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7. — Bridget, réveille-toi ! murmura A d am à son oreille. Bridget grogna en remontant Fédredon jusqu'aux yeux. Ils avaient passé la moitié de la nuit dans les bras l'un de l'autre et s'étaient endormis à l'aube, à bout d'épuisement et d'excitation. De toute façon, pas question d'ouvrir l'oeil le dimanche avant 10 heures du matin. Adam tira sur l a couette. — J'ai fait du café. Tu en veux ? Hmm ! Ça sentait bon ! Un parfum de vanille, avec peut-être un soupçon de noisette ? Mais, pour déguster ce délicieux breuvage, elle devait montrer le bout de son nez. Ce qui était impensable au saut du lit, avec ses mèches en bataille. Si sa nouvelle coupe était drôle et sexy, elle exigeait des soins quotidiens. Deux semaines s'étaient écoulées. Elle passait chaque nuit chez Adam, et, au matin, elle s'arrangeait pour filer sous la douche dès qu'il sortait de la chambre, ou bien elle se dépêchait de mettre un bandeau ou un chouchou adroitement dissimulés dans la table de chevet. — Le café refroidit! insista Adam. Allez, debout, espèce de marmotte ! Elle émergea du lit, telle une tortue pointant la tête hors de sa carapace, résistant à l'envie de discipliner ses boucles avec ses doigts. Après tout, leurs corps n'avaient plus de spcret l'un pour l'autre, alors quelle importance si A d am la voyait le poil ébouriffé? Apparemment, la vision lui fit de l'effet, à en juger par ses yeux écarquillés et le sourire narquois qu'il réprima en lui tendant une tasse. — Merci. Elle enroula le drap autour de sa poitrine et s'empara du mazagran orné de la mascotte de l'université du Wisconsin- Madison, un blaireau rouge et noir. Ce qui lui rappela que, vivant à Chicago depuis sept mois, elle n'avait pas encore pris le temps de visiter la ville. — Si on faisait du tourisme, aujourd'hui ? proposa-t-elle. Adam s'assit au bord du lit, vêtu d'un pull dont la nuance vert olive mettait en valeur ses cheveux noirs et ses yeux couleur chocolat et qui soulignait ses larges épaules. Comment se débrouillait-il pour avoir toujours la peau hâlée, même à la fin de l'hiver? Elle pouvait attester qu'il ne fréquentait pas les cabines UV, vu qu'elle n'avait repéré nulle part sur lui de marque de bronzage suspecte. Peut-être avait-il quelque ancêtre indien ? — Du tourisme? Elle savoura une gorgée de café avec un soupir de satisfaction. — Oui, du tourisme. A part l'école, le boulot et ta personne, j e ne connais rien de l a ville. — Bonne idée. Il fait très beau aujourd'hui. Je vais voir ce qu'il y a d'intéressant dans le journal. J'adore ta coiffure, enchaîna-t-il. — Oh, toi alors ! Va chercher le j o u r n a l et arrête de me provoquer, s'écria-t-elle, attrapant l'oreiller qu'elle lui lança à la figure.Adam esquiva le coup en riant, puis i l lui reprit la tasse pour la mettre à l'abri sur la table de nuit en bois de merisier. Puis, ignorant ses gloussements de protestation, il tira la couette d ' un coup sec et posa la main sur ses seins nus. — Je te provoque? I l déposa un léger baiser sur l ' u n de ses mamelons et s'écarta aussitôt, heurtant la tête du lit bateau en essayant de lui échapper. — Eh, eh ! Tel est pris qui croyait prendre. Ecartant largement les cuisses, elle se concentra lascivement sur son clitoris palpitant. — Oh ! Mon café refroidit ! constata-t-elle quelques secondes plus t a rd pour saisir sa tasse. Délicieux ! fit-elle avec un claquement de langue. Le regard interloqué que lui lança A d am valait bien toutes les frustrations. Il s'apprêtait à reprendre ce qu'elle avait interrompu, quand son portable sonna. — Une minute, dit-il. Je vais brancher le répondeur. Il vérifia le numéro d'appel qui s'affichait sur l'écran et faillit laisser tomber le téléphone dans sa hâte. — Qui était-ce? — Personne, répondit-il avec une grimace de dégoût Excuse-moi, c'est mon ex-petite amie. Je ne lui ai plus adressé la parole depuis qu'on a cassé, il y a plusieurs mois. C e t t e fille devait être complètement d é b i l e pour avoir rompu. Et elle, lui souffla une petite voix qu'elle choisit d'ignorer, elle ne serait pas la dernière des andouilles, le j o u r où ça lui arriverait? — J'aurais dû te le dire, mais c'est de l'histoire ancienne, et j ' a i oublié, expliqua Adam, qui devait interpréter son silence comme de l'agacement. Elle veut probablement encore m'emprunter de l'argent. |
