est tout.

— Braga, c’est ça ! s’exclama-t?elle. De loin, ç’avait plutôt l’air sérieux.

Il parut hésiter une seconde.

— Se&ntilde;or Braga est le client dont je vous ai parlé, admit-il.

Elle plissa les paupières. Rien de pire à ses yeux que le mensonge.

— Vous avez fait comme si vous ne le connaissiez pas, la nuit dernière, au bar, observa-t?elle d’une voix coupante.

— C’était Braga ? Je ne l’ai pas reconnu.

Méfiante, elle fronça les sourcils. Puis elle rejoua la scène dans sa tête. Le Se&ntilde;or Braga avait quitté sa table avant l’arrivée de Nick.

— Ah ? C’est possible, je suppose.

— Alors, on y va ?

Il lui tendit la main et l’aida à monter à bord du ferry qui allait les emmener au parc national des Dry Tortugas. Ils prirent place sur le pont supérieur, juste à l’avant du bateau. Meghan ôta ses sandales et posa les pieds sur le bastingage. S’asseyant à côté d’elle, Nick croisa ses grandes jambes sur la barre inférieure de la rambarde. Les cuisses bronzées qui s’échappaient de son short en jean étaient longues et musclées. Elle sentit ses doigts la démanger.

Quand un serveur passa prendre leur commande, Nick demanda une bière.

— De l’eau pour vous, décréta-t?il à Meghan d’un air sévère.

Elle lui tira la langue et commanda un soda.

Repoussant ses lunettes sur son nez, elle retira le grand T-shirt jaune qui recouvrait son maillot de bain, puis s’étira longuement avec un profond soupir. Sa migraine avait disparu, son estomac était calmé et Nick l’accompagnait.

— Quelle belle journée, n’est-ce pas ?

— Ouais, la vue n’est vraiment pas mal.

Les yeux rivés sur elle, il détailla lentement son minuscule haut de maillot. Son regard caressait chaque portion de sa peau que découvrait le tissu rose fluo.

— Moi aussi, j’aime la vue. A part la chemise, bien sûr.

Il fronça les sourcils avant de baisser la tête pour jeter un coup d’œil aux poissons multicolores imprimés sur le tissu.

— Vous ne connaissez vraiment rien à la mode, répliqua-t?il.

— Tandis que vous, vous êtes au top !

Elle considéra avec admiration ses boucles brunes emmêlées, le rire qui pétillait dans ses yeux, le charme naturel de son sourire, et une bouffée de désir la submergea. Que se serait-il passé la nuit dernière, si elle ne s’était pas endormie ? L’impatience qu’elle ressentait à chacune de leurs rencontres ressemblait en tout point à ce qu’elle décrivait dans son journal.

J’attends, frissonnante et fébrile, que nos corps entrent en contact. La promesse du plaisir à venir m’électrise. Il murmure à mon oreille et je vois sa main qui s’avance…

A ce propos, où était passé son journal intime ?

Elle l’avait cherché ce matin dans ses affaires, en vain. Le carnet semblait avoir disparu.

Elle fit rouler la canette de soda entre ses mains, affectant la nonchalance.

— Au fait, Nick, je n’aurais pas oublié quelque chose dans votre suite ?

— Je ne crois pas, répondit-il, les yeux baissés sur sa bière. Qu’avez-vous perdu ?

Elle ne voulait pas trop lui en révéler. Ce qu’elle écrivait dans son journal était bien trop personnel et intime.

— Oh, ça n’a de valeur que pour moi. C’est un petit livre.

— Peut-être que vous pourrez en trouver un autre à la boutique de l’hôtel ?

— Non, c’est… Laissez tomber. C’était un vieux livre, de toute façon.

Elle s’obligea à chasser sa contrariété. Bah ! son journal intime finirait bien par refaire surface. L’heure était à la détente et au plaisir.

Le soleil brillait haut dans le ciel et faisait scintiller l’eau aux reflets bleu-vert. Tournoyant au-dessus du ferry, des oiseaux couvraient de leurs cris aigus le bruit du moteur. L’air charriait une odeur marine, qui se mêlait au parfum épicé du buffet créole dressé par l’équipage.
Meghan se sentait bien. Nick tendit la main vers la sienne et la caressa du pouce. En apparence anodin, ce mouvement la fit frémir de part en part. Il tira doucement le bout de ses doigts jusqu’à ce qu’elle lève les yeux vers lui.

— Vous vouliez me dire quelque chose, tout à l’heure, dans la salle de sport ?

— C’est au sujet de la nuit dernière.

Elle détestait parler de Rob et de la petite culotte fendue, mais elle lui devait une explication. Pas question qu’il croie qu’elle avait l’habitude de se jeter au cou de n’importe qui.

— Mon ancien petit ami s’est rendu compte qu’il n’était pas fait pour la monogamie.

— Comment l’avez-vous découvert ?

Elle baissa la tête, accablée. Cela faisait toujours aussi mal.

— J’ai trouvé des sous-vêtements qui ne m’appartenaient pas. Il n’a pas pu nier qu’il me trompait.

— Quel con ! Pas d’avoir avoué, mais de vous avoir trompée, précisa-t?il en posant sa bouteille vide par terre. Cela dit, quel est le rapport avec hier soir ?

— Sa trahison m’a vraiment mise en colère. Et a détruit l’image que j’avais de moi.

Sans rien dire, il pressa doucement ses doigts dans sa main. Cette discrétion doublée de compréhension la rasséréna. Pas besoin d’alcool, cette fois, pour trouver le courage de lui dire la vérité.

— Je veux me prouver que je ne suis pas froide ni coincée, et j’ai décidé de prendre un amant. J’aimerais que ce soit vous.

Elle vit un brasier s’allumer dans ses yeux juste avant qu’il ne porte sa main à ses lèvres afin d’y déposer un baiser.

— Et moi, j’adorerais vous avoir pour amante. Vous êtes belle, sexy, et je sais que nous allons faire des étincelles ensemble.

— Je ne me suis jamais sentie attirante ou désirable. Jusqu’à ce que je vous rencontre, avoua-t?elle avant de remuer sur son siège, embarrassée. Rob m’a dit que je ne l’avais jamais satisfait au lit. Mais lui non plus ne m’a jamais donné de plaisir.

Nick l’observa avec intensité.

— Vous voulez dire que vous n’avez jamais eu d’orgasme ?

— C’est le seul homme… Je veux dire que je n’ai jamais été avec… Oh, oubliez ça. Je voulais juste que vous compreniez…

— Ne vous inquiétez pas. J’ai compris. Nous ferons ça en douceur, le moment venu. Nous prendrons toute la nuit s’il le faut.

Sur ces mots, il lui adressa le petit sourire en coin qu’elle adorait, avec un clin d’œil.

Toute la nuit ? Waouh !

Il avait accepté sa proposition, mais elle devait clarifier les choses. Pour la première fois de sa vie, c’était elle qui décidait, elle qui était aux commandes. Elle voulait céder à ses pulsions, s’écouter, sans avoir à penser à autre chose qu’à son propre plaisir. Si elle fixait les règles à l’avance, personne n’en souffrirait.

— Je voudrais que tout soit clair entre nous, reprit-elle. Il s’agit uniquement de sexe. Une semaine de pur plaisir, à la découverte de nos corps, sans le moindre engagement de part et d’autre. Ni promesses, ni regrets.

— Le sexe pur n’existe pas, Meghan. Toutes les histoires ont leur part d’émotion. On ne peut pas se promettre de ne rien ressentir.

Elle eut une moue dubitative.

— Là, j’ai du mal à vous croire ! Je pensais que c’étaient les femmes qui avaient besoin de sentiments pour faire l’amour, tandis que les hommes, eux, n’attendaient qu’une occasion.

Il la considéra avec tendresse.

— Je suis d’accord pour que nous nous offrions une semaine de plaisir mutuel si, en échange, vous acceptez de prendre les choses comme elles viennent.

Elle hésita. Il pouvait tout aussi bien parler de sexe sans tabou que d’amour. Elle était venue à Cayo Sue&ntilde;o avec l’intention de se débarrasser de son carcan et de ses inhibitions, mais jamais elle n’aurait cru tomber sur un homme aussi excitant et intéressant.

Un homme dont elle pourrait facilement tomber amoureuse, si elle ne prenait pas garde.

— D’accord, Nick. Marché conclu.

Ils se promenèrent main dans la main sur le sable fin. Il y avait de l’électricité dans l’air, et elle recevait une décharge chaque fois que leurs regards se croisaient.

Arrivés au site de plongée, Meghan jeta son sac à terre, envoya promener ses sandales et se débarrassa de son T-shirt. Après s’être couverte de crème solaire, elle but une gorgée d’eau et se tourna vers Nick pour lui offrir à boire. Les mots s’évanouirent sur ses lèvres.

Qui aurait cru que ses horribles chemises camouflaient un tel corps de rêve ?

Elle le dévora du regard, laissant courir ses yeux sur ses larges épaules, ses bras puissants, s’arrêtant un instant sur son torse musclé et son ventre plat. Il portait un maillot de bain de sport qui moulait admirablement ses fesses.

— Prête, Meghan ?

— Oui.
Elle était plus que prête. Les bras autour d’elle, il lui montra comment ajuster son masque et respirer à l’aide du tuba. L’excitation la gagnait. Ce bel homme, fort et viril, était à sa portée. Une délicieuse sensation s’empara de son ventre et se mit à lui chatouiller les cuisses.

Lorsqu’ils plongèrent dans les vagues, elle s’émerveilla. Sous les eaux turquoise se cachait un monde enchanteur peuplé de créatures sous-marines qui ondulaient parmi les rochers et les coraux aux couleurs vives. Quelques mètres devant elle, Nick nageait dans le sillage d’une tortue géante d’une espèce en voie de disparition. Ses mouvements étaient puissants et sûrs — la promesse d’un merveilleux amant.

Elle remonta à la surface pour respirer et vida d’un seul jet son tuba dans le soleil radieux. Tout à coup, elle sentit la large main de Nick glisser sur sa cuisse jusqu’à sa taille. Prenant une grande inspiration, elle se laissa attirer sous l’eau. Ils se laissèrent ainsi flotter entre deux eaux parmi les bancs de poissons multicolores.

Ils nageaient depuis plus d’une heure quand Meghan se dégagea de l’étreinte de Nick et remonta à la surface. Bien sûr, elle aurait voulu ne jamais s’arrêter, mais ses jambes commençaient à la faire souffrir et son dos avait pris un coup de soleil.

Nick émergea à son tour. Sous son masque et son tuba, il avait un air de *******ement qui égalait le sien, et ses yeux, baissés vers sa poitrine, pétillèrent. Surprise, elle suivit son regard. Les petites pointes de ses seins semblaient lui faire de l’œil sous son maillot rose.

— L’eau est un peu fraîche, se défendit-elle avec un rire timide.

— Viens là que je te réchauffe.

Se rapprochant, il la prit dans ses bras et l’embrassa fougueusement, comme pour déposer sa marque sur elle. Elle lui rendit son baiser sans retenue.

Un éclair de plaisir la traversa quand leurs langues s’enlacèrent et s’accouplèrent. Impatient, Nick laissa échapper un gémissement rauque et plaqua son bassin contre son ventre. Seul un peu de Nylon séparait encore son sexe tendu de son entrejambe brûlant de désir. Elle se cambra vers lui, laissant parler ses pulsions sans la moindre honte.

Jusqu’à ce qu’elle prenne conscience d’un bruit qui interférait avec le fracas des vagues et le sifflement du vent. S’arrachant à regret des bras de Nick, elle ouvrit les yeux. Et rougit violemment. Sur la plage, une dizaine de spectateurs les encourageaient avec force sifflements et applaudissements.

— On a de la compagnie.

— Ils sont jaloux, répliqua-t?il.

Le désir qui étincelait au fond de ses yeux verts la rassura. Dieu merci, elle lui faisait aussi de l’effet ! De son côté, il n’avait qu’à se baisser pour la ramasser : elle était à ses pieds.

S’éloignant du groupe de touristes, ils marchèrent main dans la main parmi les vagues. Leurs pieds s’enfonçaient dans le sable mouillé ; l’eau fraîche leur mordait les chevilles, et bientôt ils n’entendirent plus que le grondement sourd de la mer et les cris des mouettes.

Nick l’emmena à l’ombre d’un bosquet de palmiers et l’allongea sur la dune de sable fin. Une vague de désir la submergea quand il l’attira vers lui. Elle s’agrippa à lui, collant son corps au sien.

— Je vais réaliser ton fantasme…

A ces mots, elle se raidit.

— Comment le sais-tu ?

Etait-ce lui, finalement, qui avait son journal ?

— Tu m’en as parlé hier, sur la plage, expliqua-t?il. Tu ne te rappelles pas ?

— Ah… si. Juste avant que tu me fasses défaillir avec tes baisers.

— Je croyais que c’était l’alcool qui t’avait fait défaillir… Mais merci quand même pour le compliment.

— C’était toi, Nick. Recommence.

— Avec plaisir.

Se penchant vers elle, il écarta ses lèvres avec sa langue et fouilla sa bouche jusqu’à ce qu’ils en aient le souffle coupé. Elle sentait son corps frissonner involontairement et le feu brûler dans son ventre.

La sensation de chaleur s’intensifia quand il posa sa main sur ses seins. Puis il descendit le long de son ventre jusqu’à sa cuisse, massant sa peau tendre avec volupté, et ses doigts aventureux s’insinuèrent sous le bas de son maillot. Elle se cambra au-devant de cette délicieuse torture et écarta les jambes, s’abandonnant à ses caresses.

Ses paupières clignèrent, mais elle ne ferma pas les yeux. Elle voulait le contempler. Un éclair de virile arrogance brilla dans son regard quand il plongea un doigt, puis deux en elle. Avec son pouce, il se mit à caresser son clitoris, la poussant plus près de l’abîme. Une flamme de désir l’embrasa ; ses dernières inhibitions s’envolaient.

Elle laissa échapper un gémissement sourd à mesure que le plaisir montait. Elle se cambra encore, totalement offerte, et mordit sa lèvre pour ne pas crier. L’élancement du désir se transforma en une vague profonde qui noya tout sur son passage. Submergée par les sensations, elle crut qu’elle allait mourir dans ses bras.

Elle le voulait en elle, maintenant. Elle tendit la main vers le maillot de Nick pour le sentir contre elle sans entrave, mais il recula.

— Pourquoi t’arrêtes-tu ? J’étais si près…

Elle vit son désir frustré se refléter dans ses yeux.

— Je sais, je sais, répondit-il tout en reprenant son souffle avec peine. Mais je ne veux pas que ta première fois se passe sur la plage d’un parc national.

Elle essaya de l’attirer de nouveau contre elle.

— Je ne suis pas vierge…

— Non, mais c’est notre première fois. Je veux que ce soit spécial.

— Nick, je ne veux pas attendre. Je ne peux pas.

— Si moi je peux, tu le peux aussi, fit-il remarquer avec un sourire coquin. Ce soir, tu seras mienne. Laisse-moi te montrer comme ça peut être bon.

aghatha 23-09-09 12:48 AM

un peu odacieux mé ca brule d'emotion kom je les adore rihame t é un chou j attd impatiamen la suite merci ma chere soeur

maya el khaldi 19-12-09 09:08 PM

bon courage Riham
Je veux sutrout signaler que ce n'est pas évident du tout de rester toute une journée ou même plus coller devant le PC pour pouvoir écrire tout un roman
Donc je ne peux que saluer ton enthousiasme et ta générosité
Un très grand Chapeau
*

princesse.samara 19-12-09 10:43 PM

très jolie histoire, merci pour l'effort

**ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** 04-01-10 04:27 PM

chapitre 8

Je me caresse devant lui, je le tente et le provoque. Sensuelle comme jamais, éminemment sexuelle, il est sous mon charme et je l’ai en mon pouvoir. Je me révèle dans cet autre moi, tellement plus forte, tellement plus femme.

Le cœur battant, à la fois angoissée et pleine d’espoir, Meghan sortit de l’ascenseur et longea le couloir vers la chambre de Nick.

Tout va bien se passer. Mieux que bien. Fantastique.

Elle se regarda dans le miroir d’une coiffeuse qui décorait le couloir et essaya de s’imaginer à travers les yeux de Nick.

Julie l’avait de nouveau laissée fouiller dans son placard. De fines bretelles en satin mordaient ses épaules nues jusqu’à la bordure de sa robe brodée de perles. Révélant plus qu’il ne couvrait sa poitrine, le tissu bleu roi mettait en valeur ses cuisses bronzées.

Cette journée au soleil lui avait donné des couleurs, et le maquillage lui apportait une touche à la fois sophistiquée et provocante. En plus de sa bouche rouge et brillante, une ombre bleue donnait à ses yeux un air mystérieux.

Elle était belle, désirable. Ce soir, elle allait faire l’amour.

Meghan Foster, apprentie déesse du sexe. Elle se fit un clin d’œil et, la tête haute, les épaules dégagées, se dirigea vers la suite 809.

A peine avait-elle frappé que la porte s’ouvrit. Waouh ! Nick se tenait devant elle, sûr de lui et de la place qu’il occupait dans l’univers. Il dégageait une vitalité innée qui l’attirait irrésistiblement, tel un insecte vers une source de lumière.

Il portait un smoking, mais avec des bottes de cow-boy noires et un diamant à l’oreille. Avec lui, le mot sexy prenait un tout autre sens…

Sans avoir le temps d’y réfléchir, elle se retrouva dans ses bras. Elle ferma les yeux et respira l’odeur de sa peau. Son cœur battait follement dans sa poitrine, tout contre le sien. Elle caressa lentement sa joue, l’arête de sa mâchoire, le creux de sa nuque, et explora les différentes textures de sa peau.

Prenant son visage entre ses mains, il se pencha sur sa bouche qu’il écrasa de ses lèvres en un baiser ardent. Ses mains étaient partout à la fois, caressant, glissant, pétrissant, malaxant. Lorsqu’il captura sa langue et l’aspira, ce fut comme s’il allumait un feu jusqu’entre ses cuisses.

Elle mit fin au baiser à regret, afin qu’il puisse fermer la porte. Pas la peine de choquer les voisins. Si la suite était à la mesure de ce baiser, la nuit promettait d’être chaude. Elle se sentait prête, plus que prête, à se lancer dans l’aventure.

Il l’attira dans le salon où elle fut accueillie par une douce musique. La baie vitrée était ouverte, et l’on avait mis le couvert pour deux sur le balcon.

Nick tamisa les lumières puis se tourna vers elle. Captivée par l’ambiance qu’il avait créée, elle n’avait pas bougé, debout au milieu de la pièce. Quand il la rejoignit, elle vit une lueur sauvage éclairer son regard, et elle tressaillit.

Devant son sourire carnassier, son instinct lui hurla de prendre ses jambes à son cou. Cependant, son désir était le plus fort. Elle ne demandait qu’à se jeter dans ses bras et le supplier de la combler en réalisant ses moindres fantasmes.

Il lui prit la main sans la quitter des yeux et posa ses lèvres au creux de son poignet, là où la peau était la plus sensible. Son pouls battait la chamade contre sa bouche. Elle sut que si elle se mettait à courir, ce serait pour se jeter dans la gueule du loup.

La tenant par la main, il lui fit décrire un cercle sur elle-même.

— Vous êtes ravissante, ce soir, mademoiselle Foster, commenta-t?il en la détaillant des pieds à la tête.

— Et vous, vous avez l’air d’un homme prêt à me ravir, monsieur Alexander, répondit-elle d’une voix qu’elle eut du mal à reconnaître. Que diriez-vous de passer directement au dessert ?

Il secoua lentement la tête et l’emmena sur le balcon où il l’invita à s’asseoir. Une fois qu’elle se fut installée, il prit place face à elle et souleva le couvercle d’un plat.

— Mais, Nick, je n’ai pas de couvert.


— Tu n’en auras pas besoin.

Un sourire provocant sur les lèvres, il attrapa une olive et la lui approcha de la bouche. Elle s’avança pour la prendre, léchant du bout de la langue la trace de saumure laissée sur ses doigts. Les yeux de Nick étincelèrent en réponse.

Il lui servit une coupe de champagne. Quand les bulles pétillèrent sur sa langue, elle laissa échapper un petit rire cristallin. Il lui prit la coupe des mains et posa ses lèvres à l’endroit où elle avait posé les siennes. Elle le regarda faire en rougissant.

Il continua de la nourrir ainsi, bouchée après bouchée — morceau de fromage, crevette, feuilleté au crabe. Elle léchait ses doigts après chaque morceau, se délectant de ses tressaillements.

En guise de dessert, il prit une fraise bien mûre et s’agenouilla devant elle. Ecartant doucement ses genoux, il lui caressa la cuisse du pouce, fit glisser le fruit sur son autre cuisse et se pencha afin de lécher le sillon rouge laissé par le jus. Puis il prit le fruit entre ses lèvres et releva la tête. Elle pressa sa bouche contre la sienne. Il croqua le fruit, et elle sentit le jus sucré couler dans sa bouche. Impossible de dire ce qui, de la fraise ou de son baiser, était le plus doux.

Nick avait assouvi sa faim, mais pas son désir. Le souffle coupé par la puissance du manque, elle s’adossa à son siège et plongea ses yeux dans les siens.

— Alors, que vas-tu me servir maintenant ?

— Tout ce dont tu as toujours rêvé.

Sa voix était pleine de promesses, et son regard intense la mettait silencieusement au défi. Il était parfait. Tout simplement parfait.

Il ne se doutait peut-être pas de ce qu’il lui offrait et de l’importance qu’avaient ces quelques mots. Tout à coup, le doute la saisit. En serait-elle capable ? Il y avait si longtemps qu’elle en rêvait…

— Fais-moi confiance, chuchota-t?il comme s’il avait deviné son appréhension.

Il lui tendit la main, lui donnant encore le moyen de refuser, mais elle la prit sans hésiter. De sa paume chaude et ferme, il la guida vers le canapé où il l’abandonna un instant, le temps de se débarrasser de sa veste de smoking. Puis il l’assit sur ses genoux et défit ses sandales. La tenant par la taille, il lui caressa la cuisse de l’autre main. L’odeur de son parfum floral et épicé lui caressa les narines lorsqu’elle dénoua son nœud papillon. Elle défit ensuite les premiers boutons de sa chemise et picora son cou et son menton de petits baisers tendres.

— Je te veux, Nick, murmura-t?elle en lui caressant les cheveux. Je veux tout explorer avec toi.

Tout ? Des extraits de son journal lui revinrent à la mémoire. La nuit promettait d’être torride, songea-t?il.

Elle caressait doucement sa bouche du bout des lèvres. Un deuxième baiser qui lui donnait envie de la dévorer. Douce, réservée, elle taquinait son désir et, pour y répondre, il restreignait sa passion du mieux qu’il le pouvait. Enfin, elle s’abandonna, ouvrant ses lèvres et enroulant sa langue à la sienne.

Puis elle se leva et se tint devant lui, provocante. Sans le quitter du regard, elle passa une main dans son dos et commença à défaire doucement sa fermeture Eclair. Sa robe bleue glissa à terre, révélant un bustier en satin noir et un string assorti. Il la dévisagea, la bouche sèche.

— Cet ensemble me fait fantasmer depuis que je l’ai vu dans ta valise.

Ces sous-vêtements ne dissimulaient rien ; ils ne faisaient qu’attirer le regard aux endroits stratégiques. Au toucher, le satin du tissu devait même se confondre avec le grain de sa peau. Son corps resplendissait d’un doux éclat dans la lueur des bougies, coloré d’un jeu d’ombres et de dégradés mordorés.

Oh ! comme il désirait explorer ce corps somptueux, parcourir ces courbes veloutées et ces vallons mystérieux, découvrir de nouvelles frontières, pénétrer au cœur de son intimité, goûter à l’essence de sa féminité !

Brusquement, il eut une conscience aiguë de chaque détail. Le pouls qui palpitait dans la gorge de Meghan, répondant comme un écho au battement de son propre cœur. Sa poitrine qui tressaillait à chaque inspiration. Les muscles contractés de son ventre, le balancement involontaire de ses hanches.

— Tu comptes passer la nuit à me regarder ou tu envisages de me toucher un jour ?

A ces mots chuchotés, un souffle incandescent parcourut ses veines et l’embrasa tout entier. Le désir était presque douloureux. Seul le rappel de son journal le poussa à se maîtriser.

Insouciante, je donne ce qui me plaît et je prends ce que je veux… L’homme que j’ai choisi fait de mon plaisir une priorité, il est là pour moi, pour me combler.

— Oh ! je vais te toucher, Beauté fatale. Et te goûter aussi. Montre-moi où, ma beauté.

Elle s’empourpra. Pas de doute, elle était gênée, mais le désir ardent qu’il lut dans son regard le bouleversa. Seigneur, quelle femme !

— Montre-moi, insista-t?il.

Elle leva la main droite et posa ses doigts fins et élégants sur sa bouche. Il se rassit plus profondément dans le canapé, son pantalon de smoking tendu sur son érection.

— Et où, encore ?

Elle fit glisser ses doigts sur son menton, dans son cou, puis sur son bras. Avant de baisser timidement la tête.

Il fit de son mieux pour la rassurer.

— Tu es en sécurité avec moi. Je ne ferai rien que tu n’aies pas envie de faire. Je ne te toucherai pas si tu ne le veux pas.

Après quelques secondes, elle releva le menton. Les yeux dans les siens, l’air soudain effronté, elle prit ses seins dans ses mains et les caressa jusqu’à ce que les petites pointes se dressent fièrement contre le tissu. Puis ses mains descendirent encore, parcourant son ventre jusqu’à la lisière de son string minuscule.

Alex crut qu’il allait disjoncter quand les doigts de Meghan se mirent à caresser ses hanches et ses cuisses galbées. Puis, descendant doucement vers son entrejambe, elle décrivit de petits dessins sur le tissu soyeux qui gardait la porte du paradis.

— Viens là ! ordonna-t?il en l’attirant vers lui.

Elle s’assit à califourchon sur ses genoux en riant. Un rire qui s’étrangla dans sa gorge quand il arracha son soutien-gorge, et se transforma en un gémissement sauvage lorsqu’il prit ses seins nus à pleines mains. Les deux sphères se réchauffaient sous la caresse de ses doigts. Comme il les pétrissait doucement, elle laissa échapper un petit râle sourd.

Faisant courir ses mains le long de ses bras, il emprisonna ses poignets d’une main ferme et les tint derrière son dos. Puis il la tira légèrement en arrière. Sa magnifique poitrine apparut devant lui, dressée, offerte à son plaisir. Meghan frissonna lorsqu’il posa ses lèvres sur sa peau, et instinctivement, elle se frotta contre son entrejambe.

Il embrassa son sein d’un bout à l’autre avant de prendre le mamelon dans sa bouche. Elle poussait des petits soupirs qui le rendaient fou. Que ferait-elle quand il pénétrerait enfin le cœur de sa chair ?

— Hmm…

Elle haleta puis pressa avec insistance son sein contre sa bouche. Obéissant à son ordre muet, il suça la petite pointe tendue par le désir et l’aspira contre son palais.

— Enlève ta chemise, Nick… Je veux te sentir contre moi.

Lâchant ses poignets, il arracha sa chemise, sans se soucier des boutons qui s’éparpillèrent sur le canapé. Elle le caressait du bout des doigts, ses ongles se frayant un chemin parmi les courtes boucles brunes sur son torse. Elle taquina les pointes de ses seins jusqu’à ce qu’elles soient aussi dures que les siennes.

