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ÏãæÚ ÝÑÍÉ 19-02-08 04:10 PM

— C’est fini, dit-il.
Anne ne trouva rien à dire. Elle tenta d’exprimer la peine qu’elle ressentait par son regard. Paula réprima un cri étranglé et s’avança, bras à demi levés. Sean vint l’étreindre avec force.
— Merci, ma vieille amie, dit-il d’une voix bourrue. C’est gentil à toi d’être venue, mais il n’y a rien que tu puisses faire.
— Prends soin de toi, Sean, dit Paula. Nous avons tous besoin de toi.
Puis elle le serra contre elle.
— Si tu ne veux rien de moi, je vais partir maintenant.
— Tu peux me rendre un service.
— Tout ce que tu voudras.
— Veille sur Anne pour moi.
— Je ferai tout mon possible.
— J’en suis sûr.
Anne se sentit pâlir, en songeant aux implications de la requête de Sean : il n’allait pas revenir vers elle.
Sean lâcha Paula et se tourna vers Anne. Il ne tenta pas de la prendre dans ses bras. Il saisit les deux mains de la jeune femme et les plaça sur son cœur. Bravement, elle redressa la tête, prête à affronter ce qui devait être affronté. Elle vit quelque chose de douloureux et d’implorant, dans le regard de Sean.
— J’ai besoin d’être seul.
— Bien sûr.
— J’ai besoin de réfléchir à ce qui s’est passé… à un tas de choses. Il faut que je reparte de zéro. Quand je trouverai les mots, je t’écrirai.
— J’attendrai.
— As-tu donné un nom à notre fils ?
— Michael-John.
— C’est un beau nom.
— Oui.
— Tu es belle, toi aussi.
Il inclina la tête et lui effleura les lèvres, avec le plus doux, le plus tendre des baisers. Il se redressa, relâcha ses mains, s’en fut.
— Sean…
Il regarda en arrière à contrecœur. Elle rougit, honteuse de vouloir plus qu’il ne pouvait donner pour l’instant.
— Combien de temps crois-tu que ça prendra ?
— Je ne le sais pas, Anne. Vraiment pas. Mais je ne te ferai pas attendre plus longtemps que nécessaire. Quand j’aurai pu résoudre les choses, dans mon cœur et dans ma tête, tu sauras.
Il avait dit tout ce qu’il avait à dire. Anne n’exigea rien de plus. Elle demeura là, immobile, figée par la douleur, le regardant partir et, à chaque pas, s’éloigner d’elle pour s’enfoncer plus avant dans son voyage solitaire.
Paula vint se placer près d’elle et glissa son bras sous le sien