— Elle n'a qu'à se trouver un j o b , décréta Bridget. Elle n'avait aucune sympathie pour les tire-au-flanc. — Je penserai à le lui dire, si j ' a i la malchance de croiser son chemin. — Alors, tu viens ? insista-t-elle en essayant d'attirer A d am au lit. Il résista. — Désolé, ma douce, mais je ne suis plus d'humeur. Plus tard, d'accord? — D'accord. C'était la première fois qu'il renonçait à une occasion de lui faire l'amour. Son ex avait dû lui en faire voir de toutes les couleurs, songea-t-elle en le regardant passer la porte. Elle prit une douche rapide et se coiffa en repensant à ce coup d e f i l. Adam avait-il toujours un faible pour son ex-petite a m i e? D'après ses frères, c'était une bonne poire qui avait le chic pour se faire rouler dans la farine, question sentiments. Il en avait eu la triste expérience avec ses parents, par exemple, qu'il avait tirés de plus d'une situation embarrassante. Le preux chevalier sur son destrier blanc. Mais, si son ex avait l'intention de repartir pour un tour, elle aurait affaire à forte partie et allait s'en mordre les doigts. Bridget ouvrit son anorak et s'épongea le front. Il faisait particulièrement chaud dans l a serre tropicale de Lincoln Park en cette f in mars. — Quelle chaleur ! s'exclama-t-elle. — Chaleur humide, renchérit A d am avec un clin d'oeil narquois. Tu m'as dit que tu étais frustrée de ne plus voir de verdure, alors j ' a i pensé que tu aimerais. Elle noua sa veste autour de sa taille, heureuse qu'il soit enfin redevenu lui-même, et emprunta le sentier d'écorce. — C'est merveilleux ! s'extasia-t-elle en tombant en arrêt devant des orchidées d'un rose délicat. Un jour, j ' a i m e r a i s en cultiver. — Chasse le naturel, la fille de la campagne revient au galop, plaisanta Adam. — J'adore les fleurs. J'étais si occupée depuis septembre dernier que je n'ai pas pris le temps d'aller voir les jardins de la ville. L a devise de Chicago est bien Urbs in horto, la ville dans un jardin, n'est-ce pas ? — Exact. C'était bien toi qui t'occupais des fleurs dans le jardin, chez tes parents ? — Oui. J'adore jardiner. Cela me manque énormément. Elle avait ici quelques plantes d'appartement, mais elles faisaient grise mine ces derniers temps. — Je me souviens aussi d'un petit j a r d in potager avec des tomates et des poivrons. Tu te rappelles le j a r d i n du clair de lune que tu avais planté à cette époque ? — Bien sûr ! La lumière était extraordinaire. Comme il donnait sur l a porte de derrière, j e pouvais facilement m'y faufiler le soir pour respirer le parfum des fleurs, — Tu pourrais peut-être cultiver celles-ci ? dit-il en désignant un parterre d'orchidées blanches. Elle déchiffra le panneau indiquant le n om de la fleur. — Je ne pense pas. C'est une angraecum sesquipedale, l'orchidée la plus rare de Madagascar, qui ne vit que dans la forêt tropicale. — A mon avis, tu le pourrais si tu le voulais. C'est comme |
pour les costumes de tes amies strip-teaseuses. En avais-tu jamais vu dans l e Wisconsin, avant? Elle vérifia que personne ne pouvait les entendre et lui allongea une bourrade dans les côtes. Adam saisit sa main et lui baisa les doigts. — Je veux dire que tu es capable de faire n'importe quoi. Un éclair brûlant qui n'avait rien à voir avec la chaleur ambiante se propagea dans son corps. — Merci pour le compliment. Il lui prit le bras, et ils poursuivirent nonchalamment leur promenade dans la jungle luxuriante. — Bridget, une question me turlupine, reprit-il un peu plus tard. Pourquoi tes frères sont-ils allés à l'université et pas toi ? Je suis sûr que tu aurais pu facilement décrocher ta licence. Elle se raidit et sentit ses ongles s'incruster dans la chair d'Adam. Il leva un sourcil perplexe. — C'est un sujet sensible ? Elle le relâcha aussitôt. — Après mon bac, j ' a i été acceptée à l'école de design où je suis inscrite actuellement, si tu veux le savoir. Il ouvrit de grands yeux surpris. — Ici ? A Chicago ? Pourquoi alors avoir attendu six ans ? — Parce que tu crois que Bob et Helen Weiss auraient laissé leur petite f i l le chérie s'aventurer seule dans la ville, avec tous les dangers qui la guettaient? On a déjà évoqué la question, il me semble? Indigné, il s'arrêta net au milieu du chemin. — Tes parents ont refusé que tu poursuives tes études ? — Ils avaient de gros problèmes financiers à l'époque, et ils ne pouvaient pas me payer les frais d'inscription, d'autant que l'école est privée. J'ai donc décidé de financer mes études moi-même, ce qui me permettait de m'inscrire à l'école de mon choix, tu comprends ? Il m'a fallu six ans pour économiser. J'ai cousu des robes de bal, j ' a i été caissière dans un supermarché, vendeuse dans une braderie, que