Il sentait sa respiration s’arrêter, recommencer, s’affoler. Lorsqu’il se débarrassa enfin des manches qui emprisonnaient ses bras, elle mordilla le lobe de son oreille, l’électrisant encore. Il la prit dans ses bras et écrasa sa bouche sur la sienne, sa langue s’introduisant en elle. Emmêlant ses mains dans ses cheveux, elle l’attira plus près et l’embrassa plus profondément, tandis qu’il laissait glisser ses mains sur ses reins et ses magnifiques fesses.

La bouche de Meghan était brûlante, impatiente, et ses mouvements un peu désordonnés. Elle posa la main sur l’érection qui gonflait son pantalon et pressa doucement dessus.

La soulevant dans ses bras, il se releva. Elle continua de l’embrasser au creux du cou pendant qu’il la portait jusque dans la chambre. Elle s’allongea sur le lit et l’attendit, uniquement vêtue de son string, resplendissante de désir dans la lueur douce de la lampe de chevet.

Un sentiment inconnu de possessivité le prit à la gorge. Momentanément incapable de proférer le moindre son, il s’assit près d’elle sur le bord du lit. Elle vint s’agenouiller devant lui. Il prit son visage entre ses mains et plongea son regard dans ses yeux d’ambre.

— Je te veux, Beauté fatale. Laisse-moi t’aimer.

A ce mot, elle cligna des paupières et le fixa, comme si elle cherchait une réponse. Il n’aurait su dire lequel des deux était le plus surpris par son lapsus.

— Donne-toi à moi, Meghan, et je te promets que tu ne le regretteras jamais.

Il vit ses yeux s’emplir de larmes et posa ses lèvres sur son front en un tendre baiser. Ce qui avait commencé comme un défi suite à la lecture de son journal avait pris une tournure plus intense, plus profonde. Il lui demandait non seulement de dévoiler la part d’elle-même qu’elle avait jusque-là dissimulée, mais aussi de prendre des risques et de lui ouvrir son cœur.

Il embrassa doucement ses tempes, ses joues, avant de prendre possession de sa bouche. Tenant sa nuque dans une main, il reprit le chemin de ses seins, caressant ses courbes pleines et taquinant les petites pointes jusqu’à ce qu’elles se dressent de nouveau.

— Déshabille-toi, lui murmura-t?elle à l’oreille.

Alex se releva lentement et enleva ses vêtements un à un tout en observant sa réaction. Son caleçon glissa jusqu’à ses chevilles. Il l’enjamba, un sourire satisfait sur les lèvres, tandis qu’elle le regardait faire avec fascination.

La lueur de gaieté qu’elle avait dans le regard se mua en demande. Lorsqu’elle tendit la main vers lui, gémissante, il sentit les muscles de son ventre se contracter en anticipant le contact de sa peau contre sa chair tendue. Il s’approcha et laissa échapper un petit hoquet quand elle enroula ses doigts autour de son sexe. Elle le tenait juste assez fermement pour qu’il sente battre son pouls contre la paume de sa main.

Ses doigts parcoururent sa verge tendue jusqu’au creux de ses jambes, là où sa peau était la plus réceptive. Partout où ils passaient, ils laissaient un sillon de feu, et il se mit à trembler, essayant de reprendre le contrôle de ses sens.

Elle le caressait, de plus en plus sûre d’elle, de plus en plus audacieuse, fière de pouvoir l’amener aussi près de l’abîme.

Hello, Elise.

Elle se laissa glisser par terre et s’agenouilla à ses pieds. Il tressaillit. Des fines gouttes de sueur perlaient sur son front et sa lèvre supérieure. Elle se pencha vers lui, les lèvres entrouvertes, l’œil pétillant de malice, et, tirant la langue, lécha le bout de son sexe d’un petit coup rapide.


Il retint son souffle et se cambra, lui offrant sa verge. Mais elle lui sourit d’un air espiègle et s’éloigna hors de sa portée. Puis elle recommença, encore et encore, l’agaçant de ses petits coups de langue, jusqu’à ce qu’il n’en puisse plus.

— Est-ce que je dois t’attacher pour que tu arrêtes de gigoter ? dit-elle, faussement sévère.

Il n’eut pas le temps de lui répondre.

Elle le prit tout entier dans sa bouche. Alex tressaillit et rejeta la tête en arrière, les doigts emmêlés dans les boucles de Meghan. Lorsqu’elle laissa échapper des petits râles satisfaits du fond de sa gorge, il crut qu’il perdait totalement le contrôle.

Il ferma les yeux et inspira longuement. Cette nuit était la sienne, il était là pour la combler. S’arrachant à l’insoutenable caresse de sa bouche, il la saisit par la taille puis l’allongea sur le lit. Il lui ôta son string d’un geste avant de la rejoindre.

Il la prit dans ses bras. Son cœur battait la chamade contre le sien, et ses courbes douces et fermes épousaient parfaitement les siennes. Tout à coup, il se sentit envahi par un sentiment de perfection. Un peu comme pendant l’orage, durant cette seconde d’attente qui précède l’éclair, il avait l’impression de pouvoir anticiper la violence du choc.

Des années d’infiltration l’avaient forcé à conserver la tête froide et à masquer ses émotions. Il avait toujours gardé le contrôle — question de vie ou de mort. Mais avec Meghan, c’était différent. Il était différent. Il voulait faire partie de sa vie. Devenir sien, et qu’elle s’offre à lui en retour. Il se sentait dépassé par la puissance de ses émotions.

Bon sang ! il était en train de tomber amoureux…

**ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** 04-01-10 04:28 PM

chapitre 9

Il me prend avec ardeur, il me prend avec fureur. Il m’emmène au bord de l’abîme. Sa passion n’a d’égale que la mienne.

Son corps était sur le point de s’embraser et Nick voulait faire des câlins ? On était loin de la frénésie sexuelle qu’elle avait imaginé. Elle l’attrapa par les fesses et l’attira à elle. Quand il prit position entre ses cuisses ouvertes, dressé sur ses coudes, les poils de ses jambes effleurèrent l’intérieur de ses cuisses. Elle tressaillit d’exitation.

Son corps d’homme la pressait contre le matelas, mais son poids, plutôt que de l’incommoder, la réjouissait. Il déposa un chapelet de baisers le long de sa gorge, jusqu’à la naissance de ses seins, et une pulsion de désir la traversa de part en part. Avançant ses hanches au-devant des siennes, elle laissa échapper un soupir de frustration. Jamais elle ne s’était sentie aussi excitée, aussi prête. S’il ne la pénétrait pas, et vite, elle allait… Elle allait le mordre !

Folle de désir, elle se frotta contre lui et l’agrippa par les épaules. Elle aurait voulu être encore plus près. Elle le voulait en elle. L’attente était en train de lui faire perdre la raison.

Elle enfouit sa tête dans le creux de son cou et mordit l’os de sa clavicule.

— Aïe ! gémit-il.

— Touche-moi, goûte-moi, prends-moi ! Tout de suite !

Comme elle se cambrait contre lui, son sexe effleura sa fente et taquina son clitoris. Ses seins étaient lourds, tendus par le désir de ses caresses ; ses mammelons pointes se dressaient contre son torse. Elle emmêla ses doigts dans ses cheveux courts et lui indiqua la direction à prendre.

Il n’eut pas besoin de plus d’encouragements. Sa bouche partit à l’assaut de son corps, léchant ses seins l’un après l’autre, puis entama une lente descente le long de son ventre. A chaque caresse, elle découvrait une nouvelle zone érogène.

Après avoir mordillé la peau tendre autour de son nombril, il atteignit l’orée de sa toison. Il huma l’odeur de son intimité, enfouit son visage dans son sexe avant d’y plonger la langue. Meghan gémit quand sa bouche prit possession de sa chair humide et gonflée par le désir. Jamais elle n’avait laissé quiconque s’aventurer ainsi dans le cœur de sa féminité. Prenant une longue inspiration, elle força tous ses muscles à se détendre, puis s’abandonna aux assauts de sa langue.

Etourdie par les sensations, elle commença à onduler des hanches au rythme de ses caresses.

— Oh, oui…

Elle se raidit sous l’effet du plaisir. Ses doigts s’agrippèrent aux cheveux de Nick, maintenant sa tête en place. Lorsqu’il la pénétra de la langue, une vague de feu embrasa son intimité, et un délicieux fourmillement prit possession de son ventre.

Elle avait déjà ressenti cette sensation, mais jamais avec un homme. La joie lui fit monter les larmes aux yeux tandis que Nick l’entraînait toujours plus loin, toujours plus vite, jusqu’au point culminant de son plaisir. Elle ne pensait plus à rien, elle n’était plus que sensations. Et son corps frissonna sous la violence d’un orgasme tel qu’elle n’en avait jamais connu.

Haletante, elle redescendit lentement sur terre, à la fois soulagée et sidérée par les réponses de son propre corps. Elle aurait voulu que cela ne s’arrête jamais.

Elle ouvrit les yeux. Nick la dévisageait, un sourire espiègle sur ses lèvres humides.

— Waouh ! dit-elle en reprenant son souffle avec peine. C’était… waouh !

— Et ce n’est qu’un début, Beauté fatale.

Son ton était empreint d’une arrogance toute virile, comme s’il venait juste de conquérir l’Everest. Il avait l’air si sûr de lui qu’elle ne put s’empêcher de le taquiner.

Feignant le détachement, elle fronça les sourcils.

— Tu ne peux pas faire mieux que ça… C’est impossible.

— Tu me mets au défi ?

Il plongea vers elle pour un baiser ardent et passionné. Un désir nouveau s’insinua en elle. A sa stupéfaction, ce premier orgasme n’avait fait qu’exacerber son désir. Elle se mit à le chatouiller et, profitant de l’effet de surprise, le renversa sur le dos et le chevaucha.


— Te voilà maintenant à ma merci.

Elle caressa du bout des doigts l’intérieur de ses avant-bras puis dessina un chemin dans son cou, sur ses épaules, effleurant ses muscles saillants. Biceps, abdominaux, pectoraux…

Elle le sentait tendu sous elle, retenant son énergie — pour l’instant. Alors qu’elle plongeait son regard dans ses yeux verts, elle y lut un mélange de tendresse et de défi. Elle aimait les petits plis qui marquaient le coin de ses yeux quand il lui souriait, la chaleur de son regard tandis qu’il l’observait.

Se redressant, Nick voulut prendre son sein gauche dans sa bouche, mais elle lui échappa. Un éclair de déception brilla dans ses yeux. Une lutte subtile se jouait entre eux, où il n’y aurait que des gagnants. Amusée, elle mêla ses doigts aux siens et lui passa les bras par-dessus la tête.

Il la regarda faire, sans bouger cette fois. Effleurant ses lèvres d’un baiser, elle titilla sa bouche de sa langue. Il avait un léger goût de cannelle, mêlé à son goût à elle.

Elle lui lécha le cou puis souffla doucement sur les sillons humides. Nick frissonna mais resta immobile. De même qu’il ne bougea pas lorsqu’elle frotta ses seins contre son torse recouvert d’un léger voile de sueur. Pourtant, tous ses muscles se tendaient, elle le sentait, et il laissa échapper un son rauque. La chaleur que dégageaient leurs deux corps aurait pu enflammer les draps.

Sans relâcher son étreinte, elle descendit sur lui et l’observa tandis qu’elle frottait son sexe humide sur son ventre. Il se cambra vers elle. Sa verge tendue par le désir vint se loger tout contre son petit bourgeon, là où irradiait la force irrésistible de son désir.

Frémissante, elle se frotta sur toute sa longueur, allant et venant de façon à prolonger encore cette délicieuse sensation. Sous elle, Nick vibrait de tout son être, laissant échapper de petits râles.

— Pitié…

C’était elle qui avait le contrôle. Nick était à sa merci. L’apprentissage touchait à sa fin ; elle était une véritable déesse de l’amour. Triomphante, elle s’empala sur lui. Mais il la repoussa en douceur.

— Attends.

En le voyant sortir une boîte de préservatifs d’un tiroir, elle se mit à rire.

— Un paquet de trente-six, taille extra large, avec des rainures pour intensifier le plaisir ? Tu n’es pas du genre à te laisser prendre par surprise !

— Je les ai achetés pour toi.

Elle commença à ricaner, mais la caresse de ses doigts tièdes entre les lèvres humides de son sexe était une distraction trop puissante. Elle saisit l’un des petits paquets et déchira l’emballage.

— Allonge-toi. J’ai lu une description dans un livre et j’aimerais l’essayer avec toi.

Se baissant sur lui, ses dents effleurèrent sa chair tendue et vulnérable. Il gémit de surprise et de plaisir lorsqu’elle déroula le préservatif à l’aide de sa langue et de ses lèvres.

— Tu me tues, Beauté fatale…

— Est-ce qu’on n’appelle pas justement l’orgasme la « petite mort » ?

— Chuuut…

La retournant, il se blottit entre ses jambes ouvertes. Elle se cambra lorsqu’il pénétra enfin sa fente offerte et glissa en elle, leurs deux sexes s’interpénétrant comme s’ils avaient été taillés sur mesure.

Elle lâcha un cri de plaisir. Allongé sur elle, il se mit à bouger d’avant en arrière sur un rythme lent et sensuel. Puis, attrapant ses genoux, il les écarta et la pénétra plus profondément. Il l’écrasait de tout son poids, fourrageant entre ses cuisses, la base de son sexe frottant contre son entrejambe en feu.

— Ouvre les yeux, Meghan.

Alors qu’il se redressait sur ses coudes, elle leva les yeux vers lui, puis les baissa vers son ventre, là où leurs deux corps se rejoignaient. Que c’était érotique de pouvoir à la fois sentir et regarder !

Bientôt, elle reconnut la sensation presque douloureuse qui montait du plus profond de son être. Lui aussi avait dû la sentir, parce qu’il accéléra le rythme, intensifiant le délicieux frottement. Libérée, folle de désir, elle se révéla sous ses coups de boutoir, déchaînant sa passion jusqu’à ne plus pouvoir retenir la vague de plaisir.

Elle s’agrippa alors à son dos couvert de sueur et s’arc-bouta pour mieux se laisser emporter.

— Encore ! cria-t?elle.

— Tout ce que j’ai… Aaaaah !

Son cri, poussé d’une voix méconnaissable, ressemblait au rugissement d’une bête sauvage, au grognement d’un être primitif.

L’orgasme la submergea. Ses muscles intimes se contractèrent autour du sexe de Nick, et un souffle brûlant la parcourut, entraînant un déferlement de spasmes dans tout son corps.

Les yeux clos, il accéléra le rythme, de plus en plus vite, de plus en plus profond. Elle le sentit venir à son tour, son sexe vibrant de violence contenue avant que ne survienne enfin la libération. Il se retint à elle comme à une ancre au cœur de la tempête, et un râle triomphant s’échappa de sa gorge au moment où il s’abandonna au plaisir.

Elle reprit peu à peu ses esprits. Le souffle court, Nick reposait sur elle — en elle. Elle ferma les yeux, essayant de calmer les battements de son cœur.

La jouissance physique avait été à la hauteur de ses attentes, mais l’intensité des émotions qu’elle ressentait à présent la prenait par surprise. Sans doute n’était-ce qu’un effet secondaire. Elle s’était ouverte — littéralement — au contact le plus intime qui soit. Rien de plus normal que d’être un peu bouleversée.

Il fallait juste qu’elle fasse attention à ne pas se laisser prendre au jeu.


Qui était cet homme dans les bras duquel elle s’était abandonnée, corps et âme ? Elle observa Nick qui dormait à son côté. Une ombre passa sur son visage et ses traits se durcirent, avant de se relâcher. Elle venait de faire l’amour avec un inconnu, quelqu’un qu’elle avait rencontré deux jours plus tôt. Elle ne savait rien de lui et ne le reverrait sans doute jamais, songea-t?elle avec amertume. N’était-ce pas ce qu’elle était venue chercher sur cette île de rêve ? Alors, pourquoi ce sentiment de vide, de tristesse ?

Se levant doucement, elle ramassa ses vêtements éparpillés par terre. Elle enfila ses dessous, sa petite robe bleue froissée, et alla dans la salle de bains afin de se passer un peu d’eau sur le visage. L’image que lui renvoya le miroir était toute chiffonnée. Son maquillage avait coulé, ses jolies boucles étaient emmêlées, et les cernes sous ses yeux témoignaient de la nuit qu’elle venait de passer. Pourtant, son visage paraissait reposé, détendu. Et un petit sourire béat persistait sur ses lèvres.

Elle essaya tant bien que mal de réparer les dégâts. Puis elle se faufila dans le couloir, ses sandales à la main.

Alex se réveilla seul dans son lit. Il avait l’habitude, mais le sentiment d’abandon qui étreignait sa poitrine était, lui, tout à fait nouveau.

Le lit vide était froid, et il roula sur le côté. Attrapant l’oreiller, il le serra contre sa poitrine. Il ferma les yeux et enfouit son visage dans la taie imprégnée d’une odeur de calendula.

Un vrai môme devant son premier amour…

Il resta là, empli d’un sentiment de joie, à l’attendre. Il l’attendit, encore et encore. Avant de partir à sa recherche. Le salon était vide, comme la salle de bains. Il fronça les sourcils. Où était-elle passée ?

Pourquoi était-elle partie ?

Il ouvrit le robinet de la douche et se glissa sous le jet d’eau brûlant. Il se sentait déçu, rejeté. Il avait fait de son mieux pour recréer ses fantasmes et rendre leur nuit spéciale. Et elle, elle s’était levée et l’avait quitté au beau milieu de la nuit. Sans même un petit mot ou un baiser d’adieu.

Le jeu de la séduction l’avait affecté plus qu’il ne l’aurait cru. Comment aurait-il pu offrir à une femme son premier orgasme et partager avec elle l’expérience sexuelle la plus intense qu’il ait jamais vécue, sans tomber amoureux ?

Sauf qu’elle, elle s’était sauvée. Sauvée !

Il n’avait pas le droit de lui en vouloir. Après tout, elle lui avait annoncé la couleur dès le début. Mais, bon sang, personne ne l’avait jamais quitté comme ça après l’amour !

Il ferma le robinet d’un geste rageur, sortit de la salle de bains sans prendre la peine de se sécher et, tout dégoulinant, décrocha le téléphone.

— Bonjour, Beauté fatale.

— Bonjour, Nick.

Elle semblait prudente, presque froide, à l’autre bout du fil.

— Pourquoi ne m’as-tu pas réveillé avant de te lever ? J’avais prévu de commencer la journée en te faisant l’amour.

Elle parut hésiter avant de répondre.

— Je croyais que c’était terminé. C’est-à-dire… je croyais qu’on avait eu notre nuit torride…

Elle s’interrompit, et il ressentit le silence qui suivit comme un coup de poignard en plein cœur. Etait-ce donc ce que ressentaient les femmes le lendemain matin, de la gêne ?

— Rien n’est fini, Beauté fatale, loin de là. Tu as accepté de prendre les choses comme elles venaient.

— C’est vrai. La nuit dernière était fantastique. Mais nous sommes en vacances. Ce n’est qu’un interlude avant de reprendre le cours de nos vies.

Il aurait dû se sentir soulagé. D’autant qu’avec sa mission, il aurait eu du mal à se concentrer, Meghan à ses côtés. Le problème, c’est qu’il ne pouvait accepter qu’ils en restent là. Il trouverait bien un moyen pour tout concilier.

— Accorde-moi le reste de la semaine avec toi.

— Nick…

— Je veux une véritable aventure, avec tout ce que ça implique en terme de flirt et d’intimité.

— Pourquoi se lancer dans quelque chose qui ne durera que quelques jours ?

Bonne question. Quatre-vingt-dix-neuf pour cent de la population mâle aurait applaudi à sa vision du sexe pour le sexe, sans remords ni regrets. Il était vraiment stupide.

Il ferma les paupières et en appela à ce qu’il ressentait.

— Il y a quelque chose de magique entre nous. Pas la peine de le nier, surtout après la nuit dernière. Explorons-le et voyons où ça nous mène.

Elle mit un moment avant de répondre, à tel point qu’il se prépara à un refus. Finalement, elle soupira.

— D’accord, Nick, je suis toute à toi. Jusqu’à la fin de la semaine.

C’était déjà ça. Une fois qu’elle eut accepté de passer la journée avec lui à Key West, ils raccrochèrent.

Après s’être habillé, Alex alluma une cigarette et sortit sur le balcon avec son journal intime.

Il avait eu l’intention de le lui rendre la nuit dernière ou au réveil, mais maintenant, il voulait le relire d’un bout à l’autre. Il fallait qu’il comprenne le fonctionnement intime de Meghan.

Afin de lui prouver que la réalité dépassait toujours la fiction. En mieux.

**ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** 04-01-10 04:33 PM

chapitre 10


Elise rejette la tête en arrière avec un rire de gorge. Elle est humide de désir, impatiente de jouir. Son amant à la peau mate la pénètre d’un seul coup de rein et elle jouit presque immédiatement.

Alex accueillit Meghan avec un grand sourire et se pencha vers elle pour l’embrasser. Comme elle ne répondit pas tout de suite à son baiser, il recula légèrement, mortifié par son absence de réaction. Mais elle rattrapa ses lèvres et l’embrassa d’une bouche affamée. Tout rentrait dans l’ordre.

Oh, bon sang ! il était accro…

— Nick, c’est vraiment la plus moche de toutes.

Suivant son regard moqueur, il contempla sa chemise couverte de larges motifs rouges, verts et blancs.

— Qu’est-ce que tu racontes ? Elle est superbe. Je la porte tous les ans à Noël.

Elle le prit par le cou et pressa son corps contre le sien.

— Festive ou pas, je vais devoir te l’enlever.

— Ah oui ?

— Oui, murmura-t?elle au creux de son oreille. En n’utilisant que les dents.

Sa bouche brûlante dessinerait un sillon le long de son torse puis s’attaquerait de la même façon à la fermeture Eclair de son jean…

Il la prit par la taille et la maintint serrée contre l’érection qu’elle venait de provoquer.

— Tu vas devoir rester collée à moi jusqu’à ce que je puisse marcher.

— Oh, vraiment ? Mais que pourrions-nous faire pour passer le temps ? demanda-t?elle d’une voix ingénue en frottant son ventre contre son entrejambe.

— Arrête ça, Beauté fatale.

— Pourquoi ?

Il lui mordilla le cou.

— Je vais me faire arrêter pour atteinte aux bonnes mœurs, si tu continues. Tu vas me le payer.

— Hmm… Tout le plaisir est pour moi, répondit-elle, effleurant sa bouche du bout de la langue, avant de reculer avec un grand sourire. C’est toi qui connais la ville. Où allons-nous ?

Les pouces dans les poches de son jean, il réajusta discrètement son caleçon. Puis, se raclant la gorge, il essaya de remettre en marche son cerveau.

— Il y a l’aquarium géant de Key West.

Elle grimaça.

— Tu as promis de m’emmener manger des fruits de mer ce soir. Je ne pourrai rien avaler si on passe l’après-midi à admirer leurs cousins.

— D’accord. Alors, allons chez Mel. C’est plein de trucs de filles, ça devrait te plaire.

— Des trucs de filles ?

— Perles, or, rubis…

— Oh, ce genre de trucs ? s’exclama-t?elle, visiblement ravie.

Une fois dans le musée d’Histoire maritime de Mel Fisher, Alex repéra une affiche qui annonçait la projection d’un documentaire. La séance était sur le point de commencer. La Nuestra Se&ntilde;ora de Atocha, un galion du xviie siècle, avait coulé au large des Iles Marquises en 1652. Fisher et son équipage avaient réussi à repêcher l’Atocha et sa précieuse cargaison après de longues années de recherche. Le film durait un quart d’heure.

Alex tira Meghan par le coude.

— Viens, ça va commencer.

— &Ccedil;a a l’air intéressant.

— Oui, je crois que tu vas apprécier.

Un plan venait de prendre forme dans son esprit. Le moment était venu de payer.


Plus un siège de libre dans la salle. Alex entraîna Meghan au fond au moment où les lumières s’éteignirent et, s’adossant au mur, l’attira contre lui.

— Quoi que je fasse, tu dois garder le silence.

Elle hocha la tête d’un air hésitant. Posant les mains sur ses seins, il les soupesa et commença à les caresser. Meghan, bouche bée, jeta un coup d’œil inquiet autour d’elle, mais il ne s’arrêta pas. Au contraire. Il prit les petites pointes entre ses doigts et les pinça doucement.

Excitée, le souffle court, elle regarda droit devant elle. Le film se déroulait sur l’écran, projetant une lumière clignotante sur son visage. Les yeux mi-clos, elle se laissa aller en arrière contre Alex. Il insinua alors sa main droite dans son short. Elle lâcha un petit soupir.

— Souviens-toi que tu n’as pas le droit de faire le moindre bruit, lui rappela-t?il.

Après quelques secondes, elle se détendit et changea d’appui, les jambes plus écartées. Il glissa les doigts jusqu’à son clitoris et décrivit des cercles lents tout autour avant de plonger dans la fente de son sexe humide et chaud. Les lèvres entrouvertes, elle expira, haletante, et ses muscles intimes tressaillirent autour de ses doigts. Comme il la pénétrait plus profondément, elle se tortilla contre sa main, devançant ses caresses.

Elle était brûlante, mouillée et à sa merci.

Il lui effleura l’oreille de ses lèvres.

— Si tu savais comme je bande, murmura-t?il. Tu le sens ? Je voudrais être en toi, aller et venir, plus fort, plus profond, jusqu’à ce que tu cries de plaisir.

Au bord de l’abîme, elle se mordait les lèvres, le souffle court. Il jeta un coup d’œil à l’écran et, avec un timing parfait, retira sa main juste au moment où apparaissait le générique de fin. Les lumières se rallumèrent.

Meghan cligna des paupières, les yeux écarquillés et le visage en feu. Elle se retourna contre lui et enfouit son visage dans son cou pour se cacher des spectateurs qui défilaient vers la sortie.

— Bon sang ! s’exclama-t?elle à mi-voix, comment as-tu pu me faire un truc pareil ? Pourquoi as-tu arrêté ?

Elle se mit à tambouriner des poings sur sa poitrine.

— Je t’avais dit que tu me le paierais ! répliqua-t?il en lui volant un baiser.

Elle laissa échapper un petit soupir et lui cogna le torse d’un coup de tête.

— Tu es horrible, Nick. Monstrueux.

Il rit, sans riposter. L’érection qui déformait encore la braguette de son jean ne facilitait pas non plus ses mouvements.

— On continue ? proposa-t?il.

— Tu penses avoir gagné, hein ? Mais je n’en ai pas fini avec vous, monsieur. Loin de là.

— Je suis ravi de te l’entendre dire, Beauté fatale.

Ils visitèrent le musée main dans la main. A la boutique, il lui offrit un pendentif rattaché par un cordon en cuir. Il s’agissait d’une petite pièce de monnaie en argent qui avait passé plusieurs centaines d’années au fond de la mer avant d’être repêchée par Fisher.

— Lorsqu’ils l’ont remontée à la surface, c’était un petit morceau de métal informe. Et maintenant, regarde.

— C’est magnifique.

Il le lui attacha autour du cou.

— Il faut beaucoup de patience et de travail pour révéler la vraie valeur des choses, déclara-t?il, le regard brûlant.

— J’ai comme l’impression que l’on ne parle plus de fouilles sous-marines…

— Je ne voudrais pas que tu passes à côté d’un trésor enfoui.

— Je t’entends bien, Nick, mais nous n’avons pas seize ans. Mes vacances se terminent dans quatre jours.

Il prit sa main dans la sienne.

— Ce n’est pas obligé.