ÏãæÚ ÝÑÍÉ 19-02-08 04:13 PM

le 19 éme et le dernier chapitre
Il s’écoula trois mois avant qu’Anne ait des nouvelles de Sean. Bien qu’il hantât sans cesse ses pensées, elle avait trouvé la force de se résigner à attendre sa décision. Et puis, il y avait Michael-John, qui occupait son temps et lui donnait de grandes joies. Elle correspondait aussi avec Jenny — depuis longtemps repartie auprès de Brian — et voyait beaucoup Alex, qui s’était octroyé le titre d’oncle honoraire et lui rendait souvent visite. Anne était aussi devenue très amie avec Paula.
Et puis un jour, un colis de Sean arriva par la poste. Un colis, et non une lettre. Il venait d’Irlande ; Paula avait appris à Anne que Sean avait encore de la famille là-bas. Une vieille mère refusant de quitter sa maison, quelques cousins.
La jeune femme ouvrit le paquet avec fébrilité, et y trouva une épaisse liasse de feuillets. Sûrement un manuscrit… C’était la première fois depuis qu’elle avait un lien avec Sean qu’il avait écrit quelque chose. Il y avait une note attachée à la page de titre :
« Chère Anne,
» Je suis désolé d’avoir mis si longtemps à écrire ceci. J’ai eu beaucoup de difficulté à trouver mes mots. Il y avait tant de choses à exprimer ! J’espère que tu comprendras tout lorsque tu l’auras lu. Je serai avec toi et Michael-John demain. Sean. »
Anne souleva la feuille. Le titre de la pièce lui sauta pour ainsi dire à la figure : L’Ultime passion. Elle éprouva aussitôt un sentiment de désespoir. Elle devinait qu’il s’agissait de l’amour de Sean pour sa femme, de la solitude, du désespoir et du chagrin qu’il avait connus après sa mort.
Elle porta le manuscrit dans le bureau de Sean et l’y laissa, ne trouvant pas en elle la force de l’ouvrir, de voir décrits noir sur blanc les sentiments de Sean pour une autre, même si cette autre était morte.
Ce soir-là, elle ne put trouver le sommeil. Elle frémissait d’impatience, de nervosité, d’attente. Et elle ne cessait de penser à la pièce qu’elle avait reçue. Sean attendait qu’elle la lise, qu’elle sache ce qu’il avait pensé, vécu, ressenti.
« Ta souffrance est aussi ma souffrance. » N’avait-elle pas dit cela à Sean ?
Elle se rendit dans le bureau, s’installa dans le grand fauteuil de cuir, et ouvrit le manuscrit d’une main qui tremblait un peu. La scène d’ouverture la terrifia. Il ne faisait aucun doute qu’elle était Joanna, recevant un coup de téléphone de l’homme qu’elle avait aimé sept ans plus tôt. Fascinée malgré elle, elle continua à lire, encore et encore, poussée à suivre les développements de la passion complexe qui liait les deux personnages principaux et reflétait de si près ce qui s’était passé entre Sean et elle. Elle. Pas sa femme.
Cela révélait toute la dimension des sentiments de Sean, les conflits qui l’avaient ravagé, les vagues insensées d’espoir et de désespoir qui s’étaient succédé en lui.
Et la passion était sans cesse là, gagnant en ampleur et en force à chaque scène, tourbillonnant autour d’eux, les séparant. La jeune femme lut tout cela jusqu’à la dernière ligne, puis elle demeura assise où elle était, comme transportée dans un autre monde.
C’était une pièce remarquable. Infiniment plus envoûtante qu’Un interminable hiver. Le cœur humain y était mis à nu comme jamais. Pourtant, elle demeurait inachevée.
Pour la jeune femme, il n’y avait que deux issues possibles. La pièce pouvait se terminer à la manière de toutes les autres, en sombre tragédie — ce qui était l’empreinte particulière de Sean Riordan. Cependant, pour la première fois dans son œuvre, il avait fait passer dans son écriture un soupçon d’espoir, une envie de bonheur, esquissant l’idée que cette ultime grande passion trouverait peut-être son accomplissement.
C’était la fin qu’elle désirait pour sa part. Et Sean devait la désirer aussi, sans quoi il ne lui aurait pas annoncé sa venue… Cette pièce, il l’avait sans doute écrite pour elle. Pour bannir à jamais la solitude des tragiques secrets. Il l’invitait ainsi à joindre sa vie à la sienne, indissolublement. C’était ce qu’il avait voulu lui faire comprendre avant de la retrouver.
La jeune femme se leva tôt, le lendemain, donna à manger à Michael-John et l’installa dans son parc en compagnie de ses jouets préférés, avant de s’apprêter pour Sean.
Elle venait tout juste d’achever sa toilette lorsqu’on frappa à la porte d’entrée. Elle courut répondre ; le battant s’ouvrait déjà.
Sean pénétra dans la pièce. Il ouvrit les bras et elle s’élança, s’abattit contre lui.
— Te voilà chez toi, s’écria-t-elle, le regard brillant de bonheur en regardant son visage bien-aimé.
— Oui, je suis enfin chez moi, répondit-il d’une voix vibrante de joie.
Anne poussa un soupir de *******ement infini. Cette fois, Sean ne revenait pas vers elle pour panser ses blessures. La cicatrisation s’était faite et il revenait en homme qui s’est retrouvé, qui n’est plus déchiré par des tourments intérieurs.
— As-tu lu la pièce ? demanda-t-il en la regardant avec espoir et amour.
— Oui. Mais elle n’est pas finie, Sean.
— C’est à toi d’écrire la conclusion, Anne. Comme tu l’entends.
— A toi de me le dire. Tu as écrit quelque chose de remarquable. La meilleure chose que j’aie jamais lue. Tu es le seul capable d’achever cette pièce.
— Elle n’est pas destinée à être jouée. Sauf si tu le désires. C’est mon cadeau d’amour, pour toi.
— L’amour au théâtre, c’est une chose, dit-elle un peu tristement. Mais je connais la réalité. Je l’ai vue entre toi et ta femme