sais-je encore? — Bravo, Bridget ! Elle se pencha pour examiner une fleur pareille à de la dentelle d'or. — Au printemps dernier, mes parents n'ont pas sauté de j o ie quand j e leur ai annoncé que j e partais pour Chicago, mais Colin et Dane leur ont promis que tu t'occuperais de moi. Adam se tortilla, visiblement mal à l'aise. — Tu ne leur as rien dit à notre sujet, j ' e s p è r e ? — Bien sûr que non. De toute façon, ils ne comprendraient pas le genre de relation qui existe entre nous. Ses frères avaient beau avoir fait les quatre cents coups dans leur jeunesse, ils s'attendaient à ce que leur petite soeur garde sa virginité j u s q u ' à son mariage et ne fasse l'amour que pour avoir des enfants, pas pour la bagatelle. Adam parut soulagé. — Je m'en doutais un peu, étant donné que tes frères n'ont pas encore débarqué pour me casser l a figure. Elle balaya l'objection d'un revers de main. — Nous savons l'un et l'autre de quoi ces deux clowns ont été capables, il y a quelques années. — Tu sais bien que, pour les garçons, ce n'est pas pareil. — Evidemment, confirma-t-elle, amère. Ses parents avaient dû contracter un emprunt pour payer les études de ses frères. C'était l'une des raisons pour lesquelles ils n'avaient pu l'aider financièrement. Les deux garçons étaient censés rembourser l a somme une fois leurs diplômes en poche, mais Colin s'était marié très vite, et Dane avait entrepris un troisième cycle, prolongeant encore ses études de deux années. |
uoi qu'il en soit, ces histoires d'argent ne la regardaient pas. — Te donnent-ils un coup de main, en ce moment? questionna Adam. — Non, et franchement j e refuserais, même s'ils me le proposaient. Primo, mes parents doivent économiser pour leur retraite, et deusio, je veux être libre d'étudier ce qui me plaît, sans avoir de comptes à leur rendre. —- Je suis sûr que les miens m'auraient aidé si je m'étais inscrit en agronomie. Elle fronça le nez. Les parents d'Adam n'avaient j a m a is manifesté le moindre intérêt pour les études de leur fils. — Pourquoi justement l'agronomie ? — Parce que j ' a u r a i s pu les aider à améliorer leurs plants, expliqua-t-il avec un clin d'oeil goguenard. Elle n'ignorait pas que ses parents étaient accros à l'herbe, mais elle espérait qu'à l'approche de la soixantaine cette mauvaise habitude leur avait passé. — Ecoute, gloussa-t-elie. Une idée pour une nouvelle option à la fac d'agronomie : « Méthodes pour l'amélioration de la culture de la marijuana ». Elle lui indiqua une plante épineuse aux feuilles vertes en forme d'étoiles, assez semblable à la marijuana, et tous deux de se tordre de r i re au milieu de l'allée, sous les regards mi-agacés mi-amusés des autres visiteurs. — Il ne reste que des places debout dans l'amphi, compléta Adam, hilare. Elle se haussa sur la pointe des pieds pour lui planter un baiser sur la joue. — Heureusement que tu es là. J'étais en train de m'apitoyer sur mon triste sort. Merci. Portant sa main à ses lèvres, il lui baisa de nouveau les doigts. — Peut-être, mais ça n'aurait pas duré. C'est ce que j ' a i m e en toi, Bridget. Tu es une fonceuse. Tu obtiens toujours ce que tu veux. Regarde comment tu t 'y es prise avec moi. — Ta es ******* du résultat? Il réfléchit, comme pour soupeser le pour et le contre. — Je crois que oui. — Ah bon, tu « crois » que oui ? Viens, allons manger un morceau, je meurs de faim. Tu auras tout loisir d'y réfléchir. Elle glissa son bras sous le sien et l'entraîna au pas de course vers la sortie. Exactement ce qu'elle rêvait de voir au hasard de leur promenade, en ce beau dimanche de mars : la croupe d'une vache ! L'animal en question se dandinait sur ses pattes, visiblement très à l'aise de s'exhiber en public dans la petite ménagerie du Lincoln Park. Adam écoutait avec fascination une gardienne à la queue-decheval blonde expliquer les rudiments de la traite des vaches. Bridget réprima un bâillement, tandis que l a j e u n e femme adaptait adroitement u n e vieille trayeuse sur le pis de l'animal. Comme elle sautait des étapes, l'opération avait l'air beaucoup plus simple qu'elle ne l'était en réalité. Bridget examina les tuyaux et le bras mécanique, notant au passage que l'indicateur du vacuomètre grimpait trop haut. Il fallait régler la succion pour ne pas blesser les tétines. Le public n'avait d'yeux que pour le lait mousseux qui circulait dans le conduit avant de s'écouler dans le gobelet trayeur. Adam lui donna un coup de coude. |
ÇáÓÇÚÉ ÇáÂä 04:15 PM. |
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