— Si. Je n’ai pas l’habitude des histoires d’un soir, mais…

— Comment ça, un soir ? la coupa-t?il en lui lâchant la main. Je croyais que tu m’avais donné le reste de la semaine ?

Elle posa la main sur sa bouche pour l’interrompre.

— Profitons de l’instant présent, O.K. ?

Il hocha la tête en signe d’assentiment. Tout en se promettant de ne pas en rester là. Il voulait qu’elle reconnaisse le lien spécial qui les unissait. Il adorait faire l’amour avec elle, mais il appréciait encore plus les moments partagés, les rires et l’amitié. Elle.

Ils passèrent l’après-midi à visiter Key West, ses rues ensoleillées, ses boutiques hétéroclites et ses musées, avant de retourner vers le ferry.

— J’adore Key West, déclara finalement Meghan avec enthousiasme. Regarde : un magasin de souvenirs à trois sous côtoie un vieux bistrot décrépit et une galerie d’art… Et, partout, on sent l’odeur de la mer.

— Oui, moi aussi j’aime cet endroit. Mais tu n’as pas encore vu le meilleur.

— C’est où ?

— Tu verras ce soir, au moment où le soleil se couche. Je te promets que tu ne le regretteras pas.


Alex avait quitté Meghan deux heures plus tôt dans le hall de l’hôtel, afin de réviser le plan d’investissements que la société de courtage Alexander devait proposer aux représentants du cartel dépêchés en Floride. Emelio et lui avaient rassemblé assez d’informations pour leur soumettre un projet crédible, et ils attendaient maintenant que Frankie Ramos se manifeste. Si son yacht était toujours ancré dans le port de Key West, le trafiquant de drogue n’avait pas encore donné signe de vie.

Alex ne devait pas retrouver Meghan avant le dîner, mais il décida d’aller voir si elle était dans sa chambre. Peut-être était-elle en train de faire la sieste…

Arrivé devant la porte de la suite 608, il hésita un instant avant de frapper. Dans la main gauche, il portait un petit paquet, acheté à la boutique de souvenirs de l’hôtel. Il mourait d’envie de voir Meghan l’essayer.

Le bandeau noué sur mes yeux est d’un érotisme puissant. Le souffle court, j’attends avec impatience — et une pointe d’appréhension ? — que mon amant me touche enfin. Il vient à moi dans l’obscurité, en silence, résolu à me prendre totalement, corps et âme.

Meghan lui ouvrit, vêtue d’un peignoir. Elle recula d’un pas pour le laisser entrer et considéra le petit paquet avec curiosité.

— C’est pour moi ?

Nick lui tendit le paquet. Elle le prit et en sortit une magnifique écharpe de soie vert émeraude.

— J’avais envie d’essayer quelque chose de nouveau avec toi, si ça ne te fait pas peur, murmura-t?il tout en la déshabillant du regard.

Etait-il en train de suggérer ce à quoi elle pensait ? Elle avait décrit dans son journal une ou deux scènes érotiques incluant des liens, mais n’avait jamais osé les réaliser.

— Alors ? Qu’en dis-tu ?

S’approchant, il dénoua la ceinture de son peignoir et le vêtement tomba à terre. Après lui avoir pris le foulard de soie des mains, il le fit passer sur ses épaules, autour de son cou, sur ses seins, puis étira le tissu entre ses mains, l’enroulant autour de ses poignets.

Une bouffée d’excitation la submergea. Elise oserait-elle ? Oh, oui ! Sans la moindre hésitation. Rien n’était plus excitant que de braver l’interdit.

Penchant la tête sur le côté, Meghan posa une main sur sa hanche en une attitude provocante.

— Est-ce que j’ai l’air effrayé ?

— Tu es incroyablement belle.

Ses yeux clairs et intenses brillaient d’un feu intérieur, remarqua-t?elle avec délice. Elle y lisait de l’admiration mêlée à une émotion indéfinissable. Tout à coup, avant qu’elle ait eu le temps de réagir, il posa le foulard sur ses yeux et le lui attacha derrière la tête.

Elle ferma les paupières sous le bandeau, déroutée par l’afflux soudain de sensations. Une fois de plus, l’atmosphère se chargea d’électricité. Il effleura ses cheveux d’une caresse tendre et rassurante, mais sans prononcer un mot.

Sa peau dégagea une odeur de savon lorsqu’il la souleva dans ses bras. Désorientée, elle se laissa transporter à travers la pièce jusqu’au lit. Il l’allongea sur les draps frais et la laissa là.

Elle ne le voyait pas, ne le touchait plus. Nue à l’exception de l’écharpe de soie, elle se sentit brusquement vulnérable, exposée. Elle serra ses bras autour d’elle en un geste protecteur, croisa et décroisa les jambes nerveusement. Enfin, elle s’obligea à se détendre. Le cœur battant, impatiente, elle attendit la suite.

Aveuglée par le bandeau, elle avait une conscience aiguë de sa respiration haletante, de la moiteur à la naissance de ses cuisses, de la brise légère soufflant sur son corps nu. Cela ressemblait tellement à ce qu’elle avait décrit dans son journal — l’obscurité totale, l’attente qui se prolongeait, augmentant l’excitation, l’homme qui allait la posséder et dont elle ne faisait que deviner la présence… Si ressemblant, et pourtant si différent.

Enfin, Nick vint la rejoindre sur le lit.

Elle tressaillit lorsqu’il posa la main sur son épaule, et devança la caresse de sa bouche sur la sienne.

Ses lèvres étaient douces et tièdes, sa langue experte et son baiser envoûtant. Seules leurs bouches se touchaient, et ce point de contact entre leurs deux corps semblait concentrer toute leur passion. Des vagues de désir déferlèrent jusqu’au creux de ses cuisses tandis qu’elle laissait échapper un gémissement sourd.

Il se retira subitement, la laissant frustrée et désemparée. Ses inhibitions s’étaient envolées. Elle tendit la main vers lui, sans parvenir à l’atteindre. Et elle eut une brève seconde d’inquiétude, toute seule dans ce noir absolu.

Le fantasme et la réalité se confondaient, intensifiant le sentiment d’excitation face à l’inconnu. Une sorte d’instinct primitif lui fit deviner la présence de Nick à côté d’elle, immobile et silencieux. Elle sourit. Il voulait l’observer ? Elle allait lui en donner pour son argent.

Posant les mains sur ses seins fermes, elle commença à les pétrir doucement. Elle frotta les mamelons à l’aide de ses pouces. Les petites pointes réagirent aussitôt en se dressant contre ses doigts. Un petit gémissement s’échappa de sa gorge, et elle écarta les jambes, ondulant doucement des hanches, frottant ses fesses en rythme contre les draps. Ses mains entamèrent alors une lente descente, effleurant son ventre, sa toison, jusqu’à trouver l’épicentre humide de son désir.

Nick laissa échapper un râle, et elle s’esclaffa tout en continuant à se caresser. Non seulement elle donnait libre cours à sa vraie nature, mais elle avait réussi, malgré le bandeau, à reprendre le dessus : il était de nouveau à sa merci.

Elle lui fit signe de s’approcher, et ses mains vinrent se mêler aux siennes, accompagnant, encourageant ses mouvements. Lorsque ses doigts la pénétrèrent, elle cria de plaisir, avant de gémir de frustration quand il les retira.

— Oh, je t’en prie…

Le parfum enivrant d’une rose chatouilla ses narines juste avant qu’elle sente la caresse des pétales soyeux sur ses lèvres. Il fit aller et venir la fleur sur sa joue, dans le creux de son cou, sur ses épaules, d’un sein à l’autre… Elle tressaillait à chaque fois, impatiente de savoir quel chemin la rose allait ensuite emprunter.

La fleur descendit sur ses cuisses, tiédie par la chaleur de sa peau, et remonta doucement. Alors que les pétales effleuraient son sexe, Nick prit la pointe d’un de ses seins dans sa bouche. Il le suça, le lécha, le martyrisa jusqu’à ce qu’elle n’en puisse plus. Totalement abandonnée aux sensations, elle écarta les jambes sans la moindre pudeur, lui offrant son sexe ouvert en gémissant.

— Nick !

— Chut, tu n’es pas encore prête…

— Oh, si !

— Chuuuut…

Elle frissonna lorsque les pétales de rose tombèrent en pluie sur sa peau nue. Son odeur de shampoing montant à ses narines, il lui lécha le cou, la gorge, les seins, avant de reprendre sa bouche. Puis il s’allongea sur elle.

Elle enroula les jambes autour de sa taille. Son sexe dur vint buter contre sa chair incandescente, et elle l’accueillit en elle en criant son nom. Enfouissant son visage dans son cou, elle colla tout son corps contre le sien. Leurs cœurs battaient à l’unisson.

Leur passion se déchaîna, les entraînant dans un corps à corps sauvage. Elle se tordit sous lui, l’attirant et le repoussant. Ses jambes nouées autour de sa taille l’enferraient en une prise indéfectible. Il glissa ses mains sous ses fesses avant de la plaquer contre lui, la pénétrant de toute sa puissance et de tout son être.

Le plaisir lui arracha un cri aigu, et elle s’agrippa à lui, parcourue de frissons. Avec un cri rauque, il jouit violemment en elle tout en la maintenant plaquée contre lui.

Enfin, ils se laissèrent retomber sur le lit défait, épuisés, le souffle court. Nick lui retira son bandeau et essuya tendrement son front où perlaient de fines gouttes de sueur.

Elle se laissa aller contre lui, saisie par un sentiment de plénitude. Le visage enfoui dans sa poitrine, elle écouta le martèlement de son cœur contre son oreille. Il chuchota dans ses cheveux quelque chose qu’elle ne comprit pas. Peu importe, l’étreinte de ses bras en disait long.

A sa grande surprise, les émotions la dépassaient. Si Nick avait révélé en elle l’amante passionnée, il avait aussi touché la femme. Les sentiments qu’elle éprouvait à son égard la bouleversaient, d’autant plus qu’elle ne pouvait pas lutter.

Je l’aime. J’aime Nicholas Alexander.

Au lieu de se sentir comblée, elle en voulait encore. Elle voulait plus, elle voulait toujours. C’était comme si elle était amoureuse pour la première fois.

Sur son balcon, Alex fumait une cigarette. Il avait laissé un petit mot à Meghan lui indiquant qu’il devait voir son client et qu’il la retrouverait à 19 heures. Mais il avait cherché Braga en vain.

Il tira une bouffée de sa cigarette avec impatience. Où était passé son contact ? Déjà qu’ils n’arrivaient pas à localiser Ramos… Est-ce que l’opération était en train de tourner au fiasco ? Ou avait-il complètement négligé sa mission à force de penser à Meghan ?

Il soupira. Il se sentait écartelé entre désir et devoir. Meghan méritait mieux que ça. Il voulait qu’elle fasse partie de sa vie, mais quel genre de vie pouvait-il lui offrir ? Des semaines d’absence. Un coup de fil de temps en temps.

Encore des secrets et des mensonges…

Il écrasa sa cigarette dans le cendrier posé sur la table. Quel salaud il faisait. S’il ne pouvait pas tout lui avouer, au moins devait-il lui rendre son journal.

Bon sang ! Pourquoi les choses se compliquaient-elles toujours ? Ne pouvait-il pas être simplement un gars ordinaire amoureux d’une femme extraordinaire ? Il était comme pris au piège. Mais il n’avait pas le choix. Une fois l’enquête bouclée, il lui raconterait tout. Il n’aurait plus qu’à prier pour qu’elle veuille encore de lui.
Meghan s’avança vers lui, drapée dans un fourreau de soie rouge. Fasciné par le balancement de ses hanches, il dut s’obliger à détacher son regard de sa silhouette. Ses sandales rouges à talons aiguilles lui donnaient une allure incroyable.

— Tu es sublime, ce soir, Beauté fatale.

— Merci. J’aimerais pouvoir te retourner le compliment, mais je ne m’habituerai jamais à ce motif vert et or tout droit sorti d’un film d’horreur.

Comme elle levait les yeux au ciel, il éclata de rire.

— Où m’emmènes-tu ? demanda-t?elle.

— Je t’avais promis quelque chose de spécial pour ce soir et c’est presque l’heure.

— Tout a été spécial, pour moi, ces trois derniers jours, répliqua-t?elle en souriant.

La tendresse qu’il lut dans ses yeux ajouta à son sentiment de culpabilité.

La prenant par le bras, il l’emmena dans les rues de la ville. Elle écarquilla les yeux de surprise lorsqu’ils arrivèrent à Mallory Square.

Des stands avaient été montés, proposant des objets artisanaux, et une foule joyeuse passait de l’un à l’autre. Aux quatre coins du parc, des musiciens jouaient des airs gais, entourés de nombreux spectateurs.

— Oh, Nick, c’est un festival !

— Le mieux, c’est qu’il a lieu tous les soirs.

— Tous les soirs ? Vraiment ?

Il éclata de rire devant sa joie enfantine.

— Bienvenue dans la seule ville au monde où l’on célèbre tous les soirs le coucher du soleil !

Le soleil couchant enflammait le ciel, s’éclipsant lentement derrière l’horizon dans un dégradé de rose, d’orange et de jaune. Lorsque le dernier rayon eut disparu dans la mer, la foule applaudit. Reprenant leurs instruments, les musiciens se mirent à jouer des airs plus langoureux, et des couples se formèrent.

Meghan prit Nick par la taille.

— C’est magnifique. Merci de m’avoir fait partager ce moment avec toi.

Il la prit dans ses bras et plongea son regard dans le sien. Le crépuscule donnait à son visage un éclat mystérieux, accentué par l’ombre dorée sur ses paupières.

— Je dois te confier quelque chose, Beauté fatale. Je ne suis pas venu à Cayo Sue&ntilde;o dans l’intention de rencontrer quelqu’un. Au contraire.

Il lui sembla qu’elle retenait son souffle, et elle se raidit contre lui. Il hésita, se demandant s’il était encore trop tôt pour lui avouer ce qu’il ressentait.

— Moi non plus, avoua-t?elle. Tout ce que je cherchais, c’était une aventure sexuelle, rien de plus. Je ne m’attendais pas à… ça.

Alex crut que son cœur s’arrêtait de battre dans sa poitrine. Dis-le, je t’en prie, dis-le-moi. Si elle le disait d’abord, il se jetterait à l’eau.

Elle baissa la tête, un léger sourire aux lèvres. Dans la pénombre, il crut déceler une nuance de rouge sur ses joues.

— Je… je ne suis pas sûre. Mais j’aime beaucoup ça. Je t’aime beaucoup.

O.K., c’est pas mal. C’est même bien.

— Moi aussi, je t’aime beaucoup, répondit-il sans parvenir à aller plus loin.

Croisant les bras sur sa poitrine, elle fit semblant d’être fâchée.

— C’est tout ?

Il lui sourit gaiement.


— Bon, d’accord, je t’aime vraiment beaucoup.

— Nick ! protesta-t?elle.

— Hé ! c’est plus que ce que tu m’as dit, toi.

— Oui, mais je l’ai dit la première. Tu dois faire mieux.

Il pencha la tête sur le côté, comme s’il étudiait la question.

— Est-ce que tu veux qu’on continue à se voir ? demanda-t?il finalement.

Eclatant de rire, elle le prit par le cou.

— Tu me rends folle.

Il la contempla, empli d’un sentiment de tendresse.

— Moi aussi, je suis fou de toi.

— Alors, que fait-on ?

Comment lui répondre ? Il aurait dû être en train de travailler sur le cas Ramos. Mais il ne pouvait se détacher d’elle. Elle lui donnait tout ce qu’il avait jamais désiré — sauf qu’il ne pouvait l’accepter. Parce que rien n’était vrai. Elle était tombée amoureuse de quelqu’un qui n’était pas vraiment lui.

Il répondit par une pirouette.

— On va manger !

Il l’entraîna vers une grande bâtisse coloniale entourée d’un jardin à la végétation luxuriante. On les installa à une petite table près d’une porte-fenêtre d’où ils surplombaient les massifs de fleurs et les palmiers.

Meghan porta un regard appréciateur sur le mobilier art déco.

— On se croirait dans un bistrot élégant de la Rive Gauche.

— La maison a été bâtie en 1887, mais l’hôtel Saint-Pierre n’a ouvert ses portes qu’en 1921. Ils ont vingt-sept chambres, toutes différentes. Le restaurant sert une cuisine contemporaine d’inspiration française.

— Tu dois venir souvent.

— Non, j’ai lu leur brochure publicitaire.

Elle s’esclaffa et se plongea dans le menu. Adossé à sa chaise, il l’admira à son aise, étonné d’être aussi affamé. Et pas seulement de nourriture. Elle avait sur lui un pouvoir incroyable. Il sentait son sexe durcir rien qu’en caressant des yeux ses lèvres pleines et charnues.

Baissant son menu, elle surprit son regard.

— Quoi ?

— On pourrait passer directement au dessert. J’ai un désir irrépressible de te couvrir de sauce au chocolat et de crème Chantilly… et de te lécher.

Il vit une lueur intéressée passer dans ses yeux, mais elle grimaça.

— Tu veux me faire mourir de faim ? D’abord, on mange le plat principal à table.

— D’abord ? répéta-t?il, plein d’espoir.

— On en reparle dans un instant, répondit-elle en se levant. Je vais me repoudrer le nez.

Il la regarda s’éloigner, remarquant avec fierté les coups d’œil admiratifs sur son passage.

Il devait bien y avoir une solution, songea-t?il. Ces prochains mois, elle allait être très prise par ses études. Peut-être qu’une relation épisodique lui conviendrait ? En attendant mieux ?

Tout en tambourinant des doigts sur la table, il balaya distraitement la salle des yeux. C’est alors qu’une femme à l’allure tapageuse retint son attention. Aussitôt, un goût de bile lui monta à la gorge, et il sentit une bouffée d’adrénaline se répandre dans ses veines. Si Vivian était là, Frankie Ramos ne devait pas être bien loin.

Les choses sérieuses allaient commencer.

**ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** 04-01-10 04:37 PM

chapitre 11


J’observe mon reflet dans le miroir et c’est Elise qui me rend mon regard. La lumière du soir projette des ombres sur mon visage. Je me demande quelle est la part de jeu et de vérité qui s’exprime en chacun de nous.

Meghan sortit des toilettes pour se retrouver en plein cauchemar. S’obligeant à inspirer calmement, elle observa avec un sentiment où la panique se mêlait à la colère la scène qui se jouait sous ses yeux.

Une femme se pendait au cou de Nick et l’embrassait comme un marin de retour au bercail.

Meghan étudia sa rivale d’un œil critique. Le credo de cette fille semblait être « toujours moins » pour les vêtements et « toujours plus » en terme de maquillage. Le corps digne d’une danseuse du Crazy Horse, elle était moulée dans un semblant de robe dorée qui dévoilait plus qu’il ne cachait une poitrine généreuse et un derrière parfaitement rond et ferme.

Dévorée de jalousie, Meghan envisagea un instant de se faire poser des implants mammaires… avant de retrouver la raison. Nick l’aimait telle qu’elle était. Elle n’allait pas se laisser démonter par un étalage de beauté factice.

Après avoir pris une longue inspiration, elle redressa le menton et chargea en direction de la table.

— Je ne crois pas que nous ayons été présentées ?

Elle remarqua l’air gêné de Nick alors qu’il tentait de décrocher la fille, collée à lui comme une bande Velcro.

— Voici, euh, Vivian. C’est… euh… c’est…

C’est une traînée, avec un grand T ! conclut Meghan intérieurement tandis que la fille faisait courir ses immenses ongles nacrés sur le bras de Nick. Oh, que ça allait faire mal, quand elle lui arracherait un à un ses abominables et vulgaires cheveux platine !

— Oh, Alex et moi, ça remonte à loin !

Alex ? C’est quoi, ça ? Un surnom ?

Elle fronça les sourcils. Visiblement nerveux, Nick adressa un signe de tête imperceptible à Vivian. Il y avait quelque chose entre eux, c’était certain.

Comme Meghan reculait d’un pas, il la retint par le bras.

— Vivian et moi avons des relations d’affaires, rien de plus.

— Oh, quel goujat ! s’exclama cette dernière en faisant la moue. Mais où étais-tu ? Je ne t’ai pas vu depuis la fête de Lena.

— Oui, eh bien…

La jeune femme l’interrompit.

— Au fait, as-tu vu Rogelio ?

— Non, je devais le retrouver plus tôt, mais il m’a fait faux bond.

— Il était censé dîner avec nous. Frankie m’a fait comprendre qu’on ne le reverrait pas de sitôt…

Rien n’avait changé dans l’attitude de Nick. Pourtant, Meghan pouvait sentir son agitation. Comme si la pression avait subitement monté d’un cran.

— Nous ?

— Frankie devrait arriver d’un moment à l’autre, annonça Vivian.

Interloquée, Meghan regarda la blonde peroxydée. Sa voix avait changé, perdant toute trace de flirt, et, dans ses yeux bleus, brillait une lueur d’intelligence.

— Je t’ai laissé un message à l’hôtel. Quand je t’ai vu ici, j’ai cru que tu l’avais lu.

Qu’y avait-il donc entre eux ? Meghan ne comprenait pas.

— Merci, Viv. J’apprécie. Vraiment.

— Tu n’as qu’à passer me voir un de ces quatre pour me remercier. Tu connais mon adresse.

Voyant Meghan darder sur elle un regard assassin, Nick lui pressa la taille dans un geste rassurant.

— On doit y aller, je crois que nos assiettes sont servies.

— Moi aussi. A bientôt, Nick.

Vivian souffla un petit baiser dans sa direction et s’éloigna en roulant des fesses vers sa table.

Une fois qu’elle fut hors de portée de voix, Meghan se retourna vers Nick et planta ses mains sur ses hanches.

— D’accord, maintenant, je veux savoir.

— Pas tout de suite, décréta-t?il en l’attrapant abruptement par le bras.

Elle laissa échapper un petit hoquet de surprise. Il ne lui avait pas fait mal, mais sa poigne était étonnamment ferme. Se libérant de son emprise, elle se rassit, les lèvres pincées.

Je ne vais pas faire de scandale. Je vais peut-être le tuer, mais je ne ferai pas de scandale.

Elle saisit son verre de vin et le vida d’un trait, l’œil rivé sur Vivian. La blonde platine les observait de loin, un sourire moqueur sur les lèvres. Après avoir reposé son verre sur la table, Meghan plongea les yeux dans ceux de Nick.

— Crache le morceau, Alex. Et vite.

Il demeura silencieux un instant, les traits tendus. Ses yeux verts avaient pris une teinte plus sombre. Inquiétante. Elle ne reconnaissait pas le masque qui recouvrait son visage.

— Qui est cette femme, exactement ? l’attaqua-t?elle, partagée entre la peur et la colère.

— Une danseuse de cabaret et une escort-girl.

Elle renifla avec dédain.

— Le genre de fille que tu fréquentes habituellement ?

— Viv m’a présentée à Rogelio Braga l’année dernière. Braga est mon contact du cartel de Miami.

Un frisson glacé courut le long de sa colonne vertébrale. Elle ne comprenait plus rien. De quoi lui parlait-il, au juste ?

— Qui es-tu exactement ?

Il se pencha vers elle.

— Tu dois me promettre de ne pas répéter ce que je vais te dire, murmura-t?il juste assez fort pour qu’elle l’entende.

Elle fronça les sourcils.

— On avait dit pas de promesses, tu te souviens ?

— Meghan, je suis sérieux…

— Alors, n’essaie pas de gagner du temps. Qui es-tu ?

Il se pinça l’arête du nez et cligna brièvement des paupières.

— Je ne devrais pas te faire confiance comme ça, mais tu as raison. Je te dois des explications.

Il aurait tout aussi bien pu la poignarder. C’était lui qui n’aurait pas dû lui faire confiance ? Le dialogue tournait à l’absurde. Elle baissa les yeux sur cette bouche qui l’avait embrassée, ces bras qui l’avaient serrée, ce corps qui l’avait aimée…

— Tu n’as pas hésité à me faire confiance au lit.

— &Ccedil;a n’a rien de personnel.

Elle avait dû laisser échapper un petit cri de détresse, car il releva brusquement la tête.

— Non, attends, je ne voulais pas dire ça. Faire l’amour avec toi était personnel. C’est le reste…

Elle leva une main.

— J’attends toujours tes explications, Nick, l’interrompit-elle. A moins que ce ne soit Alex ?

— Je m’appelle Alex Worth. Nicholas Alexander Worth.

— Pourquoi m’as-tu dit que tu t’appelais Nick Alexander ?

Il laissa échapper un long soupir tout en évitant son regard. Sans doute était-il en train d’essayer de concocter une nouvelle histoire.

— Je suis agent fédéral…

Pas de doute, elle était en train de faire une attaque. Sa poitrine se serra ; le sang parut se retirer de ses veines, et le bourdonnement qui emplit ses oreilles noya la fin de sa phrase.

Nick était un flic. Comme Kyle.

— Je travaille pour la DEA, à Miami. Vivian est mon indic, et Rogelio Braga n’est pas mon client mais l’un des maillons du cartel, chargé de blanchir des narcodollars. &Ccedil;a fait deux ans que j’essaie de coincer son patron.

Elle voyait sa bouche bouger sans qu’aucun son parvienne à ses oreilles. Au moins n’était-il pas une ordure de trafiquant de drogue. Juste un accro au danger avec un badge.

Les yeux fixés sur lui, elle serrait ses mains l’une contre l’autre, entrelaçant ses doigts de façon à les empêcher de trembler.

— Tu es un agent secret et tu n’as pas cessé de me mentir depuis que nous nous sommes rencontrés. Tu comptais continuer à me mentir jusqu’à quand, exactement ?

Baissant la tête, il massa la cicatrice qui lui marquait la tempe. Il avait les lèvres serrées, l’air sombre. Lorsqu’il releva la tête, ses yeux, tel un kaléidoscope, reflétaient le tumulte de ses émotions.

— Tu ne m’aurais jamais dit la vérité, répondit-elle à sa place.

— Je suis un agent fédéral, j’ai appris à ne jamais mettre en péril une enquête en cours.

Il se pencha vers elle et l’attrapa par le poignet.

— Mais je le fais quand même.

Elle essaya de se dégager, submergée par toutes ces informations, mais il tint bon.

— Une enquête à mon sujet ?

— Non. Je t’ai soupçonnée, tout d’abord, admit-il en relâchant son étreinte.

A peine eut-il ôté sa main qu’elle s’écarta.

— Soupçonnée ? Moi ? Mais de quoi ?

— Je me suis demandé si tu avais un lien quelconque avec Braga — surtout après vous avoir vus ensemble.

Voilà qui expliquait au moins son attitude bizarre au bar de l’hôtel puis sur la jetée.

Une pensée vraiment désagréable lui traversa l’esprit.

— A partir de quel moment, exactement, m’as-tu mise hors de cause ? lança-t?elle, un goût amer dans la gorge.

Impossible de rien voir dans son regard. Refermé sur lui-même, il semblait insondable. Seuls les coins de sa bouche s’affaissèrent.

— Tu es hors de cause depuis qu’une recherche dans nos fichiers m’est revenue négative.

Tu as demandé à quelqu’un de fouiller dans ma vie, dans mon passé ?

Il tendit la main de nouveau vers elle, mais elle l’envoya promener.

— Je n’ai pas eu le choix. Je devais savoir qui tu étais.

Mais lui, pendant ce temps-là, savait très bien qui il n’était pas. Quelle ironie… Ils avaient tous les deux joué un rôle.