ÏãæÚ ÝÑÍÉ 19-02-08 04:14 PM

Il saisit les mains d’Anne entre les siennes, déposa un baiser sur chacune de ses paumes puis les pressa contre son cœur. Son regard devint grave, tandis qu’il répondait à sa grande interrogation sur le souvenir qui pouvait encore hanter leur avenir.
— Anne, si je suis resté parti si longtemps, ce n’était pas uniquement pour écrire la pièce. Je doute que tu puisses croire ce que je vais te raconter, mais tu dois essayer.
La jeune femme sentit sa gorge se serrer. Sean en venait à ce qu’il n’avait pas mis dans la pièce, à son ultime secret. C’était l’instant de vérité.
— Je t’écoute, dit-elle avec une sorte d’urgence.
— Tu te souviens de ta venue à l’hôpital ?
Elle se *******a de hocher la tête, n’osant évoquer à voix haute ces moments traumatiques.
— Juste avant ton départ, je t’ai demandé de prier pour elle…
— Je l’ai fait, Sean, je l’ai fait.
— Je regardais ma femme à ce moment-là, Anne. Elle a souri en signe d’approbation envers toi.
— Non, Sean. C’était sûrement pour toi.
Il fit non de la tête.
— C’était juste après que tu as parlé de ton amour pour moi.
Un étrange petit frisson parcourut Anne. Elle se souvenait de cet instant. Avait-elle imaginé le mouvement qu’il lui avait semblé percevoir, ou les choses étaient-elles conformes à la vision de Sean ?
— Après, j’ai fait vérifier et revérifier les enregistrements des moniteurs. Le résultat était toujours le même : il ne s’était rien passé. Et pourtant, jusqu’à mon dernier souffle, je jurerai qu’elle t’a souri.
Non, cela n’était pas possible, raisonna Anne.
— J’ai cru voir quelque chose aussi, avoua-t-elle timidement. Mais quand j’ai regardé, il n’y avait rien. Et pourtant, si elle a souri, je suis sûre que c’était à toi.
— Tu l’as vu aussi ?
Anne fronça les sourcils, rassemblant ses souvenirs.
— Il m’a semblé capter quelque chose, du coin de l’œil. Et puis j’ai cru m’être trompée.
— Je suis sûr que je n’ai rien imaginé.
— Alors, c’est comme tu le dis, assura-t-elle doucement.
Sean leva une main vers le visage de sa compagne, la caressa comme si elle était infiniment précieuse à ses yeux.
— Dix ans durant, j’ai essayé de l’atteindre. Si tu n’étais pas venue ce jour-là, si tu n’avais pas parlé comme tu l’as fait, il ne me serait rien resté. Je crois que, d’une certaine façon, elle a su.
— Quoi donc, Sean ?
— Pour la première fois depuis toutes ces années, elle se sentait en paix, en sachant que ma vie pouvait continuer, que je partagerais avec toi ce que j’avais partagé avec elle, que nous aurions des enfants qui grandiraient dans la sécurité d’un amour capable de survivre à tout… à tout.
La voix de Sean se mua presque en murmure, grave et doux, lorsqu’il poursuivit :
— Quand je t’ai connue, tu lui ressemblais en bien des points. Tu lui ressembles toujours. J’ai essayé de vous séparer l’une de l’autre dans mon esprit. Et pourtant, d’une certaine façon, vous êtes indissolublement liées. Farouchement indépendantes, l’une et l’autre. Mais accordant généreusement amour et compassion. Plus courageuses que n’importe quel homme. Intensément loyales. Toujours prêtes à vous engager au maximum pour ce en quoi vous croyez.
Il l’enlaça de nouveau.
— Je t’aime, Anne. Je t’ai toujours aimée. La différence aujourd’hui, c’est que tu as tout mon amour. Et je peux, finalement, te demander de m’épouser. Seras-tu ma femme ?
Anne eut un sourire comblé, celui d’un bonheur total.
— Oui, Sean. Je désire profondément être ta femme, pour la vie.
Il lui répondit par un sourire pareil au sien.
— Puis-je suggérer que nous nous mariions le premier jour du printemps ?
— Quelle merveilleuse idée !
— Je promets de ne plus jamais te quitter. Nous serons toujours ensemble. En tout.
Il l’embrassa, alors, avec toute la passion qu’elle avait appelée de ses vœux. Une passion si grande, si merveilleuse, qu’elle était destinée à durer une vie entière.
Un cri aigu venu de la nurserie les arracha à leur contemplation mutuelle.
— Les joies de la paternité, commenta Anne en riant. Je crois que ton fils te réclame.
Le rire de Sean exprima une joie sans mélange. Enlaçant sa compagne, il se dirigea avec elle vers leur fils ; Michael-John gigotait avec une énergie furieuse et s’apprêtait à pousser un second cri de Sioux lorsqu’il vit se pencher vers lui les visages de sa mère et de son père. Alors, il écarquilla les yeux et se mit à gazouiller.
Le premier jour du printemps fut un jour magnifique. Dans la petite église du village à proximité duquel ils avaient trouvé un foyer, Anne-Lise Tolliver et Sean Riordan se marièrent. Ce fut Alex Corbett qui conduisit l’épousée à l’autel. Paula et Richard Wentworth furent respectivement dame et garçon d’honneur.
Les trois sœurs de la mariée étaient présentes, en compagnie de leurs époux respectifs. Sean avait fait venir tout le monde en Angleterre pour l’occasion. Michael-John était aux premières loges, assistant à la cérémonie sur les genoux de sa grand-mère australienne.
Leonie Tolliver versa des larmes de joie en voyant sa fille aînée marcher triomphalement vers l’autel — enfin ! Et quelle photographie elle pourrait mettre sur sa cheminée ! Non seulement Anne était la plus belle des mariées, mais en plus, de fabuleuses boucles en diamant scintillaient à ses oreilles. Elles allaient à ravir avec sa bague de mariage, réalisée par De Mestres, à Bruxelles. Voilà qui prouverait à tous les amis de Leonie que sa fille avait épousé un homme follement généreux… Beau, célèbre, et riche, de surcroît. Vraiment, quand Anne s’y mettait, elle excellait en tout