La gorge serrée, elle retenait difficilement ses larmes. D’autant qu’il n’avait toujours pas répondu à la question qui lui nouait le ventre. Elle croisa les bras et serra ses coudes si fort qu’elle s’infligea des bleus.

— Tu m’as mise dans ton lit avant ou après le résultat de ta petit enquête de moralité ?

Il baissa la tête, ferma les paupières un court instant et jura à voix basse. Puis il riva ses yeux dans les siens.

— Après, je te jure que c’était après, déclara-t?il avec toute la force de sa conviction.

— As-tu la moindre idée de ce que je ressens ?

Elle avait chuchoté la question d’une voix cassée, sans totalement le croire.

— Au début, quand je pensais que tu travaillais pour Braga, je ne pouvais pas te parler de ma mission, expliqua-t?il. Une fois que j’ai été persuadé de ton innocence, j’ai gardé le silence dans le but de te protéger.

Elle joua avec son verre de vin, faisant rouler le pied entre ses doigts. Sa colère s’était muée en un étrange sentiment d’abattement. Malgré ses intentions, elle était tombée profondément amoureuse de Nick — Alex —, tout ça pour découvrir qu’il était quelqu’un d’autre, quelqu’un de dangereux, d’imprévisible. Tout le contraire de ce qu’elle attendait d’un homme.

Une couche de glace emprisonna son cœur — ce cœur qu’elle venait tout juste d’offrir à un homme qu’elle ne connaissait pas.

— Je n’ai jamais voulu te blesser, Meghan. Et je suis désolé que tu te retrouves mêlée à cette enquête.

Elle soupira, faisant tourner son verre dans l’autre sens.

— Pourquoi me dis-tu tout ça, maintenant ? Pourquoi ne pas avoir prétendu que Vivian était une ancienne petite amie ?

— Je n’avais pas le choix. Il y a quelques mois, la DEA a fait une descente dans l’un des entrepôts de Francisco Ramos à Overtown. On nous avait prévenus qu’un chargement de drogue devait arriver.

— Et ?

— L’un de nos indics nous a doublés. Résultat, mon coéquipier a été démasqué, et moi, j’ai écopé de ça, conclut-il en pointant du doigt la cicatrice sur sa tempe.

Elle plissa le front, creusant dans sa mémoire.

— Overtown ? &Ccedil;a a fait les gros titres des journaux pendant un moment. Si je me souviens bien, plusieurs trafiquants ont été arrêtés. Et il y a eu deux morts…

Elle s’interrompit. Nick ne l’écoutait plus. Comme figé, il semblait regarder un point mouvant derrière elle. L’expression de son visage se durcit, et ses lèvres se pincèrent en un sourire cynique et fourbe. En une seconde, l’homme qui était assis devant elle devint un parfait inconnu. Etait-ce Alex ?

— Je dois encore te dire quelque chose, chuchota-t?il, la voix méconnaissable.

— Je ne veux plus rien savoir.

— Le Frankie dont parlait Vivian, celui avec qui elle doit dîner, c’est Francisco Ramos. Et il se dirige droit sur nous.

Il lui fit un petit signe du menton lui signifiant que quelqu’un approchait dans son dos.

— Quoi ? Il arrive maintenant ?

Elle écarquilla les yeux, horrifiée. Ce n’est pas vrai ! Mais il garda le silence. Elle reprit son souffle avec peine, puis tourna discrètement la tête sur le côté.

Un Hispanique plutôt séduisant marchait d’un pas vif dans leur direction. Sous son T-shirt bleu ciel et sa veste en lin, il avait la carrure longue et musclée d’un boxeur professionnel. Il dégageait un mélange de force et d’autorité — le type même de l’homme qui a l’habitude d’être obéi.

La panique la cloua sur place et elle sentit le sang se retirer de son visage. Se retournant vers Nick, elle demanda dans un souffle :

— Qu’allons-nous faire ?

— Calme-toi, Meghan, et écoute-moi. Ecoute-moi ! Si nous jouons notre rôle tranquillement, nous nous en sortirons très bien.

Sa voix était calme et rassurante, mais le masque qui figeait ses traits lui faisait augurer le pire. Il tendit la main et enserra ses doigts tremblants dans les siens. Elle n’aurait su dire lequel des deux avait les mains les plus moites. Pourtant, il semblait parfaitement confiant et détendu.

Elle se demanda s’il était un aussi bon acteur dans toutes les occasions. Chacun des moments qu’ils avaient passés ensemble était désormais sujet à caution. Chassant ces pensées de son esprit, elle décida de se concentrer sur l’instant présent, sur ce qui lui glaçait le cœur. Elle aurait tout le temps de se poser des questions sur Nick plus tard.

— Je crois qu’il vaut mieux qu’on s’en aille…

— Il ne va rien se passer, Meghan. Nous sommes dans un lieu public. Ne crains rien. Fais-moi confiance et je te promets de te sortir de ce guêpier le plus vite possible.

— Le moment est mal choisi pour parler de confiance.

— Parfait, je vois que tu as retrouvé ton mordant.

Il exerça une petite pression sur ses doigts avant de relâcher sa main et de se radosser à son siège.

— Maintenant, souris, Beauté fatale, mais surtout ne dis rien, précisa-t?il. Souviens-toi, mon nom est Nicholas Alexander et je suis courtier.


Sur ces mots, il posa son regard derrière elle et se leva d’un geste souple. Elle ne put qu’admirer son numéro d’acteur. Il arborait maintenant un air impatient tout en accueillant Ramos avec une obséquiosité très convaincante.

— Se&ntilde;or Ramos ! Merci de m’avoir invité à Cayo Sue&ntilde;o.

Ramos ignora sa main tendue.

— C’est Rogelio qui a arrangé ça, pas moi, rétorqua-t?il, un sourire pincé sur les lèvres.

— Je suis très impatient de pouvoir discuter avec vous de certains projets d’investissements. J’ai quelques idées…

— Moi aussi, j’ai quelques idées. Notamment au sujet de la dernière fois où nous nous sommes rencontrés.

Nick laissa retomber sa main et soutint son regard menaçant.

— C’était un épisode très fâcheux.

Devant son ton courtois mêlé d’un soupçon d’insolence, le sourire de Ramos se fit cassant. Apparemment, Meghan n’était pas la seule à avoir noté la nuance ironique de Nick. Cette animosité était-elle supposée venir de l’investisseur, ou bien l’agent se dévoilait-il malgré lui ? Elle sentit son pouls s’emballer tandis qu’une vague d’appréhension la submergeait.

— La blessure sur votre front semble avoir cicatrisé. &Ccedil;a vous fait un joli souvenir, n’est-ce pas ?

— Certains ont eu plus de chance que d’autres, cette nuit-là. Vous vous en êtes sorti sans la moindre égratignure.

— J’ai souvent repensé à vous depuis. L’idée m’a effleuré que vous étiez peut-être responsable de ce qui s’était passé… par stupidité ou à dessein.

Si elle comprenait bien leur échange, Ramos soupçonnait Nick Alexander d’être un traître.

— Pourquoi aurais-je bêtement compromis une relation que j’espère profitable pour chacun d’entre nous ? répliqua Nick en se rasseyant.

Nonchalamment, il se versa un verre de vin avant de servir Meghan.

— Vivian me dit que le Se&ntilde;or Braga est… injoignable. Par stupidité ou à dessein ?

— Que voulez-vous dire ?

— Lui et moi avons récemment discuté de possibles changements à la tête de votre organisation, commença-t?il en prenant un air de connivence. En fait, et je le cite, il m’a affirmé qu’il « s’en occuperait personnellement ».

Les yeux noirs de Ramos se vidèrent de tout signe de vie. Il observa Nick, impassible.

— J’aurais dû mieux viser. &Ccedil;a m’aurait épargné du temps.

C’était donc lui qui l’avait blessé par erreur en visant Braga ? songea Meghan, étonnée de ne pas s’être encore évanouie.

Nick maîtrisait parfaitement ses émotions. Pas un muscle de son visage ne tressaillit, mais il caressa la cicatrice sur son front avec son index.

— Un accident est vite arrivé…

Pendant qu’ils poursuivaient leur bras de fer verbal, Meghan tordait sa serviette de table entre ses mains. Tout allait bien se passer. Nul doute que Nick finirait par sauver la situation. N’excellait-il pas à ce petit jeu ? Il n’y avait qu’à voir la facilité avec laquelle il lui avait menti.

Mais que se passerait-il s’il n’y arrivait pas ?

Si Ramos découvrait que son organisation avait été infiltrée, se mettrait-il en chasse ? Enverrait-il ses hommes de main pour descendre Nick ? Oh, mon Dieu… Elle frissonna en l’imaginant blessé — ou mort.

Elle jeta un coup d’œil à Ramos, angoissée par la tournure qu’avaient prise ses pensées. Le sourire du baron de la drogue était aussi faux que le décolleté de Vivian.

— On dirait que je me suis trompé à votre sujet, Nick. Que diriez-vous de vous joindre à nous pour un verre ? On pourrait discuter de vos projets d’investissements.

— J’en serais ravi. Vous allez aimer ce que j’ai à vous proposer. Mais ainsi que vous l’avez sans doute remarqué, j’ai déjà un engagement.

Ramos tourna la tête vers Meghan, semblant juste remarquer sa présence. Il la reluqua comme un plat de viande sur le menu. En son for intérieur, elle se replia sur elle-même.

— Et comment se nomme votre adorable compagne ?

— C’est juste une amie, répondit Nick un peu trop sèchement. Je serai ravi de vous retrouver demain à l’heure qui vous conviendra.

Alors que Ramos réfléchissait en silence, visiblement contrarié, Meghan prit une brusque décision.

Je peux le faire. Je sais que j’en suis capable.

A peine l’idée l’avait-elle effleurée qu’un sentiment de calme l’envahit. La vie était faite pour prendre des risques. Il suffisait de connaître ses limites et d’être sûre de ses choix. Le mari de Julie avait été tué, non parce qu’il provoquait le danger, mais parce que quelqu’un avait pris la mauvaise décision au mauvais moment. Il était intervenu avec plusieurs collègues lors d’un braquage. Complètement paniqué, le vigile du magasin s’était mis à tirer sur eux et avait finalement tué trois officiers de police — dont Kyle.

Mais elle ne paniquerait pas. Si elle prenait un risque, c’était pour protéger Nick. Pour rendre sa couverture plus crédible. Si elle voulait qu’ils aient un avenir ensemble, il fallait qu’elle accepte son travail et son sens du devoir. Et, le cas échéant, qu’elle lui apporte son aide.

Elle repensa à son journal intime. Sur ces pages, elle était téméraire, provocante, sexy et toujours maîtresse de la situation. Or voilà que se présentait l’occasion de mettre ces qualités en pratique. Un flot d’excitation se déversa dans ses veines.

Une fille vraiment très, très vilaine.

Ramos la déshabillait de nouveau du regard.

— J’attends toujours que vous me présentiez votre ravissante amie.

— C’est personne.

— Personne ? s’exclama-t?elle en faisant la moue. Tu es vraiment un très mauvais garçon, Nicky. Je vais devoir te punir, plus tard.

Il la considéra d’un air interloqué. Elle soutint son regard, le suppliant mentalement de jouer le jeu. Les pupilles dilatées, il saisit le message, mais sa bouche prit un pli réprobateur. Se tournant vers Ramos, Meghan lui tendit la main majestueusement. Elle était confiante, provocante, irrésistible.

Ramos se pencha sur sa main, comme pour l’embrasser.

— Et comment vous appelez-vous, très chère ?

— Elise Foster. Je suis sa maîtresse.

**ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** 04-01-10 04:49 PM

chapitre 12


Pendant longtemps, trop longtemps, j’ai vécu dans le mensonge. Je veux être quelqu’un d’autre.

Alex ne savait pas quel type de fantasme Meghan était en train de réaliser, mais elle avait mal choisi son moment — et son public. Il inspira lentement, dégageant le poids qui lui comprimait la poitrine.

Ramos était apparemment intrigué. Il avait capturé la main de Meghan dans la sienne, et ses yeux brillaient d’un éclat reptilien.

— Sa maîtresse ? Vous ne manquez pas d’audace de l’admettre ainsi.

— L’audace fait partie de mon métier.

Elle reprit sa main avec l’air de quelqu’un sachant monnayer son sex-appeal.

Alex contracta ses muscles de façon à s’empêcher de trembler. Elle essayait de se frotter à un monde que lui-même avait du mal à comprendre. Et il ne pouvait rien faire pour l’arrêter.

Ramos la jaugeait toujours.

— Votre métier ? De quoi s’agit-il exactement, mademoiselle ?

— Maîtresse avec un grand M. J’aide Nicky à résoudre un petit problème de discipline.

Elle lui lança un regard entendu qui ne laissait planer aucun doute sur la nature du problème en question. Ramos s’esclaffa. Pris de court, Alex imagina « Elise » vêtue de cuir et de clous. Et à en juger par l’expression de Ramos, leurs pensées avaient pris le même chemin.

Attends un peu que nous nous retrouvions seul à seul, Beauté fatale.

Après un coup pareil, c’était elle qui aurait un petit problème de discipline à régler. En attendant, il fallait qu’il reprenne les rênes.

— Au sujet de vos investissements, Se&ntilde;or Ramos…

Ce dernier l’ignora. Son regard caressait le corps de Meghan d’une façon qui lui donnait envie de le réduire en charpie.

— J’occupe l’une des suites à l’étage. Peut-être me rejoindrez-vous…

— Non, l’interrompit Alex d’un ton sans réplique.

La cicatrice à sa tempe pulsait méchamment. Pas question de laisser ce salopard s’approcher de Meghan !

Elle secoua la tête avec emphase.

— Désolée. Pour les partouzes, je demande qu’un acompte me soit versé quarante-huit heures à l’avance.

Alex étouffa un petit rire de surprise. Bon sang, quelle femme ! Il devait reconnaître qu’elle le bluffait, avec son air blasé, comme si elle avait déjà tout vécu. S’il n’était pas autant en colère, il l’aurait même admirée.

Ramos lui jeta un coup d’œil dédaigneux.

— Mon offre n’incluait pas M. Alexander. Je suis sûr que son petit problème sera vite réglé.

Une insulte à peine déguisée concernant sa virilité. En guise de réponse, Alex émit un petit ricanement. Meghan lui donna un coup de pied dans le tibia de peur qu’il n’aille plus loin.

— Je vais consulter mon agenda et je vous appellerai, proposa-t?elle à Ramos.

Se penchant vers elle, ce dernier lui chuchota quelques mots à l’oreille. Alex était trop loin pour entendre ce qu’il lui disait et trop près pour ne pas remarquer que son regard s’attardait dans son décolleté.

Elle eut une moue condescendante.

— C’est une demande assez courante, bien que peu d’hommes de votre réputation osent la formuler.

Ramos plissa les paupières et se raidit.

— Qu’est-ce que M. Alexander vous a dit à mon sujet ?

— Nicky et moi n’avons pas eu le temps de parler de vous, Frankie, fit-elle observer avant de boire une gorgée de vin. Mais je suis sûre que tout ce qu’on raconte est vrai.

Cette fois, c’est Alex qui lui donna un petit coup de pied dans le tibia afin de la faire taire.

Ramos inclina la tête en réponse à ce qui pouvait passer pour un compliment. Puis il indiqua d’un hochement de tête la table où l’attendait Vivian.

— Je suis en train de négliger ma compagne. Vous joindrez-vous à nous pour le dessert ?

Meghan jeta un regard malicieux à Alex de l’autre côté de la table. Elle posa l’index sur sa lèvre inférieure qu’elle tordit en un petit mouvement suggestif.

— Nous avons déjà des projets pour le dessert, n’est-ce pas, mon chou ?

Devant la sexualité qui émanait d’elle, il sentit son corps réagir aussitôt. Cependant, ses projets attendraient qu’il ait fini de lui passer un savon. Comment avait-elle pu se jeter au-devant du danger comme cela ?

— Une autre fois, Se&ntilde;or Ramos, si ça ne vous ennuie pas. Mais j’aimerais quand même vous retrouver demain pour discuter affaires.

Autant prêcher dans le désert, songea-t?il. Ramos restait entièrement focalisé sur Meghan.


— J’ai organisé une petite fête au casino du club vendredi soir. Je serais ravi de vous y retrouver, Elise.

— Hmm… Ce sera sûrement une soirée très intéressante, commenta-t?elle en hochant la tête comme s’il allait de soi qu’elle était invitée. Nous viendrons, n’est-ce pas, Nicky ?

Son ton ne souffrait pas la discussion. Alex masqua son amusement derrière un masque de soumission.

— Vos désirs sont des ordres, Maîtresse.

Ramos laissa échapper un petit ricanement de mépris.

— Un homme, un vrai, ne se conduirait pas ainsi en public.

Meghan se mit à rire, une cascade cristalline qui se termina en un soupir langoureux.

— Nicky est un homme, un vrai. Il a su accaparer mon intérêt ces derniers jours. Et je ne le fais même pas payer…

Elle commençait à aller trop loin. Il devait reprendre le contrôle de la situation. Le problème, c’est qu’il était littéralement fasciné par sa prestation. Comme Ramos, d’ailleurs, qui ne lui accordait plus la moindre attention…

Il plissa les paupières en le voyant effleurer le bras de Meghan du bout des doigts, puis poser sa main sur son épaule nue.

— Vous ne savez pas ce qu’est un homme, un vrai, tant que vous ne m’avez pas connu.

Elle lui lança un regard aussi coupant que le verre.

— Je ne vous ai pas donné la permission de me toucher, s’exclama-t?elle d’une voix tranchante. Si nous faisons affaire ensemble, il vaudra mieux que vous suiviez mes instructions à la lettre.

Nom de Dieu !

Alex sentit l’air grésiller autour d’eux et serra les poings devant la soudaine lividité de Ramos. Connaissant sa réputation de caractériel, il s’attendait au pire. La peur lui donnait des petits coups de poignard dans la poitrine. « Elise » et sa grande bouche allaient avoir leur peau à tous les deux.

C’est alors qu’elle lui adressa un petit clin d’œil. Incroyable : elle s’amusait ! Il était écartelé entre l’envie irrépressible de l’embrasser et la hâte de lui remonter les bretelles.

Rougissant, Ramos retira sa main, mais ses yeux étincelèrent d’excitation.

— J’attends vendredi avec impatience, alors.

Sur ces mots, il s’éloigna. Alex attendit que son cœur reprenne un rythme normal et que sa colère se soit calmée pour reprendre la parole.

— Meghan, tu as perdu la tête ? bougonna-t?il, la mâchoire contractée.

Elle rejeta la tête en arrière avec un sourire triomphant.

— Je me suis bien débrouillée et tu le sais.

— Tu étais supposée attendre en silence que j’en aie fini avec lui, répliqua-t?il en terminant son verre d’un trait. Allez, on rentre, Beauté fatale.

Elle envoya balader ses sandales et se mit à arpenter le salon, trop agitée pour écrire dans son journal. Elle ne savait pas ce qui lui avait pris, mais Dieu qu’elle s’était sentie bien ! Elle planait et n’avait pas la moindre intention d’atterrir.

L’adrénaline qui courait dans ses veines était meilleure que n’importe quelle drogue. Et elle se sentait excitée comme jamais. Nick lui avait demandé de l’attendre pendant qu’il joignait son supérieur, mais elle ne pourrait pas l’attendre encore bien longtemps. A peine franchirait-il le seuil qu’elle se jetterait sur lui.

Où est-il, où est-il, où est-il ?

Passant devant la baie vitrée, elle aperçut son propre reflet. Le visage empourpré, elle avait les pupilles dilatées, et les pointes de ses seins se dressaient sous le fin tissu de sa robe.

Oh là là… Je suis en train de me consumer. Où est-il ?

Quand on frappa un coup sec à la porte, elle se précipita dans l’entrée pour ouvrir. Nick passa devant elle sans la regarder et se dirigea vers le salon d’un pas pressé. Elle eut quand même le temps d’apercevoir son visage, frémissant de colère et de désir ardent.

Elle se concentrerait sur le désir ardent.

Se jetant à sa poursuite, elle laissa échapper un gémissement et se colla contre lui. Elle l’embrassa comme une affamée, submergée par un désir instinctif.

— Il faut qu’on parle, décida-t?il.

— Après.

— Non. Maintenant. Cette petite comédie que tu nous as jouée ce soir… Tu as presque réussi à me faire croire que tu étais une dominatrice.

Elle éclata de rire, la tête penchée en signe d’invitation.

— Sors tes menottes et tu y croiras vraiment.

Elle reprit aussitôt possession de sa bouche et fit glisser ses mains jusqu’à la boucle de sa ceinture. Les lèvres collées aux siennes, elle sentit contre son ventre la preuve de son excitation. Mais il la repoussa avec un soupir sonore.

— Déshabille-toi et prends-moi comme une bête, murmura-t?elle en se frottant contre sa braguette. J’ai salement envie de toi.

L’espace d’une seconde, le désir enflamma ses yeux verts. Pourtant, il s’écarta d’un pas et fronça les sourcils.

— Il faut vraiment qu’on parle.

— Arrrrrg… Maintenant ?

— Tu as pris des risques insensés, ce soir, Beauté fatale. J’aurais pourtant juré t’avoir demandé de la fermer.


Bon, bon. La passion attendrait quelques minutes encore. Impatiente, elle se remit à faire les cent pas. Elle se repassa le film de la soirée, et la fameuse scène du restaurant, avec une joie intense.

— Je t’assure que je voulais me taire. Mais ça m’est venu d’un coup. Et ça a marché ! Ramos y a cru. Il a gobé chacune de mes paroles.

— Oui, eh bien ! il ne les gobera plus, Maîtresse Elise, rétorqua Nick. Ton heure de gloire est terminée.

— Mais il nous a invités au casino vendredi ! Tu n’as jamais approché Ramos d’aussi près, et c’est grâce à moi.

Il l’attrapa par le coude quand elle passa devant lui.

— Je veux bien admettre que ton personnage a parfaitement servi à établir ma couverture aux yeux de Ramos. Et ne crois pas que je ne t’en sois pas reconnaissant. Mais tu nous as fait courir un risque énorme. Tu as joué…

— Et j’ai gagné ! le coupa-t?elle, ravie de sa prestation. Car c’est de ça qu’il s’agit, n’est-ce pas ? Se mesurer à l’adversaire et sortir la tête haute. C’est ça qui est drôle et excitant. Parce qu’on ne peut jamais être sûr à cent pour cent d’avoir gagné.

— Là, c’est l’adrénaline qui parle. Pas la femme qui m’a confié détester les flics parce que c’étaient des accros au danger.

Il la lâcha, le temps de retirer sa veste de sport qu’il jeta sur un fauteuil. Meghan se rembrunit. Sous les paroles de Nick, la réalité s’était brutalement imposée à elle. Kyle. Comment avait-elle pu oublier ? Elle s’était juré de ne jamais approcher de près ou de loin un représentant de l’ordre public et voilà qu’elle se mettait à jouer les Mata Hari. Qu’est-ce qu’il lui avait pris ? Elle avait failli faire capoter toute l’enquête sur Ramos et Braga.

— Crois-moi, ma chérie, je sais ce que tu ressens. Il n’y a rien de tel que ce mélange irrésistible de peur et d’excitation coulant dans tes veines. Moi aussi, j’y étais accro depuis des années… Jusqu’à aujourd’hui.

Il s’assit sur le canapé et croisa les jambes, la cheville sur son genou.

— Je suppose, commença-t?elle en baissant la tête, que je me suis laissé emporter par la situation. C’était tellement drôle de pouvoir être quelqu’un d’autre.

— Ce n’est pas aussi glamour ni aussi amusant que tu sembles le croire. Les flics doivent s’immerger dans des milieux dangereux sans compter leurs heures. Tout ça pour un salaire de misère et bien peu de considération.

— Sans compter les risques…

Elle soupira, envahie par un sentiment de tristesse. Nick était un flic, un homme qui chassait les malfrats et qui risquait, un jour, de ne pas rentrer à la maison.

— Quand tu prends le badge, tu prends le danger qui va avec.

Il passa une main dans ses cheveux. Il semblait si fatigué et si malheureux… Elle eut un rire sans joie.

— Kyle disait : « C’est mon boulot. Protéger et servir. » Le pire, c’est qu’il y croyait.

— Comme la plupart d’entre nous, Meghan. C’est comme ça qu’on arrive à dormir la nuit et qu’on rempile tous les matins.

— Mais pourquoi ? Pourquoi continuer ?

Les traits durcis, il parut se plonger en lui-même.

— &Ccedil;a en vaut la peine si ça permet à quelqu’un de passer un jour de plus avec son mari, sa fille… ou son frère.

Elle haussa les sourcils devant sa douleur manifeste.

— Un frère, répéta-t?elle, cherchant à comprendre. Qu’est-il arrivé au tien ?

Il garda le silence. Prenant sa main dans la sienne, il baissa les yeux, assailli par les souvenirs. Chacune des images qui venaient le hanter lui serrait la poitrine et l’empêchait de respirer. S’il voulait vraiment se montrer honnête avec Meghan, il allait devoir se mettre à nu et réveiller ses vieux démons. Peut-être alors réussirait-elle à comprendre ce qui le motivait.

Après un long silence, il ouvrit enfin les vannes.

— Mon frère. Greg. Il a commencé à se droguer au lycée. L’héroïne l’a rendu imprudent, fou et sans morale. Il se fichait de tout sauf de sa prochaine dose. Mes parents ne se sont jamais remis de voir leur fils cadet se détruire sous leurs yeux.

— Que s’est-il passé ?

Il se racla la gorge. Jamais il n’avait parlé de ça, pas même à ses parents.

— Je l’ai laissé tomber, voilà ce qui s’est passé, avoua-t?il avec amertume. J’entrais à la fac, je ne pouvais pas être toujours derrière lui. Greg a abandonné le lycée et a commencé à disparaître quelques jours puis plusieurs semaines d’affilée.

— Et maintenant, où est-il ?

— Aucune idée. La dernière fois que je l’ai vu, il venait d’être libéré après avoir été arrêté pour possession de drogue. On aurait dit un cadavre. Maigre et sale à faire peur. Le juge l’avait obligé à suivre une cure de désintoxication, mais il s’est sauvé. On ne l’a pas revu depuis.

Elle passa les bras autour de sa taille et posa sa tête sur son épaule. Alex ferma les yeux un instant, acceptant son réconfort.

— J’ai essayé de lui parler, de l’aider, mais il était devenu un étranger. J’ai perdu mon petit frère bien avant qu’il ne disparaisse de ma vie.

— Et c’est pour ça que tu es entré à la DEA. Pour te venger.

Il rouvrit les yeux. Les obstacles qui les séparaient paraissaient infranchissables.

— Je suis désolé d’avoir enquêté sur toi, mais…

Elle posa les doigts sur ses lèvres.


— Tu n’as pas à t’excuser. Tu faisais ton boulot, c’est tout.

— Ce boulot pourrait compromettre notre relation.

Elle se leva, mettant de la distance entre eux. Lorsqu’elle reporta enfin son attention sur lui, son regard était froid.

— Y a-t?il quelque chose entre nous ? On était censés s’amuser, tu te souviens ?

Il la dévisagea, déçu, jusqu’à ce qu’elle se détourne. Il avait cru qu’ils s’étaient rapprochés, mais voilà qu’elle érigeait de nouvelles défenses.

— C’est vrai, j’oubliais. Pas de promesses. Ni remords, ni regrets.

Elle eut la grâce de rougir devant son amertume à peine masquée. Il continua à la fixer, frustré de ne la voir s’abandonner qu’au lit. Il était assez bon pour son corps, mais pas pour son cœur. Il pouvait jouer le rôle de l’amant imaginaire, mais pas celui de son amour.