ÏãæÚ ÝÑÍÉ 19-02-08 04:16 PM

Lorsque les nouveaux époux posèrent sur le parvis pour le photographe, Sean sourit à sa femme et toucha les boucles qu’elle portait pour la première fois en public. Son regard pétillait de plaisir.
— Je suppose que c’est une occasion particulière, murmura-t-il.
— Aujourd’hui, je me sens le droit de les mettre. C’est bien.
— Aujourd’hui, tout est bien, répondit Sean.
Sans crier gare, il la prit dans ses bras, et ils s’embrassèrent avec passion. Chacun put voir qu’ils s’aimaient profondément, et Michael-John Patrick Riordan célébra la chose à sa manière, en ânonnant les deux mots qui composaient son vocabulaire : « Popa » et « Mama ». Puis il ôta ses chaussures et joua avec ses orteils. Se mit à rire. Il était sûr que tout était bien ce jour-là, et que tout serait bien à l’avenir.


Postface

Sean Riordan continua à écrire quelques-unes des pièces les plus magiques qui aient jamais touché le cœur humain. Anne-Lise Riordan en conçut la scénographie. L’Ultime passion ne fut jamais jouée sur scène



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fin
bonne lecture

daria 07-03-08 07:07 PM

salut on attends la suite fais vite stp


ÇáÓÇÚÉ ÇáÂä 10:52 PM.

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