Il se tient debout devant moi, sous la chute d’eau. Il s’approche de moi, s’offre à moi. Nos corps s’unissent sous la cascade…

Sous le regard circonspect de Meghan, il se leva et ôta sa chemise d’un seul geste, sans se soucier des boutons. Puis il l’attira à lui sans ménagement. Elle posa une main sur la poitrine, comme pour l’arrêter. Sans doute avait-elle reconnu le feu de la colère qui étincelait dans son regard.

Il défit sa fermeture Eclair, lui enleva sa robe et glissa une main dans sa petite culotte. Après avoir fouillé entre ses cuisses humides, il recula d’un pas, sans la quitter des yeux, puis se débarrassa de son pantalon et de son caleçon.

Sa main dans la sienne, il entraîna ensuite Meghan vers la salle de bains, prenant au passage deux préservatifs. Il ouvrit le robinet de la douche et l’installa dans la cabine où l’eau chaude formait déjà un nuage de vapeur. Il l’embrassa lentement, explorant, caressant sa bouche, mettant dans ce baiser toute sa passion, dans le but de lui montrer l’absurdité de leur petit arrangement. Les règles qu’elle avait imposées étaient stupides. Qu’elles aillent au diable !

Meghan gémit quand il prit ses seins dans ses paumes, les caressant avec ardeur. Les mains encadrant son visage, elle l’embrassa goulûment. Puis elle enroula ses jambes autour de ses cuisses et l’attira un peu plus contre elle. Son membre viril se dressa plus encore et s’écrasa contre sa chair moite de désir.

Un désir violent l’envahit. Dans la salle de bains saturée de buée, il saisit à tâtons un préservatif avant de le dérouler sur son sexe en érection. Puis il rejoignit Meghan sous le jet de la douche et referma la porte de la cabine. Des gouttes d’eau ruisselaient sur son torse. Elle tendit la langue pour lécher une goutte qui coulait le long de sa poitrine. Frémissant, il la prit par la nuque et l’embrassa de nouveau à pleine bouche.

Tendant la main vers un flacon de gel douche, elle en versa sur ses mains et se massa le corps jusqu’à ce qu’il soit recouvert de mousse. Puis elle se frotta à lui pour le savonner. Son corps collé au sien, elle prit son sexe dans ses mains et fit glisser ses doigts couverts de mousse le long de sa verge.

Ses caresses ressemblaient à une torture. Elle le serrait entre ses doigts, le relâchait, allait et venait sur toute sa longueur. Il laissa échapper un cri sourd, luttant pour conserver son contrôle. S’il ne se retenait pas, il allait jouir dans ses mains. Sauf qu’il ne pouvait plus se retenir ! Il fallait qu’il la prenne maintenant.

Il la plaqua contre la cloison de la cabine, lui coupant le souffle. Puis, du genou, il lui écarta les cuisses et se frotta contre elle. Elle renversa la tête en arrière, les yeux clos, extatique. Faisant glisser ses mains sur sa peau mouillée, il se pencha vers elle pour lui mordiller la nuque. Elle se cambrait, se balançait contre lui, et ses gémissements de désir lui faisaient l’effet d’un coup de fouet. Maintenant, bon sang !

Il la retourna jusqu’à ce qu’elle prenne appui des deux mains contre le mur carrelé. Le jet de la douche tombait en cascade sur ses cheveux, son dos, ses fesses rondes et ses cuisses. Fasciné par sa cambrure, il la prit par la taille et la pénétra par-derrière. Il la possédait, la faisait sienne dans un acte primaire, instinctif. Il sentait Meghan faiblir sous ses assauts, et elle s’agrippa à la barre d’appui de la douche. Son autre main toujours en appui contre le mur, elle se cambra pour mieux le rejoindre.

Il lui écarta encore les jambes et continua à la posséder avec une rage féroce, la pénétrant profondément, entrant en elle autant qu’il le pouvait. Son sexe se contractait autour du sien, l’avertissant de l’imminence de son orgasme. Une impression presque insoutenable.

Fermant les yeux, il eut soudain une conscience aiguë de l’odeur de savon et de sexe qui flottait dans l’air gorgé d’humidité. Du bruit du jet d’eau contre le carrelage. De leurs cris étouffés par la douche. De cette sensation glissante de l’eau sur sa peau et de sa chair qui se mouvait en elle.

Il parvint difficilement à retenir sa propre jouissance lorsqu’il sentit le plaisir la prendre. Elle cria tandis que son corps s’agitait de soubresauts et qu’elle glissait au sol. Il dut réunir toute sa force pour la retenir et toute sa volonté pour ne pas jouir en même temps qu’elle. Avant qu’elle ait pu reprendre son souffle, il ferma le robinet de la douche et ouvrit la porte.

Il la prit dans ses bras et la porta, dégoulinante d’eau, jusque dans la chambre à coucher. Les fantasmes de Meghan étaient puissants et érotiques, mais cela ne lui suffisait pas. Il voulait plus. Ils s’étaient envoyés en l’air sous la douche ; maintenant, ils allaient faire l’amour.

Malgré son désir ardent, il prit tout son temps avant de la pénétrer de nouveau. Quelle chance il avait ! A présent, il connaissait Meghan mieux que lui-même. Il avait appris à apprécier sa force et ses faiblesses. C’était une femme magnifique et attentionnée, intelligente, drôle et passionnée. Et elle allait être sienne.

Lorsqu’elle écarta les cuisses, il la pénétra lentement, centimètre par centimètre, prolongeant l’attente du moment où leurs corps s’uniraient. Il recula puis s’avança doucement, frissonnant de plaisir. Comme elle se cambrait contre lui, il plongea en elle, leurs deux corps n’en formant plus qu’un.

Il prit son visage entre ses mains et riva ses yeux dans les siens. Elle était à lui.

— Je t’aime, Meghan.

Les mots jaillirent de sa bouche en un chuchotement rauque. Elle écarquilla les yeux de surprise puis les referma, comme pour repousser sa déclaration. Il balança ses hanches en avant, augmentant le rythme et la friction. Meghan lui caressait le dos de ses doigts fins. Brusquement, elle se tordit et se débattit sous lui. Eperdu de désir, il accéléra le mouvement, fouillant son sexe, martelant son rythme, exigeant une réaction.

— Je t’aime, répéta-t?il.

Il n’avait jamais été aussi effrayé, aussi vulnérable. Il avait du mal à respirer, et son cœur battait violemment dans sa poitrine, languissant d’entendre sa réponse. Devant lui, le visage tourmenté de Meghan trahissait le tumulte de ses émotions, en écho aux siennes.

Elle aussi paraissait fragile, vulnérable. Magnifique. Un sourire tremblant apparut sur ses lèvres. Lorsqu’elle rouvrit les yeux, des larmes perlèrent à ses paupières et elle eut un soupir qui ressemblait à un sanglot.

— Moi aussi, je t’aime, Nick.

Elle soutint son regard. Et il sentit ses yeux s’emplir de larmes. Elle avait prononcé les mots qu’il attendait — sauf qu’ils s’adressaient à quelqu’un d’autre. Le poids de ses émotions menaça de l’écraser. C’était trop tard.

Il plongea en elle, ressentant ses frissons à chacun de ses assauts. Elle l’embrassa follement, soulevant son corps pour s’unir au sien. Il se démena en elle, rapide et dur.

Ce n’est que lorsqu’il la sentit au bord de l’abîme, qu’il se laissa enfin aller.

Alex n’arrivait pas à dormir. Il laissa échapper un soupir en contemplant le corps assoupi de Meghan. Doucement, avec maintes précautions, il tendit la main vers elle et caressa son visage. Lorsqu’il effleura sa joue, elle se blottit contre sa main. Il sentit son cœur balbutier et saigner.

Elle l’avait appelé Nick, bon sang…

Il voulait qu’elle l’aime, lui. Pas cet amant imaginaire tout droit sorti de ses fantasmes, ni même ce personnage qu’il avait été obligé de jouer. Il se retrouvait pris à son propre piège. Un peu plus tôt, il lui avait demandé de lui faire confiance, tout en sachant pertinemment qu’il n’en était pas digne. Quitte à embrouiller encore plus la situation, il devait maintenant lui rendre son journal. S’il ne le faisait pas, il ne mériterait jamais sa confiance. Et leur avenir tout entier en dépendait.
Il l’aimait !

Meghan s’étira langoureusement, un sourire aux lèvres. Quelle nuit incroyable ! Décidément, le danger était un puissant aphrodisiaque. Roulant sur le côté, elle tendit le bras. Le lit était froid à côté d’elle, et elle ouvrit les yeux. Apparemment, Nick s’était déjà levé. Mais elle pouvait sentir sa présence dans les courbatures qui meurtrissaient sa chair et dans l’allégresse qui gonflait son cœur.

Pourtant, une petite voix lui soufflait que c’était sans espoir. Ils n’avaient pas d’avenir. Maintenant qu’elle savait qu’il était agent fédéral — un métier encore plus dangereux que celui de Kyle —, il fallait qu’elle s’en tienne aux règles qu’elle s’était fixées. Elle rejeta les couvertures sur le côté avec un soupir. Pour l’instant, elle ne voulait pas y penser. Ils avaient encore trois jours à passer ensemble et elle se refusait à tout gâcher avec des « si ».

Posant les pieds par terre, elle se leva et s’étira de nouveau de tout son long. Une légère brise en provenance de la fenêtre caressa son corps nu. Elle passa dans le salon et se servit une canette de Coca-Cola — de la caféine ! — dans le minibar. Après quelques gorgées goulues, elle se tourna vers le balcon.

Nick était penché sur la rambarde, pieds et torse nus. Il fumait une cigarette. Les rayons du soleil projetaient un jeu d’ombres et de lumière sur les muscles de ses épaules et de son dos. Le tissu de son pantalon s’étirait sur ses fesses, accentuant ses puissantes cuisses. Elle avala une nouvelle gorgée de soda en admirant la vue.

— Bonjour, mon chéri. Quelle belle journée !

Il se retourna. Son sourire avait quelque chose de forcé. Peut-être s’inquiétait-il au sujet de son enquête ? Il écrasa sa cigarette et la rejoignit à l’intérieur.

— Bonjour. Tu as bien dormi ?

— Comme un bébé. Une fois que l’adrénaline est retombée, je me suis effondrée.

Comme elle tendait la main vers sa joue pour l’embrasser, elle remarqua son air distant. Quelque chose ne tournait pas rond, qui n’avait rien à voir avec l’enquête. Elle laissa retomber son bras, étudiant son visage.

— Qu’est-ce qui ne va pas, Nick ?

— Je m’appelle Alex, répliqua-t?il, un soupçon d’amertume perçant dans sa voix.

— Excuse-moi, Alex. C’est difficile de s’y habituer.

Un nuage de tristesse assombrit son regard et il détourna la tête, serrant les poings au fond de ses poches.

— Il faut qu’on parle, au sujet de la nuit dernière.

Elle sentit sa bonne humeur céder peu à peu la place à de l’inquiétude. Qu’est-ce qui pouvait bien l’assombrir de la sorte ?

— La nuit dernière était tout simplement… incroyable, commenta-t?elle.

— Ce n’était pas une vraie cascade, mais je pense que c’était un bon substitut, non ?

Un ton neutre que démentait cette lueur de regret dans ses yeux.

— Une cascade ? répéta-t?elle, décontenancée.

Où voulait-il en venir ? Le mot flotta entre eux un moment, lourd de sens.

— Que veux-tu di… ?

Elle s’interrompit au milieu de sa phrase. Et son corps se raidit sous le choc. Est-ce qu’il faisait référence à… ? Non, c’était impossible !

Et pourtant, il lui suffit de le regarder pour voir ses soupçons se confirmer.

Oh… mon… Dieu…


chapitre 13


Il est l’amant parfait. Il sait être tendre et passionné. Il donne vie à mes fantasmes les plus inavouables, mes secrets les plus intimes, mes désirs les plus fous.

Consumée par une colère blanche, Meghan reposa violemment sa canette sur la table, renversant un peu de soda. Elle eut soudain une conscience aiguë de sa nudité. Nick — Alex — avait violé son intimité, et elle se sentait profondément humiliée.

Ramassant la robe qu’elle avait portée la veille, elle l’enveloppa autour d’elle afin de cacher son corps le plus possible, puis, les poings serrés sur sa poitrine, elle agrippa le tissu. Surtout ne pas sombrer, malgré la violence de sa trahison.

— Tu as lu mon journal, c’est ça ? l’attaqua-t?elle. Pendant tout ce temps, c’était toi qui l’avais.

— Ma chérie…

— Non !

Un non qui claqua tel un coup de fouet. Furieuse, elle regagna la chambre, attrapa son peignoir dans la commode et l’enfila rapidement d’un geste rageur. Comme il jurait à voix basse, elle se retourna pour lui faire face, le visage fermé. Il se tenait sur le seuil, fouillant sa tignasse brune d’une main.

— Je suis vraiment désolé, Meghan, assura-t?il en lui tendant son journal intime. Je ne voulais pas que tu t’en rendes compte.

— C’est ça, tes excuses ?

Elle lui arracha le carnet des mains et le serra contre elle. Des passages lui revinrent à la mémoire, descriptions intimes de ses espoirs, de ses rêves et de ses fantasmes. Et il avait lu ces pages. Toutes. Personne ne la connaissait désormais aussi bien que Nick — Alex.

— C’est dans tes habitudes de fouiller dans la vie intime de parfaits inconnus ?… Je suppose que oui, répondit-elle à sa place.

Une question stupide, vu sa profession. Elle se sentit si pathétique. Dire qu’elle l’avait presque supplié de devenir son amant… Pas étonnant qu’il ait profité de la situation.

— Je t’en prie, Meghan, ne me jette pas la pierre. Tu l’as laissé traîner au beau milieu de ma chambre. N’importe qui se serait montré curieux, surtout après avoir vu ta valise pleine de sous-vêtements.

— &Ccedil;a explique que tu l’aies feuilleté. Mais tu l’as gardé et tu m’as menti quand je t’ai demandé si tu l’avais vu !

Le poussant sans ménagement, elle passa dans le salon et lui ramassa ses vêtements. Elle les lança dans sa direction avec un regard mauvais.

— Rhabille-toi et va-t’en.

Il ramassa sa chemise, ses chaussettes retombant par terre. Il essaya de l’enfiler, en vain. Les boutons étaient encore attachés, et il les maltraitait sans parvenir à les défaire. Il jura.

— Je ne bouge pas, décréta-t?il en se campant sur ses jambes. Je veux que tu comprennes et que tu acceptes mes excuses.

Elle le considéra comme si elle ne l’avait jamais vu et s’assit sur le canapé, lui tournant à moitié le dos. Sa robe de chambre s’étant entrouverte sur ses jambes, il ne put s’empêcher de la reluquer. Aussitôt, elle tira le tissu d’un coup sec pour se recouvrir. Quand ses yeux revinrent se poser sur lui, elle soutint son regard sans ciller.

— Tu n’avais pas le droit de lire mon journal intime. Comment as-tu pu faire une chose aussi méprisable ? Certains détails doivent demeurer secrets.

— Et certaines choses doivent être vécues. C’est toi qui m’as demandé de réaliser ton rêve le plus secret.

Les joues en feu, elle laissa échapper un cri de fureur. Le sang bouillait dans ses veines et lui montait au visage. Ce type était tout simplement incroyable !

— Tu as dépassé les limites, Alex. Tu m’as blessée. Et comme si ça ne suffisait pas, tu m’insultes maintenant ? Tu t’es servi de ce que tu as lu pour me manipuler ! s’écria-t?elle en tendant le journal vers lui d’un geste accusateur. L’après-midi sur la plage, le dîner romantique avec mes plats préférés, et hier soir, dans la douche… Tu ne m’as pas séduite, je me suis séduite toute seule. L’intimité que j’ai cru partager avec toi était aussi fausse que ton identité !

Il se laissa tomber dans un fauteuil avec un soupir. Ses traits étaient tirés, ses yeux marqués par la fatigue.

Je n’ai jamais eu l’intention de te manipuler. Je voulais être l’amant de tes rêves. Je voulais réaliser tes fantasmes.

— Eh bien, tu y es parvenu, attaqua-t?elle, méprisante. Tu as joué ton rôle à merveille. Comme je l’avais écrit.

Sur ces mots, elle se leva d’un bond et sortit sur le balcon. Les mains tremblantes, elle s’agrippa à la rambarde pour s’efforcer de se calmer. Il la rejoignit, toujours pieds nus, et s’appuya contre le chambranle de la porte, maintenant volontairement une distance raisonnable entre eux.

— Je suis désolé d’avoir violé ton intimité. Mais je ne suis pas désolé d’avoir eu la chance de découvrir qui tu étais réellement.

Elle le dévisagea en plissant les yeux.

— Surtout, n’oublie pas de me faire signe le jour où tu découvriras qui tu es réellement, rétorqua-t?elle sur un ton où l’amertume le disputait au sarcasme.

— Je suis ce type dont tu es tombée amoureuse. Et qui est tombé amoureux de toi.

Elle secoua la tête. Un inconnu, voilà ce qu’il était pour avoir dissimulé une part de son identité — son nom, sa profession et son véritable but. Une fois de plus, elle avait fait confiance à un homme, cru ce qu’il lui disait. Et avait eu tort. Comment avait-elle pu se montrer aussi stupide ?

— Tu n’es pas celui que je croyais, et je ne suis même pas celle que je pensais être.

Elle baissa la tête sur le petit carnet qu’elle tenait dans sa main. Et lorsqu’elle redressa la tête, un rideau de larmes aveuglait ses yeux au point qu’elle ne le distinguait plus.

— J’ai toujours été la gentille fille ; j’ai toujours fait ce qu’il fallait faire, commença-t?elle, la voix tremblante. Quand je suis arrivée à Cayo Sue&ntilde;o, mon manque de confiance en moi m’a poussée à endosser le rôle de quelqu’un d’autre. Le prix à payer pour cette erreur est bien plus cher que je ne le pensais.

Traversant le balcon à grandes enjambées, il prit doucement son menton entre son pouce et son index, et l’obligea à le regarder. Dans ses yeux brûlait la flamme de son amour pour elle.

— La femme que j’ai découverte dans ces pages est sensuelle et passionnée, et elle assume pleinement sa sexualité. Je n’ai pas eu de mal à comprendre que tu désirais la faire vivre en dehors de ton journal. Je ne voulais pas te blesser, Meghan. Je voulais juste te rendre heureuse…

— Oh, merci beaucoup, railla-t?elle. Alors, tu as tout calculé dans les moindres détails, hein ? Pas mal du tout, le coup du « je t’aime ». Tu t’es inspiré de quelle page ?

— Je t’aime, Meghan. Vraiment. C’est extraordinaire d’être avec toi. Tout est vrai, chaque moment, chaque caresse…

Elle l’écoutait mais ne le croyait plus. Les larmes commencèrent à couler le long de ses joues.

— C’était important pour moi, poursuivait-il, envoûtant, persuasif. Tu es importante pour moi. Ce qu’il y a entre nous…

— N’est rien.

Rejetant la tête en arrière, elle repoussa sa main.

— Il n’y a rien entre nous, Nick. Notre couple n’est qu’un mensonge bâti sur une tromperie.

Il ferma les yeux et pressa ses doigts sur ses tempes.

— J’ai tout fait foirer. Comment faire pour que tu me pardonnes ?

Elle baissa la tête, vaincue par la fatigue et le désarroi. Elle avait besoin d’être seule et de laisser libre cours à ses larmes.

— Va-t’en, murmura-t?elle, les mots lui écorchant la gorge. Tout ce que je veux, c’est que tu t’en ailles.

— Je n’arrive pas à croire qu’il soit parti.

Debout devant le plan de travail de la cuisine, Meghan aidait sa sœur à préparer le repas.

— Eh bien, tu t’attendais à quoi ?

— Il est sorti comme ça, sans un mot.

— C’est ce que tu lui as demandé de faire, non ?

Julie versa les légumes coupés en tranches dans une marmite d’eau bouillante.

Meghan la regardait faire. Elle repensait à la veille, à ce qu’elle avait appris sur son boulot de flic.

— Il sait tout de moi, et moi, je le connais à peine.

— Pourquoi en savoir plus ? Tu voulais juste un corps magnifique pour satisfaire tes fantasmes, une aventure sexuelle sans lendemain. Tu as déjà oublié ?

Elle releva vivement la tête, prête à se lancer dans une dispute. Mais une lueur malicieuse dansait dans les yeux de sa sœur.

— O.K., O.K… J’avais tort. Tu avais raison.

— Alors, tu vas lui pardonner ?

— Je crois…

Elle prit un morceau de parmesan dans le frigo et commença à le râper dans un bol.

— Toute ma vie, je n’ai fait qu’attendre un type comme lui. Je ne me suis jamais sentie aussi heureuse, aussi désirable et désirée. Nick est drôle et charmant. Il est intelligent, dynamique et…

— Bon sang, tu es amoureuse de lui !

Sous le regard aigu de sa sœur, elle soupira et reposa le fromage sur la table.

— Ce matin, je t’aurais dit oui sans hésiter. Maintenant, je ne sais plus, avoua-t?elle en haussant les épaules, incapable d’analyser ses émotions. Trois ou quatre orgasmes à faire trembler la terre ne créent pas une relation durable.

— Peut-être, mais c’est un sacré début ! répliqua Julie avec un petit sourire plein de malice.

— Tout s’est passé si vite. J’ai peur d’avoir confondu amour physique et amour véritable, dans le feu de la passion.

Julie versa de l’huile d’olive sur les fettuccine.

— Parfois, quelque chose de magique se passe entre deux personnes, même si ça peut paraître rapide ou imprudent. Apparemment, Nick te rend heureuse, à la fois physiquement et psychologiquement. Peut-être devrais-tu passer outre la raison et te fier à ton instinct.

— Je ne sais pas si je peux encore croire en mon instinct, Jules, observa Meghan tout en débouchant une bouteille de vin. Il m’a déjà trompée.

— Oui, mais il a fini par avouer qu’il avait ton journal. Il n’était pas obligé…

— Je ne sais pas.

Sa sœur refusa de la laisser s’en tirer ainsi.

— Bien sûr que si, tu le sais. Il est tombé amoureux de toi, et il pense que tu l’aimes aussi, assez pour lui pardonner son erreur. Ecoute la voix de ton cœur, Meg. Je crois qu’elle te dit que Nick est l’homme de ta vie.

— Frankie Ramos m’a abordée près de la piscine, ce matin, déclara Meghan à l’autre bout du fil.

Alex se raidit, les doigts crispés sur le combiné. Ce n’étaient pas vraiment les mots qu’il attendait, mais il était quand même heureux d’entendre sa voix. Jusqu’à ce qu’il comprenne leur sens.

— Ne dis plus rien. Retrouve-moi dans le hall.

Il raccrocha avant qu’elle ait eu le temps de protester. L’agent fédéral avait repris le dessus. Il savait, pour l’avoir passée au crible, que sa chambre n’était pas sur écoute, mais si Ramos avait localisé Meghan, il faudrait qu’il fouille la sienne aussi. Son cœur se serra. En la mêlant à son enquête, il l’avait jetée dans la gueule du loup.

Génial. Tout simplement génial…

Il bipa Emelio et lui expliqua rapidement ce qui s’était passé au restaurant, deux jours plus tôt. Après avoir décidé qu’il le retrouverait dans sa suite, il quitta sa chambre et se dirigea vers l’ascenseur, jurant à voix basse. La cabine s’ouvrit, et il s’y engouffra aussitôt, l’air mauvais. Le vieux couple qui attendait sur le palier, ne bougea pas, décidant qu’il valait mieux attendre le prochain.

Bon sang ! il aurait dû prévoir que Ramos essayerait de joindre Meghan ! Sûr qu’elle ne voudrait plus jamais avoir affaire à lui, après un coup pareil. Quand elle lui avait avoué qu’elle l’aimait, il s’était imaginé qu’ils trouveraient un moyen de se voir à Miami. Mais maintenant…

Il avait dormi seul, cette nuit — sans doute la plus longue qu’il ait jamais passée. Son sommeil avait été morcelé, entre des cauchemars, des accès d’insomnie dus à la culpabilité et un insupportable sentiment de perte. Il ne voulait pas que tout soit détruit entre eux à cause d’une erreur stupide.

Il s’était dit qu’il lui laisserait un peu de temps pour se calmer. Mais pas question de laisser tomber. Des femmes comme Meghan, on n’en rencontrait qu’une dans sa vie — si on avait de la chance.

Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent au sixième étage, et elle lui apparut. Le visage exempt de tout maquillage, elle portait cette fois ses propres vêtements — T-shirt bleu, jupe beige qui lui arrivait au genou. Il nota avec un soupçon de plaisir que ses yeux étaient cernés derrière ses lunettes. Elle non plus n’avait pas dû beaucoup dormir.

Refusant de croiser son regard, elle pénétra dans l’ascenseur et lui tourna le dos. Il la voyait suivre les numéros des étages au-dessus de la porte, détachée, indifférente à sa présence. Il aurait tout aussi bien pu faire partie des moutons qui ornaient le tapis.

— Est-ce que tu comptes me parler un jour ? lui demanda-t?il.

— Bonjour, Alex. Comment vas-tu ?

Même sa politesse faussement enjouée ne parvenait pas à camoufler sa fatigue.

— Mal. Tristement seul. Rongé de remords.

— Parfait.

Alors seulement, elle condescendit à se tourner vers lui.

Il frotta sa cicatrice avec un profond soupir. Pour le pardon, ce n’était pas encore gagné.

— Et toi, comment vas-tu ?

— Mal. Tristement seule.

Il sourit et lui tendit la main.

— Tu me pardonnes ?

— Je m’y emploie.

Elle mit sa main dans la sienne puis la reprit, l’air soucieux.

— Comment Ramos m’a-t?il retrouvée ?

Laissant retomber son bras, il se força à dissimuler le sentiment de peine et d’énervement que lui causait sa froideur.

— Je ne sais pas. Emelio pense que des hommes à lui surveillent le club.

— Oh, je t’en prie, Alex ! Il y a des centaines de personnes ici. Comment aurait-il pu me retrouver ?

— Tu es inoubliable, Meghan.

Visiblement, elle crut qu’il se moquait d’elle, car elle baissa la tête. Ses épaules s’affaissèrent, et elle croisa les bras sur sa poitrine en un geste protecteur.

— Est-ce que je suis en danger ?

— Non, assura-t?il avec force. Je ferai tout pour qu’il ne t’arrive rien
Elle lui jeta un coup d’œil en coin mais ne dit rien.

C’en fut trop. D’accord, il avait vraiment déconné avec le journal intime, mais il ne supportait plus son silence lourd de reproche.

— Dis quelque chose, bon sang !

— Tu ne voudrais pas que quelqu’un surprenne notre conversation à propos de ton enquête.

— Alors, parlons de nous deux, Beauté fatale.

Tendant le bras, il écrasa le bouton d’arrêt d’urgence. La sonnerie de l’alarme retentit en même temps que l’ascenseur s’immobilisait. Meghan perdit l’équilibre et tomba sur Alex, bras écartés. La rattrapant par le coude, il lui fit faire volte-face.

— Dis-moi que tu me pardonnes.

Elle expira bruyamment.

— Je suis plus gênée qu’en colère. Tu connais tous mes secrets, maintenant, et je ne me suis jamais sentie aussi vulnérable.

— Personne, ou presque, ne peut résister devant un livre ouvert, ma douce.

— Je suppose que tu as raison…

Il fit glisser ses doigts le long de ses bras et serra ses mains dans les siennes.

— Penses-y. Si ç’avait été l’inverse, qu’aurais-tu fait ? N’aurais-tu pas lu mon journal ?

— Je ne l’aurais pas gardé et je ne t’aurais pas menti à son sujet, répliqua-t?elle avec une moue.

— Oui, je reconnais que c’était nul.

— Enfin… Après m’être calmée, j’ai réfléchi. Tu aurais pu le garder et je n’en aurais jamais rien su, dit?elle avant de venir se coller contre lui et de poursuivre : ou bien me le rendre dès le premier jour et nous n’aurions pas vécu toutes ces expériences incroyables.

Ce ventre qui se frottait contre le sien signifiait-il qu’elle lui avait pardonné ? se demanda-t?il, le corps soudain brûlant. La température commençait à s’échauffer sérieusement dans le petit ascenseur.

— Alors… tu me pardonnes ?

— Disons que j’ai compris que tu voulais sincèrement me faire plaisir.

Ses hanches se balancèrent tout contre son jean. Et recommencèrent.

— Et j’y suis parvenu ? s’enquit-il, la voix lourde de sous-entendus.

Elle lui adressa un petit sourire provocant.

— Tu ne t’es pas trop mal débrouillé…

Le souffle soudain court, elle tressaillit dans ses bras. Une flamme dansait dans ses yeux d’ambre, faisant fondre sa réserve glaciale.

— Tu m’as terriblement manqué, Beauté fatale.

— On s’est quittés il y a à peine vingt-six heures et quarante-trois minutes.

— Non pas que tu aies trouvé le temps long…

L’odeur à la fois fleurie et épicée de sa peau l’emplissait d’un désir si fort qu’il en tomba presque à genoux.

Impossible de dire lequel des deux fit le premier pas. Alors qu’il penchait la tête vers sa bouche, elle fit glisser ses mains sur sa poitrine jusqu’à sa nuque. Il couvrit ses lèvres des siennes, et tous les deux s’abandonnèrent à ce baiser affamé.

La plaquant dans un coin de la cabine, il agrippa ses hanches et maintint son corps tendre contre le sien. Il sentit les petites pointes de ses seins se durcir lorsqu’elle se frotta contre l’érection qui déformait son jean.

C’était si bon, si juste… Et il l’aimait tant.

D’une main, il lui pétrit les seins à travers son T-shirt pendant qu’elle emmêlait ses doigts dans ses cheveux. L’attirant plus près, elle insinua sa langue dans sa bouche avec un faible gémissement.

C’est alors que l’alarme se déclencha de nouveau. Et l’ascenseur fit un bond avant de reprendre sa descente. Alex regarda les chiffres des étages défiler rapidement au-dessus de la porte. L’équipe chargée de la maintenance avait dû remettre la machine en marche de l’extérieur.

— Alors, c’est de ça que tu voulais me parler ? s’enquit Meghan.

De la gaieté dansait dans ses yeux alors qu’elle réajustait son T-shirt. Il sourit.

— Non, mais j’aurais bien continué…

Il ne demandait pas mieux que de l’emmener dans sa chambre pour poursuivre cette conversation. Le problème, c’est qu’Emelio était passablement énervé et qu’ils devaient mettre sur pied un plan destiné à coincer Ramos.

— Mon coéquipier nous attend.

— Ramos a débarqué sans crier gare, déclara Meghan.

Emelio se percha sur le bord de son siège.

— Où ça ?

— A la piscine, intervint Alex. Est-ce que nous avons quelqu’un qui pourrait contrôler les employés de l’hôtel ?

— Je m’en occupe. Ensuite, que s’est-il passé, Meghan ?

— Tout d’abord, j’étais trop surprise pour réagir. Puis il m’a appelé « Maîtresse Elise », et je me suis aussitôt remise dans mon rôle. C’était étrange, commenta-t?elle, l’air perplexe. Bref, il m’a dit qu’il était ravi de m’avoir retrouvée. Il voulait que l’on prenne rendez-vous pour réaliser le fantasme bizarre dont il m’a parlé l’autre soir.

Emelio leva un sourcil interrogateur, mais elle secoua la tête.

— Je préfère vous épargner les détails.

Comme Alex s’agitait à son tour, elle lui prit la main. Apparemment, elle ne voulait rien lui dire non plus. Une raison de plus pour faire la peau à Ramos.

Jetant un coup d’œil à leurs mains jointes, Emelio plissa le front. Il se radossa à sa chaise et glissa ses pouces dans les poches de son jean.

— Et ensuite ?

— Je lui ai fait croire qu’Elise était impatiente de réaliser son fantasme. Je l’ai un peu provoqué, je l’ai incité à parler… En gros, il voulait s’assurer que je viendrais au casino ce soir.

Alex laissa échapper une plainte sourde, irrité à la fois par la situation et par sa propre réaction. Meghan et Ramos… Il ne le supporterait pas. Une sueur froide perlait sur son front rien qu’en l’imaginant en tête à tête avec le baron de la drogue.

— Ouais, il sera bien déçu de voir que tu lui poses un lapin. S’il croit que je vais te laisser…

— Comment ça, si tu vas me laisser ? l’interrompit?elle avec un regard courroucé. Je dois y aller. Il m’attend.

— C’est hors de question.

— Attends, Alex, insista Emelio, essayant de le ramener à la raison. On a besoin d’elle, et tu le sais. Si Ramos lui a confié ses petites manies sexuelles, peut-être qu’il lui en dira plus.

— Les hommes comme Frankie Ramos ne parlent pas affaires avec les prostituées, même de luxe.

Elle croisa les bras d’un air de défi.

— En tout cas, il ne semble pas prêt à parler affaires avec toi. Ramos a demandé à Elise de venir sans Nick.

Emelio s’interposa de nouveau.

— Mec, il pourrait se détendre avec elle, révéler quelque chose qui nous permette enfin de le coincer.

Alex réfléchissait. Bon sang ! il devait bien y avoir un autre moyen, qui ne lui fasse courir aucun risque ! Sauf qu’il avait beau se creuser les méninges, il ne voyait pas d’autre solution.

— O.K. Tu peux m’accompagner et te pendre à mon cou comme une jolie poule de luxe, mais rien de plus.

— Désolé de te décevoir, bel étalon, mais ta poule de luxe a un cerveau, rétorqua-t?elle en tapotant sa cuisse de ses ongles. Ramos n’a jamais mis en doute ce que je lui ai raconté — preuve que j’ai parfaitement joué mon rôle. Il est évident qu’Elise l’intrigue. Si elle se pend à son cou, qui sait ce qu’elle verra… et ce qu’il lui racontera.

Alex tapota les poches de sa chemise à la recherche de cigarettes. Merde ! Il les avait laissées dans sa suite.

— Je n’aime pas la façon dont tu parles d’Elise, comme s’il s’agissait de quelqu’un d’autre.

— Je suis quelqu’un d’autre, par rapport au jour de mon arrivée à Cayo Sue&ntilde;o.

Elle lui avait répondu calmement, mais sa voix frémissait d’une émotion contenue.

Il ferma les yeux. Elle avait raison, bien sûr, mais, bon sang, qu’il détestait ça ! L’éclair du canon. Le claquement sourd du coup de feu. La douleur. Il avait un goût âcre dans la bouche quand il rouvrit les yeux.

— Pourquoi t’impliquerais-tu autant ?

— Pour Kyle. Pour Greg. Et pour nous deux.

Il souleva leurs deux mains et porta son poignet à sa joue. Pas le choix, il devait accepter. Elle se pencha vers lui afin de l’embrasser. Avec elle, il avait l’impression d’être le seul homme sur Terre. S’il lui arrivait quelque chose, il en mourrait.

— On se calme, tous les deux, et on se concentre. On a une enquête à boucler, intervint Emelio en jetant un coup d’œil à sa montre. Il faut qu’on prépare notre opération, qu’on prévoie les hommes et le matériel, et on n’a pas beaucoup de temps devant nous. Meghan, on vous retrouve ce soir, avant votre départ pour le casino.

— Je continue à dire que ça ne me plaît pas du tout, Em.

— Que ça te plaise ou non, on n’a pas le choix. On ne peut pas laisser passer une occasion pareille.
Meghan contempla une dernière fois l’image que lui renvoyait le miroir de la salle de bains. Elise était une aventurière, audacieuse et provocante ; elle aimait le champagne frappé et les hommes torrides. Ce soir, elle allait sortir de son journal et marcher dans le cercle de feu.

Elle savait exactement comment elle allait s’y prendre — mettre Ramos à l’aise, lui faire baisser sa garde. Et si elle réussissait à jouer avec lui comme ce matin, il lui mangerait dans la main tel un petit chien et lui révélerait tout ce qu’elle voulait au sujet de ses affaires.

A la fois nerveuse et excitée, elle continua à s’observer dans le miroir. Julie lui avait prêté une robe de soirée en satin qui lui allait à merveille. Le tissu, couleur pêche, épousait chacune de ses courbes, et une fente remontait sur le côté jusqu’à mi-cuisses. Quant à son décolleté, il était époustouflant. Quelle trouvaille, le Wonderbra !

Entendant quelqu’un frapper trois petits coups, elle s’adressa un clin d’œil dans le miroir et se dirigea vers l’entrée d’un pas guilleret. L’ourlet de sa robe dansait autour de ses chevilles avec une légèreté enivrante.

Quand elle aperçut Alex sur le seuil, elle dut se retenir à la porte pour ne pas défaillir.

Il était magnifique. Ses cheveux sombres légèrement humides étaient coiffés en vagues souples vers l’arrière. Et son smoking le rendait tellement sexy… Seule ombre au tableau : il n’arborait pas son expression habituelle, à la fois confiante et séductrice.

Elle recula de façon à le laisser entrer, et il passa devant elle sans prononcer un mot. C’est alors qu’elle remarqua le sac qu’il tenait à la main.

— Qu’est-ce que c’est ?

Il en sortit un boîtier noir relié à plusieurs fils.

— C’est un micro H.F. Emelio devrait bientôt arriver pour s’assurer qu’il transmet correctement.

Elle le suivit dans le salon et regarda le micro avec méfiance. Elle n’appréciait pas du tout l’idée d’avoir à s’autocensurer toute la soirée.

— Qui va le porter ? Toi ou moi ?

— C’est pour toi. Je ne peux pas prendre le risque de me faire fouiller par Ramos. Tourne-toi.

Elle hésita un instant avant d’obéir. Sa main puissante effleura son dos lorsqu’il défit le crochet qui fermait sa robe et descendit la fermeture Eclair. Puis, glissant la main sous sa robe, il accrocha l’émetteur à sa taille.

Elle tressaillit à son contact. La caresse de ses doigts chauds sur sa peau lui donnait la chair de poule. Elle n’y connaissait rien en micro H.F. mais il lui semblait qu’Alex prenait tout son temps pour le mettre en place. Non pas que ça la dérange.

Une fois l’émetteur posé, il la prit doucement par l’épaule et la fit se retourner. Elle vit ses pupilles se dilater quand il plongea les yeux dans son décolleté. Le corsage échancré de sa robe révélait les bonnets pigeonnants de son soutien-gorge, et les petites pointes de ses seins formaient deux petits boutons sous le tissu couleur chair.

Il expira profondément, puis caressa sa clavicule du bout des doigts, y laissant un sillon de feu. Il plongea deux doigts dans son soutien-gorge avant de camoufler le micro entre ses deux seins.

— C’est bien, comme ça ? murmura-t?il, la voix rauque.

— Hmm, délicieux. Je veux dire… ça va !

Le cœur battant la chamade, elle sentit une vague brûlante déferler entre ses cuisses. Alex s’approcha et passa les mains dans son dos afin de remonter sa fermeture Eclair. Lorsqu’il se pencha en avant, elle l’embrassa dans le cou. Son souffle lui ébouriffa les cheveux. Et elle frissonna devant cette intimité.

La tête inclinée sur le côté, il plongea son regard dans le sien. Un courant de désir et de complicité passa entre eux, et leurs corps se rapprochèrent presque à leur insu. Comme Alex la prenait par la taille, elle posa les mains sur ses avant-bras et entrouvrit les lèvres pour recevoir son baiser.

Un coup sec frappé à la porte rompit le charme. Elle lut dans les yeux verts d’Alex une frustration et un regret poignants. Inspirant longuement, elle tenta de reprendre ses esprits. Ils avaient autre chose à faire.

— Va ouvrir à Emelio pendant que je retouche mon rouge à lèvres.

— Il est encore temps de reculer, Meghan. Tu n’es pas obligée de nous aider. On peut y arriver sans toi.

— Non, vous n’y arriverez pas sans moi, Nick, répliqua-t?elle avec gravité. Nous avons une mission à remplir. Un salaud à arrêter.

**ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** 04-01-10 06:03 PM

chapitre 14


Ma vie est totalement dénuée d’excitation. J’ai toujours été la grande sœur responsable, la fille irréprochable, celle sur qui on peut compter. J’aimerais, juste une fois, faire quelque chose d’impulsif, peut-être même un peu dangereux… Alex sentit une bouffée d’adrénaline déferler dans ses veines. La tête lui tournait légèrement et son cœur battait à tout rompre. Tel un guerrier se préparant pour la bataille, il essaya de vider son esprit tout en restant en alerte. A l’intérieur du casino de Cayo Sue&ntilde;o, les machines à sous sonnaient de tous côtés, couvrant le murmure des voix. L’atmosphère était lourde, et les spots colorés ne parvenaient pas à percer le rideau de fumée créé par d’innombrables cigares hors de prix. Une foule de gens était réunie devant les diverses machines et plateaux de jeu, priant Lady Luck — la fée Chance. D’ordinaire, ce genre de situation mettait Alex en transe, l’adrénaline étant sa drogue préférée. Il n’aimait rien tant que la surprise et affrontait le danger avec jubilation. Mais aujourd’hui, il redoutait la confrontation avec Ramos et ses sbires, parce qu’il y avait en jeu un élément bien trop précieux : la sécurité de Meghan. Il se força à endosser son rôle. Il était Nick Alexander, petit génie de la finance. Sûr de lui, confiant, blasé. Légèrement arrogant, d’attitude comme de look. Un type qui réussissait dans la vie. Il traversa le casino à grands pas, détaillant la foule du regard. Concentre-toi sur les visages. Oublie ta peur. Catalogue les joueurs. Il fit mine de ne pas reconnaître le croupier à la table de black-jack devant lui. Emelio lui jeta un coup d’œil, mais l’ignora tout autant. Après avoir arrêté une serveuse pour lui commander une bière, Alex se dirigea vers la caisse. Il afficha un sourire pro — le sourire de Nick — à l’intention de la rouquine à la poitrine généreuse qui se tenait dans la cabine vitrée. — Bonsoir. Je voudrais ouvrir un compte. — Certainement, monsieur. Je sens que c’est votre jour de chance, déclara-t?elle avec un clin d’œil enjôleur. S’esclaffant, il ouvrit son portefeuille rempli de billets de cent dollars. Il en sortit une carte de crédit reliée à un compte spécial et la glissa sur le comptoir. — Combien désirez-vous pour commencer, monsieur ? — Cinquante mille. La rouquine ne cilla pas. Passant simplement sa carte dans un scanner, elle lui prépara une pile de jetons de mille dollars chacun. — Merci. Ses jetons dans les mains, il allait tourner les talons quand la rouquine se pencha pour l’attraper par le bras. — Si vous n’avez rien à faire plus tard… Il secoua la tête et sourit, histoire d’adoucir son refus. — Désolé, j’ai déjà des projets. Avant Meghan, il aurait sans doute fini la soirée avec elle — surtout qu’elle était vraiment bien roulée. Mais désormais, ce qu’elle avait à lui offrir ne l’intéressait plus. Même si, malheureusement, celle qui l’intéressait ne lui avait pas encore totalement pardonné. Depuis son divorce, il avait évité de s’engager de nouveau avec qui que ce soit. C’était plus facile d’être seul quand on ne savait pas où — ni qui — l’on serait la semaine suivante. Meghan lui avait fait comprendre à quel point sa vie était vide de sens et combien il était seul. Quoi qu’il se passe — et quoi qu’il doive faire —, il voulait avoir une place dans sa vie. La seule chose qui lui importait plus que de voir Ramos en prison, c’était de se réveiller chaque matin à côté d’elle.

Ramos se leva pour l’accueillir à une table un peu à l’écart. — Nick ! Je commençais à me demander si vous alliez venir. Alex sourit. Ouais, c’est ça. Comme si j’allais laisser passer une chance pareille. Ce soir, il comptait bien découvrir comment le cartel blanchissait ses narcodollars. — Comment pourrais-je laisser passer une chance pareille de rafler votre argent ? Ramos éclata de rire. Un rire trop bruyant, trop dur. Etudiant son visage, Alex comprit qu’il se trouvait sous l’influence de la drogue. Ses pupilles étaient si dilatées que ses yeux paraissaient noirs. Les rumeurs étaient donc exactes : Ramos ne faisait pas que goûter ses produits, il s’en goinfrait. Ce qui risquait de le rendre plus imprévisible que jamais. Alex sentit une vague d’anxiété le submerger. Meghan comptait sur lui. Tout comme Greg, qui aurait tant eu besoin de son grand frère. Ou Liz, son ex-femme, qui ne demandait qu’à être aimée. Et Emelio, qui s’en était remis à lui à Overtown. Toute sa vie, on avait compté sur lui, et il ne s’était pas montré à la hauteur. Mais cette fois, ce serait différent. La sécurité de Meghan dépendait de son habilité à coincer Ramos. Quoi qu’il se passe, il ne la laisserait pas tomber. A cette pensée, un étrange sentiment de calme l’envahit, comme s’il se trouvait, mentalement, dans l’œil du cyclone. Son anxiété s’évapora et sa nausée reflua. Nick était entré en scène. — J’avais une affaire personnelle à régler. — Une affaire personnelle d’un genre très spécial, je vois, plaisanta Ramos en lui indiquant de la main une petite tache rouge dans le cou. Alex ne se souvenait pas que Meghan l’ait embrassé à cet endroit… Il frotta un mouchoir contre sa peau, mais aucune trace de rouge à lèvres ne vint maculer le tissu. Hmm… Apparemment, c’était un suçon, qui devait remonter à la nuit précédente. Tant pis. Ramos éclata d’un rire faussement joyeux. — La dame vous a laissé sa marque, mon ami. Alex esquissa un semblant de sourire, le laissant tirer ses propres conclusions. — C’est pour ça qu’elle est payée. — Elise n’est pas avec vous ? s’enquit cet espèce de salopard en regardant autour de lui d’un air moqueur. — Non… plus maintenant, répondit Alex, une nuance de regret dans la voix. Nous ne sommes plus en affaires. Ramos étira ses lèvres en un fin sourire, les yeux brillant de satisfaction. — Parfait. Passons aux choses sérieuses, si vous voulez bien. — Le Se&ntilde;or Braga va-t?il nous rejoindre ? — Rogelio a été malencontreusement… retenu. Alex ne laissa rien transparaître. Cela signifiait-il que Braga était occupé ailleurs ou, comme il le soupçonnait, qu’il avait été exécuté ? Soudain, il regretta de ne pas porter lui-même de micro afin d’avertir Emelio. Il serra la main des quatre hommes assis autour de la table de poker. A peine se fut-il assis, ses jetons posés devant lui, que la jolie serveuse blonde lui apporta sa bière. — Merci, ma belle. Occupe-toi des verres de ces messieurs, veux-tu ? lui demanda-t?il en glissant un billet de cent dollars dans son décolleté. Ramos eut un hochement de tête approbateur. Après avoir reluqué la serveuse, ses hommes passèrent quelques minutes à échanger des remarques machistes sur les femmes et des tuyaux crevés sur la Bourse. Ensuite, l’un d’eux coupa les cartes, le suivant les distribua, et chacun des joueurs misa mille dollars au centre de la table. Allumant une cigarette, Alex étudia son jeu. Dame de trèfle, dame de cœur — pas si mal. Il prit ça comme un bon présage. Pensant à Meghan, il dirigea son regard vers l’entrée. Comme en réponse à ses pensées, elle pénétra dans l’immense hall. Elle lui fit le même effet que la première fois où il l’avait aperçue, sur la terrasse du club. En dépit du danger qu’ils encouraient, il sentit une flambée de désir le saisir au… Une minute ! Elle semblait inquiète, peu sûre d’elle, et jouait nerveusement du bout des doigts avec son bracelet. C’était Meghan, pas Elise ! Il eut un coup au cœur. C’est vrai qu’elle s’était admirablement bien débrouillée l’autre soir, dans le feu de l’action, mais maintenant, elle avait pleinement conscience du pétrin dans lequel elle s’était fourrée. Brusquement, il eut une folle envie de la prendre dans ses bras et de l’emmener loin du casino. Sauf qu’il était trop tard pour reculer. Elle fouilla le hall du regard à sa recherche. Dès qu’elle le repéra, une expression de joie anima son visage. Elle lui adressa un clin d’œil et se redressa. Alex la vit se métamorphoser sous ses yeux, admiratif malgré lui. Son allure si féminine se fit tout à coup audacieuse, avec un brin de cynisme et une touche d’arrogance. D’une démarche assurée, Elise traversa le casino. Ramos l’avait certainement aperçue, lui aussi, puisqu’il grommela rapidement une excuse et quitta la table de poker. Alex se retint à grand-peine de le suivre. Il devait faire confiance à Meghan, même si son instinct le poussait à intervenir. C’était à elle de jouer, maintenant. Il se força à desserrer les dents. Détends-toi, bon sang. Suis le jeu ! Les parties se succédaient à vive allure ; il semblait être le seul à avoir de bonnes cartes. Il ne s’était défait que de quelques milliers de dollars, alors que les autres en avaient déjà perdu plus d’une centaine de milliers chacun. A chaque partie, constata-t?il, intrigué, les hommes de Ramos misaient des sommes bien trop importantes par rapport à leurs pertes. Et n’utilisaient jamais les jetons de dix mille dollars de leur patron, empilés sur un plateau devant sa chaise vide. — C’est moi, ou Lady Luck nous boude, ce soir ? Alex leva les yeux vers celui qui venait de parler. Malgré ses pertes — quarante mille dollars durant la dernière partie —, Shelton paraissait d’excellente humeur. Un de ses acolytes, Kent, lui asséna une grande claque dans le dos en s’esclaffant. — Je parie qu’elle viendra nous sauver la mise bientôt. Alex fronça les sourcils, les nerfs tendus à se rompre. Pas de doute, quelque chose d’important était en train de se passer. — Vous avez l’air bien sûr de vous pour quelqu’un qui vient de perdre aussi gros. Shelton lui lança un regard acéré avant de se replonger dans ses cartes. Kent éclata de rire de nouveau. — Reste cool, mec. Braga m’a dit que Nick était notre nouveau banquier. Vous pouvez l’initier à notre petite charade. Kent posa ses cartes sur le tapis. Il avait une quinte flush. Que signifie… ? A son tour, Shelton lui montra son jeu — un carré de dix —, bientôt imité par ses comparses. Avec des jeux pareils, ils auraient dû gagner, pas perdre. Ces types faisaient exprès ! Alex jeta un coup d’œil en direction du tas de jetons de dix mille dollars. Banco ! Les narcodollars étaient blanchis, lavés, amidonnés et repassés ici. Au casino.

Attitude. Tout n’était qu’une question d’attitude, et elle en avait à revendre. Elle dégageait un mélange de mystère, d’intelligence et d’érotisme — tout ce qu’un homme pouvait désirer. Ramos n’avait aucune chance. Elise était capable de manger n’importe quel type sans jamais être rassasiée. Accoudée sur la table, Meghan se pencha en avant. Elle inclina la tête d’un air gourmand et sourit. — Alors… vous voulez partager ma compagnie durant quelque temps. Je dois vous prévenir, Frankie, que je suis très exigeante. Je ne traite pas avec n’importe qui. — Et j’apprécie votre discrétion. Le dos tourné au bar, il avait commandé une bouteille du meilleur champagne et l’avait descendue comme de l’eau. A en juger par ses grands mouvements et son visage animé, il était plus que soûl. — Dites-moi, qu’est-ce qui vous attire chez un homme, Maîtresse Elise ? Elle pensa aussitôt à Alex. Son rire sexy, son charme bon enfant, sa tendresse. Elle le savait près d’elle, mais pour l’instant, elle devait se débrouiller toute seule. Caressant le rebord de sa flûte du majeur, elle effectua des petits ronds paresseux sous le regard hypnotisé de Ramos. — Chaque homme est différent. C’est difficile d’expliquer ce qui m’excite. — Je ne peux pas m’empêcher de me demander ce qu’une femme comme vous a pu trouver chez un type comme Nick Alexander. Ayant fini sa flûte de champagne, il commanda une autre bouteille. Quand le serveur l’eut apportée, il se resservit un verre et lui remplit le sien. — Ce que mes anciens clients et moi avons pu faire ensemble ne vous regarde pas, répliqua-t?elle d’un ton de reproche. Nick était un partenaire agréable, mais j’ai envie de passer à autre chose. Ce qui m’intéresse, en revanche, c’est ce que vous pensez pouvoir m’offrir. — Vous ne seriez pas là si je n’avais pas réussi à susciter votre intérêt, très chère. — J’admets que vous éveillez ma curiosité. Elle plongea son index dans son champagne avant de le porter lentement à sa bouche. Puis, soutenant son regard, elle se lécha le doigt. — Je suis un homme très important, déclara-t?il en se rengorgeant. Bien plus riche et puissant qu’un pauvre type comme Alexander ne le sera jamais. Elle retint un soupir d’agacement. C’était la troisième ou quatrième fois qu’il citait le nom de Nick, et le micro scotché entre ses seins commençait à la démanger. Peut-être fallait-il qu’elle le provoque un peu ? — Vraiment, Frankie, si j’accepte de vous prendre, il faut que vous me convainquiez que je ne perdrai pas mon temps avec vous, répliqua-t?elle, condescendante. Je commence à avoir quelques doutes. Un éclair de colère passa dans les yeux de Ramos, lui donnant un air de folie. Son humeur vira à cent quatre-vingts degrés en moins d’une seconde. — On ne badine pas impunément avec Francisco Guillermo Ramos. Vous croyez que vous pouvez vous moquer de moi, Elise ? Comment aurait-elle pu résister à titiller cet ego surdimensionné ? Elle baissa nonchalamment les yeux pour inspecter ses ongles manucurés. Peut-être aurait-elle dû se retenir ? Non. Ne recule pas. — Pourquoi ne jouerais-je pas avec vous, Frankie ? c’est bien pour ça que vous voulez me payer, non ? Après un instant de flottement, il éclata de rire. Ouf ! elle avait repris le contrôle. — Voilà la femme d’affaires qui parle. &Ccedil;a, c’est un langage qui me plaît. — C’est vrai que vous vous y connaissez, en affaires. Le moment était venu de lui passer un peu de pommade. Elle poursuivit : — Un homme de votre réputation, avec un tel pouvoir, une telle puissance… Le business, ça vous connaît. Peut-être que vous pourriez m’aider ? J’ai justement un petit problème à résoudre… Les yeux noirs de Ramos brillèrent d’une lueur qui ne devait pas tout à l’alcool. — Nous pourrions nous aider l’un l’autre. Mes conseils en échange de vos services ? Elle jeta un coup d’œil discret sur sa gauche afin de s’assurer qu’Emelio était toujours assis à la table de black-jack. Il hocha la tête et lui adressa un bref sourire. On y va. A ce signal, elle se cambra, accentuant la profondeur de son décolleté, et battit des cils. C’était l’heure des fausses confidences. — L’un de mes clients s’est montré très bavard… sous mes encouragements, commença-t?elle, suave. J’ai profité de certaines informations privilégiées qu’il n’a pas pu s’empêcher de me faire partager. Du coup, je me retrouve à la tête d’une petite somme plutôt coquette que j’aimerais investir… sans en avertir le fisc. Ramos qui finissait de vider la deuxième bouteille de champagne dans leurs verres, eut une grimace de dédain. — Toutes mes activités basées sur des opérations en liquide, comme les distributeurs de bonbons et de boissons, les fast-foods et les boutiques de prêteurs sur gage, ont un bon rapport… Elle l’interrompit d’un petit claquement de langue réprobateur et fit courir ses ongles sur le dos de sa main. Lorsqu’il leva les yeux, elle humecta lentement ses lèvres de la pointe de sa langue. — Il m’en faudra plus que ça, Frankie. Si tu veux qu’on joue à ce que tu m’as demandé l’autre soir, tu devras m’aider à trouver des placements plus intéressants… off-shore, par exemple. — Je ne pense pas… — Ne pense pas, Frankie. Imagine. Tout ce que je pourrais te faire, les positions que nous pourrions inventer tous les deux… La délicieuse fantaisie que tu as susurrée à mon oreille l’autre soir. On y jouerait ensemble. Plusieurs fois. Il déglutit lentement et se dandina sur sa chaise. — Je verse mon argent par petites quantités sur différents comptes courants. Après quoi, je procède à des virements à l’étranger au nom de mon cousin. Par-dessus l’épaule de Ramos, elle vit Alex se diriger vers le bar. Il regardait Emelio en souriant. Apparemment, elle était en train d’obtenir les informations qui leur manquaient. Il lui adressa un geste circulaire de l’index, afin qu’elle continue à faire parler le trafiquant. Sous la table, elle tendit la jambe et fit langoureusement aller et venir son pied le long de la jambe de Ramos. — Vraiment ? Mais que faites-vous de l’argent ensuite ? demanda-t?elle en lui pressant la main en signe d’encouragement. — C’est là que ça devient ingénieux, Elise. Mon cousin Pablo a créé des comptes spéciaux au nom d’organismes caritatifs pour recevoir des dons. Et il prit pour exemple le nom d’une association caritative sud-américaine destinée aux enfants miséreux. Meghan serra les poings, et ses ongles s’enfoncèrent dans ses paumes. Espèce de salopard ! Elle avait donné cent dollars à ces mafieux l’an passé. Cent dollars qui étaient allés grossir les poches de Ramos, au lieu de nourrir des enfants affamés ! Le moulin à paroles s’était enclenché, et elle n’avait plus qu’à l’écouter se vanter, hochant la tête d’un air appréciateur de temps à autre. Croyait-il vraiment que sa récompense serait à la mesure de ce qu’il lui apprenait ? Comme il l’agrippait par la main, elle se dégagea et détourna la tête, dégoûtée, incapable de soutenir son regard une minute de plus. Alex était installé au bar. Une bouteille de bière devant lui, il avait l’œil rivé sur Emelio. Tout à coup, elle le vit s’assombrir. Il porta la main à son oreille et fit rouler entre ses doigts sa boucle d’oreille en diamant. Le signal ! Il fallait maintenant qu’elle « fiche le camp le plus vite et le plus loin possible », ainsi qu’il le lui avait seriné avant de quitter l’hôtel. — Eh bien, Frankie, je suis impressionnée. Je crois que nous allons traiter ensemble, minauda-t?elle en se levant. Donnez-moi une minute pour me repoudrer le nez, et vous me direz comment je peux investir dans vos opérations. A peine s’était-elle éloignée de trois pas que le casino sombra brusquement dans le chaos. Emelio rejeta sa chaise en arrière et se précipita vers Ramos en hurlant : « On ne bouge plus ! » Plus d’une douzaine d’agents sortirent de nulle part en vociférant, leurs badges à la main. Quelqu’un laissa échapper un cri de terreur ; un plateau se renversa dans un bruit de verre brisé ; une femme s’évanouit, et plusieurs clients du casino tentèrent de s’échapper. Ramos pivota sur son siège et cria : — Revenez, Elise, je vous protégerai !

Elle le regarda, incapable de décider de quel côté elle devait se sauver. Plusieurs agents fédéraux se précipitaient dans sa direction. Elle était coincée au beau milieu de la bagarre. Il fallut moins d’une seconde à Ramos pour dessoûler. Les yeux fous, il semblait prendre la mesure du tohu-bohu autour de lui. Soudain, Meghan le vit s’assombrir en fixant un point juste derrière elle. Oh, mon Dieu… Alex avait dû montrer sa satisfaction, car Ramos lâcha soudain un hurlement de furie. Une haine pure déferla dans son regard tandis qu’il comprenait dans quel piège il s’était laissé prendre. Renversant son tabouret, il s’abrita derrière une table et glissa la main dans sa veste. Paralysée par la terreur, elle le vit sortir une arme. — Noooon ! hurla-t?elle. Ramos visa la poitrine d’Alex. — Hijo de perra ! Je ne te louperai pas, cette fois ! Oh, non, c’est impossible ! Pas ça. Pas une nouvelle fois ! Sans penser à sa propre sécurité, elle s’interposa entre eux, les bras écartés. Aussitôt, Alex l’attrapa par les jambes et la plaqua au sol. Le souffle coupé par la violence de l’impact, elle s’écroula sous lui. De la douleur. Une douleur sourde et brûlante. Son épaule droite était en feu. Baissant les yeux, elle s’aperçut que le sang coulait le long de son bras. Elle reprit son souffle et s’obligea à déglutir de façon à contenir la nausée qui montait à sa bouche. — Oh, mon Dieu, ma chérie, tu es blessée ! Attrapant un mouchoir dans la poche de son smoking, il le maintint pressé contre son bras. Elle grimaça de douleur. — Que quelqu’un appelle une ambulance ! cria-t?il à la ronde avant de l’embrasser sur le front. Elle se retint à lui comme à une bouée de sauvetage, luttant de toutes ses forces pour ne pas sombrer. Alex roula sur le côté et la força à s’asseoir. Elle eut juste le temps de voir Emelio renverser Ramos d’un coup de pied dans la poitrine, envoyant valser son arme au loin. — Francisco Ramos, vous êtes en état d’arrestation pour tentative d’assassinat, usage d’une arme à feu, trafic de drogue, blanchiment d’argent et évasion fiscale. Vous avez le droit de garder le silence… — Vous n’avez rien contre moi, pendejo. Mon avocat ne fera qu’une bouchée de vous, minable. Emelio eut un petit sourire. — Qu’il essaie. Alex maintenait le mouchoir plaqué contre l’épaule de Meghan tout en la serrant dans ses bras. Il ferma les paupières, essayant d’effacer les petits points lumineux qui dansaient devant ses yeux. C’était comme si son cerveau avait disjoncté au moment où Ramos avait dégainé son Glock 29. Tâchant de ramener son pouls à la normale, il rouvrit les yeux et souleva le mouchoir afin d’étudier la blessure de Meghan. Apparemment, la balle lui avait traversé l’épaule. — Où est cette putain d’ambulance ? Elle s’accrocha à lui, murmurant son nom encore et encore. Le mouchoir était gorgé de sang, et Alex sentait le liquide poisseux couler sur ses doigts. Un étau cruel enserrait sa poitrine. Bon sang ! dire qu’il avait mis la vie de Meghan en danger pour son boulot ! Elle avait joué son rôle à merveille du début à la fin, mais il savait à quel point cela lui avait coûté. Les traits marqués par la douleur, elle respirait aussi bruyamment que lui. Il posa une main tremblante sur sa joue, caressant avec tendresse l’ovale de son visage. — Julie va se mettre en colère quand elle verra l’état de sa robe, bredouilla-t?elle avec un rire forcé. Ses yeux étaient trop brillants, et la pâleur crayeuse de son visage faisait peur. Un tremblement incontrôlable se mit à l’agiter de la tête aux pieds. — Tu m’as sauvé la vie, murmura-t?il en effleurant son front brûlant de fièvre du doigt. Plus que ça, même, elle avait sauvé son âme. Il plongea les yeux dans son regard d’ambre, le cœur débordant d’amour et de gratitude. Elle avait forcé sa solitude, l’avait éveillé à la joie de vivre. Comme si elle lui avait donné le mode d’emploi. Avant elle, il passait à côté de la vie, sans savoir ce qu’il manquait. Maintenant qu’il l’avait trouvée, il ne la laisserait plus s’échapper. — Qu’est-ce qui t’a pris de rester planté là, juste devant Frankie ? murmura-t?elle, la voix de plus en plus faible. Tu souriais comme un imbécile, prêt à te faire tirer dessus. — J’étais tellement fier de toi. Angoissé, il vit les yeux de Meghan se voiler. Il fallait qu’il la maintienne éveillée coûte que coûte. — Grâce à toi, poursuivit-il, Ramos va enfin aller en prison. Tu as joué le rôle d’Elise à la perfection. Il augmenta la pression sur son épaule, lui arrachant une grimace de douleur. La plaie continuait à saigner. — Je l’ai mystifié. J’étais vraiment bonne, hein ? Il laissa échapper un petit rire sans joie. — Fantastique ! Si jamais tu veux changer de boulot… — Ce n’est pas drôle. — Je sais. Excuse-moi. Il caressa ses cheveux du bout des doigts. Les mots eurent du mal à sortir. — Tu t’es montrée si courageuse. Tu devais être terrifiée… — Je ne sais pas ce qui m’a pris. Un coup de folie. — Oui, folle de moi. Je t’aime, Beauté fatale. Une drôle d’expression passa sur son visage. Son instinct lui souffla que ce n’était pas dû à sa blessure.

— Alex… Elle n’eut pas le temps de poursuivre. Un agent arriva par-derrière et, prenant Alex par le bras, l’obligea à se relever. — Je vais te fouiller pour voir si tu ne camoufles pas d’arme. N’y prends pas trop de plaisir, mon grand. — Dans tes rêves, Sandalis. Tu n’es pas du tout mon genre, marmonna Alex sans bouger les lèvres. Shelton et Kent, les hommes de main de Ramos, contemplaient la scène. Alex devait continuer à jouer son rôle. Il ne pouvait risquer de griller sa couverture. L’un des agents entraîna Ramos à l’extérieur. Le Sud-Américain se retourna vers Alex et le menaça entre ses dents. — Tu me le paieras. Ne crois pas que tu vas t’en tirer comme ça. — Tu passes trop de temps devant la télé, Frankie. C’est alors qu’il sentit les menottes lui mordre la chair. Dans la foule, des murmures s’élevèrent, et on le montra du doigt. L’espace d’une seconde, il se demanda qui il était et pourquoi il avait choisi ce boulot. Mais le pire de tout, c’était le regard incrédule de Meghan. — Et que se passe-t?il, maintenant, Alex ? murmura-t?elle. La question sous-jacente lui noua le ventre. Elle ne parlait pas de l’instant présent et de l’opération de police, mais de leur avenir. Il la vit se refermer sur elle-même, impuissant à la rassurer. S’agenouillant auprès d’elle, il prit un ton faussement léger. — On va continuer à jouer le jeu devant les autres suspects, puis je rejoindrai mon bureau à la DEA pour taper mon rapport… et je viendrai te voir dès que possible. Emelio s’approcha d’elle à son tour. — Tenez bon. L’ambulance ne va pas tarder à arriver. Ils vous emmèneront à l’hôpital où l’on examinera votre épaule. &Ccedil;a va aller. Puis il rejoignit Alex et lui parla à mi-voix. — Ne t’inquiète pas, je vais prendre soin d’elle. — Merci, mon pote. Je te le revaudrai. — Allez, ordure, on y va ! s’écria l’agent spécial Sandalis en le tirant violemment par le bras. Tu es en état d’arrestation. Tout ce que tu diras pourra être retenu contre toi… En s’éloignant, Alex jeta un dernier regard à Meghan. Elle le contemplait, les yeux empreints d’une émotion qu’il ne parvint pas à définir. Puis elle détourna la tête.

**ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** 04-01-10 06:06 PM

chapitre 15


Mes vacances de rêve ont viré au cauchemar, dans lequel le danger le dispute à la trahison. J’ai trouvé l’amour pour découvrir que ce n’était pas pour moi… — Encore ? — Oui, madame. Et je suis sûr que ce n’est pas fini, affirma le livreur avec un grand sourire. C’est quelqu’un qui doit vraiment vouloir que vous lui pardonniez. Ayant pris le bouquet de marguerites, elle referma la porte et passa devant ses valises alignées dans l’entrée pour rejoindre le salon. Des vases et des corbeilles de fleurs emplissaient la pièce, ne cessant d’arriver depuis le matin. Elle ménagea une petite place sur la table du salon pour les marguerites, puis sortit sur le balcon. Se réinstallant sur son fauteuil, elle reprit son stylo. Je voulais quelqu’un de différent. Je voulais une aventure. Que dit le dicton, déjà ? Méfie-toi de ce que tu souhaites… Dommage qu’il ait fallu que je me prenne une balle dans l’épaule pour comprendre. Elise est en moi, elle fait partie de ma personnalité. Mais au final, je suis Meghan. La fille responsable, respectable. Celle sur qui l’on peut compter. J’ai souhaité vivre une petite histoire et, maintenant, je veux quelque chose qui dure toujours. Mais ce ne sera pas avec Nick, l’amant de mes rêves devenu réalité. Ni avec Alex, l’agent fédéral. Comment un homme qui affronte chaque jour le danger et change d’identité à chaque mission, pourrait-il s’engager pour la vie ? Du revers de la main, Meghan essuya les gouttelettes de sueur qui perlaient sur son front. Qu’est-ce qui lui avait pris de traverser l’île par cette chaleur ? L’air était lourd, gorgé d’humidité, et le soleil brillait haut dans un ciel sans nuage. Il devait faire plus de trente-cinq degrés en cette fin de matinée. Elle réajusta la bretelle de son sac à dos sur son épaule valide et écouta d’une oreille distraite les explications du guide. Les murs de pierres révélés par les fouilles contrastaient avec la végétation luxuriante et les mares d’eau salée alentour. — Les archéologues sont divisés sur l’origine de ce cercle de pierre. Il aurait été sculpté selon les uns par un groupe d’Indiens Maya originaires de Yucatan, de l’autre côté du golfe, et selon les autres, par des Indiens Tequesta. Tous s’accordent à dire que cet endroit était un lieu sacré. Elle jeta un coup d’œil à sa montre alors que le guide continuait à réciter ses explications sur un ton monocorde. Tout à coup, sa vision se brouilla, et elle sentit sa tête tourner. Elle était en train de se déshydrater. Attrapant une bouteille d’eau dans son sac, elle en but la moitié en quelques gorgées. — Je veux bien que tu m’en laisses un peu. Alex avait surgi à son côté. Elle l’accueillit avec un peu d’hésitation. Certes, elle était heureuse de le voir, plus qu’elle ne voulait l’admettre, mais cela ne changeait rien à sa décision. Lui tendant la bouteille, elle en profita pour admirer ses longues jambes bronzées, ses hanches minces… Tout sauf sa chemise. L’horreur du jour était couverte de perroquets orange et verts. — Comment vas-tu, ma chérie ? Elle haussa les épaules, grimaçant aussitôt sous la douleur. — Je suis un peu fatiguée, mais je crois que c’est surtout à cause des médicaments qu’on m’a donnés à l’hôpital. — Désolé de ne pas avoir pu t’y rejoindre. J’avais une tonne de rapports à rendre, ainsi que d’autres trucs à régler. — Tu n’as rien raté. On m’a juste droguée, soignée et fait un pansement. Julie a pu me ramener le soir même. Elle était plus choquée que moi. Tandis que le guide continuait son monologue, Alex se pencha vers elle et lui chuchota à l’oreille : — C’est barbant, non ? Si on faisait l’école buissonnière ? L’idée d’aller se perdre dans ses bras était tentante. Très tentante. Seulement, c’était fini. — Tu ne vas pas me croire, je n’ai jamais manqué l’école. Pas une seule fois. — Dans ce cas, je vais te dévergonder. Exactement ce qu’elle souhaitait — avant. Elle se remémora leur première rencontre, les étincelles d’excitation et l’attirance qu’elle avait immédiatement ressenties. A ce moment-là, elle avait cru qu’il pourrait changer sa vie. Malheureusement, tout avait un prix.

Alex l’entraîna à l’écart du groupe. Un peu plus loin, deux archéologues travaillaient sur un autre site. Ils s’éloignèrent encore. Le brouhaha des conversations et le son des outils contre la pierre se perdaient dans le lointain. Posant son sac par terre, Meghan grimpa sur un rocher. A présent, elle entendait le bruit des vagues sur la plage et le souffle du vent dans les hauts branchages. La brise légère, empreinte de l’odeur des fleurs et du soleil, lui ébouriffa les cheveux. Alex vint s’asseoir près d’elle. Plissant les yeux, il admira la vue puis lui indiqua les ruines d’un geste du menton. — Greg aurait adoré voir ça. Elle ne voulait pas parler de Greg. Il fallait qu’ils discutent du présent, pas du passé. — Vraiment ? Pourquoi ? — Il voulait être archéologue. C’était un gamin passionné par les dinosaures et les fossiles, expliqua-t?il avant de s’esclaffer. Je me rappelle le jour où il a trouvé ces vieux os au fond du jardin. Il devait avoir dix ans. Il était tellement excité, persuadé d’avoir découvert un animal préhistorique, que je n’ai pas eu le courage de lui dire que c’était sans doute le squelette du chat des anciens propriétaires. Elle repoussa ses lunettes sur son nez et plongea son regard dans le sien avec une fierté mêlée de compassion. — Combien de temps encore vas-tu passer à te punir ? Quand comprendras-tu que tu ne peux pas le sauver ? Le premier moment de stupeur passé, il détourna la tête, les dents serrées. Elle savait qu’elle l’avait blessé, mais elle voulait lui ouvrir les yeux. Elle adoucit sa voix, tout en sachant que cela n’atténuerait pas le coup qu’elle allait lui porter. — Je suis *******e que tu sois venu, Alex. Comme ça, je peux te dire au revoir en personne. — Nous avons tout le temps d’en parler. Ton départ n’est prévu que pour demain. — Je m’en vais aujourd’hui. — Quoi ? — Je te souhaite d’être heureux, Alex. Mais tout est fini entre nous. Les paupières mi-closes, il la considéra intensément. — Tu veux renoncer à nous, foutre en l’air notre avenir et notre bonheur à cause du passé ? répliqua-t?il avec amertume. Tu n’as pas le droit de… — Le passé ne ment pas, Alex. Je sais ce que Julie a dû endurer et je connais ses blessures. Elle n’est pas près de guérir et je ne veux pas vivre ce qu’elle a vécu. Redouter chaque nuit qu’on frappe à la porte ou qu’on appelle pour dire qu’un malheur est arrivé. — &Ccedil;a ne se passera pas comme ça… Il essaya de la prendre par la taille, mais elle se dégagea. — Si, ça se passera comme ça, assura-t?elle d’une voix douce mais ferme. Parce que tu te bas contre un ennemi que tu ne peux pas vaincre, une bataille que tu ne peux pas gagner. Et peu importe ce qui peut arriver. — Je ne voulais pas que tu sois blessée. Dieu sait que je n’ai jamais souhaité que quiconque soit blessé. — Tu savais quel genre de type était Ramos et, malgré ça, tu m’as laissée aller en première ligne. — Si je m’en souviens bien, c’est toi qui as insisté pour participer à l’opération. Et Emelio et moi ne t’avons pas quittée d’une semelle. — Vous étiez là pour recueillir des preuves contre Ramos, pas pour me protéger. — Je faisais mon boulot, Meghan, riposta-t?il, glacial, presque distant. Le mieux possible. Elle ne lui en voulait pas. Il était comme Kyle, déterminé à se battre coûte que coûte pour un monde meilleur. C’était sans doute admirable, mais elle avait eu sa dose des flics adeptes du danger. — Et moi, j’essaie juste de me protéger. Le mieux possible. Devant elle, Alex semblait de marbre, mais elle discernait dans ses yeux un soupçon de désespoir. — Ne fais pas ça. Ne gâche pas la meilleure chose qui nous soit jamais arrivée, à l’un comme à l’autre. — Si c’est ça, le meilleur, alors le pire sera insupportable, conclut-elle en descendant du rocher, triste et résignée. Tu n’es pas le genre d’homme avec qui je peux construire un avenir. Il sauta à terre, visiblement résolu à lui barrer la route. — Tu ne sais même pas quel genre d’homme je suis… — C’est justement le problème. — Parce que j’avais un rôle à jouer… — Je ne vois pas comment…, commença-t?elle dans un sanglot. — Arrête de me couper la parole ! Il serra les poings, afin de mieux contenir ses émotions, et poursuivit : — Nicholas n’est pas plus réel que l’amant imaginaire que tu as fabriqué dans ton journal. — Au sujet de mon journal, justement… — Ne recommence pas avec ça, Beauté fatale. Je t’ai déjà présenté mes excuses. Si je suis capable de réaliser tes rêves, je compte bien vivre dans la réalité. Elle se raidit comme sous l’effet d’un coup de fouet. — Excuse-moi, Alex ou Nick ou qui que tu sois aujourd’hui, mais en quoi ta vie est-elle réelle ?

— Et la tienne ? Jusqu’à cette semaine, tu n’as vécu qu’à travers le personnage que tu as créé dans ton journal. Qui est la vraie Meghan ? A moins qu’il ne faille dire Elise ? — D’accord, je me suis trompée, admit-elle, à bout de nerfs. Mon plan était stupide. En me glissant dans la peau de quelqu’un que je ne suis pas, je suis tombée amoureuse de quelqu’un qui n’existe pas. Il la prit doucement par les épaules et l’attira à lui en prenant soin de ne pas lui faire mal. Quand elle tenta de se dégager, il refusa de lâcher prise. — La femme que j’ai rencontrée est plus proche de ta vraie nature que tu ne l’imagines. Tu es impulsive et drôle et passionnée… — Je sais que c’est Elise qui t’attire en moi. Je l’ai lu dans tes yeux. Mais elle n’est pas moi, décréta-t?elle en s’écartant. Jouer les Mata Hari m’a amusée… jusqu’à ce que les balles commencent à siffler autour de moi. Il emmêla ses doigts avec les siens. — Donne-moi une seconde chance. Je sais qu’on peut y arriver. Mon boulot est peut-être un obstacle, mais il n’est pas insurmontable. — C’est aussi une question d’honnêteté. Comment croire un homme dont la vie est basée sur le mensonge et la tromperie ? — Je ne suis pas le seul à avoir un problème d’honnêteté, observa-t?il en lui serrant la main un peu plus fort. En fait, c’est plus facile pour toi de me montrer du doigt que d’affronter tes propres peurs. Dieu qu’il avait l’air malheureux… Jamais elle n’avait vécu un moment aussi difficile, comme si son cœur était en train de mourir de chagrin. Cependant, son instinct lui soufflait qu’elle n’avait pas le choix. — Je ne pourrai pas vivre en sachant que tu prends des risques à tout instant, que ta vie est sans cesse en danger… Il détourna le regard, pas assez vite pour qu’elle ne puisse pas voir les larmes dans ses yeux. — Ne me quitte pas. Je t’en prie, dit-il avec un calme qu’il semblait loin de ressentir. Elle sentit son cœur se briser. Comme il serait facile de céder, d’organiser leurs vies en fonction de ses missions… Mais elle avait peur. Elle désirait autre chose que le sexe, autre chose que la séduction. Elle voulait une maison avec des enfants et un chien. Et un mari qui rentre à la maison tous les soirs. Alex n’était pas destiné à être son M. Fabuleux. Elle avait besoin d’un homme avec qui elle pourrait construire une vraie relation de couple. Or les horaires, la vie même d’Alex, étaient tout sauf stables. De 21 heures à 5 heures du matin, il infiltrait et surveillait des trafiquants de drogue dans des bars, des casinos, au fond d’impasses sinistres ou en planque sur les docks. Elle avait passé une semaine excitante et pleine d’enseignements ; elle s’était essayée à une autre vie, à être quelqu’un d’autre. Et elle avait appris beaucoup de choses sur elle-même. Sa reconnaissance envers Nick — Alex — serait d’ailleurs éternelle. Mais l’aventure touchait à sa fin. Et même s’il était merveilleux au lit — et fantastique en dehors —, il ne lui était pas destiné. — Je n’ai pas besoin de héros dans ma vie. Il l’attira contre lui. C’était une erreur, mais elle était incapable de lui résister. Elle enroula les bras autour de sa taille et, ignorant la voix de la raison, se laissa aller contre lui. Encore un instant, juste un instant. Ils restèrent enlacés ainsi un long moment, sans prononcer un mot. Elle percevait sa chaleur à travers son horrible chemise et la tension de son corps. Posant les lèvres au creux de son cou, elle sentit son pouls battre contre sa bouche. Elle s’enivra de l’odeur de sa peau, avec la conscience aiguë que c’était la dernière fois. — Embrasse-moi, Beauté fatale, pour me dire adieu. Se penchant vers elle, il prit tendrement sa bouche. Son baiser avait un goût de tristesse, de manque et de regret. Lorsqu’ils se séparèrent enfin, l’intensité de ses émotions la submergea. Finalement, songea-t?elle amèrement, le dicton avait raison. Mieux valait ne pas aimer du tout. Alex jeta un regard courroucé au téléphone qu’il tenait dans la main. Peut-être réussirait-il à joindre Meghan par la force de sa volonté ? Il avait appelé chez Julie tout au long de la semaine, mais tombait systématiquement sur son répondeur. La machine refusait obstinément de lui dire si Meghan était là. Bon sang ! il fallait pourtant qu’il lui parle ! Ou, au moins, entende le son de sa voix. Il resta perdu dans ses pensées, jusqu’à ce que la tonalité répétitive finisse par le sortir de sa rêverie. Lâchant un soupir de frustration, il raccrocha et se mit à contempler le tapis avec morosité. La douleur de la solitude transperçait sa poitrine. Toutes les nuits, le visage de Meghan apparaissait dans ses rêves, et il se réveillait au petit matin épuisé et malheureux. Il se rappelait son corps qui s’emboîtait parfaitement au sien, la douceur de ses baisers, sa beauté dans la chaude lueur du crépuscule, ses gémissements la première nuit où ils avaient fait l’amour. Se levant d’un mouvement impatient, il se força à se reprendre. Il traversa l’appartement à moitié vide — et se promit pour la énième fois d’acheter quelques meubles. Il possédait en tout et pour tout un grand lit, un canapé, un téléviseur et un petit coin salle à manger. A son installation, il pensait acheter des rideaux et des cadres à mettre au mur, mais il n’avait pas trouvé le temps de s’en occuper. Les murs restaient donc désespérément vides, et seule la poussière obscurcissait les fenêtres. Il attrapa une bière dans le réfrigérateur, la décapsula et en but un tiers d’une seule gorgée. Un goût d’amertume lui emplit la bouche. Personne n’avait jamais réussi à le toucher comme Meghan ; jamais il n’avait laissé personne s’approcher d’aussi près. Elle était tout ce qu’il avait toujours ignoré désirer. Il aurait fait n’importe quoi pour qu’elle lui pardonne, pour regagner sa confiance. D’accord, il ne méritait peut-être pas son amour, mais il était prêt à lui prouver le contraire. Il voulait être celui dont l’image se reflèterait à jamais dans ses yeux. Il résista à la tentation de prendre une cigarette. Depuis son retour de Cayo Sue&ntilde;o, il y avait renoncé. C’était un vice qui appartenait à son passé et n’avait pas de place dans l’avenir qu’il voulait construire. Abandonnant sa bouteille de bière à moitié pleine, il alla dans sa chambre afin de passer une chemise. Puis il ramassa ses clés et prit la direction des bureaux de la DEA à Miami.

Alex avait les oreilles qui bourdonnaient et sentait la migraine poindre. Il songea qu’il devrait probablement se faire greffer un nouveau derrière, une fois que son patron aurait fini de le lui botter. — Comment as-tu pu laisser une civile participer à une opération d’une telle envergure ? s’exclama Brent Easton, furibond. Tu es devenu dingue ou quoi ? Alex se rencogna sur sa chaise tandis que son patron et les types des Affaires internes se relayaient pour lui casser du sucre sur le dos. — Et tout en sachant que c’était une grave erreur, tu as mis la vie de cette personne en danger… Lorsque le chef divisionnaire vint se joindre à la fête, il cessa de compter les coups. — Après huit ans dans nos services, tu aurais dû… A ces mots, il décrocha. Au bout du compte, le bilan de ces huit années était loin de lui plaire, même si le mensonge et les subterfuges se révélaient un mal nécessaire dans sa profession. Il n’avait jamais hésité à faire tout ce qui était nécessaire pour boucler une enquête ; il changeait même de personnalité comme de chemise, si nécessaire. Mais cette fois, le succès de l’opération ne justifiait pas ses actes. Trop préoccupé par les résultats, il avait perdu de vue l’essentiel. Meghan aurait pu mourir. L’idée de passer le reste de ses jours sans elle lui donna le tournis. Elle avait pris un risque fou pour le sauver, au point qu’elle aurait pu y laisser la vie. Décidément, le bilan ne lui plaisait pas. Car son boulot l’avait non seulement privé de la femme de sa vie, mais avait en plus brouillé définitivement son identité. Il n’était plus question pour lui de retourner sur le terrain. De fait, quand les gars des Affaires internes et le chef divisionnaire eurent enfin débarrassé le plancher, sa décision était prise. — C’est fini. Je démissionne, Brent. — Quoi ? Tu ne peux pas démissionner… — Je viens de le faire, répliqua-t?il en se penchant en avant, les coudes sur les genoux. Je vais rester encore une ou deux semaines, le temps de boucler toute la paperasse et de transmettre les enquêtes en cours à mon successeur. Après, je m’en irai. Brent le jaugea du regard. — Tu reviendras dans trois mois maximum pour me supplier de te redonner une mission. Alex secoua la tête. — Pas cette fois. J’en ai vu assez. — Je n’y crois pas, rétorqua Brent, visiblement incrédule. Tu ne peux pas vivre comme tout le monde, Alex. Tu as besoin de l’excitation que procure ton boulot d’infiltration. Alex haussa les épaules. — Je n’appelle pas ça vivre, du moins plus maintenant. &Ccedil;a fait trop longtemps que je me réveille le matin sans savoir si je suis Alex Worth, Andy Ruiz ou Nick Alexander… — Tu es un bon élément. Tu as pris des risques énormes, et j’irais même jusqu’à dire que tu es un excellent agent. Tu es sûr que ça ne va pas te manquer ? Alex esquissa un petit sourire. — Oh, si, c’est sûr. &Ccedil;a va me manquer : ne plus mentir, trahir, coucher n’importe où avec n’importe qui… et toutes ces choses fantastiques qui sont le lot quotidien des agents des opérations spéciales ! Brent écarta les bras, les paumes tournées vers le haut. — Que veux-tu, c’est un boulot de première classe ! — Je me passerai avec joie d’être « arrêté » encore une fois. On aurait dû coller un rapport sur le dos de Sandalis pour avoir prétendu que je lui avais résisté. — Il a plein de bleus qui confirment ses dires. Alex laissa échapper un râle de colère. — Je me suis défendu quand il m’a fracassé contre un mur ! — Tu connais la chanson, déclara Brent en haussant les épaules. Il faut que ça ait l’air vrai devant les autres suspects. — Je ne suis pas sûr que ça ait suffi cette fois. Ramos sait que son organisation a été infiltrée. Et vu qu’il a accepté de témoigner en échange d’une remise de peine, il ne lui faudra pas longtemps avant de me démasquer. Il regarda par la fenêtre avec un soupir. — Je suis fatigué, Brent, et ça me rend vulnérable. Une raison de plus pour ficher le camp. A partir de dorénavant, je fais ce qui me plaît et je n’ai plus de compte à rendre qu’à moi-même. — Je te le répète, ça va te manquer. Tu ne seras pas heureux dans un bureau, sans l’excitation, l’adrénaline… — La seule chose qui va me manquer, c’est nos parties de golf, l’interrompit-il en se levant, main tendue. Cela dit, on n’est pas forcé d’arrêter juste parce qu’on ne travaille plus ensemble, non ? Brent se leva à son tour et lui serra la main avec chaleur. — Je te souhaite bonne chance, mon vieux. Tu sais que tu auras toujours ta place ici, si ça ne se passe pas comme tu veux. Alex ne répondit pas, mais il savait qu’il ne reviendrait pas. Il avait fallu qu’il rencontre Meghan pour comprendre à quel point sa vie était vide de sens. Maintenant, il fallait qu’il la convainque à son tour. Le seul rôle qui lui restait à jouer était celui de l’homme de sa vie.

**ÃãíÑÉ ÇáÍÈ** 04-01-10 06:10 PM

chapitre 16


Alex est celui dont j’ai toujours rêvé. Il a tout ce que j’ai toujours désiré chez un homme, et même plus. Il m’a touchée d’une façon qui m’a changée à jamais. Il avait raison : il y a quelque chose de magique entre nous. Le cœur lourd, Meghan inscrivit ses initiales au bas de la page, puis referma le petit carnet bleu avec un long soupir. Ses doigts caressèrent doucement la couverture rugueuse. C’était comme dire adieu à un très vieil ami. Son journal intime lui avait permis d’exprimer ses fantasmes sans risquer d’être blessée. Sauf qu’elle ne pouvait plus réprimer sa vraie nature. Elle savait maintenant qui elle était et surtout ce qu’il lui fallait. Mais elle l’avait laissé partir. Elle posa le carnet sur la chauffeuse turquoise et jeta un coup d’œil autour d’elle. Le salon de Julie à Miami était décoré dans le plus pur style South Beach — pavés de verre, couleurs pastel… Tout à fait Julie, si vive et si gaie. Elle regarda avec envie par la baie vitrée. L’appartement avait une vue imprenable sur l’Océan qui se trouvait à quelques pâtés de maisons à peine. Elle aurait bien aimé y passer plus de temps, mais les dernières semaines avaient été chargées entre les livres à potasser et les devoirs à préparer. Sans compter ses recherches pour trouver un boulot. Se penchant sur le guéridon, elle appuya sur le bouton du répondeur. — Bonjour, Meghan. Ici Lisa, de l’agence de recherche pour l’emploi. J’ai un poste à vous proposer. Une agence de détectives, January Investigations, recherche quelqu’un ayant travaillé dans un cabinet d’avocats. Appelez-moi, que je vous arrange un entretien. Elle nota le numéro de téléphone et se promit de rappeler à la première heure. Faites que ça débouche enfin sur quelque chose ! Elle avait du mal à trouver un boulot qui s’adapte à ses heures de cours et paie plus que le salaire minimum. Le message suivant était de Julie. — Meg, c’est Jules ! Achète le journal. Il faut que tu lises cet article. Je te rappelle. Bisous ! Après, il y avait un appel sans message. Aucune nouvelle d’Alex. Quand elle était revenue à Miami, il avait essayé de la joindre plusieurs fois et lui avait laissé des messages lui disant à quel point elle lui manquait. Puis il lui avait expliqué qu’il serait indisponible pendant quelque temps, à cause d’un procès où il devait témoigner. Depuis, il ne l’avait pas rappelée. Trop souvent, elle s’était demandé où il était, ce qu’il faisait. Sans pouvoir s’empêcher de s’inquiéter. Malgré son emploi du temps chargé, elle passait de longs moments à penser à lui. Et chaque fois, une douleur sourde et lancinante lui transperçait le cœur. Les nuits étaient tristes et solitaires sans lui. Quant aux jours, ils ne valaient guère mieux. &Ccedil;a suffit. Elle se leva. Il fallait qu’elle bouge, qu’elle sorte respirer une bonne bouffée d’air frais. Décidant d’aller acheter le journal, elle ramassa ses clés et prit la direction de la 13e Rue. Elle tourna dans Ocean Drive, au cœur du district Art déco — « Sobe », comme l’appelait Julie — et s’arrêta dans un kiosque à journaux pour acheter le Miami Herald. Bouche bée, elle contempla la une. Les mains tremblantes, elle se mit à lire l’article qui s’étalait sur plusieurs colonnes en première page. « L’administrateur de la DEA, T.R. Marshall a annoncé aujourd’hui le succès d’une opération conduite par ses services durant les deux dernières années, baptisée « Opération Dinero ». Un grand jury fédéral vient tout juste d’inculper dix-sept personnes impliquées dans un vaste réseau de trafic de drogue et de blanchiment d’argent. » Elle survola le reste de l’article jusqu’à l’avant-dernier paragraphe. « L’un des succès les plus notables de l’opération réside en la capture de Francisco Guillermo Ramos par des agents de la DEA dont l’anonymat a été préservé, au club de vacances très exclusif de Cayo Sue&ntilde;o, à côté de Key West. Plus de cent millions de dollars ont été saisis dans différentes sociétés, utilisées comme relais pour le blanchiment des narcodollars. » T.R. Marshall a déclaré que “le gouvernement (venait) de gagner une bataille de premier plan dans la lutte contre le fléau du trafic de drogue”. “Nous avons frappé le cartel là où ça fait mal : au porte-monnaie. Il nous faut remercier les agents fédéraux qui ont passé de longs mois à infiltrer le milieu et dont le courage exemplaire a permis de porter un coup fatal à l’un des pires réseaux criminels sévissant en Floride.” »

Meghan leva les yeux du journal, emplie d’une fierté qui la surprit elle-même. Elle détestait le boulot d’Alex et les risques qu’il lui faisait courir, mais ce qu’il accomplissait était juste. Elle avait cru ne pas vouloir de héros dans sa vie, mais elle avait eu tort. Peut-être était-ce au contraire exactement ce dont elle avait besoin. Deux jours plus tard, elle poussa la porte des bureaux de January Investigations. Le poste semblait trop beau pour être vrai : des horaires souples, un salaire plus que correct, une couverture sociale intéressante… Que devrait-elle faire pour décrocher la place ? Coucher avec le patron ? Elle étudia son reflet dans la vitre. Elle portait un caraco rouge et des chaussures à talons assorties. Etait-ce une erreur ? Peut-être aurait-elle dû s’habiller dans un style plus classique… Non. Elle n’était plus la même, désormais, alors pourquoi continuer à porter ses anciens vêtements ? Lissant du plat de la main la veste de son tailleur en lin, elle caressa du doigt la petite pièce en argent qu’Alex lui avait offerte. Porte-moi chance ! Au troisième étage, une jolie brunette était assise derrière le bureau de la réception. « Tiffnee », à en croire la plaque posée à côté du téléphone. Elle parlait dans son casque de téléphone tout en mâchonnant bruyamment un chewing-gum. Avec ses yeux bleus, son petit nez retroussé et sa bouche pleine et charnue, elle était mignonne à croquer. — Bonjour, puis-je vous aider ? &Ccedil;a m’étonnerait, Tiffnee. Meghan se présenta. — Meghan Foster. J’ai rendez-vous à 10 heures avec le directeur de l’agence. La jeune fille prit un air désolé. — Oh, je suis désolée, mademoiselle Foster, il n’est pas encore arrivé. Il avait un rendez-vous à Fisher Island qui s’est prolongé, mais je suis sûre qu’il ne devrait plus tarder. Meghan accepta le siège qu’elle lui indiqua d’un signe jovial de la tête, mais refusa un verre de « cette boisson hyper cool aux algues qui vient juste de sortir ». La jeune fille reprit sa conversation téléphonique, où il s’avéra que « Steven » était sans doute « plus cool que Michael », mais qu’il ne savait pas danser. Meghan regarda autour d’elle. Tiffnee, sa jeunesse délurée et ses manières peu professionnelles juraient avec le décor par ailleurs classique de l’agence — sol carrelé de marbre, tableaux originaux, halogènes sobres. Se préparant à attendre, Meghan croisa puis décroisa les jambes, avant de prendre un magazine sur la table basse. Quelques minutes plus tard, la porte d’entrée s’ouvrit et quelqu’un pénétra dans le hall. Comme Tiffnee raccrochait précipitamment, Meghan leva les yeux. L’homme qui venait d’entrer lui tournait le dos, mais il avait l’allure chic et tranquille d’un businessman. Vêtu d’un costume taillé sur mesure, il portait une mallette en cuir à la main, qu’il posa sur le bureau de la réception. Tiffnee lui adressa un sourire éclatant. La boule de chewing-gum rose semblait avoir miraculeusement disparu. — Salut, patron ! Votre rendez-vous de 10 heures est arrivé. L’homme se tourna en direction de Meghan, et elle laissa échapper le magazine de ses mains. Oh, mon Dieu ! Le cœur battant, la poitrine enserrée dans un étau, elle sentit ses yeux se gonfler de larmes. Et le monde se mit à tournoyer autour d’elle… Alex ! Et pourtant, elle avait du mal à le reconnaître, sans ses mèches folles, sa barbe de trois jours et son diamant à l’oreille. Il s’avança vers elle, sans paraître le moins du monde surpris. — Salut, Beauté fatale, dit?il avec son sourire sexy. Elle sentit son cœur bondir dans sa poitrine. Salut, monsieur Fabuleux. Rasé de près, les cheveux coupés court, il était habillé normalement — mis à part la cravate, ornée de fleurs multicolores. Il était encore plus beau que dans son souvenir. — Je n’en crois pas mes yeux, bredouilla-t?elle. Que fais-tu là, Alex ? Tiffnee intervint avec enthousiasme. — C’est lui le proprio de la boîte. Lui, le directeur ? Depuis quand ? Jouait-il un rôle dans le cadre d’une nouvelle enquête ? Perdue et ne sachant trop comment réagir, elle repoussa ses lunettes sur son nez et se leva. Devait-elle l’embrasser, le serrer dans ses bras, ou quoi ? Elle lui tendit la main avant de la rabaisser. Le geste avait quelque chose de ridicule, après tout ce qu’ils avaient partagé. Cela dit, Alex avait l’air aussi emprunté qu’elle. Il finit par esquisser un geste vague en direction du couloir. — Si nous allions dans mon bureau ? — Elle est encore plus jolie que ce que tu m’avais dit, boss. Interloquée, Meghan se retourna vers la réceptionniste. Tiffnee leur adressa un clin d’œil. — Dois-je dire que tu… euh, que vous êtes « indisponible » pendant toute la durée de l’« entretien » ? — Remets-toi vite au travail en attendant que je te trouve une remplaçante, espèce de sale gamine. — Ouais, ouais. C’est ça. Elle ne parut pas le moins du monde impressionnée par la menace. Comme le téléphone se mettait à sonner, elle leur sourit et repositionna son casque sur ses oreilles avant de répondre.

— Désolé. J’ai promis à mon oncle de la faire travailler à l’agence, expliqua Alex, entraînant Meghan. C’est lui qui a financé en grande partie la boîte. Il l’invita à entrer dans son bureau. Meghan s’assit sur le bord du canapé en cuir et posa son sac sur le sol. Grande et claire, la pièce était égayée par des rideaux éclatants aux motifs fleuris, qui lui rappelèrent ses horribles chemises hawaïennes. — Où étais-tu passé, Alex ? C’est vraiment ton agence ? Qu’est-ce que… ? — Une question à la fois ! l’interrompit?il en riant. J’ai procédé à quelques changements. Elle s’assit plus confortablement dans le canapé, se retenant à tout instant de ne pas laisser éclater sa joie. Et pourtant, elle avait une folle envie de se pendre à son cou. Elle voulait l’embrasser et lui faire promettre… Du calme, Meg. Attends de savoir ce qui se passe exactement. — Commençons par le plus important, alors. Qu’est-ce que je fais ici ? demanda-t?elle. — Lisa et Julie m’ont aidé à monter ce coup. Elle avait raison, ce boulot était trop beau pour être vrai. Il retira sa veste et s’assit à son côté. — L’agence a besoin d’une directrice adjointe qui gère la boutique pendant que je prospecte de nouveaux marchés. Ce n’était pas vraiment — pas du tout ! — la réponse qu’elle attendait. Elle baissa les yeux pour ne pas lui montrer sa déception. Ses oreilles se mirent à bourdonner. — J’ai cru… Elle dut s’interrompre. Se raclant la gorge, elle s’arma de tout son courage. — J’ai cru que tu voulais me revoir, acheva-t?elle. — Mais je voulais te revoir. Je veux te revoir ! Seulement, je sais que tu refuses d’envisager l’avenir avec un flic, alors… — Parle-moi de cette agence, l’interrompit-elle en essayant de reprendre une contenance. Pourquoi l’appeler January Investigations ? — Dans la mythologie romaine, Janus est le dieu des commencements. Il est représenté par une créature à deux têtes, l’une tournée vers le passé, l’autre vers l’avenir. Je pensais que ce serait un beau nom pour un nouveau départ. Ne pose pas la question, Meghan. Tu vas être déçue. N’y pense même pas. Ne lui… — Il faut que je te pose une question. As-tu prévu une petite place pour moi dans ta nouvelle vie ? Il la contempla avec ferveur. — Je pensais que le plus gros obstacle qui nous séparait était mon boulot. Est-ce que j’avais tort ? — Oui, tu avais tort. Lui prenant la main, elle serra ses doigts avec force, comme pour mieux lui transmettre ses sentiments. L’étincelle était toujours là, cette sensation brûlante là où leurs mains se touchaient, qui se répandait dans tout son corps. — Et j’avais tort, moi, poursuivit-elle. Je me suis laissé aveugler par des choses stupides et superficielles qui m’ont masqué la vérité. — Quelle vérité ? Un kaléidoscope d’émotions défila dans ses yeux verts. Il semblait prudent, et ses doigts tremblaient légèrement. Cette démonstration inattendue de nervosité encouragea Meghan à poursuivre. — Ton travail est une composante essentielle de ta personnalité. Ton courage, ta détermination et ton sens de la loyauté te définissent aussi bien que la couleur de tes cheveux. Je respecte et j’admire ces qualités en toi. J’avais tort de vouloir te changer. Je ne voudrais pas que tu sois autrement. — Tu n’imagines pas ce que ça signifie pour moi, remarqua-t?il avec un étrange sourire. — J’ai eu peur, terriblement peur, lorsque j’ai été confrontée à la réalité de ton travail. La nuit que j’ai passée avec toi sur le terrain m’a terrifiée, surtout quand j’ai compris que tu devais affronter ça tous les jours. Elle s’arrêta un moment, les yeux brillant de larmes. — Alors, je me suis enfuie. J’ai tourné le dos à ce que je désirais le plus au monde — ton amour. Et puis j’ai lu un article dans le journal relatant l’arrestation de Ramos. J’étais tellement fière de toi et de ce que tu avais accompli… &Ccedil;a m’a fait comprendre que ta profession n’avait pas d’importance. Son éclat de rire soudain la fit sursauter. Elle fronça les sourcils, interloquée. Elle lui confessait ses peurs les plus intimes et il était pris de fou rire ? — Qu’est-ce qu’il y a ? — Tu ne vas pas le croire, mon cœur. Quelle ironie ! J’ai démissionné de la DEA. Je ne suis plus agent fédéral. — Quoi ? Un mélange de surprise et d’excitation lui fouetta le sang. Peut-être qu’ils pouvaient envisager un avenir commun, finalement… Mais aussitôt, la culpabilité l’assaillit. — C’est un peu subit, comme décision, non ? — Oui, je sais, admit-il en pinçant le lobe de son oreille, pas encore habitué à l’absence de son petit diamant. Tout ce que tu m’as dit m’a fait réfléchir. — Tu as démissionné à cause de moi ? Elle n’était pas sûre de vouloir porter pareille responsabilité. S’il venait à regretter sa décision par la suite, il risquait de le lui reprocher.

— Non, j’ai démissionné à cause de moi, répondit-il, la voix rauque. Mentir était devenu ma deuxième nature. &Ccedil;a faisait tellement longtemps que je travaillais en sous-marin que je ne savais plus qui j’étais. La seule chose dont j’étais sûr, c’est que je n’aimais pas celui que j’étais devenu. Elle reprit sa main, ne voulant pas se laisser distraire en un moment aussi important. — Alors, tu as échangé ton badge de flic contre une licence de détective privé. Tu aimes le risque et les défis. En quoi ce changement d’étiquette va-t?il réellement modifier ta vie ? — Je n’ai pas seulement changé d’étiquette, j’ai décidé de passer à autre chose. Le travail sur le terrain ne m’intéresse plus. J’ai tout fait et, crois-moi, ça ne me manquera pas. Je vais me spécialiser dans les services : gestion de la sécurité des biens et des personnes, enquêtes de personnalité, recherches en tout genre. Mais rien qui me fasse prendre de risques. Elle étudia son visage à la recherche d’éventuels regrets. — &Ccedil;a n’a pas dû être facile de renoncer à ta carrière après toutes ces années. Tu es sûr de toi ? — &Ccedil;a s’est révélé beaucoup plus facile que je ne l’aurais cru. Tu avais raison. Je me suis engagé à la DEA pour sauver mon frère… Quand tu m’as quitté, j’ai compris que c’était une chimère. On ne peut pas réécrire le passé. Elle lui caressa le visage tendrement. Bien que rasé et habillé différemment, c’était toujours le même homme — celui dont elle était tombée amoureuse. — Tu es sorti tout droit de mes fantasmes et tu m’as ramenée à la vie. Je me fiche de la profession que tu choisis d’exercer, tant que tu seras à mes côtés. Alex ferma les yeux, submergé par les émotions. Quel enfer il avait vécu, ces dernières semaines ! Il aurait tellement voulu lui parler, la toucher, la prendre dans ses bras… Tout en sachant qu’il devait d’abord remettre de l’ordre dans sa vie. Rouvrant les yeux, il la dévora du regard. Elle était légèrement maquillée, et la coupe de ses vêtements était plus attrayante, plus féminine que ce qu’elle portait habituellement. Il prit son visage entre ses mains et l’embrassa. — Il y a encore une chose que je voudrais savoir, l’interrompit-elle en posant la main sur son torse. Il retint son souffle devant sa gravité. — Est-ce que tu as lu mon journal jusqu’au bout ? Bon sang, il pouvait même en réciter des passages entiers ! Il n’avait jamais rien lu d’aussi érotique… Le seul problème, c’est qu’apparemment, elle ne lui avait pas encore pardonné cette intrusion dans son intimité. S’armant de tout son courage, il décida de lui dire la vérité. — Oui. Du début à la fin. Et plusieurs fois. — Ah, oui ? rétorqua-t?elle, provocante. Alors tu sais que nous avons encore beaucoup de fantasmes à explorer… — Beaucoup, en effet. Mais avant toute chose, je voudrais que ce soit toi qui réalises un de mes désirs les plus chers. Posant un genou à terre, il sortit un écrin de la poche de son pantalon et l’ouvrit devant elle. Sur le velours rouge trônait une bague ancienne avec une émeraude sertie de diamants. Meghan porta la main à ses lèvres et retint son souffle. — Tu me rends fou. D’un simple regard, d’une caresse du bout des doigts, d’un sourire, déclara-t?il. Tu es tout ce que je désire de la vie. Je ne peux pas vivre sans toi. Epouse-moi, Beauté fatale. Sois mon présent, mon avenir, mon tout. Sois mienne et permets-moi d’être tien. Elle s’agenouilla devant lui, les larmes coulant sur ses joues. — Je t’aime, Alex. De tout mon cœur, répondit-elle d’une voix enrouée par l’émotion. Tu es la meilleure chose qui me soit jamais arrivée. Je ne désire rien de plus que de passer le reste de mes jours à tes côtés.
Leur baiser fut tendre, lent et incroyablement doux. Emporté par une vague de désir, il la prit par la taille et caressa ses courbes. Elle défit sa cravate tout en y jetant un coup d’œil amusé. — C’est un motif intéressant. Tu l’as découpée dans une de tes chemises ou il te restait du rab de tes rideaux ? — Je l’ai achetée en pensant à toi, répliqua-t?il avec un large sourire. Lui ôtant sa veste, il caressa ses épaules nues et elle tressaillit au contact de ses mains chaudes. C’est alors qu’il la vit — la marque qui lui rappellerait toujours le prix de son amour. Il embrassa doucement la petite cicatrice en lui demandant pardon. Elle prit son menton dans sa main et le força à la regarder en face. — Tout va bien, Alex. Ce n’est rien. &Ccedil;a restera un symbole de notre rencontre. Un souvenir. Quelque chose qui nous rappellera toujours que rien n’est jamais aussi simple que ce qui paraît et qu’il faut chérir ce que l’on a. Elle déboutonna sa chemise et commença à le picorer de petits baisers. Le cœur battant, il défit la fermeture Eclair de sa jupe qui tomba à ses pieds. L’impatience les rendait maladroits. Quand il tenta de lui enlever son caraco alors qu’elle-même s’attaquait à sa chemise, leurs bras s’emmêlèrent. Elle s’esclaffa. — On n’y arrivera pas comme ça. Elle enleva elle-même son caraco, révélant son soutien-gorge en dentelle rouge et sa culotte assortie. Nue à l’exception de ses dessous couleur du péché et de ses talons aiguilles, elle lui apparut comme dans ses fantasmes. Lesquels remontaient au jour où il avait trouvé ses affaires éparpillées dans sa chambre d’hôtel… Elle s’apprêtait à retirer ses sous-vêtements quand il l’arrêta. — Garde-les. J’ai toujours rêvé de te faire l’amour dans cette tenue. Elle rit en désignant le bureau. — Il n’a pas l’air très confortable. — Attends. Le canapé est un convertible. Il suffit de tirer là. Elle le regarda faire, le sourire aux lèvres. — Tu avais tout prévu, n’est-ce pas ? — J’ai décoré le bureau en imaginant le jour où je pourrais jouer avec toi au patron libidineux et à la vilaine petite secrétaire. — Oh, Alex, murmura-t?elle d’une voix suave. Toi et tes jeux de rôle… Samedi 5 octobre C’est une véritable bombe, une poupée belle à se damner. Sublime, maligne, sexy en diable. Et totalement à ma merci. Elle se cambre et se débat, tire sur les liens de soie qui la retiennent aux barreaux de mon lit. Mais la lueur de désir qui danse dans ses prunelles la trahit… Alex imagina avec plaisir la réaction de Meghan lorsqu’elle lirait ce passage de son journal. Il avait hâte de partir en voyage de noces pour réaliser avec elle ce fantasme. Mais chaque chose en son temps. Pour l’instant, il devait laisser sa plume et s’habiller pour le mariage. Il ferma le journal avec un petit sourire. Oui, pas de doute, la réalité valait toujours mieux que la fiction.


FIN

aghatha 05-01-10 09:50 PM

merci ma douce je l ai tant attendue ce roman merci pr ts tes efforts ke dieu te benisse soeurette

lwize 17-03-18 08:56 PM

ÑÏ: Le piment de la passion, de Mia Zachary
 
:dancingmonkeyff8:


ÇáÓÇÚÉ ÇáÂä 03:03 AM.

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